Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités reçoivent Karine Franclet, Maire (UDI) d'Aubervilliers à propos des Internats pour jeunes « à la dérive ».
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00:00 Laurence Ferrari sur CNews et Europe 1.
00:03 18h40, on se retrouve en direct dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
00:10 Karine Franck-Ley, notre invitée. Bonsoir, vous êtes la maire d'Aubervilliers.
00:13 Merci beaucoup d'avoir rejoint notre plateau de Punchline.
00:16 On va parler des internats éducatifs pour les jeunes, pour empêcher ces jeunes de tomber dans la délinquance.
00:23 Gabriel Attal était ce matin à Nice, où il y a un internat éducatif pendant les vacances scolaires qui a fonctionné.
00:29 Il a fait une grande discussion avec les jeunes. On va écouter des extraits,
00:32 parce que c'est pareil comme tout à l'heure, on écoutait les jeunes dealers du quartier de Montpellier.
00:37 Le réel, évidemment, on le prend souvent de pleine face.
00:40 Mais voilà, c'était intéressant d'entendre le Premier ministre, qui est très moteur sur ce genre de sujet,
00:45 pour tenter d'empêcher cet engrenage de la violence, demander aux jeunes pourquoi vous êtes là,
00:52 comment est-ce que vous êtes arrivés dans cet internat ?
00:54 Écoutez les réponses entre Gabriel Attal et les jeunes.
00:57 - Est-ce que vous êtes content d'être là, d'abord ?
00:59 - Non. - Non ? Ben c'est rassurant.
01:01 Parce que si vous étiez trop content d'être là, on se dirait que c'est peut-être pas utile pour vous.
01:07 Non, donc pas content d'être là, mais là quand même, parce que c'est vos parents qui vous ont dit "il faut y aller".
01:13 C'est ça ? Qui veut témoigner ? Vas-y.
01:15 - Ma mère m'a forcé, c'est tout. - Elle t'a forcé, d'accord.
01:18 Et qu'est-ce qu'elle a donné comme argument pour t'expliquer ?
01:22 - Elle m'a dit que j'allais partir en vacances.
01:24 - D'accord. - Elle m'a dit qu'il y avait des activités, mais y'a rien.
01:30 - Et pourquoi tu voulais pas ? Pourquoi tu voulais pas, toi ?
01:33 - Parce que je voulais rester avec mes collègues dehors et tout.
01:36 - Dehors ? Et pour faire quoi dehors ?
01:38 - Je sais pas, sortir avec mes collègues, manger dehors et tout.
01:41 - D'accord. Bon, mais ici tu vas être avec d'autres jeunes.
01:44 Toi, comment ça s'est fait pour toi ici ?
01:46 - Non, moi je suis pas content du tout. Ma mère m'a obligé, elle m'a forcé.
01:50 Elle m'a dit que c'était bien, mais je vois que c'est pas bien, là.
01:55 - C'est soit je vais au bled les deux mois de vacances,
01:59 ou sinon je vais les deux semaines ici.
02:02 Et du coup, j'ai préféré choisir ici, mais ça se fait pas.
02:05 Elle m'a dit que j'allais redevenir dans le droit chemin, mais...
02:09 - Et ça veut dire quoi ? Ça veut dire que tu as quitté le droit chemin, pour toi ?
02:12 - Non, je l'ai pas quitté, mais j'ai des rêves, j'ai envie de dire.
02:15 Je rentre pas à l'heure, je sors quand je veux, je me réveille pas.
02:20 - Là aussi, c'est flagrant ce qu'on entend.
02:22 Les jeunes qui disent "bon, c'est ma mère qui m'a forcé, c'est pas bien du tout".
02:25 En même temps, voilà, c'était soit je partais deux mois au bled,
02:28 soit je faisais une semaine ici. Donc en réalité, ils ont pas le choix.
02:31 Madame le maire, comment est-ce que vous jugez ça ? Est-ce que ça peut fonctionner ou pas ?
02:34 - Alors, j'ai envie de dire, ça a déjà fonctionné, moi je regrette.
02:37 On a pu abandonner en 2005 les épides qui avaient été mis en place par Jean-Louis Borloo.
02:43 - Les gilets de militaires, là, c'était plutôt des encadrements militaires.
02:46 - Oui, mais c'était quand même un peu structurant, bienveillant, avec de la réinsertion via l'entreprise.
02:49 Donc on est sur des modèles où, à des moments, on a des jeunes qui dérivent,
02:53 on les met dans une structure.
02:55 Ça pose la question, là, le reportage avant tout.
02:59 Et là aussi, dans ces cas-là, on aurait, les collectivités, un rôle à jouer du repérage,
03:04 de la mobilisation et de la motivation des jeunes.
03:07 Parce que si les jeunes y vont juste parce que leur parole en dit "c'est ça, le bled",
03:11 ça ne fonctionnera pas. Alors que si vraiment on s'appuie sur les établissements scolaires,
03:16 alors après, c'est souvent des jeunes qui sont en décrochage,
03:18 mais donc surtout le maillage qu'on peut avoir aussi dans les municipalités,
03:22 faire vraiment un travail de repérage, de ciblage, ça peut fonctionner.
03:26 - Ça peut fonctionner. - Ça peut être une très bonne mesure.
03:28 - Moi, je trouve que c'est une piste, Rachel Kahn. Je ne sais pas ce que vous en pensez.
03:30 Bon, alors là, ils disent tous "ma mère m'a forcé", c'était ça...
03:33 - C'est plutôt positif, on a dit ça. - D'ailleurs, ils leur prennent le téléphone portable,
03:35 donc ils se sont décomposés, les gamins. - Mais Thomas, ils disent ça.
03:37 - Vous n'êtes pas Rachel Kahn a priori, allez juste à côté de vous, Rachel, je vous en prie.
03:41 - C'est lui qui vous autorise. - C'est lui qui vous parlerait.
03:43 - Non mais moi, je trouve qu'effectivement, le Premier ministre, et en plus,
03:47 il est allé à ce déplacement avec plusieurs ministres,
03:52 et je trouve que c'est assez fort dans cette volonté interministérielle.
03:56 - Le garde des Sceaux rigole beaucoup. - Oui, ben oui, mais bon, voilà.
04:00 Et je trouve que c'est une très bonne initiative,
04:04 notamment parce que j'ai le sentiment qu'il y a une pluralité,
04:08 ils vont faire du sport, ils vont avoir des enseignements...
04:11 - Ils ont un uniforme jogging bleu, bleu-blanc-rouge. - Voilà, très bien.
04:15 Je pense que tout le monde est conscient à la fois des enjeux et des défis,
04:19 juste, moi, je me pose la question de l'âge.
04:21 Moi, j'aurais bien aimé que ce genre d'internat puisse être mis en place...
04:26 - Plus tôt. - Plus tôt.
04:28 - Avant le collège, donc. - Oui, en même temps qu'on apprend vraiment les savoirs.
04:32 Là, c'est que pendant les vacances scolaires, on est d'accord.
04:35 Plutôt que de les laisser à l'abandon 15 jours.
04:37 Ça, c'est très bien, mais je pense qu'il va falloir, à mon avis,
04:41 sur certains territoires, généraliser, peut-être.
04:44 - Pourquoi pas ? - Éric Revelle, c'est intéressant ?
04:46 Moi, je suis un peu plus dubitatif,
04:47 parce que je suis habitué à la communication de Gabriel Attal,
04:50 qui est parfois pas suivi d'action,
04:52 et en fait, quand vous regardez l'image précédente,
04:54 il y a une part de communication, vous allez voir,
04:56 parce qu'en fait, vous voyez le garde des Sceaux,
04:58 avec Christian Estrosi qui essaie de se placer sur la photo,
05:00 mais aussi Charlotte Genesi, qui est le patron du département,
05:03 et si vous regardez bien, vous avez le garde des Sceaux
05:07 qui repousse Estrosi, pour pas qu'il soit sur la photo.
05:10 - Mais sur le fond, on entend ce qu'ils disent, les gamins.
05:14 - Très bien, Louis Naragnell a toujours cette formule,
05:16 "laissons la chance aux produits", très bien.
05:18 Mais il y a quand même quelque chose qui m'inspire de l'espoir,
05:21 c'est que quand ces gamins disent "ma mère m'a forcé",
05:25 ça prouve que la mère a encore de l'autorité
05:27 pour obliger son gamin à faire quelque chose
05:29 qu'il n'a pas envie de faire.
05:31 Et ça, si on doit trouver un peu d'espoir dans toutes ces difficultés...
05:36 - Et ce sont des femmes qui ont de l'autorité sur leurs enfants.
05:39 Louis de Ragnel !
05:41 - Je suis d'accord avec vous.
05:43 Vous avez raison, je trouve que c'est positif de voir
05:45 que ceux qui disent "ma mère m'a contraint",
05:47 ça veut dire que les parents ont encore de l'autorité,
05:50 et ils considèrent surtout que l'initiative
05:52 peut être profitable à leur enfant.
05:54 De ce point de vue-là, c'est positif.
05:55 Moi, la question que je me pose, c'est quand bien même
05:57 tous ceux qui sont en voie de décrochage,
05:59 ils seraient pris en charge dans le cadre des vacances scolaires,
06:03 dans des internats de ce type, c'est très bien,
06:05 et qu'advient-il de tous ceux dont les parents
06:07 se fichent complètement de savoir où sont leurs enfants ?
06:10 - Là, c'est une expérimentation.
06:11 - Les enfants qui ne veulent pas y aller, tout simplement,
06:13 et pour lesquels les parents n'ont aucune autorité.
06:15 - Ou qui s'en iront au premier jour.
06:17 - Globalement, c'est positif.
06:19 Attendons de voir les résultats.
06:20 - Ou ceux dont les enfants rapportent quelques centaines d'euros par jour
06:23 sur le trafic de drogue.
06:24 - Exactement.
06:25 - Vous avez terminé ?
06:27 - Qu'est-ce qu'on enseigne exactement à ces enfants ?
06:32 Le sport, c'est très bien, qu'on les fasse se lever le matin,
06:34 qu'on leur apprenne à dire bonjour et au revoir,
06:36 c'est encore une fois très bien.
06:38 Ensuite, pendant 15 jours, il faut quand même occuper les journées.
06:41 - Il faudrait avoir une petite formation.
06:43 - Oui, il y a des éléments qui sont...
06:45 - Il y a des éléments qui sont, par exemple,
06:47 ateliers, je lis, ateliers de déconstruction des fake news.
06:50 Bon, questions sur la santé sexuelle, pourquoi pas,
06:53 c'est important, bien sûr.
06:55 Improvisation théâtrale, pourquoi pas ?
06:57 Mais de toute façon, au moins, c'est quelque chose qui existe.
07:00 C'est une société.
07:01 - Je suis d'accord.
07:02 - Et quand je vois ça, je me dis, là toujours, on va rester sûrs,
07:04 on aurait dû laisser la chance aux produits.
07:07 Parce que, franchement,
07:08 Gabriel Attal, ministre de l'Éducation nationale...
07:10 - Oui, on aurait dû.
07:11 - Non, mais ça, je suis désolé.
07:12 Qu'il s'agisse de ça, qu'il s'agisse du reste,
07:14 qu'il s'agisse de la baïa...
07:15 - De la laïcité, il en a parlé.
07:17 - La baïa où, maintenant, est-ce qu'on parle encore de la baïa aujourd'hui ?
07:21 - Non, mais il l'a dit, il a répondu à Thomas Bonnet.
07:23 - La réponse, c'est non.
07:24 Il a fait un certain nombre de choses.
07:26 Et comme ministre de l'Éducation nationale,
07:28 seulement, comme on ne prend pas assez en compte l'Éducation nationale,
07:31 on ne prend pas assez en compte,
07:32 on ne considère pas qu'il puisse y avoir,
07:35 sous un 5e République, d'ailleurs, c'est le problème,
07:37 un grand ministre de l'Éducation nationale,
07:39 comme il y a eu dans les républiques précédentes.
07:41 Voilà, c'est ça le problème.
07:43 Et je... Pardon, dernier mot,
07:45 j'ai dressé l'oreille, évidemment, à ce que disait la maire,
07:48 madame Franckley, lorsqu'elle a parlé de Jean-Louis Borloo,
07:50 parce que ça aussi, pardon,
07:52 on ne peut pas parler de Jean-Louis Borloo
07:53 sans parler de cette occasion ratée totale
07:56 qui est due à une seule personne, à M. Emmanuel Macron.
07:59 - Alors, François Péponi ?
08:00 - Juste, moi, je pense que c'est une bonne chose,
08:02 il faut aller, il faut le faire, ça peut vraiment rendre service.
08:05 Mais madame la maire a posé la bonne question.
08:07 Si localement, il n'y a pas des cellules
08:10 entre l'État, l'Éducation nationale et les collectivités locales
08:12 pour repérer les familles et dire
08:14 "ça serait bien que telle famille, elle y aille".
08:16 Et après, il faut savoir qui va convoquer la famille
08:18 pour dire "on vous conseille de..."
08:20 Parce que là, c'est des gens qui sont volontaires,
08:22 tant mieux, il faut le faire.
08:23 Mais il y a ceux qui ne sont pas volontaires,
08:24 qui ne savent pas.
08:25 Et je pense, pour le coup, c'est localement que ça va se passer.
08:27 Et, bon, moi pour avoir été maire,
08:29 mais même ma mère pour le confirmer,
08:30 dans une ville, y compris comme Aubervilliers,
08:32 on sait globalement qui fait quoi.
08:34 Et on est capable de dire
08:36 "ceux-là, je pense qu'ils devraient y aller".
08:38 Après, il faut les convaincre.
08:39 Et s'il n'y a pas cette structure locale,
08:41 ça sera des très bonnes choses,
08:42 mais pour des gens volontaires.
08:44 Il faut convaincre les autres.
08:45 - Madame Franglais, ça pourrait marcher dans votre ville, Aubervilliers ?
08:47 - Ça pourrait fonctionner.
08:48 Moi, je lance un appel.
08:49 Nous, on est un territoire...
08:51 On a beaucoup de fragilité,
08:53 on a aussi beaucoup de potentiel,
08:54 et surtout, on est toujours...
08:55 - Seine-Saint-Denis, hein ?
08:56 - En Seine-Saint-Denis,
08:57 moi, je serais tout à fait partante
08:59 pour pouvoir...
09:00 - Il y a des places de libre dans les internats de votre ville, ou pas ?
09:03 - Alors, on a peu de structures d'internats,
09:05 parce qu'on est un petit couronne sur un réseau très dense,
09:08 mais si Aubervilliers peut participer au dispositif,
09:10 et je pense aussi que, dans nos territoires,
09:12 il faut aussi apprendre aux jeunes
09:14 de quitter le quartier,
09:16 de décloisonner, donc...
09:18 - Et ça pourrait sortir un certain nombre de jeunes de la NAS
09:21 dans lesquels ils sont, dans leur quartier ?
09:23 Vous pensez ?
09:24 - Déjà, dans une démarche proactive,
09:25 et de se dire aussi,
09:26 si on les repère bien,
09:29 et s'il y a un suivi efficace derrière,
09:32 ça peut être très efficace.
09:33 Et là où je vous rejoins, Madame,
09:34 je pense que sur l'âge...
09:36 Moi, je pense que, peut-être en école élémentaire,
09:39 mais je pense qu'il faut cibler la tranche 6e, 5e,
09:41 pour que ce soit efficace.
09:42 - Que c'est là que ça dévisse ?
09:43 - Avant que ça tombe dans une forme de prédélinquance un peu plus difficile,
09:48 moi, je pense que c'est sur un niveau plus jeune...
09:50 - Et ça serait cohérent, peut-être, avec, justement,
09:52 les responsabilités d'une municipalité,
09:55 CM2, passage 6e...
09:57 - On a la vue sur tous, même ceux qui sont dans nos quartiers.
10:00 - D'accord, d'accord.
10:01 - Et c'est vraiment dans cette catégorie-là,
10:03 des 6e, 5e,
10:05 que ça dévisse, Madame Prenclet ?
10:07 - C'est là où on s'est battu,
10:09 c'est l'ancienne principale de collège qui vous le dit,
10:11 j'étais principale de collège pendant 3 ans à Saint-Ouen,
10:14 et on voyait bien, l'été,
10:16 entre la 5e et la 4e, il y avait vraiment...
10:18 - Les deux mois d'inactivité étaient un désastre.
10:20 - Et je pense que c'est vraiment...
10:22 Et on le voit, de toute façon, on peut le repérer
10:24 si on s'appuie sur les écoles, sur les parents,
10:26 sur le tissu associatif,
10:28 les premiers signes de décrochage et de prédélinquance,
10:31 on les voit tout de suite.
10:32 - Il y a trop de vacances scolaires, selon vous ?
10:34 - Il y a trop de vacances scolaires ?
10:35 - C'est la question qui fâche les profs, en général.
10:37 - Non, ça fâche les profs,
10:38 mais ça fâche aussi les lobbies du tourisme.
10:41 - Oui, oui, oui, mais c'est beaucoup deux mois.
10:43 - Ça peut être long, même si on est dans une municipalité
10:46 où on offre beaucoup de choses,
10:48 entre les centres de loisirs, les festivités d'été,
10:51 c'est vrai que deux mois, c'est long.
10:52 - Absolument.
10:53 Joseph MacEscar, vous vouliez rajouter quelque chose ?
10:55 Ou c'est bon, on avance ?
10:56 - Non, c'est bon, on avance.
10:57 - C'est bon, on avance.
10:58 Alors, on va continuer à évoquer ces internats
11:00 qu'a voulu mettre en lumière Gabriel Attal.
11:03 Il a aussi répondu, je vous le disais,
11:04 à une question sur la laïcité,
11:05 qui lui a été posée par Thomas Bonnet.
11:07 Ecoutez la réponse sur le fait qu'il est attaché
11:09 à faire comprendre la laïcité aux jeunes.
11:11 - Je suis très attaché à la laïcité,
11:16 et attaché aussi à expliquer, faire comprendre
11:19 à nos jeunes, qui parfois ne le mesurent pas,
11:21 ce qu'est la laïcité.
11:22 La laïcité, c'est une liberté.
11:25 La laïcité, c'est ce qui permet de se forger une conviction.
11:28 On le voit, qu'il y a des groupes plus ou moins organisés
11:31 qui cherchent à tester en permanence notre résistance
11:34 et notre capacité à faire respecter la laïcité.
11:36 Ils cherchent à pousser des jeunes
11:38 à une forme de prosélytisme religieux
11:41 au sein de leur établissement scolaire.
11:43 Ce qui m'a amené, en tant que ministre de l'Éducation nationale,
11:45 à prendre une décision que j'assume,
11:47 d'interdire le port de tenues religieuses,
11:49 la baïa et le camis, interdiction qui est respectée.
11:52 Il n'y a plus de port de la baïa et du camis
11:54 dans nos établissements scolaires.
11:55 Donc comment est-ce qu'on fait respecter la laïcité ?
11:57 D'abord, l'éducation.
11:59 Ensuite, le soutien à nos personnels.
12:01 Et enfin, les sanctions.
12:03 Et j'assume totalement les mots qui ont été les miens
12:05 sur l'entrisme.
12:06 Il faudrait être aveugle,
12:08 ou de très mauvaise foi,
12:09 pour ne pas le constater.
12:11 Ce sont nos personnels eux-mêmes
12:13 qui nous le disent régulièrement.
12:15 Gabriel Attal avait même parlé de charriats,
12:17 madame la maire d'Aubervilliers.
12:18 Il avait dit l'entrisme et la charriat
12:20 qui tente d'être imposée, comme ça.
12:22 Il a raison.
12:23 C'est des sujets où je trouve, là, on est...
12:25 Je dis "on" parce que je parle encore en tant qu'ancienne
12:27 chef d'établissement.
12:28 Et moi, je peux vous dire qu'en 2015,
12:31 je dirigeais un lycée professionnel,
12:33 ici, au 4 Chemin, Aubervilliers.
12:35 Et les mots "soutien", "sanction",
12:39 on se sentait, en tant que chef d'établissement,
12:42 bien seuls grâce à des phénomènes compliqués.
12:44 Et finalement, ce qu'il faut,
12:46 et je pense que tous les chefs d'établissement
12:48 le réclamaient,
12:50 c'est une loi claire qui dit vraiment les choses,
12:52 qui interdit le mot,
12:53 et ne pas oublier que la laïcité,
12:55 c'est avant tout la liberté.
12:56 On peut toujours dire...
12:59 Il fallait le dire avant.
13:00 On peut toujours dire les actes manquants.
13:02 On peut toujours dire ça.
13:04 Mais le fait que Gabriel Attal dise les choses
13:08 aussi précisément
13:10 est quand même, qu'on le veuille ou pas,
13:12 un atout majeur.
13:13 Absolument.
13:14 Juste...
13:15 Oui, Rachel, vous voulez dire un mot ?
13:17 C'est la fin de l'émission ?
13:18 Je suis entièrement d'accord avec ce que vous venez de dire.
13:20 Et je trouve que dans son expression,
13:24 et effectivement, lorsqu'il a été ministre de l'Éducation,
13:27 finalement, il incarne la laïcité
13:29 pas comme une liberté,
13:31 mais encore plus fortement comme un combat.
13:34 François Rafferty, oui, pour la liberté.
13:36 Quand il dit comment on fait pour faire respecter la laïcité,
13:38 il y a l'idée qu'il faut de la sanction.
13:41 Il pourrait dire aussi
13:43 comment on fait pour aimer la laïcité,
13:46 pour en avoir envie,
13:47 pour la faire comprendre,
13:48 pour la promouvoir.
13:49 Je pense que ce discours-là, c'est pas le même non plus.
13:52 Il faut la respecter.
13:53 Mais pour la respecter, il faut la connaître et l'aimer.
13:55 Madame Franck, vous avez une dernière question à vous poser ?
13:57 J'ai une dernière question à vous poser,
13:59 Madame Franck, avant la fin de l'émission.
14:01 À propos du vol,
14:02 la vente de cigarettes à la sauvette.
14:05 Il y avait une réunion intercommunale.
14:07 C'est un vrai phénomène, la vente à la sauvette de cigarettes ?
14:10 Un vrai phénomène qui dure depuis des dizaines et des dizaines d'années
14:14 sur tous les secteurs,
14:15 gare et surtout aubervilliers,
14:17 pentins, quatre chemins.
14:19 Un vrai fléau,
14:20 parce que ça crée aussi un sentiment d'insécurité.
14:23 Il y a des agressions, il y a des rixes.
14:26 Et effectivement, il y avait un rendez-vous intercommunal
14:29 auquel j'ai souhaité ne pas participer,
14:31 même si je dénonce ce phénomène.
14:33 Parce que je pense que sur ces phénomènes-là,
14:35 ce n'est pas en bloquant l'État à Dimmer,
14:37 à bloquer un carrefour qu'on va trouver des solutions.
14:39 Moi, je pense que quand on est élu,
14:41 on ne rajoute pas de la nuisance aux nuisances,
14:44 mais on la combat et qu'il faut être dans une démarche
14:46 de recherche de solutions,
14:48 de partenariat entre la police nationale,
14:50 la police municipale.
14:51 Donc, je me suis dissociée sur la forme,
14:53 mais pas sur le fond.
14:54 Mais c'est vraiment important, les cigarettes à la sauvette ?
14:57 - Ah oui ? - C'est des milliards d'euros.
14:59 Je suis venu en parler à tous les vendeurs de tabac officiels.
15:02 C'est une catastrophe.
15:03 C'est une vraie menace.
15:04 C'est sur 25 et 30 % du chiffre d'affaires du tabac qui disparaît.
15:07 Et pour l'État, c'est une perte de recettes.
15:09 D'accord. Et c'est surtout très dangereux pour la santé.
15:12 C'est une économie parallèle, des nuisances,
15:14 et pas de sanctions, très peu, par rapport à la drogue.
15:16 Et c'est parallèle au trafic de stupéfiants, en fait, c'est ça ?
15:19 C'est deux choses qui sont complètement...
15:21 Mais nous, à Aubervilliers, on est sur un véritable fléau.
15:25 Et c'est à la fois des rixes entre les différents vendeurs sauvettes
15:29 pour des conquêtes de territoires,
15:31 c'est les riverains qui sont agressés,
15:34 ou c'est même le sentiment d'insécurité que ça peut procurer,
15:37 et puis aussi énormément de dégradations du mobilier urbain,
15:41 les caches, voilà.
15:43 Et des problèmes de santé publique ?
15:45 - Je sais pas trop... - De santé publique, c'est ce que je disais.
15:47 Oui, parce qu'avec des produits qui ont traîné...
15:50 En tout cas, merci d'être venu nous faire part de votre expérience
15:53 d'élu de terrain et donc d'enseignante et de principal de collège.
15:56 Merci à vous tous d'avoir participé à Punchline dans Un instant Europe un soir
16:00 et face à l'info sur CNews.
16:01 Bonne soirée à vous sur nos deux antennes. À demain !
16:04 18h-19h sur CNews et Europe 1.
16:07 Punchline. Laurence Ferrari.