SMART IMPACT - Accompagner les entreprises du textile circulaire

  • il y a 3 mois
Un accélérateur dédié aux entreprises du textile circulaire en Île-de-France : c’est ce que propose Alexandra North, directrice accompagnement et filières de l’association Les Canaux. SMART IMPACT la reçoit aux côtés d’une lauréate de la promotion 2024-2026, Eugénie de Larivière, cheffe de projet chez Les Résilientes. Ce studio de design d’Emmaüs Alternatives favorise la réinsertion professionnelle par l’upcycling (recyclage par le haut), et met la créativité au service de la confiance en soi.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Retrouvez le débat de Smart Impact avec Veolia.
00:12Le débat de Smart Impact. Je vous présente tout de suite mes invités.
00:15Alexandra North, bonjour.
00:16Bonjour.
00:17Bienvenue. Vous êtes la directrice d'accompagnement et filière dans l'association Les Canots.
00:21Et Eugénie de La Rivière, bonjour et bienvenue.
00:23Bonjour.
00:24Vous êtes chef de projet Les Résilientes chez Emmaüs Alternatives.
00:28On va présenter ce que vous faites l'une et l'autre et ce que font notamment, ce que fait votre association.
00:33Les Canots, c'est quoi ?
00:34Alors Les Canots, on a deux grands piliers chez Les Canots.
00:39On est à la fois un lieu emblématique de l'économie solidaire et circulaire
00:43et aussi une association avec ses activités pour promouvoir une économie plus durable.
00:48Si je viens sur le lieu emblématique, vous pouvez tous venir visiter la maison des Canots.
00:53On est sur le canal de Lourdes dans le 19e et ça a été un chantier qui a été exemplaire
00:59parce que la maison des Canots a été entièrement réhabilitée en économie circulaire et solidaire.
01:05Et à l'intérieur de ça, nous avons des actions en tant qu'association pour promouvoir une économie plus durable,
01:10c'est-à-dire plus circulaire, plus solidaire et plus locale.
01:13Avec notamment un accélérateur textile circulaire dont on va parler et dont vous avez bénéficié Eugénie de La Rivière.
01:19Les Résilientes, de quoi s'agit-il ?
01:21Les Résilientes, c'est un studio de design en milieu d'insertion professionnelle.
01:25On travaille au sein d'Emmaüs Alternatives et on travaille à la réutilisation des matériaux
01:29pour faire des accessoires pour la mode et pour la maison avec des personnes en parcours d'insertion.
01:34Vous avez été sélectionnée pour rejoindre cet accélérateur.
01:37Deuxième édition, je crois, de cet accélérateur des Canots.
01:42C'était pas sur le textile la première édition, c'est ça ?
01:45Tout à fait, vous êtes bien renseignée.
01:47En Ile-de-France, on accompagnait une quinzaine de structures à changer d'échelle,
01:51mais c'était sur l'économie circulaire, mais pas forcément sur la filière du textile.
01:56Ça pouvait être des structures du bâtiment circulaire, du mobilier circulaire.
02:01Il y avait des acteurs comme Gobi qui font des gourdes éco-conçues,
02:06La Sauge qui fait de l'agriculture urbaine.
02:08Et là, sur cette deuxième édition, on a décidé de vraiment se concentrer sur la filière textile
02:12parce que c'est l'une des plus polluantes du monde.
02:15Et ça fait sens aussi d'avoir une quinzaine de structures qui sont vraiment sur la même filière.
02:20Comment ça marche ? C'est un accélérateur.
02:22Vous choisissez des projets et vous les aidez.
02:25Financièrement, ça fonctionne comment ?
02:28C'est du mécénat de compétences ? On peut tout imaginer ?
02:31On adorerait les aider financièrement et avoir plein de sous à leur donner.
02:35Mais on les accompagne surtout sur le fait de structurer, de consolider leur modèle d'affaires
02:40grâce à un accompagnement individuel, à du mentorat.
02:43On a aussi des formations collectives pour les accompagner sur tout ce qui est entrepreneuriat.
02:47Par exemple, quand on fait du textile circulaire, on peut avoir des enjeux comme
02:51tarifier au bon prix ses prestations, travailler sa posture d'entrepreneur.
02:55On les accompagne aussi sur les cadres réglementaires, à chercher des subventions.
02:59C'est un accompagnement très complet sur 18 mois.
03:02Pourquoi vous avez candidaté aux Génies de la rivière ?
03:05Aujourd'hui, nous, ça fait 7 ans qu'on a une activité de cycling.
03:08Aujourd'hui, on avait envie de se professionnaliser, se structurer et de défricher un nouveau métier
03:13qu'on appelle le tapissier circulaire pour le bâtiment.
03:16Le ?
03:17Le tapissier circulaire pour le bâtiment.
03:18Vous allez m'expliquer ce que c'est.
03:20On a envie d'intervenir sur tout ce qui est textile à l'échelle du bâtiment.
03:23Ça va du store à la paroi acoustique, au tapis.
03:28Tout ce qui va être matériau souple dans une habitation.
03:31Et pour structurer cette activité et professionnaliser cette activité,
03:35on avait envie d'être accompagné sur toutes les parties dont Alexandre a parlé.
03:40Qu'est-ce que vous en attendez ? Ça dure combien de temps ?
03:43Ça dure une année ?
03:4418 mois.
03:4518 mois.
03:46C'est quasiment deux ans.
03:47C'est bien, c'est un accompagnement de longue durée.
03:49Le fait d'être, si j'ai bien compris, dans une sorte d'écosystème,
03:52dans un groupe où vous travaillez tous sur des problématiques un peu similaires,
03:56ça vous semble important, ça ?
03:58C'est toujours important.
03:59L'échange fait avancer beaucoup plus vite, donc c'est toujours hyper important.
04:03Quand on est sur des métiers qui sont nouveaux,
04:05souvent quand on parle de réemploi, de réutilisation de matière,
04:09d'être plusieurs à défricher un même terrain,
04:13ça permet quand même d'aller beaucoup plus vite dans ce qu'on fait.
04:16Si on jette un petit coup d'œil dans le rétroviseur,
04:18pour les entreprises ou les associations que vous avez accompagnées
04:23sur la première année de cet accélérateur, qu'est-ce que ça donne ?
04:27Quel premier bilan vous pouvez faire,
04:29même si, si j'ai bien compris, on n'est pas encore au bout de l'accompagnement ?
04:32Pour cette première édition, on a bouclé l'accompagnement.
04:35Ça y est, d'accord.
04:36La deuxième vient d'être lancée et on est très contents des résultats.
04:40Ils ont collectivement, donc ils étaient 15 structures,
04:43augmenté de plus de 50% leur chiffre d'affaires.
04:45C'est un indicateur qu'on suit.
04:47Ils ont créé collectivement toujours 200 emplois.
04:50Et on regarde aussi l'indicateur du tonnage de matière recyclée, réemployée,
04:55qui a augmenté aussi de 70% sur la promo.
04:59Et j'oublie les 700 millions d'euros de levées de fonds
05:04qui, pareil, ont été réalisés collectivement.
05:07Parce que le fait d'intégrer un accélérateur comme le vôtre,
05:11ça donne à ces entreprises une crédibilité supplémentaire ?
05:15Je dis ça à la question des levées de fonds.
05:17Est-ce que vous le ressentez, ça ?
05:18Ou est-ce que ces entrepreneurs ou entrepreneuses vous le disent ?
05:21Là, on les accompagne sur des aspects comme le pitch.
05:26On les accompagne à bien pitcher leur activité auprès d'éventuels financeurs.
05:31Et aussi, on organise des forums du financement
05:34pour qu'ils puissent aussi faire un matching avec différents financeurs.
05:38En fait, on les aide, on les outille.
05:40Et après, ce sont eux qui font le travail en vrai.
05:42Il y a un accéléré qui a quand même trouvé son premier financeur
05:46dans le mentorat qu'on leur a proposé.
05:48On détaille un peu ce que vous faites avec les résilientes.
05:52Vous alliez textile, circularité, insertion professionnelle, insertion sociale.
05:58Comment tout ça, ça se bouffit ?
06:01C'est un peu un grand écart et un exercice d'équilibriste.
06:06Mais en gros, nous, on est un studio de design et d'insertion professionnelle.
06:10L'enjeu, c'est de réutiliser des matériaux
06:12qui ne sont pas valorisables par l'association pour laquelle on travaille,
06:15donc Emmaüs Alternatives.
06:17Tout ce qui est destiné à la baine et au recyclage.
06:19On a démarré comme ça, on a développé des collections
06:22qui étaient destinées à être distribuées dans les boutiques Emmaüs Alternatives.
06:25Aujourd'hui, on a différentes activités.
06:27On va accompagner les marques sur la revalorisation de leurs invendus, invendables.
06:32A l'époque, on avait accompagné made.com, Madura,
06:35sur la conception de produits upcyclés.
06:38On a aussi travaillé avec l'entreprise Bonpar.
06:41Et de plus en plus, on fait une activité de décoration d'intérieur.
06:44On va accompagner les entreprises pour décorer leurs bureaux
06:47et à manager leurs bureaux à partir de réemploi et de réutilisation.
06:50L'enjeu de faire ça dans l'insertion professionnelle,
06:54c'est parce que les métiers créatifs permettent un vrai développement de compétences
06:59qui sont transférables dans d'autres métiers.
07:01C'est pour ça qu'on a démarré cet atelier-là aussi.
07:04Ils permettent vraiment un retoit à l'estime de soi.
07:07J'allais vous poser la question.
07:08Le lien entre créativité et confiance en soi.
07:11Vous voyez ça, parce que ça doit être assez génial de voir ça naître.
07:14Est-ce que vous avez déjà fait une tarte et amené chez des amis votre tarte ?
07:18Je ne suis pas un grand cuistot, mais je peux comprendre le plaisir de faire soi-même.
07:23C'est moi qui l'ai fait.
07:24Ça a un véritable impact quand on a fait quelque chose.
07:27Et quand il s'agit de réaliser un objet, que ce soit un tabouret, une lampe, un coussin,
07:31ça a un impact énorme.
07:33Aujourd'hui, la confiance en soi, c'est le premier frein à l'accès à l'emploi.
07:38Pour les personnes qu'on accompagne, c'est extrêmement important
07:41de commencer par ça, par reprendre confiance en soi.
07:43Quelques chiffres.
07:45On va prendre un peu plus de recul sur le secteur du textile.
07:50C'est l'ADEME qui nous dit que sur les achats de vêtements en Europe,
07:55une personne achète 40 % de vêtements en plus par rapport à il y a 15 ans.
08:00Elle les conserve surtout moitié moins longtemps.
08:02Ça, c'est le constat de ce qu'on appelle le fast fashion ou l'ultra fast fashion.
08:07Alexandra Nord, est-ce que nos comportements sont un peu en train de changer ?
08:13Je vous vois dubitative.
08:15On l'espère, on l'espère.
08:17Il y a quand même quelques signaux qui nous indiquent que c'est en train de changer,
08:20notamment chez les jeunes.
08:22Effectivement, la seconde main, par exemple, est beaucoup plus valorisée maintenant
08:27dans les achats des jeunes, même si on observe également l'effet rebond
08:32de la seconde main sur des sites qui revendent des vêtements pas chers.
08:37Du coup, on en achète beaucoup plus et on remplit encore plus nos armoires.
08:40Il y a aussi des sites qui ne vendent pas de seconde main et qui ne vendent pas cher du tout
08:44et qui viennent de Chine, d'ailleurs.
08:46C'est l'ultra fast fashion.
08:48Le comportement de la génération des 15-25, il est assez paradoxal sur le textile.
08:55C'est intéressant, ça.
08:56Oui, tout à fait.
08:57Après, c'est vrai que nous, nos clients, en tout cas les structures qu'on accompagne,
09:01c'est beaucoup des structures qui sont en B2B.
09:04B2B, je pense que tout le monde…
09:07Tout le monde ici sait ce que ça veut dire.
09:09Voilà, exactement.
09:10Du coup, on a plus des indicateurs sur les entreprises.
09:13Est-ce que les entreprises s'y mettent ? Est-ce que les services publics s'y mettent
09:16à faire des commandes et des marchés publics ?
09:19Et ça, ça bouge.
09:20Et ça, ça bouge.
09:21En fait, ça, ça bouge.
09:22Et un des grands leviers, c'est la loi, la loi AJEC qui oblige aussi à faire des heures d'insertion,
09:28qui oblige à commander 20% de mobilier upcyclé.
09:32On peut y introduire du tissu aussi en reemploi.
09:35En fait, tout ça fait bouger les choses.
09:37Et nous, on a de l'espoir.
09:40Il faut.
09:41Il faut avoir de l'espoir.
09:42Nous, ici, de notre petite vigie qui est Smart Impact,
09:46on a ce sentiment quand même que les lignes sont en train de bouger,
09:49mais avec effectivement des effets parfois qui sont des effets pervers.
09:52On parle des grandes plateformes de revente de vêtements.
09:56C'est aussi un appauvrissement pour des associations comme Emmaüs, par exemple,
10:00qui voient arriver peut-être des vêtements de moins bonne qualité ou en moindre quantité.
10:06Qu'est-ce qu'on peut en dire ?
10:07C'est toujours un peu difficile.
10:08En effet, aujourd'hui, les personnes vont avoir plus de facilité à revendre en ligne un article de bonne qualité
10:14et à donner les choses qui sont de moins bonne qualité.
10:16On perd aussi la notion du don, je pense.
10:19Et donc, c'est vrai qu'au sein des structures Emmaüs, mais autres structures de collecte aussi,
10:24il y a une baisse de qualité des dons.
10:26Et nous, au sein du mouvement Emmaüs, on a envie de rappeler à quoi nous servent ces dons
10:33à faire de l'insertion par l'activité économique
10:35et qu'il est important de continuer à donner aux associations
10:38pour permettre de continuer d'accompagner des personnes.
10:42Mais alors, si je comprends bien, ce n'est pas une bonne nouvelle
10:45que la qualité des vêtements qui sont donnés à Emmaüs baisse.
10:50Sauf que pour l'upcycling, c'est presque une matière de créativité, de réinventer.
10:58Si vous voulez quelques chiffres, il faut connaître un peu le mouvement Emmaüs.
11:04En France, Emmaüs, c'est un mouvement, c'est une fédération d'associations
11:07avec plus de 300 groupes, tous indépendants des uns des autres.
11:10Moi, je fais partie d'un seul groupe, Emmaüs Alternatives.
11:13Par an, on collecte quasiment 1000 tonnes de textiles.
11:16Donc c'est énorme.
11:18C'est pas seulement des vêtements d'ailleurs.
11:20C'est textiles, linge de maison, chaussures.
11:23C'est vraiment une grande famille d'objets, de matériaux textiles.
11:27Et dans ces 1000 tonnes, au sein des résilientes, on va valoriser une tonne.
11:32Parce qu'on fait un artisanat du réemploi, un artisanat de la réutilisation.
11:36Donc ça demande du temps, ça demande de l'investissement dans le design, dans la production.
11:40Donc en fait, notre impact, il est amené à grandir.
11:43On l'espère avec l'accélérateur.
11:46Mais c'est vrai qu'on ne manque pas de matière.
11:50Donc c'est vrai que la baisse de qualité, c'est aussi pour ça que les structures Emmaüs sont intéressées par des projets d'upcycling.
11:58C'est pour contrer à cette baisse de qualité et se dire comment est-ce qu'on peut avoir un nouveau modèle économique pour nos structures d'insertion.
12:06Merci beaucoup. Merci à toutes les deux.
12:09Et à bientôt sur Bismarck.
12:11On passe à notre rubrique start-up.
12:13On va continuer de parler du secteur textile.
12:15Un jockeying en vêtements éco-responsables.
12:18Moi, samedi.

Recommandations