La procureure de Paris Laure Beccuau est l'invitée du "8h30 franceinfo" lundi 27 mai.
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00:00 Bonjour Laure Bécuot. Bonjour Madame.
00:05 Voilà 13 jours que Mohamed Amra est introuvable, ce détenu dont l'évasion a provoqué la mort de deux agents pénitentiaires dans l'heure.
00:12 On en est où dans la traque ?
00:14 Alors désormais cette traque s'effectue sous le contrôle et la direction de juges d'instruction puisque depuis vendredi nous avons ouvert une information judiciaire.
00:24 Trois magistrats instructeurs ont été désignés et les investigations se déroulent dès lors sous leur impulsion.
00:30 Alors vous redire évidemment comme j'ai eu l'occasion de le dire déjà à plusieurs reprises que la mobilisation sur cette traque pour reprendre vos propos ne faiblit pas.
00:39 Les juges d'instruction sont mobilisés, les enquêteurs aussi, plusieurs centaines d'enquêteurs, plusieurs dizaines d'experts.
00:48 Bref, tout est mis en oeuvre pour que l'enquête judiciaire et plus largement l'institution judiciaire soit en rendez-vous de cette violence exacerbée qui s'est manifestée au péage d'un quart-ville.
01:00 Je disais 13 jours. 13 jours, ça vous semble long, vous aussi ?
01:04 Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. Les investigations se poursuivent.
01:09 Nous avons un certain nombre d'éléments à exploiter. Ils sont nombreux, très nombreux. Et le temps joue pour nous, très clairement.
01:19 Le temps joue pour vous, mais quand vous dites qu'il y a des centaines d'enquêteurs mobilisés, nous qui ne connaissons pas vos techniques d'enquête, on est étonnés.
01:26 On se dit comment se fait-il que des centaines de personnes, quelques personnes en fuite, soient toujours introuvables ?
01:34 Eh bien, il s'agit de quelque chose qui a été effectivement préparé. Donc, les intéressés avaient sans doute, je dirais, anticipé le fait de trouver des points de refuge.
01:46 Dès lors, il s'agit d'identifier en quelle zone géographique ils ont pu se réfugier. Il s'agit d'identifier les membres du commando, ceux qui ont pu leur servir de complices,
01:56 ceux qui peuvent être des recelleurs de malfaiteurs. Et tout ça, ça implique que tous ces maillons de ce commando qui a favorisé l'évasion de Mohamed Amra puissent être identifiés.
02:07 Sur les lieux, sur l'identité des complices, vous avez avancé ?
02:11 On a un certain nombre de pistes que je qualifierais de sérieuses. Après, c'est la poursuite des investigations qui confirmera ou pas l'analyse que je vous fais aujourd'hui.
02:20 Mais il y a un certain nombre d'éléments majeurs à exploiter.
02:24 Sur la méthode, plus le temps passe, on peut se dire qu'ils ont la possibilité de quitter le pays. On est sûr que Mohamed Amra et ses complices, s'il s'agit de complices, sont toujours en France ?
02:37 D'où certitude, je serais bien hors de mon propos de vous dire, puisque mon propos est de ne pas vous donner les éléments d'enquête aujourd'hui,
02:46 puisque vous savez qu'au-delà de la mobilisation des enquêteurs, le secret est aussi une arme pour la réussite des investigations.
02:53 Donc c'est pour ça que sur les éléments que nous avons, en France ou pas en France, nombre de complices ou pas, identifiés ou pas,
03:00 vous me pardonnerez de ne pas satisfaire votre curiosité, mais là aussi, c'est pour préserver les investigations.
03:06 On apprend beaucoup de choses à l'occasion de cette affaire. Une enquête de nos confrères du Parisien, aujourd'hui en France, révèle que Mohamed Amra, incarcéré, avait plusieurs téléphones portables dans sa cellule,
03:15 dont il se servait pour continuer à trafiquer, à menacer. L'un des portables était sur écoute, un micro-espion était également placé dans la cellule.
03:25 Ceux qui nous écoutent, nous-mêmes d'ailleurs, on est surpris. On se demande comment les détenus font pour avoir aussi facilement des téléphones portables en cellule.
03:33 Alors, facilement, je ne répondrai pas à ce propos. Après, il est exact qu'un certain nombre de fouilles sont régulièrement organisées dans des contextes différents,
03:44 au sein des maisons d'arrêt, des centres de détention, et que l'on trouve régulièrement des téléphones portables.
03:49 Alors, tout cela s'effectue par différentes méthodes d'introduire ces téléphones en maison d'arrêt ou en centre de détention ou en centre pénitentiaire.
03:59 C'est quelquefois ces téléphones qui sont projetés au-dessus des murs, et là, évidemment, les personnels de surveillance et d'administration sont tout à fait vigilants.
04:06 Cela peut être à l'occasion du parloir, grâce à des complicités, mais pas forcément le parloir.
04:14 Mais les personnes qui viennent au parloir, elles sont fouillées. Il y a moyen de repérer si en entrant, elles ont un téléphone et en sortant, non plus ?
04:19 Bien sûr, mais comme toute, je dirais, investigation humaine ou propos humains, il peut y avoir effectivement un certain nombre de failles.
04:29 Mais ces failles, elles sont particulièrement surveillées. Encore une fois, vous savez que dans les établissements pénitentiaires, on installe de plus en plus des brouilleurs.
04:35 Donc tout ça, ça fait aussi partie des filets, ça fait partie aussi de ce type de réponse qu'on fait à une forme de criminalité qui s'installe et qui relève aussi de la criminalité organisée.
04:46 Mais la règle est très claire. La détention et l'utilisation de portable est interdite ?
04:50 Interdite, et non seulement le fait d'en posséder constitue en soi une infraction pénale.
04:54 Mais dans ce cas précis, est-ce qu'on peut imaginer qu'on est laissé faire pour avoir du renseignement ?
05:00 Non seulement, il n'est pas dans ma responsabilité d'imaginer quoi que ce soit, mais en plus, pour répondre à votre question, le dossier auquel vous faites allusion est un dossier marseillais.
05:11 De manière plus large, est-ce que c'est une pratique courante en milieu carcéral de laisser un détenu avoir un téléphone portable parce que, on imagine qu'il puisse donner de l'argent ?
05:24 On ne peut pas qualifier cette pratique de courante.
05:26 Ces révélations, elles interrogent quand même sur le cas de Mohamed Amra, parce que s'il était sur écoute, qu'il avait des téléphones portables,
05:34 on se demande pourquoi il n'était pas considéré comme un DPS, un détenu particulièrement signalé, et donc ça obligerait à avoir beaucoup plus de surveillance, une surveillance accrue ?
05:42 Encore une fois, comme je vous l'ai dit, les conclusions de la dangerosité avant les faits de Mohamed Amra,
05:51 semblent résulter d'un dossier marseillais, et d'éléments qui figurent à ce dossier.
05:56 Après, qu'est-ce qui s'est passé dans ce dossier ? Moi, je suis dans la capacité de vous répondre aujourd'hui.
06:00 Mais il est exact que la dangerosité du groupe, je dirais du commando, j'ai pas besoin de développer davantage que la réalisation des faits pour qu'elle soit démontrée.
06:13 Parce qu'on l'a vu à travers la violence, la violence de l'attaque qui a beaucoup choqué, on a vu sur des images des hommes cagoulés, armés, tirés sans hésitation sur des agents pénitentiaires,
06:24 cette violence-là, pour une évasion, c'est inédit ?
06:28 Je pense que c'est inédit, effectivement, à l'égard de personnel de l'administration pénitentiaire pour réaliser l'évasion d'un détenu.
06:36 Après, ce type de violence, il a déjà existé, je faisais allusion à une affaire qui avait aussi beaucoup marqué les esprits, vous vous en souvenez sans doute,
06:45 celle de cette policière municipale qui avait été tuée à l'occasion d'un braquage.
06:51 C'était dans le Val-de-Marne à l'époque, et on s'était étonnés aussi de cette violence exacerbée.
06:56 Après, cette violence exacerbée, elle étonne quand elle frappe et quand elle est à l'image de la population et qu'elle est visible.
07:06 Et elle est visible aussi sur certains territoires de notre pays, lorsqu'il y a des règlements de compte et qu'il y a des victimes collatérales.
07:14 Et puis elle est aussi souvent invisible, c'est des règlements de compte entre trafiquants, il y a des dossiers où on a découvert, en matière de crimes inités et organisés, une salle de torture par exemple.
07:24 Donc tout ça est une violence qui peut avoir un niveau inimaginable ou n'imaginer que dans les séries, mais là on est dans la réalité.
07:34 L'évolution de la criminalité, on va en parler avec vous jusqu'à 9h.
07:37 Laure Bécuau, procureure de la République de Paris, on vous retrouve juste après le Fil info, il est 8h41. Mathilde Romagnan.
07:43 L'état d'urgence sera bientôt levé en Nouvelle-Calédonie à 5h demain, heure de Nouméa, soit 20h, heure de Paris ce soir.
07:52 Deux semaines après le début des émeutes, 480 gendarmes mobiles doivent arriver en renfort sur l'archipel.
07:59 L'aéroport lui reste fermé aux vols commerciaux, au moins jusqu'au 2 juin prochain.
08:04 Le projet de loi sur la fin de vie arrive dans l'hémicycle à l'Assemblée Nationale aujourd'hui et pour deux semaines.
08:10 Les débats s'annoncent houleux autour de la question de l'aide à mourir.
08:14 Les critères pour en bénéficier ont été modifiés en commission. Le texte parle désormais d'affection en phase avancée ou terminale.
08:22 Suite du déplacement d'Emmanuel Macron en Allemagne, le chef de l'État doit saluer aujourd'hui la mémoire des victimes de la Shoah à Berlin.
08:30 Il lancera aussi un appel à la jeunesse pour les élections européennes à Dresde, en ex-Allemagne de l'Est.
08:37 Raphaël Nadal attendu aujourd'hui sur les cours à Roland-Garros. L'Espagnol aux 14 titres porte d'auteuil affronte l'Allemand.
08:45 Alexander Zverev numéro 4 mondial, début aux alentours de 16h.
08:50 France Info
08:55 Le 8/30 France Info, Jérôme Chapuis, Salia Braklia.
08:59 Et la procureure de la République de Paris, Laure Bécot, qui est avec nous.
09:02 Vous nous parliez juste avant le Fil Info de salles de torture chez des criminels.
09:07 Cette ultra-violence qui a choqué lors de l'attaque du fourgon dans lequel se trouvait Mohamed Amra, elle existe depuis longtemps.
09:12 Face à ça, est-ce qu'on est suffisamment armé, y compris juridiquement, en France ?
09:17 Alors juridiquement, nous avons un certain nombre d'infractions qui font encourir aux intéressés la réclusion criminelle à perpétuité.
09:24 Donc pour avoir une réponse judiciaire, une fois que les mises en cause sont identifiées, nous sommes armés.
09:28 Après, il y a vraisemblablement des pistes de progrès.
09:32 Le ministre de la Justice en a proposé certaines, faire notamment évoluer le statut du repenti.
09:39 Pour être une piste de progrès notable.
09:42 Pourquoi ?
09:43 Eh bien, en fait, le statut du repenti, vous le savez, c'est quelqu'un qui a commis une infraction
09:47 et qui accepte de collaborer avec la justice pour faire connaître tous ceux qui sont du haut du spectre de la criminalité organisée.
09:55 Et à ce jour, un certain nombre d'infractions, notamment celui qui participe à des règlements de comptes,
10:00 qui peut être un tueur, sont exclus du statut de repenti.
10:04 Donc toute la question va être de savoir si nous faisons entrer ce type d'infraction dans la capacité d'être un repenti ou pas.
10:11 Ce qui n'est pas simple.
10:12 Ce n'est pas simple.
10:13 Moralement.
10:14 C'est un poids moral, effectivement.
10:16 C'est un choix qu'il va appartenir à nos législateurs de faire.
10:21 Mais c'est vrai que face à une criminalité organisée qui se développe, ne devons-nous pas utiliser tous les moyens ?
10:29 Puis encore une fois, l'attribution du statut de repenti est à l'heure actuelle examinée par une commission.
10:35 Et cette commission fera aussi ce choix d'attribution de ce statut ou pas, sous réserve que la législation évolue, évidemment.
10:43 Le jour même de cette évasion, l'Orbecquio, les sénateurs rendaient un rapport sur le narcotrafic.
10:48 Ils parlent de "submersion", d'un "flot qui monte inexorablement", ce sont leurs mots, et qui "s'infiltre partout" dans le trafic de drogue.
10:56 C'est le constat qui est fait dans le rapport. Est-ce que c'est le vôtre aussi ?
10:59 Alors, on a une criminalité organisée qui apparaît sur tous les plans de notre territoire, et notamment sur le narcotrafic.
11:07 Après, c'est un constat sur lequel j'avais moi-même alerté, il y a en novembre 2022, si mes souvenirs sont exacts, dans un grand quotidien.
11:17 J'avais... L'article s'intitulait "La réalité dépasse la fiction".
11:21 Donc, évidemment, le constat des sénateurs, je ne peux que le rejoindre.
11:26 Après, nous avons des moyens de lutte, nous avons... Nous remportons des réussites, mais il faut toujours continuer la lutte.
11:34 Parce que, une des spécificités de la criminalité organisée, c'est qu'elle est évidemment extrêmement adaptable.
11:40 Et donc, nous avons identifié le narcotrafic par des pénétrations sur les ports, par exemple.
11:45 Et bien, la criminalité organisée s'adapte en choisissant des plus petits ports pour introduire la cocaïne.
11:51 Nous identifions des thématiques et des méthodes d'action de la criminalité organisée.
11:57 Et bien, une fois que le dossier est abouti, que les interpellations se réalisent, on s'aperçoit quasiment immédiatement que les routes d'importation se modifient,
12:06 et que les techniques d'introduction du produit, notamment de la cocaïne, puisque c'est un des grands sujets aujourd'hui sur le territoire français,
12:14 même s'il ne faut pas négliger la résine de cannabis, même s'il ne faut pas négliger la multiplication des drogues de synthèse,
12:21 et bien, toute cette introduction de produits, on s'aperçoit qu'il faut être vigilant à tous les niveaux.
12:27 Et face à une criminalité organisée adaptable, nous devons également aussi adapter nos méthodes de travail.
12:33 Donc, face à vous, vous avez des délinquants agiles, qui s'adaptent effectivement soit à la juridiction, soit à vos manières d'enquêter.
12:39 Ce qui fait dire aussi, et en plus ils sont de plus en plus violents, ce qui fait dire à vos homologues mexicains qu'en fait la France est en voie de mexicanisation.
12:48 Ils sont venus en France pour vous le dire.
12:50 C'est vrai, nous les avons rencontrés, les magistrats de la Junalco ont rencontré nos homologues mexicains.
12:54 La juridiction est spécialisée dans la criminalité.
12:56 Alors, pardon, excusez-moi de cet acronyme, juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée.
13:00 Oui, ils les ont rencontrés, parce que là aussi, ça fait partie des méthodes de travail de cette juridiction et du parquet de la Junalco,
13:08 c'est-à-dire de travailler beaucoup par l'international.
13:10 Oui.
13:11 Mais, oui, ils ont fait ce signal d'alerte, si je puis dire.
13:17 Mais ça veut dire quoi, mexicanisation ?
13:19 Alors, mexicanisation, je ne sais pas quel sens il leur donnait, mais s'il leur donnait l'idée que la France devienne un narco-État, nous n'en sommes pas là.
13:30 Parce que la définition d'un narco-État, c'est le fait que toutes les instances décisionnelles sont finalement pénétrées, infiltrées par les trafiquants.
13:41 Y compris les juges parfois, les magistrats.
13:43 Voilà, et que dès lors, les décisions qui peuvent être prises au niveau législatif, judiciaire ou tout autre, sont influencées par les trafiquants.
13:51 Mais quand même, on voit bien...
13:52 Nous sommes moins d'en être là.
13:53 Oui, mais on voit bien que, en plus c'est dans le rapport des sénateurs, ils disent, il y a de la corruption...
13:57 Bien sûr.
13:58 Chez des élus, dans les forces de l'ordre, chez les magistrats, ça commence. Vous le sentez, vous aussi, vous le voyez dans plusieurs cas.
14:06 Mais là aussi, ça faisait un peu partie de cette sonnette d'alarme que je tirais il y a quelques mois maintenant.
14:16 Alors, je ne sais pas si la corruption augmente, ou si nous la cherchons mieux, si nous l'identifions mieux,
14:22 si les administrations elles-mêmes ont pris de nouveaux dispositifs pour l'empêcher.
14:28 Mais il est certain que face à cette intelligence de la criminalité organisée, il ne faut pas se leurrer,
14:32 quels sont leurs objectifs ?
14:34 Soit de corrompre ceux qui sont susceptibles de les entraver, je pense à la police, aux surveillants pénitentiaires, aux douaniers, aux dockers.
14:44 Soit de corrompre ceux qui sont susceptibles de les aider.
14:48 Ça peut faire partie de ces mêmes professions, mais ça peut être aussi les élus,
14:54 parce que tout simplement, on va utiliser, je ne sais pas moi, un local municipal pour entreposer les stupéfiants.
14:59 Mais vous le disiez tout à l'heure, quand ils passent par un grand port, par exemple au Havre, pour ne pas le citer,
15:06 et que ce port est ciblé, ils passent ensuite par des plus petits ports, ça vaut pour les petites villes.
15:10 Et puisque vous parlez des élus, aujourd'hui il y a le procès d'une maire en Seine-Maritime,
15:14 qui est poursuivie pour complicité de trafic de drogue.
15:16 Vous parliez, vous sembliez évoquer le cas de la maire d'Avalon,
15:20 on a retrouvé chez elle, alors qu'un de ses proches est impliqué lui-même dans un trafic, une quantité importante de drogue,
15:29 le trafic infuse dans des villes moyennes, y compris chez des élus de ces villes moyennes.
15:35 Alors, je ne faisais pas allusion au dossier d'Avalon, pour tout vous dire, par mes propos,
15:39 je faisais allusion à un dossier que j'ai connu quand j'étais procureure au tribunal judiciaire de Créteil,
15:44 donc ça fait déjà quelques années.
15:46 Mais oui, bien sûr, je dirais que la consommation de drogue a infusé sur l'ensemble de notre territoire,
15:53 donc bien sûr, à partir du moment où il y a un client, il faut qu'il y ait un vendeur,
15:57 et les vendeurs ainsi se propagent sur l'ensemble du territoire, y compris dans les villes moyennes.
16:02 En corrompant éventuellement les élus.
16:04 Oui, enfin, je pense qu'il y a un certain nombre de dossiers qui ont été ouverts,
16:08 encore une fois, sur la June Alco et au parquet de Paris, je ne peux pas faire de comparaison
16:13 et vous indiquer d'éléments précis qui confirmeraient votre question,
16:17 mais l'actualité médiatique et judiciaire récente vous démontre que les élus ne doivent pas se considérer
16:24 hors champ des cibles possibles des narcotrafiquants,
16:27 mais je dirais que personne ne doit se considérer comme hors champ,
16:30 et quand je dis que cette réflexion, je me l'applique à moi-même, je me l'applique à mon institution.
16:35 Vous-même, on a déjà tenté de corrompre ?
16:39 Non, non, non, je n'ai pas eu cette chance, ou pour les intéressés, cette malchance,
16:44 parce que je pense que les services les plus spécialisés en auraient été immédiatement saisis.
16:48 On va vous retrouver dans une minute, Laure Bécaud, procureure de la République de Paris.
16:53 Le temps de laisser passer le Fil info, il est 8h50. Mathilde Romagnon.
16:57 Les députés étudient à partir d'aujourd'hui le projet de loi sur la fin de vie.
17:02 En commission spéciale, les critères pour bénéficier d'une aide à mourir ont déjà été modifiés.
17:07 Il n'est plus question de pronostics vitales engagées à court ou moyen terme,
17:11 mais d'affection en phase avancée ou terminale.
17:14 Les débats vont durer deux semaines à l'Assemblée nationale.
17:17 Le Hamas accuse ce matin Israël d'avoir bombardé délibérément un centre pour personnes déplacées près de Rafah.
17:24 C'est dans le sud de la bande de Gaza. Au moins 35 personnes ont été tuées, selon le Hamas.
17:29 L'armée israélienne invoque la présence de terroristes dans ce campement.
17:33 En Nouvelle-Calédonie, l'état d'urgence sera bien levé. Ce soir à 20h, heure de Paris, il sera 5h à Nouméa.
17:40 480 gendarmes mobiles vont arriver en renfort sur l'archipel, deux semaines après le début des émeutes.
17:47 Certains quartiers de Nouméa sont toujours bloqués. L'aéroport, lui, reste fermé jusqu'au 2 juin, au moins.
17:53 Coup d'envoi officiel de la campagne pour les élections européennes,
17:57 aujourd'hui avec la diffusion des clips de campagne pour les 38 listes qui se présentent.
18:03 Le scrutin a lieu le 9 juin prochain.
18:06 Et l'orbe et clo procureur de la République de Paris vous demandez que la loi soit modifiée
18:19 pour limiter ce qu'on appelle les évasions judiciaires de détenus en attente d'un procès dans les affaires de criminalité organisée.
18:24 Évasions judiciaires, d'abord, ça veut dire quoi et est-ce que ça arrive souvent ?
18:27 Non, ça n'arrive pas souvent, mais quand ça arrive, nous le déploreux, nous en sommes évidemment fort insatisfaits.
18:34 Alors ce qu'on appelle les évasions judiciaires, c'est le fait de profiter, vous direz, de la faiblesse d'un texte
18:40 pour obtenir l'évasion de quelqu'un de détenu, par exemple, il dépose une demande de mise en liberté.
18:47 Nous ne traitons pas la demande de mise en liberté dans le délai dans lequel nous devons la traiter
18:51 parce que cette demande de mise en liberté a été déposée à un mauvais service.
18:55 C'est quoi cette défaillance technique, en fait ?
18:58 C'est une défaillance technique au niveau de la loi, une réponse de défaillance de notre institution
19:03 parce que nous n'avons pas répondu dans des délais.
19:06 Mais les avocats, et notamment le ministre lui-même, qui a lui-même été un grand pénaliste,
19:10 quand il vous entend, il vous dirait que les droits de la défense, ça existe.
19:12 Bien sûr, mais je n'empêche personne de faire des demandes de mise en liberté.
19:15 Ce que je souhaiterais, c'est que le formalisme en soit accru.
19:19 Par exemple, aujourd'hui, si une demande de mise en liberté au sein du Palais de Justice de Paris
19:24 est déposée sur le fax du service civil, elle est quand même demandée au tribunal judiciaire de Paris.
19:30 - Ah, à l'administration. - Et elle doit, voilà.
19:32 Et donc doit être traitée dans ce même délai.
19:34 Moi, je souhaiterais tout simplement que ces demandes de mise en liberté soient encadrées
19:38 par un formalisme important et ne soient considérées comme ce que l'on appelle recevable,
19:42 c'est-à-dire ce qui déclenche le point de départ du délai,
19:44 que si c'est associé à un formalisme accru.
19:46 - Parce que vous pensez qu'il y a des avocats qui profitent de cette petite défaillance technique
19:49 pour gagner du temps et donc permettre à leurs clients de sortir ?
19:52 - Des avocats ou des mises en cause, ou des personnes mises en examen.
19:55 - Mais ça vous est arrivé, vous, récemment, de voir un criminel échapper à la justice
19:59 pour ces raisons-là, pour des vices de forme, par exemple ?
20:01 - Absolument. Malheureusement. - Tout récemment encore ?
20:04 - Oui, oui, tout récemment encore.
20:06 Et en dépit de recours que nous avons faits auprès de la Cour d'appel,
20:10 disant que cette absence de formalisme nous semblait intentionnelle,
20:16 d'où le terme "évasion judiciaire",
20:19 la Cour d'appel, évidemment, n'a pu que constater
20:22 que les formes telles qu'elles sont fixées aujourd'hui par le Code de procédure pénale
20:25 n'avaient pas été respectées, en tout cas au-delà des formes,
20:28 du délai qui n'avait pas été respecté.
20:30 - Le droit, rien que le droit.
20:32 L'Orb.E.Q.O. l'enquête sur les mains rouges peintes sur le mur des Justes à Paris
20:36 s'oriente vers la piste de l'ingérence,
20:39 une manipulation pilotée par une puissance étrangère.
20:41 Est-ce que vous le confirmez ?
20:43 - Je ne peux pas vous confirmer cela,
20:45 puisque par définition j'ai ouvert une information judiciaire vendredi,
20:50 que les investigations se poursuivent,
20:53 que nous avons des pistes sur les auteurs,
20:55 mais de là à passer le câble d'une conclusion d'ingérence,
20:59 il ne m'appartient pas de le faire en l'état actuel,
21:03 et nous verrons bien si la poursuite des investigations,
21:06 là aussi confiée à des magistrats instructeurs,
21:08 confirmera un certain nombre d'hypothèses qui ont été émises médiatiquement,
21:13 mais en l'état, ce que je peux vous dire, c'est que...
21:15 - Ah c'est vrai, on pourrait le dire tout de suite.
21:17 - Non, enfin en tout cas, je ne souhaite pas le dire tout de suite,
21:20 et je ne me sens pas en capacité, en l'état du dossier tel que je le connais,
21:24 d'adopter ce terme.
21:26 - Sur les questions de l'antisémitisme,
21:28 Gabriel Attal vous a aussi saisi au titre de l'article 40,
21:31 pardon, pour une mobilisation pro-palestinienne à Sciences Po,
21:35 le 12 mars dernier, qui a beaucoup fait parler
21:37 des propos antisémites qui auraient été tenus,
21:40 et une étudiante de l'Union des étudiants juifs de France
21:42 aurait été empêchée d'accéder à l'amphithéâtre,
21:45 mais d'autres témoignages disent le contraire aussi.
21:48 Là-dessus aussi, vous enquêtez, est-ce qu'il y a eu acte antisémite ou pas ?
21:52 - Les investigations se poursuivent, et comme vous l'avez dit,
21:56 il va y avoir un certain nombre de témoignages,
21:59 puisque, en l'état actuel du dossier,
22:01 évidemment nous avons reçu les plaintes,
22:03 et nous avons acté de cette saisine et l'enquête démarre,
22:08 mais tous les gens qui ont été présents,
22:11 donc qui sont susceptibles d'être témoins,
22:13 voire susceptibles d'être mis en cause si infraction il y a,
22:16 seront entendus, et dès que les investigations sont achevées,
22:20 mais nous essayons, comme c'est notre obligation
22:22 de les faire à charge et à décharge, et de les rendre complètes,
22:25 eh bien, nous ne manquerons pas de vous faire connaître la décision.
22:28 - Mais combien de temps cela prendra-t-il ?
22:30 - Alors, nous avons, vous le savez, depuis le 7 octobre, malheureusement,
22:35 nous avons été saisis de très très nombreux actes antisémites,
22:39 et dès lors, le service spécialisé parisien qui est saisi
22:42 de tous ces types d'investigations,
22:44 eh bien, est très en charge,
22:47 et je ne peux dès lors vous donner de délai pour ces investigations.
22:51 - L'Orbeco, nous sommes le 27 mai,
22:53 le 26 juillet c'est l'ouverture des Jeux Olympiques
22:55 avec la cérémonie d'ouverture,
22:57 est-ce que vous vous attendez à Paris
22:59 à une évolution, voire une explosion des faits de délinquance ?
23:03 - Alors, nous attendons évidemment plus une augmentation
23:06 sur la volumétrie des faits,
23:08 qu'une véritable modification, évolution des faits de délinquance
23:12 que nous constaterons sur la plaque parisienne.
23:14 Il y aura plus de touristes,
23:16 donc ce que l'on a cherché à anticiper,
23:18 même si je n'ai pas de boule de cristal,
23:20 c'est une augmentation de la volumétrie de ces infractions.
23:23 - On parle de quelles infractions, par exemple ?
23:25 - Eh bien, ça va être ce que nous on appelle les vols à la tire,
23:27 c'est-à-dire... - Les pickpockets.
23:29 - Voilà, les pickpockets pour faire plus simple.
23:31 On peut aussi s'attendre à une évolution des infractions
23:35 qui seront liées lorsque l'on a un peu trop bu
23:39 et qu'on sort des bisboissons qui seront ouvertes plus tard.
23:42 Donc, des faits de violence, peut-être des faits d'agression sexuelle,
23:45 ça fait partie des choses qu'on a anticipées,
23:47 je dirais comme étant un peu un classique de la délinquance.
23:51 Mais nous avons aussi des infractions spécifiques.
23:53 Ce qu'on sait, en revanche, avec une forte certitude,
23:56 c'est que les attaques cyber seront multipliées,
24:00 on le sait parce que les précédents Jeux Olympiques
24:02 ont été victimes de ces attaques cyber.
24:04 Et que le parquet de Paris sera particulièrement impacté
24:07 par le suivi de ces enquêtes,
24:09 puisque, vous le savez, le parquet de Paris a une compétence nationale
24:13 en matière de lutte contre la cybercriminalité.
24:15 - Et donc, en face, vous mettez beaucoup de magistrats ?
24:17 - Oui, alors, ce qu'on a organisé, tout simplement,
24:19 c'est, à la suite d'échanges avec la préfecture de police,
24:22 c'est de mobiliser des magistrats en nombre très supérieur
24:27 que ceux qui sont actuellement... - Pas de vacances cet été ?
24:29 - Voilà, peu de vacances cet été. - Et des renforts d'autres juridiques ?
24:32 - Et des renforts qui vont arriver, notamment, par exemple,
24:34 des magistrats du Parc Général de la Cour de Paris
24:36 viendront au soutien des magistrats du parquet de Paris.
24:40 Un seul exemple, une audience de comparution immédiate,
24:43 généralement en juillet certains jours,
24:46 là, tous les jours, il y aura trois audiences de comparution immédiate,
24:49 deux audiences de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité,
24:54 des délégués du procureur qui seront multipliés, bref,
24:57 une institution qui essaye d'être au rendez-vous de cet événement
25:01 qui devra rester festif.
25:03 - Merci beaucoup, Laure Bécuot, procureure de la République de Paris,
25:06 d'avoir été avec nous ce matin sur France Info.
25:08 Je vais vous laisser en compagnie de Salia Braklia,
25:10 le programme des informés. Dans cinq minutes, Salia.
25:12 - La fin de vie, ça commence aujourd'hui dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale.
25:16 Le texte initial du gouvernement a été retouché en commission spéciale par les députés.
25:21 Faut-il s'inquiéter de possibles dérives ?
25:24 Comment les soignants se positionnent-ils par rapport à ce texte ?
25:27 On en parle dans un instant avec Renaud Delis et ses informés.
25:29 A tout de suite sur France Info.