Sudinfo vous propose l'émission "Home Cinéma" de VOO / Be TV consacrée à l'actualité du 7ème art. A l'honneur cette semaine: Nora El Hourch.
Son premier long métrage « HLM Pussy » est déjà décrit comme « La Haine » au féminin. L’avenir de la réalisatrice est prometteur...
Son premier long métrage « HLM Pussy » est déjà décrit comme « La Haine » au féminin. L’avenir de la réalisatrice est prometteur...
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Court métrageTranscription
00:30Et il m'a embrassée sur la bouche.
00:32J'aimerais savoir d'où vous vient cette idée.
00:34Quel a été le cheminement de ce film ?
00:37Le cheminement a duré dix ans, quand même.
00:40Mais le cœur du sujet,
00:42c'est tout ce qui est autour du consentement, de l'agression.
00:46Passe l'année avec moi.
00:48Je te mens pas. Je vais prendre soin de toi.
00:50Je vais faire l'amour comme un fou.
00:52C'était le sujet de mon court-métrage.
00:54J'avais fait un peu le deuil de tout ça.
00:56Je pensais que l'exitoire était passé
00:59et que j'avais fait un court-métrage.
01:01J'avais envie de parler d'autre chose.
01:03Or, j'ai eu encore envie de parler de ça.
01:05C'était plus fort que moi.
01:06Ce n'est pas possible.
01:09Il y a quelque chose qui doit vous ressembler
01:11avec ces trois gamines, non ?
01:13C'est trois facettes de ma personnalité.
01:16Je suis un peu comme Amina, je porte cette dualité culturelle
01:19et à la fois cette révolution féministe qu'est en moi.
01:22Et puis j'ai ce côté de Djenéba où...
01:25Voilà, le côté injustice, je laisse rien passer.
01:28Tout va, je prends tout à cœur.
01:30Et aussi le côté un peu naïf et victime de Zineb,
01:34parce que j'ai été victime d'une agression quand j'avais 20 ans.
01:37C'est aussi pour ça que je me suis battue pour que ce film existe.
01:40Surtout que j'ai tenu ces dix années.
01:43C'était que le film était...
01:45Le message du film était tellement important pour moi
01:48que c'est ce qui m'a permis de tenir et d'y croire pendant dix ans.
01:54L'argument, c'est un baiser.
01:57Un baiser appuyé, volé.
01:59Et beaucoup de décideurs, de financiers, vous en dites oui,
02:02mais c'est un argument un peu faible, le baiser, etc.
02:05Et je vous ai sentis très, très épidermiquement opposés à cette idée.
02:11Parce qu'un bisou, c'est grave, en fait.
02:13Si t'as pas décidé d'embrasser quelqu'un et qu'on t'embrasse de force,
02:16on te vole une partie de toi, on te vole une partie de ton corps.
02:19Et ça veut dire que tu décides pas de qui tu peux être,
02:21de ce que tu fais, en fait.
02:23Quelqu'un d'autre décide pour toi.
02:25C'est la force aussi de ce film, c'est de comprendre
02:28qu'est-ce qu'on peut ressentir quand on embrasse quelqu'un de force.
02:31Et bien sûr, le pire peut arriver,
02:34mais le pire, on l'a déjà beaucoup traité aussi dans les films, en fait.
02:37Et moi, je voulais partir de l'essence même
02:39de qu'est-ce qu'être dépossédé de son corps,
02:42même si ça dure une seconde et demie, c'est grave, c'est très grave.
02:46Mais qu'est-ce qui t'as fait, gros folle ?
02:48Je voulais juste aider Zineb.
02:49Tu t'es rien demandé, moi ?
02:51Supprimez ta putain de vidéo.
02:54On peut pas abandonner.
02:55Si je la supprime, ils gagnent. Ils gagnent tous.
02:57J'aimerais savoir comment vous avez abordé l'écriture du script
03:00par rapport à cette porte d'entrée avec Amina.
03:03Moi, ma partie préférée dans l'écriture d'un film, c'est les dialogues.
03:07Tout était écrit au niveau des dialogues,
03:08mais c'est vrai que, donc j'ai 36 ans,
03:11je le pensais naïvement avant de faire ce film,
03:15être encore jeune et avoir un peu un langage de jeune
03:18ou du moins comprendre le jargon de la nouvelle génération.
03:22Or, quand elles ont lu mon script, elles ont dit
03:24« Nora, on dit pas ça, ça veut rien dire. »
03:27On voit trop souvent des films sur la jeunesse
03:29et on voit des jeunes qui vont les voir et qui disent
03:32« C'est pas nous, ça nous représente pas, on parle pas comme ça,
03:35on fait pas ça, etc. »
03:36Et je voulais surtout pas qu'on dise ça.
03:37Je voulais que ça respire le vrai.
03:39Ensuite, t'es vos mères pour que vous vous intéressez.
03:40T'as mis ma mère à niquer ta mère. Donne-moi ton 06.
03:41Ça passe, maintenant ?
03:42On fait quoi ?
03:43Et donc, du coup, je leur avais dit
03:44« OK, go, les mots que vous comprenez pas,
03:47mettez-les dans votre jargon. »
03:49Et le premier jour de tournage arrive
03:52et là, j'avoue que j'ai rien compris.
03:53Première scène, j'ai rien compris à ce qu'ils ont dit.
03:56Et j'ai fait « Ah mais les filles, en fait, on parlait un peu plus vieux
03:59parce que là, on va rien comprendre.
04:00Si moi, je comprends pas, personne comprendra. »
04:02Donc voilà, on a fait quand même step by step
04:04pour trouver une espèce d'équilibre entre la jeunesse et la riguesce.
04:09C'est ça qui est étonnant, Nora,
04:10c'est que finalement, vous venez absolument pas du milieu du cinéma.
04:12Vous vous imaginiez même pas du cinéma il n'y a pas encore si longtemps.
04:17Vous avez été victime d'une agression.
04:19Et en fait, le cinéma arrive comme une manière de cicatriser.
04:24J'aimerais que vous me racontiez ça.
04:26J'ai, depuis littéralement mes six ans,
04:30depuis que j'ai appris à écrire, j'écris.
04:31C'est-à-dire que dans mon cahier de CP,
04:33au milieu des pages de A majuscule, A minuscule,
04:35j'écrivais des petites histoires.
04:37Mais je me suis jamais dit que j'en ferais quelque chose.
04:38Je me suis jamais dit que j'allais être écrivain ou scénariste ou peu importe.
04:42Je regardais pas tant de films que ça, j'étais pas cinéphile.
04:45Et arrivent mes 20 ans, je pars vivre aux États-Unis
04:49et je me fais agresser sexuellement.
04:50J'ai arrêté d'écrire du jour au lendemain.
04:53Et voilà, tout d'un coup, je me suis dit, après des années de déranges,
04:57je me suis dit, OK, peut-être qu'il faut que je reprenne l'écriture pour me sauver.
05:00Et j'ai écrit ce court-métrage qui s'appelle « Quelques secondes ».
05:04C'est très important pour vous, ça, qu'il vous ressemble.
05:06Ah bah ouais, c'est clair, j'ai pas envie qu'il ait sa tête.
05:09Enfin, j'ai pas envie qu'il se tape la tronche d'un violeur.
05:11Le film a tourné dans une soixantaine de festivals.
05:13On a été pris, il a commencé à Cannes.
05:16Et donc, voilà, c'était fou et j'ai compris vraiment ce qu'était un film à ce moment-là.
05:19Et donc, c'est vrai que pendant ces dix années,
05:21j'avais toujours cette peur de me dire,
05:23mais si ça se trouve, j'ai fait un hold-up avec le cours.
05:26Je vais me retrouver face à une équipe.
05:28Je vais pas savoir gérer le tournage.
05:32Et à la fois, je stressais pas du tout.
05:34Je pense que je suis quelqu'un d'instinctif
05:36et c'est comme ça que j'avais réalisé le cours.
05:38C'est comme ça que j'ai réalisé le long.
05:43C'est pas ça, c'est pas ça !
05:45C'est pas ça, c'est pas ça !
05:47C'est pas ça, c'est pas ça !
05:49Est-ce que cette expérience vous a donné
05:53l'entrain et la volonté de faire un deuxième ?
05:56Ou alors vous voyez...
05:57Je me vois pas faire autre chose, clairement.
05:59C'est comme une drogue.
06:01On fait pas ça pour l'argent, clairement, on va pas se mentir.
06:05Et je sais même pas pourquoi on fait ça.
06:07Mais, je sais pas, l'envie de raconter des histoires,
06:10l'envie de filmer, l'envie d'être avec une équipe,
06:12l'envie de faire partager le film,
06:14je me vois pas faire autre chose.
06:16Et j'ai encore beaucoup de choses à raconter.
06:19Donc, tant que j'ai des choses à raconter
06:21et des tabous à soulever,
06:22j'écrirai et j'essaierai de faire du cinéma.
06:25Je vous souhaite le meilleur pour la sortie belge
06:28et au plaisir.
06:29Merci infiniment, en tout cas, c'était un honneur.
06:31Merci beaucoup.
06:35Cette semaine, on donne le la dans les salles.
06:38Entre Emmanuel, la sensuelle, et Henri VIII, le cruel,
06:42une gamme d'émotions extra-larges vous attend.
07:09Atmosphère veloutée et orientalisme.
07:12La réalisatrice Audrey Diwan adapte à son tour
07:15le roman culte qui avait consacré Sylvia Christel à l'écran.
07:19Une version plus proche du livre
07:21qui dévoile sous un angle différent
07:22les tabous du plaisir au féminin.
07:38Tu ne m'aimais pas, mais je l'ai accepté
07:41car je ne t'aimais pas non plus.
07:49Nous devons retourner dans la salle.
07:51Doremi Fa, avec un Fa comme dans Famille.
07:55Mathias Glasner dirige une oeuvre virtuose
07:58autour des rapports humains.
08:00Une partition cynique et drôle à la fois,
08:02récompensée par l'ours d'argent du meilleur scénario à Berlin.
08:39Présentée en compétition officielle à Cannes,
08:42cette fresque saisissante relate le duel
08:44qui oppose Henri VIII à sa sixième et dernière épouse.
08:48Une bataille royale qui confirme le talent de Jude Law,
08:52méconnaissable dans ce rôle de despote obèse.
09:08Joyeux anniversaire, mon amour.
09:10Quand production rime avec baisson,
09:14l'action est au rendez-vous.
09:16Préparez-vous à vivre un week-end mouvementé à Taïwan
09:19aux côtés de Luke Evans,
09:20qui campe un agent chargé de lutter contre le trafic de drogue.
09:29En route pour la francophonie.
09:31Les organisateurs de la 39e édition
09:33du Festival international du film francophone de Namur
09:37vous invitent à démarrer en fanfare
09:39grâce à la nouvelle comédie d'Emmanuel Courcol,
09:42présentée à Cannes cette année.
09:44Rendez-vous dès le 27 septembre.
09:47À la semaine prochaine.