La police scientifique fait PARLER les preuves

  • il y a 2 mois
"POLICE SCIENTIFIQUE" / On les connaît à la télévision mais à quoi ressemblent les vrais Experts ?

Une balle perdue, un bout de tissu déchiré, un verre posé sur une table, un téléphone portable détruit... ils sont capable de faire parler la moindre trace, le moindre détail.

Leur travail est devenu indispensable dans le cadre d'affaires judiciaires, qu'il s'agisse d'un cambriolage, d'une agression ou bien d'un crime. La preuve scientifique est aujourd'hui un élément essentiel de l'enquête. Ils sont les yeux là où la justice est aveugle.

Mais qui sont ces hommes et ces femmes qu'on ne voit jamais, qui travaillent dans des laboratoires ou des chambres noires en manipulant des produits et du matériel de pointe ? Quelles sont leurs techniques et leurs secrets ? Y a t-il des choses qu'ils ne peuvent pas détecter ?

Le plus grand laboratoire de police scientifique de France se trouve à Ecully, à côté de Lyon. Ce lieu si secret a accepté d'ouvrir les portes à nos caméras. Nous allons en découvrir les moindres recoins : depuis l'arrivée des scellés d'une scène de crime jusqu'aux résultats d'analyses. Car derrière ces masques et ces microscopes se cache... tout un monde.
Transcript
00:00A première vue, cette trace photographiée donnera quelque chose de très net et de bonne qualité.
00:09La belle trace comme celle-ci est particulièrement dans le sens, c'est quand même relativement rare.
00:22Il est 2h du matin quelque part en banlieue parisienne.
00:25Frédéric, 45 ans, est un agent spécialisé de la police technique et scientifique.
00:29Il vient d'être appelé sur une scène d'infraction et retrouve un groupe de policiers déjà présents sur le site.
00:35On ne sait jamais sur quoi on est appelé. Une affaire, quelle que soit sa qualification au téléphone,
00:42on peut tomber sur tout et n'importe quoi, en rapport ou non avec ce qu'on a été prévenu.
00:51L'affaire concerne une tentative de vol de voiture dans un parking.
00:55Les policiers sont là depuis une demi-heure. Ils ont rejoint le témoin qui les a contactés.
01:13Deux individus ont forcé le véhicule avec un bris de vitre sur la porte côté conducteur.
01:21Ils se sont échappés et se sont fait interpeller par un témoin de la scène qui a sollicité la présence des forces de l'ordre.
01:31Et on vient constater l'effet.
01:34Une voiture braquée dans un parking, c'est somme toute assez banal et ça ne concerne pas Frédéric à première vue.
01:40Seulement, à bien y regarder, un détail l'intéresse particulièrement.
01:46Il y a du liquide rouge qui pourrait fort bien être du sang.
01:49Au vu de la scène d'infraction, je vais prélever ça immédiatement avant que ce soit pollué par quelqu'un qui pourrait marcher dessus par inadvertance.
01:56Les policiers ici, ceux qui sont en tenue, ne sont pas aptes à réaliser ce type d'acte.
02:00Seul un agent spécialisé comme Frédéric en a les compétences.
02:05Grâce à son équipement, il peut maintenir l'intégrité des traces qu'il prélève.
02:10On a donc ce qu'on appelle un écouvillon.
02:13Ce qui est destiné effectivement au prélèvement, tout prélèvement ADN de liquide, de tâches.
02:21C'est un coton-tige préservé dans un espace clos.
02:27Nous, on se contonne dans la police scientifique à ramasser les traces et indices.
02:31Donc on doit apprécier dans sa totalité une scène d'infraction dans le but de récolter systématiquement chaque trace et indice.
02:37Pour faire avancer l'affaire et pour aider l'officier de police judiciaire.
02:41Parce que nous sommes avant tout une aide à l'enquête.
02:43Ce qui m'a séduit dans ce métier avant tout, c'est la nouveauté, la variété des interventions.
02:48En fait, il n'y a aucune routine.
02:51Ouais, il y a des traces de coups.
02:53Ils ont forcé ici, non ?
02:58Bon, je vais refaire un prélèvement là-dessus.
03:01Il faut s'attendre à tout, il faut être prêt à tout.
03:03Donc il faut être concentré, minutieux, observateur, attentif pour ne laisser échapper le minimum de traces.
03:12Après les relevés de traces ADN, Frédéric termine par une recherche d'empreintes digitales.
03:17Scientifiquement appelées entraintes papillaires.
03:20Au cas où les braqueurs auraient laissé, en plus du sang, des traces de mains sur le véhicule.
03:25Non, mais il n'y a rien en fait.
03:28En effectuant ces prélèvements, Frédéric participe au premier plan au dénouement des affaires.
03:32Pourtant, contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce n'est pas lui qui va mener l'enquête.
03:37Les traces qu'il a relevées vont maintenant parcourir 500 km et finir leur chemin dans la région lyonnaise.
03:53Nous voilà donc près de Lyon, dans la ville d'Eculie.
03:55Derrière cette grille se cache le plus grand des six laboratoires français de l'INPS,
04:00l'Institut national de police scientifique.
04:03C'est donc là, sous haute sécurité, qu'une myriade de laborantins et de techniciens
04:08travaillent sur les prélèvements effectués sur le terrain.
04:13Au total, 160 fonctionnaires du ministère de l'Intérieur qu'on a pour habitude d'appeler les experts.
04:22Et s'ils travaillent ici près de Lyon, ce n'est pas un hasard.
04:26Lyon, c'est la ville berceau de la police scientifique,
04:29et c'est là que Edmond Locard a conçu à la fois le principe et la structure.
04:34Le principe, il est tout bête, c'est ce qu'on appelle le principe de l'échange, principe de l'échange de Locard.
04:39Dès lors qu'un malfaiteur agit quelque part, il va laisser des traces de son passage
04:44ou sur sa victime ou sur les lieux où il a agi,
04:47et il va repartir en emportant avec lui des éléments qui viennent de la victime
04:52ou des lieux où il a sévi.
04:54Alors ces éléments, ça va être des empreintes de la génétique, des traces papillaires qu'il va avoir laissées sur place,
05:00ça va être des morceaux du génétique même de la victime qu'il va emporter avec lui,
05:04ça va être des frottements de la terre, de la peinture.
05:07Tout ça, c'est le principe de l'échange de Locard.
05:10C'est vraiment la base de la démarche de la police scientifique.
05:16Mais attention, même accompagné du directeur, on n'entre pas comme ça à INPS.
05:21Il faut au préalable passer entre les mains d'un biologiste.
05:24Ici, c'est la règle, personne n'est admis sans son test ADN,
05:28et bien entendu, nous y passons aussi.
05:33Je vais vous demander de bien saliver,
05:35après de placer cette sucette sous votre langue pour bien l'humidifier.
05:44Catherine est technicienne en biologie.
05:46Si elle nous demande d'effectuer ce prélèvement,
05:48ce n'est pas parce que nous sommes des criminels, bien sûr.
05:53On postillonne, on tousse, je pose ma main sur un bureau ou sur une paillasse,
05:59je pose ma pièce à confection ou mon scellé.
06:02Malheureusement, j'ai laissé trop d'ADN, mon scellé frotte,
06:06et je peux mettre mon ADN sur ce scellé.
06:09Nous allons déposer cette salive sur un papier que nous appelons un papier FTA.
06:14C'est un papier buvard violet qui contient certaines substances
06:17qui nous permettent de déposer notre salive,
06:19faire éclater toutes nos cellules,
06:21empêcher les bactéries de se développer
06:24et capter uniquement l'ADN de nos cellules.
06:31Ce petit papier buvard est donc le sésame pour entrer à l'INPS.
06:35Nous allons enfin pénétrer le sein des seins.
06:45Ce matin, un officier de police se présente à l'accueil.
06:49Il enquête sur une affaire de double homicide.
06:52Plusieurs indices ont été prélevés sur la scène de crime.
06:55L'officier amène les scellés pour analyse.
06:58Je vois couteau, tuyaux, recherche papillaire.
07:03Je vais être obligée d'appeler les experts pour vous expliquer tout ça
07:10et voir les délais, ce que vous voulez faire.
07:13Très bien.
07:18Emmanuel ? Bonjour, c'est Joël.
07:21Je t'appelle parce que j'ai M. Masson de l'ADDSP de Lyon.
07:24Joël travaille depuis 20 ans au sein de la police, dont 5 ici à l'INPS.
07:28Responsable de la cellule accueil et gestion des scellés,
07:31son poste est capital dans la chaîne de l'expertise.
07:34A elle d'attribuer les scellés à chaque section
07:36et surtout d'avoir le cœur bien accroché.
07:39Car malheureusement dans ces cartons
07:41se cachent bien souvent la misère sociale et affective.
07:45Chaque affaire peut avoir une résonance sur notre propre vie à nous
07:49ou nos propres, pas souvenirs, mais ça peut avoir un impact.
07:55Et les anciens collègues sont partis parce que c'était trop.
08:00Surtout quand ça implique des enfants.
08:03On a nous-mêmes des enfants, donc on se dit, ça n'arrive pas qu'aux autres.
08:07Donc il faut essayer de prendre du recul.
08:09Le contenu des scellés n'a donc rien d'anodin pour Joël.
08:12D'autant qu'il faut faire face aux experts et leur expliquer le travail.
08:16J'ai un couteau à analyser en bio et en printemps.
08:19Je crois que tu as vu avec Emmanuel.
08:21J'ai vu, voilà, j'ai vu Anne-Françoise et Emmanuel pour le couteau.
08:24Donc vous, vous n'avez que ce scellé-là à analyser.
08:29Les scellés de notre affaire de double homicide sont au nombre de 4.
08:33Des scellés dont nous allons suivre les analyses
08:35dans les différents laboratoires de l'INPS.
08:39Ceux des empreintes et de la biologie pour le couteau retrouvé sur la scène de crime.
08:44Des technologies numériques pour le téléphone retrouvé près de la victime.
08:49De la balistique pour l'arme retrouvée chez un suspect.
08:54Et enfin, de la plaquette de cannabis retrouvée chez ce même suspect.
09:02Mais comme les experts sont des gens très occupés,
09:04les scellés vont attendre quelques heures avant d'être analysés.
09:07Emmanuel va donc les stocker aux côtés de milliers d'autres.
09:10Manifestement, à l'INPS, on ne manque pas de boulot.
09:13Qu'est-ce que j'ai ?
09:15Donc voilà, une affaire de recel de vol,
09:17où on a tout ça en scellés à analyser en biologie.
09:23Après, qu'est-ce que j'ai ?
09:25J'avais une roue l'autre fois, mais elle est partie.
09:27On a des casques.
09:29Ça doit être un casque de moto.
09:32Après, j'ai des extincteurs, j'ai des tapis.
09:38Les experts ne travaillent pas seulement sur du scellé en rayon.
09:41Il y a aussi du scellé congelé.
09:43C'est un congèle comme à la maison, sauf qu'il y a plein de scellés.
09:51Des scellés hors normes, composés pour la plupart de restes humains.
09:55Mais pas seulement.
09:57Le sang, des tissus, du bol gastrique,
10:00on ne peut pas le conserver à la température ambiante, ni au frigo.
10:04Donc c'est congelé.
10:06Et quand le scellé n'est pas congelé,
10:08il est gardé en chambre froide à 10 degrés.
10:10Ici, tous les éléments provenant d'incendies ou d'explosions.
10:16Ils analysent pour savoir s'il y a eu de l'essence,
10:19s'il y a eu des produits inflammables.
10:22Donc il y a eu des prélèvements de matière,
10:24soit de matière calcinée, soit de vêtements.
10:26Ils sont obligés de les conditionner
10:28de manière à pouvoir faire leurs analyses dans les jours qui suivent.
10:32Et c'est le froid qui permet ça.
10:36Joël nous entraîne maintenant dans un endroit
10:38où peu de caméras sont autorisées à tourner.
10:40Un endroit réservé aux seuls experts de la section concernée,
10:44le stock des stupéfiants.
10:46Et voilà Fabrice, qui dirige la section.
10:50Seules les personnes de la section ont accès à cette salle,
10:54qui est la salle de stock,
10:56dans laquelle on met tous les scellés
10:59qui soit sont en attente d'analyse, qui sont arrivés,
11:02soit qui sont déjà analysés,
11:04mais qui sont en attente de restitution au service,
11:07ou bien qui sont en attente d'extinction.
11:09Donc là, on a tout ce qui est en attente d'analyse.
11:12Donc ça, c'est les comprimés présumés de l'ecstasy.
11:16Là, on a plutôt des ovules de cocaïne,
11:19donc des gens qui ont fait du transport incorporé,
11:22ce qu'on appelle des mules,
11:24et comme ça, qui en transportent 60, 80, 100 ovules.
11:28Donc c'est souvent des affaires douanières,
11:30soit des saisies,
11:32mais essentiellement des saisies d'aéroports d'ailleurs.
11:35Voici Orly, puisqu'on reçoit les affaires
11:37des aéroports parisiens, ici avion.
11:41Là, ce qui est sous la table,
11:43c'est essentiellement des affaires de cannabis
11:45qui nous arrivent en grosse quantité.
11:47Ça, c'est des affaires qui sont en cours de traitement ici,
11:49sur la table.
11:50Donc là, on voit des plaquettes avec des logos,
11:52une sorte de sapin.
11:54Du cannabis, il en sera question dans notre affaire,
11:57mais le plus urgent, c'est de détecter
11:59d'éventuelles empreintes.
12:08Nous voilà dans la section des traces papillaires,
12:11la section qui analyse toutes les empreintes de la main,
12:13du doigt à la paume.
12:16Anne-Françoise est experte en traces papillaires,
12:18et ce matin, elle va travailler sur le scellé
12:20numéro 1 de notre affaire.
12:24Un couteau, retrouvé au pied d'une des victimes.
12:27Les enquêteurs souhaitent identifier l'homme
12:29qui l'aurait utilisé pour la dernière fois.
12:36C'est un couteau de cuisine de marque Stainless,
12:40vraisemblablement maculé de sang sûr.
12:44Ici, on constate les deux faces de la lame.
12:52Ce couteau, je vais mesurer sa longueur totale,
12:56préciser la longueur de la lame et la longueur du manche.
13:01Toutes ces infos, bien sûr, serviront à la rédaction
13:03d'un rapport d'experts qui accompagnera l'analyse.
13:07Pour info, le couteau mesure 30 centimètres
13:09avec un manche de 12 et une lame de 18.
13:12Je vous laisse imaginer la scène.
13:15Maintenant, je vais examiner mon scellé.
13:18Dans un premier temps, la recherche de traces papillaires
13:24se fait par détection optique,
13:27ici avec une source de lumière blanche,
13:31à l'aide de cet appareil qui s'appelle le CrimeScope.
13:36Le CrimeScope est l'outil qui équipe la plupart
13:39des laboratoires de criminalistique dans le monde.
13:42Muni d'une lampe Xénon, il émet une lumière blanche
13:45si concentrée qu'aucune trace ne peut passer
13:48entre les mailles du filet.
13:50D'ailleurs, Anne-Françoise vient d'en avoir une.
13:53Elle est localisée ici.
13:55Là, vous voyez, j'observe un dessin.
13:58J'observe une trace papillaire, une empreinte.
14:01La prochaine étape, c'est d'essayer de l'observer,
14:05cette trace à une longueur d'onde différente,
14:08de manière à la mettre en évidence plus précisément.
14:11Et pour mettre en évidence la trace plus précisément,
14:14le CrimeScope dispose de différents filtres.
14:17A une longueur d'onde de 400 nanomètres
14:20caractéristiques de cette lumière violette,
14:22l'empreinte digitale se dessine remarquablement sur le couteau.
14:30A première vue, cette trace photographiée
14:33donnera quelque chose de très net et de bonne qualité.
14:37La belle trace comme celle-ci est particulièrement dans le sens,
14:41c'est quand même relativement rare.
14:45Ce matin, Anne-Françoise est particulièrement chanceuse.
14:48Sur le couteau qu'elle photographie, une trace complète
14:51qui pourrait permettre l'identification du criminel.
14:54Donc ici, à droite, c'est la photographie de la trace en lumière blanche.
15:01A gauche, c'est la photographie de la trace à une longueur d'onde différente.
15:09Et ce qu'on remarque ici, sur cette trace,
15:14c'est que les particularités sont beaucoup plus marquées.
15:19L'empreinte digitale est sur le point de l'évasion.
15:22L'empreinte digitale est sur le point de livrer ses secrets.
15:25Les particularités évoquées par Anne-Françoise,
15:28ce sont ces formes que dessine l'empreinte.
15:31Aucune ne ressemble à aucune autre.
15:33Elles sont particulières à chaque individu.
15:36Pour nos experts, il faut en dénombrer au moins 12.
15:3912 points de particularité que notre experte doit maintenant repérer.
15:45Ici, j'ai une particularité.
15:48On observe que cette ligne, elle bifurque à un moment donné et se divise.
15:53Elle n'est pas continue.
15:55Et le fait de s'arrêter à cet endroit est particulier au dessin.
16:02C'est un travail qui est intéressant.
16:05En fait, on est des artisans, ni plus ni moins.
16:08C'est un travail qui est un travail, on va dire, d'expérience.
16:12C'est au fur et à mesure, travailler les empreintes.
16:17Plus on en voit, plus l'œil s'adapte au dessin, aux particularités.
16:24On les repère plus facilement.
16:26Et pour les comparaisons, c'est beaucoup plus facile avec l'expérience.
16:31L'expérience, bien sûr.
16:33Et hop, comme qui rigole, Anne-Françoise a repéré les 12 points.
16:36L'empreinte laissée sur le couteau a donc été analysée et identifiée.
16:40Dans ce cas, ma mission s'arrête là.
16:43On a révélé une trace papillaire exploitable
16:47qui va être transmise à l'enquêteur pour exploitation.
16:52Anne-Françoise va donc envoyer ses conclusions au FAED,
16:55le fichier automatisé des empreintes digitales.
16:58Si le criminel est déjà affiché, il sera aussitôt retrouvé.
17:02Cette comparaison peut prendre plusieurs semaines.
17:05Heureusement, d'autres expertises donnent des résultats beaucoup plus rapidement.
17:10Nous sommes maintenant au cœur de l'INPS.
17:13Ici, on appelle cette pièce le musée.
17:16Et pourtant, elle n'est pas ouverte au public, bien au contraire.
17:19Cet endroit est le plus sécurisé du site.
17:22Il faut dire que sont référencés ici des milliers d'armes
17:25rangées par calibre, par marque, par époque.
17:28Vous n'en verrez jamais autant.
17:30Cette collection est unique en France.
17:32Les experts de la balistique l'utilisent régulièrement comme expérience.
17:36Par exemple, une réplique du deuxième scellé de notre affaire.
17:39Un Brüning GP35 figure forcément ici.
17:42Cette arme de poing, retrouvée chez l'un des suspects de notre affaire,
17:45a-t-elle servi dans l'un des meurtres ?
17:47L'expert en balistique est capable d'y répondre.
17:56On va le mettre en sécurité.
17:59On va le mettre en sécurité.
18:03On va le mettre en sécurité.
18:06On va procéder à l'examen technique de l'arme.
18:09Cet examen consiste à vérifier le bon fonctionnement de l'arme,
18:12le fonctionnement mécanique, vérifier les marquages sur l'arme,
18:15le numéro de série, la marque, le modèle.
18:19Michel, 36 ans, est l'une des figures de la balistique.
18:22Son visage est bien entendu flouté et pour cause,
18:25Michel est un expert qui se déplace régulièrement sur le terrain
18:28dans des zones très sensibles.
18:30Sa connaissance des armes est totale, projection, rejet, mécanique.
18:34Il est même capable de reconstituer le scénario d'un meurtre
18:37rien qu'en examinant les éléments de tir,
18:40exactement comme dans les séries.
18:42Les experts de la télé ne correspondent pas aux experts de la vraie vie.
18:46Les analyses sont beaucoup plus approfondies
18:49et les résultats sont parfois beaucoup plus compliqués
18:52à obtenir dans la vraie vie que dans les fictions.
18:55Ce n'est pourtant pas le cas de notre arme.
18:58Sous fort grossissement, à la lune binoculaire,
19:01on observe des grains de poudre imbroulés
19:05et quelques résidus de suie,
19:09ce qui indique que cette arme a bien été utilisée.
19:13C'est un premier indice, mais cela ne suffira pas aux enquêteurs
19:16pour confirmer si l'engin est bien celui du meurtre.
19:19Pour le savoir, notre expert en balistique dispose d'un autre élément très précieux.
19:23Le médecin légiste a remis aux agents de la police technique et scientifique
19:27une balle extraite du corps de la victime.
19:30A-t-elle été tirée par notre arme retrouvée chez l'un des suspects ?
19:34Pour le savoir, Michel emploie les grands moyens.
19:42Là, on va à la gaine de tir.
19:44On va effectuer des tirs avec des cartouches à balles réelles
19:48pour récupérer la douille et le projectile.
19:51En clair, l'expert oppose les éléments de tir d'origine retrouvés sur la scène de crime
19:56à ceux qu'il effectue en laboratoire en se servant de la même arme.
20:01Là, c'est deux cartouches réelles qu'on va utiliser pour récupérer des étuis, des projectiles,
20:08qui vont nous servir d'éléments de base de comparaison
20:11avec l'étui des couverts sur la scène de crime.
20:21Il ne reste plus à Michel qu'à récupérer ses balles dans le caisson de tir.
20:26J'ai localisé le bloc de plastique qui a stoppé les deux projectiles.
20:30On les voit ici, donc je peux les extraire très facilement.
20:38Voilà, j'ai mes deux projectiles tirés intacts.
20:43Et voilà, nous avons maintenant nos éléments de comparaison,
20:47nos deux étuis percutés et nos deux projectiles.
20:51On va donc comparer les étuis avec l'étui retrouvé sur la scène de crime
20:55et mes deux projectiles, je vais les comparer avec le projectile extrait du corps de la victime.
21:04Dernière étape après le stand de tir, la salle du macroscope comparateur.
21:09Un double microscope haute définition qui va nous permettre d'examiner de très près les éléments de tir.
21:16Premier élément, la balle.
21:18En tirant, le canon de l'arme grave sur le métal des traits bien caractéristiques.
21:25Donc ici on voit les rayures, en l'occurrence on en a six,
21:30qui font une certaine largeur et qui sont orientées vers la droite.
21:37En comparant les rayures de cette balle à celles retrouvées sur la victime,
21:41notre expert pourra confirmer ou non s'il s'agit bien de la même arme.
21:46Ce qui intéresse souvent les enquêteurs, c'est de savoir s'il y a eu l'utilisation d'une ou plusieurs armes.
21:51Donc là effectivement, en comparant, on va pouvoir dire s'il s'agit de la même arme ou si on est en présence de deux, voire plusieurs armes.
21:59A gauche le tir d'essai, à droite le scellé.
22:02On va venir aligner chaque rayure pour retrouver la similitude.
22:08Donc là effectivement, dans ce cas là, on a des zones de concordance.
22:13La partie importante, c'est la partie qui se trouve au cul de la balle,
22:19c'est-à-dire la dernière partie du projectile qui sort du canon.
22:23Parce que c'est la dernière partie à avoir imprimé le canon.
22:30Une étude comparative comme celle-ci peut prendre des jours si la similitude est imparfaite.
22:35Tout doit concorder.
22:37Ça nécessite de souvent faire des pauses, passer à autre chose, revenir dessus.
22:45Et c'est là qu'on va découvrir des choses qu'on n'avait pas vues la première fois, qui ressortent lors d'une deuxième opération d'observation.
22:54Il faut être passionné pour faire ce métier parce que ce n'est pas toujours évident.
22:58Mais on va toujours au maximum pour essayer de rendre un résultat qui soit le plus conforme possible à ce qu'on attend de nous.
23:08Et quelle que soit l'expertise, les experts confirment toujours leurs résultats.
23:12Si la comparaison de la balle apporte déjà un premier élément de réponse, reste à étudier l'étui percuté, autrement dit l'enveloppe de la balle.
23:21Sa base, appelée culot, donne aussi de précieux indices.
23:26On voit les défauts de la culasse qui sont venus s'imprimer sur cette amorce au moment de l'explosion.
23:31Ensuite, si je réduis mon grossissement, on voit apparaître le plateau du culot sur lequel vient s'imprimer l'empreinte de l'éjecteur.
23:43Donc là, on est vraiment dans la similitude parfaite.
23:48On voit effectivement que toutes ces stris-là s'alignent les unes avec les autres.
23:54Et voilà, c'est confirmé. L'arme retrouvée chez le suspect est bien celle qui a servi à tirer sur la victime.
24:00Il se pourrait même qu'on retrouve son ADN. Seulement, ce n'est pas ici que ça se passe.
24:13Donc là, voici notre vestiaire. Et ces dernières années, comme l'activité a énormément augmenté, on s'est retrouvés à réduire la place dans le laboratoire.
24:24Donc, on a un vestiaire mixte. Mais ça se passe très bien avec notre petit système d'hard-wash.
24:28Chiga pour les garçons et Fifi avec la petite fleur pour les filles.
24:31Il faut juste vérifier qu'il n'y a personne avant de rentrer. Et si ça ne crie pas, c'est qu'on peut y aller.
24:38Et c'est en blouse blanche que nous allons opérer. Bienvenue en biologie.
24:43Une section qui s'est plus développée ces dix dernières années, allant jusqu'à employer à elle seule le tiers du personnel de l'INPS
24:50et représenter, tenez-vous bien, 90% des activités du labo.
24:55Depuis cinq ans qu'elle est ici, Claire, qui est l'un des experts de la section, ne chôme pas.
25:01On a des affaires différentes, de natures différentes, dans des contextes différents.
25:05Donc forcément, on renouvelle un petit peu l'activité tous les jours.
25:09Et les techniques évoluant très rapidement, on a un métier qui est en perpétuelle évolution.
25:14Le responsable de toute cette agitation, c'est l'ADN ou l'acide désoxyribonucléique.
25:20Tous les êtres vivants en sont constitués. Les criminels n'y font pas exception, heureusement.
25:26Et l'avantage de l'ADN, c'est qu'on en retrouve partout.
25:30Par exemple, sur ces surfaces lisses, comme ces emballages de cannabis, les experts sont capables d'en retrouver
25:36grâce à de microscopiques bouts de peau laissés par les trafiquants.
25:42C'est le type d'affaires qu'on va traiter en commun et où la pluridisciplinarité du laboratoire est très importante
25:47parce que les emballages des stupéfiants sont d'abord passés aux empreintes pour la recherche de traces papillaires,
25:53arrivent chez nous pour les recherches de traces ADN.
25:57Dans le même temps, les plaquettes de résine sont analysées par les stupéfiants
26:02pour essayer de déterminer l'origine des stupéfiants.
26:06Chacun dans leur discipline, les experts conjuguent leurs travaux.
26:10C'est le cas pour notre couteau, rappelez-vous.
26:13D'abord passé entre les mains de la section traces papillaires, pour les empreintes digitales,
26:17le voilà maintenant à la charge de la biologie.
26:21Nos CD sont stockés ici, dans une salle sécurisée, dont seules les personnes habilitées ont le code.
26:28Le CD est ici.
26:30Il a été d'abord analysé par la section empreintes et il nous a été transmis.
26:37Donc on va pouvoir le récupérer.
26:39L'objectif est très clair, rechercher sur le manche du couteau l'ADN du probable criminel.
26:49On manipule l'extérieur du CD avec une paire de gants,
26:54et on va en changer avant de prendre l'objet à l'intérieur.
26:59Pour ne pas transférer de l'ADN de l'extérieur, qui n'est pas protégé,
27:04vers l'intérieur, qui a été normalement protégé de toutes sources de contamination.
27:09Ainsi, Claire peut changer jusqu'à 50 fois de paire de gants par jour.
27:13Le but, c'est évidemment d'éviter tout mélange d'ADN,
27:17et éviter aussi que Claire ne soit confondue avec le probable criminel de notre couteau.
27:22Ce frottement va servir à récupérer un maximum des cellules
27:25qui auront été déposées par la personne qui a tenu ce couteau.
27:28On récupère bien ces cellules en frottant partout, sur le manche, sur le coton-tige,
27:33et après on va transférer le coton dans notre tube identifié.
27:37Donc là, notre trace est prélevée,
27:42et on va pouvoir le récupérer.
27:45Les substances récupérées sont infimes,
27:48le tout sur un manche de couteau d'apparence lisse et propre.
27:52Là, on a rajouté à nos cellules du détergent et de la protéinase.
27:58Donc le détergent et cet enzyme, c'est la protéine,
28:02et le détergent et l'enzyme, c'est l'adrénaline.
28:06Donc on va pouvoir récupérer un maximum d'adrénaline,
28:10du détergent et de la protéinase.
28:13Donc le détergent et cet enzyme vont servir à casser les cellules
28:17et tous les constituants des cellules.
28:20Claire obtient alors un liquide appelé l'ISA,
28:23où tous les constituants cellulaires, ADN compris, sont en suspension.
28:28Suite de l'opération, isoler l'ADN du reste des cellules.
28:31Attention, prenez des notes, c'est un peu compliqué.
28:34Et on va déposer ces LISA sur des petites colonnes,
28:37ce sont en fait des colonnes qui fixent spécifiquement l'ADN.
28:40Donc dans un premier temps, on dépose l'ADN sur les colonnes,
28:44il s'y fixe, on effectue plusieurs lavages de ces colonnes,
28:50pour éliminer tous les autres constituants,
28:53et on termine par une étape d'élusion,
28:56où on va décrocher l'ADN de la membrane.
29:00Donc on aura notre ADN purifié, en solution, dans un nouveau tube.
29:04Voilà, voilà, donc on ne s'improvise pas exprès en deux minutes.
29:07En résumé, pour analyser l'ADN, on ne garde que l'extrait pur d'ADN,
29:12imaginé dans ces petits tubes, du jus 100% de criminel.
29:16Il reste désormais à Claire à amplifier et à analyser l'ADN.
29:21Après quatre heures, le verdict tombe.
29:26On se retrouve dans un endroit nettement plus « normal »
29:32pour l'analyse génétique des profils.
29:37Donc tout ce qui a été analysé en bas,
29:43va être récupéré à l'aide d'un logiciel.
29:48Voilà donc l'ADN de notre potentiel criminel.
29:51Ici, le sexe est la seule information visible.
29:54X pour la femme, XY pour l'homme.
29:58Là, ce profil correspond à la trace que l'on a prélevée sur le manche du couteau.
30:05Donc on peut en déduire que l'individu a l'origine de cette trace et de sexe masculin.
30:14Ces informations, ici à l'écran, représentent 99% du génome de notre potentiel criminel.
30:20Avec ça, impossible de le confondre avec un autre.
30:24Le travail de Claire est maintenant terminé, mais les analyses ADN, elles, poursuivent leur parcours.
30:29Claire va les transmettre dans ce bâtiment situé juste à côté de l'INPS.
30:36Le FNAEG, le Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques.
30:40Impossible d'y pénétrer, les 2,5 millions de traces génétiques qu'il détient sont classées confidentielles.
30:48Soit elles sont rapprochées d'un individu, auquel cas le requérant en est inverti
30:54et nous demande de confirmer le rapprochement proposé par le FNAEG.
30:58Soit cette trace ne correspond pas à un individu déjà présent dans la base
31:03et elle va être conservée dans la base jusqu'à ce qu'elle puisse être identifiée.
31:13Ce matin, remue ménage dans les coulisses de l'INPS.
31:16Chaque mardi, tous les produits usagés quittent le laboratoire direction la baine à déchets
31:21sous les yeux avertis de Sébastien, chargé de l'hygiène et de la sécurité du site.
31:26Bonjour !
31:27En fait, c'est le fruit d'une semaine d'activité au sein du laboratoire
31:31donc ce qui représente à peu près 1 kg, 200-300 kg au minimum par semaine.
31:41Le déchet à l'INPS n'est pas celui de M. et Mme Tout-le-Monde
31:45et son traitement fait partie intégrante de l'activité du laboratoire.
31:49Ici, évidemment, pas de pelure de banane ni d'emballage de lessive.
31:54En fait, ici, on a ce qu'on appelle les déchets dangereux, dits dangereux.
31:57Donc on a les déchets mous, les blouses, les gants, les déchets coupants-piquants, les produits chimiques.
32:06Ce sont des déchets qui ont été en contact, à un moment donné, de la chaîne d'analyse
32:11avec des éléments souillés, contaminés par des matières biologiques, des fluides biologiques
32:15ou tout élément qui peut être pathogène pour l'être humain.
32:20Des scellés issus de scènes de crime, ça peut être sale et parfois même dangereux.
32:26Nous avons toutes les hépatites, on peut retrouver toutes les hépatites,
32:29B et C notamment, le VIH, toutes les matières, je dirais, en décomposition
32:36qui peuvent apporter des bactéries non négligeables sur l'humain.
32:41Étant donné que les gens se protègent à l'arrivée et pendant l'analyse des scellés,
32:46on doit continuer dans cette logique-là,
32:49à ce que les déchets ne contaminent pas le reste, je dirais, du laboratoire
32:55et qu'on puisse les acheminer en toute sécurité vers le centre de destruction.
33:02Donc toute la chaîne doit être verrouillée à tous les points.
33:06Les experts travaillent constamment dans un univers à risque.
33:09C'est à Eric de s'assurer de la bonne tenue de leur laboratoire
33:12et du respect des normes de sécurité.
33:15Cela fait de lui l'un des maillons essentiels de cette chaîne d'expertise.
33:20On travaille dans l'ombre, on n'est pas forcément toujours en première ligne
33:24mais on veille. On est là, on veille à ce que les choses se déroulent dans de bonnes conditions.
33:29On a un devoir, je dirais, d'anticipation
33:33et puis apporter toujours une réponse aux questions qui nous arrivent.
33:37Les déchets bientôt incinérés, on continue à travailler en toute sécurité.
33:49Labo des stups.
33:55Voilà, donc les balances de précision.
34:02Pour le dosage de la résine, on travaille dans des tubes en verre comme ceux-ci
34:06et donc on fait nos pesées dans des petites barquettes en aluminium.
34:13Mylène est technicienne au laboratoire des stupéfiants.
34:16C'est elle qui aujourd'hui a pour mission d'analyser le troisième scellé de notre affaire.
34:21Un bloc de résine de cannabis retrouvé chez un suspect.
34:29Voilà, donc là j'ai atteint la masse désirée, donc on est à 9,38.
34:40Après 15 ans passés dans un laboratoire médical à analyser le cholestérol ou le diabète des patients,
34:46Mylène s'est vue ouvrir les portes de la police scientifique.
34:50Un service qu'elle avait toujours rêvé d'intégrer.
34:54C'était une façon pour moi de me spécialiser parce que j'avais déjà fait énormément de biochimie avant.
34:59C'était l'attrait de l'enquête, de l'aide à l'enquête qu'on peut apporter.
35:04Et puis c'est vrai que le laboratoire de police scientifique de Lyon est très dynamique
35:09et on est en perpétuelle évolution, donc pour nous c'est vraiment très intéressant.
35:15800 dossiers de stupéfiants sont traités chaque année par la section.
35:19Autant dire que Mylène en a vu passer des vertes et des pas mûres sur les paillasses de son laboratoire.
35:25Et s'il est une substance sujette aux fantaisies des trafiquants, c'est bien le cannabis.
35:32Là c'est des nouvelles dimensions, donc des toutes petites plaquettes un peu plus épaisses,
35:37mais aussi avec un logo bien caractéristique.
35:41Donc là c'était des plaquettes allongées.
35:52Là, grande dimension, et donc des ovules de résine comme on a des ovules de cocaïne.
36:01Et le plus malheureux dans tout ça, ce n'est pas la forme.
36:04Alors donc au niveau des plaquettes de résine de cannabis,
36:08donc on est à une teneur de principe actif.
36:11Donc les statistiques de 2011 donnaient l'ordre de 12%.
36:15Actuellement, on a une augmentation de cette teneur qui est de l'ordre de 20%.
36:21A savoir qu'il y a 10 ans avant, on était aux alentours de 60%.
36:25Donc on a une augmentation de cette teneur qui est de l'ordre de 20%.
36:31A savoir qu'il y a 10 ans avant, on était aux alentours de 67%.
36:35Le cannabis est donc beaucoup plus dangereux qu'avant.
36:38Pour quelle raison ?
36:40L'augmentation par 3 du principe actif, aussi appelé THC.
36:44C'est lui qui donne au cannabis son pouvoir psychoactif
36:47et que les experts recherchent dans les plaquettes.
36:49Sans ce THC, le bloc de résine peut avoir la couleur, l'odeur,
36:54mais il ne sera pas considéré comme un stupéfiant.
36:58Il faut être certain de l'identification.
37:01Il faut être sûr qu'on soit bien en présence de stupéfiants.
37:06Et pour être sûr, Mylène dispose d'un chromatographe.
37:10Un appareil capable de séparer les molécules d'un constituant,
37:13de les identifier et d'en déterminer la masse.
37:18Bref, le chromatographe, c'est un peu la bête noire du trafiquant.
37:22Il voit tout, il sait tout, il dit tout.
37:28Voilà les résultats qu'on a obtenus sur l'identification.
37:34On a confirmation de la présence de tetrahydrocannabinol,
37:39donc le delta-9 qui est le principe actif.
37:41Le THC a été identifié,
37:43donc la plaquette était bien de la résine de cannabis.
37:47L'étau se resserre un peu plus à mesure que les analyses avancent.
37:51Notre dernier scellé devrait d'ailleurs livrer quelques informations.
37:56Zéro, douze, quarante-deux, triple zéro, cinq cent un.
38:04Je vais te le répéter.
38:05Ce code est celui du dernier scellé de notre affaire.
38:08Le téléphone retrouvé aux abords de la scène de crime.
38:11À qui appartient-il ?
38:13Que peut-on y retrouver ?
38:17Le problème, c'est qu'il n'y a pas d'information.
38:20À qui appartient-il ?
38:22Que peut-on y retrouver ?
38:25C'est la mission de Pascal et Johan,
38:27les experts de la section technologie numérique.
38:30La dernière à s'être développée à l'INPS en 2006.
38:35N'importe qui peut regarder des données sur un téléphone
38:38et regarder les images, les SMS, etc.
38:41Par contre, faire la corrélation avec l'affaire qui est demandée
38:44ou alors trouver les données cachées ou effacées,
38:47ça c'est notre boulot.
38:49Même s'ils renferment beaucoup de technologies,
38:51les deux experts sont habitués à ce type de téléphone de grande marque.
38:54Ils savent exactement comment rentrer dans ses entrailles
38:57et retirer toutes les informations.
39:02On peut dire qu'aucun téléphone nous a résisté à l'heure actuelle.
39:07Tout commence par un petit coup de fil à l'opérateur.
39:10Oui, bonjour, laboratoire de police scientifique de Lyon.
39:14Je vous appelle dans le cadre d'une ordonnance de commission d'experts
39:17pour obtenir un code de déblocage sur une carte SIM de chez vous.
39:22La carte SIM, c'est la clé d'entrée du téléphone.
39:25C'est elle qui va parler en premier
39:27et livrer les informations spécifiques au réseau mobile,
39:30autrement dit les données personnelles
39:32partagées entre l'opérateur et l'utilisateur.
39:37Il ne reste qu'à l'introduire dans ce lecteur de cartes
39:40développé spécifiquement pour l'INPS
39:42et tout s'affiche comme par magie.
39:45Nous retrouvons le numéro de série
39:47qui est inscrit sur la carte SIM.
39:49Nous le retrouvons ici.
39:51Nous retrouvons par contre un numéro
39:53qui est lié à l'opérateur
39:55qui permet d'associer un numéro d'appel.
39:57Ce numéro-là permet de pouvoir remonter à un abonné.
40:01C'est donc une information capitale pour les enquêteurs.
40:04Grâce à ce code,
40:06ils peuvent interpeller rapidement le propriétaire du téléphone.
40:09L'analyse peut durer de quelques minutes
40:12suivant la quantité de données dans le téléphone
40:15à une heure, deux heures, trois heures.
40:19Après la carte SIM,
40:21c'est la mémoire du téléphone,
40:23celle contenue au cœur de l'appareil
40:25qui va bientôt livrer ses secrets.
40:27Les deux experts n'ont même pas eu à l'ouvrir
40:29ni à le décortiquer.
40:31L'autopsie du téléphone se fait grâce
40:33à la mémoire de l'appareil.
40:35C'est un peu la surprise à chaque fois.
40:37On ne sait pas ce qu'on va trouver.
40:39Par moments, il y a certaines choses
40:41qui permettent de faire avancer
40:43l'enquête du juge, du magistrat ou d'un enquêteur.
40:46C'est exactement ce que nous cherchons à savoir.
40:49Y-a-t-il dans ce téléphone
40:51un contenu susceptible de nourrir l'enquête ?
40:54Après quelques dizaines de minutes,
40:56voici le résultat.
40:58C'est le numéro de l'appareil.
41:00C'est le numéro de l'appareil.
41:03Après quelques dizaines de minutes,
41:05voici le résultat.
41:07Toutes les données.
41:09Journal d'appel, SMS, MMS, photos.
41:11Tout y est.
41:13Même celle que l'utilisateur
41:15pensait effacer de son appareil.
41:19Là, c'est exactement comme si on avait
41:21le téléphone dans les mains.
41:23On peut lire les SMS
41:25et suivre éventuellement une conversation
41:27entre différentes personnes.
41:29On tombe parfois sur des images
41:31qu'on aurait préféré ne jamais voir.
41:34De tout style de déviance sexuelle
41:36ou bien de plaisir morbide
41:38en donnant des corps...
41:40des corps sans vie.
41:42Ou alors de la pédophilie
41:44à la zoophilie.
41:46Parfois les deux entremêlés.
41:48S'il n'y a pas des données
41:50en rapport avec l'enquête,
41:52mais ça permet de cibler
41:54le comportement d'une personne.
41:56Pascal et Johan n'ont repéré
41:58aucune image compromettante dans ce téléphone.
42:00Mais leur travail ne s'arrête pas pour autant.
42:02Il leur faudra maintenant retranscrire
42:04toutes les données recueillies.
42:08Voilà l'exemple d'un rapport
42:10qu'on peut établir.
42:12Un rapport qui fait
42:16environ 250 pages.
42:19En matière de technologie numérique,
42:21les experts ne s'arrêtent pas
42:23au simple téléphone, bien sûr.
42:25La spécialité de cette autre équipe,
42:27basée, elle, à Marseille,
42:29sont les vidéos enregistrées
42:31par les caméras,
42:33notamment celles de surveillance.
42:35Il peut y avoir des cas où une scène
42:37qui est filmée est très loin
42:39de l'objectif, et auquel cas
42:41nous pouvons être sollicités
42:43pour aller essayer d'apporter
42:45des détails sur une infraction
42:47qui aurait eu lieu non pas au premier plan,
42:49mais au dernier plan.
42:51Il peut s'agir aussi de vidéos
42:53de bonne qualité, mais pour lesquelles
42:55un détail nous est demandé,
42:57qui n'est pas visible à la lune nue.
42:59Ça peut être un individu
43:01qui passe au loin,
43:03et pour lequel on voudrait soit
43:05identifier son visage, soit obtenir
43:07un maximum de détails.
43:09Ça peut être des détails vestimentaires,
43:11ou bien, notamment pour un véhicule,
43:13essayer d'identifier la marque
43:15ou le modèle, et au mieux
43:17la plaque d'immatriculation.
43:19Karine, experte en technologie numérique,
43:21a participé au développement
43:23de cet outil dit
43:25de super résolution.
43:27Dans une autre affaire que la nôtre,
43:29elle a par exemple été chargée d'identifier
43:31une plaque d'immatriculation filmée
43:33par une caméra de vidéosurveillance.
43:35Comment a-t-elle opéré ?
43:37Eh bien, elle a tout simplement
43:39superposé.
43:41On pose des repères
43:43sur toutes les images, et ensuite
43:45on va venir additionner
43:47toutes les images
43:49par rapport à ce repère-là, pour
43:51recentrer sur le même axe.
43:54Karine isole la plaque d'immatriculation
43:56du véhicule, puis elle demande
43:58à l'ordinateur d'associer toutes les
44:00plaques floues.
44:02Après plusieurs heures de travail,
44:04voilà le résultat.
44:06En bas, voici la plaque super résolue,
44:08pas super lisible
44:10pour un œil non averti,
44:12mais très utile pour un expert.
44:14Nous pouvons distinguer certains caractères
44:16de la plaque d'immatriculation,
44:18ce qui n'était pas le cas sur les images brutes.
44:238. Les trois premiers chiffres
44:25sont désormais lisibles.
44:27Pour les enquêteurs,
44:29c'est une véritable avancée car cela réduit
44:31considérablement le nombre de véhicules
44:33à rechercher.
44:35Et s'il n'y a pas de super résolution
44:37à faire, la vidéo renferme
44:39d'autres informations très utiles.
44:41Voyous, trafiquants et autres criminels,
44:43prenez garde aux experts des caméras.
44:45Dans cette autre affaire,
44:47les enquêteurs souhaitaient connaître la taille
44:49d'un suspect présent à l'image.
44:51Les experts sont retournés sur place
44:53et se sont servis d'une colonne appelée toise
44:55comme élément de référence.
44:57On va positionner cette toise
44:59là où passent les individus
45:01et grâce à ça,
45:03ensuite, on pourra
45:05tracer des lignes de repère
45:07avec toutes ces toises
45:09et pouvoir estimer leur taille.
45:13Sur la toise,
45:15tous les carrés noirs font 5 cm
45:17et sont distants les uns des autres de 5 cm.
45:19Ils servent de référence
45:21aux experts pour tracer des lignes.
45:23Des lignes qui correspondent
45:25au métrage réel du couloir.
45:27Une fois qu'on a tracé ces lignes-là,
45:29les toises,
45:31cette fois-ci, on va les enlever
45:33et on ne va plus
45:35que conserver les lignes
45:37de repère qui ont été tracées.
45:39Pour un résultat
45:41ultra précis,
45:43le logiciel de l'ordinateur est capable
45:45de calculer entre les lignes
45:47le nombre de pixels,
45:49ces petits points qui composent l'image.
45:51258 pixels équivalent à 2 m.
45:55On va calculer sa taille
45:57en partant du talon.
45:59On n'hésite pas à zoomer.
46:01Reste à déterminer le nombre de pixels
46:03d'un bout à l'autre de l'individu
46:05et à faire un produit en croix.
46:07Mais si, vous allez voir, c'est bête comme chou.
46:11J'ai tracé ma droite
46:13et l'ordinateur va calculer
46:15le nombre de pixels entre les deux points,
46:17soit 215 pixels.
46:21Grâce à mon repère,
46:232 m équivaut à 258 pixels.
46:25L'individu qui, lui,
46:27a été mesuré à 215 pixels
46:29est estimé
46:31à 166 cm.
46:33S'il avait été filmé,
46:35l'auteur de notre affaire de double homicide
46:37aurait très bien pu faire l'objet
46:39d'une telle expertise.
46:41Il n'empêche, grâce aux experts de l'INPS,
46:43les enquêteurs ont désormais
46:45des éléments très concrets
46:47pour mener à bien leur future investigation.
46:49Si on récapitule,
46:51les experts ont identifié
46:53une empreinte digitale nette et caractéristique,
46:55ainsi qu'une trace d'ADN
46:57laissée sur le couteau.
46:59Ils ont confirmé le lien entre une arme de poing
47:01retrouvée chez un suspect
47:03et celle utilisée lors du crime.
47:05Enfin, ils ont extrait de nombreuses
47:07informations personnelles contenues dans un téléphone
47:09et révélé la détention
47:11d'une quantité importante de stupéfiants
47:13issus d'un éventuel trafic de drogue.
47:15De quoi aider grandement
47:17magistrats et policiers
47:19qui mèneront bientôt l'enquête.
47:21Une aide qui pourrait se révéler
47:23décisive.

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