Face à Face (Émission du 30/08/2024)

  • il y a 2 semaines
Eliot Deval reçoit deux éditorialistes aux idées diamétralement opposées, dans #FaceaFace

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00:00Il est quasiment 19h et c'est un plaisir de vous retrouver sur CNews pour le Face à Face.
00:06Vous êtes très nombreux à nous demander sur les réseaux sociaux
00:09mais quand reprendra Face à Philippe de Villiers ?
00:11Eh bien, ce sera le 13 septembre prochain.
00:14Avant cela, nous maintiendrons des Face à Face, des duels.
00:18Et ce soir, je suis très heureux d'être avec Éric Revelle.
00:21Bonsoir, Éric.
00:23Et Julien Dray est avec nous, cher Julien.
00:27On se retrouvera également dimanche soir pour un nouveau Face à Face.
00:31Oui, je ne partirai pas en vacances.
00:33Félicitations, Julien Dray, puisque vous êtes pour la cinquième fois grand-père.
00:37Ah oui, oui.
00:38J'ai failli dire félicitations puisque vous êtes dans la shortlist des premiers ministres.
00:42Mais ça, il ne faut pas le dire.
00:44C'est mieux d'être grand-père.
00:46Vous avez passé un bon été ?
00:48Moi, j'étais ici. J'en ai profité pour éduquer mon jeune chien.
00:51Je n'ai pas été à Fourmenterras, sur les belles plages là-bas, etc.
00:55On se dit la vérité, rien que la vérité, toute la vérité sur ce plateau.
00:59Julien Dray, puisque vous étiez à Paris, était l'un des visiteurs du soir ?
01:05Non.
01:06Pas une fois ?
01:07Non.
01:08Vous me promettez ?
01:09Oui.
01:10Bon, vous n'allez pas aller à l'Élysée.
01:11Mais est-ce que vous êtes allé à Matignon ?
01:12Non.
01:13J'étais à l'Élysée-Matignon.
01:16Bon, on parlera évidemment de politique.
01:19On reviendra sur les dernières déclarations de Nicolas Sarkozy,
01:22qui pousse la droite à assumer la responsabilité de gouverner.
01:27Mais avant cela, j'aurais vraiment rêvé, commencer par une actualité joyeuse,
01:31mais il faut parler du réel qui frappe les Français, tous les Français, et ses drames.
01:36Lundi, c'était un refus d'obtempérer à Mougin, tuant un gendarme.
01:40Et on apprend aujourd'hui qu'une fillette de 7 ans lutte pour survivre
01:45après avoir été percutée par un conducteur de moto à Valoris.
01:48Les faits se sont produits ce jeudi soir.
01:51Elle a été fauchée sous les yeux de son frère, qui a 11 ans,
01:54alors que le chauffard de 19 ans effectuait une roue arrière avec sa moto.
01:58Écoutez le maire de Valoris, qui rejoint le discours bouleversant
02:02que vous avez dû entendre cette semaine de la veuve du gendarme Comines.
02:06La France tue par son laxisme.
02:09On n'a pas affaire à un problème de route.
02:11Aujourd'hui, on a affaire à un problème de délinquance.
02:13On a affaire à un malade, à une personne qui se croit toute puissante
02:17et qui roule à tombeau ouvert dans la ville
02:20en percutant, hélas, une petite fille qui traverse.
02:24Et ça, c'est inacceptable.
02:26Donc il ne faut pas renverser les choses.
02:28Le vrai problème, c'est le problème de la France.
02:31La femme du gendarme qui a été assassinée il y a quelques jours l'a dit.
02:35La France tue. La France tue par son laxisme.
02:38La France tue parce qu'on n'est pas assez sévère.
02:40La France tue parce qu'il y a un culte de l'impunité qui s'est installé
02:44et qu'aujourd'hui, des jeunes qui sont peut-être sans histoire,
02:48comme cet individu, peuvent se croire tout permis
02:51et penser qu'ils peuvent rouler comme des fous,
02:53penser qu'on peut agresser un policier,
02:55penser qu'on peut s'en prendre aux institutions.
02:57À chaque jour, suffit sa peine, je le disais,
03:01c'est le discours d'un mère qui rejoint le discours d'une maman et d'une veuve désormais.
03:06Puisque, mardi, à côté de Mougin,
03:10la mère et la femme du gendarme Comines
03:13a pris la parole et a tenu peu ou prou ses propos.
03:17Écoutez.
03:19Je l'affirme haut et fort.
03:21La France a tué mon mari.
03:24La France a tué mon mari.
03:27Le père de mes enfants.
03:30La France a tué mon mari par son insuffisance,
03:33son laxisme et son laissé de tolérance.
03:37La France a tué mon mari.
03:40Comment ? Pourquoi ?
03:43Pourquoi cet homme multirécidiviste peut-il évoluer en toute liberté ?
03:48Quand est-ce que nos législatifs ouvriront réellement les yeux ?
03:52Faut-il qu'il soit touché directement pour agir ?
03:56Combien de morts avant que ces assassins soient vraiment punis ?
04:01Bagne, expulsion, retrait des droits octroyés par une procédure tellement bien faite.
04:06Et j'en passe.
04:091981 n'aurait jamais dû exister.
04:141981 n'aurait jamais dû exister.
04:18Quelle est la suite pour ce meurtrier ?
04:21Déferrement immédiat en attente de jugement.
04:24Trois repas chauds par jour, aide sociale dans les geôles.
04:28Là où les retraités qui ont cotisé toute leur vie de leurs travailleurs
04:32doivent potentiellement retravailler pour avoir trois repas chauds par jour.
04:37Puis réduction de la peine pour bonne conduite.
04:40Liberté.
04:42Il recommence.
04:45Et nous alors ?
04:47Plus de fils.
04:49Pour mes beaux-parents, qui aussi ont retraité la gendarmerie.
04:53Plus de frères, parce qu'il a une sœur qui l'aimait.
04:56Et qu'elle aime aussi.
04:58Plus de papa.
05:00Plus de mari, mais nous par contre on a pris la perpétuité.
05:04Et je le disais, cette déclaration est peut-être un tournant.
05:07À travers ces discours, que ce soit de l'édile de Valoris,
05:10ou de la mère éveuve à Mougins,
05:13est-ce qu'aujourd'hui ceux qui nous gouvernent,
05:16et ceux qui nous ont gouvernés,
05:18ont une responsabilité dans ces drames ?
05:21D'abord je voudrais vous remercier d'avoir diffusé dans son intégralité ce témoignage.
05:25Parce que souvent on s'arrête au début.
05:27La France a tué mon mari et je vais y revenir.
05:30Et là on voit toute la souffrance.
05:32La souffrance de cette femme.
05:34Vous avez remarqué ses lèvres qui tremblent.
05:36En fait elle est sur le point d'en dire plus encore.
05:39Mais elle préfère lire son texte.
05:42Et cette souffrance, il me semble,
05:45que depuis oui, des décennies,
05:48la gauche a toujours considéré d'ailleurs que l'insécurité
05:51était une sorte de thème qu'il ne fallait surtout pas aborder.
05:54Comme d'ailleurs l'immigration illégale, il ne fallait surtout pas aborder ce thème-là.
05:57C'était bon pour la droite ou l'extrême droite.
05:59Mais derrière ce que dit cette dame.
06:02La France a tué mon mari.
06:03Derrière ce que dit le maire de Valoris d'ailleurs.
06:05Vous avez à côté de la dame Sébastien Leroy
06:08qui est le maire de Mandelieu-Lanapoule.
06:10Où se tient le peloton de gendarmerie.
06:13Son oncle était lui-même gendarme et a été maire de Mandelieu-Lanapoule.
06:17En fait quand ces gens disent la France est responsable,
06:20je vais vous dire, quand vous tournez devant des faits aussi graves,
06:23des assassinats comme celui-ci,
06:25personne n'est jamais responsable de rien.
06:27Ni la justice, ni les politiques.
06:30Donc derrière ce vocable, la France a tué mon mari,
06:33elle essaie de dire mais assumez vos responsabilités.
06:37Vous qui jugez, vous qui décidez, vous qui votez des lois.
06:41C'est ça que moi je sens dans cette colère.
06:44Et je vais vous dire, certains ont peut-être trouvé que ces mots étaient excessifs.
06:47Certains ont dit la colère est mauvaise conseillère.
06:52Mais ce qui s'est passé, je ne sais pas si ça sera un tournant Eliott.
06:56Il faut le souhaiter.
06:57Mais il me semble vous entendre en écho il y a plusieurs mois
07:01dire à peu près la même chose sur un autre acte du même genre.
07:04Un refus d'obtempérer ou un force de l'ordre a perdu la vie.
07:08Ce que je voudrais quand même c'est que,
07:10oui les politiques, les juges prennent leurs responsabilités.
07:15Coup sur coup, je le disais Julien Dray.
07:18Vous avez donc cette veuve qui dit la France a tué mon mari.
07:22Un jour plus tard, à quelques kilomètres seulement,
07:25lundi c'était un refus d'obtempérer.
07:27Là c'est un rodeo urbain jeudi soir.
07:30Et vous avez l'édile de la ville de Valoris qui dit la France tue par son laxisme.
07:36Moi je fais une différence entre le discours de cette dame
07:42qui est désormais une veuve, qui vient de perdre son mari, sa colère.
07:47Ces propos avec lesquels moi je ne vais pas polémiquer
07:51ni ouvrir une quelconque discussion.
07:53J'écoute, je partage sa peine, j'essaye de comprendre les choses.
07:58Ce n'est pas la même chose avec un édile.
08:01Surtout qu'une commune de Valoris, que je connais bien.
08:04Pourquoi ? Parce que ce n'est pas la France qui tue, c'est les délinquants qui tuent.
08:08Ce n'est pas déjà la même chose.
08:10Moi je n'aime pas qu'on commence à mettre mon pays en avant comme ça,
08:13c'est les délinquants qui tuent.
08:15C'est les délinquants qui tuent parce qu'ils ne sont pas assez sanctionnés.
08:19Mais moi je ne confonds pas les choses, surtout quand on est l'élu de la République.
08:24La dame c'est autre chose.
08:26Un élu de la République ne dit pas ça.
08:28Et j'aurai l'occasion de lui dire en face parce que je le connais, ce maire.
08:31Donc on ne chevauche pas la colère des gens pour essayer de la récupérer à un moment donné ou à un autre.
08:37Surtout que la commune de Valoris c'est une commune qui est bien équipée,
08:40sur le plan de la police municipale notamment.
08:43Donc ça veut dire que ce n'est pas simplement la faute de l'État.
08:46C'est aussi une organisation générale qu'il faut prendre en considération.
08:50Alors après, quelles sont les questions qui sont posées ?
08:53Il y a une violence aujourd'hui qui est insupportable, qui tue.
08:56Il y a une impunité, semble-t-il, de la part d'un certain nombre de...
09:01Pas semble-t-il, il y a des sanctions qui ne sont pas à la hauteur certainement d'un certain nombre de comportements.
09:07Donc il y a tout un système judiciaire, pénal, qui ne fonctionne pas bien
09:11et qui même est défaillant parfois.
09:14Donc c'est ça qu'il faut prendre en considération et c'est ça qu'il faut corriger maintenant.
09:18Et c'est attendu effectivement par nos concitoyens à juste titre.
09:21La justice doit-elle être plus sévère face aux délinquants ?
09:25C'était un sondage qu'on avait proposé en juin dernier.
09:28Vous aviez 87% des sondés qui répondaient oui et 12% qui répondaient non seulement.
09:35À travers ce qu'il s'est passé, il y a aussi cette question.
09:38Est-ce qu'on est face à des faits divers ou des faits de société ?
09:41Je vous propose la déclaration de Lucie Castex sur le refus d'obtempérer.
09:45Les Français s'attendent à de la stabilité et du sang-froid.
09:49On ne peut pas légiférer sous l'angle du fait divers.
09:52Il faut regarder à tête reposée l'état de notre législation.
09:57Et indirectement, je dis bien indirectement, Sarah Knafo, qui était l'invité de Cyril Hanouna sur Europe 1,
10:03a répondu à cette gauche qui, sur ce drame de Mougin, va parler de faits divers,
10:10alors qu'il y a un an, au moment de l'affaire Nahel, voyait quelque chose de systémique dans ce drame.
10:17Ce qu'on remarque, c'est que la France de Jean-Luc Mélenchon n'est pas la France d'Éric Comine.
10:23Ce n'est pas la France des gendarmes.
10:25Jean-Luc Mélenchon trouve le mot de passe de son compte Twitter quand il s'agit de l'affaire Nahel,
10:29quand il s'agit d'Adama Traoré.
10:31Donc on remarque que la gauche est le plus souvent du côté des délinquants
10:36que du côté des innocents, que du côté des gendarmes, des policiers.
10:39Et là, dans cette affaire, on a véritablement la preuve parmi-le qu'il est innocent.
10:45Vous avez vu la vidéo.
10:46C'est un gendarme innocent qui faisait tout simplement son travail.
10:49Il n'y a aucune excuse à trouver.
10:51La gauche n'aurait réagi que si le chauffard était mort en le percutant.
10:54Éric Revel, est-ce que vous partagez la position de Sarah Knafo ?
10:57Vous l'avez un peu abordée juste avant.
11:00Ce qui est certain, en tout cas, c'est qu'il y a eu très peu de réactions après ce fait de société.
11:07Ce fait de société, le refus d'obtempérer est un fait de société
11:12et qui est un fait de société qui trouve son origine dans un certain laxisme de la justice.
11:19Donc c'est un fait de société.
11:21Il y a eu très peu de réactions.
11:23Et c'est pour ça que j'étais très content d'entendre Julien Dray tenir les propos qu'il vient de tenir.
11:27Il y a eu très peu de réactions de gens de gauche, de politiques de gauche.
11:31Très, très peu.
11:32Comme si la mort d'un gendarme dans l'exercice de ses fonctions
11:37était moins importante, peut-être électoralement pour eux,
11:43que la mort d'un gamin qui a été tué par un policier.
11:48Et ça, ça me frappe beaucoup.
11:50Et vous savez, la gauche qui nous parle de front républicain
11:54lorsqu'il y a les élections, pour empêcher le RN d'obtenir plus de sièges.
12:01Si la gauche était responsable et voulait vraiment contenir l'envolée du vote Front National,
12:09il faudrait que la gauche se saisisse, réagisse sur ces faits de société
12:14et non pas mettre la tête dans le sable.
12:16Pardonnez-moi, Mme Lucie Castex, que personne ne connaît
12:21et qui va repartir aussi vite d'où elle vient.
12:24C'est pratiquement la seule qui a pris la parole à gauche pour parler de ce meurtre, de ce drame.
12:32Mais la gauche n'a rien compris.
12:34La gauche n'a rien compris.
12:35Elle continue...
12:36Mais Mme Castex parle de faits divers.
12:38Vous avez parlé d'un fait de société, Mme Castex parle de faits divers.
12:41Mais la gauche n'a rien compris.
12:43Elle n'a toujours pas compris qu'il fallait s'occuper des sujets centraux des Français.
12:48La sécurité en est un.
12:50C'est un tabou pour la gauche de parler d'insécurité, d'immigration illégale.
12:54Mais c'est absolument...
12:55Tant que la gauche restera sur cet avantat-là,
12:58le RN continuera de prospérer et la gauche continuera de s'enfoncer.
13:04Je ne sais pas ce qu'en pense Julien Dray,
13:05mais franchement, il y a de quoi être en colère quand on voit le peu de réaction
13:09des politiques de premier plan à gauche.
13:11Et je ne parle pas, évidemment, des gens des défis.
13:14Et parmi les préoccupations des Français, vous avez raison,
13:16l'inflation arrive en tête et la criminalité, la violence arrive en deuxième position
13:21devant la pauvreté, les inégalités, le système de santé,
13:23le changement climatique et les flux migratoires.
13:26C'est un sondage du mois d'août.
13:28Il ne faut quand même pas se tromper de choses.
13:30Ce n'est pas la gauche qui dirige le pays.
13:32Non, ce n'est pas la gauche.
13:36Emmanuel Macron est quoi ?
13:37Ce n'est pas un homme de gauche.
13:38C'est un homme qui a été de gauche, mais ce n'est pas la gauche.
13:40Enfin, François Hollande a été président de la République.
13:42Il y avait des gouvernements de gauche, Julien Dray.
13:44Mais Nicolas Sarkozy aussi.
13:46Oui, d'accord, mais la gauche a été au pouvoir.
13:48La gauche et la droite, et d'ailleurs la droite plus que la gauche,
13:51ont dirigé ce pays et n'ont pas été en capacité d'apporter peut-être
13:56les réponses à la hauteur de ce qu'il fallait.
13:58Mais ce n'est pas que le procès de la gauche.
14:00C'est trop facile si ce n'était que le procès de la gauche,
14:02surtout quand elle n'est plus au pouvoir.
14:04Donc moi, je veux bien qu'à l'occasion de drames,
14:06on arrive à faire le procès de la gauche,
14:08en confondant d'ailleurs ce que fait Mme Knafo,
14:11qui est une dame intelligente,
14:13mais qui là fait quelque chose qui est scandaleux.
14:16La gauche, ce n'est pas Jean-Luc Mélenchon.
14:18C'est un membre de la gauche, d'accord.
14:20Mais on ne peut pas réduire toute la gauche à Jean-Luc Mélenchon.
14:23Elle me réduit moi, Jean-Luc Mélenchon ?
14:26Alors après, quand on lui dit qu'elle représente l'extrême droite,
14:29elle vient, elle se drape, elle dit « Comment vous pouvez parler de moi comme ça ? »
14:32Alors pourquoi elle, elle s'autorise des choses
14:34que nous, elle nous reproche de faire ?
14:36Donc ce n'est pas toute la gauche.
14:38Moi, j'ai toujours, depuis maintenant des années et des années,
14:41dit qu'il fallait mieux prévenir, mieux punir,
14:43qu'un crime, c'était un crime,
14:45qu'un délinquant, c'était un délinquant,
14:47que notre système de judiciaire ne marchait pas,
14:49que sur la question de l'immigration,
14:51il fallait aujourd'hui trouver des solutions différentes,
14:53qu'un immigré qui était en situation régulière,
14:55qui commettait des délits, devait être accompagné à la frontière sans attendre.
14:58Voilà, ces choses-là, elles existent.
15:00Je veux dire, elles ont existé.
15:01Et je vais vous faire une remarque.
15:03Dans les Jeux Olympiques, il y a quelque chose qui a extrêmement bien marché.
15:06La sécurité.
15:07La sécurité.
15:08Et pourquoi ?
15:09Parce qu'il y avait du bleu dans la rue.
15:11Et parce qu'il y avait énormément de policiers.
15:13Ça veut dire que ce qu'on avait appelé à l'époque la police de proximité,
15:15qu'on peut appeler autrement,
15:17mais c'est-à-dire une présence policière permanente,
15:19présente, et pas simplement que dans certains quartiers,
15:22mais dans tous les quartiers de France,
15:24c'est ça la réponse qu'il faut apporter.
15:26Quand vous dites, elle parle de la gauche,
15:28si Jean-Luc Mélenchon, c'est la gauche seulement lui qui représente la gauche,
15:31il s'avère qu'en 2022, lors de la présidentielle,
15:33il y en a un qui est aux portes du pouvoir.
15:35Et il y a un parti qui fait 1,75 %, le Parti Socialiste.
15:40C'est pour ça que la pensée dominante à gauche aujourd'hui est la pensée mélenchoniste.
15:45Je ne pense pas que la...
15:46En plus, si vous me permettez,
15:48et y compris les derniers sondages qui sont sortis aujourd'hui le montrent,
15:51je pense justement que l'erreur, c'est de croire que la pensée mélenchoniste
15:55est la pensée dominante.
15:56C'est même la grande erreur comme est la direction du Parti Socialiste actuel.
16:00Et on y reviendra dans un instant,
16:01mais puisque vous avez parlé de la police de proximité,
16:03indirectement, il ne savait pas que vous alliez parler de ça,
16:06mais Nicolas Sarkozy a parlé de cette différence en matière de sécurité
16:09entre la gauche et la droite.
16:11La prise de parole de cette femme,
16:13en parlant de la veuve du gendarme,
16:17était bouleversante d'émotion et de vérité.
16:19Mais disons la vérité,
16:21lorsque j'ai imposé les peines planchées,
16:23on m'a qualifié de fasciste, de dictateur.
16:25C'était pourtant la réponse aux multirécidivistes.
16:27Quand un délinquant arrivait devant le tribunal,
16:29il n'était plus jugé pour sa dernière infraction,
16:31mais pour l'ensemble de son œuvre.
16:33Quelle a été la première décision de M. Hollande ?
16:35Supprimer les peines planchées.
16:37Quand la gauche a été au pouvoir,
16:39elle a démantelé l'arsenal sécuritaire que nous avions mis en place
16:42avec les peines planchées, le meurtrier de Mougin
16:44n'aurait vraisemblablement pas été en liberté.
16:47Donc quand on dit que rien n'a été fait depuis 50 ans,
16:49c'est un mensonge.
16:50Car la droite et la gauche, en matière de sécurité,
16:53ce n'est pas la même chose.
16:55Oui, il a raison.
16:56D'ailleurs, la chose que vous pouvez lui demander,
16:58c'est quels étaient les chiffres de l'insécurité,
17:00quel était le taux d'insécurité quand il était au pouvoir.
17:03Et vous allez avoir la surprise que l'insécurité n'a pas reculé
17:06quand il était au pouvoir, loin de là.
17:08Donc ça veut dire que c'était une bonne chose de supprimer les peines planchées ?
17:11Non, je pense que les peines planchées,
17:14c'était un artifice de procédure.
17:17Parce que je préfère une individualisation des peines
17:19qui permet une sanction sérieuse et appliquée.
17:21La question qui est posée, ce n'est pas les artifices.
17:23Justement, le grand reproche qu'on peut faire à Nicolas Sarkozy,
17:26c'est qu'il a fait beaucoup d'agitation législative
17:28et peu d'efficacité sur le terrain.
17:30C'est lui qui, par ailleurs, par exemple, je vous le rappelle,
17:33a dissous les renseignements généraux.
17:35Ce qui fait que nous avons perdu tout un savoir
17:37et toute une connaissance dans les quartiers,
17:39sur les réseaux de délinquants.
17:41Donc, moi, je ne donne pas de leçons,
17:44mais je n'aime pas qu'on vienne me donner,
17:46ou pas à moi, mais à ma famille politique,
17:48parce qu'en matière d'insécurité,
17:50je considère que le laxisme n'est pas simplement,
17:53comme vous le dites, l'apanage de la gauche.
17:55– Enfin, votre famille politique, je viendrai,
17:57est en train de se déchirer, on en reparlera peut-être,
17:59au Parti Socialiste, avec quand même une partie du PS
18:02qui veut continuer son mariage politique avec El-Effi.
18:08Et pardonnez-moi, Elliot a tout à fait raison.
18:11Celui qui donne le tempo depuis les présidentielles,
18:14celui qui s'était autoproclamé Premier ministre,
18:17celui qui a essayé de piéger Macron pour la gauche
18:20en disant « soutien sans participation de ministre El-Effi »,
18:23c'est quand même Jean-Luc Mélenchon.
18:25Pardonnez-moi, où est M. Glucksmann qui a fait 13% ?
18:28Où sont les socialistes républicains dans ce malestreux,
18:32où on voit le PS en train de se déchirer
18:34comme un vulgaire tissu ?
18:37– Il n'est pas en train, si vous permettez,
18:39il n'est pas en train de se déchirer.
18:40– Il est déchiré.
18:41– Il est arrivé à un moment, qui est un moment de vérité pour lui,
18:44avec une clarification qui est nécessaire.
18:46Elle aurait dû avoir lieu après les européennes,
18:48je suis d'accord avec vous.
18:49Je pense que l'erreur qu'a commise M. Glucksmann
18:52et qu'il a commise sous la pression de la direction du Parti Socialiste…
18:55– Donc de Jean-Luc Mélenchon ?
18:57– Non, de la direction du Parti Socialiste.
18:58– Ben si, donc de Jean-Luc Mélenchon.
18:59– Oui, mais Jean-Luc Mélenchon parvoit de conséquences,
19:01mais la manière dont les choses auraient dû être conduites
19:04aurait dû permettre qu'il y ait des candidats sociodémocrates,
19:07socialistes, dans toutes les circonscriptions en France
19:10et qui se seraient distingués des candidats El-Effi.
19:13Voilà, ça n'a pas été fait, ça a été une erreur,
19:15et maintenant il y a un moment de clarification
19:17qui est en train d'arriver, tardivement, vous avez raison,
19:20j'aurais souhaité que ça se fasse plus tôt,
19:22mais là c'est ce qui est en train de se passer en ce moment même,
19:24auquel nous assistons, et je pense que,
19:26et Mme Hélène Geoffroy et M. Nicolas Meyer-Rossignol,
19:29qui sont les opposants déclarés, ont dit maintenant ça suffit.
19:32– Mais on reviendra sur l'aspect politique
19:34et justement ces dissensions au sein du Parti Socialiste,
19:36j'avais même une question pour vous,
19:38vous pouvez y réfléchir maintenant, Julien Dray,
19:40on parlait il y a dix ans avec Manuel Valls,
19:42des gauches irréconciliables,
19:44est-ce qu'au sein du Parti Socialiste,
19:46en fait il y a deux gauches irréconciliables,
19:48au sein du PS vous avez les mélenchonistes,
19:50non pas convaincus, mais pourquoi pas s'allier avec eux,
19:55et puis vous avez ceux qui, comme vous le dites,
19:57veulent d'une sociale démocratie,
19:59mais restons, si vous me permettez,
20:01avant de parler de cette politique politicienne,
20:03sur les enjeux des Français, sur la colère des Français,
20:06et aujourd'hui ce qui s'est passé depuis le début de la semaine,
20:09malheureusement on l'a vu tant de fois ces derniers mois,
20:13c'est-à-dire des familles qui sont détruites,
20:15qui sont dévastées avec une sensation du
20:19« est-ce qu'on a tout fait pour que cela n'arrive pas ? »
20:23« Est-ce que ce drame aurait dû être évité ? »
20:27Je parle de Mougin et aussi de Valoris,
20:32parce que certes le conducteur de cette moto,
20:36ce chauffard, n'était pas connu des services de police,
20:39en revanche il faut une certaine impunité
20:41pour faire ces rodeos, pour arriver en roue arrière,
20:44à toute barzingue dans la rue, Éric Revel.
20:47Oui, pardonnez-moi, mais je reviens au mot-clé
20:51que le maire de Valoris et la veuve du gendarme ont prononcé,
20:55c'est le mot « laxisme ».
20:58Vous savez, on dit souvent que les nouvelles générations,
21:02l'évolution de la société,
21:05mériteraient qu'on se penche de manière différente
21:08sur les lois qu'on devrait appliquer à cette société.
21:10Mais ça me paraît une évidence,
21:13c'est-à-dire qu'aujourd'hui l'arsenal législatif,
21:16l'arsenal judiciaire, me semble complètement dépassé.
21:21Alors je sais que la prison n'est pas l'alpha et l'oméga,
21:25on ressort parfois pire, je connais les bonnes âmes,
21:28il n'y a pas assez de places de prison,
21:30tout ça on l'a dit et redit,
21:31mais quand vous avez des gens qui prennent le risque,
21:34ce jeune qui fait une roue arrière,
21:36il sait très bien que les rodeos urbains sont interdits.
21:38Quand il prend le risque,
21:40et ce n'est pas la première fois qu'on tue un gamin sur un passage protégé,
21:44quand il prend le risque quand même de le faire,
21:47pourquoi il le fait ?
21:48Parce que consciemment ou inconsciemment,
21:49il sait qu'il ne sera pas sanctionné,
21:51ou en tout cas pas à la hauteur du risque qu'il prend.
21:54Donc pardonnez-moi quand on parle de l'évolution de la société,
21:57de ce qu'on nous montre dans une cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques,
22:01faisons évoluer également la société
22:03en fonction de la croissance, de la violence de cette société.
22:08J'ai l'impression qu'un refus d'obtempérer avec des morts de force de l'ordre,
22:15ou un rodeo urbain avec une gamine qui est entre la vie et la mort,
22:20ces ultra délinquants savent qu'ils n'auront pas de peine
22:26à la hauteur du risque qu'ils prennent.
22:27Donc faisons évoluer les lois,
22:29même si madame Lucie Castain nous explique
22:31qu'il ne faut pas légiférer sous le coup de l'émotion.
22:34Ça fait combien de temps qu'on parle des refus d'obtempérer ?
22:37– En revanche, je voudrais qu'on revienne, vous avez dit,
22:39j'étais contre, et je le suis peut-être toujours, contre les peines planchées.
22:43– Oui, parce que je pense que dans la justice,
22:47il y a ce qu'on appelle l'individualisation de la peine,
22:49c'est-à-dire qu'on prend en considération le dossier.
22:51Donc ce n'est pas de l'automaticité,
22:53ça veut dire tout simplement que parfois il faut aller beaucoup plus loin
22:56qu'une simple condamnation pénale que permettrait la peine planchée.
23:00Donc la peine planchée, elle a été faite comme un artifice de procédure
23:03pour masquer la réalité.
23:05La réalité, c'est que vous n'avez pas assez de magistrats
23:07et que vous n'avez pas assez de magistrats
23:09qui ont des solutions adaptées aux problèmes qui sont posés,
23:12je pense notamment en délinquance des mineurs.
23:14Et qu'est-ce qui se passe ?
23:16Vous avez beaucoup de mineurs qui commettent des actes délectueux
23:19et ça s'accumule dans un casier judiciaire,
23:21jusqu'à ce qu'ils arrivent à l'âge pénal de 18 ans
23:24et à ce moment-là, on peut les mettre en prison sérieusement, etc.
23:28Donc vous avez toute cette phase qui va grosso modo entre 15 et 18 ans
23:32où la justice pour les mineurs est totalement prise au dépourvu
23:35parce qu'elle manque de moyens,
23:37c'est-à-dire qu'il manque de centres éducatifs fermés
23:39avec ce qu'appelaient les Ségolènes royales à l'époque,
23:41un encadrement militaire.
23:43Parce que c'est clair que ces jeunes qui font ces rodéos, etc.,
23:46s'ils étaient pris en main à la première incartade
23:48et qu'ils étaient, comme le font par exemple les Canadiens,
23:51je dirais sanctionnés,
23:53effectivement les choses ne se passeraient pas de la même manière.
23:56Et là, évidemment, c'est même un acte de prétention pour ces gens-là,
24:00de se dire, vous voyez, je sais ce qu'il se passe souvent à Vallauris,
24:03c'est-à-dire ils jouent à cache-cache avec la police municipale.
24:06Bon, et évidemment c'est très difficile pour les policiers municipaux
24:09qui n'ont pas assez les moyens et surtout qui n'ont pas le sentiment
24:11que derrière, une fois qu'ils vont arrêter,
24:13ça va déboucher sur quelque chose.
24:15Donc ils vont retrouver le même délinquant trois semaines après
24:18qui va leur dire, t'as vu, je suis en liberté.
24:20Mais j'ai envie de vous dire, Éric Ruvel,
24:21ça peut peut-être changer la donne, changer les choses
24:23dans la perception de ces délinquants potentiels,
24:26de savoir que si on touche un policier,
24:29si on touche un pompier,
24:31si on commence à faire des roues arrière dans la rue,
24:35alors qu'on appelle rodeo ou non, d'ailleurs,
24:37je ne suis même pas sûr qu'on puisse qualifier pénalement de rodeo urbain
24:40ce qui s'est passé à Vallauris.
24:42Il va falloir m'expliquer comment on le qualifie
24:44lorsqu'on fait une roue arrière dans la rue
24:46et qu'on percute une fillette de 7 ans.
24:48Donc qu'est-ce qu'il faut faire ?
24:49Vous êtes pour les peines planchers, par exemple,
24:51en 30 secondes avant la publicité ?
24:52Oui, moi je pense que les peines planchers,
24:54alors Julien Dray parle d'artifice,
24:56moi je parlerais de dissuasion.
24:58Je pense que quelqu'un qui aurait 16, 17 ans, 18 ans,
25:02qui risquerait une peine plancher,
25:04là on parle d'un multi-récidiviste.
25:06Pas pour Vallauris, attention.
25:07Non, non, non.
25:08Pour Mougin, oui.
25:09Pour Mougin on parle d'un multi-récidiviste.
25:10Pour Mougin, oui.
25:11Donc pardonnez-moi,
25:12mais que se disent les gens aujourd'hui
25:14devant cet abominable drame, ce meurtre ?
25:17Mais que fait la justice ?
25:18Mais attendez, c'est ça.
25:20Donc, on peut penser que c'est d'artifice, Julien Dray,
25:22mais enfin ça existait,
25:23alors peut-être que vous vous êtes gênés
25:24parce que c'est la gauche qui les a supprimés.
25:26Mais non, mais non.
25:27C'est possible.
25:28Mais non, mais non.
25:29Non mais c'est possible.
25:30Moi en cette matière...
25:31Non mais c'est possible, Julien Dray.
25:32Éric, vous êtes un journaliste avisé,
25:34donc je suis certain que vous avez lu
25:36souvent les déclarations que j'ai faites,
25:38y compris au moment où Nicolas Sarkozy
25:40était ministre de l'Intérieur au président de la République.
25:42Donc je suis gêné.
25:43Alors je ne les ai pas toutes en mémoire,
25:44cher Julien Dray.
25:45Pardonnez-moi, je vais mijoter dès que...
25:47Je vais vous faire cadeau un certain nombre d'exemplaires de cela.
25:51Non, moi je n'ai aucun problème.
25:53Je pense que quand j'ai discuté avec les magistrats,
25:55la plupart des magistrats me disaient
25:56sur les planchers, on n'est pas tellement convaincus
25:58parce qu'on voudrait avoir, nous, la liberté de pouvoir décider.
26:00Mais moi, ma question qui est posée...
26:02Mais de décider quoi, Julien Dray ?
26:03De décider si on met quoi ?
26:04Mais en fait...
26:05Attends les 30 secondes.
26:06De décider...
26:07Qu'à mieux tirer ses divices, reste dans la rue.
26:08Non, non, non.
26:09Au contraire, de décider si on met plus,
26:10comment on met, etc.
26:12Où on le met, etc.
26:14Dans quelle prison on le met
26:15et dans quel centre de détention on va le mettre.
26:17Donc la question qui est posée, si vous voulez, moi,
26:20c'est que, comme me disait un vieux maître...
26:23Je n'aime pas le terme vieux.
26:24Comme me disait un parlementaire exemplaire,
26:27trop de loi tue la loi.
26:28Il s'appelait Pierre Mazot.
26:29Donc moi, je sais ce que c'est que l'agitation législative.
26:32C'est-à-dire, il y a des phénomènes de société.
26:34Alors là, on fait des lois, on fait des lois, on fait des lois.
26:36Qui sont, en général, même pas appliquées
26:38parce que le décret de l'application ne sort même pas après.
26:40Et puis après, c'est le maquis législatif.
26:41Plus personne ne sait, etc.
26:43Je préférerais qu'on ait moins de lois,
26:45mais des lois plus efficaces.
26:46Mais je préférerais surtout que,
26:48notamment concernant la délinquance des mineurs,
26:50on ait ces centres d'éducation fermés
26:52avec, je dirais, l'autorité nécessaire
26:54pour prendre en charge, à la première incartade,
26:57ce type de mineur.
26:58Et pour qu'il sache que ça ne va pas rigoler.
27:00Concernant Valoris, le chauffard avait 19 ans.
27:04Il n'était pas connu des services de police.
27:06Il faut rappeler également que,
27:08sur les tests d'alcoolémie et de drogue,
27:11il s'était négatif.
27:12Mais ce qui nous a marqué,
27:14c'est la déclaration de l'Édil en disant
27:16même s'il n'était pas connu des services,
27:18même s'il n'avait pas un CV judiciaire long comme le bras,
27:21lui, ce qu'il a marqué, c'est l'impunité.
27:23Qu'il soit capable de faire ça en pleine rue,
27:25à prendre tous ses risques.
27:27Pensez évidemment à la famille de ce gendarme,
27:30à Valoris, sur un hommage national lundi prochain.
27:32Pensez à cette jeune fille,
27:34à cette fillette de 7 ans qui lutte pour la vie et sa famille.
27:38La publicité, on revient dans un instant,
27:40on en parlera dans la deuxième partie de politique.
27:42A tout de suite.
27:45Peu plus de 19h30 sur CNews,
27:47on poursuit le face-à-face Eric Revelle et Julien Dray.
27:50Parlons de politique.
27:5246 jours, 46 jours que nous n'avons pas de Premier ministre,
27:58de nouveau Premier ministre.
28:0046 jours, donc, on a un gouvernement démissionnaire.
28:03C'est une première dans l'histoire de la Ve République.
28:06Ça n'était jamais arrivé un temps aussi long,
28:08même dans la quatrième,
28:10alors qu'on dit souvent que c'est le symbole
28:12de cette instabilité politique.
28:15S'il n'y a toujours pas de nom,
28:16c'est parce que c'est difficile de trouver une certaine majorité.
28:19Première question que je vais vous poser, messieurs.
28:21Est-ce que la France, finalement, elle est ingouvernable ?
28:24Vous pouvez mettre n'importe qui, ça ne marchera pas.
28:27Julien Dray.
28:28Elle n'est pas ingouvernable,
28:29elle se gouverne d'un certain point de vue.
28:31Oui, vous avez raison.
28:33On suit les affaires courantes, on ne bouge pas.
28:35Le paradoxe, c'est qu'on se dit,
28:36finalement, est-ce qu'on ne pourrait pas se passer de gouvernement
28:39et continuer comme ça,
28:40comme la Belgique pendant des mois et des mois ?
28:42Plus de 500 jours, vous avez raison.
28:44La machine continue à tourner,
28:45et on se dit même, ça nous apporte une sorte de...
28:49On est moins angoissé, moins stressé.
28:50Vous êtes sûr, hein, vous, Julien ?
28:51Oui, moi, je ne suis pas angoissé.
28:52Je pense que la France est une nation solide
28:55et que les institutions sont solides
28:57et que les administrations tiennent
28:59et les fonctionnaires font leur travail correctement.
29:02Bon, alors après, il faut effectivement quand même un gouvernement,
29:04parce qu'il faut des orientations,
29:05il faut faire des choix budgétaires qui vont arriver,
29:07qui vont être importants,
29:08y compris au regard de l'état des finances publiques,
29:10des choses comme ça,
29:11mais je ne suis pas dans la panique, voilà.
29:14Non, mais personne...
29:15Je ne suis pas sûr que les Français soient dans la panique,
29:17mais les Français se disent,
29:18vous êtes bien gentil, vous êtes allé...
29:20On est allé voter.
29:21Vous nous avez demandé d'aller voter.
29:23Et on a fait un choix qui est plutôt clair.
29:27Le choix, c'est moins de Macronie et un peu plus d'alternance.
29:30On est bien d'accord.
29:31On est bien d'accord,
29:32même s'il n'y a pas un grand gagnant
29:34qui ressort de ces élections législatives.
29:36C'est tout le problème.
29:37Ah.
29:38Donc, est-ce que c'est gouvernable, Éric Revelle ?
29:40Ça fait longtemps, en fait, qu'on est un pays...
29:43C'est Emmanuel Macron qui avait parlé de Gaulois réfractaires.
29:46Réfractaires, bien sûr.
29:47On est quand même un pays, voilà,
29:49d'abord, qui aime la politique,
29:51qui était gentiment fracturé à l'époque
29:55où il y avait une gauche républicaine
29:57en alternance du pouvoir d'une droite républicaine.
30:00Donc, voilà, il y a...
30:02Dans les déjeuners et dans les dîners de famille,
30:04c'est pas d'hier qu'on se crêpe le chignon
30:06et qu'on n'est pas d'accord sur les sujets
30:08et que les yakafocons pleuvent comme une pluie d'orage.
30:13Maintenant, moi, ce qui m'inquiète quand même un peu dans la situation,
30:15je veux dire,
30:16c'est que je viendrai soulever un problème rapidement,
30:20mais qui est essentiel.
30:21C'est le budget.
30:22Eh oui, mais oui.
30:23Parce que, si vous voulez,
30:24ce qui est en train de se passer, quand même,
30:26c'est que le 4 septembre,
30:27normalement, c'est-à-dire mercredi,
30:28les députés doivent avoir normalement en main
30:31les documents qui vont leur permettre
30:33de regarder quel type de budget la France pourrait voter.
30:37Je vous rappelle qu'on est sous procédure
30:39de déficit excessif par Bruxelles.
30:41Bon, or, M. Coquerel,
30:44président de la Commission des Finances,
30:46et M. De Courson
30:48ont demandé instantanément, pour lundi,
30:51à avoir les documents de Bercy.
30:53Alors, le ministre du Budget leur promet que, cette fois,
30:55il va leur donner les documents.
30:56Comme le droit leur est accordé,
30:59ils vont les saisir, les pièces.
31:00Donc, cette histoire du budget, c'est pas rien du tout.
31:02Vous avez une rentrée scolaire, en ce moment.
31:04Vous allez avoir une rentrée scolaire, lundi.
31:05Vous avez un budget d'éducation.
31:07Les lettres plafondes dont a parlé Gabriel Attal
31:09pour chaque ministère,
31:10personne, personne ne sait ce qu'elles comportent.
31:13Quels budgets vont être réellement reniés ?
31:16On parle de l'éducation nationale,
31:18de l'éducation de nos enfants.
31:19Donc, pardonnez-moi,
31:20peut-être que Julien Dray a fait un trait d'humour,
31:22mais moi, je pense que la situation, en fait,
31:25de nos finances publiques et du budget de la France,
31:27c'est une situation très sérieuse,
31:29au premier comme au deuxième niveau.
31:31Sérieuse parce que le budget d'une nation, c'est sérieux
31:33et parce qu'un gouvernement doit manager un budget
31:36et le faire approuver par l'Assemblée nationale
31:38et la situation est sérieuse
31:40parce qu'on a des finances publiques tellement dégradées
31:43qu'on est pratiquement les pires élèves
31:46de la zone euro, en ce moment.
31:48Alors, considérons, si vous me permettez,
31:50les procédures budgétaires.
31:52J'en ai tellement vu.
31:54Que je souris.
31:56Parce qu'il y a ce que vous votez à l'Assemblée nationale.
31:59Donc, vous avez les grands engagements à partir de novembre.
32:02Puis, vous avez quelque chose qui se met en place,
32:04en général, à partir de fin janvier,
32:06qui s'appelle la régulation budgétaire.
32:08La régulation budgétaire, elle a pour but, en général,
32:11de raboter toute une partie de ce qui a été voté auparavant.
32:14Et c'est-à-dire, donc, qu'on vous annonce
32:15qu'on a mis tant d'argent, etc.
32:17Donc, vous-même, citoyen français, vous dites,
32:19ils ont mis tant d'argent.
32:20Puis, derrière, vous avez toute une administration
32:23à lisser, puisque c'est le terme,
32:25un certain nombre de ses dépenses, etc.
32:27C'est pour ça que je souris un peu.
32:29Parce que je sais comment fonctionne l'administration budgétaire française.
32:33Et comment elle a sa propre autorité, sur le fond.
32:35C'est d'ailleurs un des problèmes majeurs
32:37qui est posé pour notre pays.
32:39Maintenant, on a un pays qui est dans une situation difficile.
32:42Pourquoi ? Parce qu'il ne sait pas ce que c'est
32:44que le mot compromis.
32:46Il n'a jamais intégré cette notion-là
32:48depuis des années et des années.
32:50Donc, il est incapable...
32:51En tous les cas, la classe politique,
32:53ce n'est pas pareil pour nos concitoyens.
32:55Les responsables politiques sont omnibulés
32:58par une seule chose, l'élection présidentielle.
33:01Donc, tout se détermine par rapport
33:03à leur perspective d'élection présidentielle.
33:06Et c'est ça, le fossé qui est en train de se créer.
33:08Moi, ce qui m'étonne, me surprend,
33:13me fait sourire et me laisse à penser
33:15même peut-être qu'il va y avoir quelque chose
33:17qui va se passer.
33:18C'est ce fossé qui est en train de se créer
33:20entre tous ces gens qui, depuis quelques semaines,
33:22se bousculent pour essayer de faire
33:24qui un croche-pattes, qui pousser machin,
33:26qui pousser truc bidule,
33:28et les citoyens français qui regardent ça en disant
33:30« Vous pouvez vous occuper un peu de nous,
33:32de nos problèmes, en parler un peu
33:34et vous en occuper sérieusement ? »
33:36Et dans ce blocus, dans ce flou politique,
33:38vous avez un président de la République
33:40qui enchaîne les consultations,
33:42qui met à l'écart certains partis
33:44pour un deuxième round de négociation.
33:46Il s'en est expliqué hier
33:48alors qu'il est actuellement en Serbie.
33:50Je résume, il fait ce qu'il peut.
33:52Vous ne le voyez peut-être pas,
33:54mais il travaille jour et nuit
33:56pour trouver un Premier ministre. On l'écoute.
34:00Je fais tous mes efforts,
34:02et les jours et les nuits,
34:04et que je le fais depuis des semaines,
34:06même si vous ne l'avez pas forcément vu,
34:08pour aboutir à la meilleure solution pour le pays.
34:10En tout cas, la France a un gouvernement
34:12qui gère les affaires courantes,
34:14qui va avoir des Jeux olympiques
34:16qui ont émerveillé le monde.
34:18J'en félicite vraiment nos athlètes,
34:20nos organisateurs et le gouvernement
34:22et les services de l'État et les collectivités
34:24de faire l'ouverture hier de nos Jeux paralympiques
34:26qui vont aussi éliminer le monde
34:28et qui en même temps fait face aux défis,
34:30aux crises du moment.
34:32Je ne voudrais pas qu'on laisse s'installer l'idée
34:34que les affaires ne sont pas suivies.
34:36Après, je ferai mes meilleurs efforts
34:38et je parlerai au français en temps voulu
34:40et dans le bon cadre.
34:42Il y a un article qui a été publié par Ipsos
34:44sur le rôle d'Emmanuel Macron
34:46dans les négociations entre les politiques.
34:48Est-ce qu'il doit avoir un rôle d'arbitre,
34:50être passif, être discret
34:52ou est-ce qu'il doit s'impliquer dans les négociations ?
34:547 Français sur 3
34:56considèrent qu'il doit avoir un rôle d'arbitre
34:58et quasiment 3 sur 10
35:00qui disent
35:02qu'il faut qu'il s'implique
35:04dans ces négociations.
35:06On a quand même l'impression, par exemple,
35:08ces deux dernières semaines,
35:10que c'est le meilleur du jeu, omniprésent.
35:12Est-ce que c'est une erreur, selon vous, Eric Covel ?
35:14Je vais vous dire,
35:16moi, un président de la République tel que
35:18je l'imaginais jusque-là,
35:20c'est quelqu'un qui est au-dessus
35:22de la mallée, qui est en aplomb,
35:24qui regarde. Alors le problème,
35:26c'est que comme c'est Emmanuel Macron
35:28qui nous a plongé dans cette situation
35:30avec la dissolution de l'Assemblée nationale
35:32qui s'est avérée être un fiasco,
35:34il est obligé de mettre les mains dans le cambouis.
35:36C'est le premier responsable
35:38de la décision de dissoudre
35:40l'Assemblée nationale,
35:42donc il essaie d'assumer
35:44son rôle derrière.
35:46Mais, pardonnez-moi,
35:48je pense qu'il atteint le statut
35:50de chef de l'État en étant
35:52dans cette mêlée-là.
35:54C'est lui qui doit désigner
35:56le Premier ministre.
35:58Personne ne l'obligeait de manière constitutionnelle
36:00à désigner un Premier ministre
36:02du nouveau Front populaire,
36:04même si l'esprit républicain
36:06avait voulu, comme ça s'est souvent passé
36:08dans la Ve République, que le groupe
36:10en tête à l'Assemblée nationale,
36:12même si ce groupe n'a pas de majorité
36:14relative ni absolue,
36:16que ce soit dans ce groupe qu'on désigne.
36:18Bon, s'il y avait eu un gouvernement
36:20NFP, vous pensez que ce gouvernement
36:22aurait duré combien de temps ? Une semaine ? 15 jours ?
36:24Un mois ? Bon, voilà. Mais il ne l'a pas fait.
36:26Donc, moi, ce qui m'embête, c'est qu'il est
36:28en train d'étioler le statut
36:30de chef de l'État en étant dans la mêlée
36:32et en même temps,
36:34il ne respecte pas, me semble-t-il,
36:36l'esprit républicain d'une
36:38Assemblée nationale, alors confuse,
36:40avec aucune majorité, mais qui avait
36:42un groupe qui était arrivé en tête.
36:44Julien Dray, en ne nommant pas
36:46Mme Castey, Emmanuel Macron
36:48commet une faute
36:50institutionnelle. Ce sont les propos
36:52d'un certain François Hollande. Est-ce que vous êtes
36:54d'accord avec lui ? Non.
36:56Je ne crois pas qu'il y ait de faute institutionnelle, d'ailleurs.
36:58Je renvoie François Hollande à une déclaration remarquable
37:00de François Mitterrand,
37:02que l'on fait à Jean-Pierre Elkabbach
37:04et à Alain Duhamel, où François Mitterrand
37:06à cette question-là, dit que c'est les prérogatives du chef
37:08de l'État et c'est à lui de décider.
37:10François Mitterrand le fait de manière assez sec
37:12dans la réponse.
37:14Et moi, je reste un Mitterrandiste.
37:16Peut-être pas François Hollande, mais moi, oui.
37:18Donc, je crois qu'il n'y a pas
37:20de faute institutionnelle, pour une raison simple.
37:22Et en ce sens-là, je m'excuse
37:24de le dire, il aurait nommé
37:26Mme Castey. D'accord.
37:28Donc, on aurait accentué la crise
37:30institutionnelle avec des risques
37:32réels, parce que personne ne les voit.
37:34Mais une fois que Mme Castey est nommée,
37:36il y a un gouvernement. Ce gouvernement, il peut prendre des décisions.
37:38Il n'est pas tout de suite convoqué
37:40devant l'Assemblée nationale. Il peut y prendre des décisions
37:42qui sont contraires à ce
37:44qu'une grande majorité de nos concitoyens,
37:46par exemple, souhaitent, si on suit la réalité.
37:48Donc, on était en train,
37:50on aurait, à ce moment-là, accentué
37:52la crise institutionnelle. Parce qu'une fois que vous êtes ministre,
37:54vous partez pas comme ça.
37:56Et je signale que la censure
37:58ne fait pas partir le gouvernement.
38:00Automatiquement. Ce n'est pas la question.
38:02Donc, ce qu'essaye de faire Emmanuel
38:04Macron, et je crois que ça,
38:06on peut lui porter crédit,
38:08je suis à peu près certain qu'il ne dort pas beaucoup la nuit
38:10et qu'il essaye de trouver une solution de compromis.
38:12Le problème, c'est qu'on a perdu
38:14un mois et demi parce que les forces politiques
38:16n'ont pas accepté
38:18de se mettre autour d'une table,
38:20de faire une conférence pour la France
38:22et de se dire, on est dans une situation difficile
38:24parce que c'est une Assemblée nationale
38:26ingouvernable d'un certain point de vue, parce qu'il n'y a pas de majorité.
38:28Est-ce qu'on est capables
38:30de faire un effort qui transcende
38:32chacune de nos familles
38:34politiques pour voir, en fonction des urgences,
38:36sur la sécurité, sur la justice,
38:38sur l'éducation nationale, etc.,
38:40de trouver des points de compromis pendant
38:42les deux ou trois ans qui viennent.
38:44Pardonnez-moi, Julien, mais cette idée du compromis,
38:46c'est un peu... En fait, vous voulez
38:48la République en marche,
38:50comme on a eu après la NUPES,
38:52le nouveau feu populaire ?
38:54C'est simplement que ce qui a été, par exemple,
38:56le Conseil national de la résistance en 1945
38:58et qui a permis
39:00d'énormes réalisations dans la société française
39:02retrouve, je dirais, ses lettres de crédit
39:04dans notre pays. Moi, je ne crois pas que
39:06c'est à prendre ou à laisser. Je pense qu'on peut
39:08discuter. Et je vais même vous dire une chose.
39:10J'étais particulièrement d'accord avec
39:12les propos de François Bayrou quand il dit,
39:14en fait, il y a deux temps dans la vie politique.
39:16Il y a la télévision,
39:18et puis après, il y a quand on est
39:20en dehors de la télévision. Et quand on est en dehors
39:22de la télévision, bien souvent, et je ne vais pas en témoigner,
39:24on est d'accord sur un certain nombre de mesures
39:26qu'on serait capable de prendre ensemble.
39:28Mais c'est difficile d'aller assumer ça.
39:30Pourquoi ? Parce que vous avez les commissaires
39:32politiques qui sont là
39:34qui vous attendent et qui vont vous mettre
39:36ce mot terrible, trahison,
39:38liquidation. Alors vous avez peur,
39:40alors vous reculez. Et le moment dans lequel on est,
39:42c'est le moment où des femmes et des hommes
39:44doivent dire, maintenant, c'est l'intérêt
39:46du pays qui l'emporte.
39:48Et est-ce que, finalement, cet homme,
39:50ce ne serait pas, du moins, il fait partie
39:52des favoris dans les médias,
39:54peut-être aussi en coulisses,
39:56ça s'active.
39:58Il s'appelle Bernard Cazeneuve.
40:00On le connaît bien évidemment. Il a été un premier
40:02ministre éphémère. Il a été
40:04ministre de l'Intérieur, apprécié
40:06des forces de l'ordre. Beaucoup
40:08en coulisses me disaient que
40:10parmi les nombreux ministres de l'Intérieur
40:12qu'ils avaient pu avoir ces 20 dernières
40:14années, il retenait notamment Gérald Darmanin.
40:16Ça veut dire que la gauche politique est en compétence en matière de
40:18contre la violence et l'insécurité.
40:20Je n'ai pas dit pourquoi pas le contraire.
40:22C'est Éric Revelle qui l'a dit. Moi, je pose des questions.
40:24Vous le savez très bien, Julien Dray.
40:26Bernard Cazeneuve est socialiste le lundi.
40:28Le restant de la semaine, il ne l'est pas.
40:30Il peut être fier de son insécurité et être socialiste au contraire.
40:32Alors, Bernard Cazeneuve, ce qui voudrait dire
40:34qu'on a une France qui est majoritairement à droite
40:36mais qu'on aurait un premier ministre
40:38à gauche. Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?
40:40Julien Dray est un expert du Parti Socialiste.
40:42Il nous dira comment il situe
40:44Bernard Cazeneuve sur les chiquets
40:46compliqués, pour moi en tout cas, du Parti Socialiste.
40:48Mais une chose est sûre, c'est que
40:50Bernard Cazeneuve, en réalité,
40:52parce qu'on l'a oublié, n'a jamais abandonné
40:54la politique. Alors, il s'est reconverti
40:56dans une profession
40:58très louable dans laquelle il réussit, qui est celle
41:00d'avocat, mais il ne l'a jamais
41:02renoncé à la politique parce que, voilà, il y a
41:04quelques mois, il a lancé son mouvement politique
41:06qui s'appelle Convention.
41:08Il avait même organisé
41:10un petit tour de France pour peut-être
41:12juger sa cote de popularité.
41:14Donc, ça veut dire quand même que
41:16Bernard Cazeneuve n'est pas un retraité
41:18de la politique, qu'il a toujours
41:20en tête un certain nombre de choses. Maintenant...
41:22Reprenons les propos de, par exemple,
41:24cet après-midi de Nicolas Sarkozy.
41:26Il dit le centre de gravité en France
41:28est à droite, et vous allez mettre Bernard Cazeneuve
41:30à Matignon et à Eric Revelle.
41:32Je suis déboussolé.
41:34Il faut avoir l'analyse de Julien Dray, mais pour moi,
41:36Bernard Cazeneuve, il a
41:38sans doute une stature
41:40d'homme d'État, mais Bernard Cazeneuve,
41:42c'est un homme de centre-gauche
41:44ou de centre-droit, appelez-le comme vous voulez.
41:46C'est pas...
41:48Mais bien sûr, je pense
41:50que Bernard Cazeneuve pourrait rallier
41:52dans les compromis
41:54que souhaite Julien Dray politique
41:56de ce grand appel pour sauver
41:58Emmanuel Macron du fiasco dans lequel il nous a mis,
42:00Bernard Cazeneuve, il pourrait rassembler
42:02peut-être des gens
42:04de droite,
42:06même si Laurent Wauquiez a dit le contraire,
42:08peut-être des centristes. Moi, je pense
42:10qu'il peut être une passerelle politique.
42:12Maintenant, je vais vous dire, si c'est pour avoir
42:14un Bernard Cazeneuve avec un gouvernement
42:16technique, ce gouvernement
42:18et Bernard Cazeneuve,
42:20tout Bernard Cazeneuve qu'il est, sera
42:22renversé de la même manière.
42:24C'est quel Premier ministre,
42:26quel gouvernement, quelle politique
42:28et quelle majorité à l'Assemblée nationale.
42:30Je vais peut-être mal poser ma question
42:32et je me tourne tout de suite vers Julien Dray.
42:34Mais Cazeneuve n'est pas un homme de gauche
42:36comme
42:38vous semblez l'entendre.
42:40Il nous reste 5 petites minutes avant la fin de l'émission et je suis sûr,
42:42comme depuis le début, que Julien Dray va nous dire
42:44la vérité, toute la vérité rien que la vérité.
42:46Vous n'êtes pas allé à l'Elysée, vous n'êtes pas allé
42:48à Matignon. Est-ce que vous avez échangé ce
42:50mois-ci avec Bernard Cazeneuve ?
42:52Non. Non, je ne connais pas beaucoup.
42:54Par ailleurs, on a eu des
42:56trajectoires parallèles. Je connais un certain
42:58nombre de gens qui travaillent avec lui, avec qui j'ai parlé.
43:00Moi, je pense que c'est un homme de qualité
43:02et qui peut être un homme de synthèse.
43:04Et donc, sa candidature
43:06n'est loin d'être une mauvaise candidature.
43:08On voit d'ailleurs qu'il y a des
43:10convergences qui commencent à se mettre
43:12en place. Mais,
43:14si vous me permettez, il n'y a pas de sauveur
43:16suprême et il n'y a pas d'alpha et d'oméga.
43:18Il y aura forcément un moment donné
43:20où il faudra en passer par cette
43:22discussion avec les uns et les autres et mettre
43:24chacun devant ses responsabilités.
43:26En disant, moi je pense par exemple que
43:28la méthode qu'a employée,
43:30Dieu sait si ces derniers temps, j'avais
43:32du mal à suivre la trajectoire de
43:34Ségolène Royal, parfois.
43:36Mais je trouve qu'hier, elle a posé
43:38des choses de manière assez précise.
43:40Et j'étais en accord avec la manière en laquelle...
43:42Elle est disponible, Mme Royal.
43:44Ça ne serait pas une mauvaise candidature.
43:46Elle se dit disponible pour Matignon.
43:48Ça ne serait pas une mauvaise candidature tout le temps qu'elle a mis un codicil
43:50qui n'est pas inintéressant. Elle a dit en plus, moi,
43:52je ne serai pas candidate à l'élection présidentielle.
43:54Donc, je ne serai pas obsédé par cette question-là,
43:56ce qui n'est pas rien.
43:58Moi, ce qui m'intéressait, c'est
44:00la méthode. C'est-à-dire qu'elle s'est
44:02distinguée, y compris de
44:04son propre compagnon, son ex-compagnon,
44:06président de la République.
44:08Elle, elle dit d'abord la méthode. La méthode,
44:10c'est comment on fait pour faire que
44:12la France, dans les mois qui viennent, puisse
44:14avancer, se tenir debout.
44:16Et comment on fait pour faire converger les choses.
44:18J'entends, mais je répète ce que j'ai dit
44:20à Éric Revel. Vous avez
44:22une majorité de Français qui,
44:24idéologiquement, virent à droite.
44:26Non, ça, je ne suis pas d'accord avec ça.
44:28Et même dans les suffrages.
44:30Ben si, la gauche fait 28%.
44:32Oui, d'accord.
44:34C'est plus compliqué que ça.
44:36Vous savez que, comme moi, sur les questions
44:38sociales, les Français sont
44:40très attachés à un certain État
44:42social. D'ailleurs,
44:44c'est souvent des fois les gouvernements de droite
44:46qui ont surestimé
44:48l'influence qu'ils pouvaient avoir
44:50à la société française. Sur les questions
44:52régaliennes, comme on dit,
44:54c'est-à-dire de sécurité, etc., ils veulent de l'autorité.
44:56Pour moi, ce n'est pas contradictoire avec l'idéologie de la gauche.
44:58Donc, décréter la France état-droite,
45:00la France état-gauche, en général, ça fait des mauvais réveils.
45:02La chose que veulent les Français,
45:04c'est que leurs pays se tiennent
45:06et que leurs pays fonctionnent.
45:08Voilà. C'est ça qu'ils veulent.
45:10Un mot, quand même, sur Bernard Cazeneuve,
45:12si vous me le permettez.
45:14J'ai du mal à imaginer, quand même,
45:16Bernard Cazeneuve nommé. Alors, je prends un énorme risque en vous disant ça,
45:18parce que, si ça se trouve, ce week-end ou en début de semaine prochaine,
45:20il le sera. Mais, parce que, attention,
45:22Bernard Cazeneuve, c'est aussi le retour
45:24caché du hollandisme.
45:26Parce que Ségolène Royale,
45:28ce n'est pas le retour caché du hollandisme.
45:30Non, mais, Bernard Cazeneuve,
45:32il a été Premier ministre de François Hollande,
45:34et ministre de l'Intérieur de François Hollande.
45:36Je ne suis pas sûr qu'aujourd'hui,
45:38François Hollande milite pour la candidature de M. Cazeneuve.
45:40De ce que j'ai compris des universités d'été du parti
45:42à l'isle. Mais je regarde ça de loin.
45:44De très très loin.
45:46Et deuxième chose,
45:48Vous aviez promis de dire la vérité. Je vous fais attention.
45:50Quel que soit le candidat qui va être retenu par le chef de l'État,
45:52il faut que le chef de l'État s'attende à une cohabitation
45:54dure.
45:56Alors, et ça, ça va évidemment
45:58en sens contraire du compromis
46:00un peu naïf, il me semble-t-il,
46:02que Julien Dray souhaite.
46:04Non, je suis d'accord avec vous.
46:06Ça veut dire que le chef de l'État devra accepter
46:08que le gouvernement n'est pas un gouvernement
46:10de Godillot.
46:12Ça veut dire qu'il sera obligé de discuter avec son Premier ministre
46:14et de prendre en considération
46:16l'existence de cette majorité
46:18hétéroclite. Et c'est en ce sens-là qu'il y a un changement.
46:20Mais il y a un changement qui, y compris,
46:22va fourrir à une réflexion institutionnelle nouvelle.
46:24Moi, je milite pour une 6e République, vous le savez pourquoi,
46:26parce que je pense que ce qui détruit notre système,
46:28c'est cette élection du président de la République
46:30au suffrage universel qui détermine tout.
46:32Voilà.
46:34Il nous reste une petite minute, mais c'était un plaisir
46:36d'être avec vous ce vendredi soir.
46:38Je me tourne une dernière fois vers vous,
46:40Julien Dray, parce que souvent
46:42dans nos débats, on a pu parler de l'Italie.
46:44Et j'ai pas la mémoire courte,
46:46vous m'aviez dit,
46:48Jean-Germain Le Loney qui promettait de fermer
46:50les frontières et qui n'y arrive absolument pas.
46:52Voilà, regardez ce qui se passe
46:54en Italie.
46:56Finalement, l'Italie, ça commence
46:58plutôt pas mal, selon le ministère italien
47:00de l'Intérieur, le nombre de migrants clandestins
47:02débarqués dans le pays depuis le 1er janvier
47:04est en baisse de 65%
47:06par rapport à l'année 2023.
47:08Et ils font même mieux que l'année 2022.
47:10Mais Eliot, ce que vous devriez
47:12savoir, c'est combien l'a régularisé.
47:14Or, elle a régularisé plus de 500 000
47:16travailleurs migrants.
47:18Là, moi, je parle de l'arrivée
47:20des flux migratoires.
47:22L'arrivée,
47:24les chiffres, il faudra regarder dans le détail,
47:26mais ce qui est intéressant, c'est qu'elle a été obligée de commencer par régulariser
47:28500 000 migrants.
47:30Est-ce que vous pensez qu'en France, on va régulariser 500 000 migrants ?
47:32Je sais que vous êtes favorable à une politique de quotas.
47:34Moi, je vous dis simplement qu'en 2023,
47:36vous avez plus de 100 000 clandestins qui arrivent en Italie.
47:38Et en 2024 ?
47:40Ce que je constate, c'est qu'elle a été obligée de prendre en considération
47:42une situation, mais tant mieux
47:44si l'Italie montre qu'on peut bien maîtriser
47:46l'entrée
47:48sur le territoire français, ça veut dire que la France
47:50a certainement des leçons à tirer de ça.
47:52Merci à tous les deux.
47:54C'était un plaisir d'être avec vous.
47:56On se retrouve dans un instant pour l'heure
47:58des pro 2 et on va décrypter
48:00l'entretien de Nicolas Sarkozy
48:02dans les colonnes du Figaro.
48:04A tout de suite.