• il y a 2 mois
DB - 31-08-2024

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00:00Sous-titrage Société Radio-Canada
00:30...
01:00...
01:11Monsieur de la Pivernière !
01:13Quelle surprise nous attendions depuis si longtemps.
01:16Bonjour, mes amis. Je vous verrai demain.
01:19Bienvenu, monsieur de Pivernière. Depuis le temps.
01:22Un an, moi !
01:23Je vais vous préparer une chambre et un souper.
01:25Mon fils pourra aller jusqu'au château, à vertu de votre arrivée.
01:28Avertir n'est peut-être pas superflu.
01:30Ni chambre, ni souper, j'ai hâte de vous retrouver chez moi.
01:32Chez lui ?
01:33Façon de parler.
01:34Depuis que les rôles ont changé, c'est peut-être lui qui va dire la messe.
01:38Quelle joie de vous revoir, M. de la Pivardière.
01:41Saint et sauf, M. de la Pivardière.
01:43Vous allez regagner votre domaine pour ne plus le quitter, j'espère.
01:46La paix est signée.
01:47La paix est signée, certes, mais la frontière doit être défendue.
01:50Mon régiment a pris ses quartiers à Metz, où je retourne sous huit jours.
01:55Alors, s'il en est ainsi...
01:57La comédie va continuer de plus belle.
02:05C'est intolérable.
02:08J'en arrive à ne plus savoir ce que je fais.
02:10Prenez votre calme.
02:12Nous sommes dans la période de ces retours habituels,
02:14mais vous êtes toujours prévenue par un courrier.
02:16Je ne sais pas, j'éprouve comme une sorte d'appréhension.
02:20Durant cette campagne, Dieu a rappelé à lui tant de vaillants gentilshommes
02:24qu'ils lui sentirent sans une égratignure.
02:28Je préférerais ne pas être là quand vous aurez à l'accueillir.
02:35Quelle abomination.
02:37Souhaitez la mort de notre pauvre maître.
02:40Sûr qu'ils le retireront tous les deux en enfer avec tous ces péchés sur la conscience.
02:45Le noir du mal, un aussi brave seigneur.
02:48Pauvre M. de la Pivardière.
02:51Ah, vous voilà enfin, notre maître.
02:54Ah, on s'est espéré que vous revoir.
02:55Bonjour les braves, toujours en santé ?
02:57Oui, oui, on vous remercie.
02:58Et votre monture, elle va bien aussi ?
03:00Oui.
03:01Ah, l'Alsace, c'est pas le bourg à côté, hein ?
03:03Oui, mais elle est faillante.
03:05Alors, les orges, les fromands ?
03:08Oh, médiocre, notre maître, médiocre.
03:11Vous avez quand même pu payer le métaillage.
03:12Quoi encore ? Mais les sous sont là.
03:15Ce moyen n'a pas beaucoup.
03:16Comment ça ?
03:17Ah ben, on a fourni tellement au château.
03:20Des volailles, encore des volailles.
03:22Et puis le goret de noël.
03:24Oui.
03:26Je vous verrai demain.
03:31Ah, voilà une mauvaise chose.
03:34S'il croit remporter autant d'écus que les autres années, il va être bien déçu, le pauvre M.
03:37Oui, oui, oui.
03:50Oh, messieurs, notre maître.
03:52Vous vous l'adrettez au revoir, nous.
03:54Ne pleure pas, ne pleure donc pas, grosse bête.
03:57Oui, madame.
03:58On a tellement gêné, notre maître.
04:00Le souper sera bientôt cerni.
04:02Bien.
04:21Voilà qui devrait nous délivrer de nos humeurs moroses.
04:24Et nous raffermir le cœur.
04:26Le vin de Badère apparaît-il, cette vertu ?
04:29En qui se couvert, Socrates ?
04:32Pour moi, madame.
04:36Si toutefois M. le Prieur ne me trouve pas fâcheux.
04:40Vos plaisanteries sont peut-être appréciées au bivouac.
04:42Mais pour ma part, je ne les trouve pas de mon goût.
04:45M. le Prieur, vous êtes mon invité.
04:47Hum, excellent. Je ne vous connaissais pas ce vin en cave.
04:51Le tonne-lait touche à sa faim.
04:53J'arrive à temps.
04:57Où est mon fusil ?
04:59Ma poire à poudre ?
05:00Mon sac à balles ?
05:02Je les ai donnés.
05:03Prêtés ?
05:04À l'abbé, qui y nous tire quelques lièvres et qui raffole de la chasse.
05:09C'est une arme d'une magnifique précision.
05:11Je vous la rapporterai demain.
05:13Merci, madame.
05:15Pardonnez-moi de ne pouvoir partager votre souper.
05:17J'ai encore quelques pénitents à entendre à l'abbé.
05:20Je vous salue, monsieur.
05:22M. l'abbé.
05:23Je vous demanderai de me recevoir demain, confesse.
05:27J'ai eu tout à l'heure une mauvaise pensée.
05:33Il faut que j'y aille, madame.
05:35Je ne peux pas, madame.
05:37Je ne peux pas, madame.
05:39Je ne peux pas, madame.
05:41Je ne peux pas, madame.
05:43Il fait meilleur être abbé qu'un militaire.
05:46La chair est plus grasse.
05:58Toi, au moins, tu vas être mangé par un honnête homme.
06:03Si tu l'aimes bien, la poule au pot, notre maître.
06:05Monsieur vient de faire décarper le prieur.
06:06T'aurais dû voir la tête que faisait la drôlesse.
06:08Ses yeux étaient comme des pistolets.
06:12J'ai peur que tout ça finisse mal.
06:15L'étang n'avait pas été pêché depuis trois ans.
06:17Il grouillait de carpes.
06:19Ça aurait dû faire une assez jolie somme.
06:21Les carpes ont été consacrées aux maigres de l'abbéie.
06:24Notre ordre est très pauvre, madame.
06:26Sommes-nous assez riches pour nous offrir de telles largesses ?
06:30L'étang m'appartient en propre.
06:32Je ne vous laisserai pas déshonorer ma maison.
06:34Parce qu'elle a des lustres, une lignée de gueux.
06:37Vous n'aurez pas un liard de cet argent.
06:39Je ne vous laisserai pas me dépouiller.
06:45Vous faudra embasser par ma volonté, monsieur. Prenez garde.
06:48Et en plus, vous osez me menacer ?
06:53Allez, servez.
06:54Idiote.
06:55Monsieur Delapivardier a dîné.
06:57Il prendra la chambre bleue du second.
07:10Si notre maître a besoin de quelque chose...
07:15Ma soupante est au fond du couloir.
07:19Merci, petite. Je serai très bien ici.
10:10Faites ce que je vous ai dit. Et vite.
10:21C'est impossible, c'est impossible.
10:24Un malheur pareil.
10:29Ça va en faire une affaire.
10:31Des abominations pareilles, d'abord on ne peut pas y croire.
10:34J'ai cru que je faisais un cauchemar.
10:36J'entends encore ces cris à notre pauvre maître.
10:50J'ai vu le sang comme je vous vois.
10:52C'était horrible. Horrible.
10:57Sergent Lafleur.
10:59Sergent Lafleur, monsieur Delapivardier a disparu.
11:01Assassiné, selon la rumeur publique.
11:03On me rapporte la chose de toute prudence.
11:06Il faut faire quelque chose.
11:07Allez au château.
11:09Une dame de la noblesse et un prieur de courant.
11:12Il faudrait que j'aie des ordres, comme on dit, supérieurs.
11:19Je vais aviser.
11:24Vu l'émotion populaire, j'ai cru bon d'avertir, monsieur le lieutenant criminel, la voie hiérarchique.
11:30Effort bien fait.
11:32Il semble bien, monsieur le procureur,
11:34que la servante Marguerite Mercier soit la dernière à avoir vu monsieur Delapivardier vivant.
11:42Et mort.
11:43Qui, selon vous, l'aura vu le dernier?
11:47La dame et le prieur, sans doute.
11:48Et plutôt lui qu'elle.
11:50Transporter le corps de ce pauvre seigneur, ça a dû demander de la force.
11:54Allons, j'ai hâte de revoir ce bel abeille charrose.
11:57J'étais certain qu'il finirait de cette façon.
12:00Je fais préparer un cachot.
12:03Vous pouvez aussi prévoir une potence.
12:05Aussitôt?
12:07Je n'ai jamais rencontré d'accusé qui me paraisse aussi susceptible que l'abeille charrose de faire un coupable.
12:22Qui vous a ordonné de laver ce sang?
12:26Notre dame. Même qu'elle m'a fait recommencer deux fois. Et jeter de la cendre en plus.
12:34Les draps et la paillasse, c'est elle-même qui les a lavés.
12:39La dispute entre madame et monsieur Delapivardier vous a paru plus violente que celle que vous aviez déjà surprise?
12:45Je vous crois. C'était elle qui le menaçait.
12:48Marqué, ça ne m'a pas étonné l'assassinat.
12:50Avant le souper, ils n'avaient parlé que de ça avec l'abeille.
12:52Que de ça?
12:53Oui.
12:54Lui, il disait qu'il se chargerait de tout et elle disait qu'il fallait avoir le courage de le faire.
13:00C'est les cris de ce pauvre monsieur qui m'ont réveillée. Il demandait qu'on lui laisse la vie.
13:04Et puis, il a hurlé deux fois et puis, plus rien.
13:10Très bien.
13:11J'ai juste entendu les cris dans la nuit. Mais j'ai vu le sang.
13:15Un plein saut, monsieur le procureur. On aurait cru, sous votre respect, qu'on venait de tuer le cochon.
13:20Parfait. Quand monsieur Delapivardier a appelé à l'aide, vous n'êtes pas sorti de votre chambre pour le secourir?
13:29Non. J'avais bien trop peur. J'ai juste entrebâillé ma porte. Notre dame se trouvait sous le palier du dessous.
13:36Est-ce qu'elle tenait une arme?
13:39Oui. Une grande épée, toute rouge de sang. J'étais glacée de terreur. Je me suis enfermée dans ma chambre.
13:49Vous êtes certaine que c'était la bêcha rose?
13:54Ça, je peux le jurer. Je connais sa dégaine, sa façon de marcher.
13:58Sûre qu'il allait vers miseré, vers la bille.
14:01Le débat que j'ai eu ce soir-là avec monsieur Delapivardier, et dont on vous rapporte faussement les termes, était un caractère strictement privé.
14:10Aussi, je vous prie de ne plus l'évoquer.
14:13Tous les témoignages vous accablent, madame.
14:15Et temps de t'approuver que votre époux a été assassiné sous votre toit.
14:20Je n'ai jamais rien entendu d'aussi ridicule.
14:22Et j'ai honte, pour vous, monsieur, de vous voir fonder de si déshonorants soupçons sur des ragots domestiques.
14:28Je me plaindrai. Soyez-en certain.
14:32Une dernière fois, madame, je vous semble de me dire où est le corps de monsieur Delapivardier.
14:37Vous êtes un grossier, un impertinent et un sot.
14:41Sortez de ma demeure et ne vous y représentez jamais.
14:45Comme il vous plaira, madame.
14:50Au nom du roi, je vous convoque demain matin dans mon cabinet pour vous entendre.
14:54S'il y a lieu, pour vous confronter avec votre complice.
15:21Eh bien, je vous retrouve, mon petit abbé.
15:25Et je crois que nous allons rire.
15:27A qui appartient ce fusil?
15:29A monsieur Delapivardier.
15:31Ah, je vois. On entre en possession avant que la succession ne soit ouverte.
15:35Succession?
15:36Allons, l'abbé, les choses sont claires. Ne commencez pas à finasser.
15:39Saisissez cette pièce à conviction, bonnet.
15:42Et assurez-vous de l'abbé Charroze. Il est sous la main de la justice.
15:46Vous commettez une erreur monstrueuse.
15:48C'est un abus de pouvoir, un déni de justice.
15:50En matière judiciaire, l'abbé, les seules erreurs que je connaisse, ce sont les acquittements.
16:02Afin qu'elle ne soit pas influencée, emmenez aussi les servantes qu'on mettra au secret.
16:08Dans un procès, les témoins sont aussi précieux que les coupables.
16:12Parfois plus.
16:19L'abbé Charroze a jadis gagné contre ce morain un procès.
16:23Il a amputé d'un tiers le bien du procureur.
16:27Il s'en venge aujourd'hui.
16:29Et donne à des ragots de domestiques hallucinés valeur de preuve.
16:33Car vous le pensez, cousine, je suis innocente.
16:37Innocente, j'en suis certaine.
16:40Mais aussi une bien grande sotte.
16:43Innocente, j'en suis certaine.
16:45Mais aussi une bien grande sotte.
16:48Vous amourachez de ce petit religieux, à ton idée.
16:51Macabre, cousine.
16:53Notre aïeule commune, oui.
16:55Mais pour elle, il s'agissait d'un évêque.
16:57De toute façon, chère cousine, vous êtes chez moi hors de la juridiction de ce rustre.
17:02Et nous allons bien rire.
17:04Eh bien, l'abbé.
17:07Est-on résigné aujourd'hui à avouer ?
17:10Étant religieux, je demande à comparer devant un tribunal ecclésiastique.
17:14Je vous avais prié d'avertir Monseigneur l'évêque.
17:16Je quitte à l'instant, Monseigneur,
17:18qui m'a fait l'honneur de me retenir à sa table.
17:20On y mange divinement.
17:22Et quelle cave !
17:25Révolté par l'abomination de votre crime,
17:28Monseigneur ne peut que prier pour moi.
17:30Il vous abandonne aux bras séculiers.
17:34Aux bras séculiers.
17:36C'est-à-dire, à moi.
17:40Vous voulez dire votre vengeance ?
17:42Si vous croyez échapper au châtiment de votre crime,
17:45perdez tout espoir, l'abbé.
17:48Vous osez dire mon crime ?
17:50Mais où est ma victime ?
17:52Cette victime dont la dépouille est nécessaire à tout procès criminel.
17:56Vous êtes, monsieur, ou un bien grand gredin, ou un bien grand imbécile.
18:02L'on recherche actuellement le corps de M. de la Pivardière.
18:05Et si bien caché soit-il, nous le retrouverons.
18:10Et alors ?
18:17S'il avait jeté un lot,
18:19il y a beau temps qu'il serait remonté, M. de la Pivardière.
18:22Déjà qu'on a retourné la moitié du château,
18:25on ferait mieux de rentrer à la maison, casser une croûte.
18:28Qu'est-ce que vous en dites ?
18:30Je n'ai rien à vous dire.
18:32La consigne du procureur, c'est de retrouver le cadavre.
18:42Mais que faites-vous au milieu de mon étang ?
18:45Nous recherchons le corps de M. de la Pivardière.
18:52Un revenant ! Un fantôme !
19:01Un revenant, c'est bien connu. Les balles leur passent à travers le corps.
19:09Non, non, M. ! Vous ne pouvez pas nous tourmenter !
19:19On a à boire !
19:26Arrière !
19:30Arrière !
19:38Tout le monde est bizarre, ce matin.
19:40Le plus bizarre, c'est vous.
19:42Un mort qui se promène, ça se voit pas tous les jours.
19:45Un mort ? Qui, moi ?
19:48Vous, vous le savez mieux que personne.
19:51Même que la marée chaussée voudrait bien trouver votre corps.
19:54Mort ou vif, comme on dit.
20:01Et alors ?
20:03Je lui ai parlé comme je vous parle, M. le procureur.
20:06Bien sûr, le gendarme Patujon lui a tiré dessus sans que les balles lui fassent ni chaud ni froid.
20:11Mais quand même, la chose est surprenante.
20:13Quand vous avez parlé à ce spectre, combien de chopines aviez-vous déjà avalées ?
20:17Je saurais pas dire, M. le procureur. Je compte pas.
20:20Je paie chaque mois au moment de la solde.
20:22Vous deviez être plein comme une outre, espèce de sac à bain.
20:25Votre revenant n'est qu'un imposteur, payé par des criminels.
20:29Pour nous mystifier.
20:31Je me méfiais bien de quelques manigances de cette intrigante.
20:37Elle me croit vraiment sot.
21:00Laissez-moi passer !
21:03Bravo, madame. Votre stratagème.
21:05Mais il était pas trop enfantin.
21:07La coutume dans ma maison est de se faire annoncer et de se découvrir devant les dames.
21:14Affubler un fréton dans l'uniforme de votre mari,
21:16lui faire jouer le rôle de monsieur de la pivardière sous prétexte d'une vague similitude de silhouette,
21:20peuvent abuser des villageois crédules, madame. Pas moi.
21:23Il déraisonne.
21:25Non, madame. Vous l'avez fait.
21:27Et vous n'aurez plus l'occasion de souvoyer personne.
21:29Au nom du roi, je vous somme de me suivre.
21:31Mes terres sont en dehors de votre juridiction.
21:33En matière de meurtre, la compétence du procureur s'étend au royaume tout entier.
21:38Toutefois, eu égard à votre rang,
21:41je vous ai fait préparer la meilleure cellule, exposée au sud.
21:44Vous pourrez y faire apporter vos repas, vos meubles personnels,
21:47et y recevoir à votre volonté.
21:50Nous y comptons bien.
21:52Tout ce que le Béryl, Orléanais et la Touraine comptent de bonne noblesse
21:56viendra visiter ma cousine.
21:58Ce sera follement amusant.
22:00Et vous fera comprendre, monsieur,
22:02à quel point vous vous êtes mis dans un mauvais cas.
22:22...
22:48Finissez polissant, je vous ai pas demandé de m'aider.
22:51...
23:08Je reviendrai.
23:11C'est que ça, les militaires ?
23:13...
23:40Je vous salue, maître Dubouchet. Avez-vous traîné en route ?
23:43Excellent, monsieur Gretier.
23:45...
23:56La santé est bonne, maître Dubouchet.
23:58Toujours, mon cher Blanchot.
24:00...
24:25Merci, mon père. Vous mangez pour parler ?
24:28Oui, ma chérie.
24:29Vous ne partirez plus, monsieur.
24:31Mon père, maman est trop triste quand vous n'êtes pas là.
24:34...
24:37Je sais, mademoiselle.
24:40Mais pour les grandes personnes, les affaires commandent.
24:43Mangez, maintenant.
24:45...
24:47Pour le résultat que j'en ai obtenu,
24:49j'aurais aussi bien pu m'épargner ce voyage.
24:51Vous êtes déçu.
24:53Et là vient sans doute votre mine soucieuse.
24:55En partie, oui.
24:57J'escomptais l'argent de la vente de ma propriété en Touraine.
25:01Mais devant la rareté du numéraire,
25:04les offres des acheteurs étaient ridicules.
25:06Enfin, j'en suis pour mes frais de voyage.
25:08Comme toutes les femmes,
25:10je n'ai jamais rien compris aux affaires qui ne sont pas de notre domaine.
25:13Non, l'important pour moi, c'est que vous soyez près de nous.
25:16Oh, oui.
25:20Mon Dieu.
25:23Cela console de bien des choses.
25:26...
25:31Tenez, le voilà, maître Dubouchet.
25:33Il vient sans doute saisir quelques malheureux.
25:35Les huissiers sont faits pour ça, non ?
25:37Je ne sais pas, mais lui, il n'a pas la manière.
25:39Trop sec, trop militaire, soit dit sans offense.
25:42À la ville, on préférait son beau-père.
25:44Il devait bien saisir, lui aussi.
25:46Je crois que ce qu'on n'aime pas chez Dubouchet,
25:48c'est son accent parisien.
25:51Parce qu'il vient de Paris.
25:55Au cours de mes campagnes, j'en ai vu des créatures.
25:57Les belles pieds montaises, les beautés flamandes,
25:59mais à côté des filles d'ici, hein.
26:01Ouf !
26:03Et vous n'êtes pas parmi les moins belles.
26:05Voix de la fleur,
26:07auxerre, ça doit être la perdition du soldat.
26:09C'est bien possible, sergent. Il y a des exemples.
26:11Vous voyez cette femme-là ?
26:17Un vrai petit bijou.
26:20C'est madame Dubouchet, la femme des huissiers.
26:22Eh bien, voyez-vous, cette femme,
26:24elle a fait perdre un officier aux armées de sa majesté.
26:26Vous vous moquez ?
26:28Nullement.
26:32Un bel officier de passage dans la ville, c'était rare.
26:34Trois jouvencelles sages, tout aussi rares.
26:38La plus jolie, Elisabeth,
26:40relevait à peine du deuil de son père,
26:42maître Pillard, huissier.
26:44Et alors, avec la jeune fille ?
26:46La mère a bien été obligée de céder.
26:48Elle n'avait plus que lui en tête,
26:50à en tomber malade.
26:52Et le jour des noces,
26:54tous les garçons à mariés de la ville et de partout.
26:56C'est drôle.
26:58On aurait dit qu'il voulait prendre le deuil.
27:00Parce qu'il a épousé.
27:02Mais je comprends. J'étais là, moi, invité.
27:04Oh là là, ma tête.
27:06Ça ne peut pas être lui.
27:08C'est lui.
27:10C'est lui.
27:12Ça ne peut pas être lui.
27:14Qu'est-ce que vous dites ?
27:16Rien. Ce vin est bon, mais imprutal.
27:22Je voudrais un entretien avec maître Dubouchet.
27:24Je suis le sergent Lafleur.
27:26Lafleur.
27:42Vous me demandez ?
27:44Bonjour, mon lieutenant.
27:46Quelle joie et quelle surprise de vous retrouver ici.
27:48Je vous ai vu en ville.
27:50Vous devez vous tromper, confondre.
27:52Mais non, mais non.
27:54Oui, mais si, à la prise d'Heidelberg.
27:56Ma compagnie marchait derrière vos dragons.
27:58J'ai même aidé à vous dégager, car votre cheval était tué sous vous.
28:00Mais vous rêvez, sergent.
28:02Vous étiez peut-être à Heidelberg. Je n'y étais certainement pas.
28:04Je suis très occupé.
28:08Suis-je balaide ?
28:10Mais non. C'était au bivouac que je vous ai vu.
28:12En Béry. Nous contenions dans le parc du château de Narbonne.
28:16Vous délaguez, sergent.
28:18Je ne connais pas le château de Narbonne.
28:20Au Béry, je n'ai jamais mis les pieds dans cette province.
28:22Pardonnez-moi.
28:24J'ai affaire. Je ne vous retiens pas.
28:26Louis !
28:28Enfin, que se passe-t-il ? Qui êtes-vous ?
28:30Je n'ai jamais vu mon mari dans cet état.
28:32Je suis venu parler au lieutenant de nos campagnes.
28:34Bavarder, quoi.
28:36En ancien militaire, ça se fait, non ?
28:40Oui.
28:42Depuis son retour de voyage,
28:44mon mari semble soucieux.
28:46Votre visite n'est pas en rapport avec ses ennuis.
28:48Bon, les ennuis,
28:50la vie en est faite.
28:52Si maître Dubouchet en a,
28:54c'est à lui de vous en parler.
29:12Tenez-vous bien, cousine.
29:14Je vous apporte la nouvelle la plus ahurissante
29:16qui se puisse imaginer.
29:18Ah, mais vous ne pouvez la recevoir qu'assise,
29:20tant elle est forte.
29:22Le colonel de Saint-Hermine
29:24a madame de Boislinard
29:26de la place forte de Metz le 1er juin.
29:28Madame,
29:30en réponse à votre lettre,
29:32j'ai l'honneur de vous faire connaître
29:34que le lieutenant Louis Dubouchet de la Pivardière,
29:36votre cousin,
29:38n'appartient plus à mon corps depuis 5 années.
29:42Il a, à cette époque,
29:44résilié son grade de sa pleine volonté
29:46et avec mon accord,
29:48et je ne saurais, à mon grand regret,
29:50vous communiquer sa nouvelle résidence
29:52n'ayant jamais reçu de ses nouvelles.
29:54Veuillez agréer, etc., etc.
29:56C'est insensé. Indigne.
29:58Outrageant. Monstre.
30:005 années de mensonges.
30:02Mais où peut-il être?
30:04Mais peu importe.
30:06La question devient maintenant, où est-il?
30:08Il faut le faire rechercher dans tout le royaume.
30:10Le forcer à se montrer.
30:12Peut-être est-ce lui
30:16que ce goujat de morin traite d'imposteur
30:18et m'accuse d'avoir sous-loyé.
30:22Ce faquin veut faire le procès de mon mari
30:24sous prétexte que celui-ci est encore vivant.
30:30J'y suis.
30:32Cousine, nous allons nous divertir utilement
30:34aux dépens du sieur Morin.
30:36Troussez-moi un factum bien senti
30:38dans lequel vous allez accommoder
30:40ce petit procurayon de la bonne manière.
30:42Je le fais parvenir à Mme Mazuel
30:44qui imprime sur le pont neuf
30:46à l'enseigne de la Levrette
30:48tout ce qui s'écrit de plus piquant dans le genre.
30:50Et ce serait bien le diable
30:52si on ne parle pas de votre affaire dans tout Paris.
30:54À Versailles, même.
30:56Il faudrait une bien grande malchance
30:58pour qu'il ne tombe pas sous les yeux
31:00de M. de la Pivardière.
31:04Ah, la galette!
31:06Ah, ma belle galette!
31:08Monsieur, la galette!
31:10Je voudrais la défense de Mme de la Pivardière
31:12contre un buteur.
31:14Encore un petit sur la droite.
31:16Monsieur?
31:18Curieuse histoire, mon bon.
31:20Je l'ai eue hier.
31:22Elle frémit des libertés infernales
31:24des magistrats de province
31:26contre les gens de qualité.
31:28Le faubourg Saint-Germain la tient pour innocente.
31:32Déjà, la canaille est d'avis contraire.
31:34Écoutez, écoutez.
31:38Monsieur de la Pivardière
31:40vaillant officier des rois
31:42un beau jour revient de guerre
31:44pour y trouver sous son toit
31:46un affreux trépas.
31:48Un affreux trépas.
31:50Un affreux trépas.
31:54Dans son épousage de terre
31:56il ne se dessinait pas.
31:58Elle pousse en rancunière
32:00la, la, la, la, la, la, la.
32:02La, la, la, la, la, la.
32:04La, la, la, la, la, la.
32:06La, la, la, la, la, la.
32:08Et d'où vous vient cette émotion, Louis?
32:10Parlez-moi.
32:12Ne suis-je pas votre épouse?
32:14Oh, mon épouse bien-aimée Elisabeth.
32:18C'est elle à qui j'ai juré
32:20de consacrer toute ma vie
32:22dès qu'elle est apparue à mes yeux.
32:26Mais...
32:28moi...
32:30moi...
32:32je suis monsieur de la Pivardière.
32:34Quoi?
32:36Le seigneur
32:38qu'on accuse cette femme d'avoir?
32:40Mais alors?
32:42Elisabeth,
32:44je dois vous confesser mes fautes.
32:46Ils se ressemblent
32:48et ils se ressemblent pas tant que ça.
32:50Il y a du pour et du contre.
32:52Sottise!
32:54Cet huissier ne peut être que notre imposteur.
32:56Vous n'allez pas vous aussi verser dans la coterie
32:58qui soutient l'abbé Charroze et sa complice
33:00et venir me faire des embarras?
33:02Je vous faisais part d'une impression,
33:04monsieur le procureur.
33:06À mon grade, on peut se tromper.
33:08Sûrement, mais moi, dans ma charge,
33:10je n'ai pas le droit de commettre d'erreur.
33:12D'ailleurs, cette affaire est simple.
33:14Ou bien l'abbé Charroze
33:16et la dame Pivardière ont toxi le mari Licelle,
33:18vont être confondus sur témoignage
33:20et punis comme il convient.
33:24Ou bien
33:26cet immonde imposteur
33:28va reparaître,
33:30soutenir,
33:32pour innocenter les accusés qui l'ont corrompu,
33:34qu'il est la Pivardière.
33:38Dans ce cas, je lui réserve une petite surprise.
33:44De toute façon,
33:46la justice
33:48sera rendue.
33:50Dès le premier instant
33:52que je vous ai vu, Elisabeth,
33:54je n'ai plus qu'une pensée.
33:56Qu'est-ce que vous avez fait ?
33:58M'évader d'une union
34:00odieuse, ridicule,
34:02insensée.
34:04Pour moi, vous avez dérogé,
34:06renoncé à vos biens,
34:08à votre titre.
34:10D'officier noble, vous êtes devenu roturier.
34:12Pour moi, Louis,
34:14croyez-vous que je méritais un tel sacrifice ?
34:20Je vous dois les plus belles années de ma vie.
34:22Près de vous,
34:24j'ai été heureux.
34:26Qu'allons-nous devenir ?
34:30Aussi mal que vous aiez traité cette femme,
34:32vous ne pourrez la laisser condamner.
34:34Elle est innocente.
34:36Que faire ?
34:38Louis,
34:40vous devez aller éclaircir cette situation,
34:42voir ce juge.
34:44Là est votre devoir.
34:46J'irai, Elisabeth.
34:48Je tiens autant à votre estime
34:50qu'à votre amour.
34:56Il nous faut presser cette affaire
34:58avant que cette bougresse de Chatelaine
35:00ait à meuter tout le royaume contre nous
35:02avec ses écrits détestables.
35:04Faites comparaître, mademoiselle Mercier.
35:10Ce qu'il nous faut maintenant, ma fille,
35:12c'est toute la vérité.
35:18C'est tout.
35:26Devant tant de témoignages précis
35:28et concordants...
35:30Et si l'abbé ne veut pas parler ?
35:32En le brusquant un peu,
35:34il pourrait devenir plus loquace.
35:36Ce n'est pas que l'envie m'en manque.
35:38Mais lui faire donner la question
35:40pour retrouver le corps de la pubardière
35:42ne se conçoit que si nous avons retrouvé ce corps.
35:44Mais oui, c'est la quadrature du cercle
35:46qu'Avènement cherchait à résoudre.
35:52A votre santé, mes bons amis.
36:04Quand je pense qu'on le prenait pour son fantôme...
36:08Ça l'est bête, hein ?
36:10C'est bien lui. Régaler le petit monde,
36:12c'est tout à fait de sa façon.
36:16A votre retour, M. la pubardière.
36:20Ainsi bravant,
36:22qui voudrait lui vouloir du vin ?
36:24Heureux de vous voir, cousin.
36:26Nous avons appris votre en retour et nous accourons.
36:28Quelle singulière histoire.
36:30Oui, oublions-la et trinquons avec ses braves jambes.
36:32J'ai là un excellent vin des coteaux de Chabris.
36:38A la vente.
36:40A votre santé, mon brave.
36:42Que Dieu vous ait en sa sainte garde, mes braves jambes.
36:46Où, M. de la pubardière ?
36:48Qui se prétend ici, M. de la pubardière ?
36:54Je suis le lieutenant Louis du Bouchet de la pubardière.
37:00La comédie n'est pas trop sottement montée.
37:04Il y a en effet quelques ressemblances
37:06entre cet intrigant
37:08et le défunt.
37:10Vous n'allez tout de même pas me répandre.
37:12Je rappelle à tous
37:14que votre témoignage ayant pour but d'entraver la marge de la justice
37:16est punissable des galères
37:18et peut être en matière d'assassinat
37:20de la potence.
37:24N'étant pas M. de la pubardière
37:26et vous étant introduit dans sa demeure,
37:28je vous accuse déjà
37:30de violation de propriété.
37:32Nous connaissons quand même notre parent.
37:34Par alliance, vous êtes cousin germain
37:36de Mme de la pubardière et à ce titre
37:38votre témoignage peut être suspecté.
37:40Je sais quand même qui je suis.
37:42Oui, un imposteur
37:44payé par des criminels.
37:46M. l'Inconnu,
37:48je vous attends demain dans mon cabinet
37:50à Chatillon-sur-Ire
37:52à porter quelques preuves de votre identité
37:54plus solide que les témoignages de pseudo-parents.
37:56J'ai à vous confronter
37:58avec quelques personnes.
38:00Sergent, ce personnage est sous votre garde
38:02et votre sauvegarde.
38:04Veillez à ce qu'il soit dans mon bureau demain
38:06à dix heures.
38:10Et la femme du maire
38:12qui avait fait la difficile
38:14a dû se contenter
38:16d'un simple petit sambour de vêtements.
38:18Arrêtez, sergent.
38:20Et maintenant,
38:22le lapin soubise, mon lieutenant,
38:24comme au bivouac la veille de la bataille.
38:26Une cuisse, le rable.
38:28Vous avez raison, sergent,
38:30c'est la veille de la bataille.
38:32Enfin, demain il fera jour.
38:34Comment une cuisse ou du rable?
38:36Les deux, s'il vous plaît.
38:38Allez, au triomphe du juste
38:40et à la confusion du procureur.
38:42Amen.
38:50Relise de Zamarguerite Mercier.
38:52Son dernier interrogatoire.
38:56Alors,
38:58notre maîtresse a pris le sabre des mains de l'abbé
39:00et en a donné un grand coup dans le ventre
39:02à notre maître.
39:04C'est ce qu'elle a dit.
39:06Et en a donné un grand coup dans le ventre à notre maître.
39:08Elle lui a crié,
39:10vous ne méritez pas la vie.
39:14Donc,
39:16monsieur de la Pivardière, ton pauvre maître,
39:18était mort.
39:20Tout ce qu'il y a de plus mort.
39:22Si on te montrait un homme
39:24qui ressemble à feu ton maître,
39:26ça ne pourrait pas être lui.
39:28C'est bien ce que je pense.
39:30Parce que, si c'était lui,
39:32cela prouverait que tu as menti
39:34à la justice.
39:36Ce qui serait un grand crime.
39:38Un crime sévèrement puni.
39:42Il n'y a que notre seigneur Jésus
39:44qui est ressuscité.
39:46Il y a aussi Lazare
39:48dans l'histoire sainte.
39:52Est-elle bête.
39:54Il n'y a plus de miracle de nos jours, ma fille.
39:56Surtout dans une mauvaise cause
39:58comme celle de l'abbé Charroze.
40:00Amenez le prisonnier.
40:04Regarde bien cet homme.
40:06Il prétend être monsieur de la Pivardière.
40:08Qu'en penses-tu?
40:12C'est quoi, là, monsieur de la Pivardière?
40:16Enfin, Marguerite,
40:18tu es au château depuis cinq ans
40:20et tu ne reconnais pas ton maître?
40:24Enfin, regarde-moi mieux.
40:26Souviens-toi de ce qu'il s'est passé.
40:28Tu ne reconnais pas ton maître?
40:32Enfin, regarde-moi mieux.
40:34Souviens-toi de ce que tu m'as dit
40:36en m'accompagnant à ma chambre
40:38le soir où j'ai disparu.
40:40Réponds à cet imposteur.
40:42Non, ce n'est pas notre maître.
40:44Il était bel homme, lui.
40:46Bien corporé.
40:48Et puis, il n'était pas coiffé comme voulait être.
40:50Et puis, il n'avait pas un petit habit
40:52tout rétriqué comme le vôtre.
40:54Emmenez la fille Mercier.
40:56Marguerite.
41:00Eh bien,
41:02voilà qui doit vous suffire,
41:04monsieur l'huissier d'Auxerre,
41:06monsieur l'imposteur.
41:08Il va falloir maintenant nous dire qui
41:10et combien vous a payé pour jouer cette maladroite comédie.
41:12Mais cette fille est folle alliée.
41:14Le chirurgien n'est pas arrivé?
41:16Pas encore.
41:18Il sera là sous peu
41:20et va vous examiner selon la règle
41:22pour s'assurer que vous êtes en état
41:24de subir la question.
41:30A moins que vous préfériez parler
41:32sans en venir à cette extrémité.
41:36Je suis Louis Dubouchet de la Pivardière.
41:38Chantez, beau merle.
41:40Vous allez tout à l'heure siffler un autre air.
41:42Salut, monsieur.
41:44Monsieur de la Pivardière.
41:46Je vois avec joie que vous n'êtes pas mort.
41:48Comme le bruit en avait couru.
41:50Selon vous, cet individu serait monsieur de la Pivardière?
41:52Sans conteste.
41:54Il est, comme vous, mon patient depuis des années.
41:56Vous pouvez vous tromper, être victime d'une ressemblance.
41:58Impossible, mon cher procureur.
42:00L'œil d'un médecin n'a pas la vision du vulgaire.
42:02Il décèle sur chaque patient
42:04au corps et au visage
42:06des particularités qui échappent aux profanes.
42:08Mon cher procureur,
42:10nous allons engager un bon souper
42:12à l'auberge que monsieur de la Pivardière
42:14est devant vous.
42:16Tenez, je mets en jeu mon serment d'esculape.
42:18Quelle preuve prétendez-vous apporter?
42:20Êtes-vous d'accord pour le souper?
42:22J'ai eu l'honneur, il y a 5 ans,
42:24de soigner et de guérir
42:26monsieur de la Pivardière,
42:28victime d'un accident de chasse.
42:30Un sanglier lui avait labouré la cuisse gauche.
42:32La cicatrice profonde
42:34part du genou
42:36pour aboutir à l'aile.
42:38Monsieur de la Pivardière, auriez-vous l'obligence
42:40d'ôter votre culotte et votre caleçon?
42:42Qu'est-ce que...
42:44Nous sommes entre hommes.
42:50Vous me devez un souper.
42:52Monsieur de la Pivardière
42:54et le lieutenant Bonnet
42:56pourraient être des nôtres.
42:58Nous souperons sans
43:00monsieur de la Pivardière.
43:02Il demeure à ma disposition
43:04pour un autre méfait.
43:06Ouvrez une nouvelle procédure.
43:08Procès
43:10de monsieur de la Pivardière
43:12coupable
43:14de bigamie.
43:16Reviens vite, maman.
43:18Déjà, mon papa n'est plus là.
43:20Avant une semaine, je serai de retour, ma chérie.
43:22Paris n'est pas au bout du monde, tu sais.
43:24Sois très obéissante
43:26ou j'aurai beaucoup de peine.
43:28Ma mère est là pour vous conseiller
43:30en cas d'embarras.
43:32Je mettrai un cierge à Sainte-Cécile
43:34pour la réunir.
43:36C'est une bonne idée.
43:38C'est une bonne idée.
43:40C'est une bonne idée.
43:42C'est une bonne idée.
43:44Je mettrai un cierge à Sainte-Cécile
43:46pour la réussite de votre démarche, madame.
43:48Et un second pour la sauvegarde de monsieur.
43:50Ce mauvais sujet ne mérite pas la peine
43:52que tu vas dedans. Ne t'égare pas d'en bas.
43:54Et rends-toi chez ta marine directement.
43:56Outre le crime
43:58de bigamie
44:00établi de façon
44:02surabondante, nous avons encore
44:04à vous reprocher d'avoir, par votre
44:06disparition, égaré la justice
44:08sur des voies qui amenèrent l'ouverture de poursuites
44:10contre des innocents.
44:12Qu'avez-vous à invoquer
44:14pour votre défense sur ce point?
44:16La vérité.
44:18J'avais eu, au cours du dîner
44:20avec ma femme, une dispute assez âpre
44:22sur des questions d'intérêt.
44:24Imaginons que la nuit
44:26apaiserait nos humeurs réciproques,
44:28je montais me coucher.
44:30Madame de la Pivardière
44:32m'avait assigné une chambre assez
44:34sordide. Je songeais
44:36combien ma présence était peu souhaitée
44:38sous mon propre toit, quand soudain
44:40je croyais alors qu'il s'agissait
44:42de ma femme venant, repentante,
44:44faire la paix.
44:48Fuyez notre maître, fuyez vite,
44:50ils veulent vous tuer. Mais tu dis vainque,
44:52qui veut me tuer? L'abbé, l'abbé et madame,
44:54je les ai entendus pendant le souper.
44:56Tu disais qu'ils chargeraient de tout. Je l'ai vu dans la maison,
44:58il rôde encore, il n'est pas parti.
45:00Fuyez notre maître, fuyez avant le malheur.
45:06J'étais sans armes,
45:08sans défense.
45:10Je pris peur, moi qui n'avais jamais tremblé
45:12sur les champs de bataille.
45:14Monsieur le prieur, vous êtes mon invité.
45:16Vous n'aurez pas un liard de cet argent.
45:18Je ne vous laisserai pas me dépouiller.
45:22Le conseil de ma servante me parut sage,
45:24salutaire.
45:28C'était l'occasion de m'évader
45:30d'un monde devenu par trop hostile.
45:32Arrière!
45:34Mais que faire sans argent?
45:38Je tentais de toucher les quelques écus qu'on me devait.
45:40Non, notre maître, venez pas nous tourmenter.
45:42Non, non, non.
45:44Je ne viens pas vous tourmenter.
45:46Je viens vous demander mon argent.
45:48Au large, au large!
45:50On donne pas de l'argent, on mange.
45:52Les vivants en ont trop besoin.
45:54Au large.
45:56On priera pour votre pauvre âme,
45:58c'est tout ce qu'on a.
46:00On priera pour votre pauvre âme,
46:02c'est tout ce qu'on peut faire.
46:04Vous êtes, monsieur de la Picardière,
46:06le cocu le plus extravagant de tout le Bavairie.
46:08Comment?
46:10Votre femme bat sous votre nom, mange votre bien,
46:12en compagnie de ce francard de malheur,
46:14et vous laissez faire.
46:16Mieux, au moment où les deux coupables sont tout prêts
46:18de se balancer au bout d'une corde,
46:20vous venez me les retirer des mains.
46:22Vous allez me le payer.
46:24C'est vous qui allez gigoter leur place.
46:26Ou bien il n'y aurait plus de justice.
46:28Le cocu.
46:30Oxi.
46:32Ressuscité.
46:34Et finalement,
46:36Bigam, ou la très véridique histoire
46:38de monsieur de la Picardière.
46:42Monsieur de la Picardière,
46:44vaillant aux yeux de l'oie,
46:46un beau jour revient de guerre,
46:48autour vous,
46:50sous son toit,
46:52un affreux trépas,
46:54un affreux trépas.
46:58Croyez-vous, ma reine,
47:00que madame de Maintenon aura eu la charité
47:02de penser à mon affaire?
47:04Mais puisqu'elle nous a hier promis de le faire,
47:06soyez assurée que Françoise en a entretenu le roi.
47:08Pourvu que sa majesté
47:10ait bien accueilli ma démarche.
47:16Ne vous troublez pas et répondez simplement.
47:28Voici la charmante madame Dubouchet,
47:30dont on vous contait hier le triste sort.
47:32La marquise m'a beaucoup émue
47:34au récit de vos infortunes.
47:38Sa majesté est trop bonne.
47:40Comment trouvez-vous mes jardins?
47:42En fait, Eric, sire, je crois vivre un rêve.
47:44Il est vraiment dommage
47:46qu'une fille faite comme vous l'êtes
47:48ne soit pas plus heureuse.
47:50J'ai signé tout à l'heure un sauf conduit
47:52pour monsieur Dubouchet de la Picardière.
47:54Vous pouvez le prendre dès à présent
47:56à la chancellerie, où les ordres sont donnés
47:58pour qu'il soit renouvelé chaque trois mois.
48:00Oh, merci, sire.
48:02Merci.
48:06Vous aurez vu à mon contact comment on mène
48:08une affaire de façon exemplaire.
48:10L'abbé va souvent infliger une retraite
48:12de quelques années dans un couvent.
48:14Peut-être sera-t-il interdit de messe.
48:16La châtelaine, devant le scandale,
48:18devra sûrement quitter la province.
48:20Mais vous allez devoir les déclarer innocents.
48:22Quelle importance.
48:24Au lieu de l'opinion populaire,
48:26le fait seul d'avoir été soupçonné
48:28les rends coupables.
48:30Telle est la puissance de la justice.
48:32Quant à la Pivardière Sonigo,
48:34il va être vivement expédié.
48:36Une dame Dubouchet de Serres
48:38demande à être reçue par monsieur le procureur.
48:40Admirable.
48:42L'accomplice vient elle-même se livrer.
48:44Faites préparer un cachot.
48:46Ou plutôt nous.
48:48Nous allons gaiement l'entendre d'abord.
48:50Allez la chercher.
48:52Du vin, ma fille.
48:54Et du meilleur.
48:56Celui du petit tonneau.
49:04Ah, quelle belle journée.
49:08Allons, pressons.
49:10Et c'est ainsi qu'on se présente devant la justice.
49:12Madame Dubouchet est porteur d'une pièce
49:14de la chancellerie que je dois vous lire.
49:18De par le roi.
49:20Ayant égard à la situation malencontreuse
49:22de Louis Dubouchet de la Pivardière,
49:24a accordé et accorde
49:26au dissieur Dubouchet
49:28sauf conduit pour trois mois,
49:30pendant lequel elle le prend et met sous sa protection
49:32et sauvegarde spéciale.
49:34Par ses présentes,
49:36sa majesté ordonne
49:38à tous les gouverneurs et lieutenants généraux
49:40de ses provinces, intendants d'icelles,
49:42maires, échevins et magistrats
49:44de ses villes et tout autre officier
49:46de laisser passer,
49:48aller et séjourner sûrement et librement
49:50sans permettre ni souffrir
49:52que monsieur Dubouchet de la Pivardière
49:54soit inquiété en aucune manière.
49:56À peine,
49:58contre les contrevenants,
50:00de mille livres d'amende
50:02et d'interdiction de leur charge.
50:04Car tel est notre bon plaisir,
50:06Louis.
50:18J'étais arrivé à cheval.
50:20Je me suis enfui à pied.
50:22Je m'en vais en carrosse.
50:24Quel mystère que la destinée !
50:40Je ne vous avais donné que la moitié de mon nom, Elisabeth.
50:44Mais vous avez eu tout mon amour.
50:46Pourquoi parler du passé, vous ?
50:48N'êtes-vous pas sauvée ?
50:50N'avons-nous pas de longues années de bonheur devant nous ?
50:54Vous m'avez rendue si heureuse.
50:56Je ne crois pas qu'il y ait péché
50:58à continuer de nous aimer,
51:00même hors des lois du mariage.
51:02Et pour moi, j'en prends le risque.
51:04En acceptant votre sacrifice, Elisabeth,
51:08je vous condamnerai à une existence
51:10bien malheureuse, bien misérable.
51:12Le monde est cruel.
51:14Il n'admet pas qu'on brave sa mort.
51:16Songez à la cabale des dévots,
51:18aux avanies des débouchés.
51:22Les bourgeois me reprocheraient ma noblesse,
51:24les nobles d'avoir dérogé.
51:26Les petites gens m'en voudraient d'exister.
51:28Non.
51:30Non.
51:32Ce serait la mise au banc de toute la province
51:34et la solitude pour notre enfant.
51:38C'est à elle que nous devons penser,
51:40Elisabeth.
51:44Décidez de ce que vous voulez faire, Louis.
51:48Mais pensez aussi un peu à moi.
51:52Je vais donner ordre au notaire
51:54de vendre ma charge d'huissier.
51:56Il vous enversera le prix.
51:58J'irai ensuite remercier
52:00votre marraine,
52:02Paris de Châteaurnard,
52:04et lui rendre ce carrosse
52:06qu'elle a bien voulu mettre à notre service
52:08pour rater ma délivrance.
52:10Vous regagnez votre château.
52:14Non, Elisabeth.
52:20Si mon estime est encore digne,
52:22je vais pour en finir aller mettre mon épée
52:24au service du roi.
52:26Ainsi fut fait.
52:30Ainsi périt Louis du Bouchet de la Pivardière,
52:32un brave gentilhomme.
52:36Madame de la Pivardière en conçut pour le défunt
52:38une estime qu'elle lui avait refusée de son vivant.
52:40Solidement pensionnée,
52:42on la vit beaucoup à Paris
52:44où elle devint une saison,
52:46une veuve très à la mode.
52:48Le roi jugea que le boulet
52:50qui avait décapité l'infortunée la Pivardière
52:52avait du même coup oxyloui du Bouchet
52:54et qu'il était juste que la veuve
52:56de ce dernier fût également pensionnée.
52:58Madame de Maintenon décida
53:00que la fille du lieutenant du Bouchet,
53:02étant de sang noble,
53:04serait élevée parmi les demoiselles de Saint-Cyr.
53:06Une religion tenait à ce que cette histoire
53:08eût une fin morale.
53:10Une fin morale suppose
53:12la récompense des bons et la punition des méchants.
53:14Ainsi fut-il fait.
53:16Pour avoir tenté d'égarer la justice
53:18par des déclarations mensongères
53:20et faux témoignages,
53:22la cour condamne Marguerite Mercier
53:24à être fouettée publiquement
53:26et, tenant en main une torche ardente
53:28de deux livres,
53:30faire amende honorable de repentir,
53:32demander pardon à Dieu,
53:34au roi et à la justice.

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