Avec Jean-Claude Poizat, professeur agrégé de philosophie et docteur en sciences politiques à l'IEP de Paris, auteur de "Pro steak : Le carnivorisme est un humanisme" publié aux éditions Albin Michel.
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00:00 Sud Radio Bercov dans tous ses états, le face à face.
00:06 12h54 sur Sud Radio, on va vous présenter ce face à face avant de marquer une courte
00:10 pause et les infos de 13h.
00:12 Aujourd'hui, André Bercov, vous recevez Jean-Claude Poisa, professeur agrégé de
00:15 philosophie, docteur en sciences politiques à l'IEP de Paris, mais surtout auteur de
00:19 Prostec, le carnivorisme est un humanisme aux éditions Albin Michel.
00:23 Bonjour Jean-Claude Poisa.
00:24 Bonjour.
00:25 Alors bonjour, on va avant de passer aux informations, Jean-Claude Poisa, il faut que
00:29 je présente.
00:30 Moi je me suis dit, mais ce Jean-Claude Poisa, il va venir avec menotté quand même, je
00:34 pense que la police l'attend pour l'emmener immédiatement à un centre de rééducation.
00:38 Vous imaginez ? Il ose être Prostec, il ose dire que le carnivorisme est un humanisme.
00:44 Il ose, mais enfin écoutez, mais je veux dire, où sont les brigades végétaliennes ? Où
00:49 sont les véganes ? Où est Émery Caron ? Où est Sandrine Rousseau ? Mais ça va pas, ça
00:54 va pas du tout.
00:55 Alors je vais vous dire, on a pris des risques nous à Sud Radio, on l'a invité parce que
00:58 son livre est très drôle et très bien informé.
01:00 Je vous rappelle qu'il est agrégé de philosophie, il est prof de philo et il était à Sciences
01:05 Politiques, donc eh bien il défend la viande.
01:08 Et si ça se trouve, malheureusement, nous aussi, on est un peu chasseurs et un peu cueilleurs.
01:12 On en parle tout de suite.
01:14 Après cette courte pause, on va revenir avec Jean-Claude Poisa.
01:17 Après les infos de 13h et puis vous, vous aurez la parole 0826 300 300.
01:21 Sud Radio, parlons vrai.
01:23 Parlons vrai.
01:24 Sud Radio, parlons vrai.
01:25 Sud Radio, parlons vrai.
01:26 Ici Sud Radio.
01:28 Les Français parlent au français.
01:31 Les carottes sont cuites.
01:34 Les carottes sont cuites.
01:37 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
01:42 Non, non Fabien, tu ne gagneras pas avec un steak.
01:48 Par contre tu gagneras.
01:51 Parce qu'ensemble, nous aurons compris que le monde, le monde sur lequel nous vivons
02:00 est en train de basculer.
02:02 Voilà, tu ne mangeras pas, tu manges de la viande, Brigitte Fontaine, l'inaléable, magnifique
02:08 Brigitte Fontaine.
02:09 Et voilà, je reçois donc Jean-Claude Poisa, on a dit avec pro steak, le carnivorisme est
02:15 un humanisme, aux éditions Albain Michel, avec un très beau, en fin de carrelage, comme
02:20 dans les nappes qu'on aime, dans les restaurants qu'on aime.
02:23 Alors d'abord, est-ce que vous avez mesuré en fait la possibilité d'avoir un tsunami
02:31 de réactions absolument écœurées et indignées de la part de tous les végans, végétaliens,
02:40 végétariens de la terre ?
02:42 Jean-Claude Poisa.
02:43 Oui, bonjour, merci de me recevoir.
02:45 Alors écoutez, vous posez une très bonne question.
02:48 J'ai mesuré, je ne sais pas si tsunami il y aura, mais j'ai bien mesuré que effectivement
02:55 je m'exposais en tout cas à des retours de bâton, des retours de flammes de la part
03:00 de gens que j'attaque effectivement et j'ai bien conscience d'être un peu à rebours
03:05 de l'époque.
03:06 Bien entendu, à l'instant on vient d'entendre Sandrine Rousseau, on a des porte-paroles
03:11 très vindicatifs, très virulents de ce qu'on peut appeler le front anti-viande, le combat
03:17 contre l'alimentation carnée et moi si vous voulez j'ai voulu défendre mon mode de vie.
03:25 Oui justement, pourquoi vous avez fait ce livre ?
03:28 J'ai envie de dire "touche pas à mon assiette", c'est-à-dire, alors il y a quand même 98%
03:35 des français qui mangent de la viande, donc si vous voulez...
03:37 Toujours aujourd'hui, 98% ?
03:39 C'est des statistiques de 2021.
03:40 D'accord, ça va.
03:42 Voilà, les végétariens seraient 1,8% et les véganes 0,3%, donc le tsunami n'est pas
03:48 encore là.
03:49 Maintenant il y a, dans la génération, je crois, c'est des chiffres de mémoire, dans
03:55 la génération des 18-25 ans il y a 10% de véganes je crois, donc ça monte, c'est un
03:59 fait générationnel aussi.
04:01 Et puis il y a ce qu'on appelle les flexitariens, donc là on est à 15, en France autour de
04:05 15%, dans certains pays on est à 25-30, en Angleterre, en Allemagne, ils ont plus, j'allais
04:10 dire limer d'avance ou de retard, je ne sais pas, mais les pays anglo-saxons, les pays
04:15 protestants du nord sont plus avancés dans cette direction-là, pour des raisons sur
04:20 lesquelles nous reviendrons peut-être, culturelles, religieuses, etc. parce que le végétarisme
04:24 a aussi à voir avec la religion.
04:26 Non mais parlons un peu de pourquoi justement, c'est intéressant, parce qu'il faudra même
04:30 rappeler des choses, la viande, est-ce que franchement, Jean-Claude Poizat, est-ce que
04:34 nos ancêtres, nos très lointains ancêtres de la chasse et de la cueillette, ils auraient
04:38 survécu sans la viande ?
04:39 Je pense que non.
04:41 Déjà ?
04:42 Il y a une partie dans mon livre, toute une première partie qui est historique, où je
04:47 retrace, je fais une sorte d'historique de la consommation de viande et je remonte jusqu'au
04:50 paléolithique, donc l'époque des chasseurs-cueilleurs, et effectivement, vous savez l'histoire
04:56 est un enjeu de débat, politique, idéologique, et la bataille fait rage, croyez-moi, entre
05:01 les historiens, pour déterminer justement le rôle qu'a joué la viande.
05:05 Alors vous avez les tenants justement de l'hominisation par la viande, et donc par la chasse, et puis
05:10 vous avez des gens qui combattent cette thèse et qui mettent en avant la consommation de
05:16 végétaux.
05:17 Alors derrière ça, il y a aussi un partage des rôles, genrés, parce que la chasse,
05:24 elle est plutôt masculine à cette époque, et que la cueillette est plutôt féminine,
05:29 donc le végétal est plutôt associé à une préparation par les femmes, et puis la viande
05:34 à une préparation culinaire faite par les hommes.
05:37 Surtout au paléolithique où on chassait de gros animaux, comme le mammouth, etc.
05:41 - Bison, etc.
05:42 - Voilà, donc il fallait quand même être très fort, donc c'était plutôt des hommes
05:46 en groupe, c'était collectivement, qui s'attaquaient à ces grandes bêtes, qui ensuite fournissaient
05:50 des quantités énormes de viande, et comme au paléolithique il y avait de la glace,
05:54 on pouvait conserver cette viande plus facilement, etc.
05:56 Donc on sait qu'il y avait une grosse consommation de viande à cette époque.
05:59 On le sait aussi par les... on peut aujourd'hui analyser les zoos et savoir à peu près
06:02 ce que mangeaient les gens de cette époque.
06:03 Il y a des techniques qui permettent de l'établir.
06:06 Donc oui, ce sont des faits établis, mais il y a des historiens militants, ou souvent
06:11 des historiennes aussi, idéologues, qui essayent soit de relativiser, soit carrément
06:15 de dénier complètement cette réalité-là.
06:18 J'en parle dans mon livre, je consacre un chapitre notamment à cette question.
06:23 C'est un enjeu... il y a une bataille idéologique autour de cette partie de l'histoire.
06:28 - Mais juste, Jean-Claude Poisin, on ne va pas s'apesantir là-dessus, il y a beaucoup
06:32 à dire, mais dans les grottes, qu'elles soient Lascaux, Chauvet ou ailleurs, les bêtes,
06:36 on les voit, les dessins, le ciel, si elles sont importantes.
06:40 - Après, bon ça c'est un autre sujet, que je ne traite pas dans mon livre, mais oui,
06:44 la question des animaux, on ne sait pas très bien à quoi ça correspond.
06:48 Est-ce que c'était pour la chasse ? Est-ce que c'était des rituels religieux ?
06:51 Est-ce que c'était déjà de l'art ? Je crois que les historiens là aussi ne sont pas
06:55 trop d'accord sur la réelle fonction de ces peintures-là.
06:57 - Mais continuons dans l'histoire, ce qui est absolument passionnant, vous en parlez
07:01 aussi, ne parlez que dans les grands repas des rois, dans ce qu'on appelait dans les
07:06 banquets, royaume avant, républicain ensuite, etc.
07:10 La viande a toujours eu un rôle central.
07:12 - Oui, j'évoque Astérix, vous savez, le fameux banquet des Gaulois, tous les albums
07:18 d'Astérix se terminent par le fameux banquet dans lesquels on mange du sanglier, voilà.
07:23 Bien sûr, alors le banquet, on pense, moi je pense, je suis philosophe, je pense au
07:28 banquet de Platon, le symposium des Grecs, qui était composé de deux étapes, il y
07:33 avait le repas proprement dit, puis après il y avait les libations, donc on buvait du
07:37 vin, etc.
07:38 Mais la première étape, le repas, c'était effectivement de la viande qui était elle-même
07:42 précédée du sacrifice animal.
07:43 Donc il y a une longue tradition, vous avez raison, jusqu'à nos jours, le fameux banquet
07:48 républicain, en tout cas je me suis assez focalisé sur la culture européenne, occidentale
07:55 si vous voulez, il y a une très longue tradition, en tout cas dans ce monde-là, du banquet
08:00 qui est un lieu de communion, de réunion, qui est un lieu social, et la viande occupe
08:05 une place éminente, évidemment, dans ce cadre-là.
08:08 - Et enfin, tout le monde sait, il n'y a pas un petit écolier qui ne sait pas que
08:15 promettait, comme Nirvana, Harry IV, la poule au pot chaque dimanche.
08:19 - C'est ça.
08:20 - C'était la poule au pot, c'était quelque chose de...
08:22 - Alors oui, je pense qu'on a oublié, parce qu'aujourd'hui on vit dans une société
08:26 d'abondance, d'opulence, que tout est à disposition, donc quand vous allez au supermarché, vous
08:30 avez des quantités astronomiques de marchandises qui sont exposées, donc on a l'impression
08:33 que tout est facile, que tout est acquis, tout est gagné, mais on a oublié que cette
08:37 opulence est relativement récente à l'échelle de l'histoire de l'humanité, et pendant
08:40 en réalité des siècles, des millénaires, les hommes ont eu faim, ils ont souffert
08:45 de la faim et ils ont eu peur de la faim, de manquer, et donc promettre aux gens d'accéder
08:51 à la consommation de viande, pendant des siècles, c'était une promesse de bonheur,
08:54 en fait.
08:55 - C'était presque une richesse, là.
08:56 - Pas presque, c'était le symbole même de la richesse, en fait.
09:00 Et donc le fait que les classes populaires aient pu accéder à la consommation de viande
09:03 seulement à partir du XXe siècle, c'est un acquis social, on peut dire.
09:08 La viande est un acquis social.
09:10 Et donc quelque part, ce qui me frappe, on en reparlera peut-être, c'est que les attaques
09:15 contre la viande viennent du camp de la gauche, qui s'en prend à un acquis social.
09:19 - D'une certaine gauche.
09:20 - D'une certaine gauche, qui s'en prend au standard de vie des classes populaires.
09:24 C'est quand même un paradoxe extrêmement surprenant, peut-être même un peu choquant,
09:28 qu'on aille dire aux ouvriers "maintenant, il faut arrêter de manger de la viande".
09:32 - Mais c'est cette gauche, je dirais, allez, pour moi, caviar au haut de l'homme, c'est
09:36 cette gauche bobo, vous avez vu, enfin on peut le citer, Sandrine Rousseau qui attaque
09:40 le barbecue, élément masculin, là c'est le genre qui est venu s'insérer.
09:45 Quoique, elle attaque le steak, elle répond à Fabien Roussel qui dit que la gastronomie
09:49 française c'est une bonne viande, un bon fromage et un bon vin, et elle lui dit "tu t'en sortiras
09:54 pas avec un steak", et elle dit aussi "quand on mange de la viande, on déclenche des incendies
09:59 en Afrique".
10:00 Madame Rousseau est quand même coutumière des raccourcis et des slogans quand même
10:03 assez caricaturaux, donc moi j'ai essayé de voir un peu ce qu'il y avait derrière
10:08 tout ça, d'examiner un peu les faits, je fais un peu de "fact-checking" comme on dit.
10:14 - Au bon sens du terme absolument.
10:16 - Voilà, et j'essaye de comprendre ce qu'il y a derrière tout ça.
10:19 - Mais alors la viande a toujours été, Jean-Claude Poisin a vous le lire d'ailleurs, quelque
10:24 chose qui s'aflattait le palais, c'était je dirais le plat, quand on dit le plat de
10:30 résistance, c'était bien ça.
10:32 - Alors, il y a plusieurs aspects, il y a l'aspect gastronomique, effectivement, il
10:37 y a l'aspect diététique parce que la viande c'est nourrissant, c'est roboratif, c'est-à-dire
10:41 que ça apporte quand même des nutriments essentiels, ça permet de constituer la masse
10:44 musculaire, je veux dire, de tout temps, déjà dans l'Antiquité, les athlètes étaient
10:48 réputés pour consommer beaucoup de viande, je cite un certain Milan de Crotone qui était
10:51 le gendre de Pythagore et qui paraît-il manger un bœuf par jour, évidemment il y a une
10:56 part de légende, il y a de la légende, mais bon, en tout cas, le menu des athlètes c'était
11:01 de la viande.
11:02 Encore aujourd'hui, les sportifs ils prennent des protéines, alors ils prennent plutôt
11:04 des protéines en poudre ou ce genre de choses, mais enfin, j'en connais beaucoup qui mangent
11:08 du poulet et du fromage blanc parce qu'il faut de la masse musculaire.
11:11 Entre autres, la viande est un aliment effectivement essentiel, vital, viande vient de "vivenda",
11:18 les choses nécessaires à la vie en latin, donc oui, ça l'a toujours été, biologiquement
11:23 ça l'est, culturellement, socialement, ça l'a toujours été aussi à différentes
11:29 époques de l'Histoire, j'évoque notamment le Moyen-Âge, mais pas que le Moyen-Âge,
11:33 mais au Moyen-Âge les seigneurs, ils mangeaient de la viande, ils mangeaient du gibier surtout,
11:37 de la viande d'animaux tués lors de parties de chasse.
11:41 - Toujours la chasse.
11:42 - Voilà, on revient à la chasse.
11:43 Et là c'était un symbole de puissance, un symbole de pouvoir, ça marquait aussi le
11:47 fait que le seigneur était un guerrier, parce que la chasse est un peu une métaphore
11:50 de la guerre, c'est une espèce de guerre aussi qu'on mène quelque part contre les
11:53 animaux sauvages, c'est aussi un entraînement physique, parce qu'on utilise des armes,
11:57 on se déplace, on traque, etc., quelque part c'est une préparation à la guerre.
12:01 Donc la viande a toujours été liée à ces symboles virils, héroïques, militaires, etc.
12:07 Alors, si vous voulez, Sandrine Rousseau, elle n'a pas totalement tort quand elle dit
12:10 qu'on peut associer la viande à une certaine image de virilité, mais bon, aujourd'hui,
12:14 en même temps...
12:15 - Est-ce que la virilité doit être considérée comme un crime contre l'humanité ?
12:18 - Alors, vous avez raison, il y a deux points.
12:20 Premièrement, est-ce qu'on doit criminaliser la virilité ? J'en suis pas certain.
12:23 Et le deuxième point, c'est que quelqu'un qui mange de la viande aujourd'hui, d'ailleurs
12:26 un homme ou une femme qui va acheter son steak au supermarché dans une barquette, n'a pas
12:30 eu besoin de se battre contre les animaux sauvages, donc il n'y a pas d'héroïsme
12:33 ni de virilité derrière ça.
12:35 Il faut aussi remettre les choses un peu en place.
12:37 - On va en parler tout de suite après cette petite pause avec vous, c'est passionnant,
12:40 vraiment je le recommande, ce pro-steak, Jean-Claude Foysin, y compris à ceux qui sont anti-steak,
12:46 vous allez voir, vous allez être convertis assez vite.
12:48 - Et peut-être que vous êtes en train de déjeuner, appelez-nous ! Si vous mangez peut-être
12:51 une entrecôte saignante ou pas, ou à point, bien sûr, vous nous appelez 0826 300 300,
12:57 on essaiera de répondre à toutes vos questions.
12:59 A tout de suite sur Sud Radio.
13:00 - Sud Radio, votre attention est notre plus belle récompense.
13:04 - Je voulais vous m'inscrire d'exister, parce que vous êtes vraiment la seule radio que
13:08 j'écoute et vous êtes quasiment les seuls à faire véritablement votre métier de journaliste.
13:13 - Sud Radio, parlons vrai.
13:15 - Ici Sud Radio.
13:18 Les Français parlent au français.
13:23 Je n'aime pas la blanquette de veau.
13:26 Je n'aime pas la blanquette de veau.
13:29 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
13:32 - Eh oui, ça me rappelle quelqu'un qui disait effectivement, le steak, du tartare, parlons du steak,
13:41 puisque pro steak, c'est très intéressant parce que le steak en tant que tel, les variétés de steak sont énormes.
13:48 Déjà, il faut voir la viande, mais la viande, il y a des viandes.
13:51 La variété est infinie, Jean-Claude Boisin.
13:54 - Déjà, steak, ça veut dire tranche, et quand on dit un steak, ça peut être une tranche de n'importe quelle viande.
14:02 Plutôt de la viande rouge, quand même.
14:04 Il faut préciser, c'est ce qu'on appelle la viande rouge, et donc c'est majoritairement de la viande bovine.
14:09 Alors il faut préciser, on dit du bœuf, mais à 80%, c'est de la vache.
14:14 - Ah oui ?
14:15 - Oui, à 70% peut-être.
14:17 - Quand on dit viande de bœuf, oui, c'est vache.
14:19 - À 70%, c'est de la vache, en fait, c'est de la vache laitière de réforme.
14:22 C'est-à-dire, c'est des vaches qui ont fini leur carrière, on les utilise pour faire du lait,
14:27 puis quand elles font plus de lait, elles deviennent des vaches à viande.
14:31 Pour 70%.
14:32 On parle de la consommation courante.
14:34 Après, vous avez des races à viande, comme on le disait, qui sont spécialement élevées.
14:38 Alors là, ce sont des viandes de qualité, donc forcément plus chères aussi.
14:43 On a parlé de angus, par exemple, ou du bœuf wagyu au Japon.
14:47 Donc ça, c'est pour les connaisseurs, et là, effectivement, il faut mettre le prix si on veut manger ce type de viande.
14:52 Le wagyu, c'est une viande qui est très percillée, qui est très goûteuse, etc.
14:56 Quand on parle de steak, c'est Roland Barthes qui parlait déjà du steak dans les années 50,
15:01 qui expliquait qu'effectivement, il y a une infinie variété de steaks.
15:04 - Il est dans ses mythologies, il parle de la viande.
15:06 - Voilà, dans les mythologies, exactement.
15:07 Il dit qu'il y a le steak prolétaire, il y a le steak bourgeois, il y a même le steak...
15:11 Alors, la démocratie fait qu'il y a une sorte de standardisation des modes de vie, donc d'alimentation.
15:16 Donc, tout le monde se retrouve à peu près autour de certains aliments,
15:19 mais ils ne sont quand même pas préparés de la même façon, et ils n'ont pas non plus la même qualité.
15:22 Les steaks n'ont pas tous la même qualité.
15:24 Les steaks français sont parmi les meilleurs du monde, d'ailleurs, en termes de qualité.
15:28 Il y a notamment au niveau du gras dans les steaks.
15:32 C'est par rapport au steak américain qui comporte beaucoup plus de graisse, si vous voulez.
15:37 Parce que derrière, par exemple, on peut parler des maladies de civilisation, des maladies coronariennes, etc.
15:42 On accuse la viande, mais il faut distinguer les différentes qualités de viande.
15:46 Toutes les viandes n'ont pas la même qualité, donc n'ont pas les mêmes effets sur la santé, notamment.
15:51 Donc, évidemment, si on mange beaucoup de viande de mauvaise qualité,
15:54 on peut plus s'exposer à des problèmes de santé que si on mange une viande de très bonne qualité,
15:59 et de façon, disons, plus modérée ou raisonnable.
16:02 - Oui, plus modérée, bien sûr.
16:03 - Entre parenthèses, je prône aussi une forme de modération.
16:06 - Oui, vous ne dites pas de manger matin, midi, soir.
16:09 - Non ! Alors, il y a un historien qui dit qu'aux Etats-Unis, fin du 19ème siècle,
16:15 les ouvriers mangeaient du steak au petit-déjeuner.
16:17 Ce qui était pour eux une façon de montrer qu'ils avaient atteint un bon niveau de vie.
16:21 - Oui, promotion sociale, on revient à ça.
16:25 - On revient à ça, la viande c'est la promotion sociale.
16:27 Je mange de la viande, donc j'ai atteint quand même un certain niveau de vie.
16:30 J'ai prouvé quelque chose dans ma vie, en fait.
16:32 Et ça, je pense que c'est très très important.
16:35 - C'est la Rolex du début du 20ème, du 19ème, 20ème.
16:38 - Un peu, un peu. Si on n'a pas mangé de viande avant 50 ans, on a raté sa vie.
16:42 Je ne sais pas si on peut dire ça, mais il y a un peu de ça.
16:45 Donc ça, c'est frappant, oui, effectivement.
16:48 - Et alors justement, parlons...
16:50 Je m'adresse au professeur, à l'agrégé de philosophie que vous êtes.
16:55 Quelle a été, au fil des ans, vous en parlez dans votre livre,
16:58 la position des philosophes, des essayistes sur la viande ?
17:04 Elle a varié ?
17:06 - Oui. Ce que je dis dans mon livre, un des aspects auxquels je me suis intéressé,
17:11 c'est que je pense qu'il y a une grande différence
17:16 entre le végétarisme antique et le végétarisme moderne et contemporain.
17:20 Pour dire les choses simplement,
17:23 le végétarisme antique, les philosophes de l'antiquité,
17:26 que ce soit Pythagore, Platon, Porphyre,
17:30 les Grecs notamment, mais aussi un peu les Romains, qui s'inspiraient beaucoup des Grecs,
17:34 souvent ils ont prôné la frugalité alimentaire et souvent aussi le végétarisme.
17:39 On trouve ça chez Platon et Picur aussi.
17:42 Le sage, il doit manger peu et de préférence des aliments végétaux.
17:47 Mais cette alimentation frugale et végétale était réservée à une élite savante.
17:54 Or, Platon dit bien que les gens qui travaillent physiquement,
17:59 encore une fois, les travailleurs de force, les sportifs, les soldats,
18:03 il le dit, dans l'Iliade, les soldats qui partent faire la guerre de Troie,
18:07 qu'est-ce qu'ils mangent ? Ils mangent de la viande,
18:09 ils font des sacrifices animaux, ils font griller de la viande sur le feu, etc.
18:12 Et Platon le dit, pour ces gens-là, il faut de la viande.
18:15 Donc Platon ne disait pas qu'il faut du végétarisme pour tous.
18:19 Il y avait une distinction.
18:21 - En fait, l'élite était plutôt végétale et le peuple, enfin, le...
18:26 - Oui, et aujourd'hui, c'est presque l'inverse.
18:29 On a une élite intellectuelle, savante, CSP+, éduquée, etc., bourgeoisie urbaine,
18:36 qui est tentée plutôt par le végétarisme et la frugalité, la sobriété,
18:40 toutes ces choses qui sont aujourd'hui dans l'air du temps,
18:43 mais qui va dire aussi au peuple, aux ouvriers,
18:47 "Faites comme nous, et si vous ne le faites pas, vous êtes des salauds,
18:51 ou bien, en tout cas, vous êtes des beaufs, des machos, etc.
18:57 Vous êtes des gens horribles, en fait."
18:59 Donc, on veut imposer d'en haut un végétarisme pour tous.
19:02 Il me semble que Platon, Pythagore et Porphyre étaient beaucoup plus sages,
19:06 parce qu'eux savaient très bien que quand on travaille physiquement,
19:09 on a besoin d'une nourriture substantielle et que la viande en fait partie.
19:13 Ça, c'est la sagesse antique pour moi.
19:15 Et je pense que les philosophes modernes et contemporains ne sont pas très sages.
19:18 Enfin, je ne veux pas généraliser, mais en tout cas,
19:20 ceux qui aujourd'hui se disent philosophes nous vendent des doctrines
19:25 qui n'ont pas grand-chose de sage, ni même souvent de philosophique.
19:29 - Mais est-ce que c'est lié, alors justement, parce que vous en parlez,
19:32 est-ce que, sans faire d'amalgame et sans faire de schématisation,
19:36 est-ce que les gens qui aiment la viande sont en général des bons vivants,
19:40 et les gens qui n'aiment pas la viande, je ne dis pas que ce sont de tristes cires,
19:43 mais que quand même, est-ce qu'il y a des différences de comportement ?
19:46 Jean-Claude Poisin.
19:48 - Alors, oui, là, je vais vous poser une question, c'est difficile de vous répondre.
19:53 J'observe qu'en tout cas, les végétariens contemporains,
19:59 effectivement, sont quand même souvent des gens que moi je qualifierais un peu de donneurs de leçons,
20:04 et des gens qui sont toujours dans le registre de la victimisation,
20:09 très souvent, de la culpabilisation, voire de la punition, en fait.
20:13 C'est-à-dire, au fond, c'est toujours victimisation, culpabilisation, punition,
20:17 c'est toujours une espèce de trio comme ça qu'on retrouve.
20:19 - Il y a un côté "serrer ma haire avec ma discipline".
20:22 - Oui, vous avez très bien raison, voilà, c'est ça.
20:24 Moi, c'est ça, ça me dérange aussi beaucoup.
20:26 Donc, à l'inverse, c'est vrai qu'un mangeur de viande fera beaucoup moins la leçon,
20:33 enfin, les mangeurs de viande ne disent pas que tout le monde doit manger de la viande,
20:36 d'ailleurs, moi, je ne le dis pas non plus, au contraire, je suis pour la liberté des gens,
20:39 la liberté des modes de vie et d'alimentation.
20:42 Mais ce qui me dérange, c'est quand des végétariens me disent à moi
20:45 que si je ne mange pas de viande, alors je suis une mauvaise personne.
20:49 - Si vous mangez de la viande, vous êtes une mauvaise personne.
20:51 - Oui, parce que je mange de la viande, pire que ça, je serais un barbare.
20:56 Les mangeurs de barbac, si vous me permettez, sont des barbares.
20:59 Bon, comme je vous le disais au début, j'ai envie de leur répondre,
21:04 "touche pas à mon assiette", c'est-à-dire, ce qui se passe dans mon assiette,
21:07 ça me regarde moi et je ne permettrai à personne de me dire ce que je dois manger ou pas.
21:12 Par ailleurs, je suis un citoyen conscient, responsable,
21:15 je pense avoir conscience du monde dans lequel je vis,
21:17 je fais attention, je respecte les animaux, l'environnement, les humains, mes semblables,
21:24 mais ça n'implique pas pour moi que je doive renoncer à la consommation de viande.
21:28 - Et vous savez ce qu'a dit un philosophe américain du temps des hippies,
21:31 j'aime beaucoup, il a dit, "c'est avec les vaches sacrées qu'on fait les meilleurs steaks au poivre".
21:36 - Oui.
21:38 - Ce qui est une manière aussi d'accommoder.
21:41 On en parle tout de suite après cette petite pause et avec les auditeurs de Sud Radio.
21:45 - Évidemment, vous aurez la parole 0826 300 300 et vous êtes beaucoup déjà à réagir sur le Facebook,
21:50 par exemple il y a Fabrice qui nous dit, "oui, il faut alterner la viande blanche et rouge,
21:54 la viande rouge, il y a beaucoup de fer dedans, etc."
21:56 On va essayer de prendre un maximum de vos commentaires et puis évidemment un maximum d'appels 0826 300 300.
22:02 A tout de suite sur Sud Radio.
22:04 Sud Radio Bercov dans tous ses états, midi 14h. André Bercov.
22:10 Ici Sud Radio.
22:15 Les Français parlent au français.
22:18 Les carottes sont cuites.
22:21 Les carottes sont cuites.
22:23 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
22:27 - Eh bien, les carottes, je ne sais pas si elles sont cuites, mais la viande, on a intérêt à la prendre,
22:32 effectivement, selon vos goûts, à poids, saignants, tout bleu, vous savez, vous savez,
22:37 les variétés, on en parle avec.
22:39 Jean-Claude Poisa, vraiment un très bon livre que je vous recommande, "Prostec".
22:43 "Prostec", vous allez voir, ça va vous donner des envies tout de suite d'aller se payer une très très très bonne viande.
22:50 Jean-Claude Poisa, effectivement, c'est politique aussi la viande, la viande ou l'anti-viande.
22:57 - Ça le devient, enfin c'est en train de devenir, ça fait déjà quelques années.
23:01 - Oui, c'est ce que je disais au départ, c'est-à-dire, je distingue, si vous voulez, un végétarisme éthique,
23:07 donc moral, en fait, si vous voulez, qui est une affaire personnelle et privée que je respecte, complètement,
23:13 et un végétarisme politique, c'est quand on dit "végétarisme pour tous", là ça devient politique.
23:18 Et qu'on incrimine un mode de production, une économie, un système économique,
23:23 parce que les animalistes sont souvent aussi anticapitalistes, etc.
23:28 Donc ça devient une espèce d'idéologie révolutionnaire, en fait, qui reprend presque les itèmes marxistes,
23:34 Corinne Pelluchon, elle dit "Animalistes de tous les pays, unissez-vous".
23:37 Donc, si vous voulez, les animaux, c'est les nouveaux prolétaires.
23:40 - Oui, c'est ça, oui. - C'est la nouvelle classe opprimée.
23:43 - Ils pourraient pas dire "les racisés", mais ils sont pas loin, quoi.
23:47 - Ah, il y a une intersectionnalité des luttes. - Ah oui, c'est du racisme.
23:50 - Il y a une intersectionnalité des luttes, bien sûr.
23:52 Vous savez comment ça s'appelle, le racisme envers les animaux ?
23:55 Ça s'appelle le spécisme. Ça porte un nom, et vous avez un philosophe,
24:00 Peter Singer, pour ne pas le nommer, qui a écrit un livre qui s'appelle
24:03 "La libération animale", en 1975, qui est la bible de l'antispécisme,
24:08 et qui dit que le spécisme est l'équivalent du racisme et du sexisme.
24:12 C'est-à-dire, à partir du moment où vous considérez que la vie d'un être humain vaut plus que celle d'un animal,
24:17 vous êtes raciste envers l'animal.
24:19 Mais oui !
24:21 Donc, ne pas manger de la viande, c'est ne pas être raciste envers les animaux, bien sûr.
24:25 - Et on est en le champ, quoi. - Complètement.
24:27 Mais c'est écrit, moi je n'exagère rien.
24:30 Je me contente de livrer les éléments du débat.
24:33 Après, je commente, mais...
24:35 Et ça, c'est beaucoup repris, c'est utilisé abondamment.
24:39 - Apparemment, d'après ce que vous avez dit en début d'entretien, Jean-Claude Poissard,
24:44 ça n'affecte pas beaucoup la population, quand même.
24:48 - Oui et non. La France est un pays, je dirais, qui résiste pas trop mal.
24:53 Je pense qu'il y a des traditions gastronomiques et culinaires en France qui y sont pour beaucoup.
24:58 Il y a aussi une tradition de l'élevage en France, qui occupe une place importante.
25:02 Donc, si vous voulez, les antispécistes ne sont pas très nombreux dans les régions où il y a de l'élevage.
25:06 Il y a... Jérôme Fourquet a fait une étude, il a montré que le parti animaliste enregistre des scores
25:10 là où il n'y a pas d'élevage, justement.
25:12 Mais dans la région où il y a de l'élevage, il ne fait pas de score.
25:15 Donc, la France est protégée par ses traditions culinaires, gastronomiques, agricoles, pastorales, etc.
25:21 Mais, en même temps, il y a une tendance mondiale qui vient d'ailleurs, je pense,
25:25 principalement des pays anglo-saxons, donc États-Unis, Angleterre, pays, disons, Europe du Nord aussi.
25:31 Et cette vague, elle vient aussi chez nous.
25:34 Et comme je disais, ça touche quand même la jeune génération, notamment par les réseaux sociaux.
25:38 Donc, si vous voulez, je serais assez nuancé.
25:41 C'est-à-dire qu'en l'état actuel des choses, il n'y a pas péril en la demeure.
25:44 Mais peut-être que dans une génération ou deux, les choses pourraient bouger.
25:48 Mais on ne va pas basculer majoritairement vers le véganisme à court terme, je ne pense pas.
25:53 Et la planète non plus d'ailleurs, parce que nous, occidentaux, on peut encore aussi évoluer vers une réduction.
26:00 Mais à l'échelle mondiale, la consommation va augmenter.
26:02 - Alors, je voudrais avoir votre sentiment sur l'autre problème qui m'a halluciné quand je savais, la viande imprimée.
26:09 Vous avez vu qu'on commence à parler de tout ça.
26:13 Je veux dire, on va vers l'intelligence artificielle et on va évidemment vers la viande artificielle.
26:18 En tout cas, "artificielle", etc.
26:20 Ça traduit quoi, à votre avis ?
26:22 Parce que ça y est, on va vous présenter de la viande, alors que ce sont des impressions de viande, une viande sans viande.
26:27 Mais comment peut-on arriver là ?
26:29 - Ça me fait penser au film "L'aile ou la cuisse" de Claude Zidi.
26:33 Vous savez, ce film où on voit ces de Funès et Coluche qui regardent comment une cuisse de poulet se fabrique.
26:39 Bon, alors évidemment, c'est une comédie.
26:41 Mais est-ce qu'il était une comédie dans les années 70 ?
26:45 Ça devient un petit peu notre réalité aujourd'hui.
26:47 J'en parle dans le livre. Je traite ça plutôt à la fin, notamment dans la conclusion.
26:51 Ce qu'on appelle la viande de culture, ou la viande cellulaire.
26:56 En anglais, on dit "cell meat", donc "cellular meat".
26:59 Il y a plein de dénominations. On dit aussi "clean meat", c'est-à-dire la viande propre.
27:04 Ce qui en dit long.
27:05 - Exactement, c'est très significatif.
27:07 - Quand on mange un steak saignant, c'est sale.
27:09 Il faut le dire.
27:10 Donc, tout ça, ce sont des tendances économiques.
27:15 - Oui, parce qu'il y a le business derrière.
27:17 - Évidemment, il y a un énorme business qui se profite derrière tout ça.
27:20 Alors, si vous voulez, moi je ne suis pas hostile aux changements, aux progrès, etc.
27:26 Donc, je n'ai pas d'hostilité de principe à la viande de culture.
27:28 Par contre, ce qui m'embête, c'est que pour promouvoir la viande de culture,
27:33 on va, encore une fois, dénigrer la viande dite "traditionnelle", faite à partir de la neige.
27:40 - Non mais, pardon, cette viande de culture, moi j'en ai déjà goûté.
27:42 Ça peut avoir du goût ?
27:44 - Je n'ai pas goûté.
27:45 - Donc, je me dis, c'est quoi cette viande de culture ?
27:47 - Il faut savoir que c'est un procédé qui coûtait très cher il y a encore quelques années,
27:49 donc ce n'était pas du tout rentable.
27:51 Et là, on a réussi à trouver des procédés qui permettent de la rendre économiquement rentable.
27:57 Donc, derrière, la machine va se mettre en route.
27:59 - Oui, ça veut dire qu'à terme, on ne va pas faire de l'apocalypse et on ne va pas jouer les cassandres,
28:03 mais à terme, ça peut effectivement faire un combat pour la survie du vrai élevage.
28:08 - Absolument, c'est ce que Joseph Schumpeter appelle la "destruction créatrice".
28:12 Si vous avez un nouveau modèle économique, il peut potentiellement remplacer l'ancien.
28:16 Mais, je ne crois pas complètement, parce que, à mon humble avis,
28:21 je pense quand même que la viande d'élevage continuera d'exister,
28:25 et peut-être que ça deviendra quelque chose de rare, donc de cher,
28:28 et de réserver peut-être à des privilégiés.
28:30 - A une élite, oui.
28:31 - Et par contre, pour encore une fois les classes populaires,
28:34 peut-être que là, on pourra proposer des substituts de viande moins chers, etc.
28:38 Je pense qu'on va peut-être s'orienter vers ce modèle.
28:40 Claude Lévi-Strauss en parlait déjà dans les années 90,
28:42 et il disait que la viande, à l'avenir, va devenir quelque chose de rare et de cher,
28:45 donc de très recherché, et donc peut-être que ça va redevenir ce que c'était au Moyen-Âge,
28:49 c'est-à-dire un aliment qui est un symbole de réussite sociale,
28:52 ce que ça n'est plus aujourd'hui, si vous voulez.
28:55 Et je pense que le dénigrement de la viande vient peut-être de là, c'est peut-être une clé, je pense.
28:59 C'est-à-dire que la viande est dénigrée par une fraction de la bourgeoisie urbaine occidentale
29:03 parce qu'elle est accessible à tous, au peuple.
29:07 - Et or, si les gueux commencent à pouvoir avoir de la viande, ça va plus pour nous.
29:11 - Donc il faut se distinguer socialement.
29:12 Donc on se distingue en disant "on va manger des végétaux".
29:14 Mais demain, si la viande redevient un plat rare et cher,
29:17 ça redeviendra un moyen de distinction sociale, et le peuple en sera privé,
29:20 donc on retombera sur nos pieds, si je peux dire,
29:22 c'est-à-dire un système proche de ce qu'on a connu au Moyen-Âge,
29:25 ou même peut-être dans l'Antiquité, où la viande était un aliment de l'élite.
29:29 Enfin, pas dans l'Antiquité, on a parlé des peuples, en tout cas pas chez les Grecs et les Romains,
29:33 mais chez les Gaulois, ou chez les Celtes et les Germains,
29:37 et en tout cas chez les peuples européens du Moyen-Âge, c'est très clair.
29:40 - Et à votre avis, justement, pour revenir à ça,
29:44 parce que le fait d'avoir intitulé, moi ça m'a frappé,
29:47 c'est... bon, dites-le, "prostèque",
29:50 c'est-à-dire qu'effectivement, depuis quand on peut dire...
29:54 intéressant, c'est à l'historien que je parle,
29:56 depuis quand le clivage entre pro- et anti-steak existe ?
29:59 Parce qu'il fut un temps, on ne se posait absolument pas la question,
30:03 manger ce qu'on voulait, de la viande...
30:05 Enfin, il n'y avait pas...
30:07 Moi, je suis de la génération où l'antispéciste, le spéciste, ça n'existait pas,
30:12 on mangeait, et puis voilà...
30:14 - Écoutez, je vous ai dit, le livre de Singer date de 1975,
30:17 je pense que quand il est sorti, il était sans doute assez confidentiel,
30:21 mais aujourd'hui, c'est un best-seller mondial, ce livre.
30:25 Il faut savoir que l'auteur est un des auteurs les plus cités dans les universités du monde entier,
30:30 donc c'est devenu une référence.
30:32 Alors, il y a plusieurs vagues,
30:34 effectivement, dans les années 70, vous avez raison,
30:36 moi je suis né dans les années 70, j'ai grandi dans les années 80,
30:39 à cette époque-là, c'était ultra minoritaire, confidentiel,
30:43 à partir du début des années 2000, je pense qu'il y a un réveil,
30:45 et depuis 2010, il y a une offensive.
30:47 Je dirais une bonne dizaine d'années environ,
30:49 il y a une offensive clairement anti-viande.
30:52 - Organisée.
30:54 - Organisée, consciente, idéologisée,
30:56 avec ses théoriciens, avec ses militants, avec ses petits soldats,
31:00 les compagnons de route, etc.
31:02 - C'est pour ça qu'il est bon que quelqu'un fasse la résistance, ce que vous avez fait, là.
31:06 - C'est-à-dire que je me suis senti investi dans cette petite mission.
31:10 - On a du monde au standard,
31:13 mais juste avant, je rebondis sur une question d'un auditeur
31:16 qui rejoint un peu la vôtre, André Bercoff,
31:18 est-ce que vous pensez que les protéines d'insectes,
31:20 la viande d'insectes, peuvent prendre un peu aussi plus de place,
31:23 ça rejoint la viande cellulaire ?
31:25 - Oui, ça fait partie des choses, là aussi, je pense, d'avenir,
31:29 mais là encore, il y a des réticences culturelles,
31:32 moi, à titre personnel, je ne suis pas très emballé,
31:35 mais je pense que beaucoup de gens ne le seront pas,
31:37 parce qu'il y a différentes sortes de viandes, aussi,
31:40 quand on dit "les animaux, mangez les animaux",
31:42 on ne mange pas n'importe quel animal, pas n'importe comment,
31:44 à une époque, on a mangé du cheval,
31:46 après, on a arrêté d'en manger,
31:48 on peut manger du cochon ou pas,
31:50 on peut manger du...
31:52 - Les vietnamais, elles mangent du chien ?
31:54 - Exactement, les indiens refusent de manger du bœuf,
31:57 je veux dire, donc, il y a viande et viande.
31:59 En Europe, manger les insectes,
32:02 je pense que beaucoup de gens considérons que c'est une viande qui n'est pas très digne,
32:05 encore une fois, peut-être,
32:07 il y avait aussi des viandes de riches et des viandes de pauvres,
32:09 tout à l'heure, on parlait des seigneurs,
32:11 ils mangeaient du gibier, les pauvres mangeaient plutôt du lapin ou du suor de viande,
32:15 je ne suis pas certain que ça prenne,
32:18 mais ce sera peut-être inclus, si vous voulez, dans des plats préparés,
32:22 ou ce sera des ingrédients, donc,
32:24 qui seront discrètement inclus dans des plats, sans que personne ne le sache,
32:26 et on vendra peut-être de la viande de bœuf,
32:28 où il y aura un pourcentage de cliquets...
32:30 - Mais comme on aime la transparence, on aimera le savoir, quand même...
32:32 - Alors, peut-être qu'il y aura une trace à visiter, effectivement...
32:34 - On verra...
32:36 - On a Jean-François qui nous appelle depuis Valence, bonjour Jean-François !
32:38 - Bonjour Jean-François !
32:40 - Oui, bonjour messieurs, merci pour votre conversation,
32:42 toujours très intéressante,
32:44 et merci pour votre ouvrage sur la viande,
32:46 alors moi, je suis un gars un peu particulier,
32:48 parce que je suis éleveur depuis pas très longtemps,
32:50 enfin, depuis quelques années quand même,
32:52 et je me suis installé éleveur,
32:54 en étant d'accord avec Sandrine Rousseau, malgré tout,
32:56 - Ouais...
32:58 - On peut, on peut !
33:00 - Disons que mon objectif,
33:02 c'est de travailler à l'accompagnement
33:04 de la réduction de la consommation de viande,
33:06 alors vous voyez, c'est un peu particulier...
33:08 - Ah oui, vous êtes éleveur, et vous travaillez à la réduction
33:10 de la consommation de viande, c'est intéressant !
33:12 - L'idée étant que mon travail,
33:14 je consomme mon travail comme
33:16 un accompagnement au bien-être animal, en fait,
33:18 et uniquement au bien-être mental,
33:20 et je considère véritablement que la viande industrielle
33:22 est un vrai problème,
33:24 et que pour moi,
33:26 et c'est la question que je voulais vous poser,
33:28 est-ce que vous pensez que la viande industrielle,
33:30 il y a des poulets qui se font en
33:32 quelques semaines, en trois semaines,
33:34 enfin, on fait un poulet
33:36 nourri avec, enfin bref, complètement
33:38 on va dire gonflé aux hormones, même si c'est pas
33:40 forcément aux hormones, mais bref,
33:42 on a une viande
33:44 qui, à mon avis, est
33:46 désanimalisée, enfin,
33:48 qui dénature complètement
33:50 la conception
33:52 même, enfin, et la vie de l'animal,
33:54 et donc, pour moi, c'est une
33:56 déshumanisation de consommer
33:58 cette culte de viande. Est-ce que pour vous,
34:00 ça correspondrait aussi à un problème
34:02 de consommer cette viande industrielle
34:04 qui est faite dans des conditions, carrément,
34:06 discutables, sur le point de vue,
34:08 y compris de l'éthique ? - Oui.
34:10 - De l'éthique, et puis du traitement, j'inclue le poison.
34:12 - Vous élevez quel type d'animaux, pardon ?
34:14 - Des porcs. - D'accord, d'accord, d'accord.
34:16 Écoutez, bien entendu,
34:18 je m'en explique
34:20 dans le livre, c'est-à-dire, moi, je suis pour une,
34:22 je défends une position que je considère
34:24 raisonnable et équilibrée, enfin, j'essaye,
34:26 c'est-à-dire, bien entendu, je suis pour qu'on puisse
34:28 manger une viande de qualité, je suis pour
34:30 une alimentation de qualité, pour le
34:32 plus grand nombre de gens possible, ça va de soi.
34:34 Donc, je ne souhaite pas que les gens mangent
34:36 des aliments qui soient mauvais,
34:38 nocifs, et pour l'environnement, et pour la santé,
34:40 et pour le bien-être animal. Donc, oui,
34:42 il faut privilégier les élevages extensifs
34:44 qui permettent
34:46 de respecter les animaux
34:48 et le bien-être des animaux. Donc, là-dessus,
34:50 il n'y a aucun doute et aucune ambiguïté.
34:52 Mais,
34:54 ce qui me gêne, ce sont justement
34:56 les amalgames, si vous voulez, c'est-à-dire que, sous prétexte
34:58 de, effectivement, il y a des dérives,
35:00 il y a des excès, il y a des choses
35:02 qui dysfonctionnent dans l'industrie, on va condamner
35:04 tout un secteur économique, et on va dire,
35:06 voilà, c'est toute la viande qu'il faut arrêter et interdire.
35:08 Donc, c'est ça qui est gênant dans l'histoire.
35:10 Ce sont les amalgames et les raccourcis.
35:12 Donc, je dis qu'il ne faut pas jeter l'oprop
35:14 sur toute une filière de production
35:16 parce qu'il y a des mauvaises,
35:18 des mauvais comportements ou des dérives,
35:20 etc. Donc, il faut corriger ces dérives
35:22 et donc, votre démarche, je la soutiens
35:24 totalement, enfin, elle me paraît extrêmement...
35:26 - Il faut l'équilibre, quoi.
35:28 Il faut un véritable équilibre, effectivement.
35:30 - Votre démarche aussi,
35:32 je la soutiens totalement, et en même temps,
35:34 je serai assez militant pour remettre
35:36 les abattoirs au centre des villes
35:38 et que les gens puissent aller voir
35:40 ce qui se passe. - Écoutez, ça, c'est
35:42 extrêmement intéressant ce que vous dites
35:44 parce qu'effectivement, je pense,
35:46 il y a ce qu'on appelle, les sociologues parlent de
35:48 "sarcophagie", j'en parle dans le livre,
35:50 c'est-à-dire cette tendance à éloigner...
35:52 - Sarcophagie, les amoureux de Sarkozy ?
35:54 - Non, non, non, ça vient de "sarx"
35:56 en grec, c'est la chair.
35:58 En fait, si vous voulez, c'est l'idée que
36:00 les gens n'ont pas forcément conscience
36:02 quand ils mangent de la viande que c'est de la viande.
36:04 Et surtout, d'où elle provient
36:06 et de quel aliment... - Donc, voilà, voir comment
36:08 c'est fabriqué, comment... - Retrouver la
36:10 conscience de ce qu'on mange, en général, d'ailleurs,
36:12 mais en particulier,
36:14 les produits animaux et notamment la viande.
36:16 Rétablir le lien entre les
36:18 consommateurs et les produits d'origine...
36:20 - Ça, c'est une bonne chose. - Je suis évidemment d'accord
36:22 avec ça et donc, bien sûr, monsieur,
36:24 je trouverais aussi que ce serait une bonne chose.
36:26 Moi, je fais partie de ceux qu'on appelle
36:28 les zoophages, c'est-à-dire ceux qui...
36:30 Les zoophages, ce sont ceux qui
36:32 aiment savoir ce qu'ils mangent et qui, en particulier,
36:34 qui aiment reconnaître l'animal qu'ils mangent.
36:36 Donc, ça ne me choquerait pas, effectivement,
36:38 qu'on rétablisse ce lien
36:40 entre la population et l'élevage
36:42 et l'abattage aussi, d'ailleurs. - Et je dirais, comme
36:44 Corinne Péuchon, mais dans un autre sens,
36:46 de tous les pays, unissez-vous.
36:48 - Merci beaucoup, Jean-François, pour votre appel. On marque une dernière
36:50 petite pause dans Berkhoff dans tous ses états
36:52 et on revient dans quelques instants.
36:54 - A une suite. - On sort ensemble jusqu'à 14h. A tout de suite
36:56 sur Sud Radio.
36:58 - Sud Radio Berkhoff dans tous ses états.
37:00 Appelez maintenant pour réagir.
37:02 0 826 300 300.
37:04 - Ici Sud Radio.
37:08 Les Français parlent au français.
37:14 Je n'aime pas la Blanquette-Revaux.
37:16 Je n'aime pas la Blanquette-Revaux.
37:18 Sud Radio Berkhoff dans tous ses états.
37:22 - 13h47 sur Sud Radio. Nous sommes toujours
37:24 avec Jean-Claude Poisa qui vient nous voir pour son livre
37:26 "Prostec, le carnivorisme est un humanisme"
37:28 aux éditions Albin Michel. Nous avons
37:30 Philippe qui nous appelle depuis la Dordogne.
37:32 Bonjour Philippe. - Bonjour Philippe.
37:34 - Eh bien, bonjour
37:36 Monsieur Berkhoff. Je dis monsieur
37:38 parce que vous êtes vraiment un monsieur.
37:40 - Merci. - Il n'y a pas de problème.
37:42 Je sais bien
37:44 qu'il faut que la radio vive
37:46 mais quand on voit
37:48 le sujet de l'émission
37:50 et puis les pubs qu'il y a à la radio
37:52 il n'y a pas photo.
37:54 Enfin bref, c'est vrai que
37:56 depuis
37:58 quelques temps
38:00 beaucoup de gens
38:02 font du lobbyisme sur le
38:04 végétalisme, le véganisme
38:06 le ci, le là. On a toujours
38:08 mangé de la viande. On en mangera toujours.
38:10 Maintenant, il faut manger
38:12 de la vraie viande. Il ne faut pas manger de la viande
38:14 qu'on achète dans les supermarchés.
38:16 Ils ne vendent que...
38:18 Je passe le mot, mais que de là.
38:20 Voilà. - Ah oui, carrément pour vous.
38:22 - Oui. Allez
38:24 sortir un peu
38:26 de vos villes. Allez
38:28 dans les campagnes ou
38:30 dans les banlieues. Vous allez voir qu'il y a des gens
38:32 qui font des bons produits. - Sûrement.
38:34 Sûrement. - Ah ben oui.
38:36 Des très bons produits. Même dans les producteurs
38:38 de viande de bovine,
38:40 d'auvines, dans les volailles.
38:42 Il y a des très bons produits
38:44 à 10, 15 ou 30 kilomètres de
38:46 chez vous. Ce n'est pas un problème de les faire.
38:48 - Absolument. On est bien d'accord.
38:50 - Il y a plein de gens qui ont peur de prendre leur voiture
38:52 pour aller acheter des bons produits, mais
38:54 ils n'ont pas peur de prendre leur voiture pour
38:56 aller manger chez McDo,
38:58 chez Burger King, chez KFC
39:00 où ils vont manger et que de là.
39:02 Voilà. - Voilà.
39:04 Sauf que vous savez... Non mais c'est le
39:06 personnel problème ça Philippe, vous avez raison de le souligner.
39:08 Sauf que McDo et compagnie,
39:10 c'est 5 euros. Ils ont l'impression que s'ils vont aller
39:12 ailleurs, on va leur demander
39:14 35 euros. Ce qui est
39:16 faux. Mais c'est ça qu'on a
39:18 réussi à faire entrer dans la tête des gens.
39:20 - Tout à fait. Avec 5 euros
39:22 de bonne viande, vous mangez
39:24 de la bonne viande. Vous êtes
39:26 4 ou 5 à manger à la maison.
39:28 Vous achetez pour 25 euros
39:30 de viande. Vous allez manger de la
39:32 vraie viande. Pas de la saloperie
39:34 où il y a de l'eau, de la peau, des poils,
39:36 tout le temps. - Voilà.
39:38 Encore un prosthèque Jean-Claude Poissard.
39:40 - Oui. J'entends très bien ce que vous
39:42 dites et je suis d'accord avec vous.
39:44 Peut-être une petite nuance près, c'est que
39:46 je nuancerai un peu sur
39:48 McDo parce que
39:50 McDo je crois se fournit quand même
39:52 aussi auprès de producteurs français et fait
39:54 un effort aussi pour mettre des produits
39:56 locaux. Les fast-foods en France
39:58 d'ailleurs ils le font un peu dans
40:00 beaucoup de pays, mettent en valeur aussi
40:02 certains produits locaux, donc des fromages
40:04 ou des charcuteries, etc.
40:06 - Et ils choisissent de bons produits ?
40:08 - En France on fait des bons steaks.
40:10 La France fait des steaks, comme je disais tout à l'heure, qui sont plutôt
40:12 meilleurs qualitativement que ceux qu'on va trouver dans d'autres pays
40:14 notamment aux Etats-Unis. Donc je jetterai
40:16 pas forcément l'opprobre non plus sur les fast-foods.
40:18 Moi ça m'arrive d'y aller de temps en temps
40:20 quelques fois dans l'année mais pas très souvent.
40:22 J'y vais aussi pour faire
40:24 plaisir à mes enfants.
40:26 Mais voilà, je dirais pas
40:28 en bloc que c'est forcément tout mauvais non plus.
40:30 Mais évidemment
40:32 qu'il faut valoriser
40:34 des produits locaux, des produits terminaux.
40:36 Moi j'habite dans une région très riche sur le plan gastronomique
40:38 et j'essaye de me fournir avec des produits locaux
40:40 et j'adore ça d'ailleurs. Il n'y a pas que la viande, il y a aussi
40:42 le fromage, les produits laitiers. Et je dis dans mon livre
40:44 d'ailleurs que tous ces produits animaux sont liés.
40:46 Il y a toute une économie derrière qu'il faut promouvoir
40:48 et en France on a une grande richesse
40:50 gastronomique avec ces produits-là.
40:52 Et ça c'est extraordinaire. En France et en Europe
40:54 j'aime bien aussi les produits italiens.
40:56 Enfin je veux dire voilà, mais je crois qu'on est
40:58 tous assez d'accord sur
41:00 la qualité des produits. - On est assez d'accord sur
41:02 cet écosystème. - Voilà. - Et surtout
41:04 gardons-le, c'est ça le problème. - Mais oui c'est ça,
41:06 gardons-le. - C'est ça le problème. - On a
41:08 Patricia qui nous appelle depuis Montpellier. Bonjour Patricia.
41:10 - Bonjour Patricia.
41:12 - Oui bonjour André Bastard, bonjour à votre
41:14 invité, c'est passionnant.
41:16 Oui c'était pour rebondir en fait.
41:18 Je suis contente que vous écriviez un livre
41:20 par rapport à Madame Rousseau
41:22 parce que ça fait vraiment très peur
41:24 avec toutes les personnes qui la suivent
41:26 c'est fanatique mais
41:28 c'est extrémisme.
41:30 Mais bon, moi
41:32 très tôt on a été alerté avec ma
41:34 maman, elle était très militante
41:36 contre les expériences des animaux en labo, etc.
41:38 Donc c'était déjà dans les années
41:40 80, etc.
41:42 Toutes les marifs, Kikorida, etc.
41:44 Donc on a toujours été dans cette
41:46 mouvance de protection
41:48 des animaux mais sans tomber dans l'extrémisme.
41:50 Voilà. Moi je suis
41:52 catho-pratiquante, enfin je veux dire
41:54 c'est important d'aimer la nature
41:56 et de la respecter mais sans forcément
41:58 dire "moi je suis de gauche et je veux
42:00 tuer tous les bouchers".
42:02 Mais vous mangez de la viande vous, Patricia ?
42:04 Mais bien sûr, je mange de la viande mais comme disait
42:06 votre interlocuteur en Allant
42:08 chez le boucher, alors que
42:10 pas tous les jours parce qu'effectivement au niveau du porte-feuille
42:12 il faut faire attention, c'est la viande, il faut la bonne qualité.
42:14 Voilà.
42:16 Et je voulais rebondir sur ce que disait votre
42:18 invité par rapport, par contre
42:20 à l'Antiquité, moi je
42:22 fais très attention, j'écoute beaucoup
42:24 tout ce qui est coussmine, ça fait partie
42:26 de mes débuts de chevet.
42:28 Quand même, la viande, pour les
42:30 troupes romaines quand ils allaient
42:32 faire des campagnes, etc.
42:34 Ce que dit Coussmine c'est que
42:36 quand même s'ils n'avaient pas leur pain
42:38 à base d'épaule très petite et pôtres et puis leur
42:40 céréales, ils faisaient la tête
42:42 parce qu'ils savaient très bien qu'ils pourraient tenir
42:44 dans la durée avec les céréales.
42:46 Et la viande
42:48 c'était quand même très très très secondaire.
42:50 Ça leur était égal de savoir si ils avaient de la viande ou pas
42:52 mais ils voulaient vraiment leur galette et leur...
42:54 - Ça c'est une dispute sur les troupes romaines.
42:56 Alors, oui, j'applaude pour ça.
42:58 - C'est vrai que j'ai pas parlé de la ration
43:00 de viande des romains. Les poilus
43:02 de 14 mangeaient du singe, c'est-à-dire
43:04 en fait du cornet de bif en boîte
43:06 qui venait des abatteurs de Chicago.
43:08 Mais pour ce qui est des soldats romains, alors c'est vrai que la civilisation
43:10 romaine, tout à l'heure on parlait du végétarisme
43:12 des philosophes, mais plus largement
43:14 la civilisation grecque,
43:16 antique, comme la civilisation romaine est plutôt une civilisation
43:18 végétale. Vous avez raison.
43:20 Donc effectivement, il y a une mise en avant
43:22 des produits végétaux. Donc la ration de viande
43:24 était très limitée. Je crois qu'il y a des statistiques qui établissent
43:26 en Grèce ancienne, par exemple, c'était 1 à 2 kilos
43:28 de viande par an et par habitant. Ce qui est très peu.
43:30 En France, on consomme 85 kilos
43:32 de viande par habitant et par an.
43:34 Donc oui, c'était très peu. Mais je m'en explique
43:36 dans le livre. C'est-à-dire, bien sûr, cette consommation
43:38 était très limitée en quantité.
43:40 Par contre, elle occupait une place imminente
43:42 sur le plan symbolique, notamment en raison
43:44 du sacrifice animal. C'est-à-dire qu'on consommait de la
43:46 viande dans le cadre des sacrifices, qui étaient des moments
43:48 solennels, aussi bien en Grèce
43:50 qu'à Rome. Donc on en mangeait peu,
43:52 mais ça revêtait une importance quand même symbolique
43:54 particulière et particulièrement importante.
43:56 C'est ça que je dis dans mon livre. Mais donc,
43:58 vous avez raison. Oui, la majorité de la population
44:00 consommait des produits végétaux, notamment
44:02 je le dis, effectivement,
44:04 du pain, ou l'équivalent, c'est pas notre pain
44:06 à nous, c'est pas la baguette, mais des produits
44:08 à base de céréales, parfois du brouet,
44:10 à base de céréales, etc. Donc oui,
44:12 blé, orge, épeautre, etc.
44:14 Donc c'était l'alimentation,
44:16 en anglais on dit "core food", l'alimentation de base.
44:18 De base, oui, de blé, oui. Nous sommes avec
44:20 René, qui nous appelle depuis la Haute-Garonne.
44:22 Bonjour René. Bonjour René.
44:24 Je vais dire plusieurs choses. D'abord,
44:26 féliciter Sud Radio, parce que
44:28 quand j'appelle pour savoir le nom d'un invité
44:30 qui m'intéresse, on me le donne toujours
44:32 et on épèle.
44:34 Deuxième félicitation, féliciter
44:36 Jean-Claude Poisa, pour
44:38 absolument tout ce qu'il dit,
44:40 mais particulièrement son résumé historique,
44:42 qui est tout à fait remarquable,
44:44 parce qu'il dit que des choses que
44:46 tout le monde sait, mais il les a reliées.
44:48 Parce que souvent on sait des choses, on ne les
44:50 ne les relie pas. Voilà, c'est tout à fait
44:52 bon. Ensuite,
44:54 il y a eu un petit truc qui m'a embêté quand quelqu'un
44:56 a parlé de la viande d'insectes.
44:58 D'abord,
45:00 culturellement on n'est pas prêt pour ça, mais enfin
45:02 les insectes, ils nous mettent dans le corps de la
45:04 chitine. La chitine est un
45:06 produit que le corps humain ne peut pas
45:08 assimiler. Dit autrement,
45:10 la nourriture d'insectes, c'est comme
45:12 de le yoga, c'est de la nourriture
45:14 pour peuples qui sont dans la misère,
45:16 ou aux morts de vieillesse, en général, entre
45:18 35 et 40 ans. Ça ne va pas
45:20 pour notre société.
45:22 Les animaux,
45:24 les animaux peuvent
45:26 vivre sans nous. Il y a l'exemple,
45:28 il y a un peu plus de 100 ans
45:30 en Australie, sur la côte sud-est,
45:32 on a à la dynamite percé
45:34 une montagne, pour pouvoir aller plus loin,
45:36 découvrir des territoires, on a découvert des
45:38 milliers de vaches qui vivaient bien sans être humains.
45:40 Les vaches qui venaient d'Angleterre,
45:42 comme tous les animaux européens du coin.
45:44 - C'est pour ça qu'ils ont tenu le coup.
45:46 - Voilà, mais elles avaient fait le tour
45:48 par des chemins au bord
45:50 de la côte, ce qui était dangereux,
45:52 mais elles ont pu passer. Alors je dis ça
45:54 parce qu'à l'inverse des écologistes
45:56 qui disent des conneries, quelques fois j'entends
45:58 dire des gens de bonne foi, des éleveurs,
46:00 "Oh, les animaux ont besoin de nous
46:02 parce que les vaches ont besoin de retraite
46:04 deux fois par jour." Ben oui, mais enfin si on ne tuait pas
46:06 un veau à l'âge de trois mois, le veau
46:08 continuerait à les têter jusqu'à ce que
46:10 ça se finisse. Donc les vaches n'ont pas besoin
46:12 de nous. Alors j'ai beaucoup aimé
46:14 aussi, dans le résumé historique,
46:16 le fait qu'on disait que les nobles
46:18 mangeaient de la viande chassée.
46:20 Quand on est un petit garçon
46:22 entre 5 et 10 ans, à 10 ans on lit Michel Strogoff,
46:24 on met 6 mois pour le lire,
46:26 il y a beaucoup de mots qu'on ne connaît pas,
46:28 qu'on comprend plus ou moins grâce au contexte
46:30 et parmi ces mots il y avait le mot "venaison".
46:32 Voilà, les nobles mangeaient de la venaison.
46:34 René, nous arrivons à la fin
46:36 de notre émission, c'est passionnant,
46:38 on va refaire une émission effectivement sur la viande,
46:40 la chasse et la cueillette,
46:42 parce que la cueillette, sans ça,
46:44 on n'aurait pas été là. Merci, merci
46:46 à vous et merci à Jean-Claude Poizat, encore
46:48 une fois, pro-steak, c'est très
46:50 important. Merci Jean-Claude Poizat, pro-steak,
46:52 le carnivorisme est humanisme aux éditions.
46:54 Albin, Michel, merci beaucoup, André Bercoff,
46:56 tout de suite c'est "Buffet Live" sur Sud Radio.
46:58 Sud Radio, parlons vrai !