Mercredi 23 octobre 2024, SMART BOURSE reçoit Julien Quistrebert (Gérant, Tailor Am) , Xavier Chapard (Stratégiste, LBP-AM) , Florent Roulet (Partner & Head of Mobility, Bryan, Garnier & Co) et Mabrouk Chetouane (Head of Global Market Strategy, Solutions, International, Natixis IM)
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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart for Change pour rester
00:12à l'écoute des marchés chaque jour à 17h si vous nous suivez à la télévision
00:15via vos box, émission que vous retrouvez chaque soir en replay sur bsmart.fr ou encore
00:20en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:23Au sommaire de cette édition ce soir, la séquence microéconomique de résultats d'entreprises
00:28qui se poursuit, qui monte en puissance, on le rappelle près d'une vingtaine de sociétés
00:32du CAC 40 auront publié leurs chiffres d'affaires, leurs points d'activité à l'issue de cette
00:37semaine.
00:38C'était par exemple autour de L'Oréal, L'Oréal qui a publié ses chiffres d'activité
00:41hier soir mais qui sont arbitrés aujourd'hui par le marché et L'Oréal forçait de le
00:45constater, freine le CAC 40 aujourd'hui, L'Oréal qui signe la plus forte baisse du
00:50jour, une baisse entre 3 et 4% après, malgré des investisseurs préparés à l'idée
00:56de cette mauvaise surprise sur la Chine, après des surprises sur la Chine qui sont
01:01encore plus négatives que ce qu'on pouvait imaginer du côté de L'Oréal qui ne voit
01:05pas pour l'instant de dynamique particulièrement en amélioration côté chinois, le titre
01:11L'Oréal donc Lanterne Rouge, beaucoup d'autres résultats ont été publiés, vous aurez
01:14dans un instant quelques précisions, quelques détails sur les grandes publications du
01:18jour avec Pauline Grattel.
01:19L'autre mouvement de marché à observer, c'est ce dollar qui sourit, c'est l'histoire
01:25depuis la fin de l'été avec la remontée des taux américains, le dollar retrouve
01:30un certain niveau de fermeté face aux grandes devises, que ce soit face aux yens, face
01:35au sterling ou encore face à l'euro, l'euro dollar qui est passé sous la barre de 1,08
01:39aujourd'hui, ce qui est un plus bas depuis 2-3 mois maintenant à 15 jours évidemment
01:45de l'élection présidentielle américaine, nous en parlerons dans quelques instants avec
01:49nos invités de Planète Marché et puis dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse,
01:52nous évoquerons le thème d'investissement de la mobilité ou des mobilités avec des
01:57acteurs qui semblent entrer désormais dans l'âge de la rentabilité, nous en parlerons
02:02avec les équipes de Brian Garnier, c'est Florent Roulet, spécialiste de ce sujet de
02:06mobilité chez Brian Garnier qui sera avec nous en plateau à partir de 17h45.
02:10Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, les infos clés du jour sur
02:24les marchés avec Pauline Grattel, Pauline bonsoir, le mouvement clé qu'on observe
02:28depuis quelques jours et quelques semaines maintenant, c'est le retour des tensions sur
02:32les marchés obligataires, à commencer par le marché obligataire américain à deux semaines
02:36de l'élection présidentielle.
02:38Oui, le rendement de l'obligation américaine à dix ans remonte encore aujourd'hui pour
02:42s'établir autour des 4,25%, le taux américain à deux ans, lui, tourne autour des 4,05%.
02:48Du côté des devises, le dollar poursuit sa remontée avec un euro dollar désormais
02:53sous 1,08%. Du côté de la politique monétaire, la Banque centrale du Canada a baissé pour
02:58la quatrième fois son principal taux directeur, le ramenant à 3,75%. A noter que la Banque
03:04centrale du Canada a choisi cette fois d'augmenter l'ampleur de sa baisse de taux à 0,5 points.
03:09Du côté des marchés actions, les indices évoluent au rythme des publications trimestrielles.
03:13Oui, en Europe, les indices évoluent aujourd'hui en ordre dispersé. En France, le CAC 40 a
03:17réduit ses pertes au fur et à mesure de la séance pour remonter autour des 7500 points,
03:23freiné par l'Oréal qui cède 4% après sa publication trimestrielle. Sans surprise,
03:27le groupe fait état d'une faible consommation en Chine.
03:30Oui, l'Oréal qui a vu son titre déjà baisser de 20% en quelques mois à cause justement
03:35de ce facteur chinois et de la détérioration des ventes observées en Chine.
03:39Oui, justement, en Asie du Nord, l'entreprise fait état d'une baisse de 6,5% de son chiffre
03:44d'affaires du troisième trimestre en données comparables. Au global, l'Oréal annonce
03:48une croissance de ses ventes de 3,4%. C'est moins qu'attendu. La dernière fois que l'entreprise
03:53a connu une croissance aussi faible de ses ventes, c'était pendant le Covid.
03:57La publication de Thales était également attendue.
04:00Oui, l'entreprise fait état de prise de commandes en hausse de 23% en données organiques
04:04sur les 9 premiers mois de l'année. Sur le troisième trimestre uniquement, les commandes
04:08progressent de 22% et le groupe confirme ses objectifs annuels. Les investisseurs en attendaient
04:13plus, le titre recule de 2%.
04:15Air Liquide fait partie également des groupes qui ont publié leur point d'activité
04:20aujourd'hui. Air Liquide qui confirme par ailleurs ses prévisions financières pour 2024.
04:24Oui, après un trimestre jugé solide par l'entreprise et malgré un léger recul du
04:29chiffre d'affaires sur le troisième trimestre de 0,7%. Le titre recule légèrement tout
04:34comme celui de Vivendi d'ailleurs qui fait également état d'un trimestre solide avec
04:38un chiffre d'affaires à presque 5 milliards d'euros.
04:41Or, CAC 40, on notera la star du jour, ID Logistics.
04:45Oui, le titre gagne 10% après sa publication. Le groupe fait état de facturation en hausse
04:50de 20% sur le troisième trimestre grâce notamment à une forte activité en Amérique
04:54du Nord et à une reprise en France.
04:56Et puis aux Etats-Unis, l'affaire Boeing se poursuit. Les salariés doivent se prononcer
05:01sur la nouvelle proposition qui a été faite par la direction après 5 semaines de grève.
05:06Le titre ouvrait en baisse tout à l'heure à Wall Street.
05:08Oui, Boeing fait état sans surprise d'une perte nette abyssale de 6 milliards de dollars
05:13sur le seul troisième trimestre à cause justement de cette grève qui dure depuis
05:17un mois et demi et qui mobilise 30 000 salariés.
05:21Quel sera le programme de demain pour les investisseurs sur les marchés, Pauline ?
05:24Côté macro, les investisseurs prendront connaissance des PMI préliminaires en zone
05:28euro aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni pour le mois d'octobre. Ils arbitreront les résultats
05:32de Kering et Tesla. Demain, en France, les chiffres d'affaires de Hermès, Vinci, Dassault,
05:39Danone, Orange, Accor, Renault et Edenred seront publiés. Et côté micro, aux Etats-Unis,
05:44on attend les résultats de UPS et American Airlines.
05:47Pauline Grattel est avec nous chaque soir en ouverture de Smart Bourse. Tendance, mon
05:50ami, pour vous apporter les infos clés du jour sur les marchés.
06:03Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
06:06Julien Kistreber est avec nous, gérant chez Taylor Asset Management. Bonsoir Julien.
06:10Bonsoir.
06:11Mabrouk Chetouane nous accompagne également, le responsable de la stratégie marché globaux
06:14de Natix 6IM. Bonsoir Mabrouk.
06:16Bonsoir.
06:17Et Xavier Chappard, stratégiste chez LBPM, est à nos côtés également. Bonsoir Xavier.
06:20Bonsoir Grégoire.
06:21Parlons du dollar et des taux souverains américains. Depuis le 18 septembre, le disant américain
06:29a repris plus de 50 points de base. Maintenant, on est à 3,70, on est à 4,25 aujourd'hui
06:34et le dollar n'a cessé de se réapprécier. Je crois qu'on a dû tutoyer sur l'euro-dollar
06:40quasiment 1,12 à un moment au cours du mois de septembre. On se retrouve aujourd'hui
06:44à moins de 1,08. Qu'est-ce qui se joue derrière la fermeté du dollar et la remontée
06:50des rendements souverains américains Xavier ?
06:52Alors pour moi, il y a deux gros facteurs. Il y a le repricing des baisses de taux de
06:55la Fed. Après les bons chiffres qu'on a eu, le marché anticipe beaucoup moins de
06:59baisses de taux de la Fed. C'est même un peu limité alors qu'ils exagéraient après
07:05la baisse de 50 points de base de la Fed en septembre. Là maintenant, il n'y a même
07:09plus de baisses de taux totales pricées pour la fin de l'année et surtout pour l'année
07:13prochaine, il y a aussi beaucoup moins de baisses de taux pricées. Et la deuxième
07:17chose, c'est la remontée de Trump dans les probabilités de victoire pour les élections
07:22américaines. Et notamment pour le dollar, ça c'est un très fort soutien vu que toutes
07:28les politiques prévoient à Trump sont pro-dollar, même si lui officiellement dit « je voudrais
07:33un dollar plus faible », tout ce qu'il propose est plutôt renforcé.
07:38Sur la Fed, qu'est-ce que vous dites du repricing ? Est-ce que les données justifient
07:44effectivement ce mouvement de marché de réduire le nombre de baisses de taux attendues de
07:51la part de la réserve fédérale américaine ?
07:53C'est vrai que toutes les dernières données qu'on a sont plutôt plus fortes qu'attendues,
07:58que ce soit côté inflation ou côté consommation. Donc ça explique pourquoi il y a ce repricing.
08:03Il y a aussi le fait que le marché avait exagéré après la première baisse de taux
08:07de 50 points de basse. C'était quasiment sûr que la Fed allait continuer à baisser
08:11ses taux à ce rythme-là.
08:12On avait pris le pas de 50 comme étant un pas normal ?
08:15Un petit peu, voilà. En fait, on observe beaucoup d'oscillations dans les anticipations
08:22parce qu'il y a une incertitude sur la vitesse à laquelle la Fed peut baisser ses taux et
08:27aussi jusqu'où elle peut les baisser, à quel niveau. Et donc tout ça, ça fait qu'on
08:32a ces gros mouvements sur les taux américains. Ce qui est amusant, c'est qu'ils ne se transmettent
08:37pas vraiment sur la courbe. En fait, tous les taux, que ce soit les taux courts ou les
08:40taux longs, bougent à peu près en même temps, ce qui montre cette incertitude. Et
08:44nous, on trouve qu'au niveau actuel et avant les élections américaines, ça devient intéressant
08:49de revenir sur les taux longs américains.
08:51D'accord. Le marché a peut-être été un peu loin de ce point de vue-là. Je ne sais
08:55pas si la Fed continuera avec des pas de 50. Ce n'est pas ce que le marché attend et même
08:59j'imagine ce que la Fed prévoit aujourd'hui. En revanche, le pas de 50 est adopté par
09:04d'autres banques centrales. J'ai vu il y a quelques temps, je crois que c'était la
09:06Banque centrale de Nouvelle-Zélande. Là, c'est la Banque centrale du Canada qui avait
09:10fait 3 fois 25 et là, qui fait une fois 50. Et puis, on a une probabilité pour une BCE
09:17qui baisserait de 50 en décembre, qui est en train de s'équilibrer autour de 50-50.
09:21Oui, c'est vrai. Alors autant, je n'y croyais pas du tout que la BCE puisse baisser de 50
09:26points de base c'est tôt en décembre. J'y crois toujours pas, mais je ne l'exclue
09:32plus. Notamment parce que les discours des banquiers centraux, en ce moment, il y a les
09:38réunions du FMI, donc il y a beaucoup de banquiers centraux qui parlent. Et on voit
09:42que même la garde n'a pas fermé la porte. Elle a dit qu'on regardera les données et
09:47tout ça, mais elle n'a pas fermé la porte. Le sens du voyage est clair, le rythme est
09:50encore à définir. Exactement. Et Villeroy de Gallo, le président de la Banque de France
09:57aussi, a dit à peu près la même chose. Et puis d'autres membres de la BCE. Donc, on
10:02voit qu'il y a une tentation, on va dire. Cela dit, il semble quand même qu'il faudrait
10:08des très mauvaises surprises, notamment demain avec les PMI, on va voir. Mais si on n'a pas
10:14de très mauvaises surprises, ce serait quand même étonnant que la BCE accélère autant.
10:18Il faudrait que le flux de données change fortement par rapport à ce qu'on anticipe
10:21déjà aujourd'hui. Exactement. D'accord. Mario Santenho aussi, je crois, le portugais,
10:25qui a dit que ce sont les données qui dicteront si nous devons faire 25 ou 50 en décembre.
10:30Tout à fait. Bon, sur ces histoires de banque centrale, je reviens à la question du dollar
10:35et des taux américains. Mais effectivement, c'est aussi un jeu un peu différentiel entre
10:38la Fed et d'autres banques centrales dans le monde. Qu'est-ce que vous dites du repricing
10:43que le marché a effectué ces derniers temps ? A savoir, la BCE ira plus vite, plus fort
10:47que ce qu'on imaginait ? La Fed, quant à elle, sera peut-être un peu plus sur la retenue.
10:52En fait, je pense que c'est vraiment une question de communication concernant la Fed. Est-ce
10:57que la BCE ira plus vite et plus fort ? Il n'y a pas de raison. Il n'y a pas de raison
11:02que la BCE en fasse plus. Non, il n'y a pas de raison à ce stade puisque finalement,
11:05encore une fois, on a une économie européenne qui est extrêmement hétérogène. On a effectivement
11:09une économie espagnole qui croit quasiment au même rythme que l'économie américaine.
11:13Ça, on a tendance à l'oublier. Et l'économie allemande, finalement, continue de souffrir
11:16des mêmes travers que ceux qu'on a observés l'an dernier. Donc, on aura une croissance
11:20quasi nulle cette année, comme l'an dernier. Au fond, ce n'est pas une surprise. Le problème,
11:25finalement, de la zone euro et de la BCE, c'est de gérer cette hétérogénéité.
11:29Donc, est-ce qu'en faire 50 points de base de baisse de taux, ça va arranger la donne ?
11:34Non, ce n'est pas vraiment ça qui va changer la direction, finalement, de la politique
11:38monétaire et surtout ses conséquences. Ça, à mon avis, ce n'est pas ça vraiment le
11:42problème. Le problème, il est d'ordre stratégique concernant l'Allemagne et concernant toutes
11:45les économies manufacturières par ailleurs. Mais ce qui est très intéressant, en fait,
11:49concernant justement, si on revient sur le dollar, c'est cet écart, en fait, de communication.
11:53À mon avis, le marché, et je suis d'accord, hésite. Hésite, effectivement, concernant
11:57la Fed sur l'ampleur des baisses de taux, combien, à quel moment, etc. Et en fait,
12:03l'objectif de la Fed, il était assez clair, et je pense qu'ils n'ont pas très bien communiqué
12:06là-dessus. Pour une fois, on peut le dire, effectivement, Paul, il n'a pas été tout
12:08à fait clair. C'est qu'en fait, l'objectif recherché par la Fed n'est pas d'introduire
12:12de l'accommodation monétaire pour soutenir une économie américaine qu'on peut dire
12:15qui est quasiment sous stéroïde, qui ne s'arrête pas. Donc, l'idée, c'est de tout simplement
12:19ramener, en fait, la politique monétaire à un niveau qui est compatible avec le niveau
12:22de croissance nominale, on va dire, de l'économie américaine. On a un peu d'inflation, effectivement,
12:28donc totale et sous-jacente, un peu sous-jacente d'ailleurs, qui est d'ailleurs assez forte.
12:32Une croissance économique qui est au-delà de 2%, ça, c'est clair pour tout le monde.
12:36Et donc, aujourd'hui, finalement, la question, c'est de dire, le taux terminal, c'est vraiment
12:39la vraie question, il doit être où ? À la fin de l'année 2024, à la fin de l'année
12:442025 ? Et en fait, on se rend compte que, finalement, un taux terminal qui sera en dessous, finalement,
12:48de 4%, ça n'a pas vraiment de sens aujourd'hui. Peut-être qu'il en faudrait un tout petit
12:51peu plus. Et donc, ça, ça suffit, effectivement, à avoir un dollar qui se raffermit, effectivement.
12:57Et par ailleurs, ce qu'il faut souligner aussi, c'est que, quel que soit le scénario,
13:02puisque le dollar réagit à tout un tas de facteurs, différentiel de politique monétaire,
13:06différentiel de croissance, mais également des scénarios de risque. Et on voit bien que
13:09les risques, aujourd'hui, sont multiples. Les risques, effectivement, liés à l'élection
13:12américaine, avec la possible, effectivement, guerre tarifaire. Alors, juste un point, la
13:18guerre commerciale engendre, généralement, plutôt une baisse du dollar, donc une baisse
13:22temporaire. Effectivement, on le voit à chaque fois qu'on a eu le politique qui s'est mêlée,
13:26effectivement, de ces affaires commerciales pour rééquilibrer toujours...
13:29C'est un ajustement par la devise de l'augmentation des prix des importations, quoi.
13:32En fait, toujours. C'est-à-dire qu'en gros, l'objectif final, on verra Trump communiquer
13:35là-dessus, c'est rééquilibrer ce fameux déficit extérieur.
13:38Ça va être une vieille rengaine qui va revenir. Nixon l'a fait. Tout le monde, tous l'ont fait.
13:43Et ça a provoqué la même chose à chaque fois, une dépréciation temporaire du dollar.
13:48Biden aussi s'en est mêlé. Et donc, in fine, effectivement, cette économie, effectivement,
13:54américaine et cette situation de risque potentiel est toujours à la faveur du dollar.
13:59Dès qu'on a, finalement, une situation de tension, quelque part, qui se manifeste, on va
14:03vers la valeur refuge. Donc, en fait, aujourd'hui, tout milite pour que le dollar continue de
14:07s'apprécier ou reste à ces niveaux d'appréciation relativement élevés, que ce soit contre l'euro,
14:12contre le yen ou même contre le yuan, puisque au fond, fondamentalement, l'ennemi public
14:16numéro un des Etats-Unis, c'est la Chine.
14:18La Chine, c'est les Etats-Unis, peut-être.
14:20Exactement.
14:21Ça marche dans l'inverse.
14:21Et vice versa. Mais donc, le problème, c'est que... Allez-y.
14:24Non, non. Je reviens à l'idée de la BCE. J'entends le point sur la Fed de dire le taux
14:28terminal n'a pas besoin d'amener le niveau de politique monétaire en zone d'accommodation.
14:35Et vous dites, pour la BCE, ce débat-là, il n'est pas...
14:39C'est une question de trajectoire, encore une fois. C'est que la trajectoire pour la BCE est assez claire.
14:44Ils ont entamé, effectivement, des baisses de taux, pas à un rythme aussi, entre guillemets,
14:47fort, effectivement, que la Fed. Ils n'ont pas éprouvé le besoin de baisser de 50 points de base
14:52le taux d'intérêt directeur. Eux, ils le font de manière plus proche.
14:54Et on s'arrête à 2,25 ou à 1,75 ?
14:56Non, mais ils n'ont pas...
14:57C'est-à-dire, ça fait une petite différence, quand même, à l'arrivée.
15:00Oui, mais d'accord, mais là, vous faites l'hypothèse qu'ils vont s'arrêter quelque part en 2025.
15:04Mais moi, l'idée, en fait... Ou en 2024, pardon. Mais là, l'idée, en fait, c'est de dire, au fond,
15:07s'ils ancrent les anticipations en disant, nous allons baisser de manière continuelle les taux d'intérêt
15:11jusqu'à la fin de l'année et, jouons sur 2025, ça suffit, en fait, à comprimer les taux.
15:17Le signal est suffisant.
15:18En fait, ce qui compte, c'est la com. Et le dernier point, le plus important, c'est qu'en fait, on est en train de...
15:22Donc, ils vont abandonner l'idée du meeting par meeting, data dependency, etc.
15:26À un moment, ils vont dropper ces petites phrases du communiqué qui laissent entendre
15:30qu'on maintiendra les taux à un niveau aussi restrictif que nécessaire, tant que...
15:34Si la situation économique ne s'améliore pas, ce qui est une hypothèse...
15:37Elle existe toujours, cette phrase, hein ?
15:38Oui. Non, mais le problème, c'est que si la situation économique ne s'améliore pas,
15:41ce qui est un truc qu'on ne peut pas exclure, évidemment, là, effectivement, cette phrase reviendra.
15:44Et le dernier point sur lequel j'aimerais insister, c'est qu'on est en train de revivre la même situation que l'an dernier.
15:49C'est-à-dire qu'en gros, à la même époque, on avait, en fait, des taux américains qui avaient atteint 5 %.
15:53Je ne sais pas si vous vous en rappelez.
15:54Oui, bien sûr.
15:54À un moment donné, on disait qu'est-ce qui s'est...
15:57Ouais, autour... Enfin, octobre... Oui, c'est ça.
15:59Septembre, je crois.
16:00Ouais, ouais.
16:01Octobre, ok.
16:01Peu importe.
16:03Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est que c'était un taux d'intérêt qui était beaucoup trop élevé, effectivement,
16:06pour l'économie américaine, et Powell était intervenu en disant
16:09« Nous allons, effectivement, faire quelque chose. »
16:11Je pense qu'il va se passer rigoureusement la même chose cette année, encore.
16:14Donc, une intervention de la Fed pour clarifier le message.
16:16Le message n'est pas clair.
16:17Et donc, mettre une pression baissière sur les taux longs.
16:20D'accord.
16:21Vous avez...
16:22Sur les perspectives de la BCE.
16:24C'est vrai qu'à la dernière réunion, ils ont maintenu le fait de dire
16:28« On fait meeting par meeting, on ne se préengage pas,
16:31on veut maintenir une politique légèrement restrictive,
16:33même si on réduit cette restriction petit à petit, tout ça. »
16:37Mais on a appris après qu'il y avait eu des débats, quand même.
16:39Même si la décision de baisser de 25 points de base était unanime,
16:42il y a des débats là-dessus.
16:43Et donc, ça va être dans les prochains meetings, à priori.
16:45La BCE va continuer à baisser de 25 points de base par meeting,
16:49mais elle devrait ajuster ce...
16:52En décembre, elle arrêtera de nous dire qu'elle veut maintenir
16:54des taux à des niveaux restrictifs aussi longtemps que nécessaire.
16:58Elle continuera à dire que ça sera dépendant des données,
17:00meeting par meeting, mais elle devrait arrêter de dire que c'est restrictif
17:03parce qu'elle va s'approcher du taux d'équilibre.
17:05Je pense que c'est vraiment le truc qui manque à la BCE,
17:06c'est d'ancrer, en fait, une direction très claire sur la politique monétaire.
17:11Ça va baisser, ne vous inquiétez pas, on n'est pas là pour
17:13effectivement avoir des conditions restrictives.
17:15On est conscients de la situation.
17:16Il faut effectivement avoir une politique monétaire qui soit en phase
17:19avec la réalité économique de la zone euro.
17:21Bon, une fois qu'on a dit ça, le dollar qui remonte, Julien.
17:25Quel signal ça envoie pour un investisseur, un gérant actions, par exemple ?
17:32Et est-ce que ça peut être pénalisant d'avoir un dollar trop fort aujourd'hui
17:37pour un certain nombre de pays ?
17:39Ça dépend où on investit.
17:40Ça dépend où on est.
17:41Tout à fait.
17:41Non, mais juste pour rebondir là-dessus, sur ce qu'on a dit au préalable,
17:45effectivement, on a une BCE qui, à mon sens, a envie de baisser beaucoup plus
17:50parce que les taux réels sont beaucoup trop hauts en Europe.
17:52Ça, c'est une certitude.
17:54En tout cas, au vu de la croissance, l'endettement des États, etc.
17:58Donc, on aurait besoin d'un peu plus de jus.
17:59Ça, c'est très, très clair.
18:01Maintenant, on sait toujours se décorréler trop vite de la politique de la Fed.
18:05C'est compliqué.
18:06On le voit sur les taux de change, ce que ça peut faire.
18:09Et l'inflation importée peut quand même être un sujet au niveau européen.
18:15Donc, globalement, je pense que la BCE voudrait baisser plus vite, mais c'est un petit peu…
18:20Il y a une limite à cette tentation, à cette volonté.
18:23Exactement.
18:24Après, sur les devises, c'est toujours compliqué parce qu'effectivement,
18:26quand on a eu ces annonces il y a quelques semaines,
18:28tout le monde disait que l'euro-dollar allait partir à 1,15, 1,20.
18:32Bon, finalement, il y a toujours l'inverse.
18:34Le marché va toujours là où on ne l'attend pas.
18:36Sur les devises, tout le monde va dans une direction,
18:38Charles, ça part dans l'autre.
18:40Sur les devises, sur le reste…
18:41Et on trouve toujours de bonnes explications à posteriori.
18:44Bon, ça, c'est assez classique.
18:46Et pour revenir sur les investissements, sur la partie obligataire,
18:49effectivement, nous aussi, on pense qu'il faut prendre du taux long américain.
18:53Ça fait sens.
18:54Là, revenu à 4,20, 4,25, ça redevient intéressant.
18:57Ça redevient intéressant.
18:58Après, on verra si Trump arrive, les conséquences vont se produire.
19:01C'est demain, c'est ça.
19:02Mais bon, sur ces niveaux-là, ce n'est pas idiot de commencer à en prendre, en tout cas.
19:06Et puis, il y a aussi le sujet éventuel au Moyen-Orient.
19:08Certains analyses disent que les bombardements sur l'Iran,
19:12ce serait plutôt post-élection.
19:13Donc, on en est assez proche quand même de ce moment-là.
19:17Le risque d'escalade est encore possible devant nous au Moyen-Orient ?
19:21Et ce qu'on avait vu d'ailleurs, ce qui était intéressant,
19:23c'est qu'on a eu quand même ce phénomène de fly-to-quality sur les govises,
19:27en tout cas, quand on a eu les premiers échanges de tir.
19:31Et donc, voilà.
19:32En tout cas, en protection de portefeuille, ce n'est pas idiot d'en mettre un peu.
19:36Et puis, pour revenir sur les sociétés,
19:38je dirais que c'est assez simple, on le voit.
19:41Les actions américaines, bon, c'est un peu la palissade de dire
19:44qu'il faut avancer sur ces actions américaines.
19:46Mais force est de constater que c'est là où la croissance et l'innovation se trouvent.
19:51Donc, rien de nouveau.
19:52Après, le sujet, toujours, c'est jusqu'où ils peuvent aller en termes de déficit.
19:56On a vu que les chiffres étaient annoncés à l'octobre,
19:58mais il n'y a pas de limite.
20:00De ce côté-là...
20:01L'exceptionnalisme américain est sans limite de ce point de vue-là ?
20:03Pas de limite.
20:04Parce que depuis le 18 septembre, oui, l'État a repris 50 points de base.
20:07Le dollar a monté, le S&P a pris 4%.
20:10Ça n'a pas entravé la dynamique de hausse du S&P 500.
20:17Et c'est aussi la tech qui continue d'être...
20:21Parce que si on regarde la consommation, on a des signaux un peu moins positifs.
20:25Starbucks, c'est un peu compliqué.
20:27Heineken vous dit que la consommation américaine, c'est un peu plus compliqué.
20:30On est quand même sur la consommation de base,
20:31on est pas sur des choses éccentriques.
20:34Voilà, donc on a quand même des petits signaux de tension.
20:36Sur l'immobilier, on voit que c'est compliqué.
20:39On est revenu sur des chiffres historiquement bas
20:41parce que les taux d'emprunt sont repassés au-dessus des 7%.
20:43Tout de suite, dès que la fête baisse ses taux directeurs,
20:47tout de suite, on voit les taux de mortgage qui remontent.
20:49Le point positif, c'est la baisse du pétrole,
20:51qui là, on le sait, sur le consommateur américain, a un effet assez rapide.
20:55Donc ça, c'était le point positif.
20:58Mais effectivement, on a les États-Unis, notamment la tech,
21:03qui continue de bien progresser.
21:05Et puis le reste du monde, où effectivement, c'est un peu plus compliqué.
21:08Et les actions européennes, les sociétés européennes,
21:10qui sont très présentes sur le marché chinois d'une manière générale,
21:13enfin asiatique, plus une économie européenne qui est un petit peu compliquée,
21:18pour pas dire autre chose, forcément, c'est un peu plus difficile.
21:23Mais bon, après, pour l'instant, on a des niveaux de valorisation
21:26qui sont redevenus un petit peu plus normaux, normatifs.
21:30Pas de choses non plus aberrantes, sauf petites sur les smogs.
21:33L'écart de valo est toujours très large, quoi.
21:35Oui, mais explique.
21:36Oui !
21:36Mais il a pas arrêté de s'écarter.
21:39Alors qu'en gros, tout le monde parlait de la normalisation des écarts de PE,
21:41effectivement, entre les États-Unis et la zone euro,
21:44mais encore une fois, force est de constater, comme vous dites,
21:46que depuis 2016, 2017, bizarrement, depuis l'élection de Trump,
21:50Trump épisode 1, ça n'a jamais, entre guillemets,
21:54mine révertée, comme on dit, jamais...
21:56Il n'y a jamais eu de résorption de cet écart de valorisation grandissant
22:00entre les actions américaines et européennes.
22:01On connaît les biais tech, etc., donc on l'explique assez facilement,
22:04mais on aurait pu penser que, finalement, même quand on prend un équalité,
22:08c'est-à-dire qu'en gros, quand on lisse les biais, entre guillemets,
22:11de ce facteur de capitalisation, on voit bien que ça s'écarte encore.
22:15Donc oui, effectivement, il y a cet exceptionnalisme américain,
22:19boosté, effectivement, par les 7 500 milliards de projections médianes
22:23de déficit supplémentaire de Trump.
22:26Ça, c'est des projections médianes, c'est fantastique,
22:27parce que la projection haute, c'est 15 000.
22:30Genre, nos limites, on y va.
22:32– Et puis, si on prend sur les résultats,
22:35vous prenez les baisses de taxes proposées par Trump.
22:38C'est-à-dire, s'il y avait une vague rouge
22:41et qu'il puisse baisser les taxes sur les corporate à 15 %,
22:45ça vous fait un boost de 5 % sur les bénéfices du S&P.
22:49En parallèle, en France, si on regarde ce qui se passe,
22:53les propositions, ça devrait plutôt réduire de 2, 3 %
22:57les bénéfices du CAC l'année prochaine.
22:59Avec des bénéfices du S&P qui sont à 15 % attendus pour l'an prochain.
23:03Donc, 15 plus 5, 20, on est déjà, entre guillemets,
23:05on fait du x2 par rapport à ce qui est attendu pour cette année.
23:08En moyenne, encore une fois.
23:09– Donc, Trump, c'est bon pour les actions,
23:11parce qu'on est d'accord, tout le monde est d'accord
23:13pour dire que c'est inflationniste,
23:15que c'est potentiellement, effectivement, négatif obligataire,
23:18enfin, je veux dire, pour la duration et les taux longs,
23:21mais c'est positive action.
23:22– Je regardais, si vous prenez le dollar, les taux longs
23:25et les performances des actions américaines
23:27versus le reste du monde, ça suit exactement, depuis cet été,
23:31la probabilité de victoire dans les paris en ligne ou tout ça.
23:35Et en gros, on est passé de mi-septembre,
23:38où tous les marchés étaient d'accord,
23:40pour que la chance de victoire de Trump, ça soit un tiers,
23:42à deux tiers maintenant.
23:45Et on voit que, après, il faut voir que les actions américaines,
23:49ce n'est pas l'économie américaine.
23:51– Non.
23:51– Donc, une victoire de Trump, c'est bon pour les actions…
23:55– Ça dépend, ça dépend des indices qu'on regarde.
23:58Est-ce que c'est bon pour le Nasdaq ?
23:59Est-ce que c'est bon pour le Russell 2000 ?
24:01– C'est bon pour tout le monde, avec une baisse de taux d'impôt sur les sociétés
24:05qui va être de l'ordre, allez, à la louche,
24:07où Trump parle de 15%, effectivement,
24:09donc, à ramener ce taux de taxes de 28 à 15,
24:11imaginez, effectivement, l'impact sur les petites, les moyennes et les larges,
24:15c'est la même chose.
24:17Donc, là, il ne faut pas faire de discrimination entre guillemets,
24:20il faut acheter, entre guillemets, le marché américain.
24:21– Et même si le marché se fait peur sur les déficits américains,
24:24l'ampleur, l'avenir des déficits américains,
24:26ça pourra rester bon pour le marché de l'action.
24:28– La question, c'est que le déficit, aujourd'hui, est déjà titanesque.
24:31Honnêtement, quand vous regardez, effectivement, une économie américaine
24:33qui affiche un déficit budgétaire de 6-7%,
24:35aujourd'hui, ça fait même plus peur à qui que ce soit.
24:37– Ben non, même pas à la France.
24:38– La France s'amuse, effectivement, à faire ça,
24:39ce n'est pas le même tarif, effectivement.
24:41Et donc, résultat des courses, pourquoi, effectivement,
24:44cette économie américaine, ce déficit ne fait plus peur ?
24:46L'économie américaine génère de la croissance,
24:48on en parlait tout à l'heure, où se situe la croissance ?
24:50Où se situe l'innovation ? Elle se situe aux Etats-Unis.
24:53Et donc, est-ce qu'on va aller financer, effectivement, le déficit américain ?
24:56Ben, la réponse est oui, en fait, tout simplement,
24:58puisque c'est là-bas qu'on est sûr.
24:59– Et chaque euro de déficit, chaque dollar de déficit supplémentaire,
25:02en l'occurrence, générera toujours autant de croissance demain
25:06ou est-ce qu'il y a quand même l'idée, à un moment ?
25:08– Sous Biden, c'est exactement ce qui s'est passé,
25:10c'est-à-dire qu'en gros, le dollar de déficit supplémentaire,
25:13via, effectivement, ces politiques de promotion de l'investissement
25:17sur le sol américain, a généré de la croissance.
25:18– D'accord, mais est-ce qu'il en génère autant qu'avant ?
25:21– Même si ça ne génère pas de croissance,
25:22si vous avez un dollar de déficit en plus,
25:25vous avez un dollar en plus de revenus pour le secteur privé,
25:29donc ou pour les ménages ou pour les entreprises.
25:31– J'entends, j'entends.
25:32– C'est un prêt, si vous considérez que…
25:33– J'entends, j'entends, oui, oui, j'entends.
25:35– … il faudra reprendre, mais…
25:36Donc, c'est un cadeau à court terme pour le secteur privé.
25:40– Une seule question qui reste franchement en suspens,
25:42c'est celle, enfin, je regardais ça tout à l'heure,
25:45c'est celle de ce qu'on appelle la dominance fiscale.
25:47C'est-à-dire qu'en gros, à un moment donné,
25:49si on fait un simple calcul de comptables,
25:52vous rajoutez un peu comme ça tous ces milliers de milliards de déficit,
25:56on arriverait à un horizon de 2035,
25:59à un truc, à un chiffre qui avoisinerait les 50 000 milliards de déficit.
26:03Bon, ça donne un peu le vertige.
26:05Et donc, dans ce cadre-là, qu'est-ce que fait la réserve fédérale ?
26:09Est-ce qu'elle est au service, effectivement, de l'État ?
26:12Et donc, on revient finalement sur la question
26:14que Trump adore aborder, celle de l'indépendance de la Fed.
26:18En fait, un moyen de la rendre dépendante sans, effectivement,
26:21briser ses statuts, c'est de dire…
26:22– C'est de gonfler le déficit.
26:23– Exactement.
26:23Et donc, là, on rentre dans une vieille thématique du financement du seigneur.
26:27– Là, pour l'instant, il y a une coïncidence d'intérêt.
26:29C'est-à-dire que la désinflation permet à la Fed
26:34de se donner un peu de marge de manœuvre
26:36et d'en donner aussi au Trésor américain.
26:37– A ceci près qu'encore une fois…
26:38– Si demain, l'inflation arrête de baisser, est-ce que la Fed…
26:42– Ce qui va être le cas.
26:43– Est-ce que la Fed peut continuer ?
26:45– Du taux terminal.
26:46Et donc, si vous avez un taux terminal à 4,
26:47c'est compliqué d'avoir un déficit qui croit…
26:50– Et c'est là le risque Trump pour les actions ou pour les actifs financiers.
26:54Le plus gros risque, aux États-Unis en tout cas,
26:57c'est s'il y a des doutes sur la Fed, en fait,
27:00et sur l'indépendance de la Fed, et donc un désancrage des taux longs.
27:04Et dans ces cas-là, là, ça sera plus bon pour les actions américaines.
27:08– Le job le plus facile du monde, c'est ce qu'il a dit la semaine dernière.
27:11– Mais la garde l'a invité à venir…
27:13– Oui, oui, j'ai vu la réponse, génial !
27:14Parce qu'il dit, une fois toutes les 6 semaines, vous êtes dieu sur terre,
27:17il suffit de lancer une caisse en l'air pour savoir s'il faut monter ou baisser les taux.
27:20– Magnifique.
27:21– Donc voilà, on a demandé à Christine Lagarde ce qu'elle en pensait hier,
27:25et elle a répondu, j'invite Donald Trump à venir voir
27:27comment on travaille à la Banque Centrale Européenne
27:29pour préparer des décisions de politique monétaire.
27:31Parlons des entreprises, Julien, là, on est au début,
27:34en tout cas, en cours de publication de résultats et de chiffres d'affaires.
27:40Qu'est-ce qui saute un peu aux yeux ?
27:42Il y a évidemment le facteur chinois, là, on parle de L'Oréal aujourd'hui,
27:45il y a eu l'épisode de LVMH déjà.
27:49Est-ce que le marché peut quand même se dire que ces chiffres appartiennent au passé
27:53et que l'histoire chinoise change, notamment depuis le 24 septembre
27:57et le début d'un rythme d'annonce soutenu ?
28:01Qu'est-ce que vous dites sur ce sujet-là ?
28:02– Sur la Chine, objectivement, je n'y crois pas beaucoup, en fait, à la relance.
28:06Après, que ça se stabilise, c'est déjà une bonne chose, c'était quand même l'enjeu.
28:11Après, sur une reprise forte de l'économie chinoise,
28:14ça, clairement, je n'y crois pas du tout,
28:17parce qu'on a un environnement, évidemment, qui est complexe chez eux.
28:21L'immobilier, il y a des stocks de plus de deux ans de logements vacants,
28:25donc ça ne va pas se résorber du jour au lendemain.
28:28– 90 millions de logements vides.
28:29– Oui, c'est monstrueux, donc on a quand même ces phénomènes-là
28:32qui vont perdurer quelque temps, plus les sanctions économiques,
28:37les tensions géopolitiques, enfin, tout ça fait qu'on est quand même
28:39dans un environnement qui est assez compliqué
28:42pour une reprise rapide de l'économie chinoise.
28:46– Donc vous n'attendez pas d'effet d'entraînement particulier
28:48pour des entreprises européennes exposées au marché chinois, par exemple ?
28:52– Non, et puis aujourd'hui, l'économie chinoise devient presque un problème,
28:58notamment sur l'automobile, on voit toutes les discussions,
29:01BYD qui arrive en Europe de manière de plus en plus agressive,
29:04donc je dirais que ce n'est plus un relais de croissance,
29:07en tout cas pour les constructeurs européens, c'est devenu un problème.
29:11– Ça devient de plus en plus frictionnel.
29:12– Et maintenant, ils viennent les attaquer chez eux,
29:14donc je dirais que parce qu'ils n'ont plus la demande aussi forte chez eux,
29:19donc ils vont chercher à l'extérieur, et là ça devient,
29:22je dirais pour certaines sociétés européennes,
29:25c'est plus l'eldorado, c'est devenu un problème.
29:27– Oui, c'est ça, la coupe est pleine même.
29:29– Oui, donc on a un petit peu inversé, en tout cas les perspectives de ce point de vue-là.
29:35– Et ça veut dire pour le luxe, concrètement,
29:36parce que, pour qu'on en parle, parce que c'est quand même un secteur important,
29:39c'est que des poids lourds, type LVMH ou L'Oréal,
29:42ça compte beaucoup dans la cote européenne et française.
29:46Oui, le rythme de progression boursière du luxe des dernières années
29:52est totalement anormal, était totalement anormal par rapport à la norme
29:56qu'on aura demain, dans les prochaines années, le cycle est différent désormais.
30:00– Vraisemblablement, sauf si on a des pays comme l'Inde
30:02qui se mettent à prendre le relais de manière importante,
30:05mais en tout cas, à court terme, on aura effectivement,
30:08ça se voit dans les multiples, LVMH qui était à plus de 30 fois,
30:11on est revenu autour de 20, ce qui est bonhomme à l'an, la moyenne historique,
30:15donc il n'y a rien d'aberrant.
30:16– Ça nous ramène à des rythmes qu'on pouvait connaître,
30:19enfin des PE et des rythmes de progression qu'on pouvait connaître
30:21avant les années folles Covid et post-Covid.
30:24– Exactement, ce qui ne veut pas dire que ce n'est pas des bonnes sociétés.
30:26– Non, c'est pas ce que je dis, mais c'est sûr que les rythmes de croissance
30:30très importants qu'on a pu connaître, voilà, et c'est pareil sur l'automobile,
30:35pour faire le lien, il y a quelques années, je me rappelle,
30:38quand le secteur automobile faisait 4, 5, 6 de marge opérationnelle
30:41sur les constructeurs de masse, – C'était la gloire.
30:43– Très bien, et puis il y a eu le Covid, les problèmes de logistique,
30:47et puis on est monté, dans certaines zones, à des taux de marge à deux chiffres,
30:51et puis bon, on se rend compte que finalement, quand ça se normalise,
30:54tout ça, le new normal n'était pas…
30:56– D'ailleurs, les PE du secteur n'ont jamais acheté l'idée
31:00que les marges à deux chiffres allaient devenir la norme
31:02pour les constructeurs et assembleurs automobiles.
31:04– Ça c'est vrai. – Le marché a été assez visionnaire là-dessus.
31:06– Donc voilà, et après, il y a eu quand même des…
31:09– Oui, des histoires.
31:10– Des produits, vous voyez, tous les structurés, par exemple,
31:12qui ont été faits sur le secteur automobile,
31:14il y en a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup,
31:16je ne suis pas sûr que les autocolls vont être rappelés à échéance, quoi.
31:20– Oui, oui.
31:21– Voilà, on verra les niveaux de barrière désactivantes,
31:22mais en tout cas, oui, ça va être…
31:24– Bien vu, ça a été un sous-jacent privilégié
31:27pour la construction de produits structurés.
31:29– Le pétrole, les banques, enfin les financières,
31:31puis l'automobile, les grands classiques,
31:34voilà, même s'il y a d'autres choses à faire,
31:35mais en tout cas, oui, c'était des sous-jacents privilégiés,
31:37donc là-dessus, c'est sûr que ça va être un peu compliqué pour revoir le prix.
31:42Voilà, donc la Chine, on n'y croit pas particulièrement,
31:47on en avait un tout petit peu quand c'était très bas,
31:49en se disant, il y a peut-être un call value à faire,
31:51bon, on a eu la chance de voir un rebond un peu fantastique.
31:54– Mais ça y est, c'est déjà un point de sortie pour vous, quoi.
31:56– Oui, on est déjà sortis, c'est ça, on est sortis très rapidement,
31:59bon, c'était un call value pour dire que, voilà, on rejouait quelque chose.
32:03– Mais même le signal de marché, vous n'avez pas envie de suivre plus que ça ?
32:07– Non. – J'entends.
32:08Signal de marché, signal macro, qu'est-ce que vous dites de la Chine ?
32:12– Le signal macro est très faible, c'est-à-dire qu'en gros,
32:14le problème qu'on a, c'est qu'on a une politique monétaire
32:16qui a un seul objectif, enfin on va dire expansionniste,
32:19avec toutes les mesures qui ont été mises en place,
32:21c'est d'enrayer la déflation immobilière,
32:23mais ça va prendre beaucoup plus de temps que prévu
32:24parce que le décalage entre le stock d'offres et finalement la demande,
32:28il est tel que finalement les pressions déflationnistes, elles sont toujours là.
32:31Le problème aussi, c'est que quand vous regardez la croissance de la masse monétaire
32:34qui est un peu en fait une espèce d'indicateur de, finalement,
32:37des tensions nominales aussi qui peuvent régner en Chine,
32:40pour la première fois depuis que la Syrie existe,
32:42en gros, la croissance de M1 est passée en territoire négatif.
32:44Donc du coup, ça veut dire que là, il n'y a pas que le secteur immobilier
32:48qui subit la déflation, il y a possiblement toute l'économie en fait.
32:51Et en fait, le problème, il est là, et donc ça explique…
32:53– On détruit la base monétaire. – Oui, absolument.
32:56Donc là, en fait, c'est inédit pour une économie de la taille de la Chine.
33:00On n'a jamais vu ça en fait, depuis que la Syrie existe.
33:02Et donc du coup, parler de croissance des bénéfices d'une consommation
33:06qui pourrait augmenter dans ce contexte-là,
33:08un contexte de défiance de consommation finalement des consommateurs chinois
33:11qui sont en train de subir exactement l'opposé de ce que subissent
33:14effectivement les consommateurs américains,
33:15c'est-à-dire un effet de richesse négatif, c'est compliqué.
33:18Donc c'est extrêmement compliqué pour eux.
33:20Et donc, ce qui manque, le signal macro pour lequel je dis qu'il est faible,
33:23il manque effectivement pour que ça fonctionne,
33:24la seconde patte effectivement du plan, la politique budgétaire expansionniste
33:27qui, encore une fois, au-delà effectivement des promesses, en quelque sorte,
33:31et qui sont encore très vagues et très floues à ce stade,
33:34on n'a rien en fait à se mettre sous la dent.
33:35Et le marché n'a rien à se mettre sous la dent.
33:37Et donc du coup, qu'est-ce qui se passe ?
33:38Le fameux rebond du marché à actions après la publication des annonces
33:44commence effectivement déjà un peu à s'y étaler.
33:46Bon, le rebond est exagéré évidemment.
33:48Donc quand on voit plus de 25, c'est normal qu'on normalise un tout petit peu.
33:51Mais globalement, là aussi, la remontée des taux qu'on avait observée,
33:55on se disait, on a un col croissance grâce à cette politique monétaire,
33:58là aussi, il est en train de s'étaler par ailleurs.
34:01Donc, le marché s'impatiente et le marché n'aime pas attendre.
34:04Donc là du coup, à un moment donné, s'il n'y a pas une réaction, entre guillemets,
34:07de la politique budgétaire de Xi Jinping et de l'administration,
34:10on risque effectivement de détériorer, entre guillemets,
34:13cet espoir de momentum positif au niveau macro.
34:16– Une comparaison qui m'a frappé ces derniers jours,
34:19c'est de voir que le rendement de l'obligation d'État chinoise à 30 ans
34:23est équivalent au rendement de l'obligation d'État japonaise à 30 ans aujourd'hui.
34:27Il y a une convergence de niveaux entre ces deux pays.
34:33– Absolument, mais le ménage chinois en a assez d'être baladé,
34:36entre les marchés d'action qui marchent tant,
34:38le marché au minimum immédiat qui ne marche pas,
34:39donc qu'est-ce qu'il fait, il achète l'obligation à l'État.
34:42– Alors moi, je vais…
34:43– Ouais, sur la Chine quand même, on commence à parler de Chinomics.
34:46Il y a quand même l'idée d'un plan un peu…
34:49Alors de long terme, j'en suis un,
34:50mais il y a quand même l'idée d'un plan un peu stratégique,
34:52j'ai l'impression, parfois, chez certains en tout cas.
34:54– Structurellement, on ne voit pas ce qui change,
34:56et on ne voit pas ce qui pourra améliorer,
34:58donc à moyen terme, ça reste…
35:00– L'histoire structurelle ne change pas ?
35:01– Non, c'est très compliqué, et l'histoire surtout de la recentralisation,
35:05en fait, de toutes les décisions et tout, ne change pas.
35:07C'est intéressant de voir qu'ils vont recapitaliser les banques publiques,
35:12et c'est les grandes banques publiques qui sont capitalisées.
35:15Or, ce n'est pas les banques qui ont des problèmes.
35:17– C'est les banques qui sont déjà surcapitalisées.
35:19– Exactement, mais c'est celles où c'est l'État qui choisit.
35:22– Et c'est quoi le message ?
35:25On va rendre encore plus forts nos banques publiques qui vont s'occuper…
35:30D'accord, ok.
35:31– C'est ça le message, c'est le Président qui décidera
35:35où va être distribué le crédit, tout ça.
35:36Donc ce n'est pas bon pour le long terme, ça je suis d'accord.
35:38Après, à court terme, donc on attend les mesures budgétaires…
35:43– Ils ont créé tellement d'attentes, je n'imagine pas qu'un pouvoir
35:46comme celui de Pékin ne délivre pas quelque chose sur ces aspects-là.
35:50– Et avec un engagement du Politburo, c'est-à-dire du Président Xi directement.
35:53Et donc j'ai du mal à penser qu'ils ne vont pas délivrer ce qu'il faut
35:57pour que ça tienne à court terme.
35:58– Il y a le 5 novembre, peut-être qu'ils laissent passer aussi une date,
36:02une élection présidentielle américaine pour y voir un peu plus clair aussi.
36:05– Il y a aussi que pour annoncer des mesures budgétaires, il faut les voter quand même.
36:08– Je n'avais pas ce détail.
36:10– Le congrès du Parti communiste chinois, c'est à la fin du mois d'octobre.
36:15Et donc, pour annoncer vraiment une augmentation du déficit cette année
36:20ou des nouvelles émissions, il faut attendre ce comité.
36:24On ne sait pas exactement quand c'est, mais c'est fin octobre, début novembre.
36:28– Et vous dites, la balle est dans leur camp, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent pas
36:32ne pas délivrer au moins en partie sur les attentes qu'ils ont créées.
36:35– Exactement, enfin c'est ce qu'on pense.
36:38Et comme le marché reste peu cher, même si…
36:40– Oui, oui, ça peut encore provoquer des…
36:42– On pense qu'à court terme, il y a encore quelque chose à jouer
36:45et ça devrait relancer l'économie à la fin de l'année, début de l'année prochaine,
36:49un peu avant qu'on reprenne la tendance faible de l'économie,
36:54de l'affaiblissement de l'économie chinoise.
36:56– On va rentrer dans le moment de publication des grandes valeurs technologiques
36:59aussi américaines, Julien.
37:02Bon, les banques US, je crois que ça s'est plutôt bien passé, très bien même.
37:06Le luxe français, bien sûr, qui connaît des difficultés.
37:11Sur la partie tech, là aussi, vous le soulignez tout à l'heure,
37:15ce qui a ramené quand même le seigne-pied au plus haut,
37:17c'est aussi les valeurs technologiques.
37:19Elles n'ont pas totalement disparu du paysage.
37:23Qu'est-ce qu'on peut dire des attentes sur ces valeurs ?
37:25Et est-ce qu'elles ont encore la capacité d'être des moteurs de marché
37:30comme elles le sont depuis une bonne paire d'années maintenant ?
37:33– Ça dépend vraiment des sociétés, parce qu'on a des modèles très différents.
37:37C'est vrai que si on regarde un Microsoft avec la partie ISAS, etc.,
37:41donc un modèle assez « résilient », on peut s'attendre en tout cas
37:45à ce que ça continue de bien se passer.
37:47D'NVIDIA, c'est toujours le même sujet, ça reste une activité cyclique.
37:50En ce moment, ils ont le monopole, tout va bien,
37:54ils sont les seuls à avoir la technologie.
37:55Donc je suis en train de commencer à pousser une puce
37:58qui pourrait concurrencer en tout cas la nouvelle génération de puces d'NVIDIA
38:03avec le soutien d'ailleurs des gros investisseurs sur l'IR.
38:06– Tu parles, oui, j'imagine, ils veulent que tu sois un concurrent.
38:09– Voilà, donc…
38:10– Mais ça veut dire que le signal à SML,
38:12c'était peut-être pas le bon signal à suivre sur l'IR ?
38:13– Non, parce que à SML, il y a quand même un gros sujet,
38:16c'est l'effet des sanctions internationales au point de la Chine.
38:18– Oui, on en a beaucoup parlé, le patron de SML, c'est l'un des gens.
38:20– Passer de presque 49% de vente en Chine à 20 et quelques pourcents,
38:25forcément, ça a un petit peu d'impact, c'est assez logique.
38:29Voilà, après, sur le reste, sur SML, on reste sur une société de cycles longs,
38:33avec un carnet de commandes bien rempli.
38:37Je suis plus à l'aise sur SML que sur NVIDIA.
38:40– D'accord, d'accord.
38:41– Clairement parce que…
38:42– Plus de visibilité.
38:43– Puis la probabilité qu'ils se fassent attaquer sur leur marché,
38:45elle est quand même très très faible, contrairement à NVIDIA où on n'est pas…
38:49– Tout le monde le recourt après, quoi.
38:50– Tout le monde essaye, après, ils y arriveront à une vitesse, j'en sais rien,
38:53mais en tout cas, voilà, mais ça reste une valeur cyclique,
38:56on est dans le super cycle, et avec des valeurs où le cycle ne s'arrêtera pas.
39:02Voilà, donc, c'est toujours un sujet, combien de temps ça dure, c'est toujours la même chose,
39:07mais voilà, donc c'est plus sur cette valeur-là où je serai le plus prudent,
39:11parce que pour le reste, globalement,
39:13je n'ai pas d'inquiétudes particulières sur ce qui va sortir.
39:16Donc, c'est vraiment ce point-là, NVIDIA, je pense, et SML, effectivement,
39:22ils ont revu en bas de fourchette,
39:24mais bon, voilà, on est revenu juste sur une valo un peu plus correcte,
39:27et puis, en tout cas, nous, on a plutôt acheté sur la baisse.
39:30– Ah, d'accord, ok.
39:31– Voilà, en considérant que c'était plutôt un point d'entrée.
39:34Alors, c'est vrai qu'à 1 000 euros, ça faisait un peu peur en valorisation,
39:37mais autour de 600, 650, bon, ça reste des prix sur une société
39:42où il y a quand même une très belle visibilité.
39:43Mais c'est vrai qu'il y a eu des messages négatifs aussi des deux opérateurs
39:47qui devaient construire des capacités en Europe,
39:48donc Intel et le deuxième, j'oublie le nom…
39:50– Oui, oui, oui, il y en a eu un autre.
39:53Donc, c'est vrai que c'est des perspectives en moins,
39:55mais globalement, il y a une demande de celui-là.
39:57– Mais il y a TSMC aussi qui a publié entre-temps,
40:00et qui nous dit que c'est encore « booming ».
40:02– Donc, on n'a pas d'inquiétude partout.
40:04– Sur la logique de marché d'investissement,
40:06est-ce qu'on sort quand même un peu…
40:07Alors, on parlait de la décote large entre l'Europe et les États-Unis,
40:12l'innovation est aux États-Unis, la croissance est aux États-Unis,
40:15tout ça est bien acquis.
40:16Est-ce que néanmoins, le régime de marché peut évoluer ?
40:20On a beaucoup parlé de l'idée de la diffusion du rallye,
40:23de voir peut-être d'autres secteurs prendre leur part aussi à la hausse,
40:29d'autres tailles d'entreprises aussi participer à la hausse du marché.
40:33Vous êtes encore dubitatif sur ce point-là ?
40:35– Je suis assez dubitatif, après, il y a du stock-picking à faire.
40:37Ce qu'on disait, il y a un peu de différenciation de performance
40:39entre les acteurs.
40:41Je parlais d'un dossier dont on n'a pas parlé,
40:43mais si vous comparez Deutsche Telekom et Orange,
40:47Deutsche Telekom, il y a une vraie histoire.
40:49Alors, il se trouve qu'ils sont actionnaires de T-Mobile US.
40:52– C'est toujours T-Mobile US qui fait la croissance de Deutsche Telekom.
40:54– C'est ça qui fait la performance.
40:56Mais en tout cas, si vous avez fait le stock-picking en disant,
40:59je fais des télécoms, tout le monde va vous dire,
41:01il ne se passe rien là-dessus.
41:02Finalement, si vous aviez choisi la bonne,
41:05vous avez fait une très jolie performance cette année.
41:07– Adidas, Nike, Unilever, Nestlé,
41:11on peut multiplier les exemples comme ça dans chaque secteur.
41:13– Donc il y a quand même des choses qui se passent.
41:16Après, il y a des choses assez basiques, Unilever,
41:18ils sont très présents même en Inde et au Brésil.
41:21Bon, c'est deux pays où il faut être, c'est assez basique.
41:24Et puis, ils ont fait un gros travail aussi sur leur portefeuille, etc.
41:29Il y a eu du boulot de fait que Nestlé va devoir faire aujourd'hui.
41:33Mais oui, effectivement, il y a des opportunités,
41:35il y a des niveaux de valorisation qui ne sont pas toujours très élevés.
41:39Je pense que sur ces marchés un peu training range,
41:41il faut accepter parfois des tas un petit peu contrariants,
41:44pas que, mais il faut l'être un petit peu.
41:47Et il y a des choses en tout cas qui sont…
41:49Vous voyez, les banques typiquement, quand on a eu le début de la baisse des taux,
41:53on dit, oh là là, c'est la catastrophe.
41:54Tout le secteur a commencé à baisser en disant que si les taux baissent,
41:57il ne faut plus y avoir de secteur là.
41:59Bon, les banques d'Europe du Sud, ça continue de baisser.
42:02Si on revient à Crédit Récolle, il y a une grosse partie des revenus
42:05qui sont liées quand même aux fiches, plus que la marge d'intérêt.
42:08Donc, il n'y a pas de catastrophe, ça vaut 6 fois les résultats.
42:10– Là aussi, en fonction des modèles, des positionnements des uns et des autres,
42:13oui, bien sûr.
42:14Il y a des choses à faire et le secteur bancaire,
42:16clairement, est faiblement valorisé.
42:19– Et ça fait quand même deux ans que c'est un secteur leader
42:21dans la progression boursière.
42:23– C'est sur Internet que vous allez voir un peu considéré comme cyclique.
42:25Quand on est faible PE, chaque trimestre de cash flow positif,
42:30vu votre génération de free cash, c'est important sur la performance.
42:33– Depuis combien de trimestres est-ce que les analystes revoient en permanence
42:37à la hausse les résultats du secteur bancaire ?
42:39Mais ça fait peut-être deux ans maintenant.
42:41– Pour le secteur européen, d'ailleurs, sur le stock 600,
42:43c'est le secteur financier qui aura le plus fort compréhense de l'anticiper.
42:47– Mais ce que Julien disait, effectivement, sur ce peaking différenciant à faire,
42:54c'est valable également sur les géographies.
42:55Donc, encore une fois, j'ai presque envie de dire,
42:58Espagne versus, effectivement, l'Italie.
43:01Ça, pareil, ça marche aussi.
43:03Donc, zone euro versus…
43:04– Espagne versus l'Italie, ouais, d'accord, j'entends.
43:08– Pourtant, on a aussi un gros call bancaire,
43:10mais il y a aussi beaucoup d'utilities,
43:11il y a moins d'exposition au secteur manufacturier, etc.
43:13Donc, il y a une histoire macroéconomique derrière l'Espagne qui tient bien,
43:17et une forme d'immunisation à tout le chaos, finalement,
43:20que peut subir la zone euro.
43:21Et l'Espagne fait partie, en tout cas, à l'IBEX,
43:24des rares indices à voir des révisions positives
43:27au niveau de ses bénéfices pour cette année.
43:28Pour l'Italie ou la France, pour la France,
43:30c'est une histoire un peu particulière.
43:31– On va finir à zéro, nous, en bénéfices.
43:33– Moins négatifs.
43:34– Moins négatifs, d'accord, oui, parce qu'il paraît.
43:36– Donc, on garde le consensus, effectivement.
43:39Mais les attentes, encore une fois, c'est petit,
43:43mais ça reste effectivement négatif.
43:45Donc, en fait, cette thématique relative value, en quelque sorte,
43:48États-Unis, Europe, etc.,
43:50Chine versus, effectivement, d'autres pays d'Asie émergente,
43:54nous, c'est ce qu'on joue, en fait.
43:55Fondamentalement, on a une neutralité dans nos portefeuilles
43:57sur les principales classes d'actifs,
43:59mais au sein de ces grandes classes d'actifs,
44:02bien évidemment, on différencie complètement
44:03l'histoire américaine de l'histoire européenne.
44:05Aujourd'hui, ne pas acheter, finalement, le marché américain
44:08dans le contexte que l'on connaît,
44:10c'est-à-dire, en gros, d'investissements massifs
44:12qui seront promis par les deux candidats, ce sera une faute.
44:15– C'est une faute lourde.
44:16– Oui, c'est une faute lourde.
44:18Non, mais j'aime bien, c'est intéressant, quand même,
44:19de revenir aux fondamentaux et aux bénéfices des entreprises.
44:22Là, c'était un gérant qui me rappelait sur LVMH.
44:25LVMH marque son top de marché boursier en mai-avril 2023,
44:31à plus de 900 euros.
44:33Le point haut des anticipations de bénéfices pour 2024 et 2025
44:36se fait un mois après, en juin.
44:37Depuis juin 2023, le consensus des analystes n'a cessé de réviser,
44:42en baisse, mois après mois, trimestre après trimestre,
44:44les perspectives bénéficiaires de LVMH.
44:46Donc, un mois avant, le marché a décidé que c'était le top,
44:49et un an et demi après…
44:52– Le temps que les analystes…
44:53– Le marché a bien vu, quand même, je trouve.
44:55Parfois, le marché est assez visionnaire.
44:57Qu'est-ce qui vous intéresse, vous, dans les marchés,
44:59effectivement, aujourd'hui, Xavier ?
45:00– C'est d'attendre deux semaines.
45:03Et soyons clairs, on peut dire ce qu'on veut,
45:04mais ça va être un vrai game changer.
45:06Avant ça, on préfère ne pas être trop drap.
45:09– Parce que ça peut changer les choses à ce point-là ?
45:11Ça peut changer la logique d'investissement ?
45:14– Oui, oui, non, vraiment.
45:16Et puis, en fonction de qui est élu…
45:18– Oui, j'entends, et de la composition du congrès, j'entends.
45:22– Et ainsi de suite.
45:22Donc, ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas être investi avant,
45:25mais ça veut dire qu'il faut être très diversifié
45:27et ne pas prendre trop de risques en surpondérant ou sous-pondérant.
45:31Voilà, parce que ça va changer beaucoup.
45:34– Et une des différences par rapport à 2016,
45:37c'est qu'il y a déjà pas mal de Trump pricés, j'allais dire,
45:41dans le marché, et donc ça peut bouger dans les deux sens.
45:43– Puis on sort déjà d'un épisode inflationniste
45:45qui a un peu marqué les esprits.
45:46En 2016, on était plutôt dans l'idée d'être content,
45:49d'avoir un peu de reflétion.
45:50– D'avoir un peu de reflétion, exactement.
45:51– Aujourd'hui, je ne sais pas.
45:52– Ça peut bouger dans les deux sens.
45:55– Bon, rendez-vous après le 5 novembre, on se verra après, messieurs.
45:58Merci beaucoup d'avoir été là ce soir, en tout cas,
46:00les trois invités de Planète Marché, Xavier Chappart, LBPM,
46:03Julien Quistrebert, Tellor Asset Management,
46:05et Mabrouk Chetouan, Natique 6IM.
46:07Générique
46:17Le dernier quart d'heure de Smart Bourges, chaque soir,
46:19c'est le quart d'heure thématique.
46:21Le thème ce soir, c'est celui de la mobilité ou des mobilités, peut-être.
46:24Est-ce que les acteurs de la mobilité sont entrés dans un nouvel âge
46:29que nous appellerions l'âge de la rentabilité ?
46:31C'est le sujet de cet entretien avec Florent Roulet,
46:34qui est à mes côtés, partenaire et responsable du thème de la mobilité
46:37chez Brian Garnier.
46:38Florent, bonsoir.
46:38– Bonsoir.
46:39– Quand on réfléchit à la mobilité ou aux mobilités,
46:41je l'ai mis au pluriel, je me suis permis de le mettre au pluriel,
46:45et qu'on est investisseur, ou en tout cas qu'on parle à des investisseurs,
46:47comment est-ce qu'on définit cet univers d'investissement,
46:50concrètement, aujourd'hui, Florent ?
46:51– Déjà, on inclut les VTC, tous les Uber, Bolt,
46:55qui sont assez connus et compris.
46:57Et moi, ce que j'ai voulu de plus en plus inclure,
46:58c'est la mobilité partagée, c'est les acteurs,
47:01soit de la voiture partagée, de l'autopartage,
47:03les get-around, que les gens utilisent peut-être,
47:05mais c'est aussi tout ce qui est vélo partagé.
47:07À Paris, on est habitué à Vélib, à Lime, Dot, Voy,
47:10qui sont des acteurs un peu pan-européens.
47:12Également, aux scooters partagés, on était tous habitués,
47:14à Paris, à avoir des city scoot, mais malheureusement,
47:18ils ont fait faillite, et c'est un peu le thème de notre discussion.
47:21Et de plus en plus, il y a des acteurs qui émergent,
47:23comme Kultra des Espagnols, Iego des Espagnols également.
47:26Donc, tout ça, c'est un écosystème d'acteurs,
47:29soit de la micro-mobilité, soit de la mobilité partagée,
47:31qui ont émergé dans les 5-10 dernières années,
47:34et qui arrivent un peu à la prochaine étape.
47:36Oui, c'est ça. Alors, avant de parler de la prochaine étape,
47:39qu'est-ce qui s'est passé, là, depuis 2-3 ans,
47:41j'allais dire, pendant ces années Covid, post-Covid ?
47:44Parce que vous citiez l'exemple, effectivement,
47:46de la city scoot à Paris,
47:48on a l'impression qu'on sort de plusieurs années,
47:50alors, de mobility bashing peut-être,
47:53de défiance des investisseurs,
47:55du capitaliste, du capital investissement,
47:57vis-à-vis de ces entreprises.
47:59Alors, peut-être qu'on ne leur a pas laissé leur chance,
48:01ou qu'on leur a laissé trop peu de temps pour faire leur preuve,
48:03en tout cas, le fait est qu'il y a eu un divorce, quand même,
48:05entre les investisseurs et ces acteurs,
48:08au moins sur ces dernières années.
48:09Je dirais que le Covid a été un élément marquant,
48:11parce qu'il y a eu beaucoup d'investissements faits avant le Covid,
48:14malgré le bashing, on avait tous tendance
48:17à critiquer les trottinettes sur les trottoirs,
48:19mais le Covid a été un élément un peu de blocage
48:22pour la plupart d'entre elles, parce que pendant un an, deux ans,
48:24on n'a pas pu bouger.
48:25Donc, ils ont tous eu un chiffre d'affaires de zéro pendant deux ans.
48:28Au moment où on est sortis du Covid,
48:30tout le monde voulait prendre des modes de transport verts.
48:33Malheureusement, ces acteurs-là,
48:34ils avaient tellement souffert pendant le Covid
48:36qu'ils ont eu du mal à redémarrer.
48:37Et au moment où vous étiez en train de redémarrer,
48:40a commencé la guerre en Ukraine,
48:41et là, les investisseurs,
48:43à peu près tous les investisseurs ont commencé à dire
48:46on investit plus dans la mobilité.
48:48C'est un thème sur la technologie en général,
48:50pas uniquement dans la mobilité,
48:52mais étant donné que ces acteurs-là n'avaient pas réussi
48:54à démontrer leur modèle économique,
48:56ils ont été ceux qui ont souffert parmi les plus,
48:59parce qu'ils n'arrivaient pas à justifier un autre tour de table.
49:04Et ce qui s'est passé, c'est que la plupart d'entre eux,
49:06beaucoup d'entre eux, je dirais,
49:07ont malheureusement mis la clé sous la porte.
49:10C'est Cityscoot, c'est d'autres qui ont été obligés
49:13de se vendre un peu à la casse
49:15et de trouver des solutions assez rapidement.
49:17Beaucoup d'entre eux, mais pas tous.
49:19C'est là où le nouveau chapitre commence peut-être aujourd'hui, Florent.
49:23Du point de vue du marché,
49:24comment est-ce que ce marché s'est rationalisé,
49:26comment est-ce qu'il s'est recomposé ?
49:28Il y a eu effectivement, sur le côté de la route,
49:31il y a eu des cadavres, pour dire les choses trivialement,
49:34mais il y a eu aussi, j'imagine, des restructurations,
49:36une recomposition au sein des différents acteurs.
49:40Quel est l'état des lieux qu'on peut dresser aujourd'hui ?
49:42Déjà, je vais juste te donner un chiffre pour qu'on soit clair
49:44sur de quoi on parle.
49:45On parle d'une industrie qui aujourd'hui fait
49:47300 milliards de dollars dans le monde.
49:50L'Europe a à peu près 25% sur ça,
49:52qui va tripler sur les dix prochaines années.
49:55Et ça, c'est des chiffres.
49:56Donc c'est un trillion à l'arrivée ?
49:57C'est un trillion à l'arrivée, oui.
49:59Ça, c'est les chiffres que nous donne Oliver Wyman,
50:01donc un cabinet, quand même, qui sait de quoi il parle.
50:03Donc ça va tripler à l'arrivée.
50:05Un trillion, donc 25% en Europe, c'est ça qu'on vise,
50:08avec tous les éléments qu'on a discutés ensemble.
50:11Ce qui s'est passé, c'est que la plupart ont dû
50:14rationaliser leurs ambitions.
50:16Peut-être qu'ils voulaient tout s'ouvrir,
50:18des bureaux partout dans le monde.
50:20Et finalement, ils se sont recentrés sur là où ça marchait.
50:24Ils ont coupé les coûts, comme la plupart des startups.
50:27Et finalement, ceux qui avaient réussi la meilleure exécution
50:30ont survécu.
50:32Et c'est ceux-là, pour moi, qui sont intéressants aujourd'hui.
50:34Déjà en tant que banquier d'affaires,
50:34parce que je vais pouvoir travailler avec eux.
50:37Et du coup, il émerge ce qu'on appelle des catégories winner,
50:40des gens qui vraiment ont réussi à prouver leur modèle économique
50:45et qui sont capables de faire d'autres choses maintenant.
50:47On parle de qui, par exemple, Florent ?
50:49Le plus gros, je dirais, que les gens connaissent,
50:51c'est Bolt, je pense, les Estoniens,
50:53qui, au début, étaient partis sur le VTC
50:55et qui se sont un peu étendus sur la livraison de nourriture,
50:58mais aussi sur la micromobilité.
51:00Et c'est des gens qui réfléchissent à l'introduction en bourse
51:03sur 2025.
51:04Ils sont arrivés à la taille critique
51:07qui fait qu'ils sont rentables,
51:09ils ont grossi et ils sont capables
51:12d'arriver sur les marchés publics.
51:14C'est quoi la stratégie, justement, de ces catégories winner,
51:16comme vous dites, Florent ?
51:17Maintenant qu'ils ont survécu à tout ce qui s'est passé,
51:21qu'ils sont peut-être plus forts aujourd'hui
51:23qu'ils ne l'étaient il y a quelques années,
51:25c'est quoi la stratégie de ces acteurs de la mobilité, maintenant ?
51:27La stratégie pour eux, c'est de continuer à être rentables.
51:30C'est vraiment ça, pour moi, la rentabilité.
51:32On ne sacrifiera plus la rentabilité ?
51:34Exactement, on ne peut plus.
51:35On ne peut plus parce que les investisseurs ne nous suivront pas.
51:39C'est des acteurs qui...
51:39Il faut aussi réfléchir, c'est des véhicules,
51:41c'est des vélos, c'est des trottinettes,
51:43c'est des voitures.
51:44On va avoir besoin de renouveler leur flotte.
51:46Aujourd'hui, ils peuvent commencer,
51:47Bolt l'a fait, Voy, qui fait de la micro-mobilité,
51:50qui sont des Suédois,
51:51ont commencé à pouvoir émettre de la dette
51:54pour financer le renouvellement de leur flotte.
51:56Donc tout ça, pour moi, c'est des signes positifs
51:58parce que ça veut dire que c'est des acteurs
52:00qui ne sont plus des start-up,
52:01qui sont vraiment des business établis.
52:03Des boîtes normales, quoi.
52:04Ça devient des boîtes normales avec des accès à des capitaux,
52:08alors normaux, il n'y a pas de capitaux normaux ou anormaux,
52:10mais en tout cas, une autre catégorie d'investisseurs
52:13et de capitaux pour se développer.
52:14Justement, je pense qu'au début,
52:16c'était beaucoup financé par des fonds de capital risque.
52:18Bien sûr.
52:19Et là, de plus en plus,
52:20moi, j'ai des appels entrant de fonds de private equity
52:23qui veulent boire des boîtes rentables,
52:25qui me demandent, qui m'interrogent sur
52:26quels sont les modèles économiques qui fonctionnent.
52:28Et donc, on voit de plus en plus de transactions
52:31sur le private equity,
52:32des fonds qui veulent rentrer,
52:33qui permettent à ces boîtes de grossir.
52:35Ça passera également par une phase de consolidation.
52:38C'est-à-dire qu'il y aura des plus petits acteurs
52:40qui viendront se faire acheter
52:42par ces plus gros catégories winner.
52:44La stratégie de service additionnel,
52:47c'est quelque chose qui fonctionne aussi
52:48au-delà du développement du core business
52:50sur des marchés géographiques.
52:52Vous avez cité l'exemple de Bolt.
52:54C'est de la livraison aussi de repas, de nourriture.
52:57Comme Uber, évidemment.
52:58On a l'exemple Uber en tête.
53:00D'accord.
53:01Mais ça, c'est de la diversification
53:03ou ça devient du core business pour eux ?
53:05Ça peut aller au-delà en termes de diversification ?
53:07Au début, c'est la diversification.
53:09Mais petit à petit,
53:09ça devient vraiment des lignes de business à part entière.
53:12Et on peut imaginer d'autres types de services ?
53:13Ils réfléchissent à d'autres types de services ?
53:15Ils réfléchissent tous.
53:15Si vous prenez, genre, Voï par exemple,
53:18que j'aime bien,
53:19ils sont de plus en plus vocals sur...
53:21Ils rajouteront de certains véhicules
53:23dans leur offre de services.
53:25Ils feront des services,
53:27plus des apps pour aider les gens de plus en plus.
53:29Donc, tous en vocation à
53:31étendre au-delà de leur métier de base.
53:34Oui, oui.
53:35Qu'est-ce que ça implique, encore une fois,
53:36pour ce marché et ses acteurs ?
53:39C'est-à-dire qu'est-ce qu'aujourd'hui,
53:42on a le bon nombre d'acteurs
53:45par rapport à la taille du marché ?
53:47Est-ce qu'il faut de plus gros acteurs encore
53:49et peut-être moins d'acteurs ?
53:50Comment le marché va évoluer
53:52vers ce trillion ou ce trilliard de dollars de taille ?
53:56Pour partager sur la micromobilité,
53:59en fait, la réponse,
54:00elle se pose presque dans les villes où elles sont.
54:03On est la ville de Paris.
54:05Sur chacun des appels d'offres,
54:06ils veulent trois acteurs.
54:08Il y en avait trois sur les scooters électriques.
54:10Malheureusement, il y a CityScoot qui a fait faillite.
54:12Là, ils vont lancer un appel d'offres
54:13sur les vélos partagés en plus de Vélib
54:16où ils sont prêts à en avoir trois.
54:17Je pense que deux ou trois est le bon nombre.
54:19C'est un peu le standard pour des villes
54:21de la taille de Paris aujourd'hui,
54:23une capitale européenne standard.
54:24Je vois ça à Londres, je vois ça à Stockholm.
54:27C'est vraiment le standard d'avoir deux ou trois acteurs.
54:29Et pour moi, c'est ça qui va rester.
54:30Mais ça se joue par ville.
54:32Ce n'est pas les trois mêmes acteurs
54:34qui vont remporter l'ensemble des capitales européennes
54:36à la fin de l'histoire.
54:37À la fin de la cible.
54:39Justement, ceux qui ont réussi à gagner une ville majeure,
54:45c'est eux qui gagnent les autres.
54:46Et c'est là que la consolidation arrive
54:49parce que potentiellement, vous rachetez une société
54:51parce qu'elle a gagné.
54:52Oui, j'entends.
54:54C'est un peu ça.
54:54Moi, je pense qu'à la fin,
54:55il y aura trois grands acteurs.
54:58Et c'est ce qu'ils disent également dans leur communication.
54:59La consolidation, là, elle se passe actuellement.
55:03Et je suis un peu inquiet pour les plus petits acteurs
55:05qui ont rendu mal potentiellement à grossir.
55:08Du coup, les investisseurs sont un peu rassurés, là ?
55:10Ils reviennent ?
55:11Alors, c'est d'autres investisseurs qui arrivent aujourd'hui
55:13pour accompagner ces boîtes ?
55:14C'est ce que j'appelle le recyclage des retours sur investissement.
55:18Il y a besoin qu'il y ait des succès.
55:20Il y a besoin que des IPOs,
55:21il y a besoin que des fonds prêts à être écoutés
55:22qui viennent apporter de l'argent
55:25et prouver que c'était un bon investissement
55:27peut-être qu'il y a dix ans.
55:28Et donc ça, oui, pour moi, c'est positif.
55:30Et la bourse, vous citiez l'exemple de Bold.
55:32Oui, la bourse a un rôle à jouer,
55:34j'allais dire, dans le financement et l'accompagnement
55:37du financement de ces entreprises de mobilité.
55:39Je pense, oui, parce qu'il y a eu…
55:41Parce qu'on a l'exemple d'Uber.
55:42Bon, je n'ai pas regardé là spécifiquement,
55:44mais Uber, c'est un peu vieux, même peut-être de ce point de vue-là.
55:47Uber et Lyft, les Américains, ont été les premiers à se lancer.
55:49Après, sur la bourse, il y a eu une vague de SPAC
55:52qui ont un peu terni le marché
55:54parce que c'était des boîtes qui n'étaient pas prêtes à être en bourse.
55:57Je pense que là, la prochaine génération,
55:59Bold sera le premier en 2025.
56:01J'ai plusieurs discussions avec des gens qui me disent en 2026-2027,
56:03ce sera des business plus établis.
56:05Et donc, je suis plus confiant sur leur capacité à grossir en bourse
56:08et à continuer à se financer.
56:10Il y a eu une partie du marché de la mobilité
56:12qu'on n'a pas évoqué avec vous, Florent,
56:14mais on le fait avec certains de vos confrères.
56:15Paul Defremont, notamment, chez Brian Garnier,
56:17qui est venu nous parler du marché,
56:19de la composition de ce marché des bornes de recharge électrique.
56:22Ça aussi, ça fait partie pour vous de l'univers de la mobilité ?
56:25Pour moi, ça fait partie et c'est compris dans les…
56:27C'est ça.
56:27Justement.
56:28Et ce qu'il faut comprendre,
56:29c'est qu'il y a des partenariats entre ces acteurs.
56:31Ce n'est pas deux univers qui ne se parlent pas.
56:33Il y a un partenariat entre Bolt et Elektra
56:35parce que les VTC de Bolt doivent recharger leur voiture électrique,
56:38leur Tesla au équivalent.
56:40C'est par ces acteurs de la mobilité
56:41que le déploiement des réseaux de charge va se faire également ?
56:44Ça va le faciliter.
56:45Ce n'est pas uniquement par eux, mais ça va le faciliter.
56:47Je pense que la différence, peut-être,
56:49entre les acteurs des bornes de recharge,
56:51c'est que leurs investisseurs,
56:52ça a été très vite des fonds d'infrastructure.
56:54Oui, oui.
56:55Alors que peut-être les services de mobilité
56:58ont plus été dans une…
56:59Ici, capital risque.
57:01Mais tout se retrouve.
57:03Merci beaucoup, Florent.
57:03Merci d'être venu nous éclairer sur ce marché de la mobilité
57:06ou des mobilités avec les perspectives que vous avez pu nous apporter.
57:09Florent Roulet, partenaire et responsable Mobility chez Brian Garnier,
57:12était l'invité de ce quart d'heure thématique de Smart Bourse
57:14ce soir sur Be Smart For Change.