Avec Patrick Martin-Genier, professeur à Sciences-Po, spécialiste des questions européennes et internationales et François Chauvancy, consultant géopolitique et rédacteur en chef de la revue Défense de l'Union-IHEDN
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00:00 Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
00:02 Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de vie gratuite.
00:06 Vérissure présente...
00:08 Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin.
00:11 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
00:13 - Bien, il est 9h33, vous êtes sur Sud Radio, merci de nous en parler librement évidemment.
00:19 Et nous avons la chance d'avoir avec nous deux connaisseurs,
00:23 deux consultants, deux spécialistes de toutes les questions de défense.
00:28 François Chauvency qui est consultant géopolitique,
00:31 rédacteur en chef de la revue défense de l'union IHEDN,
00:34 l'institut des hautes études de la défense nationale.
00:37 Et Patrick Martin-Grenier qui est professeur à Sciences Po,
00:41 tiens, spécialiste des questions européennes et internationales.
00:43 Messieurs, bonjour. - Bonjour.
00:45 - Bonjour à tous les deux.
00:46 Je me tourne tout de suite vers vous Patrick Martin-Grenier
00:48 parce que vous êtes jeunier.
00:51 Martin-Grenier, Martin-jeunier, pardon.
00:54 Professeur à Sciences Po, spécialiste des questions européennes et internationales.
00:58 Sciences Po.
00:59 Alors, vous êtes désolé ? - Oui.
01:02 - Désolé par quoi ?
01:04 - Bah moi je suis désolé par... - J'ai vu vos tweets.
01:07 - Oui, c'est-à-dire que j'y suis allé une fois,
01:10 vous savez, moi quand j'étais étudiant à Sciences Po il y a plus de 40 ans,
01:13 il y avait des panneaux syndicaux, des panneaux de libre-expression,
01:16 il y en avait pour tout le monde, tandis que là,
01:18 on ne parle plus que de la lutte à Gaza, du peuple palestinien.
01:23 Je ne dis pas qu'il ne faut pas à jour régler ce problème politiquement.
01:26 Pas une seule fois, j'ai entendu des étudiants, hélas,
01:29 en dont il était peut-être empêché de parler des otages israéliens,
01:33 des otages juifs du Ramas,
01:35 et ça j'ai été vraiment très très attristé
01:37 parce que ce n'est pas Sciences Po que j'ai connu.
01:39 On a l'impression qu'ils sont tenus effectivement par une minorité, d'excité,
01:43 et donc ce n'est pas normal.
01:45 Et lorsque je vois en plus que la direction accepte de faire ce qu'on appelle en anglais
01:51 un "town hall", je suppose que c'est une confrontation, une discussion,
01:55 en acceptant d'abord de retirer les procédures disciplinaires
01:59 contre les étudiants qui auraient proféré des propos antisémites d'une part,
02:03 d'autre part, en proposant d'étudier les liens,
02:07 d'investiguer les liens avec les universités et organisations qui travaillent avec Israël,
02:12 je suis particulièrement choqué.
02:14 Et moi, quand je vois aussi que le Ramas soutient ses manifestants,
02:17 je dis qu'il ne faut pas qu'il y ait cette confrontation,
02:19 c'est une capitulation, je suis extrêmement choqué par ce qui se passe,
02:23 et donc il faut redresser la barre.
02:25 - Il faut redresser la barre.
02:26 Je rappelle quand même qu'il s'agit de 150 à 200 étudiants sur 13 000.
02:30 Que les choses soient claires.
02:33 Parce qu'évidemment, la loupe médiatique donne à ce blocage une importance considérable.
02:39 - Oui, tout à fait.
02:40 - Il faut toujours...
02:41 Bon, néanmoins, vous êtes d'accord avec ce que vient de dire Patrick Martin-Genier et François Chauvincy ?
02:47 On regarde cela de l'extérieur, mais...
02:49 - Totalement, mais je vais prendre un autre mot.
02:50 La lâcheté de la société française ou de la direction,
02:53 finalement de Sciences Po vis-à-vis, je dirais, d'activistes.
02:56 Je crois qu'aujourd'hui, nous vivons dans une société où on n'a pas le courage d'interdire
03:00 quand ça dépasse les limites.
03:02 On est toujours en train de tolérer plein de choses.
03:03 Et là, vous avez un exemple type de lâcheté de la direction,
03:06 et je trouve ça lamentable en termes d'image,
03:09 mais aussi de sens des responsabilités.
03:12 La sens des responsabilités, quand vous l'avez souligné,
03:14 il y a 150 activistes sur 13 000, et qu'en fin de compte, on leur donne gain de cause.
03:19 Comment comprendre ? Comment comprendre ?
03:21 Moi, c'est un scandale, voilà.
03:23 - Bien, bien, voilà.
03:24 La parenthèse Sciences Po est refermée.
03:27 Maintenant, parlons de défense européenne,
03:30 parce que le président de la République s'est exprimé...
03:33 Je le cite.
03:34 "La dissuasion nucléaire est au cœur de la stratégie de défense française.
03:38 Elle est donc un élément incontournable de la défense du continent européen."
03:43 A dit le président de la République, qui est prêt à ouvrir le débat
03:46 d'une défense européenne englobant
03:49 armes de longue portée, armes antimissiles et armes nucléaires.
03:53 Alors, que pensez-vous ?
03:55 Est-ce que le président de la République a eu raison ?
03:58 A eu raison de tout mettre dans le même panier ?
04:01 En quelque sorte.
04:02 Je commence avec vous, Patrick Martin-Genier.
04:05 - Je remercie M. Bourdin, je passe au contrôle du général,
04:08 parce qu'il y a toujours un aspect militaire et politique.
04:10 Moi, je vois l'aspect politique dans un premier temps.
04:14 D'abord, le président de la République a ouvert un débat,
04:16 ça ne veut pas dire que tout est décidé.
04:18 Je pense qu'on n'arrête pas de nous dire,
04:20 depuis quelques temps, notamment dans l'entourage du ministre allemand de la Défense,
04:25 que M. Poutine, la Russie, va envahir l'OTAN très bientôt.
04:29 On n'arrête pas de nous dire que si Donald Trump était réélu président des États-Unis,
04:35 il lâcherait l'Europe en cours de chemin, au milieu du guet.
04:38 Donc je dis que moi, aujourd'hui, le président de la République a raison,
04:41 politiquement, en pleine campagne pour les élections européennes,
04:45 de lancer un débat sur la portée européenne de la dissuasion française.
04:50 C'est un débat politique fondamental,
04:52 qui ne plaît pas au Gauliste, on est bien d'accord, parce que c'est le général de Gaulle.
04:55 - Mais la dissuasion nucléaire française ne peut pas s'arrêter à nos frontières,
04:59 Général Chauvincy.
05:01 - Le président de la République a été très clair depuis plusieurs mois sur la question, il l'a bien dit.
05:05 Dès lors que l'Europe est touchée, la France est concernée.
05:08 Donc ce qu'il dit finalement n'est pas choquant, et j'irais même un peu plus loin.
05:11 Je dirais que nous changeons de génération.
05:13 Nous avons une génération auparavant qui a pensé la dissuasion
05:16 sous l'aspect de ceux qui avaient connu la guerre.
05:18 Aujourd'hui, cette génération a disparu, elle n'est plus aux affaires,
05:21 nous avons une nouvelle génération qui remet finalement sur la table la stratégie que nous avons.
05:25 Pourquoi pas ?
05:26 Alors maintenant, sur le débat sur oui ou non partager la dissuasion nucléaire,
05:31 bon, il y a quand même des questions importantes.
05:33 Est-ce que le comptriable français n'a pas son mot à dire,
05:36 après avoir financé pendant 70 ans au moins la dissuasion nucléaire ?
05:39 - Tout à fait.
05:40 - Ensuite, deuxième question, c'est l'aspect, j'irais, technique, financier.
05:43 Et puis un autre aspect, c'est celui de la prise de décision, qui est le vrai souci.
05:46 Qui déciderait demain de l'application ou non de l'arme nucléaire, même pour défendre l'Europe ?
05:51 C'est la vraie question, parce qu'on parle de souveraineté, oui, il y a une question de souveraineté.
05:55 - Qui déciderait ?
05:56 - D'appuyer sur le bouton, en quelque sorte.
05:58 Alors là, si j'ai bien compris, le président de la République a été clair là-dessus.
06:03 - Oui.
06:03 - Écoutez...
06:04 - Il a dit "la France gardera la décision".
06:07 - De la même façon que les Américains gardent en dernier lieu la décision d'appuyer sur le bouton nucléaire.
06:14 Je crois qu'on fait une grande confusion.
06:16 On est en train de dire qu'il va y avoir une souveraineté partagée, ce qui est fou,
06:20 parce qu'il n'y a pas de souveraineté européenne, très clairement.
06:23 Et ce serait une concertation, ce sont les intérêts vitaux de la France.
06:28 Et le seul à pouvoir décider lorsque les intérêts vitaux sont en cause,
06:32 c'est bien le président de la République qui seul pourrait appuyer sur le bouton nucléaire.
06:36 Ce qui ne veut pas dire qu'il ne passerait pas un coup de fil à ses homologues,
06:39 à monsieur Douda par exemple, en Pologne, qui estime qu'effectivement c'est une proposition intéressante.
06:44 Je ne parle même pas du chancelier Scholz, lui qui est un peu peureux en l'espèce.
06:48 Mais bien évidemment que si les intérêts vitaux de la France étaient engagés,
06:52 il y aurait une concertation.
06:54 Mais comme il n'y a pas d'Europe fédérale, d'États-Unis, d'Europe,
06:57 bien évidemment que c'est le président de la République qui en dernier lieu garderait cette souveraineté.
07:01 - C'est une manière aussi, pour Emmanuel Macron j'imagine,
07:05 de pousser les autres pays européens vers une Europe de la défense.
07:10 - Oui. - Parce qu'aujourd'hui il y a une frilosité...
07:14 - Frilosité... - Complète.
07:16 - Au sein de l'Union Européenne.
07:17 - Non seulement il y a une frilosité, mais techniquement les traités ne nous permettent pas d'avoir une défense européenne.
07:23 Vous savez bien que la vraie défense européenne, l'armée européenne, c'était Madesfrance,
07:27 et la communauté européenne de défense a été enterrée en 1954.
07:31 Depuis on essaye de reconstituer quelque chose.
07:33 Et en France on a une politique étrangère et de sécurité commune,
07:37 mais qui ne permet pas de faire une défense européenne.
07:40 Le problème aujourd'hui c'est qu'on n'arrive même pas à faire des armements en commun.
07:44 Un progrès a été fait la semaine dernière, si vous avez vu,
07:47 lorsque le ministre français Lecornu a reçu son homologue allemand
07:51 pour dire que nous allions produire en commun un char,
07:54 mais celui-ci ne sera pas produit avant 2040.
07:57 Donc vous voyez que c'est extrêmement délicat.
07:59 - Le principal défi de l'Europe aujourd'hui c'est d'abord une production commune d'armement
08:03 plutôt que chacun aller acheter des avions aux Etats-Unis.
08:06 - Oui, évidemment, évidemment.
08:08 Général Chauvincy, je lis plusieurs communiqués de plusieurs partis politiques
08:13 à la suite des déclarations du président de la République.
08:16 Je lis par exemple les républicains déposséder les français de l'arme nucléaire,
08:21 de la dissuasion nucléaire, c'est une forfaiture pour le président de la République,
08:25 voilà ce que dit Bellamy.
08:26 Et puis Manon Aubry qui était avec moi ce matin,
08:29 dit "Emmanuel Macron veut liquider l'autonomie stratégique française".
08:34 On en est là, mais ce sont des postures politiciennes.
08:37 - Non, moi je dirais que, j'irais un peu plus loin, mais pas dans le sens politique.
08:41 Je dirais simplement qu'après tout la stratégie peut changer.
08:44 Le président de la République a des prérogatives sur la Ve République,
08:46 sur toutes ces questions de défense et de sécurité majeures.
08:49 Et j'approuve tout à fait cette constitution de la Ve République qui lui donne ce pouvoir.
08:52 En revanche, pour une question aussi grave,
08:54 peut-il s'affranchir finalement d'un avis,
08:57 au moins d'une représentation parlementaire qui est plus qu'un avis ?
08:59 Moi je proposerais même, si on devait changer de stratégie
09:02 et proposer notre partage de dissuasion nucléaire,
09:05 que finalement, même l'Assemblée Nationale...
09:06 - Un référendum !
09:07 - Alors il y a un référendum qui serait peut-être un peu difficile,
09:09 mais il est vrai que l'Assemblée parlementaire a un rôle à jouer,
09:13 mais non pas uniquement en donnant un avis,
09:15 mais en disant oui ou en disant non.
09:16 C'est pas tout à fait pareil.
09:18 Et moi j'ai l'impression quand même que le président de la République lance un sujet
09:21 qui est intéressant, que je peux comprendre,
09:23 mais sans finalement l'aval de qui que ce soit.
09:26 Et là je pense que parfois les cavaliers seuls sont un petit peu à éviter,
09:30 surtout c'est un sujet aussi important,
09:31 et là je rejoins les remarques politiques.
09:34 Oui, ce serait une partie de notre souveraineté qui pourrait partir,
09:36 c'est notre autonomie stratégique qui pourrait partir,
09:38 et puis je répète ce que j'ai dit tout à l'heure,
09:39 le contribuable français a payé depuis 70 ans,
09:42 et maintenant si on devait partager cette dissuasion,
09:45 hormis le problème de la décision,
09:46 oui, mais il y a aussi le problème du financement
09:47 qui a déjà été évoqué par certains,
09:49 qui financerait ?
09:50 Et on voit bien les réactions en Europe,
09:51 on veut pas financer la dissuasion nucléaire,
09:53 surtout si elle est française,
09:54 parce que finalement d'un autre côté on dit "Tiens, elle est française,
09:56 il rejoint un petit peu au Napoléon Bonaparte,
09:58 donc on va éviter qu'il y ait trop de pouvoirs en Europe",
10:00 et nous sommes dans la réflexion qui a eu à quelques instants avec Scholz,
10:04 le prochain CD Scholz finalement joue aussi sa carte
10:06 d'être la première puissance en Europe,
10:07 y compris dans le domaine de la défense,
10:09 même si on voit bien qu'il n'y a pas le bagage derrière pour le faire,
10:12 mais c'est son objectif politique.
10:13 Or la France a investi dans la défense depuis des dizaines d'années,
10:16 elle a toujours été en pointe,
10:18 elle a toujours fait ce qu'il fallait,
10:19 elle a une tendance effectivement à beaucoup partager
10:21 et à pas beaucoup recevoir,
10:22 il est peut-être un peu temps de se rappeler que les États ont des intérêts.
10:25 - Et puis la France à la pointe dans le nucléaire civil
10:28 et dans le nucléaire militaire,
10:29 ça fait beaucoup pour d'autres nations européennes,
10:31 notamment pour l'Allemagne, j'imagine.
10:34 - Oui, mais la France est une grande puissance,
10:37 membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies,
10:40 n'oublions pas le Royaume-Uni,
10:41 ce n'est pas parce que ce pays est parti de l'Union Européenne
10:44 qu'ils n'ont pas une force nucléaire,
10:45 ce sont les deux seuls pays...
10:46 - Mais il y a des accords qui sont en discussion,
10:48 une volonté d'Emmanuel Macron de créer,
10:51 si j'ai bien compris, un lien nucléaire avec la Grande-Bretagne.
10:56 - Oui, à travers notamment la communauté politique européenne,
10:58 dont il est l'instigateur,
11:00 qui couvre beaucoup d'autres pays que l'Union Européenne,
11:03 et à travers cela, effectivement,
11:05 des accords de sécurité avec le Royaume-Uni.
11:07 Nous sommes les deux seules puissances nucléaires
11:08 et donc si un jour il devait y avoir une guerre en Europe,
11:11 ce serait essentiellement sur ces deux pays qu'il faudrait compter.
11:13 J'ajouterais que le Président de la République
11:15 a prononcé une phrase très importante à la Sorbonne 2,
11:18 la semaine dernière,
11:19 il a dit "l'Europe est mortelle,
11:21 elle peut mourir",
11:22 et c'est une phrase qui a été beaucoup reprise en la précédente monde,
11:25 comme quoi effectivement il y a une sensibilité sur la fragilité européenne,
11:29 et je crois que tout le monde est prêt à engager cette réflexion.
11:32 - Eh bien nous allons revenir là-dessus,
11:34 parce que c'est très intéressant effectivement.
11:35 Il est quelle heure ?
11:37 Il est 9h44, un peu de pub à tout de suite.
11:40 - Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
11:42 Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de vie gratuite.
11:46 Vérissure présente...
11:47 - Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin,
11:51 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
11:53 - La question nucléaire entre évidemment dans le cadre d'une défense européenne.
11:57 Est-il possible de construire une véritable défense européenne ?
12:05 Est-ce souhaitable ?
12:06 Je me tourne vers vous,
12:08 Patrick Martin-Genier,
12:09 vous êtes donc professeur à Sciences Po
12:11 et spécialiste des questions européennes et internationales.
12:14 - Écoutez, si vous me dites qu'est-ce qu'il y a une défense européenne,
12:16 aujourd'hui la réponse est non.
12:17 Est-ce qu'il faut la construire ?
12:20 Est-ce qu'il faut y aller ?
12:21 Je dis oui, moi en tant qu'européen convaincu,
12:23 je dis qu'il faut tout faire pour tenter de faire une défense européenne.
12:26 Simplement, moi en tant que juriste,
12:28 je regarde ce que dit le traité,
12:29 et non, ce n'est pas possible.
12:31 - Ce n'est pas possible aujourd'hui.
12:32 - Il faudrait effectivement...
12:33 - Changer des...
12:33 - Oui.
12:34 - Je ne vais pas écrire de nouveaux traités...
12:37 - Oui, mais écoutez, soyons très clairs,
12:39 depuis 15 ans, depuis 2009,
12:41 sous la présidence de Nicolas Sarkozy,
12:43 il n'y a pas eu de révision de traité en tant que tel.
12:45 Le dernier traité, c'est le traité de Lisbonne.
12:47 - C'est vrai.
12:47 - Et on a fait des progrès.
12:49 On appelle une politique européenne de sécurité commune,
12:52 mais en réalité, non, ce n'est pas l'Europe de la défense,
12:55 nous n'avons pas d'état-major,
12:57 on a un comité politique européen,
12:59 état-major européen,
13:00 mais qui ne fait rien en réalité,
13:01 c'est vraiment l'OTAN qui est maître dans cette affaire,
13:04 et donc par conséquent,
13:06 non, il faudrait réviser les traités.
13:08 Il y a une possibilité qui pourrait être utilisée,
13:10 c'est celle d'avoir une coopération structurée,
13:12 c'est-à-dire plusieurs états pourraient accepter
13:14 d'aller plus loin sur une défense commune,
13:17 mais nous ne pouvons, au terme des traités,
13:19 que faire des missions de paix,
13:20 et donc on ne peut pas aller sur un terrain militaire
13:23 comme on aurait pu l'envisager
13:24 s'il y avait véritablement une armée européenne,
13:26 ce qui n'est pas le cas.
13:27 - L'Europe peut mourir, dit Emmanuel Macron,
13:30 est-ce que l'Europe peut mourir,
13:32 parce que justement,
13:33 elle ne fabrique pas,
13:36 ne crée pas un destin commun ?
13:38 La défense, c'est essentiel,
13:41 l'essentiel pour un accord entre pays de l'Union Européenne.
13:49 - Oui, mais effectivement, il y a plusieurs possibilités.
13:50 Pour prendre un terme que j'utiliserai moi,
13:53 c'est défendre l'Europe et non pas l'Europe de la défense.
13:55 Notre objectif, c'est de défendre l'Europe.
13:57 - C'est de défendre l'Europe.
13:58 - Et défendre l'Europe en fonction de la menace identifiée,
14:00 à condition qu'elle soit partagée par tous ou par certains,
14:03 c'est aussi défendre nos intérêts,
14:04 mais c'est défendre, ça veut dire,
14:06 quand on parle de défendre l'Europe,
14:07 que ce soit dans le cadre de l'OTAN ou de l'Union Européenne,
14:09 on peut construire des outils militaires,
14:12 et c'est vrai, il n'y a que l'OTAN qui répond à la question aujourd'hui.
14:15 L'Union Européenne, depuis 15 ans ou 20 ans, a créé...
14:18 - Notre sécurité dépend de l'OTAN.
14:20 - Ah oui.
14:21 - Pas nous, Français,
14:22 parce que nous possédons précisément la dissuasion nucléaire,
14:25 mais notre sécurité dépend de l'OTAN.
14:27 - Oui, tout à fait, mais on y est dedans.
14:29 On est dedans, et on fournit du personnel,
14:31 on fournit des généraux, on fournit des unités,
14:33 donc on est dans l'OTAN.
14:34 Et c'est surtout l'intérêt de travailler tous ensemble.
14:36 Et puis un autre intérêt de l'OTAN,
14:37 c'est que les Américains y sont.
14:39 Et c'est un petit peu ce que vous avez évoqué tout à l'heure,
14:40 peut-être avec le départ de... l'arrivée de Trump éventuelle.
14:43 Là, on aura peut-être un souci,
14:44 mais pour l'instant, les Américains étant dans l'OTAN,
14:46 ça contraint quand même les Européens à prendre des décisions communes.
14:48 Je ne suis pas certain que dans le cadre de l'Union Européenne,
14:50 ça serait aussi simple.
14:51 - Ça serait aussi simple, d'autant plus qu'elle est fragilisée,
14:53 cette Europe, qu'elle va être peut-être plus diverse après le 9 juin.
14:59 - Oui, elle sera bien plus diverse,
15:02 et on verra bien ce qui sort des élections européennes,
15:05 sans vouloir faire de politique.
15:06 On voit bien que les extrêmes droites,
15:08 les partis extrémistes,
15:09 mais aussi l'extrême gauche étant,
15:10 grimpent considérablement,
15:12 et donc, ils vont y avoir une capacité de nuisance.
15:14 Lorsque l'on sait que le Parlement européen
15:16 vote des choses considérables sur tous les sujets,
15:18 en matière d'environnement, en matière d'économie,
15:20 en matière d'égalité homme-femme,
15:22 d'égalité salariale,
15:24 on voit bien que là, il va y avoir de vrais problèmes,
15:27 nonobstant l'aide à l'Ukraine.
15:29 Donc, on va avoir des extrêmes qui vont être assez marginalisés,
15:32 parce qu'on sait quand même, selon les sondages,
15:34 ce seront les deux principaux groupes,
15:36 à savoir groupe socialiste et groupe populaire européen,
15:39 la droite modérée, qui seront majoritaires au Parlement européen,
15:41 certes avec Lévers et Réunis peut-être.
15:43 Donc, ce qui est très important, je vous le dis,
15:46 c'est d'avoir un débat sur le fond,
15:47 et aujourd'hui, c'est devenu complètement inaudible,
15:49 on ne parle plus d'Europe,
15:50 on parle de tout ce qu'on veut, sauf de l'Europe,
15:52 on parle de l'immigration, on parle de toute une série de choses,
15:55 et ce ne sont pas les sujets...
15:56 - Mais l'immigration, c'est aussi une question européenne.
15:58 - Bien sûr, c'est une question européenne,
15:59 mais on ne dit pas que, par exemple,
16:01 le Parlement a accepté ce pacte asile-immigration,
16:03 c'est quand même un progrès qui a été fait
16:05 vers une meilleure protection des frontières.
16:07 Donc, il y a des sujets importants,
16:09 mais on va voir beaucoup d'extrêmes,
16:11 regardez ce qui se passe en Allemagne,
16:13 c'est quand même très inquiétant.
16:14 L'extrême droite, l'AfD, qui était aux alentours de 18-20%,
16:18 c'est extrêmement inquiétant pour l'Allemagne
16:20 de voir que les extrêmes, et notamment l'extrême droite,
16:22 grimpent considérablement.
16:24 - Et en France, on parle de quoi ?
16:25 De la question palestinienne.
16:27 - Oui.
16:28 - Essentiellement, enfin, pas essentiellement,
16:30 mais chez certains.
16:32 Cette Europe de l'ADN...
16:34 Le président de la République a aussi parlé de ce bouclier anti-missiles.
16:38 Alors ça, c'est quoi,
16:40 un genre de dôme de fer européen ?
16:44 Je n'ai pas bien compris, généralement.
16:46 - En fait, c'est protéger l'espace aérien européen
16:48 contre des frappes de missiles.
16:49 - Le dôme de fer ne concerne que des roquettes
16:51 à 5 km de portée.
16:53 - Ça n'a rien à voir avec les missiles.
16:55 - En revanche, n'oublions pas que l'Allemagne a joué
16:57 un drôle de jeu, encore il y a quelques mois,
16:59 ou quelques semaines, pour lancer une grande
17:01 initiative pour rassembler les Etats
17:03 dans la défense anti-missiles de l'Europe.
17:05 Et la France et l'Italie ne s'y sont pas joints.
17:07 Ou n'ont pas été invités. A voir le détail,
17:09 comment ça s'est passé.
17:11 - Mais l'évolution, la France a évolué, là, sur le sujet.
17:13 - Oui, c'est ce que disait un petit peu le président Macron
17:15 dans son discours, c'est vrai. Parce qu'on ne peut pas être dehors.
17:17 Mais là, on peut avoir
17:19 des points communs, rassemblants,
17:21 ou rassembleurs,
17:23 sur des questions de défense bien précis. Mais n'oublions pas
17:25 d'ailleurs qu'il y a des questions industrielles.
17:27 On parlait d'industrie d'armement tout à l'heure.
17:29 Qui va tirer les marrons du feu de cette affaire-là ?
17:31 Les Français et les Italiens
17:33 sont performants dans la défense anti-missiles.
17:35 Est-ce que l'Allemagne l'est autant ?
17:37 Peut-être que comme elle est pilote de cette défense anti-missiles,
17:39 est-ce qu'elle ne veut pas surtout reprendre la main
17:41 sur la fabrication de toutes ces défenses ?
17:43 - Qui va financer et qui va fabriquer ?
17:45 - Tout à fait. C'est toutes les questions.
17:47 - Oui. Bien sûr.
17:49 - Les rivalités vont s'exprimer, si je peux dire.
17:51 - Les rivalités n'ont jamais cessé
17:53 de s'exprimer. Nous avons été
17:55 fâchés avec l'Allemagne pendant 2-3 ans quand même.
17:57 Il faut le dire. Quand des conseils de sécurité
17:59 ou des conseils des ministres communs ont été annulés
18:01 parce qu'il n'y avait aucun accord sur des financements
18:03 de projets, notamment sur les avions,
18:05 les chars et autres, équipements militaires.
18:07 Et donc, oui, il y a un vrai problème de financement.
18:09 Pourquoi ? Parce qu'en réalité, chacun
18:11 défend ses intérêts purement industriels.
18:13 Encore une fois, le chancelier
18:15 Scholz, il y a 15 jours, est allé
18:17 en Chine.
18:19 Il est resté 3 jours. Il a signé des
18:21 contrats juteux. Il a dit "Je ne veux pas de
18:23 décrochage de l'Allemagne par rapport à la Chine".
18:25 Donc là, il faut au moins se
18:27 concerter. Et s'agissant d'Emmanuel
18:29 Macron, on a vu, certains ont dit,
18:31 la presse allemande l'a remarqué, qu'il avait fait un effort,
18:33 un pas en direction de l'Allemagne
18:35 en évoquant ce bouclier antimissile.
18:37 - Ce bouclier antimissile. Effectivement.
18:39 Le président chinois qui sera bientôt à Paris.
18:41 Je voudrais quand même le rappeler.
18:43 La semaine prochaine, d'ailleurs.
18:45 - Sur les questions d'armement, il faut quand même rappeler,
18:47 parce que l'Allemagne a quand même une image très pacifiste
18:49 depuis pas mal d'années, c'est quand même le 4e exportateur
18:51 d'armement. C'est-à-dire qu'elle vend des armes,
18:53 elle est le 4e exportateur d'armement.
18:55 La France, elle est le 2e. Donc en Europe...
18:57 - Donc nous avons en Europe le 2e exportateur...
18:59 - La France. - La France,
19:01 et le 4e, l'Allemagne. Et nous n'arriverions pas
19:04 à unir nos efforts.
19:06 - Vous avez 5 des principaux exportateurs mondiaux
19:08 d'armement qui sont en Europe.
19:10 Donc si on fait le bilan,
19:12 alors bien sûr les Américains sont en haut du panier,
19:14 mais 5 États européens...
19:16 - C'est-à-dire qu'on pourrait construire, économiquement
19:18 et techniquement,
19:20 nous pourrions construire une véritable
19:22 industrie européenne de l'armement.
19:24 - Absolument. Nous avons des ingénieurs
19:26 extrêmement compétents des deux côtés.
19:28 Et donc c'est tout à fait possible.
19:30 Le problème c'est que chacun défend
19:32 ses intérêts purement nationaux,
19:34 ses champions nationaux.
19:36 N'oublions pas qu'il nous avons un commissaire
19:38 chargé de l'industrie,
19:40 en termes d'armement c'est Thierry Breton,
19:42 qui aimerait pousser cette coopération
19:44 industrielle. Mais c'est extrêmement
19:46 difficile, parce que, encore une fois,
19:48 l'Allemagne achète des avions à l'extérieur
19:50 aux États-Unis, la Pologne aussi.
19:52 Et aujourd'hui, on voit bien que
19:54 c'est extrêmement timide.
19:56 Il y a eu cet accord essentiel,
19:58 mais il n'y aura pas de char commun
20:00 avant plusieurs années.
20:02 - La Pologne pourrait réviser sa position.
20:04 Le gouvernement a changé.
20:06 La Pologne pourrait réviser sa position.
20:08 Et acheter maintenant européens.
20:10 - Oui, mais c'est une action
20:12 au long cours. - Mais c'est une action au long cours.
20:14 Effectivement.
20:16 On pourrait vendre plus d'armes en Europe,
20:18 nous, Français. - Déjà, il faudrait faire
20:20 une clause européenne imposant
20:22 l'achat à tant de pourcents d'équipements
20:24 européens, plutôt que d'acheter américains.
20:26 - C'est la première chose qu'on devrait mettre en place,
20:28 d'ailleurs. Si j'avais Emmanuel Macron devant moi,
20:30 je lui poserais la question. - Pour l'exemple
20:32 de l'F-35 dont on vient de parler,
20:34 l'F-35, aujourd'hui, il équipe 8, 10, 15
20:36 Etats européens. Le Rafale,
20:38 on ne l'a pas vendu. - On n'a pas vendu
20:40 le Rafale. Aucun Etat
20:42 européen ne possède le Rafale. - Non, mais n'oublions pas
20:44 qu'on est, je crois, le principal exportateur
20:46 à l'extérieur de l'Union Européenne.
20:48 C'est ça, la difficulté aujourd'hui.
20:50 On vend à l'Inde, on vend à l'Arabie
20:52 Saoudite, on vend partout dans le monde,
20:54 mais en Europe, ça ne marche pas. - Mais quelle hypocrisie,
20:56 quel paradoxe, tout de même.
20:58 Nous aidons l'Ukraine
21:00 avec des armes que nous achetons à l'extérieur.
21:02 Ce qui est quand même
21:04 extraordinaire. - Le dernier...
21:06 - Oui. - La dernière
21:08 somme attribuée par les Etats-Unis,
21:10 c'est 80% des équipements fabriqués
21:12 aux Etats-Unis. Ça fait partie
21:14 aussi de l'économie, en tant que telle. - Bien sûr.
21:16 - Et n'oublions pas qu'aussi qu'à terme, ça veut dire
21:18 la mise sous contrôle
21:20 de ces pays,
21:22 parce que vous savez bien que tout armement américain
21:24 ou ayant une composante américaine
21:26 est soumise à autorisation avant usage.
21:28 C'est ce qui nous est arrivé pour le Rafale il y a quelques années.
21:30 - C'est extraordinaire parce que ceux qui sont
21:32 contre toute idée de défense européenne
21:34 finalement acceptent
21:36 d'être mis sous tutelle américaine.
21:38 - Oui, totalement. - C'est une hypocrisie.
21:40 - C'est une hypocrisie totale.
21:42 - Complète, sachant que les Américains
21:44 ne soyons pas naïfs non plus, c'est toujours
21:46 le business, c'est le retour sur investissement.
21:48 Et ce qui est en train de se jouer
21:50 aujourd'hui, c'est la reconstruction de l'Ukraine
21:52 qui aura des contrats les plus
21:54 importants en Ukraine, en termes d'armement
21:56 et en termes d'économie. Et je ne suis pas certain
21:58 que l'Europe sera gagnante malgré l'aide
22:00 apportée à ce pays. - Ah bon ?
22:02 - Oui, parce que les Américains, regardez ce qui s'est
22:04 fait en Irak, ils ont eu les contrats...
22:06 - Nous avons l'impression quand même
22:08 sur l'Ukraine
22:10 de l'entrée dans l'Union Européenne.
22:12 - Ah oui, bien évidemment, et j'espère que l'Ukraine
22:14 rentrera dans l'Union Européenne. Mais regardez ce qui se passe,
22:16 ce pays n'en est pas encore prêt,
22:18 ça prendra minimum 10 ans avant que ce pays rejoigne
22:20 l'Union Européenne. - Bien.
22:22 Parce qu'aujourd'hui, l'Europe
22:24 est menacée par la Russie.
22:26 - Oui. Vraiment ?
22:28 - Je dis ça parce que...
22:30 Non, non. Je dis ça parce que,
22:32 évidemment, à chaque fois que nous parlons de cela,
22:34 ça revient. De nombreux
22:36 auditeurs et de nombreuses auditrices nous disent
22:38 "mais non, nous ne craignons rien".
22:40 - Alors c'est pas "nous ne craignons rien", c'est que
22:42 la menace n'est pas crédible en tant que telle.
22:44 Aujourd'hui, quand on voit ce qui se passe sur le terrain,
22:46 les forces militaires russes, quand même, ont été fortement
22:48 affaiblies. - On gagne un peu de terrain, là, en ce moment. - Oui, mais ça ne veut rien dire.
22:50 C'est pas gagner... 10 kilomètres de gagné, c'est pas
22:52 gagner une guerre. Donc,
22:54 aujourd'hui, la menace, elle n'est pas immédiate.
22:56 Elle pourrait être à moyen ou long terme.
22:58 Mais, bon, maintenant, on a une vision rationnelle
23:00 occidentale, en disant "tant de
23:02 pertes, tant de destructions pour la Russie, tant de
23:04 sanctions, est-ce que ça ne va quand même pas impacter
23:06 dans le futur ce pays-là
23:08 et l'empêcher d'être trop agressif ?". Voilà. En revanche,
23:10 si on ne veut pas qu'un pays soit trop agressif
23:12 envers nous, encore faut-il dissuader toute
23:14 agression. Et on revient non plus à la dissuasion
23:16 nucléaire, mais à la dissuasion conventionnelle. Et là, on revient
23:18 à quelle défense pour l'Europe ?
23:20 Quels sont les moyens qu'on va mettre en place ? Et surtout,
23:22 pour nos moyens conventionnels, empêcher
23:24 dissuader toute agression de la part de la Russie ?
23:26 - Bien, merci beaucoup.
23:28 Merci d'être venu nous voir
23:30 ce matin. C'était passionnant. - Merci à vous.
23:32 - Merci à tous les deux. Ce sont des questions sur lesquelles
23:34 nous reviendrons. Et je l'espère qu'ils seront
23:36 mieux évoqués dans
23:38 les débats
23:40 sur l'Europe qui vont se multiplier
23:42 avant le 9. Le 9 juin prochain,
23:44 bien sûr. Bien, émission qui
23:46 va suivre. Valérie Rexpert et Gilles Gansman
23:48 reçoivent Noa Muklin, qui est
23:50 directeur délégué 20 minutes TV.
23:52 La télé du journal 20 minutes. Merci.
23:54 9h58.
23:56 Sud Radio. Parlons
23:58 vrai chez Bourdin. 9h10.
24:00 Jean-Jacques Bourdin.
24:02 Avec Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
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