Avec Sylvain Kahn, Professeur au centre d’histoire de Sciences-Po, Auteur de « l’Europe face à l’Ukraine » (Edition PUF) et Pascal Perrineau, politologue
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00:00 Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
00:02 Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de vie gratuite.
00:06 Vérissure présente...
00:07 Sud Radio, Parlons Vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
00:13 Nous allons évidemment revenir maintenant sur le résultat des élections européennes en France et ailleurs en Europe.
00:19 Et nous allons évidemment, évidemment réfléchir à la décision du président de la République qui a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale.
00:26 C'est fait d'ailleurs, les députés ne sont plus députés et nous devrons voter les 30 juin et 7 juillet pour ces législatives.
00:37 Pour parler de tout cela, Sylvain Kahn qui est avec nous, professeur au Centre d'Histoire de Sciences Po.
00:41 Bonjour. - Bonjour.
00:42 - Merci d'être avec nous et auteur de "L'Europe face à l'Ukraine", aux éditions des presses universitaires de France.
00:48 Et dans un instant, va venir nous rejoindre le politologue Pascal Perrineau.
00:52 Bien, Sylvain Kahn, ces élections européennes, regardons les résultats en France et en Europe.
01:00 Finalement, en Europe, ils sont assez conformes à ce qu'on attendait.
01:05 La surprise vient de France.
01:07 - La surprise vient de France dans le sens où, vous je ne sais pas, mais moi en tout cas,
01:12 je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait une dissolution à l'issue du résultat des européennes.
01:17 Maintenant, le fait que le RN était quand même annoncé dans toutes les projections très très haut.
01:22 La question c'était de savoir, est-ce qu'il allait être au-dessus de 30% ou juste en dessous de 30%.
01:27 Bon, l'autre question c'était, est-ce que Haye va être devant Glucksmann ou Glucksmann devant Haye ?
01:35 - Oui. - Bon voilà, donc j'ai envie de dire que...
01:37 - C'est une question secondaire, mais pourtant un peu secondaire.
01:40 - Il y avait une question pour savoir si les écologistes de France allaient faire 5% ou pas.
01:44 Bon voilà, mais donc du coup finalement, les résultats des européennes en France étaient assez prévus comme l'étaient,
01:52 vous l'avez dit, les résultats des européennes en Europe.
01:55 - Oui, on disait Pascal Perrineau, bonjour. - Bonjour.
01:57 - Merci d'être avec nous. On parlait, je disais à Sylvain Kahn,
02:02 que nous allions parler d'abord des résultats des européennes avant de parler de dissolution
02:06 et de décision, de la décision d'Emmanuel Macron.
02:09 Les européennes, on le disait, en France, on s'attendait à une très forte poussée du RN.
02:14 C'est pas très surprenant. Et en Europe, finalement, c'est conforme à ce qu'on pensait aussi.
02:19 - Voilà, c'est tout à fait conforme aux prévisions, les sondages ne se sont pas trompés.
02:23 - J'aimerais le souligner, les sondages ont été parfaits, là, vraiment.
02:28 - À la fois au plan national et au plan européen, la majorité qui semble se profiler,
02:33 qui prolonge la majorité sortante au Parlement de Strasbourg,
02:37 autour, au fond du centre gauche, du centre droit et de Renew,
02:41 c'est eux qui ont la majorité des sièges, même si elle est affaiblie.
02:46 Il y a une poussée, oui, en Europe, des extrêmes droites nationalistes.
02:52 - En Europe du Sud, surtout. - Voilà, en Europe du Sud.
02:54 Mais la France, c'est un cas à part.
02:57 Parce que c'est en France que le niveau atteint est le plus élevé.
03:00 Parce que si l'on rajoute au RN, Reconquête, Plus, Patriote, Asselineau, etc.,
03:07 vous arrivez tout de même à 40%.
03:09 Donc 40% de suffrage exprimé pour ce type de force.
03:13 La France continue à cultiver son exception française.
03:17 Et on le voit bien, toutes les enquêtes hier montrent que l'on a,
03:22 beaucoup plus que dans d'autres pays européens, une opinion publique qui est très en colère.
03:27 Le score assez élevé, également, d'ailleurs, de la France insoumise,
03:31 j'allais dire presque l'alter-ego du RN, de l'autre côté, va dans le même sens.
03:37 Si vous ajoutez tout ça, ça fait un français sur deux,
03:40 hier, qui s'est retrouvé dans des forces qui sont des forces de la colère politique,
03:45 et parfois de la colère sociale.
03:47 - Et des forces qui sont souverainistes et eurosceptiques.
03:50 - Souverainistes et eurosceptiques.
03:52 Mais est-ce que les Français...
03:54 Je ne sais pas, je n'ai pas encore les enquêtes de sortie des urnes
03:57 pour savoir exactement la motivation du vote,
04:00 mais les sujets franco-français, d'évidence,
04:04 ont pris le pas sur tout ce qui concerne l'Europe,
04:07 et même sur la guerre en Ukraine, et même sur Pascal Merino.
04:10 - Bien sûr, quand vous regardez les sondages que l'on a eus hier,
04:14 sur les motivations de vote, au premier plan, il y a le pouvoir d'achat.
04:18 Bon, et là, ce pouvoir d'achat, c'est la préoccupation majoritaire
04:22 chez les électeurs du RN. Il ne faut pas l'oublier.
04:25 - Avant, les problèmes migratoires.
04:27 - Et puis, bien sûr, très très haut, l'immigration.
04:30 Jamais l'immigration n'avait été aussi haut, juste derrière le pouvoir d'achat.
04:34 Et l'immigration est une préoccupation qui parcourt
04:38 tous les électorats de la droite, jusqu'à la droite classique,
04:41 mais personne n'est à l'abri.
04:43 Même au sein des électorats de gauche, au sein de l'électorat de la majorité,
04:47 il y a une préoccupation sur cette question migratoire.
04:50 Donc en mettant à l'agenda cette question,
04:53 le RN, quelque part, ne s'est pas trompé.
04:56 Et puis, bien sûr, il bénéficie, toutes ses forces bénéficient
05:00 d'un euroscepticisme qui est en progression en Europe.
05:03 Quand vous regardez ça sur la moyenne ou longue période,
05:06 oui, l'euroscepticisme monte.
05:08 - Est-ce qu'Emmanuel Macron, en annonçant la dissolution de l'Assemblée nationale,
05:11 a pris une décision que je qualifierais de gaulliste ?
05:14 Est-ce qu'à vos yeux, c'est une décision gaulliste ?
05:17 Sylvain Kahn.
05:19 - Bah écoutez, oui, c'est gaulliste dans le sens où c'est l'appel au peuple,
05:22 le retour au peuple. Donc à ce moment-là,
05:25 en faisant ça, Macron s'inscrit dans cet aspect du gaullisme
05:29 que mes collègues spécialistes de l'histoire des droites
05:32 qualifient un peu de bonapartiste ou de césariste.
05:35 Voilà, bon.
05:37 René Rémond lui-même a pu dire "Attention, faire un appel au peuple
05:41 au moment où il y a eu des élections,
05:43 c'est justement plus du bonapartisme que du gaullisme
05:46 au sens où de Gaulle a restauré la stabilité de la République.
05:50 Ce qui me paraît, disons, nécessaire, c'est de faire attention parce que...
05:54 - Est-ce qu'Emmanuel Macron restaure l'instabilité de la République ?
05:58 Je repose la question autrement.
06:00 - Moi je pense pas. Moi je pense qu'effectivement...
06:01 - Vous pensez qu'il a pris une bonne décision ?
06:03 - Bon, ça c'est autre chose. Je me permettrai pas de dire si elle est bonne ou mauvaise,
06:06 mais il me semble que dans les comparaisons historiques,
06:09 il me semble que ce qui se passe depuis 24 heures maintenant,
06:12 enfin 12 heures en réalité,
06:14 fait davantage écho à Mitterrand en 85-86
06:19 qu'à Chirac en 97.
06:21 Parce que, rappelons-nous, 85-86, Mitterrand prend cette décision,
06:25 déjà à l'époque très controversée,
06:27 de mettre la proportionnelle pour les législatives.
06:29 Tout le monde dit à l'époque, donc on sait que Mitterrand
06:32 décide de faire rentrer le RN à l'Assemblée Nationale.
06:35 Mitterrand avait fait le pari qu'il allait perdre les élections législatives en 86
06:39 et donc d'avoir un Parlement qui allait être un peu étrange par rapport aux habitudes.
06:43 Et là il me semble que Macron fait quelque chose d'un peu comparable.
06:45 Il sait qu'il est en très mauvaise posture,
06:47 il sait que le Rassemblement National va faire un score très haut.
06:50 Moi je pense qu'il est très probable, je sais pas ce que Pascal en pense,
06:53 qu'on va vers une cohabitation.
06:55 En 81 par exemple, avec 37% des suffrages,
06:59 le Parti Socialiste avait à lui seul obtenu la majorité absolue des sièges.
07:04 Il faudrait regarder circonscription par circonscription.
07:07 Mais c'est très probablement le pari que Macron fait,
07:10 mettre le RN en responsabilité,
07:13 et trois ans plus tard dire "vous voyez ce que ça donne,
07:15 c'est pas le moment d'élire un président RN".
07:18 - Vous pensez que c'est son pari ?
07:20 - C'est une forme de cynisme en politique,
07:22 mais en politique le cynisme est courant.
07:24 - Oui, oui, bien sûr, bien sûr.
07:26 C'est même extrêmement pratiqué.
07:28 Mais si vous voulez, la dissolution, c'est une arme du Président de la République,
07:32 il a le droit, l'article 12, il l'a mis en œuvre,
07:35 il a consulté les présidents des deux assemblées.
07:37 Sur l'aspect juridique, il n'y a strictement rien à dire.
07:41 Sur l'aspect politique, dissoudre après des élections européennes,
07:44 ça c'est une nouveauté radicale.
07:46 Parce que le même président nous avait dit il y a quelques jours,
07:50 à des élections européennes, il faut des réponses européennes.
07:53 Là, on n'est pas dans une réponse européenne,
07:55 on est dans une réponse qui est essentiellement nationale.
07:59 Mais parfois le Président nous habitue à des changements de pied.
08:03 - Et le score aussi peut-être.
08:05 - Le score.
08:07 - Le score.
08:08 - Même si je pense, et on en parlait avec Sylvain Cannes avant que vous n'arriviez,
08:12 même si je pense que c'était déjà réfléchi,
08:14 il y a plusieurs jours.
08:16 Et on le disait, Sylvain Cannes, à la lumière du débat Bardella-Attal.
08:21 - Du coup le débat Bardella-Attal prend tout son sens.
08:24 - Mais si vous voulez, comment ça peut déboucher ?
08:28 Et quelles sont les raisons profondes du Président de la République ?
08:34 Il aurait pu ne rien faire.
08:36 Il aurait pu ne rien faire.
08:37 Il y a eu à plusieurs reprises dans l'histoire des européennes
08:39 qui étaient très mauvaises pour la majorité au pouvoir,
08:43 jamais un Président de gauche comme de droite n'a pris ce type de décision.
08:47 Mais c'est le macronisme, on prend son risque.
08:50 - Mais Pedro Sánchez a fait la même chose en Espagne.
08:53 - Oui, mais on prend son risque.
08:55 - Oui, on prend son risque.
08:57 - C'est la disruption macronienne.
09:00 Mais il faut savoir que tout de même, les forces de la majorité stricte,
09:04 aujourd'hui c'est 15%.
09:06 Et que se mettre au cœur d'une coalition anti-hérenne,
09:09 ce qui était sous-jacent dans son discours,
09:12 et même dans la stratégie adoptée,
09:14 puisqu'ils ont laissé dire dans la majorité présidentielle
09:17 qu'il n'y aurait pas de candidat de la majorité présidentielle
09:20 contre les sortants appartenant au parti républicain,
09:24 qu'ils soient de gauche comme de droite, c'est-à-dire PS comme LR.
09:28 Bon, donc on verra ce qu'il en est,
09:30 mais je crois que tout ça ne servira à rien.
09:33 Le front républicain contre le Rassemblement national,
09:37 le fameux plafond de verre, mais c'est fini tout cela.
09:40 Donc il ne faut pas penser la réalité d'aujourd'hui
09:43 avec des grilles qui sont des grilles d'hier.
09:45 Ça ne marchera pas.
09:47 - D'autant plus que le hérène très fort,
09:50 ceux qui ont voté, les électeurs du hérène,
09:54 sont maintenant confortés dans leur choix.
09:57 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, avant, ils rasaient un peu les murs.
10:01 Aujourd'hui, plus du tout.
10:03 C'est la raison pour laquelle le vote ne peut être qu'amplifié.
10:06 - Bien sûr. Mais vous vous rendez compte,
10:08 Marine Le Pen, plutôt Jordan Bardella,
10:11 dit "nous demandons la dissolution".
10:13 Trois minutes après, le président dit "d'accord".
10:16 Ok pour la dissolution, ça donne une impression
10:19 aux gens qui regardent ça, d'un spectacle littéralement fou.
10:22 Vous voulez la dissolution ? Eh bien je vous accorde la dissolution.
10:25 On n'a jamais vu ça sous la Ve République.
10:29 Alors, si ça donne une majorité,
10:31 cette majorité du Rassemblement national et de ses alliés,
10:34 puisque vous avez vu qu'il y a un accord
10:36 qui est en train de se mettre en place, avec Reconquête.
10:39 Donc, est-ce que cette coalition aura une majorité relative
10:43 ou une majorité absolue ?
10:45 Si c'est une majorité relative,
10:47 on va répondre au chaos par le chaos.
10:50 Or, la France est un pays qui, en Europe,
10:53 fait la risée dans les capitales européennes aujourd'hui.
10:56 C'est un pays endetté, c'est un pays fracturé.
11:01 Est-ce qu'on a besoin de rajouter la crise politique
11:05 à tous ces éléments ?
11:07 - Même si l'image d'Emmanuel Macron est assez bonne en Europe.
11:10 - Assez bonne en Europe, je demanderais à voir aujourd'hui.
11:13 - Mieux qu'en France. - On l'a vu en Allemagne.
11:15 - Mieux qu'en France. - La visite d'État...
11:17 - Je demanderais à voir aujourd'hui.
11:19 Quand vous regardez les titres ce matin de la presse européenne,
11:21 personne à peu près ne comprend la mesure qui a été prise
11:24 par le président français.
11:27 Mais pourquoi pas ?
11:29 Si c'est une majorité absolue, comme vient de le dire Sylvain Cagnes,
11:32 il y aura une cohabitation.
11:34 La cohabitation c'est peut-être le calcul mitterrandien,
11:37 souvenez-vous en 1986, j'espère,
11:40 que véritablement ils vont être incapables de gouverner,
11:43 ce sont des bras cassés,
11:46 et je reprendrai la mise, ce qu'il avait fait,
11:48 deux ans plus tard en 1988.
11:51 Mais regardez, Mme Mélanie est arrivée au pouvoir en Italie,
11:56 est-ce que c'est un drame en Italie ? Pas du tout.
11:58 Sa liste est arrivée en tête,
12:00 elle continue à être une présidente du conseil relativement appréciée en Italie.
12:06 - Oui mais elle est plus européenne que le Rassemblement National.
12:10 - On va voir les évolutions, regardez déjà,
12:12 ils ont fait de gros efforts, ils ont parlé du Frexit,
12:15 on n'est plus du tout dans le Frexit,
12:17 ils évoluent, ils vont faire preuve, comme tout le monde,
12:20 de pragmatisme,
12:22 mais ça va faire un choc, parce que c'est possible en effet
12:25 que dans quelques semaines, les Français,
12:28 nous à l'université, on se retrouve avec une ou un ministre de l'université du Rassemblement National,
12:35 un ministre de l'économie du Rassemblement National,
12:38 voilà, tout d'un coup, j'allais dire la France des élites,
12:42 en effet, va être saisie, comme on dit à l'Assemblée, vous savez, de mouvements divers.
12:47 - Bien, il est 9h43, nous allons observer une petite pause,
12:51 nous allons nous adjoindre deux auditrices,
12:54 Sandra qui appelle de Vendée et Sabine de Gignac dans les Roses, à tout de suite.
12:59 - Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France,
13:02 rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de vie gratuite.
13:06 Vérissure présente...
13:08 - Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
13:13 - Il est 9h47, nous sommes comme invité,
13:16 nous avons Sylvain Kahn, qui est professeur au Centre d'Histoire de Sciences Po,
13:20 et Pascal Perrineau, politologue,
13:22 ils sont là tous les deux pour réfléchir à la décision du Président de la République,
13:26 mais nous avons aussi Sandra et Sabine.
13:28 Avec nous, Sandra, bonjour.
13:30 - Bonjour.
13:32 - Bonjour Sandra, vous avez voté pour Jordan Bardella,
13:35 est-ce qu'Emmanuel Macron a eu raison de dissoudre ?
13:38 C'est ce que demandait Jordan Bardella, cela dit.
13:41 Est-ce qu'il a eu raison de dissoudre ?
13:43 - Alors, c'est ce que demandait Jordan Bardella,
13:46 mais c'est surtout, je pense, qu'il n'avait pas trop de choix.
13:49 Voilà, il est cohérent en fait.
13:51 Je trouve que, pour une fois, voilà,
13:54 il a entendu ce que disaient les gens en France,
14:00 ils ont envie d'autre chose.
14:02 Alors, ce n'est pas pour ça que, pour moi,
14:04 le R.N. n'a pas forcément gagné les législatives, pas du tout.
14:07 Mais en tout cas, c'était peut-être un électrochoc pour qu'ils réagissent.
14:13 Un énième, parce qu'à chaque fois, on entend,
14:16 on a compris, on va être plus proche, etc.
14:19 Et que ce soit du côté macroniste, de gauche,
14:25 là on voit bien, ce matin, ils sont en train d'essayer
14:27 de trouver des solutions pour s'entendre.
14:29 Et vous ne mélangez pas l'huile et l'eau, ça ne fonctionne pas.
14:33 Donc, voilà, je pense que c'est...
14:36 - Qu'est-ce que vous répondez à Sandra ?
14:38 Qui veut répondre à Sandra ?
14:40 - En effet, il y a eu un signal, un signal fort, hier,
14:44 que le président de la République a immédiatement entendu,
14:48 avec une célérité qu'on n'a jamais rencontrée.
14:52 - Il a pris sa décision bien avant.
14:54 - Donc ça a été extrêmement rapidement.
14:56 Est-ce qu'il était obligé de le faire ?
14:58 Je ne crois pas, parce qu'il faut faire attention.
15:00 - Il n'était pas obligé de le faire ?
15:01 - Non, absolument pas.
15:02 Pourquoi ? Parce que tout de même, il faut être prudent.
15:05 Hier, un Français sur deux ne s'est pas déplacé aux universités.
15:09 - Oui, c'est vrai.
15:10 - Un Français sur deux.
15:11 - Même si le taux de participation a été un peu plus élevé.
15:14 - Oui, un point.
15:15 - Ce qui est intéressant dans le propos de Sandra,
15:17 c'est qu'elle dit en même temps "J'ai voté Jordan Bardella",
15:20 et enfin le président de la République entend la colère,
15:24 ou les gens qui ne votent pas pour lui.
15:25 Et donc, ce n'est pas sûr qu'il ait gagné,
15:27 ce n'est pas sûr qu'il gagnera les législatives.
15:29 C'est intéressant, c'est-à-dire que c'est comme si la décision prise
15:32 par le président Macron, d'une certaine manière,
15:35 comme dire, prolongeait une dynamique en ouvrant le jeu.
15:38 - Qu'est-ce que vous en pensez, Sandra ?
15:41 - Exactement, exactement.
15:43 Et moi, ce que j'aimerais, c'est que la droite se réveille.
15:46 - Oui.
15:47 Vous avez voté Bardella, mais finalement,
15:50 si la droite se réveillait, je parle de la droite classique,
15:54 vous voteriez pour elle ?
15:57 - Oui, parce que moi, je crois en une droite à la fois sociale,
16:03 parce qu'on a connu ça, je veux dire,
16:05 le côté social n'appartient pas qu'à la gauche,
16:09 donc je pense qu'il y a des choses à faire,
16:11 mais par contre, M. Bellamy, moi j'étais une fois à un meeting,
16:14 c'est quelqu'un d'extrêmement intelligent,
16:16 mais par contre, il est technocrate, quoi.
16:19 Enfin, je veux dire, on recommence, c'est tout le temps la même chose.
16:22 Et là, on va avoir Ciotti, moi j'en ai ras-le-bol de Ciotti,
16:25 de tous ces gens-là, j'ai envie de gens qui sortent.
16:29 Et en fait, là où elle a été forte, Marine Le Pen,
16:32 c'est qu'elle a laissé monter des plus jeunes
16:34 et des gens moins connus,
16:36 et c'est qu'aujourd'hui, je pense qu'elle marque des points.
16:41 La droite personnelle est toujours...
16:44 Ils ont peur, ils sont tout le temps dans leur peur,
16:47 ils sont pas dans le...
16:49 Voilà, ils veulent garder leur petite place.
16:52 - Je comprends, Sandra, mais c'est très intéressant,
16:54 votre analyse, Pascal Perrineau.
16:55 - Oui, oui, en effet, c'est une analyse tout à fait intéressante,
16:58 parce que Sandra est en effet une ancienne électrice de la droite classique
17:02 qui a choisi de voter pour la liste de Jordan Bardella,
17:07 afin d'envoyer un signal au fond à sa famille.
17:10 Il faut entendre ce qu'elle dit.
17:12 C'est vrai que le Rassemblement National
17:15 est une des seules forces politiques
17:17 qui a su opérer en son sein
17:20 un véritable renouvellement des générations.
17:24 Ça n'est pas le cas, bien sûr, à LR,
17:27 ça n'est pas le cas aux partis socialistes,
17:30 ça n'est pas le cas à la France Insoumise,
17:33 avec Jean-Luc Mélenchon,
17:35 ça n'est pas le cas au Modem,
17:37 ça n'est le cas à peu près nulle part.
17:39 Et d'une certaine manière, en effet,
17:41 on voit bien que le succès du RN,
17:44 c'est aussi toutes celles et ceux
17:46 qui ont voulu envoyer un signal
17:49 sans partager, bien sûr, tout le programme,
17:52 toutes les options du Rassemblement National,
17:55 et ça, ça doit être entendu,
17:57 ça aurait dû être entendu depuis de nombreuses années.
17:59 - C'est le vin cane ?
18:01 - Oui, et d'ailleurs, mon collègue Nicolas Rousselier
18:05 explique qu'aujourd'hui, le seul parti français
18:07 qui n'est pas en crise,
18:09 c'est le Rassemblement National.
18:11 Et je pense qu'il y a vraiment un écho de ça
18:14 dans ce que vient de nous dire Sandra,
18:16 y compris avec l'idée du renouvellement des générations.
18:19 Bon, alors après, effectivement,
18:21 le programme du RN est le programme du RN,
18:23 et par rapport à la décision du Président de la République,
18:25 quoi qu'on en pense,
18:27 il met les gens, les électeurs, dont Sandra,
18:29 devant leurs responsabilités,
18:31 c'est-à-dire que le RN, s'il arrive au pouvoir,
18:33 tout en étant le seul parti qui n'est pas en crise,
18:36 en étant le parti qui renouvelle les générations, etc.,
18:38 il a un programme,
18:40 et après, il faut que chacun choisisse en conscience,
18:42 s'il a envie ou non,
18:44 que ce programme soit abdiqué.
18:46 - Oui, parce qu'il y a des ambiguïtés dans le programme du RN,
18:48 et des incertitudes.
18:50 - Ce qui est très intéressant néanmoins,
18:52 avec le programme du RN, et on en parlait tout à l'heure,
18:54 c'est en écho aux élections européennes,
18:56 c'est que l'une des raisons, je crois, pour lesquelles le RN
18:58 a pu continuer d'augmenter son score depuis 10 ans,
19:02 c'est que sur l'Europe, il a changé de position.
19:04 - Oui. - Parce qu'on voit bien dans les enquêtes
19:06 depuis 5 ans et même 10 ans,
19:08 que vous pouvez avoir chez les Français
19:10 à la fois une demande d'Europe,
19:13 il n'y a pas d'envie de Frexit,
19:15 et en même temps, une demande de ce que
19:18 la Fondation pour l'innovation politique,
19:20 avec Dominique Régnier par exemple, appelle une demande de puissance publique.
19:23 Il y a l'idée qu'il faut qu'on soit plus protégé,
19:26 soit au niveau des frontières, soit au niveau de l'armée,
19:28 soit au niveau de la sécurité par exemple,
19:30 soit au niveau de la souveraineté alimentaire,
19:32 et paradoxalement, il y a beaucoup de Français
19:34 qui en demandant ça,
19:36 ont compris que c'est à l'échelle européenne que ça se passe.
19:38 - Ah, je comprends. - Voilà.
19:40 - Sabine Etagignac dans Leroux, bonjour Sabine.
19:42 - Oui, bonjour messieurs.
19:44 - Que dites-vous de votre côté ?
19:46 - Alors moi, j'ai regardé toute la nuit,
19:49 ce qui s'est passé un petit peu sur les écrans de télé,
19:51 alors moi ce qui m'a fait rigoler, sourire en tout cas,
19:53 c'est que les gens avaient l'impression de tomber de leur chaise,
19:55 alors que ça fait des semaines qu'on nous bassine avec le RN
19:57 et qu'il passe les 30%,
19:59 donc excusez-moi du peu, mais il n'y a pas eu de miracle.
20:01 - Non, on savait.
20:03 - Il n'y a pas de quoi vraiment se taper le cul par terre.
20:05 Donc ensuite, au niveau,
20:07 on va dire Macron, pour moi,
20:09 s'amuse avec nous, il n'a rien à craindre
20:11 puisqu'il ne sera pas réélu.
20:13 La dissolution, je pense que c'est un coup
20:15 pour faire parler de lui, et ça marche.
20:17 Bravo à lui,
20:19 parce que franchement il nous a dit l'inverse il y a quelques jours.
20:21 Ça ne devait pas être national,
20:23 ça devait être juste une élection européenne,
20:26 ça devient plus que national,
20:28 et maintenant on se regarde dans le nombril et tout le monde crie au loup.
20:30 Donc à un moment donné,
20:32 on va passer aux urnes,
20:34 on va élire peut-être le Front National
20:36 qui s'appelle le Rassemblement National maintenant,
20:38 et on verra bien ce qui va se passer.
20:40 Qu'est-ce que vous voulez qu'il se passe dans une coalition ?
20:42 Les choses seront bloquées
20:44 et on attendra dans 3 ans qu'on repasse aux urnes.
20:46 - Cohabitation.
20:48 - Il n'y a vraiment pas de quoi avec une cohabitation.
20:50 - Sabine, vous êtes électrice de gauche ?
20:52 - J'ai toujours été électrice de gauche.
20:54 - Et qui, voyez-vous,
20:56 quelle union populaire voyez-vous ?
20:58 - Aucune.
21:00 - C'est-à-dire ?
21:02 - Parce que chacun s'accroche à son fauteuil
21:04 et personne ne veut que quelqu'un d'autre
21:06 le double sur la file d'attente.
21:08 Donc à un moment donné,
21:10 ils vont de nouveau se séparer
21:12 et de nouveau se prendre une pelée.
21:14 Et c'est malheureux, mais c'est ce qui va se passer.
21:16 Parce qu'ils ne sont pas capables de faire un pot commun,
21:18 de passer outre, peut-être,
21:20 leur petite divergence masculine,
21:22 entre guillemets,
21:24 pour ce qui est des hommes,
21:26 de faire un franc commun et dire,
21:28 pour une bonne fois pour toutes, on n'est plus haut que ça
21:30 et on va essayer de se réunir.
21:32 Ils sont complètement incapables.
21:34 - C'est intéressant ce que vous dites, parce qu'il n'y a pas de femmes de gauche
21:36 qui émergent.
21:38 - Oui, pour l'instant, en effet.
21:40 - C'est vrai ?
21:42 - Oui, oui, ils ont fait certaines tentations.
21:44 Il y a eu des tentations avec Abidalgo,
21:46 c'était un échec.
21:48 - Tentative, Pascal, pas des tentations !
21:50 - Oui, tentative, vous avez raison.
21:52 Mais il y avait peut-être une tentation,
21:54 mais ils étaient en pointe sur ces histoires,
21:56 de...
21:58 voilà, ils laissaient la place aux femmes,
22:00 la parité, etc.
22:02 Ils ont été en pointe.
22:04 C'est eux qui se sont battus avant tout pour ça.
22:06 Et quand on regarde ce qu'ils en ont fait,
22:08 c'est assez effrayant.
22:10 Il y a un vieux mâle blanc
22:12 qui est à la tête, en effet, de la France insoumise.
22:14 - Qui ne laissera pas sa place.
22:16 - Et puis, voilà,
22:18 le problème, c'est que le relatif
22:20 bon score, tout de même, on n'en a pas parlé,
22:22 de Raphaël Glucksmann
22:24 vient d'un homme qui n'est pas au Parti Socialiste.
22:26 Qui est à l'extérieur
22:28 du Parti Socialiste.
22:30 Et quel sera le poids
22:32 de Raphaël Glucksmann ?
22:34 Ça, c'est très important dans les heures et les jours qui viennent.
22:36 Pour imposer
22:38 un véritable renouvellement
22:40 à un Parti Socialiste qui est arc-bouté
22:42 sur un appareil bureaucratique
22:44 qui est totalement usé.
22:46 - Merci à tous les deux
22:48 d'être venus nous voir, passionnants,
22:50 tout de suite, Sud Radio Média.
22:52 Après les infos, Valère Experre
22:54 sera en édition spéciale
22:56 évidemment, pour la suite
22:58 de ces événements
23:00 à la fois européennes et dissolutions
23:02 de l'Assemblée Nationale. Merci
23:04 d'être avec nous sur Sud Radio.
23:06 - Sud Radio, parlons vrai
23:08 chez Bourdin. 9h10h
23:10 Jean-Jacques Bourdin.
23:12 - Avec Vérissure, le numéro 1
23:14 des alarmes en France. Rendez-vous sur
23:16 verissure.fr pour votre demande de devis