Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de l'envie du chef de l'État de créer un « devoir des pères » ainsi que toutes les autres mesures présentées dans le magazine Elle, concernant la famille.
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00:00 J'aimerais juste qu'on reparle d'un instant de ce qu'a proposé Emmanuel Macron sur les droits de visite, les devoirs de visite des pères, en cas de famille divorcée.
00:07 Vous savez que la proposition c'est de faire en sorte que certains pères démissionnaires soient forcés en réalité de voir leurs enfants.
00:14 On va écouter Rorbert Jé, qui était ce matin à l'interview, l'invité de la grande interview de Sonia Mabrouk sur CNews et sur Europe 1.
00:19 Elle défend cette proposition au nom de l'égalité hommes-femmes.
00:22 Écoutons-la.
00:23 Je pense que notre rôle c'est qu'est-ce qui est bon pour nos enfants.
00:26 Et qu'est-ce qui est bon pour nos enfants, c'est qu'on reste des parents tout au long de la vie de nos enfants
00:31 et qu'on ne délègue pas systématiquement cette responsabilité en la faisant reporter, ni sur l'État, ni sur la mère qui serait seule à assumer cette responsabilité,
00:39 parce qu'à la fin, on voit aussi ce que ça génère dans notre société.
00:43 Donc je pense que c'est pas un débat réac, je pense que c'est un débat utile, que c'est un débat nécessaire,
00:47 et que oui, c'est un débat courageux à avoir au bénéfice de nos enfants, au bénéfice des familles et au bénéfice de l'égalité entre les femmes et les hommes.
00:53 Alors débat réac ou pas débat réac ?
00:55 Non mais c'est juste, c'est le débat pour le débat.
00:57 C'est Emmanuel Macron. J'ai plus de projet, j'ai plus le moyen de faire passer un projet de loi, alors je fais un grand débat.
01:03 C'est un vrai sujet l'absence des pères.
01:05 Oui, c'est un vrai sujet, mais je vous fiche mon billet qu'il n'y aura rien, il n'y aura pas de loi à la fin,
01:11 parce qu'on ne les oblige pas, hélas, déjà, à payer leur pension alimentaire.
01:15 Donc on ne va pas obliger qui que ce soit à voir ses enfants.
01:19 Du reste, un père qui ne veut pas voir ses enfants, a priori, c'est un mauvais père.
01:23 Je ne pense pas qu'on oblige à donner de l'amour, si vous voulez.
01:27 Donc Emmanuel Macron qui parle de tout pour ne rien dire, c'est un peu le problème, là, à lancer un débat.
01:33 Mais non, mais ce n'est pas son rôle.
01:35 Mais s'il y a des sujets sociaux.
01:36 Ce n'est pas son rôle d'être assistante sociale et puis il n'y a pas de ministre de la famille, justement.
01:40 Quand on veut, écoutez, c'est l'homme qui a supprimé le ministère de la famille, c'est l'homme qui nous explique qu'un père et une mère, ce n'est pas...
01:48 Est-ce qu'il existait sous François Hollande le ministère de la famille ?
01:50 Je crois, en tout cas, il a existé par moment.
01:53 Oui, il a existé.
01:55 François Hollande a réduit le quotient familial, a réduit tout ce qui avantageait les familles et Emmanuel Macron ne l'a pas rétabli.
02:03 Mais justement, en plus, Emmanuel Macron nous explique qu'un père et une famille, ce n'est pas forcément un père ou une mère, c'est indifférent.
02:10 Donc, si vous voulez, il faut être cohérent à un moment donné.
02:12 Éric Nolot.
02:13 Là aussi, c'est intéressant d'un point de vue philosophique.
02:15 On est dans une société où l'individu demande de plus en plus de droits.
02:19 Quand il s'agit des devoirs, ça doit être imposé par l'État.
02:23 Si vous voyez, c'est le président de la République qui dit qu'il faudrait quand même demander aux pères de voir leurs enfants.
02:29 Non, mais le modèle de société qui est en train de se développer, c'est absolument terrifiant.
02:34 Moi, c'est ça que je retiens de cette annonce, qui, je suis d'accord avec vous, malheureusement, ne sera suivie d'aucun effet, comme à peu près tous les discours d'Emmanuel Macron.
02:40 Et peut-être qu'il y a des gens qui regardent cette émission et qui se disent "bah tiens..."
02:43 Vous croyez vraiment ? C'est comme le...
02:45 Bon, allez, Céline Bida !
02:47 Il y a quand même, il y a une réalité derrière, c'est-à-dire que plus de 25% des pensions alimentaires ne sont pas payées.
02:53 Oui, mais ça, c'est un autre sujet.
02:54 Et sur les familles monoparentales, qui se représentent quand même à peu près une vingtaine de pourcent des familles,
02:59 effectivement, 82% sont tenues uniquement par des mères.
03:03 Donc on a des chiffres qui nous parlent quand même du grand abandon des pères.
03:06 Cet abandon des pères, il a des conséquences sur les enfants.
03:09 Après, là où ça devient compliqué, c'est que la même personne qui va nous réhabiliter la figure du père,
03:15 à côté de ça, va expliquer que dans le fond, pour faire des enfants, on n'en a pas besoin,
03:20 on n'a même pas besoin de savoir qu'il existe,
03:22 qu'on peut faire des certificats de naissance en mettant deux noms de femmes, mère elle-même d'un enfant,
03:28 et donc il y a quelque chose de confus, d'anthropologiquement...
03:32 On voulait dire en même temps, peut-être.
03:34 ...délirant dans cette histoire.
03:36 Et par ailleurs, l'autre point, c'est qu'on a des adultes dont on explique de plus en plus qu'ils fonctionnent en adulescent.
03:45 Autrement dit, ils ne prennent pas en compte leurs devoirs.
03:48 Et ça, ça s'apprend à prendre en compte ses devoirs.
03:51 Et peut-être que si, au lieu de transmettre l'hystérie de la jouissance,
03:55 en leur disant "tu dois être ce que tu dois être, tu dois te réinventer tous les trois jours,
03:59 tous tes délires peuvent devenir des faits de société",
04:02 on leur disait "non, en fait, toutes tes libertés et tous tes droits naissent du fait que tu as des devoirs envers les autres
04:09 et que les autres en ont envers toi".
04:11 Et c'est ça qui construit notre société.
04:13 Si ça, on le transmettait, on aurait peut-être moins de problèmes de père.
04:16 Mais à coup de pas, François Hollande avait bien un ministre de la famille,
04:19 et c'était Laurence Rossignol, que j'ai adoré depuis à peu près 50 ans.
04:22 C'est pas grave.
04:23 Je voulais juste dire, contraindre les pères à visiter leurs enfants
04:27 qu'ils n'aiment pas pour reprendre la formule de l'Aix-en-Deville avec eux,
04:29 c'est peut-être très contre-productif.
04:31 En revanche, il y a une autre idée qui a été explorée par le gouvernement,
04:33 c'est, vous savez, responsabiliser les parents lorsque les enfants sont délinquants,
04:36 les mineurs délinquants,
04:37 et aller chercher aussi le père, plutôt que de faire reposer seulement sur la mère d'éventuelles sanctions,
04:41 même si le père est démissionnaire.
04:43 Si il est connu, si on sait où on peut le trouver, si, si, si, ça fait beaucoup de si.
04:47 Marc Thottier, vous vouliez réagir là ?
04:49 Je ne sais pas grand-chose à dire sur ça, mais on est encore dans la faillite du "en même temps", tout simplement.
04:53 Là, c'est moi surpris, cette démarche, effectivement,
04:56 d'une personne qui est au contraire très libre de ce point de vue-là.
05:00 Et moi, ça m'embête, c'est aussi un petit peu libertine.
05:03 Ça me rappelle quand on était enfermé, ils nous disaient
05:06 "alors vous allez pouvoir lire vos livres, etc. Vous vous souvenez ? Vous avez dit ça."
05:09 C'est pareil, il veut se donner à un genre, mais je ne sais pas, moi ça...
05:12 En même temps, les Français demandent...
05:14 Ça me fait penser aussi...
05:15 Les Français veulent être rassurés, ils veulent du cadre, ils veulent...
05:18 Ils m'aiment encore plus, en fait.
05:19 Ah oui, l'État nous nous, l'État nous nous.
05:21 Quand on est père, on a une responsabilité.
05:24 Tous en même temps, Marc.
05:25 Quand on est père, on a une responsabilité.
05:27 Si on ne l'a pas, ça veut dire qu'on n'a pas d'être père.
05:30 Je pense aux enfants battus, etc.
05:31 S'ils pouvaient leur père, les forcer qu'ils soient vieux ou vieux.
05:34 C'était en dehors de toute violence.
05:36 Mais évidemment, mais on ne peut pas le savoir, parce qu'on ne sera pas avec lui.
05:38 Forcer les gens à faire quelque chose, si on n'a pas envie, c'est bizarre.
05:41 Surtout dans ce lien père-fils ou père-filles,
05:44 qui est quand même quelque chose de métaphysique, presque.
05:46 Donc, moi je trouve ça un peu liberticide.
05:49 C'est très dangereux. Je suis d'accord avec Eric.
05:50 On est en train de se mêler.
05:51 Rappelez qu'on a des droits, mais aussi des devoirs.
05:53 Oui, mais c'est ça la liberté, c'est d'excuser.
05:55 Évidemment qu'on a des devoirs, mais le fait de vouloir imposer des choses,
05:58 et surtout que ça ne sera pas suivi des faits.
06:00 Ça me rappelle également, c'est l'orchestre qui joue de la musique
06:03 pendant que le Titanic est en train de couler.
06:05 C'est exactement pareil.
06:06 On essaie de détourner l'attention, et c'est très dangereux.
06:10 Un petit mot, Céline, avant le flash.
06:11 C'est compliqué.
06:12 Le lien entre une mère et son enfant peut être aussi extrêmement exclusif.
06:16 Il y a certains pères qui ont du mal à trouver leur place.
06:18 Et peut-être qu'en les obligeant, ce lien se créerait,
06:21 et il se passerait quelque chose.
06:23 L'amour, ça s'apprend, en fait.
06:25 L'amour, ça se construit.
06:27 Sinon, on est dans la logique du coup de foudre,
06:29 où tout est immédiat et tout est absolu.
06:32 La vie, parfois, c'est un peu plus compliqué.
06:34 Est-ce qu'un président de la République doit se lemer de tout ?
06:36 Ça, en revanche, là, je suis d'accord.
06:38 Non, non, mais là, moi, je suis d'accord.
06:41 Il recommande un check-up de fertilité à 20 ans.
06:43 Non, mais c'est ça.
06:44 C'est-à-dire que là, c'est des sujets de société.
06:47 Entre parentages, j'aime pas attaquer la vie privée,
06:49 mais il a pas d'enfant, en plus.
06:51 Ça n'a rien à voir.
06:52 On peut être un très bon père, aussi.
06:53 J'ai pas de jugement moral sur le fait qu'il en ait ou pas.
06:56 Mais moi, j'en ai pas, non plus.
06:58 J'évite de vouloir expliquer aux autres ce qu'il doit faire.