Nomination d'un nouveau Premier ministre : «Lorsque des noms circulent se sont rarement ceux-là qui sont choisis», souligne Annie Genevard

  • le mois dernier

Tous les soirs à 20h30, retrouvez un invité qui est au cœur de l’actualité pour un moment d'échange franc sur les dossiers brûlants du moment. Ce soir, Annie Genevard, députée LR du Doubs et vice-présidente de l’Assemblée nationale.

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00:00C'est l'heure de notre invité politique. Bonjour Annie Genevard.
00:05Bonjour.
00:05Députée L.R.Dudoux, vice-présidente de l'Assemblée Nationale.
00:09Alors on le rappelle, ceux qui l'ignoreraient,
00:12le Président de la République lance ce vendredi des consultations avec tous les chefs de parti
00:16qui pourront donc s'étaler jusqu'au lundi 26 août.
00:20On garantit a priori la nomination du futur Premier ministre dans la foulée.
00:25Vous allez évidemment y participer, vous L.R.
00:28aux côtés de Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau.
00:31Comment vous abordez, Annie Genevard, ce cycle de discussion avec le chef de l'État ?
00:36D'abord, c'est un rendez-vous républicain dans un moment où la France connaît
00:40une situation politique tout à fait inédite,
00:43avec une Assemblée Nationale qui n'a pas de majorité, pas même relative,
00:48alors même que les urgences dans le pays sont conséquentes, sont capitales.
00:56Donc il me paraît normal que dans ces conditions si singulières,
01:00le Président de la République consulte.
01:03Consulte à la fois les chefs de parti en qualité de Secrétaire Général des Républicains
01:08et Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau comme Président de groupe.
01:13Donc c'est un rendez-vous au fond auquel le Président de la République nous a accoutumés,
01:18puisque ce n'est pas la première fois qu'il consulte.
01:21Je pense qu'il a besoin de recueillir l'opinion des chefs de parti et des présidents de groupe
01:28avant le choix compliqué, je le concède, de son futur Premier Ministre.
01:35Alors qu'est-ce que vous allez lui dire ?
01:38Écoutez, d'abord nous allons consulter nos parlementaires.
01:43Nous sommes mandatés.
01:46Vous ne l'avez pas encore fait ?
01:48Alors nous l'avons fait, nous avons travaillé dès l'élection législative,
01:52nous avons travaillé, vous le savez, un pacte législatif d'urgence.
01:55Donc on a posé, sénateurs et députés d'une même voix, un certain nombre de priorités,
02:02pas très nombreuses, parce que nous ne voulions pas d'un catalogue,
02:06mais je crois que dans cette période tellement difficile, il faut se concentrer sur l'essentiel.
02:12Donc c'est une base de discussion avec le Président de la République.
02:15Ce que nous voulons, c'est qu'à la suite de ces élections législatives
02:19qui ont montré finalement la colère des Français,
02:22de ne pas voir leur problème trouvé de solution,
02:26eh bien il est plus qu'urgent de poser sur la table les mesures que les Français attendent.
02:34Donc c'est de ça que nous allons parler, évidemment.
02:37Alors les mesures, on les connaît, vous pouvez peut-être les rappeler en substance,
02:41sans faire un catalogue trop long, évidemment ?
02:44Écoutez, une priorité absolue, valoriser la France qui travaille,
02:48et qui a travaillé toute sa vie, plutôt que l'assistanat.
02:53C'est bien sûr la question de l'autorité, c'est notre premier axe face à l'insécurité,
03:00l'arrêt de l'immigration incontrôlée.
03:03Un deuxième axe très important qui touche à l'économie,
03:06c'est la production industrielle et agricole.
03:10Et puis bien sûr tout ce qui touche aux services publics de proximité,
03:14et la promotion des libertés locales,
03:18et des lignes rouges qui sont extrêmement claires,
03:21l'arrêt de la dégradation des comptes publics,
03:24et aucune augmentation d'impôts ni baisse des retraites.
03:28Voilà en quelques mots l'architecture générale de notre pacte législatif d'urgence.
03:33Alors Agnès Genevard, Laurent Wauquiez a prévenu
03:36qu'il n'y aurait pas de coalition avec Emmanuel Macron.
03:40De votre côté, qu'est-ce que vous attendez, vous, du chef de l'État ?
03:44Le rôle du chef de l'État, et c'est sa prérogative absolue,
03:48c'est de désigner un Premier ministre
03:50qui soit susceptible de conduire une action gouvernementale
03:54dans ce contexte politique tout à fait inédit.
03:58On imagine que vous avez des idées de noms en y allant quand même ?
04:01Écoutez, non, on n'a pas d'idée de nom.
04:04Il nous sollicitera-t-il dans les hypothèses qu'il formulera ?
04:08Vous n'y avez pas réfléchi, Agnès Genevard ?
04:10Écoutez, en tout cas, on n'a pas fait d'offre de service,
04:14et moi je ne commande pas les conjectures.
04:16Donc je vois, j'entends que beaucoup de noms circulent.
04:20Vous avez Bertrand, par exemple ?
04:22Oui, j'observe que souvent, lorsque des noms circulent,
04:26ce sont rarement finalement ceux-là qui sont choisis.
04:30Je n'en sais rien, en tout cas,
04:32ça appartient aux choix du chef de l'État
04:35et pas aux responsables politiques.
04:38On imagine quand même que vous avez des souhaits,
04:40même si on a compris que vous n'allez pas nous les dire ce soir.
04:42On a quand même l'impression, Agnès Genevard,
04:44que la position des LR n'est pas toujours claire.
04:47Pardonnez-moi, vous appelez à la responsabilité,
04:50à l'intérêt général, mais pour l'heure,
04:52finalement, vous excluez de gouverner avec Emmanuel Macron.
04:57On a du mal à saisir, dans ce cas,
04:59comment vous vous appelez à la responsabilité ?
05:02C'est une ligne de crête entre, je dirais,
05:06l'indépendance d'un mouvement politique
05:09qui a son histoire, ses valeurs, ses principes, son projet,
05:14et puis la nécessité de gouverner la France,
05:17parce qu'il faudra bien que la France soit gouvernée,
05:19qu'un budget soit adopté, qu'une politique soit conduite.
05:22Et là, évidemment, l'esprit de responsabilité de chacun
05:25est convoqué.
05:26Moi, je pense que la ligne de partage se fera
05:29entre ceux qui veulent apporter des solutions
05:31et ceux qui vivent électoralement des problèmes des Français.
05:34Donc, je crois que c'est une ligne de partage
05:38qui est assez claire.
05:40Finalement, lorsque la décision est motivée
05:43par l'intérêt général, c'est une bonne boussole,
05:46et c'est celle que nous avons toujours,
05:49évidemment, choisie et priorisée.
05:51Alors, l'intérêt général, oui,
05:53on l'a entendu chez d'autres,
05:55d'ailleurs, chez un macroniste hier à votre place,
05:57Jean-René Cazeneuve,
05:59qui prône, lui, une grande coalition du centre
06:02qui irait, des socialistes à vous, les LR,
06:06pareil, il appelle à la responsabilité.
06:09Vous seriez prêt à gouverner avec eux ?
06:11Écoutez, je ne veux pas défleurer la conversation
06:15que nous aurons avec le chef de l'État.
06:16Ce serait d'abord inélégant,
06:18et puis, nous avons encore demain
06:21une série de consultations
06:23de nos parlementaires.
06:25Non, mais Annie Genevard,
06:26sans défleurer la conversation,
06:27vous savez quand même, à ce stade,
06:29si vous, les LR, vous seriez prêt,
06:31éventuellement, à une coalition
06:33avec les socialistes,
06:35à condition, peut-être, qu'ils lâchent
06:37leur, pardonnez-moi l'expression,
06:40bouler insoumis, en tout cas aux yeux de certains.
06:43Vous y seriez prêt ?
06:45Moi, ce que j'observe, si vous voulez,
06:48c'est que les socialistes
06:51sont quand même dans une coalition,
06:53le Nouveau Front Populaire,
06:55qui est quand même dominé par la France Insoumise.
06:57On a vu du reste,
06:59lorsque Mme Castex a annoncé un moratoire
07:02sur le SMIC à 1600 euros,
07:04elle s'est fait promptement remettre en place.
07:08Elle est rentrée dans le rang.
07:10Mais si les socialistes lâchaient, entre guillemets,
07:14les insoumis, comme l'appelle de ses vœux,
07:16d'ailleurs, Raphaël Glucksmann,
07:18dans les colonnes du Point, ce matin,
07:19est-ce que vous seriez prêt à envisager
07:21une forme de coalition à l'allemande,
07:23incluant également les socialistes ?
07:26Alors, vous savez que ce n'est pas dans la tradition française.
07:29Maintenant, on a une situation particulière.
07:31Dans la culture.
07:32Je crois que, texte par texte,
07:34il est possible de trouver des points de...
07:36Enfin, je veux croire qu'il est possible
07:38de trouver des points de jonction.
07:40C'est le sens du pacte.
07:42Lorsque Laurent Wauquiez pose sur la table
07:45un pacte législatif d'urgence,
07:47le mot pacte implique nécessairement
07:49une discussion et des points de rencontre.
07:51Soit nous les trouvons,
07:53et c'est tant mieux pour la France et les Français,
07:56soit nous ne les trouvons pas,
07:58et après, on ne peut pas être dans le renoncement,
08:04ni dans le en même temps.
08:06Sur quel thème et texte vous pourriez, par exemple,
08:09tomber d'accord, parce qu'on a vu notamment
08:11ce que ça avait donné avec la loi immigration,
08:13déjà avec Emmanuel Macron,
08:15vous avez été...
08:16Vous vous êtes sorti déçu de cette séquence,
08:18mais est-ce qu'il y a des thèmes quand même
08:20sur lesquels vous pourriez vous retrouver ?
08:22Moi, je crois que si on regarde
08:24les urgences que traverse le pays,
08:26il y a évidemment la question budgétaire,
08:28il y a la question des services publics
08:30au premier rang desquels la santé et l'école.
08:32Moi, il me semble que ce sont des sujets
08:34sur lesquels il devrait être possible
08:36de trouver des points de convergence,
08:38parce que quel est le parlementaire
08:40représentant son territoire
08:42qui, aujourd'hui,
08:44peut rester sourd
08:46aux appels du terrain en matière de santé ?
08:48Par exemple, on sait que
08:50les choses deviennent de plus en plus difficiles.
08:52Voilà des exemples
08:54sur lesquels il me semble
08:56que nous devrions pouvoir trouver
08:58des points de jonction.
09:00Vous venez d'évoquer le budget,
09:02vous savez que le vote du budget
09:04arrivera évidemment début octobre,
09:06Gabriel Attal a fait ses propositions hier,
09:08il a annoncé un budget pour 2025
09:10à l'identique, malgré la situation dégradée
09:12des finances. La gauche, elle,
09:14n'est pas d'accord, en tout cas,
09:16du côté des Insoumis et
09:18notamment du PCF.
09:20Fabien Roussel a annoncé, d'ailleurs,
09:22c'est une information européen, qu'ils arriveraient
09:24le cas échéant s'ils étaient
09:26au gouvernement avec
09:2830 milliards de dépenses en plus.
09:30Est-ce que ça, c'est
09:32quelque chose qui vous paraît
09:34audible ?
09:36Voilà un exemple même dans lequel
09:38la convergence ne peut pas se faire
09:40parce que nous nous prônons, au contraire,
09:42une orthodoxie budgétaire,
09:44le retour à un équilibre,
09:46je rappelle quand même que la situation budgétaire
09:48de la France est catastrophique
09:50et que
09:52nous ne pouvons pas nous permettre
09:54à la fois d'avoir
09:56le record des dépenses publiques
09:58et celui des prélèvements obligatoires.
10:00Donc il faut remettre
10:02de l'ordre dans les comptes
10:04et on sait,
10:06on connaît le chiffre.
10:08Donc les propositions de Gabriel Attal se conviennent.
10:10Pour revenir dans une
10:12orthodoxie acceptable,
10:14parce que je rappelle quand même que nous sommes sous le regard
10:16exigeant de l'Union Européenne,
10:18il faudrait faire 25 milliards
10:20d'économies.
10:22Donc voyez, 30 milliards de dépenses
10:24supplémentaires en lieu et place
10:26des 25 milliards d'économies
10:28qu'il serait nécessaire,
10:30on voit bien qu'il y a un océan, un abîme
10:32entre la position...
10:34Pour Gabriel Attal,
10:36la proposition de Gabriel Attal qui rajoute quand même
10:38une petite dizaine de milliards
10:40à cause de l'inflation, est-ce que ça vous convient ?
10:42Vous êtes en accord avec ce budget ?
10:44Moi je pense que
10:46la position de Gabriel Attal est
10:48compliquée dans la mesure où il est Premier ministre
10:50démissionnaire et qu'au fond
10:52il a en charge
10:54de pouvoir présenter un budget
10:56mais il n'a plus l'autorité politique
10:58pour le faire.
11:00Mais le cas échéant, vous l'autoriez ?
11:02Ça explique sans doute
11:04la raison pour laquelle
11:06il propose un budget à l'identique
11:08sachant que ce n'est pas lui
11:10qui aura en charge de le mettre
11:12en oeuvre. Donc la situation
11:14est très difficile.
11:16Approuver un budget
11:18qui aggrave
11:20le déficit public
11:22ce n'est évidemment pas
11:24conforme
11:26à nos préconisations puisque
11:28on a posé des lignes rouges claires,
11:30la dégradation des comptes publics,
11:32aucune augmentation d'impôts, ni baisse de retraite.
11:34Donc voilà
11:36un premier récueil
11:38sur lequel les discussions vont être ardues.
11:40Annu et Genevar, on arrive
11:42quasiment à la fin de cette interview. Je voulais quand même vous poser
11:44une question. Est-ce que vous avez des nouvelles
11:46d'Eric Ciotti ? Est-ce qu'il a toujours les
11:48clés de votre siège ? Parce que, sauf
11:50erreur de ma part, il est toujours le président
11:52du Parti des Républicains.
11:54Écoutez,
11:56vous comprendrez aisément que sur ce sujet
11:58je sois extrêmement discrète
12:00dans la mesure où c'est un sujet politique
12:02en effet qui justifie votre question.
12:04Mais c'est aussi un sujet juridique.
12:06Donc je resterai volontairement
12:08extrêmement discrète sur le sujet.
12:10Ce que je peux vous dire, c'est que la situation
12:12telle que nous la connaissons aujourd'hui
12:14appellera nécessairement
12:16dans les temps qui viennent une clarification
12:18qui est totalement indispensable.
12:20Merci beaucoup
12:22Annie Genevar, députée à l'air du Doubs, vice-présidente
12:24de l'Assemblée nationale d'avoir été avec nous.
12:26Et puis on décryptera, juste après le journal
12:28permanent de Rudi Sada,
12:30on décryptera avec Jean-Michel
12:32Salvatore et Gilles Boutin
12:34les propos d'Annie Genevar
12:36et on décryptera aussi l'actualité
12:38politique française.

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