Mercredi 13 novembre 2024, SMART PATRIMOINE reçoit Estelle Dolla (Présidente et cofondatrice, Private Corner) et Marc Lefevre (Président Place des Investisseurs & Directeur pour l’Europe de l’Ouest, Scope Group)
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00:00Et nous enchaînons à présent avec Enjeu Patrimoine, un enjeu patrimoine consacré
00:07aux actifs privés, aux non-côtés et notamment aux enjeux qui entourent sa démocratisation.
00:13Pour en parler, nous avons le plaisir de recevoir sur le plateau de Smart Patrimoine Estelle
00:17Delat.
00:18Bonjour Estelle Delat.
00:19Bonjour Nicolas.
00:20Vous êtes CEO et cofondatrice de Private Corner et à vos côtés nous avons le plaisir
00:22d'accueillir également Marc Lefèvre.
00:24Bonjour Marc Lefèvre.
00:25Bonjour Nicolas.
00:26Vous êtes directeur Europe de l'Ouest de Scope mais aussi président de Place des Investisseurs.
00:30Alors, si nous faisons cette émission, c'est qu'on constate de plus en plus que le private
00:34equity est choisi par des particuliers ou des professionnels de la gestion de patrimoine.
00:38Je dis private equity d'ailleurs parce que c'est le terme qu'on peut utiliser de manière
00:41générique mais qui est un terme faux puisqu'il faut parler d'actifs privés ou de non-côtés,
00:45le private equity n'étant qu'une partie effectivement du non-côté.
00:48S'il est de plus en plus choisi, c'est pour aller chercher du rendement dans un objectif
00:52d'investissement de long terme mais pose un certain nombre de questions notamment en
00:56matière de pédagogie ou simplement d'usage d'experts sur le sujet et on va essayer de
01:01comprendre tout cela avec vous mais juste avant, Estelle Delas, on va essayer de comprendre
01:05déjà comment se porte la classe d'actifs du private equity, cette fois-ci de l'investissement
01:09en action au sein d'entreprises non-côtés.
01:10Depuis le début de l'année, on a vu qu'en 2022, au moment où les taux ont un petit
01:16peu progressé, ça a pu être un petit peu compliqué pour toutes les classes d'actifs,
01:19le private equity n'a pas été épargné.
01:22Est-ce qu'on constate qu'à début 2024, j'ai les chiffres France Invest sous les yeux
01:28qui montrent que globalement, on retrouve des niveaux qu'on a connus même si ça peut
01:32être encore un petit peu poussif en matière notamment d'ouverture de capital de nouvelles
01:36entreprises par exemple ou de cessions d'entreprises ?
01:39Effectivement, nous avons la chance d'avoir une association professionnelle qui publie
01:43chaque semestre une étude sur la situation du private equity au cours du semestre précédent.
01:51Les derniers chiffres faisaient apparaître que généralement, les levées de fonds étaient
01:58plus compliquées, le fait d'investir l'argent également et ensuite de cristalliser la valeur
02:04par la cession des sociétés, ça s'était un peu grippé, c'est évidemment factuel.
02:13Ensuite, de la vision de Private Corner, nous qui avons l'habitude de sélectionner
02:22et de discuter avec énormément de fonds et de voir justement cette hétérogénéité
02:28qu'on peut avoir d'une équipe de gestion à une autre, c'est vrai que la situation
02:33économique et politique actuelle et ce depuis plusieurs mois a tendance à marquer d'autant
02:39plus cette hétérogénéité et les différences qu'on peut avoir entre une équipe par rapport
02:45à une autre, la situation peut paraître assez anxiogène, néanmoins nous observons
02:54auprès des équipes avec lesquelles nous travaillons que même si la situation est plus compliquée
02:59que ce qu'elle a pu être par le passé, elles continuent à avoir des levées de fonds
03:03qui se passent bien pour celles avec lesquelles on travaille, elles ont investi à un rythme
03:10assez soutenu au cours du premier semestre 2024 et elles ont également mis en place
03:16des stratégies de consolidation pour les sociétés qu'elles avaient en portefeuille
03:20et elles ont réussi à en céder également certaines.
03:23Ce que vous dites c'est que derrière des chiffres globaux, il y a finalement des réalités
03:29très différentes et des acteurs qui tirent leur épingle du jeu de manière très différente
03:33c'est ça ?
03:34Tout à fait, d'où la nécessité aussi quand on est conseiller en gestion de patrimoine,
03:38familial office ou banque privée, de s'appuyer sur des plateformes comme Private Corner
03:43ou d'autres pour avoir cette granularité dans l'analyse et accéder à des données
03:50qui sont finement analysées pour pouvoir sélectionner des stratégies avec un risque
03:58rendement le plus équilibré qui soit pour ces clients finaux.
04:01Marc Lefebvre, ça pose une vraie question, c'est vrai qu'on évoque beaucoup l'idée
04:06d'aller investir en privé-vérité quotidien de nos côtés pour aller chercher les opportunités
04:09proposées mais derrière il y a ce sujet de sélection quand même, de sélectivité
04:13précise pour aller chercher les bons dossiers quelque part.
04:16Oui, donc là effectivement dans un maquis qui n'est pas toujours très transparent,
04:21soyons francs, la maturité est différente du monde du public écouté pour cause, donc
04:26là il y a de vrais efforts à faire, peut-être juste sur les chiffres, si on regarde dans
04:30le capital risque et qu'on prend le growth adventure, ce qu'on peut noter également
04:34c'est que les tickets de grosses opérations là ont fortement chuté, c'est-à-dire
04:39que les opérations de plus de 100 millions de levées, ça fait moins de 40% ce qui
04:43n'est quand même pas une super nouvelle, en revanche effectivement sur le nombre d'opérations
04:47ça continue mais les grosses opérations fait que globalement, en tout cas sur le capital
04:52risque pur, on est à peu près à moins de 12%, ça c'est à Q3, here to date, ça
04:56c'est les chiffres d'EY qui est mon ancien employeur, en revanche la France se défend
05:02puisqu'on est toujours deuxième en Europe, c'est intéressant d'avoir une vision pan-européenne,
05:06les premiers c'est toujours le UK, alors ce n'est plus l'Europe mais en tout cas
05:10hors continent, c'est l'Europe tout à fait, pas continentale, donc c'est fois
05:15deux, le Royaume-Uni c'est à peu près 11 milliards, la France 5,7 milliards, les
05:19Allemands 5,6 milliards, donc on est tout juste deuxième mais c'est intéressant de
05:24voir qu'effectivement la reprise est là, après sur les valorisations des sociétés
05:28à l'achat et à la revente, là il y a eu effectivement un peu les montagnes russes,
05:32c'est ce que vous disiez, on était à près 12 fois l'EBITDA, maintenant on est tombé
05:37à 10 puis c'est en train de légèrement monter, donc c'est…
05:41– Mais alors quelles questions ça pose Marc Lefebvre pour les investisseurs particuliers,
05:46on parle ici de démocratisation du private equity, on peut même faire la distinction
05:50entre démocratisation et rétélisation, effectivement, est-ce qu'on s'adresse
05:53à tout le monde au sein d'une assurance vie ou est-ce qu'on s'adresse à des clients
05:56qui ont les moyens de mettre des tickets de l'ordre de 100 000 euros par exemple, on
05:59peut se poser la question, mais de toute la question est, quel impact ce contexte économique
06:06peut avoir dans le cadre de recherches d'investissement particulier ?
06:09– Alors il est vrai qu'aujourd'hui on parle de véritable démocratisation, c'est
06:13d'ailleurs la raison d'être, de place des investisseurs que je préside, comme vous
06:16le rappeliez, en fait notre rôle c'est de placer les citoyennes et les citoyens au
06:21cœur du financement de l'économie, des transformations du monde, et le financement
06:26de l'économie, on pense assez naturellement au public equity, donc les actions, mais non,
06:30il y a le private equity, et la très bonne nouvelle, nous on a souhaité être présents
06:34sur toutes les classes d'actifs, la très bonne nouvelle c'est que la loi Pacte a été
06:37le premier acte, le deuxième acte c'est la loi Industrie Verte où nous allons tous,
06:42selon notre profil d'investisseur, avoir le private equity automatiquement ou volontairement
06:49dans nos assurances-vie, et c'est très bien parce que…
06:52– Concrètement quand on est investisseur particulier et qu'on s'intéresse un petit
06:56peu à la classe d'actifs, quelles sont les questions qu'on doit se poser, quels sont
06:59les points d'alerte, les opportunités à aller chercher ?
07:01– Alors aujourd'hui, mais je laisserai Estelle encore plus au cœur de son sujet,
07:06mais on voit ces clients qui ont des tickets assez élevés, parce qu'aujourd'hui ce
07:10à quoi on pense c'est 100 000 euros, certains descendent à 10 000 euros, si on prend BPI
07:15la banque publique d'investissement tombe même à 500 euros avec leur nouveau fonds,
07:19donc on voit une diversité, nous ce qu'on veut c'est démocratiser cette classe d'actifs,
07:23donc effectivement il va falloir baisser les niveaux, pour x raisons aujourd'hui ça reste
07:27encore élevé, c'est plutôt des investisseurs avertis, n'oublions pas que le private equity
07:31en France c'est moins de 0,1% du patrimoine des Français versus près d'un quart aux
07:36États-Unis, donc là il y a une croissance phénoménale qui peut se dérouler, et on
07:41en parlait dans l'antichamps avec Estelle, Schwarzman, le patron de Blackstone, rappelait
07:48dans un IPEM qui est la foire du private equity depuis des années maintenant, rappelait que
07:55cette industrie ne pourrait croître qu'avec le fluoritel, parce que les institutionnels
08:00sont très équipés, donc effectivement, la croissance maintenant on va la chercher
08:05du côté des particuliers, donc on était en B2B, maintenant B2C, B2B2C, Estelle de
08:10la même question, qu'est-ce qu'il faut regarder, quelles sont les questions qu'il
08:12faut se poser, toujours dans cette idée, alors effectivement j'ai noté le moins de
08:160,1%, donc il y a encore une grande marge de manœuvre et donc effectivement des possibilités
08:22de levées importantes pour le secteur du private equity, mais quand on est investisseur
08:26particulier, qu'on est intéressé par cette idée d'aller vers le non-côté, on peut
08:30être un petit peu perdu, quelles sont les questions qu'il faut se poser quand on regarde
08:33effectivement que la classe d'actifs n'échappe pas au contexte économique actuel.
08:38Alors c'est vrai que cette classe d'actifs a fait couler beaucoup d'encre cette année
08:41et notamment du fait du deuxième acte de la loi Industrie Verte, donc les particuliers
08:46sont globalement abreuvés d'énormément d'informations au sein desquelles il est,
08:51je pense, assez compliqué de tirer son épingle du jeu et de tirer finalement des enseignements
08:58quand on est seul, donc le premier réflexe je dirais c'est de se faire accompagner par
09:04un professionnel de la gestion de patrimoine ou de fortune pour justement avoir un expert,
09:09un professionnel qui se fasse le lien entre son client et différentes optionnalités,
09:16différentes stratégies qu'il va pouvoir avoir dans le cadre de la diversification
09:20de son patrimoine sur les actifs privés, puisque effectivement selon le profil de risque
09:25de l'investisseur, son appétit au risque, son horizon d'investissement, sa situation
09:30personnelle, professionnelle, familiale, enfin il y a tout un tas de facteurs à avoir
09:34en tête pour accompagner et donner le conseil adéquat à son client justement, soit il
09:41va se diriger sur un fonds accessible à partir de 500 euros, 10 000 euros, appelé au premier
09:48jour ou a contrario ça va être un client patrimonial qui va être en capacité à investir
09:54des sommes plus importantes à partir de 100 000 euros.
09:58Il y a une profondeur de marché équivalente au côté aujourd'hui, il faut le rappeler.
10:02L'offre est très importante, le marché manque encore de maturité parce qu'il reste
10:07naissant en Europe comme vient de le préciser Marc et le nombre d'optionalités étant
10:13tellement important, le premier réflexe je dirais à avoir c'est de se faire accompagner
10:20par un professionnel lequel travaillera en interprofessionnalité pour avoir le meilleur
10:24conseil et un accompagnement à l'entrée mais surtout dans la durée parce que c'est
10:30une classe d'actifs sur laquelle il n'y a pas de market timing par opposition au marché
10:34coté et dans laquelle il faut investir de manière régulière pour justement, quels
10:43que soient les cycles économiques, diversifier ses points d'entrée, on enfonce des portes
10:48ouvertes.
10:49Non mais c'est une méthode qui marche sur les marchés cotés aussi donc c'est vrai
10:51qu'on n'avait pas forcément fait le lien effectivement.
10:54Sélectivité, diversification, accompagnement, je dirais c'est les trois piliers qu'il
10:58faut avoir en tête.
10:59Rapidement, la liquidité même sur un placement long terme doit être un sujet d'inquiétude,
11:04de questionnement pour les investisseurs ?
11:05Ça va dépendre du profil de risque de l'investisseur.
11:07Si on est sur un client à partir de 500 euros ou on va dire un client retail pour
11:14reprendre le comparable de tout à l'heure, vous avez le retail et vous avez je dirais
11:20ce que moi j'appelle l'institutionnalisation du client privé sur nos côtés pour séparer
11:27retail et client patrimonial.
11:30Donc un client patrimonial, il va être capable de s'inscrire dans du temps long, la liquidité
11:34ne va pas être un sujet pour lui et ça va lui permettre de maximiser finalement le rendement
11:40cible attendu.
11:41Pour le retail ?
11:42Ce n'est pas un véhicule qui s'adresse à tous les publics.
11:45Pour l'investisseur retail, évidemment il y a des choses qui existent aujourd'hui,
11:50qui sont très qualitatives et en revanche, il faut avoir en tête que si on compare les
11:57performances de ces produits-là à celles de fonds plus à dimension institutionnelle,
12:02eh bien on va investir au prix de quelques points de performance pour justement bénéficier
12:06de la liquidité.
12:07On perd un peu en performance mais on a de la liquidité.
12:09Marc Lefebvre, on finira avec vous.
12:11N'oublions pas que c'est la classe d'actifs la plus performante qui existe, le private
12:16equity.
12:17So far évidemment, on ne sait pas comment l'aurez-vous développé, mais cette performance
12:20passée peut-être pas des performances futures.
12:21En tout cas, moi je vois quatre freins importants au développement et c'est ce sur quoi on
12:25travaille avec tout l'écosystème et c'est essentiel, c'est la méconnaissance des clients
12:28mais on en a parlé, le manque de communication et de pédagogie, on est là pour y répondre.
12:32Une offre qui historiquement était destinée plutôt aux institutionnels, une transparence.
12:38Jusqu'à maintenant, il y avait des informations qui étaient assez confidentielles, trop confidentielles
12:43sur les stratégies, etc.
12:44Mais avec la démocratisation ?
12:46Exactement, un vrai travail de démocratisation, de transparence et puis enfin lourdeur administrative.
12:52Il faut se souvenir qu'il y a encore peu de temps, tout ça c'était en papier.
12:54Maintenant, il y a des plateformes, bravo Estelle.
12:57C'est plus simple aujourd'hui Estelle, non ?
12:58Ils sont là pour ça.
12:59Exactement, pour nous et pour nos clients.
13:01C'était jusqu'à maintenant un frein.
13:04Après, juste peut-être pour conclure, si on reprend les profils des investisseurs particuliers,
13:09il y a une trilogie, rentabilité, sécurité, disponibilité.
13:13Ça c'est un sondage qu'on fait tous les deux ans avec OpinionWay et on retrouve cette trilogie.
13:18Donc voilà, il faut qu'on inscrive ça dans cette logique.
13:21Mais il y a beaucoup de produits, beaucoup de diversité
13:23et c'est ce qui fera que cette classe d'actifs va décoller auprès des particuliers.
13:26Merci beaucoup Marc Lefèvre.
13:28Merci également Estelle Delat de nous avoir accompagnés sur le plateau de Smart Patrimoine.
13:31Quant à nous, on se retrouve tout de suite dans l'œil de l'expert.