Avec Jean-Yves Le Drian, ancien ministre de la Défense et ancien ministre des Affaires étrangères, représentant personnel du Président de la République au Liban
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NewsTranscription
00:00 (Générique)
00:07 - Bonjour, bonjour à toutes et à tous.
00:09 Nous voulons savoir, parlons vrai ce matin avec Jean-Yves Le Drian,
00:14 ancien ministre de la Défense, ancien ministre des Affaires étrangères,
00:18 représentant personnel du président de la République au Liban.
00:21 Jean-Yves Le Drian, bonjour. - Bonjour.
00:23 - Merci d'être avec nous Jean-Yves Le Drian.
00:25 Nous avons appris, c'est LCI qui a révélé l'information,
00:27 que Sébastien Lecornu s'est entretenu jeudi dernier
00:31 avec le ministre russe de la Défense, Sergeï Choygou, pendant une heure,
00:37 sujet l'attentat de Moscou, la lutte antiterroriste.
00:42 Les Russes affirment que le ministre français leur a parlé
00:49 de la guerre entre l'Ukraine et la Russie.
00:51 Nous disons non.
00:54 Ça vous a surpris cette discussion ?
00:57 - Non, la démarche ne m'a pas surpris.
00:58 - Qui a été l'origine de la démarche ?
01:01 - Je ne sais pas, mais j'imagine que c'est Sébastien Lecornu
01:04 qui a souhaité faire savoir aux Russes que nous étions solidaires
01:10 des conséquences dramatiques que l'ont eues sur la population russe,
01:14 les attentats et l'attentat majeur qui s'est abattu sur la Russie
01:19 les jours derniers, la solidarité, parce que le mal absolu c'est le terrorisme.
01:24 Et puis le rappel que dans le passé, la France et la Russie
01:28 avaient travaillé ensemble contre le terrorisme.
01:30 Et donc il y a une solidarité réelle qui pouvait se manifester
01:33 en disant "nous sommes prêts à vous aider".
01:35 - Ça veut dire que le dialogue existe toujours ?
01:36 - Ça veut dire qu'à un moment donné, quand le mal absolu est là,
01:39 le terrorisme qui menace tout le monde, il faut essayer de se serrer les coudes.
01:43 C'est ce que d'ailleurs nous avons fait, nous avons été victimes du terrorisme
01:45 et donc nous savons ce dont nous parlons.
01:47 Donc je pense qu'il a transmis ce message-là de solidarité
01:50 et de disponibilité aux autorités russes, solidarité à l'égard du peuple russe.
01:55 - Est-ce qu'il y a eu un dialogue sur l'Ukraine ?
01:57 - Moi je n'étais pas à l'entretien.
01:59 - Vous n'étiez pas à l'entretien ?
02:00 - Ce qui me frappe le plus, c'est que la réaction russe a été
02:07 une suspicion de collaboration potentielle des services secrets français
02:12 à l'action des terroristes contre le peuple russe.
02:16 Cela, c'est de la manipulation extrême, on est dans la manipulation absolue
02:22 et malheureusement, l'instrumentalisation du terrorisme à des fins de propagande,
02:28 puisque c'est le cas avec cette action dramatique,
02:31 est tout à fait intolérable et délétère.
02:33 - Est-ce que la Russie menace la sécurité de la France ?
02:36 - Oui, indirectement oui.
02:38 Je pense que l'agression russe contre l'Ukraine,
02:44 au-delà de l'agression contre un pays indépendant
02:47 dont la Russie avait reconnu les frontières antérieurement,
02:50 c'est aussi une menace sur la sécurité européenne.
02:53 Nous sommes dans une période extrêmement grave
02:56 où les grands principes de sécurité qui avaient été acquis progressivement
03:00 depuis la fin de la dernière guerre, sont battus en brèche,
03:03 n'existent plus, sont liquéfiés.
03:05 Tous les engagements qui avaient été pris antérieurement
03:09 font l'objet de remises en cause.
03:11 Aujourd'hui, nous ne sommes plus vraiment en sécurité
03:14 et ce qui se passe en Ukraine,
03:15 c'est le combat pour notre propre sécurité et pour notre propre liberté.
03:19 C'est la raison pour laquelle il faut soutenir l'Ukraine à fond.
03:21 - L'usage de la force est désinhibé,
03:23 c'est ce que dit le général Pierre Schill,
03:25 qui est chef d'état-major de l'armée de terre français,
03:27 et qui dit que le désordre international,
03:31 qu'il y a un basculement stratégique aujourd'hui,
03:33 est en train de remettre en cause l'ordre international.
03:37 - Il n'y a plus de règles.
03:38 - Oui, il n'y a plus de règles.
03:39 - Il n'y a plus de régulations.
03:40 - C'est vrai dans la guerre entre l'Ukraine et la Russie,
03:42 mais c'est vrai partout dans le monde.
03:44 - Il n'y a plus...
03:45 - Il y a une désinhibition.
03:47 Aujourd'hui, le recours à la violence est presque naturel.
03:52 - C'est le principe de base avec l'émergence des empires,
03:56 comme si on revenait au 19e siècle avec l'affirmation de l'empire russe
04:01 qui veut retrouver des frontières au plus large,
04:03 l'émergence de l'empire iranien, l'émergence de l'empire...
04:07 On revient sur les empires parce que les règles
04:10 que la communauté internationale,
04:12 qu'on appelait encore à ce moment-là la communauté internationale,
04:15 qui avait été fixée à la fin de la guerre 39-45
04:18 pour qu'on ne renouvelle plus jamais les drames qu'on a vécu à ce moment-là,
04:22 ces règles-là sont battues en brèche par la volonté de certains impérialistes
04:27 de revenir sur les frontières et de revenir sur l'ordre établi.
04:31 Donc nous sommes en situation de grande gravité.
04:33 - Alors peu à peu, pour parler de la guerre entre l'Ukraine et la Russie,
04:37 peu à peu la Russie grignote le territoire ukrainien.
04:40 Pas de grandes victoires mais des avancées.
04:43 Vous êtes inquiet pour l'Ukraine ?
04:46 - Je pense qu'il faut mesurer tout cela.
04:49 Parce que la percée d'Avdiska, dont on a beaucoup parlé les temps derniers,
04:55 qui comme par hasard se situait juste avant les élections présidentielles russes,
05:02 et qui a fait l'objet d'une certaine victoire russe,
05:05 d'un grignotage significatif,
05:07 a été battue en brèche la semaine dernière
05:09 par une riposte ukrainienne.
05:11 Donc ce n'est pas si simple.
05:12 Il y a eu à un moment donné un échec de la contre-offensive ukrainienne.
05:18 Il y a eu une inquiétude sur la capacité à assurer un soutien logistique
05:23 de la part des Européens et des Occidentaux à l'Ukraine.
05:27 Il y a eu ces interrogations,
05:29 d'où la prise de position du président Macron
05:32 en disant "attention, il faut un sursaut parce que c'est notre sécurité qui est en jeu
05:37 et on risque de voir la Russie pénétrer davantage encore en Ukraine
05:41 et de remettre en cause l'intégrité de ce territoire".
05:44 Ce n'est plus le cas.
05:45 - Non mais je vous dis ça parce que j'ai remarqué
05:47 l'intervention du secrétaire général de l'OTAN,
05:50 qui lance un avertissement,
05:53 qui dit qu'il faut absolument aider l'Ukraine.
05:56 C'est ce qu'il a dit, l'OTAN qui discute de la création d'un fonds
05:59 de 100 milliards d'euros sur 5 ans pour aider l'Ukraine.
06:03 Il y a un besoin urgent, c'est pour ça que je vous posais la question.
06:08 - Il y a un besoin urgent d'armement, de capacité.
06:11 - Parce que cette guerre d'affliction profite à la Russie.
06:13 - Il y a un besoin d'autant plus urgent que l'aide américaine
06:17 qui avait été prévue par l'administration Biden
06:20 n'arrive pas par un blocage au Congrès
06:22 et que l'Ukraine a une capacité de résistance considérable,
06:26 qu'il faut saluer, mais elle a besoin d'être aidée,
06:28 elle a besoin de munitions, elle a besoin de capacité.
06:30 C'est ce que nous continuons à faire.
06:33 - Ça fait des semaines et des mois que j'entends ça, Jean-Yves Le Drian.
06:35 - Ça fait des semaines et des mois qu'on accélère aussi les livraisons
06:38 de part et d'autre et qu'on met en place les capacités de production
06:41 nécessaires par nos industries d'armement.
06:44 Et la raison pour laquelle le président Macron a appelé au sursaut,
06:47 c'est pour mobiliser l'ensemble des acteurs pour fournir à l'Ukraine
06:51 les aides nécessaires pour qu'ils puissent poursuivre le combat.
06:53 - Oui, à propos de l'OTAN, si Donald Trump est élu président des Etats-Unis
06:57 en novembre, est-ce que vous pensez que les Etats-Unis quitteront l'OTAN ?
07:00 - C'est un doute, c'est une question.
07:03 - C'est une crainte ?
07:04 - C'est un doute, une question, une crainte ?
07:06 - Et une crainte.
07:07 Aujourd'hui, en fait, aujourd'hui, les 75 ans de l'OTAN,
07:11 il y a une réunion des ministres des Affaires étrangères et de la Défense
07:13 en ce moment à Bruxelles.
07:15 L'OTAN a été créée pour assurer de manière défensive
07:20 notre propre sécurité collective.
07:23 Je remarque d'ailleurs, et il serait souhaitable de le répéter,
07:25 que la seule fois où l'article 5 de solidarité et d'engagement commun
07:30 a été mobilisé, c'était après les Twin Towers,
07:33 en faveur des Etats-Unis, ce qui a entraîné d'ailleurs l'intervention en Afghanistan,
07:37 nous avons été au rendez-vous de l'insécurité des Etats-Unis sur leur propre sol.
07:42 Et donc l'OTAN est toujours aujourd'hui notre garantie.
07:45 Mais il y a un doute.
07:48 Il y a un doute parce que les déclarations du président Trump,
07:53 du candidat maintenant Trump, sèment la perturbation quand il dit
07:58 "Nous aiderons uniquement les pays qui payent",
08:00 la manière de répondre à ce doute,
08:02 c'est d'assurer le renforcement du pôle défense de l'Europe,
08:06 que l'Europe assure sa propre sécurité par les moyens capacitaires,
08:10 par l'investissement financier et par l'interopérabilité de ses forces
08:14 à l'intérieur de l'Alliance, mais en étant en situation de pouvoir parler fort
08:18 au moment où il le faudra.
08:19 Je crois que c'est la grande leçon que l'on tire d'aujourd'hui
08:22 parce qu'il ne faudrait pas que notre sécurité
08:26 dépende du vote de l'électeur américain de Caroline Dunor.
08:29 Ce n'est pas pensable d'envisager les choses comme ça.
08:31 - Ce serait une victoire de la Russie ?
08:32 - Indirectement, oui.
08:33 Indirectement, ça veut dire que ce qui se passe aujourd'hui en Ukraine,
08:37 les interrogations que nous avons sur l'évolution américaine
08:40 nécessitent de notre part le renforcement de l'Europe de la défense.
08:43 - Alors de notre part, il faut renforcer notre industrie de l'armement.
08:48 Aujourd'hui, nous en parlions,
08:52 je veux être transparent parce que j'aime bien,
08:54 nous en parlions avant l'interview.
08:55 Aujourd'hui, nous sommes les champions du monde
08:58 de fabrication de munitions pour la chasse.
09:01 C'est vrai ça ?
09:01 - C'est vrai, oui.
09:02 - Pour la chasse ?
09:03 - Oui, bien sûr.
09:04 - En revanche, pour nos armes de petit calibre,
09:07 nous les achetons à l'étranger ?
09:09 - Parce qu'à un moment donné, nous n'avons pas pensé
09:11 que c'était un élément essentiel de notre propre sécurité,
09:14 de notre propre souveraineté.
09:15 Il faut remédier à cela.
09:16 Je sais que le ministre Lecornu y travaille,
09:18 mais c'est assez urgent, effectivement.
09:20 Nous avons eu pendant une certaine période
09:22 une atmosphère en Europe
09:24 qui consistait à dire
09:26 "Nous sommes dans une phase de sécurité,
09:28 et donc on peut très bien faire dépendre notre sécurité
09:31 d'approvisionnement extérieur,
09:32 sauf évidemment l'essentiel,
09:34 c'est-à-dire la dissuasion."
09:35 Bref, ce temps-là est passé.
09:37 - C'est-à-dire que les munitions dans les armes de nos soldats
09:40 viennent de l'étranger ?
09:41 - Les petites munitions, les petits calibres.
09:43 - Ça c'est quand même invraisemblable.
09:45 - Oui, mais c'est comme ça.
09:46 - Bon, c'est comme ça, oui.
09:48 - Mais on peut y remédier.
09:49 - Alors, un mot sur l'Ukraine et l'OTAN.
09:51 Est-ce que l'Ukraine doit intégrer l'OTAN, selon vous ?
09:54 - Oui, à terme, très vraisemblablement,
09:57 c'est ce que vont dire les ministres d'affaires étrangères
10:01 et de la défense aujourd'hui.
10:02 - La France répète que l'Ukraine doit intégrer l'OTAN.
10:06 - Oui, il faut que l'Ukraine progressivement intègre l'OTAN,
10:08 à condition qu'elle respecte les règles d'engagement de l'OTAN.
10:12 Donc c'est un processus qui mettra du temps,
10:14 et ce n'est pas le processus d'aujourd'hui.
10:15 - Non.
10:16 - Le processus d'aujourd'hui, c'est d'aider l'Ukraine à se défendre.
10:19 Et malheureusement, je considère que
10:21 la situation militaire, au sens strict du terme,
10:25 risque de perdurer longtemps.
10:27 Nous sommes partis pour une guerre d'usure.
10:29 J'ai souvenir, Jean-Jacques Bourdin,
10:31 quand j'ai quitté mes fonctions de ministre d'affaires étrangères,
10:34 d'un de vos collègues qui m'interrogeait,
10:35 c'était en mai 2022,
10:38 l'agression russe venait de commencer,
10:40 mais tout le monde pensait que ça n'allait pas durer longtemps.
10:43 Et là, on me demande combien de temps ça va durer,
10:46 un de vos collègues.
10:47 Je dis des années.
10:48 Et malheureusement, je pense que c'est des années.
10:49 - Ça va durer des années ?
10:50 - Oui.
10:51 - Des années, ça peut durer des ans ?
10:53 - Des années, ça peut durer très longtemps.
10:55 - Dix ans, c'est une guerre de dix ans !
10:58 - Si on veut éviter que ça perdure,
11:00 et si on veut permettre aux Ukrainiens de retrouver
11:03 leur intégrité territoriale,
11:05 et si on veut aussi éviter qu'il y ait
11:07 une suite d'événements avec la stratégie des dominos
11:10 que les Russes pourraient mettre en œuvre
11:12 en direction de la Moldavie,
11:14 ou en direction des Pays-Bas.
11:15 Vous savez, il y a,
11:16 entre la zone de Kaliningrad,
11:19 qui est une zone russe,
11:21 à proximité des Pays-Bas,
11:22 une enclave russe,
11:24 et la Biélorussie, un tout petit corridor,
11:26 qu'on appelle le territoire de Soulvaki.
11:28 Ce corridor-là, si les Russes le pénétraient,
11:30 ça isolerait complètement les Pays-Baltes,
11:32 et à ce moment-là, il devrait être une proie facile.
11:34 Donc il faut éviter cela.
11:35 D'où la nécessité d'être ferme, d'être clair,
11:37 et d'aider de manière considérable l'Ukraine.
11:40 - Bien, transportons-nous au Proche-Orient.
11:43 J'enlève le drian.
11:44 Je voudrais commencer avec la mort de sept humanitaires
11:48 tués par l'armée israélienne à Gaza.
11:51 Le pape a exprimé sa profonde tristesse.
11:55 Les États-Unis demandent une enquête rapide et impartiale.
11:59 Israël s'est excusé.
12:03 Est-ce que c'est un tournant dans ce conflit ?
12:06 - Il y a deux éléments qui sont concomitants.
12:09 Il y a cette affaire dramatique.
12:11 - Oui.
12:13 - Je veux bien penser que ce n'était pas ciblé.
12:16 - Vous voulez bien penser ?
12:18 - Je veux bien penser, puisque Israël le dit.
12:22 Je veux bien penser.
12:23 - Oui, j'ai compris.
12:25 - Et il y a en même temps cette attaque ciblée, cette fois,
12:29 sur le consulat d'Iran en Syrie.
12:32 - 16 morts, dont 8 iraniens.
12:34 - Nous sommes dans une espèce de logique de la tension,
12:39 stratégie de la tension,
12:41 - De la part de Benjamin Netanyahou.
12:43 - Israël n'a pas revendiqué officiellement la frappe
12:47 sur le consulat iranien à Damas,
12:51 mais manifestement c'était ciblé.
12:53 Donc manifestement, l'origine ne fait pas de doute.
12:56 Et cette stratégie de la tension, à mon avis,
12:59 est dramatique pour la suite.
13:01 Parce que l'hyper-violence indiscriminée
13:06 qui est engagée en représailles
13:09 d'un acte terroriste insupportable,
13:11 qui était celui du Hamas,
13:12 il n'empêche que cette hyper-violence indiscriminée
13:17 aboutit à une espèce de guerre sans fin,
13:20 dans la mesure où on n'a pas identifié,
13:21 on ne sait pas à partir de quel moment Israël dira
13:24 "nous avons éradiqué Hamas".
13:26 Parce que, éradiquer Hamas, ça veut dire quoi aujourd'hui ?
13:29 On ne sait pas !
13:29 - Que comprenez-vous de la stratégie du gouvernement israélien ?
13:33 - Je ne sais pas.
13:34 - Quels sont les objectifs ?
13:35 - Je ne sais pas.
13:36 Et ils ne nous l'ont pas dit.
13:37 Quels sont les objectifs ?
13:38 En termes militaires, si j'étais ministre de la Défense,
13:40 on dirait "quel est l'état final recherché ?"
13:43 On ne le sait pas.
13:44 Et donc on est dans une espèce de guerre sans fin
13:47 qui va aboutir à isoler complètement Israël,
13:50 mais qui aboutit aussi à une espèce de renforcement
13:52 du ressentiment anti-occidental au niveau de la planète.
13:55 Ce n'est pas l'intérêt d'Israël,
13:57 ce n'est pas la sécurité d'Israël que d'agir ainsi.
14:00 - Que demandez-vous au gouvernement israélien ?
14:02 - Il faut établir aujourd'hui les conditions du cessez-le-feu !
14:05 Avec les otages libérés,
14:08 les conditions du cessez-le-feu,
14:09 l'accès humanitaire libre,
14:11 et ensuite, parallèlement, le début d'une discussion politique
14:15 qui permettra de toute façon,
14:17 progressivement, à ce qu'il y ait deux États
14:19 reconnus en sécurité l'un et l'autre.
14:22 C'est l'objectif de tout le monde,
14:24 sauf de M. Netanyahou.
14:26 - Pourquoi est-ce que la France ne reconnaît pas d'ores et déjà
14:30 un État palestinien ?
14:31 Laisse pas Nier réfléchir !
14:33 - À titre personnel, je pense qu'il faudrait le faire.
14:36 - Il faut reconnaître ?
14:36 - À titre personnel, je pense.
14:37 - Oui, à titre personnel.
14:39 - Il faut reconnaître aujourd'hui ?
14:40 - Je pense qu'il faut poser des actes de ce type
14:42 pour avancer en Israël.
14:44 Alors, je l'observe comme vous,
14:45 qu'il y a aujourd'hui quelques perturbations en Israël,
14:49 puisque Betty Gantz a demandé qu'il y ait des élections anticipées.
14:53 Peut-être qu'on est là à un tournant,
14:55 avec ces trois actions,
14:56 à la fois ce drame des sept humanitaires américains,
15:00 à la fois cette intervention d'Israël en Syrie,
15:05 et à la fois cette annonce d'un responsable important
15:08 de la vie politique israélienne demandant des élections anticipées.
15:11 Bref, on ne peut pas continuer comme cela.
15:13 Et le grand gagnant de tout cela, aujourd'hui, c'est l'Iran.
15:17 Parce que l'Iran a d'abord empêché par l'action du Hamas
15:22 ce que l'Arabie Saoudite reconnaisse Israël,
15:25 normalise ses relations avec ce pays,
15:27 ça n'a pas marché.
15:29 Ensuite, l'Iran a permis de mettre la question palestinienne
15:33 au centre du débat.
15:35 Ensuite, l'Iran a pu démontrer que finalement Israël n'était pas invincible,
15:40 qu'il y avait des fragilités.
15:42 Et ensuite, ils n'interviennent pas directement
15:45 puisqu'ils utilisent les proxys divers et variés en mer Rouge,
15:49 heureusement pas pour l'instant le Hezbollah,
15:52 et j'espère que ça durera.
15:53 Mais on voit bien aussi des forces pro-iraniennes en Irak qui interviennent.
15:58 Et tout cela risque d'aboutir à une escalade,
16:01 ce qui est aujourd'hui une extension du conflit,
16:04 ce qui est aujourd'hui le cas.
16:05 Donc il faut être extrêmement prudent, la situation est grave.
16:08 - Donc il faut appeler à la création d'un État palestinien.
16:11 - Non, il faut d'abord appeler au cessez-le-feu.
16:13 - Oui, d'abord appeler au cessez-le-feu,
16:15 la France devrait reconnaître, donc...
16:18 - Ça c'est mon avis personnel.
16:19 - Votre avis personnel, mais le Premier ministre espagnol le dit.
16:21 - Je sais, mais les autorités américaines disent publiquement
16:26 qu'il faut aller vers deux États.
16:27 - Oui, deux États, mais d'ores et déjà aujourd'hui,
16:30 à titre personnel, vous dites "il faut un État palestinien".
16:33 - Je pense qu'il faudrait le reconnaître, à titre personnel.
16:34 - Il faut le reconnaître, à titre personnel.
16:36 Mais la France livre des armes à Israël.
16:39 - Oh, très peu.
16:40 - Très peu, c'est très marginal.
16:41 - Est-ce qu'il faut cesser ce livre-là ?
16:43 C'est marginal, à ma connaissance, je ne suis pas au courant de tout,
16:46 mais à ma connaissance, c'est extrêmement marginal.
16:49 - Oui, il faut suspendre toute importation.
16:52 - Mais c'est...
16:53 - Toute exportation, pardon.
16:55 - C'est minuscule.
16:56 - Bien, une résolution d'ailleurs au Conseil des Nations Unies,
17:01 enfin pas au Conseil, mais au Conseil des droits de l'homme de l'ONU,
17:04 une résolution est en cours demandant un embargo sur les armes pour Israël.
17:08 - Et il y a une initiative française pour renforcer la procédure
17:11 que je viens de vous indiquer, qui consiste à dire
17:14 "cessez le feu", "ouverture humanitaire",
17:19 "libération des otages" et "engagement d'un processus politique".
17:22 Je pense qu'il y a beaucoup d'acteurs qui y sont prêts,
17:24 et il faut maintenant que les Israéliens sortent de leur isolement,
17:27 parce qu'ils vont se mettre au banc de l'ensemble de la communauté internationale,
17:31 ce qui n'est pas le but de rechercher.
17:33 - Est-ce qu'il y a un risque de génocide à Gaza ?
17:35 - Le mot "génocide", il faut l'utiliser avec beaucoup de précaution.
17:39 - Oui. - Donc je n'utilise pas "la".
17:41 - Bien. Jean-Yves Le Drian, je voudrais que nous partions pour le Sénégal maintenant.
17:46 Vous avez été ministre des Affaires étrangères,
17:48 évidemment vous connaissez bien l'Afrique,
17:51 l'influence russe qui s'étend en Afrique.
17:54 Est-ce que vous craignez, avec un nouveau pouvoir au Sénégal,
17:58 est-ce que vous craignez justement que l'influence russe s'étende
18:03 et vienne s'exercer au Sénégal ?
18:07 - La situation au Sénégal, c'est d'abord la victoire de la démocratie.
18:11 Quand on regarde la situation du Sénégal par rapport aux pays voisins,
18:16 tous les pays voisins ont fait l'objet de coups d'État.
18:19 Au Sénégal, la démocratie a fonctionné.
18:22 C'est une belle référence.
18:23 D'abord, il y a eu un président qui, même s'il y a eu à un moment donné
18:26 quelques intermoéments, a décidé de ne pas se représenter
18:29 parce qu'il avait fait deux mandats.
18:32 C'est un exemple.
18:33 Ensuite, parce que le vote s'est déroulé dans de très bonnes conditions,
18:37 il y a une alternance démocratique.
18:39 Et le Sénégal, de ce côté-là, est un modèle dont certains pourraient s'inspirer.
18:44 J'observe par ailleurs que le nouveau président, Diom Aïfaï,
18:47 a déclaré dans son discours d'inauguration, qui était il y a deux jours,
18:51 qu'il voulait renforcer la démocratie, renforcer les valeurs républicaines,
18:55 assurer la stabilité du pays.
18:56 Bref, il n'y a pas eu, en plus pendant la campagne,
19:00 une politique d'agression contre la France.
19:03 - Espérons que Jean-Premier ministre ne criminalise pas l'homosexualité.
19:07 - On va voir.
19:07 - On va voir, parce que c'était sa volonté.
19:09 - On va voir.
19:10 Mais en tout cas, prenons ça comme le son.
19:12 Ensuite, il y a les pays du Sahel,
19:16 que ce soit le Mali, le Niger ou le Burkina Faso,
19:19 et qui ont fait l'objet de coups d'État,
19:21 soutenus directement ou indirectement par l'intervention russe,
19:25 qu'elles soient militaires ou qu'elles soient par des usines à troll
19:28 qui se répandaient sur le territoire.
19:30 C'est leur choix.
19:32 Mais je ne limite pas, pour ma part, la présence française en Afrique
19:36 à ces trois coups d'État.
19:38 Il y a 54 pays africains.
19:40 On parle de trois pays.
19:42 Dans les cinquantaines, il y en a un autre,
19:44 pas tous de la même manière, la présence de la France est réelle,
19:47 différente sans doute.
19:49 Et il y a, je le crois, un problème que j'ai pu vivre moi-même
19:53 concernant le soutien militaire que l'on peut apporter,
19:56 que peut apporter une puissance coloniale à un pays
19:59 anciennement colonisé qui le demande.
20:01 Parce que lorsqu'on nous sommes allés au Mali,
20:02 c'était à la demande des autorités maliennes.
20:04 Et lorsque nous sommes partis, c'est aussi à la demande des autorités maliennes.
20:07 Mais progressivement, lorsqu'une force intervient comme cela,
20:11 au départ, c'est une force de libération,
20:13 ce que nous avons été.
20:14 Je me souviens de ce déplacement avec le président Hollande à Bamako,
20:17 où nous étions accueillis comme des libérateurs.
20:19 Au début, nous sommes des libérateurs.
20:21 Progressivement, nous passons à une armée de confort
20:26 pour les militaires du pays concerné.
20:29 Puis progressivement, une armée de substitution.
20:30 Puis à la fin, on est considéré comme une armée d'occupation.
20:33 Donc ça, ce n'est pas un bon modèle.
20:35 Et le président Macron a initié une démarche qu'il a confiée à Jean-Marie Bockel,
20:40 de faire en sorte qu'il y ait une co-création d'un nouveau mode de fonctionnement
20:44 de la sécurité des pays africains,
20:46 pour qu'il y ait un partenariat entre les pays africains qui le souhaitent
20:50 et les Français pour assurer leur propre sécurité.
20:54 - Jean-Yves Le Drian, j'ai deux dernières questions.
20:56 La première, faut-il rétablir le service militaire en France ?
21:01 Le débat est rouvert.
21:03 - Je ne suis pas certain que ce soit la réponse à la situation.
21:07 Par contre, l'esprit civique et que la cohésion de la nation
21:12 puisse être un impératif majeur, c'est tout à fait essentiel.
21:16 - Et puis, deuxième question, vous êtes un homme de gauche,
21:19 libre, aujourd'hui, faut-il diminuer la durée d'indemnisation des chômeurs ?
21:25 - Je suis très réservé pour ma part sur les nouvelles annonces qui ont été faites,
21:29 parce que je ne suis pas sûr que ce soit le centre du problème.
21:33 - Merci beaucoup Jean-Yves Le Drian d'être venu nous voir ce matin
21:36 sur l'antenne de Sud Radio, merci.
21:38 C'était très intéressant. Vous réagissez 0826 300 300,
21:42 vous n'hésitez pas. Tout de suite, juste après les informations.