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00:00:00responsabilité de chacun en la matière, et à proposer des solutions.
00:00:04Nous voulions vous recevoir afin de vous entendre à la fois s'agissant de votre expérience
00:00:10de directeur de casting, puisque c'est votre métier, mais aussi sur la démarche qui vous
00:00:16a conduit à lancer le mouvement MeToo Acteurs.
00:00:19Nous aimerions également connaître les pistes de réflexion que vous pourriez nous apporter
00:00:23pour aider à mieux protéger les acteurs au sens large, puisque j'entends inclure l'ensemble
00:00:28des personnes travaillant sur les plateaux de tournage.
00:00:32Dans un second temps, Mme la rapporteure posera un certain nombre de questions plus précises.
00:00:38J'en aurai sans doute aussi, et ma collègue Mme Martin peut-être également.
00:00:44Je vous rappelle, et c'est important de le rappeler, que cette audition est ouverte à la presse
00:00:48et qu'elle est retransmise en direct sur le site de l'Assemblée nationale.
00:00:53Avant de vous laisser la parole et d'entamer nos échanges pendant environ une heure,
00:00:58on pourra déborder un petit peu, je vous rappelle que l'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958
00:01:04relative au fonctionnement des assemblées parlementaires impose aux personnes entendues
00:01:08par une commission d'enquête de prêter serment, de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.
00:01:14Je vais vous inviter à appuyer sur le micro, à lever la main droite et à dire « je le jure ».
00:01:20Alors attendez, voilà, ça devrait marcher. Réappuyez. Il y a quelqu'un qui a son micro ouvert.
00:01:26Mme Salle, voilà. Alors voilà, on recommence, vous pouvez y aller.
00:01:32Je le jure.
00:01:33Merci. Alors je vous donne la parole une dizaine de minutes environ, et puis ensuite nous passerons aux questions. Merci.
00:01:42Bonjour Monsieur le Président.
00:01:44Alors, réappuyez sur votre micro. Voilà, merci. C'est mieux.
00:01:47Je reprends. Politesse. Bonjour Monsieur le Président, bonjour Madame la rapporteure, bonjour Madame, mesdames et messieurs les députés.
00:01:53Je me présente, je m'appelle Stéphane Gaillard, j'ai 52 ans, je suis directeur de casting pour le cinéma et la télévision depuis 28 ans.
00:02:01J'ai commencé à travailler dans ce milieu très jeune dès 19 ans, en étant d'ailleurs d'abord assistant de Michel Serrault au sein de sa petite société de production qui s'appelait MS Production.
00:02:11Et ensuite j'ai toujours eu une passion pour les acteurs et les actrices, j'ai eu un désir d'être directeur de casting, donc j'étais assistant plusieurs années de deux directrices de casting qui malheureusement ne sont plus là aujourd'hui, ne sont plus en vie, qui étaient très importantes à l'époque.
00:02:25La première était Françoise Combadière, et la deuxième a été évoquée déjà, elle s'appelait Margot Capelier.
00:02:31C'est une femme extrêmement importante qui a apporté ce métier en France, il existait.
00:02:35Et je vais vous dire juste une chose, c'est un point de culture qui est important parce que l'invisibilité des femmes a lieu pour cette femme que j'ai connue, mais malheureusement il n'y a même pas appris qu'elle existe.
00:02:44Et elle était à l'époque où, avant Margot Capelier, il n'y avait pas de directrice de casting ni directeur de casting, c'était les premiers assistants réalisateurs qui faisaient la distribution, donc des hommes.
00:02:54Les chefs de poste, les femmes n'en avaient pas accès. Margot en s'emparant de ce métier finalement a ouvert la possibilité à des femmes d'avoir un métier de pouvoir, directrice de casting, un chef de poste, qui fait qu'aujourd'hui les femmes incarnent ce métier à 80% et nous les hommes nous sommes minoritaires à 20%.
00:03:10Donc elles m'ont tout appris, etc. Au cours de ma carrière j'ai été membre de l'Académie des arts et techniques du cinéma, membre du comité révélation, et en 2001 je suis un des membres fondateurs de l'ARDA, nous étions 9 directrices et directeurs de casting, nous nous sommes réunis.
00:03:30En 2001 l'association est née, aujourd'hui je ne suis plus membre de cette association, peut-être qu'on pourra en parler après.
00:03:40Je dois vous dire, en préambule, qu'évidemment on va parler de Me Too Garçon et des témoignages que j'ai reçus, mais pour que ça soit bien clair je dois vous dire, à partir du moment où j'ai créé cette adresse mail, et à partir du moment où j'ai reçu des témoignages, c'est-à-dire je ne suis pas dans les paroles, je ne suis pas dans la posture, je me cogne au réel.
00:04:05Je reçois des témoignages, je reçois des noms. À partir du moment où ça s'est su, où je l'ai rendu public, immédiatement mon téléphone a cessé de sonner. Vous m'avez demandé de dire toute la vérité, rien que la vérité, je vous ai menti Monsieur le Président, je ne suis plus directeur de casting depuis le 22 février.
00:04:25On ne considérera pas ça Monsieur comme un parjeu.
00:04:28Je vous remercie, je vous remercie. Je ne suis plus directeur de casting, ma carrière est finie, je suis fini, donc finalement ma parole est totalement libre, je n'ai plus rien à perdre, et c'est pour ça que j'ai demandé d'être auditionné aujourd'hui.
00:04:42Et on vous remercie sincèrement pour ça.
00:04:46Je vous en prie. Et je voulais juste un dernier point important pour moi, par rapport aussi aux victimes, aux acteurs, aux actrices. J'ai révélé un secret me concernant, qui n'a pas lieu dans le cinéma, mais qui est aussi important que je voudrais déposer ici.
00:05:02Je fais partie des 160 000 enfants, j'ai révélé il y a très peu de temps, c'est un secret que j'ai porté pendant 43 ans, que j'ai été violé lorsque j'avais 9 ans par un membre de ma famille.
00:05:13Mais je ne m'étendrai pas dessus parce que ce n'est pas le sujet de votre commission.
00:05:16Merci, et merci pour ce témoignage et ce courage.
00:05:22Madame la rapporteure.
00:05:32Merci Monsieur le Président et merci Monsieur Gaillard pour la sincérité de vos propos.
00:05:43Je pense pouvoir parler aussi au nom du Président et de notre collègue qui est présente aujourd'hui.
00:05:52Nous sommes extrêmement touchés par ce que vous venez de dire.
00:05:59Nous sommes aussi très impliqués tous, moi aussi également en tant que membre de la délégation aux droits des enfants.
00:06:11C'est un sujet qui me touche particulièrement parce que je suis particulièrement active sur ces questions d'agression sexuelle et d'inceste sur mineurs.
00:06:23Mais comme vous l'avez dit, ce n'est pas le sujet de notre commission d'enquête.
00:06:29Je voulais revenir sur votre parcours en premier lieu.
00:06:39Vous nous avez dit que vous êtes un des membres fondateurs de l'ARDA que nous avons d'ailleurs reçu.
00:06:47Il nous a expliqué qu'il se considérait comme une sorte de congrégation qui, en sens un, regroupe des directeurs de casting.
00:07:03Il nous a dit qu'il y avait aussi des directeurs de casting qui étaient en dehors de cette congrégation.
00:07:13Et certains sont en dehors de cette congrégation à bon escient parce qu'ils ont des pratiques dysfonctionnelles.
00:07:29Et donc, l'ARDA ne souhaitons pas les faire rentrer à l'intérieur de son cercle.
00:07:38Vous étiez l'un des membres fondateurs et aujourd'hui vous n'êtes plus membre de l'ARDA.
00:07:44J'imagine qu'il y a des raisons derrière ça que vous avez peut-être envie de partager à cette commission d'enquête.
00:07:54Effectivement, je suis l'un des membres fondateurs et à ce titre j'ai été élu vice-président de l'ARDA à sa création.
00:08:05Je crois de mémoire que j'ai été vice-président durant cette année.
00:08:10Il y a eu un renouvellement de bureau tout à fait normal, même très simple.
00:08:16Je suis pour que les bureaux et les présidents changent régulièrement.
00:08:23Ça empêche les abus de pouvoir et une forme d'autocratie.
00:08:27Donc, à ce moment-là, je n'ai absolument pas voulu me représenter au bureau, la place aux autres.
00:08:31Il se trouve que je me suis retiré pour deux raisons.
00:08:34La première, j'avais un désir d'indépendance, un soif de liberté, de parole de liberté que je ne retrouvais pas à l'intérieur de cette association.
00:08:42Et que les directions ou les engagements de cette association ne me correspondaient pas, tout simplement.
00:08:51Et une deuxième chose aussi importante, peut-être la plus importante, il y avait à l'époque à l'intérieur de l'ARDA un membre, un directeur de casting,
00:09:00dont j'aimerais développer plus tard ce que j'ai appris plus tard, le nombre d'agressions sexuelles, qui s'est présenté.
00:09:08Je ne sais plus, il faudrait vérifier, mais dire.
00:09:10Mais il me semble qu'il s'est présenté pour être membre du bureau et je me demande s'il n'a pas été membre du bureau pendant un temps.
00:09:16Nous sommes en 2007-2008, je n'ai pas connaissance d'agressions sexuelles sur des actrices et des acteurs, puisqu'il y a la particularité d'agresser les deux genres.
00:09:26A ce moment-là, je vois un homme qui est en pleine puissance de toute sa puissance de son pouvoir, puisque c'est un directeur de casting dit important,
00:09:36puisqu'il y a des hiérarchies assez snob dans le cinéma, où on fait de la télévision, on est moins important que quelqu'un qui ferait du cinéma.
00:09:43Le monsieur en question fait des films très importants, et je suis inquiet sur toute forme de puissance.
00:09:51Et donc je suis assez inquiet de me dire que je suis dans une association où cet homme, en tout cas, où je n'ai rien à lui reprocher de manière illégale,
00:10:01je ne me reconnais pas, donc je me retire. Voilà les deux raisons principales à cette époque.
00:10:07Merci. Vous avez donc, vous l'avez dit, créé cette adresse mail de collecte des témoignages.
00:10:21Vous l'avez dit dans la presse que vous avez été, vous vous êtes senti dépassé.
00:10:29Dépassé sans doute, vous allez nous le dire, par le nombre de témoignages, dépassé peut-être aussi par la violence d'un certain nombre de témoignages,
00:10:42et on aimerait que vous puissiez nous parler de ces témoignages. On est aussi preneurs, puisque ce sont des mails que vous avez reçus,
00:10:52nous pouvons les recevoir, nous pouvons les recevoir de façon anonyme, évidemment, pour protéger les victimes.
00:10:59Mais je vous laisse nous décrire et nous expliquer comment vous vous êtes senti dépassé.
00:11:08Et au-delà des conséquences professionnelles, est-ce que ça a eu aussi des conséquences psychologiques pour vous?
00:11:15Alors pour revenir à la genèse, juste pour préciser, Monsieur le Président, je n'ai pas, alors vous avez cité Me Too Acteur, il faut rendre à César ce qui appartient à César.
00:11:24En fait, c'est Aurélien Witt, le comédien Aurélien Witt, qui a fait ce hashtag MeTooGarçon, ce n'est pas moi.
00:11:29Ce qui s'est passé, c'est qu'un peu avant le 22 février, sur mon compte Instagram, je reçois des messages d'acteurs.
00:11:38Un premier me disant, Stéphane, est-ce que j'aimerais te parler? Un acteur que je connais, qui est un agent, etc.
00:11:45J'ai bien vu qu'il y avait quelque chose d'important, ce n'était pas quelque chose de l'intime. Je lui ai dit, écoute, oui, voilà mon numéro de téléphone, tu peux m'appeler.
00:11:52C'est le premier témoignage que j'ai reçu. Il m'a raconté l'agression sexuelle dont il était victime par un agent.
00:12:01Puis, en fait, je pense qu'il y a eu un bouche à oreille qui s'est fait très vite. Les acteurs et les artistes se parlent en disant, il y a un endroit, il y a quelqu'un, il y a Stéphane à qui tu peux parler.
00:12:10Et un deuxième témoignage est arrivé, un troisième, un quatrième, jusqu'à huit témoignages.
00:12:14À ce moment-là, je me suis dit, oh là là, huit témoignages, c'est beaucoup en très peu de temps.
00:12:19Je me dis, il faut absolument que ces témoignages, je les centralise quelque part.
00:12:24Je crée à ce moment-là l'adresse MeTooActeur à Gmail.com. Nous sommes le 22 février.
00:12:31Le 23 février, M. Aurélien Vic, que je connais en tant qu'acteur, mais que je n'ai pas vu depuis longtemps et nous ne sommes pas concernés, fait ses révélations sur son compte Instagram.
00:12:41Je n'étais pas au courant de ces, voilà, donc je suis choqué, bouleversé, attristé. Je lui mets immédiatement un mot, nous échangeons.
00:12:50Il regarde mon Instagram, il me dit, oh mais c'est incroyable, tu as fait cette adresse.
00:12:54Et je lui dis, bah, je ne savais pas pour toi et toi, tu ne savais pas.
00:12:58Et en fait, Aurélien, je dois dire Aurélien Vic, a lancé ce mouvement grâce à lui.
00:13:03Et en fait, en parlant, c'est vrai qu'il a encouragé les acteurs à parler.
00:13:09Voilà dans la situation dans laquelle je me suis retrouvé.
00:13:12Et aussi, il faut dire qu'Aurélien Vic n'a pas voulu parler, s'exprimer à la presse parce qu'il a ses raisons qui sont propres, qui lui sont personnelles.
00:13:21Donc c'est vrai que la presse s'est retournée vers moi.
00:13:23Et à ce moment-là, je me suis questionné parce que je me suis dit, si je ne rends pas public une chose que tout le monde sait, mais personne ne veut savoir, ça va être de nouveau intérêt.
00:13:34Donc ce n'était pas une partie de plaisir pour moi d'aller parler à la presse et notamment en émission Célèbre D'eau, c'était même très difficile.
00:13:41Je l'ai fait, je savais pertinemment la mise en danger dans laquelle je me mettais, qui était immédiatement la sanction, l'emmerdage.
00:13:51J'avais prisé la loi du silence qui a toujours cours aujourd'hui en 2024.
00:13:56Là on est en 2023, c'est cette année ou pas ? C'est février là ?
00:14:04Oui, c'est présent, oui.
00:14:05Donc c'était juste avant les Césars.
00:14:10Absolument.
00:14:11Je vous ai coupé, est-ce que vous avez des témoignages féminins, masculins ou essentiellement masculins ?
00:14:19Alors principalement, je dirais 98%, ce sont des acteurs puisque tout d'un coup j'ai reçu des témoignages d'acteurs.
00:14:26Pour autant, je tiens à préciser qu'il y a des actrices qui me contactent et qui me demandent est-ce que moi aussi j'ai besoin de témoigner ?
00:14:33Bien évidemment, je ne ferme pas la porte.
00:14:35Je dis mais oui, j'ai mis tous les acteurs, mais moi ce sont les artistes, garçons ou filles, viens témoigner.
00:14:39Donc oui, j'en ai aussi.
00:14:43Ce qui nous frappe, c'est cette intensité, cette rapidité de votre mise à l'écart.
00:14:57Il y a quelque chose de l'ordre, c'est d'une violence incroyable.
00:15:03Et quand, avec madame la rapporteure, nous parlons d'Omerta et nous parlons de loi du silence et qu'on nous dit que non,
00:15:14j'avoue que votre témoignage m'interroge encore de nouveau.
00:15:20Je laisse madame la rapporteur vous poser un certain nombre de questions pour continuer.
00:15:28Juste, est-ce que vous pouvez, il me semble que vous avez reçu au moins presque 300 témoignages, c'est ça ?
00:15:36Qu'est-ce que vous disent ces témoignages ? Est-ce qu'ils font état du même type de violence ?
00:15:44Est-ce que ces violences se concentrent à un endroit précis, à un moment précis ?
00:15:49Est-ce que vous pouvez nous en dire plus ?
00:15:52Et pour compléter la question, est-ce que ce sont des témoignages de violences ayant eu lieu quand les personnes étaient majeures ou quand les personnes étaient mineures ?
00:16:05Alors, je vais vous répondre.
00:16:06J'ai évidemment l'intérêt de recevoir autant de témoignages et d'en faire une analyse distanciée.
00:16:13De comprendre les mécanismes.
00:16:20Pour être très clair, je me suis rendu compte que lorsqu'un acteur se faisait agresser sexuellement...
00:16:27Enfin, on parle ici de harcèlement sexuel et de chance d'aserole, d'agression sexuelle et de viol.
00:16:34Quand il y a viol, c'est sous emprise chimique systématiquement avec du GHB.
00:16:39Les acteurs qui viennent me témoigner, la moyenne d'âge des agressions des acteurs qui se font agresser dans le cinéma est entre 18 et 30 ans pour les majeurs quand ils se font agresser.
00:16:52Quand ils sont mineurs, puisque j'ai eu des témoignages d'acteurs qui ne sont plus mineurs aujourd'hui mais qui se sont fait agresser sexuellement, voire violer dans le cinéma, la moyenne d'âge est entre 15 ans et 17 ans.
00:17:08Il y a une petite différence entre les agressions et les viols chez les mineurs et chez les majeurs.
00:17:13Chez les mineurs, lorsqu'il y a une agression sexuelle ou un viol, cela se passe toujours sur un tournage, lors d'un tournage.
00:17:22En ce qui concerne les acteurs majeurs, entre 18 et 30 ans, cela ne se passe jamais sur un tournage.
00:17:29Je vous ai écouté depuis le début avec grand intérêt, j'ai écouté l'ensemble des auditions.
00:17:36On a parlé de lieux bien précis, du moment du casting, du moment du tournage, etc.
00:17:41Mais un acteur et une actrice, cela vit toute l'année.
00:17:43Cela ne travaille pas forcément tous les jours.
00:17:45Cela fait ce qu'on appelle son réseau.
00:17:47Cela rencontre, cela va dans un festival.
00:17:50Cela rencontre quelqu'un qui dit, mais tu sais, je connais quelqu'un qui connaît quelqu'un qui pourrait te faire rencontrer quelqu'un.
00:17:55Et là, cela se passe là, dans ce territoire de no man's land, où on te dit, tiens, tu peux rencontrer cet agent.
00:18:01Et puis, on rencontre cet agent.
00:18:03Et puis, on se fait, qui vous vend du rêve, qui a des acteurs un peu connus.
00:18:09Et puis, il y a une agression sexuelle qui se passe, etc.
00:18:11Donc, pour les acteurs majeurs entre 18 et 30 ans, c'est toute cette zone.
00:18:16Cela peut être lors d'un festival de films plus ou moins important, festival de Cannes, festival de Cabourg,
00:18:21festival du film international de Saint-Jean-de-Luz, etc.
00:18:25Ce sont des rencontres, en fait.
00:18:27Ce sont des gens qui font partie de ce métier, qui rencontrent ces jeunes acteurs, qui sont en membres, qui sont en désir,
00:18:33et qui sont toujours dans une situation de pouvoir et qui, évidemment, en abusent.
00:18:40On sait que les violences sexistes et sexuelles, on constate généralement qu'il y a beaucoup plus de femmes qui subissent ces violences sexistes et sexuelles.
00:18:56A notre connaissance, il n'y a pas eu de personnes à collecter les témoignages comme vous l'avez fait.
00:19:06Alors, j'ai peut-être quelques éléments de réponse parce que j'ai l'impression que les femmes comédiennes sont encore plus en précarité que les hommes.
00:19:18Et peut-être que c'est pour ça que c'est encore plus dur de faire ces témoignages.
00:19:21Mais est-ce que vous avez d'autres explications ?
00:19:24Et est-ce qu'à votre connaissance, il y a des personnes qui auraient commencé à collecter de cette façon, via une adresse mail, des témoignages féminins ?
00:19:37Je le dis parce qu'on voit bien le nombre de témoignages que vous recevez, c'est massif.
00:19:48Et on sait que chez les femmes, c'est encore plus massif que chez les hommes, à priori, de ce qu'on en sait, de ce qui est documenté.
00:19:56Donc, ça nous met, j'avoue que j'en ai un peu des hall-cœurs, ça nous met dans des projections terribles en termes de statistiques,
00:20:10et en termes de réalité de ce que peut-être ces abus dans ce monde sur les comédiens et les comédiennes.
00:20:19Oui, je dois dire, la question est intéressante. J'ai lu, sûrement vous connaissez la sociologue Lucy Wiki, qui a fait des statistiques sur les garçons,
00:20:31et je me suis rendu compte, je me dis, j'aimerais bien qu'il y ait une Lucy Wiki qui vienne faire une étude sociologique pour se rendre compte de l'hécatombe que j'ai découvert concernant les jeunes acteurs, en fait.
00:20:43Je n'ai pas été surpris qu'il y en ait, mais j'ai été surpris par le nombre, et aujourd'hui, ça continue, c'est-à-dire que c'est exponentiel, tous les jours, tous les jours, tous les jours, tous les jours.
00:20:53Il faut savoir aussi une chose, que là, nous avons affaire à des prédateurs, c'est-à-dire une agression isolée, ça n'existe pas.
00:21:00Tous les récits se recoupent, c'est une multiplication à l'infini d'agressions sexuelles ou de viols.
00:21:07Par tout un corps de métier, il y a des acteurs connus, il y a des directeurs de casting, il y a des réalisateurs, il y a des producteurs, il y a des agents, il y a des attachés de presse, il y a des photographes, il y a des auteurs de théâtre, il y a des metteurs en scène de théâtre.
00:21:24Tous les récits que je reçois, ils sont extrêmement détaillés, extrêmement circonstanciés, pardon, ils sont très longs.
00:21:33On me cite des phrases que la victime a dit, on me cite des phrases que l'agresseur présumé a dit, on me donne des lieux, des endroits, ça fait 28 ans que je fais ce métier, on me donne des appartements, il y a des fêtes, je reconnais l'appartement.
00:21:46Je vais vous dire aujourd'hui, j'en suis arrivé lorsque je reçois un témoignage, je n'ai même pas lu la fin que je sais déjà de qui il s'agit.
00:21:52Parce que je connais chaque prédateur et un système de prédation extrêmement bien rodé.
00:22:02Madame la rapporteure.
00:22:05C'est assez effrayant ce que vous nous décrivez et j'imagine qu'en plus tous les témoignages que vous recevez sont des témoignages qui ne visent pas forcément des personnes dont les agissements ont déjà été reportés par la presse ou fait l'objet de dépôts de plaintes.
00:22:32Ce qui veut dire que ce sont des agresseurs qui sont en totale liberté à l'heure actuelle et qui continuent d'agir et qui continuent à mettre en danger et à bousiller des vies.
00:22:46Et j'imagine aussi combien c'est difficile pour vous d'être devenu une sorte de réceptacle de tous ces témoignages et de combien cela peut aussi vous affecter.
00:22:59Parce que ça ne doit pas être facile.
00:23:02Nous aussi, à force de lire des témoignages, d'écouter des prises de parole, on se rend compte de la charge aussi qui peut peser sur cette commission d'enquête et de la difficulté des victimes à aller déposer plainte.
00:23:23J'imagine que c'est ce que vous faites aussi, de les inviter au dépôt de plainte.
00:23:27Mais la question qui se pose, parce qu'on entend parler de chartes, on sait que finalement il y a des possibilités d'agir à travers des voies légales.
00:23:44Mais que le problème se situe ailleurs et le problème c'est celui de la peur de perdre un emploi, d'être complètement exclu de cette famille comme vous l'avez été aussi.
00:23:59Donc ma question est celle de savoir si parmi toutes ces personnes certaines sont prêtes à aller déposer plainte, celles qui ne le font pas, même si on peut imaginer qu'est-ce qui les bloque.
00:24:17C'est aussi la question difficile mais essentielle de savoir comment on inverse le camp de la honte en fait, c'est que toutes ces personnes en peur, en honte, mais ce n'est pas elles d'avoir peur et d'avoir honte.
00:24:33Alors comment on peut inverser ça parce que là on est plusieurs à se poser la question et à se dire pourquoi tous les outils qui ont été mis en place ne marchent pas finalement.
00:24:49Déjà il n'y a pas de suivi mais en plus ça ne marche pas, les victimes ne s'en saisissent pas, les victimes ne contactent pas la cellule d'écoute, les victimes ne vont pas dans les commissariats.
00:25:04Alors il y a plusieurs questions, je vais les développer bien évidemment.
00:25:08Je me suis posé la question moi-même pourquoi est-ce qu'on vient me parler à moi, c'est peut-être ça le plus important.
00:25:18Pourquoi est-ce que c'est si facile d'une certaine manière, si difficile et si difficile, si facile et si difficile de me parler.
00:25:30Je pense une première chose et finalement ce sont les victimes qui m'ont donné la réponse, c'est toujours les victimes, c'est eux qui font écouter.
00:25:38Parce que je me suis rendu compte que je me suis retiré de toute forme d'association, des Césars etc.
00:25:48Et c'est vrai que je n'ai fait que le revendiquer sur mes réseaux sociaux où je suis très impliqué sur les enfants et sur les violences faites aux femmes depuis de nombreuses années.
00:25:56Et je pense qu'ils m'ont accordé leur confiance.
00:25:59Pour eux il y a une chose très très importante, pourquoi ils viennent me parler ?
00:26:05Il y a une impérieuse nécessité pour eux que leurs paroles soient déposées dans un premier temps peut-être, à l'intérieur même du système et qu'on ne les envoie pas à l'extérieur.
00:26:16Il y a une impérieuse nécessité de se confier à quelqu'un qui a un poste de pouvoir, directeur de casting, je ne le supplime en tout cas, une incarnation de pouvoir.
00:26:27Et quelqu'un aussi, lorsqu'on va donner un nom, ce n'est pas un nom qu'on ne connait pas, je sais qui c'est.
00:26:36Donc pour eux il y a vraiment une importance qu'on ait l'impression de déposer vraiment quelque chose.
00:26:42C'est ça qui fait que tout d'un coup, et je vois bien alors, ce n'est pas réparation, ce n'est pas aussi simple.
00:26:47Mais en tout cas ce qu'ils me disent, je ne pensais pas qu'il y aurait un tel endroit aujourd'hui que ça existerait.
00:26:53Ils me disent ça m'a fait un bien fou, c'est déjà énorme, ça m'a fait un bien fou.
00:27:00Mais il y a une impérieuse nécessité de se raconter à l'intérieur pour être cru.
00:27:05Ils ont besoin d'être cru, d'être entendu et que leurs paroles soient protégées, qu'on ne les trahisse pas.
00:27:11Moi je suis le garant et le protecteur de cette parole, je me suis engagé avec eux.
00:27:15C'est un contraint moral et je ne le trahirai pas.
00:27:18Mais ils n'ont pas envie qu'on les envoie vers une association.
00:27:22Lorsqu'ils me parlent et qu'ils veulent me parler, ils savent qui je suis.
00:27:25Ils n'attendent pas une aide psychologique, je n'en ai pas les moyens.
00:27:28Ils n'attendent pas même une aide judiciaire, je l'ai mis en place.
00:27:31Mais au départ simplement, c'est de dire je sais qu'il va me croire, je sais qu'il va me protéger, il ne va pas me trahir, il ne va pas me balancer.
00:27:39Comme c'est le cas, il y a les directeurs et les directrices de casting.
00:27:43Une actrice a été agressée sexuellement par un directeur de casting, elle a dû se confier à elle, elle a appelé immédiatement l'agresseur.
00:27:51Il y a un acteur qui s'est fait agresser sexuellement par un directeur de casting, il s'est confié à une directrice de casting qui a été immédiatement le dire à l'agresseur.
00:28:01A qui faire confiance dans ce monde, dans cet univers ?
00:28:07Les victimes dont vous avez recueilli d'une part la confiance et d'autre part dans un deuxième temps le témoignage, est-ce que ce sont des victimes qui souhaitent porter plainte ?
00:28:20J'imagine pas toutes évidemment, mais celles qui souhaitent porter plainte, est-ce qu'elles sont nombreuses ? Est-ce qu'elles s'organisent entre elles ?
00:28:32Est-ce que vous êtes en train vous aussi de vous organiser pour structurer tout ça ?
00:28:36Parce qu'on est le 6 juin, c'était le 22 février, il y a quand même ces cours, il n'y a pas longtemps, et ce que vous nous dites est d'une violence incroyable.
00:28:48Donc comment là, maintenant, vous vous organisez par rapport à ces révélations de faits ?
00:28:56Alors ce qui s'est passé c'est que je suis actuellement en train de me constituer en association, j'ai fait appel à une femme de droit spécialiste en association qui est en train avec moi de travailler sur les statuts.
00:29:07Donc ça je ne peux pas trop en développer, je ne les ai pas encore lus mais c'est en cours.
00:29:11Finalement je me suis constitué en association d'une manière, enfin je n'avais pas le choix, je me suis dit il faut que je sache s'il y a un besoin psychologique où aller, il faut que je connaisse des hommes et des femmes de droit, pénaliste, spécialiste d'événements sexuels.
00:29:26Je me suis débrouillé, j'en ai trouvé, et je me suis dit s'il y a besoin je peux répondre.
00:29:31Il se trouve, je peux vous dire qu'au jour d'aujourd'hui, oui il y a des plaintes de déposés, combien je ne sais pas exactement.
00:29:39Ce qui s'est passé c'est que j'ai mis un protocole en place et les acteurs en fait d'eux-mêmes, certains pensent qu'ils sont seuls quand ils ont été agressés.
00:29:50Quand c'est le cas je leur dis que non, tu n'es pas seul car quand je reçois un témoignage, généralement je reçois 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10.
00:30:00Hommes auteurs présumés ?
00:30:01Absolument. Et donc je lui dis voilà tu n'es pas seul. Et souvent il y a toujours un acteur qui me dit tu sais j'aimerais bien, si c'est possible, dialoguer avec une autre victime.
00:30:11Je lui dis c'est tout à fait possible, on garde l'anonymat, je contacte l'autre personne, je ne donne pas ton nom, ce que je propose c'est un protocole que j'applique,
00:30:19je dis quand les deux parties sont d'accord, je ne donne pas les 06, je dis contactez-vous sur Instagram, échangez, et si vous vous sentez à l'aise de donner vos 06 et d'aller plus loin, vous pouvez dialoguer.
00:30:31100% du cas ils dialoguent ensemble. Et en ce moment je dois dire qu'une quarantaine d'acteurs agressés qui sont victimes par différents agresseurs, prédateurs, se sont regroupés pour commencer à dialoguer entre eux, à s'organiser,
00:30:45à voir comment peut-être dans une démarche de porter plainte parce que c'est extrêmement difficile de porter plainte seul, évidemment quand on est 2, 3, 4 sur la même personne c'est beaucoup plus facile.
00:30:56Il faut savoir aussi que les témoignages que je reçois, il y en a des prescrits et des non prescrits, ça peut remonter jusqu'à une vingtaine d'années, par contre il y a une chose, c'est que l'ensemble des prédateurs sont toujours en activité.
00:31:11Est-ce que ces prédateurs sont des prédateurs qui ont genré leur proie, c'est-à-dire qui sont sur des victimes hommes ou aussi parfois des victimes femmes ?
00:31:26Non, la majorité des témoignages que je reçois ce sont des prédateurs qui prédatent des jeunes hommes, donc des jeunes acteurs, à part ce directeur de casting dont j'aimerais bien développer puisqu'il est toujours en activité aujourd'hui alors que l'ensemble du cinéma le connaît et connaît ses méfaits.
00:31:42Madame la rapporteur, développez, vous avez conscience que si vous citez un nom...
00:31:57Je ne vais pas citer de nom mais je peux développer et vous l'expliquer.
00:32:00Il s'agit de ce fameux directeur de casting, finalement je prends lui comme exemple mais il y en a tellement, je suis obligé de faire un choix.
00:32:10J'ai reçu énormément de témoignages concernant ce directeur de casting qui a agressé sexuellement des actrices et des acteurs.
00:32:20Dès 2017 tout le monde était au courant de ses agissements, il y a même eu dans Télérama un article où deux actrices dont une avait porté plainte.
00:32:30Il se trouve qu'aujourd'hui j'ai reçu de nombreux témoignages concernant ce directeur de casting qui est encore en activité.
00:32:40Ce directeur de casting était très important et très connu. Aujourd'hui il est encore en activité mais il est un peu plus discret.
00:32:48J'entends par là que tout le monde sait ce qu'il a fait donc il n'est plus totalement fréquentable.
00:32:55Dans une grosse production le prendre ça ne serait peut-être pas très bien vu.
00:32:58Pour autant ce monsieur, ce n'est pas illégitime mais trilingue, pendant des années il était dans des festivals internationaux.
00:33:06Donc en fait il travaille pour des coproductions internationales ou des coproductions américaines etc.
00:33:12Très connu sur des plateformes.
00:33:14Donc il continue à travailler.
00:33:16Moi je peux me poser une question.
00:33:18C'est qu'en tant que directeur de casting les productions étrangères ne connaissent pas son pédigré.
00:33:23Donc il travaille.
00:33:25Pour autant dans les descriptions de ses films, de ses projets, de ses séries il va caster des acteurs et des actrices français et françaises.
00:33:34Pour ce faire il appelle les agents et les agentes.
00:33:38Donc ça veut dire qu'aujourd'hui, encore aujourd'hui en 2024, les agents et les agentes contribuent à travailler avec ces personnages.
00:33:47Sans aucun problème.
00:33:49Ces agents savent ou pas ?
00:33:55Le mythe du cinéma est extrêmement petit.
00:34:00Tout le monde adore parler.
00:34:02Tout le monde adhère à dire je te dis quelque chose mais ne répète pas.
00:34:05Tout est répété.
00:34:06Tout le monde le sait.
00:34:07Je voudrais dire une chose que l'ensemble de ces prédateurs sont assurés de leur impunité parce qu'ils ont des alliés.
00:34:15On ne peut pas agresser autant, sur autant d'années sans qu'il y ait des alliés.
00:34:25Alors il y a des alliés directs et des alliés indirects.
00:34:27Il y a des alliés directs qui sont des agents et des agentes qui silencient leurs clients et leurs clientes.
00:34:34Encore aujourd'hui.
00:34:37Il y a aussi des directeurs de casting et des directrices de casting qui silencient les victimes et qui protègent les agresseurs.
00:34:46Et il y a aussi tout un pan, peut-être le plus important et catastrophique finalement, qui silencie et qui donc laisse place à une impunité totale.
00:34:55C'est à dire celle et ceux qui détournent la tête.
00:34:58Je ne sais pas.
00:34:59Je ne sais rien.
00:35:00Je ne veux rien savoir.
00:35:01On assure l'impunité de l'agresseur.
00:35:03Il n'y a aucune raison qu'il s'arrête.
00:35:07Madame la rapporteur.
00:35:10Vous savez que nous avons auditionné ce matin le SFAL qui, au travers de Madame Tanner, nous indiquait qu'elle n'avait pas connaissance d'agissement à ce jour.
00:35:26Est-ce que ces agents dont vous parlez font partie du SFAL ?
00:35:35Absolument.
00:35:39Les agents qui silencient et qui protègent les agresseurs, ce sont des agents de pouvoir.
00:35:44Donc ce sont les grandes agences.
00:35:46Et je dois dire que les femmes participent activement.
00:35:58Pas de questions là ?
00:36:00Bon, Madame Martin, allez-y.
00:36:02Ça va nous permettre de reprendre notre esprit et de respirer.
00:36:06J'en ai une très directe, M. Gaillard.
00:36:09Est-ce que parmi les gens qu'on a auditionné ce matin, il y a des gens qui sont dans ce système ?
00:36:15Je suis désolée, c'est très direct.
00:36:17Oui, c'est direct.
00:36:18Sans nommer de gens, mais est-ce que...
00:36:20Oui, c'est un peu embêtant de faire ça parce que, je précise, on a d'autres moyens pour continuer sur des enquêtes.
00:36:27Mais c'est pas... Madame Martin, c'est juste pas...
00:36:30Oui, oui.
00:36:31Oui, mais c'est pas notre...
00:36:33C'est tout ce qui est...
00:36:37Parfois, la difficulté de l'exercice.
00:36:39Nous ne sommes pas la justice.
00:36:42Mais par contre, si nous pouvons faire émerger des sujets, nous sommes là pour.
00:36:48Donc, voilà.
00:36:50Je comprends votre question, Mme Gaillard.
00:36:55Mais je pense que... Martin, pardon.
00:36:58Mme Gaillard, excusez-moi.
00:37:00Excusez-moi.
00:37:03J'avoue qu'il y a un peu d'émotion.
00:37:08Donc, excusez-moi pour cette confusion.
00:37:17Donc, je le redis.
00:37:23C'est même pas dans nos attributions de faire émerger des sujets comme celui-là.
00:37:31Mais ça reste quand même très embêtant.
00:37:35Et je comprends ce que vous souhaitez, Mme Martin.
00:37:39Puisque, au vu de la violence, de la gravité des faits que vous nous décrivez,
00:37:48évidemment, on n'a pas tellement envie qu'il y ait de l'impunité et que cette impunité continue.
00:37:54Et ça va me permettre, justement, de vous poser cette question.
00:37:59Un réalisateur césarisé, M. Azavanitius, nous a dit qu'il n'y avait pas d'Omerta
00:38:07et qu'il y avait eu des sujets et que ça s'améliorait.
00:38:13Et c'est vrai, on ne peut pas...
00:38:15C'est ce qui se passe maintenant et aussi parce que les choses changent.
00:38:20Mais pensez, évidemment, à ce que vous nous dites.
00:38:24Il y a une Omerta terrible et il y a un système.
00:38:27Mais moi, la question que je vous pose, c'est est-ce que ce système est organisé ?
00:38:30Ou est-ce que c'est un système où, voilà, on se cache un peu, on ne regarde pas ?
00:38:37Ou est-ce que c'est organisé ?
00:38:39C'est confus, ma question, mais parce que nous sommes un peu dans une confusion, là, je dois avouer.
00:38:44C'est intéressant parce que je me suis évidemment posé la question.
00:38:49Cette Omerta, cette loi du silence, je pense qu'elle remonte.
00:38:52Il faudrait travailler avec une sociologue et même un historien, une historienne du cinéma.
00:38:56Le cinéma, c'est l'image. Il faut donner une bonne image.
00:39:00Peut-être. En tout cas, structurellement, dans les fondations mêmes, les racines mêmes du cinéma,
00:39:08l'Omerta est là. La loi du silence est là.
00:39:12Tu parles, tu payes, tu es éjecté. Au revoir.
00:39:15C'est une réalité. C'est une réalité. J'en suis la preuve vivante. C'est une réalité.
00:39:2328 ans de métier, mon téléphone arrête de sonner instantanément.
00:39:28C'est-à-dire que le corps cinéma, comme un corps, disons, organique, réagit de manière organique,
00:39:37dans son entièreté et par mimétisme. Même des gens formidables qui n'ont rien à se reprocher.
00:39:43Je deviens moi. Radioactif, on m'appelle. Je crois que c'est Judith Goderich.
00:39:51Je vous ai dit qu'elle était radioactive. On me dit, on me reporte puisque je ne parle plus à personne.
00:39:56Je suis Openheimer. On dit Stéphane Gaillard est infréquentable.
00:40:01Stéphane Gaillard est devenu dangereux. Il faut débrancher Stéphane Gaillard.
00:40:05Stéphane Gaillard est fou, etc. Et je suis seul. Je dois dire qu'il y a une association, une seule.
00:40:15Aucun syndicat ne m'a appelé. Aucune. Aucune association ne m'a appelé.
00:40:20Il y a juste une association que vous avez reçue qui s'appelle l'ADA.
00:40:24Elles ont pris contact avec moi. Vous avez reçu Madame Asilis de Langues 5.
00:40:28Et il y a une autre femme formidable qui s'appelle Louana Duchemin.
00:40:32Et nous avons fait une réunion téléphonique à trois.
00:40:34C'est la première fois et c'est la seule fois où elle m'a dit, comment vas-tu ?
00:40:38On te soutient. Raconte-nous. Et nous avions un échange.
00:40:42Et depuis, nous échangeons régulièrement et nous devons nous voir très bientôt.
00:40:46C'est la seule association à qui j'ai pu dialoguer à ce jour.
00:40:54Madame la rapporteure.
00:40:57Vous nous avez dit, donc, 28 ans de métier.
00:41:01Et puis, c'est la création de cette boîte mail qui est assez récente.
00:41:08Du coup, dans toutes ces années de métier auparavant, est-ce que vous avez assisté,
00:41:13vous-même en tant que témoin à des violences ?
00:41:21Est-ce que vous avez été témoin direct de violences faites pendant le casting
00:41:29ou à d'autres moments sur les tournages ?
00:41:36Alors, juste pour préciser, moi en tant que directeur de casting,
00:41:39nous n'assistons pas au tournage.
00:41:42Donc, en fait, je n'ai aucune expérience de tournage.
00:41:44Moi, je travaille en amont, dans les bureaux, en préparation.
00:41:47Et une fois que les acteurs sont choisis et sont contractualisés,
00:41:50j'ai fini mon travail, je mangeais.
00:41:52Donc, le premier jour du tournage, je suis déjà ailleurs.
00:41:54Donc, je n'ai pas d'expérience de plateau à part venir déjeuner une fois avec l'équipe.
00:41:57Donc, je ne peux me rendre compte de rien.
00:41:59Je ne suis pas assez légitime pour parler de ce qui se passe sur un plateau.
00:42:04Quant à votre question, je vais être paradoxal,
00:42:07je n'ai jamais été témoin de rien, mais il y a une raison.
00:42:12Peut-être le petit garçon qui a été humilié, violé, etc.
00:42:16Je ne supporte pas le moindre abus de pouvoir.
00:42:19Alors, c'est vrai que je ne laisse pas la place à ça.
00:42:22Et bien avant du tout, dès que j'ai commencé,
00:42:24ce n'est impossible avec moi, si on travaille avec moi,
00:42:26qu'il y ait le moindre abus de pouvoir.
00:42:28Je remets tout de suite en place.
00:42:30Donc, non, ça ne s'est jamais passé.
00:42:32Peut-être en souvenir très lointain,
00:42:34où j'ai travaillé avec un réalisateur qui est mort aujourd'hui,
00:42:37mais c'est vraiment très petit par rapport à ce que je reçois.
00:42:40Malgré tout, je trouvais qu'il y a une forme d'en recevoir des actrices,
00:42:44en casting, dans un bureau comme ça, on reçoit, on discute.
00:42:47On ne fait pas forcément d'essais dans un premier temps.
00:42:49On recevait des actrices qui avaient déjà fait suffisamment de choses.
00:42:52On pouvait regarder des extraits de films, on avait besoin d'essais.
00:42:55C'est vrai qu'il y avait une petite séduction, très légère,
00:42:57que je trouvais qu'il n'y avait pas sa place.
00:42:59Mais c'était très fin, vous savez, c'est toujours très sourd.
00:43:02Moi, en casting, je vais accueillir les acteurs et les actrices en stand-up
00:43:07et je les raccompagne toujours.
00:43:09C'est très important pour moi parce que du coup, je leur demande comment c'est passé.
00:43:12Et puis, on se connaît suffisamment,
00:43:13elles savent que moi, avec moi, la parole est libre.
00:43:15Je lui dis, tu ne trouves pas qu'il y a un truc bizarre, non ?
00:43:19Elle me dit, oui, je me suis senti mal à l'aise.
00:43:21Je dis, ok, ce n'est pas moi.
00:43:23On reçoit une deuxième actrice.
00:43:25Je lui pose la même question en la ramenant à la porte.
00:43:28Elle me dit, oui, il y a un truc de séduit, etc.
00:43:30Bref, j'arrête tout de suite.
00:43:33Il y a un troisième rendez-vous.
00:43:34Je dis à l'actrice de patienter cinq minutes.
00:43:36Je reviens dans le bureau.
00:43:38Je ferme la porte.
00:43:40Le réalisateur, dans sa toute puissance, me dit, mais qu'est-ce que tu fais ?
00:43:45Où est la prochaine ?
00:43:46Je lui dis, il n'y a pas de prochaine pour le moment,
00:43:48parce qu'on va parler tous les deux.
00:43:49Je lui dis, écoute, il y a une séduction qui me gêne,
00:43:51qui n'a pas sa place dans notre travail commun.
00:43:55Tout de suite, évidemment, il a voulu asseoir sa puissance et son pouvoir
00:43:59en me disant, mais je suis le réalisateur.
00:44:01C'est vrai que ça s'est réglé assez vite.
00:44:03Je lui dis, écoute, ici, il n'y a pas de réalisateur,
00:44:05il n'y a pas de directeur du casting.
00:44:06Il y a deux hommes qui se parlent,
00:44:07et il y en a un qui dit, maintenant, tu arrêtes.
00:44:09Est-ce que tu es prêt à continuer ?
00:44:10Oui ou non ?
00:44:11Il m'a dit oui.
00:44:12Après, ça s'est très bien passé.
00:44:13C'est la seule expérience que j'ai eue,
00:44:16mais je dois dire, je ne laisse pas la place à ça.
00:44:18Donc, si vous voulez, non.
00:44:24Sur vos 28 années d'expérience,
00:44:27vous avez casté quelques films importants.
00:44:33Vous avez un parcours et une carrière.
00:44:37Carrière, c'est le terme.
00:44:39Je continue.
00:44:42Madame, il n'y avait peut-être pas de réponse complète ?
00:44:45Si, c'était bon.
00:44:48Oui, je crois qu'il y a une réponse.
00:44:50C'est bon, à moins que vous ayez quelque chose à rajouter.
00:44:53Sinon, je vais passer à la prochaine question.
00:44:59Allez-y.
00:45:01Ce n'est pas que j'ai très envie de parler de moi.
00:45:04Je voudrais juste vous rendre compte de la violence que ça peut représenter.
00:45:09Ce que je suis en train de vivre.
00:45:11Mais à travers moi, finalement, ce que peut vivre une victime.
00:45:14Parce que je ne suis pas victime d'un agresseur dans le cinéma.
00:45:18Je me suis simplement le rôle de parole.
00:45:20Et voir psychologiquement, corporellement, ce que ça fait.
00:45:25J'ai perdu 6 kilos en une semaine.
00:45:28Un kilo par jour.
00:45:29Je prends des médicaments pour tenir.
00:45:32La pression est tellement énorme.
00:45:34On a l'impression de trahir.
00:45:36On a l'impression de devenir une balance.
00:45:38Personne ne vous parle plus.
00:45:40Je croise des gens dans la rue qui travaillent dans le cinéma.
00:45:44Je change de trottoir.
00:45:46C'est incroyable.
00:45:47C'est-à-dire qu'on est encore dans l'inversement de la charge.
00:45:50Je suis celui qu'il faut absolument extraire du milieu.
00:45:54Parce que j'en sais trop.
00:45:56Et encore une fois, je le répète,
00:45:58ces agresseurs ne peuvent pas agresser,
00:46:03faire ces agressions,
00:46:05ces multiplicités d'agressions à l'infini,
00:46:08sans être liés.
00:46:10Ce n'est pas possible.
00:46:12Et je dois dire aussi que ma parole, c'est les garçons.
00:46:16Je parle d'un garçon.
00:46:17Je parle d'acteur.
00:46:18Mais je ne peux pas ne pas penser actrice.
00:46:21Je ne peux pas ne pas penser actrice
00:46:23quand je dis tout ce que je vous dis.
00:46:31La question, c'est simple,
00:46:35que moi j'ai envie de vous poser.
00:46:37C'est comment on fait exploser cette loi du silence aujourd'hui.
00:46:40Parce que, je veux dire,
00:46:43nous, avec le silence,
00:46:47nous, avec les membres de la commission d'enquête et madame la rapporteure,
00:46:53on est pris dans des sortes de...
00:46:58J'ai l'impression d'avoir...
00:47:01d'être dans un...
00:47:03dans une sinusoïde.
00:47:05Parfois, on nous dit,
00:47:07mais non, ça va bien, tout avance, on fait plein de choses.
00:47:10Et puis, on se retrouve ensuite avec des personnes,
00:47:14des représentants de victimes ou des victimes
00:47:18qui nous parlent de cette chape de plomb.
00:47:21Mais qui est énorme, énorme.
00:47:24Et maintenant, moi, la question, c'est en responsabilité
00:47:27sur ce mandat que nous a donné la représentation nationale,
00:47:31comment on fait exploser cette loi du silence ?
00:47:38C'est une question qui m'obsède, monsieur le président.
00:47:41J'avoue qu'elle m'obsède, elle m'obsède aussi.
00:47:44Elle est très compliquée à répondre.
00:47:46Je...
00:47:50Je vous dirais que...
00:47:53que ce métier, que ce territoire
00:47:57est construit et ne fonctionne que par cooptation,
00:48:00que par réseau, que par interdépendance,
00:48:03que par conflit d'intérêt,
00:48:05que par intérêt commun.
00:48:07C'est le socle même de l'existence du cinéma.
00:48:10Je pense que ce socle, on ne peut pas le détruire.
00:48:13Il est indestructible, il est tellement enraciné.
00:48:18Je ne pense pas que le cinéma puisse s'auto-réguler lui-même.
00:48:24Ce n'est pas possible.
00:48:27Il me semble peut-être, je n'ai pas les sens infuses,
00:48:32mais peut-être que...
00:48:37que le CNC crée une instance totalement indépendante,
00:48:45totalement indépendante,
00:48:47qui serait, je n'aime pas tellement ce mot, mais...
00:48:51le gendarme du cinéma.
00:48:53Où à l'intérieur, il y aurait différents modules
00:48:56de pouvoir tout de suite apporter témoignages et être protégés,
00:49:00etc., etc.
00:49:02Mais ça peut être une cellule qui soit que à l'intérieur,
00:49:05si on la met à l'extérieur, le système pervertit absolument tout.
00:49:10Je vais vous dire une chose.
00:49:12Tout le monde parle d'audience, c'est merveilleux.
00:49:15Tout le monde dit on renvoie audience, on renvoie audience.
00:49:17Je n'attaque pas audience.
00:49:19Il faut un travail formidable.
00:49:21Je suis sûr qu'ils sont extrêmement professionnels.
00:49:23Audience est extrêmement pratique.
00:49:25Audience est objectif, je ne sais pas, pardon,
00:49:28c'est devenu objet du cinéma.
00:49:30Pourquoi ?
00:49:33On envoie les témoignages à l'extérieur.
00:49:36On s'en débarrasse.
00:49:38On ne sait pas, on s'en débarrasse.
00:49:40C'est formidable.
00:49:42Tout est détourné.
00:49:44Tout est détourné.
00:49:46Tout est détourné.
00:49:48Il ne peut y avoir qu'un gendarme du cinéma.
00:49:51Dans l'intérieur, les membres ont une totale indépendance
00:49:56pour réguler ce système.
00:49:58Il y a trop de conflits d'intérêts.
00:50:00Même les gens que vous avez reçus,
00:50:02qui ont la plus grande sincérité dans leur démarche,
00:50:06il y a un moment, ils ne dépasseront pas.
00:50:08Parce qu'eux, ils se mettraient en danger.
00:50:10Donc, il y a un plafond qui arrive très vite.
00:50:12Et je le comprends très bien.
00:50:14Qui voudrait être à ma place aujourd'hui ?
00:50:16Personne.
00:50:18Non mais on voit bien,
00:50:20et moi je le dis,
00:50:22vis-à-vis de tous les gens qu'on a auditionné,
00:50:24on voit bien que ce sont des gens de bonne volonté.
00:50:28Et qui constatent et qui veulent combattre.
00:50:32Mais, et on voit bien aussi,
00:50:34et je le dis avec madame la rapporteure,
00:50:38au refus de témoignage de certaines personnes,
00:50:42qu'on n'ira pas chercher parce que ce sont des victimes
00:50:44et qu'on respecte la parole des victimes,
00:50:46on voit bien qu'il y a quelque chose qui bloque.
00:50:50Qui est de l'ordre de la peur parfois.
00:50:53Alors de la peur,
00:50:55dans le monde du travail,
00:50:57j'ai envie de dire,
00:50:59j'allais dire normal.
00:51:01Sauf que justement le cinéma devrait être un monde du travail normal aussi.
00:51:04Mais dans le monde de l'entreprise,
00:51:07il y a des règles,
00:51:09qui sont les règles du droit du travail.
00:51:11Il y a parfois des difficultés,
00:51:13mais vous ne vous perdez pas.
00:51:17Le droit est plutôt de votre côté.
00:51:19C'est parfois difficile.
00:51:21Mais dans ce monde du cinéma,
00:51:23on sent que ce n'est pas que le projet
00:51:25auquel vous êtes que vous allez faire capoter.
00:51:27En plus il y a cette charge.
00:51:29Mais c'est votre carrière que vous allez briser.
00:51:31Voilà.
00:51:33Et donc,
00:51:35moi je repose la question,
00:51:37et ce n'est pas à vous que je la repose.
00:51:39J'ai envie de...
00:51:41Je m'adresse à l'ensemble de la profession
00:51:43qui nous écoute aujourd'hui.
00:51:45Comment on fait exploser
00:51:47cette loi du silence ?
00:51:49Je vous ai apporté une réponse.
00:51:51Peut-être que ce n'est sûrement pas la bonne.
00:51:53Peut-être que c'est la bonne.
00:51:55Mais une cellule indépendante,
00:51:57il peut y avoir.
00:51:59Ce n'est pas possible.
00:52:01Les associations font peut-être un travail formidable,
00:52:03mais elles vont s'arrêter à un moment donné.
00:52:05Parce qu'on met son poste en danger.
00:52:07Donc on ne peut pas dire la vérité.
00:52:09On ne peut pas dire la vérité.
00:52:11Ce n'est pas possible.
00:52:13Je voudrais rajouter quelque chose.
00:52:15Juste parce que c'est complètement là-dessus.
00:52:17Une cellule indépendante,
00:52:19comme vous l'appelez,
00:52:21là, pour le coup, vu la gravité des faits,
00:52:23ça s'appelle la justice.
00:52:25Et donc, comment on aide,
00:52:27on accompagne
00:52:29les victimes
00:52:31à porter plainte
00:52:33et à les protéger en même temps ?
00:52:35Voilà.
00:52:39J'étais en train de penser
00:52:41exactement à la même chose.
00:52:43Finalement, dans un commissariat,
00:52:45un gendarme et un policier
00:52:47ne sont pas partie prenante
00:52:51et n'ont rien à gagner
00:52:53ou à perdre.
00:52:55Je comprends bien la limite
00:52:57des associations,
00:52:59la limite des syndicats
00:53:01que vous invoquez,
00:53:03la limite de la cellule audience.
00:53:07Mais finalement,
00:53:09c'est vraiment cette démarche
00:53:11d'aller se dire...
00:53:13Quand on se confie
00:53:15à ce que vous imaginez
00:53:17comme une sorte
00:53:19de gendarme interne
00:53:21ou qu'on se confie
00:53:23à une unité de police
00:53:25ou de gendarmerie,
00:53:27finalement, on prendra exactement
00:53:29le même risque.
00:53:31C'est le risque d'être blacklisté
00:53:33et de perdre son métier.
00:53:35Je ne vois pas
00:53:37la différence.
00:53:39Là où il faut...
00:53:41Le seul levier
00:53:43qu'on a, c'est de se dire
00:53:45que finalement,
00:53:47toutes ces... Passez-moi l'expression,
00:53:49mais ces branches
00:53:51pourries, ces branches mortes
00:53:53du métier
00:53:55ne puissent plus continuer
00:53:57à faire leur loi parce que
00:53:59le nombre de personnes qui dénoncent
00:54:01est
00:54:03infiniment plus grand
00:54:05qu'on ne laisse plus passer
00:54:07aucun geste déplacé,
00:54:09aucune parole
00:54:11qui va au-delà
00:54:13de ce qui est acceptable,
00:54:15aucun geste
00:54:17pareil qui va au-delà de ce qui est acceptable
00:54:19et qu'on soit beaucoup plus nombreux
00:54:21à témoigner
00:54:23et qu'on n'ait
00:54:25plus peur de le faire
00:54:27parce qu'à ce moment-là,
00:54:29si on prend en considération
00:54:31le nombre de témoignages
00:54:33que vous avez obtenus
00:54:35en à peine
00:54:37quatre mois, le nombre de témoignages
00:54:39qu'a reçus Judith Godrej
00:54:41de toutes les parties
00:54:43du métier, qu'elle soit
00:54:45technicienne,
00:54:47acteur, actrice,
00:54:49je crois qu'elle en ait à des milliers
00:54:51de témoignages recueillis,
00:54:53ça veut dire que si à un moment donné,
00:54:55toutes ces personnes sortent
00:54:57de l'ombre, et bien
00:54:59il n'y a plus personne qui va travailler
00:55:01dans le monde du cinéma.
00:55:03Si on blackliste
00:55:05les victimes, il n'y aura plus d'acteurs,
00:55:07il n'y aura plus de techniciens,
00:55:09et si on blacklist
00:55:11les auteurs de ces violences
00:55:13qui, comme vous nous dites,
00:55:15agissent encore,
00:55:17on va essayer
00:55:19de rendre plus propre
00:55:21ce système.
00:55:23Donc là,
00:55:25on atteint vraiment une limite
00:55:27parce que nous, ce qu'on souhaite
00:55:29mettre en évidence, ce sont
00:55:31les dysfonctionnements et le caractère
00:55:33systémique, et puis
00:55:35essayer d'y apporter des réponses
00:55:37qu'elles seront
00:55:39législatives ou pas, mais en tout cas aussi
00:55:41peut-être des bonnes manières de fonctionner
00:55:43et être vigilant aussi à ce qu'on
00:55:45souhaite mettre en place maintenant.
00:55:47Mais si on continue
00:55:49à avoir
00:55:51des témoignages qui
00:55:53sont anonymes, et j'en comprends toute
00:55:55la difficulté
00:55:57pour ces personnes
00:55:59courageuses et qui ont d'ailleurs
00:56:01assez souffert, mais qui ne veulent pas
00:56:03mettre en danger leur métier,
00:56:07je ne vois pas
00:56:09quelle est la solution
00:56:11pour sortir de tout ça.
00:56:13Donc effectivement, oui,
00:56:15le fait de les
00:56:17mettre en relation entre elles,
00:56:19de ne pas faire en sorte qu'elles soient
00:56:21toutes seules, mais la solution
00:56:23c'est celle de se dire que
00:56:25de toute façon, même en tant que victime,
00:56:27on n'a aucune envie de continuer
00:56:29à travailler dans un système qui est
00:56:31pourri et dans un système qui nous met
00:56:33en danger.
00:56:35Et moi,
00:56:37qu'est-ce
00:56:39qu'elles vous disent ? Parce que finalement,
00:56:41on s'isole,
00:56:43on sait que si on
00:56:45parle, on est blacklisté, et on sait
00:56:47que si on reste dans l'ombre, il y a
00:56:49plein de pièges à éviter et à contourner.
00:56:51Mais ces pièges, en fait,
00:56:53ils ne sont même pas au même endroit
00:56:55à chaque fois, parce qu'à chaque fois
00:56:57qu'il y a un nouveau tournage,
00:56:59un nouveau film, il y a des nouvelles
00:57:01équipes qui se créent et qui se mélangent
00:57:03aussi entre elles.
00:57:05Donc, ça veut dire qu'on ne peut plus travailler du tout.
00:57:07Moi, je voulais
00:57:09juste compléter par rapport à
00:57:11ce que vous me dites.
00:57:13En France,
00:57:15aux Etats-Unis,
00:57:17le lancement de...
00:57:19On pense à
00:57:21Me Too, 2017,
00:57:23sauf que quand on regarde
00:57:25et quand on étudie un petit peu, il y a eu des
00:57:27dénonciations avant.
00:57:29Maria Schneider, elle dénonce en 1978,
00:57:31la première fois.
00:57:33Ensuite, il y a
00:57:35Noémie Cochet, en 2001,
00:57:37Adèle Haenel, et entre-temps,
00:57:39aux Etats-Unis, il y a l'affaire
00:57:41Weinstein. L'affaire
00:57:43Weinstein, qui est un cataclysme, qui produit
00:57:45Me Too et qui diffuse en
00:57:47capillarité jusqu'en Europe et jusqu'en France.
00:57:49Mais
00:57:51j'ai...
00:57:53Weinstein l'a
00:57:55terminé en prison.
00:57:57Et il y a eu
00:57:59une réaction forte aux
00:58:01Etats-Unis et une sorte de...
00:58:03Si vous voulez, j'ai eu l'impression que
00:58:05là-bas, l'OMERTA a
00:58:07explosé. Et moi, j'ai cette impression
00:58:09aujourd'hui, alors peut-être que je me trompe, peut-être que
00:58:11c'est l'émotion et le
00:58:13chaos à force
00:58:15d'écouter toutes ces victimes
00:58:17qui nous décrivent l'horreur,
00:58:19mais j'ai l'impression que chez nous,
00:58:21il n'y a jamais eu ça et que l'OMERTA
00:58:23continue. Il y a eu
00:58:252017, Adèle Haenel,
00:58:27pendant les Césars,
00:58:29on est en
00:58:312024, cette année,
00:58:33il y a
00:58:35ce Me Too
00:58:37garçon, et en même temps, à
00:58:39quelques jours près, Judith
00:58:41Godrec, au Césars également,
00:58:43voilà, et la commission
00:58:45d'enquête ici aujourd'hui. Mais
00:58:47j'ai l'impression que ça continue,
00:58:49tout va bien madame la marquise.
00:58:55Oui, tout va très bien madame la marquise,
00:58:57c'est exactement ça.
00:58:59La France
00:59:01résiste
00:59:03à des résistances absolument que je ne comprends
00:59:05pas, incompréhensibles. Elle résiste,
00:59:07résiste, résiste, résiste, résiste,
00:59:09résiste, résiste, résiste. Je n'ai pas la réponse
00:59:11du président. Je constate
00:59:13une résistance tellement forte.
00:59:15Je dois dire aussi aujourd'hui
00:59:17qu'il y a quelque chose aussi
00:59:19que je n'avais jamais vu. Il y a eu
00:59:21la parole d'ADNN.
00:59:23Aujourd'hui, il y a
00:59:25la parole de Judith Godrec,
00:59:27qui a recueilli des témoignages, donc elle deviendra
00:59:29active. Je reçois des témoignages,
00:59:31je deviens panameur.
00:59:33Mais
00:59:35ce que je veux dire, c'est
00:59:37que...
00:59:41J'ai perdu le fil,
00:59:43je suis un peu perturbé, pardon, excusez-moi,
00:59:45je suis un peu fatigué. Je voulais vous dire une chose
00:59:47très importante et j'ai perdu le fil par rapport à
00:59:49la résistance.
00:59:51Excusez-moi, j'y suis.
00:59:53C'est très important parce que c'est très concret.
00:59:55Là, il y a quelque chose
00:59:57qui change avec Judith.
00:59:59Avec moi, modestement, je n'ai pas
01:00:01de notoriété, je ne suis pas actrice,
01:00:03ce n'est pas mon métier. Moi, je fais un métier de l'ombre.
01:00:05C'est qu'il y a des témoignages.
01:00:07Judith a récolté des témoignages. Je dis comme ça, c'est concret.
01:00:09J'ai récolté des témoignages, c'est concret.
01:00:11Ce qui se passe aussi, ce que je vois,
01:00:13ce que je ne voyais pas avant,
01:00:15c'est que, paradoxalement,
01:00:17l'intérieur du cinéma,
01:00:19s'il y a des personnes
01:00:21qui se mettraient à parler,
01:00:23elles sont sanctionnées immédiatement.
01:00:25Je vous donne un exemple concret, ce que je n'avais
01:00:27jamais vu avant.
01:00:29Je vais protéger l'anonymat de cette personne parce qu'elle était
01:00:31très courageuse. C'est un agent, c'est un homme
01:00:33dans une série
01:00:35quotidienne française
01:00:37sur une chaîne importante.
01:00:39Il y a un acteur qui est extrêmement problématique
01:00:41qui est violent
01:00:43avec les femmes, avec les actrices
01:00:45verbalement,
01:00:47physiquement, etc.
01:00:49Il y a des actrices qui ont dû quitter la série.
01:00:51Dans cette série,
01:00:53on est un acteur, une actrice récurrente.
01:00:55Ça veut dire qu'on perd son emploi.
01:00:57Quitter la série.
01:00:59Les producteurs
01:01:01sont au courant. La production est au courant.
01:01:03Cet acteur est toujours là.
01:01:05Il y a un agent
01:01:07qui est représenté
01:01:09un autre acteur
01:01:11de cette série, donc un rôle récurrent.
01:01:13Il représentait aussi
01:01:15en tant qu'agent, une réalisatrice
01:01:17qui faisait partie des dix réalisateurs et réalisatrices
01:01:19qui tournent, parce que c'est tellement une machine.
01:01:21Il a eu simplement
01:01:23la mauvaise idée, ou la bonne idée, le courage
01:01:25en tant qu'homme. Je dois le souligner parce qu'il n'y en a pas beaucoup
01:01:27d'hommes. Je suis un peu seul.
01:01:29Il lui a dit, écoute, ce n'est pas normal
01:01:31que tu gardes cet acteur. Ce n'est pas
01:01:33possible. La réponse du producteur,
01:01:35elle a dit, mais de quoi tu te mêles ? Il n'y a pas d'actrice.
01:01:37Je n'ai pas engagé de femme chez toi.
01:01:39Il lui a dit, mais ce n'est pas le problème.
01:01:41C'est un échange un peu virulent.
01:01:43Ça s'est arrêté là. Deux jours plus
01:01:45tard, ces deux clients
01:01:47viennent le voir ou l'appellent,
01:01:49l'acteur récurrent de la série, la réalisatrice
01:01:51elle lui dit, ben voilà, je vais devoir te quitter.
01:01:53La production m'a appelé en disant, on a un gros
01:01:55problème avec ton agent, donc si tu veux continuer
01:01:57à tourner,
01:01:59il va falloir quitter ton agent.
01:02:01Et il a perdu ses deux clients
01:02:03comme ça. C'est la première
01:02:05fois que je vois ça. Avant, c'était tapis dans
01:02:07l'ombre. Là, ça se resserre.
01:02:09Là, il y a la peur qui est là. Je veux dire
01:02:11qu'il y a la peur qui est là, pour la première fois.
01:02:13Avant, il n'y avait pas de peur.
01:02:15La peur n'était pas là. On reste dans sa
01:02:17toute puissance. Là, il y a la peur qui est là.
01:02:19La peur provoque des réactions
01:02:21extrêmement violentes.
01:02:27Merci
01:02:29pour le courage
01:02:31encore une fois de tous ces témoignages.
01:02:35Est-ce que
01:02:37tu n'as plus de questions ?
01:02:39Madame Martin, vous n'avez pas de questions ?
01:02:41Ce n'est pas parce que je vous ai un peu censuré
01:02:43tout à l'heure qu'il ne faut
01:02:45pas hésiter à en reposer.
01:02:47Enfin, censurer, non. Je vous ai rappelé la règle.
01:02:51Je me permets...
01:02:53Excusez-moi, je suis moi aussi ému.
01:02:55Je me permets de regarder
01:02:57dans ma liste de questions pour voir
01:02:59s'il y a des questions
01:03:01que j'aurais oubliées.
01:03:03Je vous ai posé cette question sur la loi
01:03:05du silence et peut-être
01:03:07que vous nous avez donné une proposition
01:03:09forte qui est l'idée d'avoir
01:03:11une sorte de gendarme
01:03:13au CNC
01:03:15à l'intérieur du CNC mais indépendant
01:03:17si je comprends bien. Qu'est-ce que
01:03:19vous auriez aussi comme autre
01:03:21proposition pour protéger
01:03:23les acteurs ?
01:03:25Il y a quelque chose qui m'a beaucoup
01:03:29interpellé dans ce que
01:03:31vous avez dit, c'est qu'il y a
01:03:33aussi la vie de l'acteur en dehors
01:03:35du tournage et en dehors du casting
01:03:37et en dehors des répétitions.
01:03:39C'est la vie de son réseau et quand on connaît
01:03:41un peu ce milieu, on sait que c'est effectivement
01:03:43un monde très important. On ne pourra pas
01:03:45avoir un coordinateur d'intimité
01:03:47derrière
01:03:49chaque acteur tout le temps.
01:03:51Mais au moins, est-ce que vous pensez par exemple
01:03:53que ces postes
01:03:55coordinatrices, coordinateurs d'intimité
01:03:57sont des choses qui vont dans le bon sens
01:03:59et de la même façon
01:04:01sur les enfants, sur le responsable enfant ?
01:04:03Et est-ce que vous voyez
01:04:05aussi d'autres dispositifs
01:04:07qui seraient protecteurs et qui
01:04:09amélioreraient
01:04:11cet écosystème ?
01:04:15Alors il y a plusieurs points. Il y a
01:04:17ce fameux référent
01:04:19qui va devenir obligatoire je pense
01:04:21sur les tournages de cinéma.
01:04:23D'ailleurs, on ne parle pas de la télévision.
01:04:25Quid des enfants et la télévision aussi ?
01:04:27Je ne sais pas.
01:04:29A ma connaissance, il n'y a pas de référent
01:04:31pour les enfants et la télévision.
01:04:33Les enfants tournent aussi à la télévision.
01:04:39Evidemment, le référent
01:04:41est indispensable sur un tournage
01:04:43aujourd'hui.
01:04:45Pour autant,
01:04:47aujourd'hui, tout le monde peut faire cette formation.
01:04:49Finalement, tout le monde et n'importe qui.
01:04:53Un tournage,
01:04:55c'est du temps et c'est de l'argent.
01:04:59Dans un temps court,
01:05:01un nombre de gens doivent se réunir
01:05:03pour travailler ensemble. Ils ne se connaissent pas et construisent quelque chose.
01:05:05Un film, c'est toujours un petit miracle quand ça marche.
01:05:09Je constate aujourd'hui que tout le monde peut faire
01:05:11cette formation et être référent.
01:05:13Je trouve ça extrêmement dangereux.
01:05:15Tout le monde n'est pas à même
01:05:17d'être référent en tout cas sur un tournage.
01:05:19Lorsqu'on est
01:05:21une jeune femme ou un jeune homme
01:05:23qui a 20 ans ou 25 ans,
01:05:25qu'on a eu que 3 tournages,
01:05:27comment est-ce qu'on peut intervenir sur un tournage ?
01:05:29Ce n'est pas possible.
01:05:31Je trouve ça formidable de vouloir faire ça,
01:05:33mais il devrait y avoir une commission.
01:05:35On dépose son dossier.
01:05:37Il y a tout un nombre de critères
01:05:39et aussi d'entretiens
01:05:41qui permettent de dire, oui, cette personne va être
01:05:43efficiente à un moment
01:05:45de T, s'il y a un problème.
01:05:47Lorsqu'on a 25 ans,
01:05:49et je vois bien comment ça se passe
01:05:51sur les tournages, même si je ne suis pas,
01:05:53puisque je pose la question aux acteurs et actrices.
01:05:55Tu as rencontré la référente ou le référent ?
01:05:57Ah non, je ne sais pas.
01:05:59Tu as lu dans la Bible et on voit un tout petit nom.
01:06:01Je sais très bien comment ça se passe pour la plupart.
01:06:03Il y a des producteurs ou des productrices
01:06:05qui sont sûrement très honnêtes,
01:06:07mais on ne peut pas laisser comme ça
01:06:09au choix sans réglementation. Ce n'est pas possible.
01:06:11C'est là où il y a des dérives.
01:06:13Mais je vois comment ça se passe.
01:06:15Ce n'est pas le producteur ou la productrice
01:06:17qui choisit le référent.
01:06:19Et comme j'ai entendu plein de fois,
01:06:21il se parle entre techniciens
01:06:23et que j'entends le directeur de production
01:06:25dire, dis-donc, tu ne connais pas une petite
01:06:27qui a fait la formation et qu'on la fout dans la Bible ?
01:06:29Voilà comment ça se passe.
01:06:31Tout est détourné.
01:06:33Cette jeune femme, elle est dans une impossibilité
01:06:35d'intervenir dans une hiérarchie
01:06:37tellement aussi grande.
01:06:39Comment elle peut arrêter le tournage ?
01:06:41Je dis, il y a un problème. Il faut quelqu'un
01:06:43qui ait suffisamment d'expérience pour faire ça.
01:06:45Donc, encore une fois, on détourne.
01:06:47Oui, pour les référents.
01:06:49Mais pas à n'importe quel prix
01:06:51et pas à n'importe qui.
01:06:53Pas à n'importe qui.
01:06:55Et c'est la même chose pour les coordinatrices d'intimité
01:06:57et les coordinateurs d'intimité.
01:06:59On va dire coordinatrices parce que je crois qu'il n'y a pas d'hommes en France.
01:07:01Vous avez reçu les 4 coordinatrices
01:07:03qui existent.
01:07:05C'est un métier tout nouveau
01:07:07qui me semble indispensable,
01:07:09intéressant à explorer,
01:07:11important.
01:07:13Pour autant, j'ai entendu l'une d'elles
01:07:15dire qu'elle avait fait
01:07:17une formation en ligne de 10 000 euros.
01:07:19C'est absolument hallucinant
01:07:21d'entendre cette somme. Il n'y en a plus un rond.
01:07:23Et aussi,
01:07:25je suis un peu inquiet aussi.
01:07:27Et je dis, ce métier est indispensable.
01:07:29Mais encore une fois,
01:07:31il faut qu'il soit régulé.
01:07:33Parce que c'est merveilleux
01:07:35pour être en contact du corps des acteurs.
01:07:37Donc, encore une fois,
01:07:39ce métier, on ne peut pas s'auto-proclamer,
01:07:41faire une auto-formation.
01:07:43Je suis en question des 4 femmes que vous avez reçues.
01:07:45Je suis sûr qu'elles sont formidables.
01:07:47D'ailleurs, j'ai échangé avec l'une d'elles.
01:07:49Il n'y a aucun problème.
01:07:51Mais si on laisse ça,
01:07:53il va y avoir un homme qui va...
01:07:55On laisse la place à tout.
01:07:57Et en plus,
01:07:59pour le moment, il n'y a pas de formation française.
01:08:01Plutôt anglo-saxonne
01:08:03ou américaine, etc.
01:08:05Ce n'est pas notre culture.
01:08:07Ce n'est pas adapté aussi à notre culture.
01:08:09Nous ne sommes pas dans un puritanisme non plus américain.
01:08:11Donc, il faut que ça soit adapté aussi
01:08:13à notre culture,
01:08:15à comment ça se passe
01:08:17sur un tournage, etc.
01:08:19Moi, je ne suis pas du tout pour imposer
01:08:21une coordinatrice
01:08:23sur un tournage.
01:08:25Je trouve encore que c'est bafouer la parole
01:08:27des premiers concernés, c'est-à-dire
01:08:29les actrices et les acteurs qui vont jouer cette scène.
01:08:31Par contre, il y a une obligation de demander
01:08:33systématiquement,
01:08:35systématiquement, est-ce que vous le voulez ?
01:08:37La réponse des deux est non. On n'en prend pas.
01:08:39Oui. La réponse des deux est oui. On en prend.
01:08:41La réponse de l'un des deux
01:08:43est oui et l'autre est non.
01:08:45Le oui l'emporte. On en prend.
01:08:47Et on ne discute plus.
01:08:49Mais d'imposer comme ça, il faut dialoguer.
01:08:51C'est le corps aussi des acteurs et des actrices.
01:08:53Peut-être qu'ils n'en ont pas besoin
01:08:55à ce moment-là. Ils se connaissent suffisamment.
01:08:57Peut-être qu'ils en ont besoin, etc.
01:08:59Mais en tout cas, c'est un métier qui est intéressant.
01:09:01Mais pour l'instant,
01:09:03j'ai écouté Mme Tanner ce matin. On a l'impression
01:09:05que tous les tournages, il y avait des coordinatrices d'intimité.
01:09:07Il y a 300 films par an.
01:09:09De qui se moque-t-on ?
01:09:11Enfin, attendez.
01:09:17Je pense qu'on a fait
01:09:19un tour d'horizon.
01:09:21À moins que vous ayez des choses encore à rajouter,
01:09:23on pourrait continuer.
01:09:25Mais si vous pensez que vous nous avez
01:09:27dit l'essentiel,
01:09:29je ne veux pas vous frustrer.
01:09:31Si vous avez d'autres points à nous donner,
01:09:33n'hésitez pas.
01:09:37Il y a toujours à dire.
01:09:39Mais le temps n'est pas extensible.
01:09:45Je voudrais dire juste une dernière chose.
01:09:49Mme Tanner, ce matin, a évoqué
01:09:51Mlle Charlotte Arnoux.
01:09:53Évidemment, M. Depardieu,
01:09:55présomption d'innocence.
01:09:57Alors, c'est moi qui ai évoqué
01:09:59Charlotte Arnoux.
01:10:01Peut-être par méconnaissance du dossier,
01:10:03mais j'y tiens. J'ai eu Mlle Charlotte Arnoux
01:10:05avant de venir.
01:10:07Elle ne s'est pas fait violer une fois. Deux fois.
01:10:09Voilà. Je retranscris sa parole.
01:10:11C'est important pour elle.
01:10:13Et moi, je le redis,
01:10:15et je l'ai dit tout à l'heure,
01:10:17la procédure est en cours. On attend de jugement.
01:10:21Et on auditionne Mme Arnoux aussi.
01:10:25Il y a la présomption d'innocence,
01:10:27mais qui n'empêche pas le débat.
01:10:29Et qui n'empêche pas, évidemment, que nous pensions
01:10:31activement sur ces questions-là.
01:10:33Merci M. Gaillard.
01:10:35Merci vraiment à double titre.
01:10:37Merci pour être venu témoigner
01:10:39et nous avoir donné
01:10:41ces informations.
01:10:43Et merci aussi pour ce que vous faites
01:10:45pour ces victimes.
01:10:47J'espère sincèrement
01:10:51qu'il vous sera reconnu ce travail
01:10:53et que vous pourrez recommencer votre métier
01:10:55ou un autre, peut-être.
01:10:57Mais en tout cas, vous pourrez rebondir.
01:10:59Je l'espère sincèrement.
01:11:01Merci. Je lève la séance.
01:11:31Sous-titrage Société Radio-Canada