Jeff Wittenberg reçoit ce matin dans les 4 vérités Marc Ferracci, député et vice-président Ensemble pour la République.
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00:00Et j'accueille donc Marc Ferracci, bonjour à vous M. Ferracci, et bienvenue dans ce
00:08cadre qui célèbre les Jeux Paralympiques, alors les Jeux Paralympiques c'est une compétition
00:13dont on connaît l'heure, on connaît les médaillés, ça fait quand même une grande
00:16différence avec l'attente du Premier ministre, ça fait maintenant 50 jours, plus de 50 jours
00:22que les élections ont eu lieu et on ne sait toujours pas, vous qui êtes donc je le disais
00:26un dirigeant du groupe Ensemble pour la République, mais aussi, on le sait moins, mais vous êtes
00:31un proche du Président de la République, est-ce que vous pouvez nous dire si on va
00:34enfin avoir la fumée blanche ce week-end et connaître le nom du Premier ministre ?
00:38Écoutez, ce week-end, je ne sais pas, mais en tout cas la décision est imminente.
00:41Vous l'avez dit, il y a eu une trêve olympique, paralympique, qui a justifié aussi qu'on
00:45prenne un petit peu de temps, et puis on a besoin de prendre du temps aussi parce qu'on
00:48doit trouver la personne idoine, c'est-à-dire la personne qui permettra de donner à notre
00:53pays de la stabilité.
00:54La stabilité, ça veut dire très concrètement ne pas se faire censurer par l'Assemblée
00:58nationale.
00:59On sait que la candidate du nouveau Front Populaire, Lucie Castex, présentait toutes
01:03les caractéristiques de quelqu'un qui allait se faire censurer très vite, le gouvernement
01:06prend le temps de trouver quelqu'un qui ne sera pas dans cette situation-là.
01:10Est-ce que le Président n'a pas un petit peu outrepassé son rôle ? Vous dites vous-même
01:13que Lucie Castex allait se faire censurer très vite, mais en fait, c'était à l'Assemblée
01:17de le faire, et non au Président de le faire a priori, et avant même de façon préventive.
01:24Est-ce qu'il est resté dans son rôle constitutionnel selon vous ?
01:27Tout à fait, parce que la Constitution prévoit deux choses, d'abord que le Président nomme
01:30le Premier ministre, et il le nomme au fond comme il entend le faire afin d'assurer, et
01:37c'est un autre élément que la Constitution lui demande, afin d'assurer la continuité
01:42de l'État, la continuité des services publics.
01:44Qui dit continuité dit stabilité.
01:46Si vous nommez quelqu'un qui se fait censurer tout de suite, vous allez à l'avance, parce
01:51qu'il y a eu des consultations auprès des principaux leaders politiques, auprès des
01:56principaux groupes politiques, et ces consultations ont amené à la conclusion qu'une grande
02:01majorité de députés allaient voter contre ce gouvernement, et surtout contre le programme
02:06du Nouveau Front Populaire.
02:07C'est l'élément le plus important.
02:08C'est ce que vous répondez par exemple à François Hollande, un ancien Président de
02:11la République, excusez du peu, qui a parlé de « faute institutionnelle » en parlant
02:15de la décision avouée du Président Macron de ne pas nommer Lucie Castex.
02:20Écoutez, moi je ne partage pas cette approche et cette expression de faute institutionnelle
02:24parce que si je lis bien ma Constitution, et bien je lis dans l'article 5 pour être
02:28précis, que le Président est garant de la continuité des services publics et au fond
02:32d'une certaine forme de stabilité, ça suppose de prendre le temps de nommer quelqu'un qui
02:36ne soit pas censuré.
02:37J'ai vu la comparaison avec les rois de France, avec Patrice de Matmaon, ce Président de
02:41la Troisième République à qui l'on avait demandé de se soumettre ou de se démettre.
02:45Il y a des personnalités à gauche, il y a aussi des constitutionnalistes qui soulèvent
02:49ce point.
02:50Qu'est-ce que cela vous inspire ?
02:51Ça m'inspire au fond un peu d'écume, c'est l'écume du débat politique, du débat médiatique.
02:56Vous savez, quand dans quelques heures, dans quelques jours, le Premier ministre sera nommé,
03:01on passera à autre chose.
03:02On passera au fond à ce qu'attendent les Français, c'est-à-dire qu'on se préoccupe de leurs
03:06problèmes très concrets, le logement, la santé, le pouvoir d'achat.
03:09Je pense que toute cette polémique sera derrière nous.
03:12Les Français n'en veulent pas au Président de prendre son temps lorsque la France insoumise
03:16agite des menaces de destitution.
03:18Pour vous, je reprends votre expression, c'est de l'écume.
03:21Vous savez, la destitution, c'est prévu par notre Constitution, son article 68, c'est
03:26quelque chose d'extrêmement grave.
03:27Aujourd'hui, nous sommes dans un processus et un contexte qui est effectivement exceptionnel.
03:33On n'a pas de majorité absolue à l'Assemblée nationale, aucun des groupes n'a gagné la
03:38majorité absolue à l'Assemblée nationale, mais nous ne sommes pas dans une situation
03:41insurrectionnelle, le pays n'est pas dans une situation de conflit et le Président
03:47est dans son rôle, encore une fois, en prenant le temps de nommer un Premier ministre.
03:50Donc cette histoire de destitution, c'est un chiffon rouge qui est agité par la France
03:53insoumise, mais même les alliés de la France insoumise au sein du Nouveau Front populaire
03:57et le Parti socialiste en particulier n'en veulent pas.
03:59Vous qui le connaissez bien, le Président, vous pensez qu'il a pris maintenant sa décision ?
04:03Je pense qu'il est très proche de l'avoir prise et en tout état de cause, il a besoin
04:09de l'apprendre, il a besoin aussi de l'expliquer, je pense.
04:11Il y aura probablement une prise de parole du Président pour expliquer aux Français
04:14pourquoi ça a duré et vers où nous allons.
04:17Alors vers où nous allons ? Le nom qui revient le plus souvent pour l'instant, c'est celui
04:19de Bernard Cazeneuve qui a été Premier ministre et le dernier Premier ministre de François
04:23Hollande, un socialiste en rupture de banc avec son ancien parti.
04:27Vous dites vous aussi que c'est le favori pour Matignon ?
04:29En tout cas, c'est quelqu'un dont le nom revient beaucoup pour deux raisons, je pense.
04:33D'abord parce qu'il marquerait la prise en compte du fait que les Français veulent
04:37du changement et il faut le dire et le redire, la majorité sortante a perdu les élections.
04:41Et donc il faut que ce changement s'incarne.
04:43Et M. Cazeneuve est issu de la gauche, il incarne une forme de changement.
04:47Et puis la deuxième raison, c'est qu'il a aussi, en tant qu'ancien ministre de l'Intérieur,
04:51affirmé un certain nombre de positions, de fermeté sur le volet régalien, sur l'ordre
04:56public, sur l'universalisme républicain, et ça c'est quelque chose qui peut aussi
05:01parler à une sensibilité qui est plus une sensibilité de droite.
05:05Donc peut-être que c'est la bonne personne, je ne sais pas le dire.
05:07Mais avec quelle majorité gouvernerait-il M. Ferracci, Bernard Cazeneuve ? Il y aurait
05:11effectivement votre groupe, enfin vos groupes du bloc du centre, mais ensuite les socialistes
05:17n'en veulent pas, la droite a priori ne voterait pas pour lui.
05:19D'abord les socialistes sont divisés sur ce sujet.
05:21Il y a une partie des socialistes, je pense, verrait cette hypothèse d'un bon oeil.
05:27Encore une fois, je ne dis pas que ce sera le choix de présidence.
05:29Mais il n'y a pas de majorité, vous l'admettez, il n'y a pas de majorité à l'Assemblée
05:32nationale pour soutenir le gouvernement Cazeneuve.
05:33Je pense qu'une partie de la droite républicaine pourrait vivre avec un candidat de ce type,
05:36je ne dis pas Bernard Cazeneuve, ce ne sera pas forcément lui, mais de ce type.
05:40Et ensuite, le sujet c'est, est-ce que l'esprit de responsabilité va prévaloir ? Est-ce
05:44que les députés de la droite républicaine, de la gauche républicaine et évidemment
05:48du Bloc central auquel j'appartiens vont se mettre ensemble pour faire adopter des
05:52textes ? Encore une fois, sur des choses très concrètes, je pense qu'il faut qu'on revienne
05:55à des choses très concrètes.
05:56Il y a une attente sur le pouvoir d'achat, qu'est-ce qu'on fait sur le pouvoir d'achat,
05:59qu'est-ce qu'on fait pour que les salaires augmentent ? Nous, nous avons des propositions,
06:01nous les avons mises sur la table, bien sûr.
06:03Est-ce qu'il n'y aura pas une majorité contre vous ? C'est ça la question.
06:06Justement, vous avez posé la bonne question et la bonne équation.
06:08La question, c'est de ne pas avoir une majorité contre soi dans ce contexte politique très
06:13compliqué.
06:14Il peut y avoir 289 députés qui votent la censure d'un gouvernement et ça, je pense
06:18qu'on peut y arriver, à la fois en ayant un gouvernement qui mêle des ministres de
06:23la droite républicaine, de la gauche républicaine et peut-être également du Bloc central.
06:26C'est-à-dire que vous voulez rester, vous, ex-majorité dans ce gouvernement que vous
06:30avez été bâti en juillet dernier ?
06:32Je pense que si on parle de coalition, ça suppose qu'il y a des sensibilités diverses.
06:38Mais en revanche, il ne peut pas y avoir un Premier ministre issu du Bloc central, c'est
06:41une absolue certitude, parce que ça, les Français ne le comprendraient pas, il faut
06:44du changement.
06:45Et un Premier ministre de droite, comme le suggère Nicolas Sarkozy dans une interview
06:48au Figaro, il dit que c'est la droite qui devrait tendre la main et proposer un nom
06:53pour Matignon.
06:54Qu'est-ce que vous en pensez ?
06:55Je pense que c'est aussi une hypothèse.
06:56La droite doit accepter de gouverner.
06:59D'abord parce que l'esprit de responsabilité doit prévaloir, le pays a besoin de stabilité
07:04et puis aussi parce que c'est un honneur de gouverner la France.
07:06Vous savez, vous me faites l'honneur de me recevoir au pied de l'Arc de Triomphe parce
07:09qu'on a un contexte exceptionnel qui est celui des JO et des Jeux Paralympiques.
07:12Ça nous dit aussi que notre pays est capable de choses extraordinaires et donc on doit
07:16aussi avoir une forme d'enthousiasme à servir les Français dans ce contexte-là.
07:20On est capable de faire des choses extraordinaires.
07:22Donc moi, j'invite tous les Républicains sincères, de droite et de gauche, à participer
07:25au gouvernement et surtout à se mettre autour de la table pour définir une feuille de route
07:29et un projet qui convienne aux aspirations des Français.
07:31Et ce projet donc, si je vous ai bien compris, Emmanuel Macron va l'annoncer sans doute
07:37dans les prochaines heures et vous dites qu'il a très probablement, et vous le connaissez
07:40bien, pris sa décision maintenant.
07:41Je pense que la décision est très proche d'être prise.
07:45Je vais me répéter, je suis désolé de me répéter, parce que je ne vais pas préempter
07:49à la fois le calendrier et le timing de l'annonce du président.
07:52Mais il est possible qu'on sache ce week-end.
07:53Mais en tout état de cause, on a besoin d'aller très vite, aussi parce qu'on a besoin de
07:56mettre sur la table un budget pour le Parlement.
07:58Ça, c'est très important.
07:59Merci beaucoup Marc Ferracci, et c'est donc la fin de ces 4 vérités ce matin.