Tous les soirs à 20h30, retrouvez un invité qui est au cœur de l’actualité pour un moment d'échange franc sur les dossiers brûlants du moment. Ce soir, Jean-René Cazeneuve, député Ensemble du Gers et ancien rapporteur général du budget.
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00:0020h31 et c'est l'heure d'accueillir notre invité politique aujourd'hui, ce soir, Jean-René Cazeneuve, député Ensemble du Gers,
00:08ancien rapporteur général du budget à l'Assemblée Nationale. On en parlera évidemment dans quelques instants de ce budget.
00:16Bonjour Jean-René Cazeneuve.
00:19Bonjour.
00:20Alors je vous le disais, on évoquera ce budget parce qu'il y a des choses qui se passent.
00:24Gabriel Attal a fait des annonces ce soir, mais tout d'abord, évidemment, on attend tous, vendredi,
00:29le président de la République qui lance ses consultations avec les chefs de parti. Elles pourront s'étaler jusqu'au lundi 26 août.
00:36À l'Élysée, on garantit, on nous jure que la nomination du Premier ministre interviendra après ces discussions.
00:44Est-ce que vous avez des indiscrétions ? Que faut-il attendre de ces consultations ?
00:49Je n'ai évidemment pas d'indiscrétion.
00:54On l'espérait.
00:56C'est le prorogatif du président de la République, évidemment, de faire cette annonce.
01:00La situation est à la fois très simple et très compliquée. C'est pour ça que ça prend un peu de temps.
01:05Je peux comprendre que nos concitoyens soient, pour un certain nombre d'entre eux, en attente de cette nomination.
01:12Mais elle est très simple parce qu'à l'Assemblée nationale, vous avez trois blocs.
01:17Aucun de ces blocs n'a la majorité et aucun de ces blocs ne peut prétendre gouverner seul et appliquer son programme.
01:24Ça, c'est un constat très simple. Je rappelle, ce sont les Français qui ont voté.
01:28C'est évidemment le président de la République qui a décidé de la dissolution, mais ce sont les Français qui ont voté.
01:33Et les Français, qu'est-ce qu'ils me disent ?
01:35Moi, j'ai la chance d'avoir passé mes vacances dans le Gers.
01:37Qu'est-ce qu'ils me disent matin, midi et soir ?
01:39« Entendez-vous ! »
01:41Et ils nous disent « Travaillez ensemble ! »
01:44Alors, c'est là que ça devient très compliqué, évidemment.
01:47Très compliqué ?
01:48Il faut à la fois travailler avec ce bloc central, il faut travailler avec les Républicains,
01:52il faut travailler avec le Parti Socialiste et les écologistes.
01:57J'entends bien la déclaration de M. Glucksmann et ça va dans le bon sens.
02:03Le problème, c'est qu'il n'est pas écouté au sein du Parti Socialiste.
02:07Raphaël Glucksmann, qui appelle à sortir de la radicalité, tournez la page de Mélenchon
02:13et aussi bien de Mélenchon que de Macron, Jean-René Cazeneuve.
02:19Non, mais le président de la République, il est élu, c'est son dernier mandat,
02:22il est élu pour 5 ans.
02:24Ça n'est plus le sujet.
02:25Maintenant, là, on parle de qui va gouverner notre pays.
02:28Effectivement, les socialistes sont face aujourd'hui à un choix absolument fondamental.
02:33Est-ce qu'ils continuent à être dans le camp de l'outrance, des attaques des valeurs de la République,
02:38du communautarisme, le camp de Rima Hassan qui fait l'apologie du terrorisme, de la démagogie du chaos ?
02:46Est-ce qu'ils sont dans ce camp-là ?
02:48Il faut qu'ils nous le disent une fois pour toutes.
02:50Ils ont signé une alliance, ils vous l'ont dit.
02:52Ils ont compris.
02:55Bien sûr.
02:56Mais est-ce que j'entends beaucoup de responsables socialistes qui, aujourd'hui,
03:00comprennent le danger de cette alliance avec la France insoumise ?
03:03Les Français ne veulent absolument pas de la France insoumise pouvoir.
03:07Et ils l'entendent, comme moi, tous les jours sur le terrain.
03:11Et donc, soit ils restent avec ces insoumis qui vont les entraîner vers le fond, vers le chaos,
03:19soit ils sortent de ça et ils rentrent dans une logique de responsabilité gouvernementale.
03:29Qu'est-ce sur quoi on peut s'entendre ?
03:31Donc en trahissant leur accord.
03:33Leur demander de trahir leur accord.
03:35En passant à une autre étape.
03:38Ils n'ont pas eu avec cet accord la majorité qu'ils souhaitaient, dont acte.
03:42Qu'est-ce qu'ils font maintenant ?
03:44Je comprends que certains peuvent être dans une sorte de politique du pire.
03:48C'est-à-dire, ce qui nous intéresse tous, c'est 2027.
03:51Alors on ne va surtout pas se compromettre.
03:53On ne va surtout pas prendre de responsabilités gouvernementales.
03:56On ne va surtout rien voter, ou le moins possible.
03:59Et on va ramasser la mise en 2027.
04:01Ce n'est pas responsable.
04:03Parce que ce n'est pas ce qu'attendent nos concitoyens,
04:06qui ont besoin qu'on règle leurs problèmes quotidiens.
04:08Vous venez de parler de justice.
04:10Vous parlez des pauvres à l'achat.
04:12Les sujets ne manquent pas.
04:13Les Français attendent aujourd'hui qu'on règle leurs problèmes.
04:17Et donc, ils ne supportent pas cette politique du pire,
04:21qui pourrait tenter un certain nombre de responsabilités.
04:25Jean-René Cazeneuve, les socialistes vous répondront
04:27qu'ils ont tout simplement, au sein de leur alliance,
04:31proposé la candidature de Lucie Castet à Matignon.
04:34Et que c'est Emmanuel Macron qui la refuse à ce stade.
04:39Vous avez très bien...
04:41Moi, je respecte la Constitution.
04:43Je suis député, c'est la moindre des choses.
04:45Les autres la respectent également.
04:48C'est une priorité du Président de la République.
04:50Je reviens sur ce que je vous disais au début.
04:52Ils sont 190 députés à peu près.
04:55Ils sont très, très, très, très loin d'avoir la majorité au Parlement.
05:00Donc, vous voyez, c'est de l'affichage.
05:03C'est du cinéma.
05:04Ce sont des claquettes.
05:05Ils savent très bien.
05:06Et d'ailleurs, vous l'entendez quand vous discutez
05:08avec un certain nombre de responsables de gauche.
05:10Ils le savent très bien.
05:12Bon, il s'intrigue que ça n'est pas possible pour eux de gouverner.
05:15Et le choix...
05:17Pourquoi ça prend un petit peu de temps ?
05:19Et les Français, là aussi, doivent le comprendre.
05:21Soit vous nommez un Premier ministre qui n'a pas de majorité.
05:25Il va y avoir une motion de censure au bout de 15 jours.
05:28Puis après, un autre Premier ministre.
05:29Et encore une motion de censure, etc.
05:31Soit on rentre dans ce chaos et dans cette spirale infernale.
05:35Soit on prend un tout petit peu plus de temps aujourd'hui
05:38pour gagner du temps après.
05:40C'est-à-dire essayer de trouver une majorité
05:43qui ne votera pas la motion de censure.
05:45Ce n'est même pas se mettre d'accord autour d'un programme.
05:47C'est peut-être trop ambitieux à ce stade.
05:49Mais un minimum, une majorité qui ne votera pas une motion de censure
05:52et qui permettra au gouvernement de voter un budget.
05:55Jean-René Cazeneuve, vous vous appelez à des compromis
05:58avec les socialistes, si j'ai bien compris,
06:00afin de permettre une coalition.
06:02Il y a l'air, il y a l'air.
06:04Alors là, il va falloir m'expliquer, Jean-René Cazeneuve,
06:07comment vous mettez d'accord les socialistes
06:09avec leurs programmes qu'on connaît
06:11et les LR, ça n'a absolument rien à voir.
06:14On ne peut pas dire ça.
06:18Je pense qu'il y a beaucoup de choses qui nous rassemblent.
06:21On parlera du budget, mais notamment,
06:23certains proposent d'augmenter clairement les dépenses
06:26et notamment les impôts, alors que LR,
06:28vous connaissez leur position là-dessus.
06:30Donc vous faites comment pour mettre tout le monde d'accord ?
06:32On peut trouver un accord sur le fait de respecter
06:35nos engagements européens et avec les socialistes
06:37et avec les LR, de réduire nos déficits
06:41et avec les socialistes et avec les LR,
06:43tout ça, ils peuvent l'entendre,
06:45parvenir au mandat de François Hollande,
06:47mais c'est ce qu'il a aussi essayé de faire
06:50et ce que Sarkozy a aussi essayé de faire en 2007.
06:53Donc si vous voulez, bien sûr qu'on peut s'entendre,
06:56se dire qu'on veut réduire les déficits de la dette
06:59et augmenter la souveraineté de la France,
07:01je crois qu'on peut se réunir autour de ça.
07:03Ce sont telles ou telles mesures fiscales, on peut discuter.
07:06Qu'est-ce qu'on fait de cette mesure phare de la gauche,
07:09le SMIC à 1600 euros par exemple ?
07:12On ne peut pas...
07:15Je ne vais pas commencer les négociations.
07:17Ce que va faire le président de la République
07:19vendredi en recevant l'ensemble des partis,
07:21c'est ouvrir un certain nombre de pistes, j'espère.
07:24Mais personne ne peut partir aujourd'hui
07:26et prétendre appliquer son programme,
07:29que son programme, tout son programme,
07:31comme l'avait annoncé, chacun s'en souvient,
07:33Jean-Luc Mélenchon, le soir des élections.
07:35Ce n'est pas possible.
07:36Donc cette mesure-là, 1600, elle n'est pas tenable.
07:38Et d'ailleurs, Mme Castex, les jours qui ont suivi,
07:42dit que c'était un objectif,
07:44que ça n'était pas applicable tout de suite.
07:46Elle s'est fait gronder, donc elle est revenue en arrière.
07:48Bon, leur programme n'est pas sérieux,
07:50les économistes le savent, il n'est absolument pas applicable.
07:53Donc il faut, je crois maintenant,
07:55sortir de ces postures politiques,
07:57reconnaître que personne aujourd'hui n'a la majorité
08:00et essayer de construire un budget
08:03qui permette à la fois de financer nos politiques publiques prioritaires,
08:07on peut se retrouver sur la transition écologique,
08:09ça c'est un sujet sur lequel on peut évidemment travailler ensemble,
08:13on peut se retrouver sur le droit de programmation militaire,
08:16au regard des dangers qu'il y a aujourd'hui aux frontières de l'Europe,
08:20je pense qu'on peut se retrouver sur un large spectre politique
08:25et on peut se retrouver sur la maîtrise de nos dépenses publiques.
08:29Alors Laurent Wauquiez, je vous le rappelle, a déjà dit
08:31qu'il ne souhaitait pas, Jean-René Cazeneuve,
08:33Laurent Wauquiez ne souhaite pas participer à une coalition avec Emmanuel Macron,
08:37il l'a déjà dit.
08:38Oui, absolument, mais il y a plusieurs nuances,
08:41il n'a pas dit qu'aucun LR ne pourrait participer à une coalition.
08:45Je crois qu'il y a plusieurs nuances,
08:47c'est-à-dire qu'on peut effectivement avoir une sorte de coalition globale
08:50avec un programme global,
08:52c'est ambitieux et c'est compliqué,
08:54je ne dis pas qu'on n'y arrivera pas, mais c'est très compliqué,
08:57on peut aussi avoir les positions de ces parties de gouvernement
09:01qui décident de ne pas censurer le gouvernement
09:04avec un budget sur lequel on va s'entendre,
09:08donc ça ne veut pas dire nécessairement de coalition,
09:10mais ça veut dire en tous les cas une certaine neutralité
09:13qui permette à notre pays de fonctionner,
09:16parce qu'on a quand même besoin,
09:17on ne peut pas se payer le luxe d'une crise
09:19sur l'ensemble de l'année qui arrive,
09:22il y a des urgences quand même qui touchent les Français.
09:25Oui, alors on rappelle effectivement que vous êtes ancien rapporteur général
09:28du budget à l'Assemblée nationale
09:30et que c'est un sujet épineux puisqu'il doit être présenté d'ici au 1er octobre,
09:35et sans gouvernement ça ne sera pas possible.
09:37Alors Gabriel Attal a fait des annonces,
09:39Jean-René Cazeneuve, qui ne vous ont pas échappé,
09:41ce soir, pas d'augmentation,
09:44le gel en tout cas pour 2025,
09:47votre réaction ?
09:50C'est une décision courageuse,
09:52mais je crois que nous n'avons pas le choix,
09:54l'inflation heureusement a baissé,
09:57l'inflation est prévue l'année prochaine aux alentours de 2%,
09:59donc si on maintient globalement notre dépense publique,
10:03ça veut dire un effort de productivité de 2%.
10:06Alors ça peut paraître beaucoup évidemment,
10:09mais tous ceux qui travaillent dans les entreprises par exemple,
10:13savent que c'est des efforts qu'on doit être capable de faire,
10:17et donc je pense que chacun a en tête des idées de dépenses publiques
10:21qui ne sont pas nécessairement optimisées,
10:22qu'on peut faire un petit peu différemment.
10:24Donc ça c'est ma première remarque,
10:25oui c'est un effort puisqu'elle ne va pas augmenter en valeur
10:29pour la première fois depuis assez longtemps,
10:32mais aussi, c'est important,
10:34les politiques publiques prioritaires seront maintenues,
10:37j'ai parlé de la loi de progression militaire en particulier,
10:42donc les politiques prioritaires seront maintenues,
10:45c'est important.
10:48Alors Jean-René Cazeneuve vous dites que c'est courageux,
10:51en tout cas Bruno Le Maire lui voulait aller beaucoup plus loin,
10:54puisque le ministre de l'économie démissionnaire
10:58voulait 5 milliards d'économies,
11:00Matignon optait pour le même montant, 492 milliards,
11:05il ne fallait pas aller plus loin selon vous,
11:07comme Bruno Le Maire l'exhortait,
11:10je vous rappelle quand même qu'on est sous une procédure
11:12de déficit excessif de Bruxelles.
11:17J'ai été rapporteur général du budget,
11:22je suis à la commission des finances depuis un certain temps,
11:25donc bien sûr je suis pour l'orthodoxie financière,
11:29je suis pour le ralentissement de la dépense publique,
11:32la maîtrise de notre trajectoire des finances publiques,
11:34mais attention de ne pas donner un coup d'arrêt trop important,
11:38parce que ça aurait un impact sur la croissance
11:42qui elle-même aujourd'hui est assez faible,
11:44elle est un petit peu au-dessus de 20% cette année,
11:47elle est un peu meilleure que celle de nos voisins européens,
11:50donc si on freine trop brutalement nos dépenses publiques,
11:53on court ce risque.
11:55Et peut-être que dans le message envoyé par Gabriel Attal aujourd'hui,
12:00il y a une illustration de ce dont je vous parlais tout à l'heure,
12:02c'est-à-dire que si on veut travailler avec une partie de la gauche,
12:05il faut peut-être, là aussi de manière budgétaire,
12:08éviter de freiner trop brutalement la dépense publique,
12:13et la droite peut aussi comprendre qu'on fait un effort important,
12:18et que peut-être c'est le maximum qu'on puisse faire par les temps qui courent.
12:22Merci en tout cas Jean-René Cazeneuve, député Ensemble du GRC,
12:26ancien rapporteur général du budget à l'Assemblée nationale,
12:28d'avoir été l'invité d'Europe 1 ce soir,
12:31et on est toujours avec nos chroniqueurs Jean-René Cazeneuve,
12:36pardon, Jean-Michel, je vous ai...
12:38C'est un joli prénom, mais Jean-Michel je préfère.
12:40Voilà, communicant, chroniqueur politique,
12:43Eliott Mamann, chroniqueur politique,
12:46vous réagirez justement aux propos de Jean-René Cazeneuve,
12:49qui, vous l'avez entendu, cherche à faire une coalition avec les Républicains,
12:53mais aussi les socialistes, est-ce que vous jugez ça possible ?
12:55On en parlera, en attendant, c'est le journal Permanent.