Aujourd'hui dans "Punchline", Élodie Huchard et ses invités débattent de Grand-Fort-Philippe, où face au flux migratoires, les habitants sont à bout.
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00:00On va, pour les quelques minutes qui nous restent, changer de sujet et parler de nouveau de ce qui se passe à Grandfort-Philippe, dans le Nord.
00:07C'est une commune qui est régulièrement traversée par des passants, par des passeurs et des migrants.
00:12Il y a eu des échaux fourrés hier matin à 8h, entre d'un côté des migrants, de l'autre des forces de l'ordre.
00:18Et vous allez l'entendre, les riverains sont franchement à bout.
00:22Pour moi, c'est nouveau ici. Ici, c'est nouveau. Sur Calais, ça arrivait quand même assez souvent.
00:26Mais ici, c'était jamais arrivé.
00:28Il y a un peu d'insécurité pour tout le monde quand même.
00:30Après, je ne peux pas dire. C'est parce que c'est maintenant qu'ils deviennent un peu plus violents qu'avant.
00:33Comparément, ils n'étaient pas aussi agressifs.
00:36Après, c'est peut-être parce que, justement, on les empêche de passer.
00:38Avant, il n'y avait pas. Et là, depuis deux ans, ça devient inquiétant.
00:43Après, nous, on a des enfants en bas âge, donc on commence à s'inquiéter.
00:47Amaury Brelet, effectivement, pour ces riverains qui voient parfois des bandes s'affronter,
00:52parfois ces personnes s'en prendre aussi aux forces de l'ordre,
00:55ils imaginent à la fois, j'allais dire, le ras-le-bol et l'inquiétude.
00:58Parce que c'est Tom qui dit à la fin, j'ai quand même des enfants en bas âge,
01:01avec un petit jardinet dans un quartier résidentiel.
01:04Vous vous dites, vous êtes là au mauvais endroit, au mauvais moment,
01:06vous ne savez pas ce qui peut arriver. Ou plutôt, vous vous en doutez.
01:09Oui, les Calaisiens vivent dans ce climat d'insécurité permanent depuis déjà des années,
01:14pour ne pas dire des décennies.
01:16C'est l'insécurité personnelle liée à la présence évidemment de ces migrants
01:21qui généralement s'attaquent contre eux,
01:23mais qui aussi s'en prennent aux habitants, aux locaux,
01:29et puis évidemment aux policiers qui font l'interface entre la population et les migrants.
01:35Et puis c'est aussi l'activité économique,
01:37qui empatie avec des camions qui sont attaqués,
01:39des entreprises qui ne peuvent pas fonctionner correctement.
01:42C'est là aussi le prix de l'immobilier qui est en chute libre dans certains quartiers de Calais,
01:46et même dans des villes entières,
01:48où évidemment plus personne n'a envie de s'installer,
01:51ni des familles, ni même des entreprises.
01:54Donc tout ça est évidemment très inquiétant.
01:57Mais moi je m'étonne, et je me félicite,
02:00de la résilience de tous ces Calaisiens,
02:03qui finalement restent très calmes,
02:05quand on voit les violences qui ont éclaté en Grande-Bretagne contre l'immigration.
02:08Peut-être pas ce que risque sur le fait que le calme, un jour,
02:10peut se transformer, le calme apparent, dans la colère qu'on a vu au Royaume-Uni.
02:13C'est très clairement le risque.
02:14On se rappelle peut-être de cet épisode en 2016,
02:17d'un homme qui, à bout, avait dégainé son fusil.
02:20On se rappelle encore de ces images qui avaient d'ailleurs été filmées.
02:22Mais on n'a pas connu, et fort heureusement,
02:25de violence de la population vis-à-vis des migrants.
02:28Et pourtant, ils subissent depuis des années cette insécurité.
02:32Et heureusement, évidemment,
02:34si ces gens-là ne sont pas passés à l'acte,
02:36c'est parce que les policiers sont là,
02:37tous les jours, depuis des mois, depuis des années.
02:40On vient d'entendre les riverains.
02:41Je voudrais qu'on entende aussi, évidemment, le maire,
02:44parce que lui-même élu, assiste à ces échauffourées sur sa commune
02:48et doit gérer aussi le désarroi de ses administrés.
02:51Écoutez-le.
02:53Et on a beaucoup de migrants depuis quelques années,
02:56puisqu'on est un axe de passage.
02:58Là, vous avez côté terre, côté Flandre,
03:02qui mène vers le Pas-de-Calais ou à Plage,
03:04qui est une ville aussi, j'allais dire, marquée.
03:07Et de l'autre côté, vous avez la mer, le Chenal.
03:10Et là, si vous voulez, les migrants,
03:12qui arrivent très régulièrement, tous les jours, sur le secteur,
03:16entre Grandfort et Gravelines,
03:19prennent cette route et longent les champs.
03:24Et il faut imaginer, il y a 150 personnes,
03:27majoritairement des hommes, mais aussi femmes, enfants.
03:30Et donc, ils remontent comme ça tout au long des champs,
03:34ils passent derrière les habitations.
03:36Et il y a quelques temps encore, les choses se passaient comme ça, ainsi.
03:40C'était quelque chose qui était rentré dans le paysage.
03:43Et depuis quelques semaines, quelques mois, on va dire,
03:47il y a une montée de la violence.
03:49Ce n'est plus une question d'effectifs, c'est une question politique.
03:52Il faut, à un moment donné, que le gouvernement, l'Europe,
03:55prennent ses responsabilités.
03:56Xavier Roffert en dit beaucoup que pour lutter contre ces passeurs,
04:00notamment, c'est une question de moyens.
04:01Mais c'est aussi une question, comme le dit le maire,
04:04de volonté politique, de volonté d'avoir véritablement une action efficace.
04:08Ce n'est pas une question de mettre deux forces de l'ordre derrière chaque passeur.
04:11C'est la volonté politique qu'on met derrière qui compte.
04:13On va commencer par faire un diagnostic.
04:15Depuis le début de 2024, 18 000 migrants sont passés de France en Grande-Bretagne,
04:2218 000 le mois de janvier au début août.
04:25Deuxièmement, ceux à quoi on assiste, ce sont des guerres de gang.
04:29D'un côté, des Soudanais, de l'autre côté, des Kurdes.
04:33Les individus en question sont d'anciens miliciens, des milices,
04:36vous savez, au Soudan, ou des milices du Kurdistan,
04:39et qui sont donc des individus agressifs, dangereux, aguerris, armés,
04:44et qui s'affrontent entre eux.
04:46Les voitures abîmées, défoncées,
04:49c'est une tentative d'imposer l'omerta, la loi du silence à la population.
04:53Et tout ça parce que les peines qu'il faudrait appliquer à ces trafiquants d'êtres humains,
04:59le trafic d'êtres humains est sévèrement puni par la justice française.
05:04Quand ils sont attrapés.
05:06Quand ils sont attrapés et quand ils sont conservés.
05:09Oui.
05:10À la suite de quoi ?
05:11Donc je ne sache pas que la justice française sanctionne beaucoup
05:15ces gangs et ces genres d'individus,
05:17en sachant que ceux-là sont d'autant plus motivés à agir
05:20que ça leur rapporte des fortunes.
05:22Récemment, on a trouvé le petit carnet sur lequel un gang de passeurs notait,
05:27chaque fois qu'ils mettaient un individu,
05:29c'est 2 000 à 3 000 euros le passage.
05:31En trois mois, c'était 3 millions d'euros.
05:34Bien entendu, en billets.
05:35Donc zéro taxe, zéro impôt et tout bénéfice.
05:38Voilà.
05:39Donc c'est ça, la réalité.
05:40Et mettre de malheureux policiers pratiquement désarmés en face de bandits
05:46qui sont capables de s'entretuer ou de tirer sur la police
05:49parce que les bénéfices qu'ils en retirent sont tellement énormes
05:52qu'ils n'hésitent pas une minute, est scandaleux.
05:55Et c'est vrai, Paul-Antoine, comme on entendait le maire le dire,
05:58c'est-à-dire que la volonté politique aussi, elle compte.
06:00Parce qu'on a de cesse de dire que ce qui se passe à Calais
06:03ou en l'occurrence dans une commune qui n'est pas loin,
06:06c'est scandaleux.
06:07Une fois qu'on a dit ça, on n'a pas vraiment fait avancer le dossier.
06:10La solidarité européenne, elle n'existe pas.
06:12Ou alors on doit se répartir les migrants entre nous,
06:15comme avec le pacte Asile-Immigration.
06:16Et c'est aussi pour ça que rien ne change.
06:18Alors là, la situation est encore un petit peu plus compliquée,
06:21mais aussi très simple.
06:22C'est qu'avec le Royaume-Uni.
06:23Le Royaume-Uni n'est plus dans l'Europe.
06:24Et il y a un accord qui lie la France et le Royaume-Uni
06:27qui avait été signé en 2007 ou 2008, si je ne m'abuse.
06:30C'est l'accord du Touquet, au début des années 2000.
06:32Voilà, où en fait, la frontière britannique de facto,
06:35elle est chez nous et c'est nous.
06:37Le Royaume-Uni nous paye une compensation financière.
06:40Donc moi, je pense que cet accord est un bon accord.
06:42Maintenant, il faut taper du poing sur la table et dire
06:44que c'est un accord qui a été signé il y a plus de 20 ans ou à peu près.
06:46Maintenant, on a besoin de plus de moyens,
06:48de plus de moyens policiers, notamment britanniques.
06:50Pendant l'IGEO, on a eu des officiers de police
06:52qui venaient du monde entier.
06:54Pourquoi les Britanniques ne peuvent pas nous envoyer
06:56plus d'officiers de police et plus de moyens ?
06:59Ça, c'est le premier point.
07:00Après, là où je suis d'accord avec le maire et ce que disait M. Roffer,
07:03ça, c'est du court terme.
07:05Si vous voulez, maintenant, il faut aussi du long terme.
07:07Et le long terme, et là, j'irai même plus loin que vous,
07:09très bien, il y a un problème avec les gangs de passeurs.
07:11Maintenant, il y a aussi ce qui constitue la fin des gangs de passeurs.
07:15C'est ce qu'on appelle les associations.
07:17Oui, les ONG.
07:18Certaines associations, ONG, qui font venir les passeurs,
07:21qui sont financées par le gouvernement français,
07:24par des mairies, évidemment de gauche,
07:26et elles ont complètement tous les droits
07:30parce qu'elles sont humanistes, elles sont de gauche.
07:32Donc, à partir de ce moment-là, vous faites ce que vous voulez.
07:34Et le message que l'État français doit envoyer, il est très simple,
07:37vous n'irez pas au Royaume-Uni.
07:39Ça ne sert à rien que vous veniez à Calais,
07:40vous ne passerez pas au Royaume-Uni.
07:41Et pour finir, je t'aimerai là-dessus,
07:42je pense que les citoyens, là-bas, français,
07:45devraient porter plainte contre le gouvernement,
07:47pas pour inaction climatique, mais pour inaction sécuritaire.