Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote
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00:00Quasiment 19h sur CNews, merci d'être avec nous pour Face à Mathieu Bocoté. Mathieu Bocoté, bonsoir.
00:05Bonsoir.
00:06Bonsoir Arthur de Vatrigan.
00:07Bonsoir Eliott.
00:08Rapide pour trouver ce samedi soir l'histoire falsifiée.
00:12Les historiens ripostent à la une de l'incorrect.
00:17J'entends de la musique mais d'abord c'est le point sur l'information bien sûr.
00:20Isabelle Puyboulot, bonsoir.
00:22Bonsoir Eliott, bonsoir à tous.
00:24Quatre employés d'une pizzeria ont été pris en otage cet après-midi à Issy-les-Moulineaux.
00:29Ils ont été libérés vers 16h.
00:31Un homme au profil toxicomane et suicidaire, armé d'un couteau au moment des faits, a été placé en garde à vue.
00:37Un examen psychiatrique de compatibilité a été demandé.
00:40L'intervention qui a mobilisé des effectifs de la BRI et un médiateur s'est déroulée sans incident.
00:46Emmanuel Macron en déplacement en Argentine.
00:49Le président de la République sera reçu à Buenos Aires pour un dîner en tête-à-tête avec son homologue Javier Milei.
00:55Ils auront un autre entretien demain à la veille du G20 au Brésil.
00:59Le chef de l'État français espère surmonter les divergences, notamment environnementales,
01:04pour convaincre l'Argentine de continuer de participer au consensus international.
01:09Enfin, le président ukrainien dit vouloir tout faire pour obtenir la fin de la guerre dans son pays l'an prochain.
01:15Une fin obtenue par des moyens diplomatiques.
01:18Le débat sur d'éventuelles négociations de paix s'est intensifié ces dernières semaines
01:22mais Kiev craint de perdre le soutien des États-Unis depuis la réélection de Donald Trump.
01:27Merci beaucoup Isabelle Piboulot pour le point sur l'information.
01:31À la une de face à Mathieu Bocoté, les réquisitions contre Marine Le Pen dans le procès des assistants parlementaires du RN font l'effet d'une bombe politique.
01:39La peine d'inégibilité avec exécution provisoire choque jusque dans les rangs de ses opposants les plus farouches.
01:46L'avenir politique de Marine Le Pen se joue-t-il dans ce procès ?
01:50On en parle dans un instant.
01:51À la une également, vous souhaitez revenir sur une déclaration cette semaine de Valérie Pécresse,
01:55invitée chez nos confrères pour présenter un projet pédagogique de la laïcité pour la région Île-de-France.
02:01Qu'en sera-t-il dans ce projet du droit au blasphème ?
02:04Élément de réponse dans cette émission.
02:06Enfin, vous recevez ce dimanche Alexandre Devecchio, plume du Figaro hors série sur Clint Eastwood.
02:13Justement, Clint Eastwood, permet-il de comprendre l'Amérique ?
02:17Donald Trump, entretien passionnant à suivre dans la seconde partie de l'émission.
02:23Voilà le programme de Face à Mathieu Bocoté.
02:25Face à Mathieu Bocoté, c'est parti.
02:27Et cher Mathieu, on va commencer avec Marine Le Pen.
02:29Le sort de Marine Le Pen et du Rassemblement national est au cœur de l'actualité depuis quelques jours.
02:34Sera-t-elle, oui ou non, chassée de la vie politique ?
02:37Et quelle serait la portée de cette expulsion ?
02:40Alors, j'en parlais un peu cette semaine à Face à l'info, mais trop brièvement.
02:43Et j'ai senti le besoin de revenir, oui, ce soir, sur ce qu'on pourrait appeler l'histoire de l'exclusion
02:48du courant national, du camp national de la vie politique sur le temps long, sur le long terme.
02:54Donc, ne pas se contenter de ce procès qui, de mon point de vue, c'est ce que je défendrais comme thèse,
02:59n'est qu'un moment politique dans une histoire politique plus longue sur plusieurs décennies.
03:06Revenons, pour comprendre cela, sur l'émergence.
03:09Non pas la création, mais l'émergence du FN au début des années 80.
03:14Le FN qui émerge à l'époque avec Jean-Marie Le Pen, avant les dérapages, on le sait,
03:20qui ont infléchi, qui ont donné une autre orientation à son destin politique.
03:25Le FN qui émerge à l'époque émerge sur la question de l'immigration, mais pas seulement.
03:30Gardons à l'esprit qu'il s'oppose alors, dans un vocabulaire très national et très conservateur tout à la fois,
03:36à ce qui est présenté dans son esprit comme la décadence de la France.
03:40Et plus largement la décadence du monde occidental.
03:42Et dans le discours à l'époque, un marqueur fort du FN de l'époque, c'est l'anticommunisme.
03:47Mais pas seulement anticommunisme au sens opposition au parti communiste,
03:51mais plus largement opposition à l'influence culturelle et idéologique exercée par le communisme et le parti communisme
03:58depuis la fin de la guerre, qui aurait transformé en profondeur la France,
04:03l'acclimatant finalement, en la rendant disponible aux idées communistes et socialistes.
04:07D'ailleurs, on disait à l'époque, social ou communisme.
04:09Donc le FN de l'époque émerge dans ce contexte, mais, je tenais à le rappeler,
04:14mais évidemment, il émerge surtout autour de la question de l'immigration, dont il s'empare au début des années 1980.
04:20Et dès lors, il ne faut pas oublier que la diabolisation commence dès ce moment.
04:25La diabolisation du FN est antérieure aux déclarations, aux outrances historiques de Jean-Marie Le Pen.
04:32La diabolisation du FN est antérieure aux propos qu'on a utilisés ensuite pour justifier sa diabolisation.
04:39Gardons-le à l'esprit aussi.
04:42Le FN s'empare de la question de l'immigration et à travers cela, il s'empare de la question, dis-je, de l'identité.
04:49La question de l'identité parce qu'à partir du moment où Mitterrand décide de faire la question du racisme,
04:54le nouveau clivage dans la vie politique, en fait le clivage sera assez clair.
04:57Il y a d'un côté les partisans d'une définition de la nation strictement pensée sous le signe du multiculturalisme et de l'individualisme
05:05et de l'autre côté une définition de la nation qui est vue comme une communauté historique et culturelle située, autrement dit, un peuple.
05:12Et c'est justement parce que le FN de l'époque assume pleinement cette définition substantielle de la nation
05:20qu'il est alors frappé d'anathème, frappé d'exclusion.
05:24Et la diabolisation va fonctionner. Elle va très bien fonctionner pendant un bon moment,
05:30ce qui va permettre de mater la révolte incarnée par le FN.
05:35Je note par ailleurs qu'elle va surgir, elle va éclater au grand jour en 2002
05:40et c'est un moment que nous connaissons tous avec l'arrivée de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de la présidentielle.
05:44La contestation par ailleurs du régime, de l'idéologie dominante, de l'idéologie post années 80-90
05:50va s'exprimer aussi à l'intérieur du régime, du système politico-médiatique dominant.
05:56Il va s'exprimer chez des figures qui étaient à la marge de ce système ou qui le contestaient de l'intérieur.
06:00On peut penser à Philippe Séguin, on peut penser à Philippe de Villiers à l'époque,
06:05on peut penser à Jean-Pierre Chevènement, on peut penser à Charles Pascois
06:08qui à chacun l'autre, à un moment ou à un autre, vont incarner cette protestation
06:12contre le système mais de l'intérieur du système.
06:15Et ça doit être mentionné parce que la révolte dépassait les seuls paramètres du lupinisme.
06:19Je note par ailleurs que Nicolas Sarkozy, en 2007, va se faire élire en canalisant
06:24cette énergie contestataire à l'intérieur même du système.
06:28On disait à l'époque qu'il avait siphoné les votes et l'énergie et les thèmes du Front National
06:32donc il avait détourné les énergies qui se trouvaient là pour être capable de se propulser au cœur de la vie politique.
06:37Par ailleurs, le système a tremblé aussi à deux moments.
06:40On s'en souvient, Maestric, premièrement.
06:42On a tout le commentariat, tout le système politique, encore une fois,
06:46qui dit c'est Maestric ou la mort, c'est Maestric ou alors quitter la vie politique,
06:50ce que disait Jacques Delors.
06:51Et ensuite, en 2005, avec le référendum, une protestation très vive.
06:55Encore une fois, malgré le fait que l'ensemble des élites soient opposées au souverainisme,
07:00soit partisanes de la Constitution européenne, le peuple fait obstacle, le peuple pratique une jacquerie.
07:06Qu'est-ce qu'on voit à travers tout cela?
07:08Pourquoi je rappelle tout cela?
07:09Parce que sur une vingtaine d'années, sinon davantage, 30 ans, 40 ans même,
07:13il y a une contestation profonde qui s'exprime.
07:16Et 2017, on arrive en 2017, qu'est-ce qui se passe-t-il?
07:19Eh bien là, parce que le système est conscient par ailleurs de perdre des points et de perdre des plumes,
07:24le régime se sent fragilisé.
07:26Et qu'est-ce qu'on voit en 2017?
07:28Eh bien là, il y a l'émergence de François Fillon.
07:30Et pour à tort ou à raison, on pourrait dire que le régime, les élites dominantes,
07:34voient en Fillon un véritable danger.
07:36Donc là, il n'est plus possible.
07:37La diabolisation ne suffit pas, d'autant que la menace vient de l'intérieur.
07:40Qu'est-ce qu'on voit?
07:41Eh bien là, c'est là que commence la séquence présente.
07:43On éjecte François Fillon, on s'en souvient,
07:45avec une manipulation judiciaire contre lui pour l'éjecter du jeu politique,
07:48et ça va fonctionner.
07:49Et à ce moment-là, qu'est-ce qu'on va voir?
07:51Il va y avoir un nouveau clivage qui va s'imposer.
07:54Au clivage gauche-droite que nous connaissions,
07:56s'oppose le clivage bloc central et périphérie,
07:59reformulé par Emmanuel Macron quelques temps plus tard en disant
08:02« il y a les progressistes et les nationalistes »,
08:04et il ajoutait « la lèpre nationaliste ».
08:06Et le RN est installé dès lors comme opposition principale
08:10à une condition de ne pas pouvoir l'emporter.
08:12Il est structurellement installé dans une opposition.
08:15C'est l'opposition principale, l'opposition dominante,
08:17mais c'est l'opposition vaincue, l'opposition qui ne peut pas gagner.
08:21Le bloc central change la donne politique.
08:24Le bloc central dit finalement « tous les débats légitimes se tiennent dans nos rangs »,
08:28donc il y aura l'aile gauche, le centre, l'aile droite du bloc central,
08:31mais les débats se tiennent dans nos rangs,
08:33et les autres oppositions sont inacceptables.
08:35Il y a non seulement le cordon sanitaire contre elles,
08:38mais il y a aussi l'arc républicain.
08:40Tout le vocabulaire sera mobilisé à ce moment-là.
08:43Mais qu'est-ce qu'on voit en 2022?
08:45Et plus encore, dans les derniers temps,
08:48une partie du régime a une véritable crise de panique,
08:51parce qu'il dit « nous pouvons perdre ».
08:53Ils peuvent l'emporter, ils peuvent gagner,
08:56ils peuvent triompher, ils peuvent gagner les élections,
08:59et dès lors installer une forme de remplacement d'une classe politique par une autre.
09:03C'est pour ça qu'au-delà même de l'idéologie,
09:06ce qui est reproché au RN et plus largement au Canada,
09:08c'est que s'ils arrivent au pouvoir,
09:10ce n'est pas simplement un remplacement relatif à l'intérieur d'une idéologie dominante,
09:14c'est qu'une nouvelle classe politique s'impose,
09:16comme on le voit peut-être à Washington en ce moment.
09:18Et dès lors, il faut décapiter l'opposition,
09:21il faut anéantir son leader, il faut ruiner le parti.
09:23De quelle manière? En manipulant, en réinterprétant les règles du Parlement européen
09:27pour évacuer une fois pour toutes la figure principale, Marine Le Pen,
09:31qui est aujourd'hui la chef de l'opposition en France,
09:33on le dira à l'anglo-saxonne, c'est la chef de l'opposition,
09:36il faut décapiter le parti pour anéantir ce qu'elle représente
09:39pour enfin permettre au système de se reconsolider une fois pour toutes
09:43en se débarrassant de son ennemi principal.
09:45C'est ainsi, à mon avis, qu'on peut comprendre
09:47l'histoire longue de l'évacuation du RN du jeu politique.
09:51– Vous semblez dire, Mathieu Bocoté,
09:53que la démocratie révèle elle-même ses limites ici?
09:57– Alors, c'est une démocratie qui se passe dans les parrains du Bloc central.
10:00C'est-à-dire, les acteurs légitimes,
10:02et on le voit, c'est une forme de discours schizophrénique
10:04chez certains leaders politiques qui disent,
10:06oui, tous les parlementaires sont dans l'arc républicain,
10:08mais par ailleurs, à l'Assemblée, il y a l'arc républicain
10:10et ceux qui en sont extérieurs.
10:12Deux phrases qui sont logiquement contradictoires,
10:14si je peux me permettre.
10:16Alors, ça va au-delà de la tentative d'exclusion,
10:19donc de la diabolisation jusqu'à l'éjection juridique de Marine Le Pen.
10:24Donc ça, c'est la partie politique.
10:26Mais qu'est-ce qu'on a vu aussi ces dernières années?
10:29Eh bien, le régime diversitaire, comme je l'appelle,
10:31a pris les moyens nécessaires pour être capable
10:33de faire taire toute opposition,
10:35au-delà même d'une opposition politique.
10:37Par exemple, l'extension de la censure
10:41avec les lois sur la haine.
10:43La censure préventive, avec la circulaire d'Armanin
10:46qui permet d'interdire un événement
10:48parce qu'il pourrait s'y tenir des propos
10:50allant en contre de l'idéologie dominante.
10:52Les procès à répétition contre des intellectuels,
10:54contre des journalistes,
10:56qui tiennent au discours qui est jugé hérétique.
10:58C'était le cas d'Éric Zemmour pendant si longtemps.
11:00La dissolution de l'association militante,
11:02c'était le cas des identitaires,
11:04alors qu'ils n'étaient pas violents.
11:06Alors que de l'autre côté, on tolérait
11:08des associations violentes, mais qui se réclamaient
11:10de la bonne idéologie.
11:12C'est quand même fascinant que d'un côté,
11:14on frappe de dissolution les identitaires
11:16et on tolère les antifas et les soulèvements de la terre
11:18comme pas possible.
11:20La fermeture de C8.
11:22C'est pas une chaîne politique,
11:24mais c'est une chaîne qui est accusée
11:26de ne pas reprendre les slogans autorisés
11:28de la pensée médiatique dominante
11:30et aussi. Qu'est-ce qu'on voit à travers cela?
11:32On veut faire en sorte que les conditions,
11:34le coût de la liberté d'expression,
11:36soit à ce point élevé que chacun
11:38finisse par intérioriser le discours
11:40dominant et se taise
11:42parce qu'il sait que s'il parle,
11:44s'il se prononce, il va en payer
11:46le prix.
11:48De ce point de vue, vous posez la question du rapport
11:50à la démocratie. Il y a deux conceptions de la démocratie
11:52ici. D'un côté, il y a la démocratie classique,
11:54la véritable démocratie.
11:56C'est le pluralisme. On constate qu'il y a
11:58une société, plusieurs courants,
12:00plusieurs philosophies, plusieurs valeurs,
12:02et ces gens vont débattre, vont cohabiter,
12:04et le pacte, c'est je peux
12:06gagner, mais vous pouvez gagner aussi, et à vous de
12:08remporter la majorité, à moi de remporter la majorité.
12:10Ça, c'est le jeu de politique classique.
12:12Mais la démocratie version progressiste,
12:14socialisante, fonctionne
12:16autrement. Elle ne dit pas il y a plusieurs camps.
12:18Elle dit il y a l'avenir et il y a le passé.
12:20Il y a le progrès et il y a la réaction
12:22et la régression. Et ce n'est
12:24pas de la censure que de censurer
12:26les idées régressives ou réactionnaires ou
12:28conservatrices. C'est une manière d'empêcher
12:30la mauvaise herbe de venir contaminer
12:32la vie publique. Il faut institutionnellement
12:34favoriser les idées
12:36dites progressistes et institutionnellement
12:38sanctionner les idées
12:40conservatrices ou réactionnaires,
12:42ou on dira de droite, de ce point de vue.
12:44Donc, il y a une liberté d'expression à deux vitesses.
12:46Donc, il y a, on le voit avec François
12:48Bayrou, c'est assez intéressant, si je peux me permettre,
12:50on lui a reproché à peu près les mêmes choses qu'on reproche
12:52aujourd'hui au RN. Et tolérance dans son cas,
12:54absence de tolérance dans l'autre.
12:56Pourquoi? Parce qu'un acteur appartient
12:58au jeu politique où chacun s'échange
13:00des places depuis longtemps. De l'autre, c'est vu
13:02comme l'ennemi intérieur qu'on doit frapper.
13:04Décapitation, je l'ai dit, politique
13:06des leaders de
13:08l'opposition. Et à travers cela,
13:10qu'est-ce qu'on voit? On rêve, c'est le rêve
13:12du Bloc central de ramener la politique à l'intérieur
13:14de ses paramètres et de laisser s'agiter
13:16seulement dans les marges d'une opposition tolérée
13:18dans la mesure où elle n'est pas menaçante.
13:20Arthur Delatrigon.
13:22Si je peux me permettre, j'ai une dernière réflexion
13:24à vous faire.
13:26Sur les conséquences de la mise à mort de
13:28Marine Le Pen, les conséquences de la mise à mort politique.
13:30Bien sûr, évidemment, c'est de ça dont on parle,
13:32mise à mort politique. Alors, le scénario
13:34qu'on comprend, pourquoi tellement
13:36dans le corps des élites,
13:38dans l'oligarchie, sont favorables
13:40à cela? Parce qu'ils se disent
13:42si le RN est décapité, sa chef
13:44est évacué, le parti est ruiné,
13:46plusieurs de ses cadres sont sanctionnés,
13:48quelques-uns vont peut-être même en prison. On voit un peu tout ça.
13:50Eh bien, le jeu politique se libère.
13:52Pour plusieurs, le bloc central,
13:54pour peu qu'ils s'entendent sur une candidature unique,
13:56ce dont on parlait dans le Figaro aujourd'hui ou hier,
13:58si je ne me trompe pas, ils trouvent une candidature unique.
14:00De l'autre côté, à droite, dans la droite nationale,
14:02dans le camp national, il y a une guerre des chefs
14:04parce que qui est l'héritier de la couronne?
14:06Il y a une chef partout,
14:08ça devrait être reconnu aujourd'hui, c'est Marine Le Pen.
14:10Si elle n'est plus là, entre Bardella,
14:12entre Zemmour, Gnafaut,
14:14Marion Maréchal, Laurent Wauquiez,
14:16Bruno Retailleau, qui d'autre?
14:18Plusieurs se disent, ce camp, je peux l'occuper,
14:20bien qu'ils n'entraîneraient pas les frontières
14:22de la même manière.
14:24Donc, évacuation de ce camp-là.
14:26Mélenchon, qui de son côté, pourrait récupérer
14:28de son point de vue le pôle de l'opposition radicale.
14:30Donc, une bonne partie de la classe politique
14:32se dit que c'est l'occasion de rebrasser le jeu
14:34en se débarrassant d'un adversaire,
14:36en se cachant derrière,
14:38aujourd'hui, le cash sex
14:40et en même temps l'armure
14:42et en même temps l'arme offensive de l'oligarchie,
14:44c'est l'État de droit.
14:46On va vous décapiter au nom de l'État de droit,
14:48on va vous anéantir politiquement au nom de l'État de droit
14:50et ensuite, on se repartage les places
14:52délivrées de l'adversaire qui monte
14:54depuis trop longtemps.
14:56L'autre scénario, évidemment, c'est une révolte populaire,
14:58une forme de coagulation autour du camp national
15:00ou de Marine Le Pen. Quelle forme ça prendrait?
15:02Il ne faut jamais sous-estimer que le peuple,
15:04à force de se faire piétiner, peut se révolter, en effet.
15:06Arthur de Vatrigan, de quoi les
15:08réquisitions contre Marine Le Pen
15:10sont-elles?
15:12En fait, nous assistons à l'affrontement
15:14de deux autorités légitimes
15:16qui sont de plus en plus illégitimes,
15:18ou en tout cas considérées comme telles
15:20par les Français. Le pouvoir politique
15:22et le pouvoir judiciaire. Je pense qu'il doit
15:24rester peut-être un huissier ou un journaliste
15:26pour concurrencer dans la détestation auprès des Français.
15:28Donc le procès se creuse
15:30de plus en plus, les gens du haut et les gens
15:32du bas, pour reprendre l'expression de notre Premier ministre,
15:34et avec une telle défiance
15:36des deux côtés, la démocratie ne peut pas marcher.
15:38On en a parlé mille fois
15:40et mille fois, mais il faut toujours le rappeler, la démocratie
15:42c'est au peuple de se gouverner
15:44et lui-même de déterminer
15:46à quelles normes il entend se soumettre.
15:48La démocratie, c'est croire en la capacité
15:50de chaque Français de choisir son
15:52destin et le destin commun.
15:54Or, si justement la démocratie
15:56est en crise, c'est justement parce que certains,
15:58surtout ceux qui sont en haut de la pyramide,
16:00refusent de croire en ça.
16:02Ils ne croient plus au bon sens, mais ils croient à la technocratie,
16:04ils croient à l'oligarchie.
16:06Et qu'est-ce qu'on entend aujourd'hui,
16:08venant du haut, ils sont tous débiles,
16:10on ne peut pas les écouter et faire en sorte qu'ils ne parlent pas
16:12et venant du bas, la réponse, ils sont tous pourris.
16:14Et justement,
16:16ça a été et ça l'est encore le ressort
16:18de la croissance et de la consolidisation
16:20du RN depuis 40 ans,
16:22c'est-à-dire le mépris
16:24de la classe dirigeante.
16:26Et si on revient en réquisition,
16:28si certains magistrats voulaient dire
16:30aux Français, pour vous les gouverner,
16:32ne vous embêtez pas, vous présentez une élection,
16:34passez le concours de l'école de la magistrature,
16:36ils ne pouvaient pas mieux s'y prendre.
16:38On entend déjà, évidemment,
16:40les trompettes de l'État de droit,
16:42c'est-à-dire qu'on rappelle rapidement,
16:44l'État de droit, c'est garantir
16:46que l'État agit selon les droits,
16:48en étant contrôlé par les juges.
16:50En un mot, c'est empêcher l'abus de pouvoir.
16:52Et qu'est-ce qu'on voit depuis quelques années ?
16:54C'est que pour empêcher l'abus de pouvoir,
16:56on est dans un abus de droit.
16:58On n'est pas forcément sûr que ce soit un bon moyen.
17:00Et je vous invite à lire la tribune d'Excellent,
17:02parue dans le Figaro hier, aujourd'hui,
17:04de Jean-Louis Schottel, qui est l'ancien secrétaire
17:06général du Conseil Constit,
17:08donc on ne peut pas accuser de crypto-fasciste.
17:10Alors, il rappelle de quoi est accusé
17:12Marine Le Pen et d'autres parlementaires.
17:14De détournement de fonds du Parlement européen,
17:16donc détournement de fonds publics.
17:18On dit comme ça, on se dit,
17:20elle s'est remplie les poches avec les bifetons
17:22du contribuable. Or, comme l'explique Schottel,
17:24ce n'est pas tout à fait ça.
17:26Je le cite, en l'espèce, il ne s'agit ni d'un
17:28enrichissement personnel, ni même comme un prélèvement
17:30au profit du RN de fonds qui ne lui étaient pas destinés,
17:32mais comme un changement d'affectation.
17:34Cinq ans de prison,
17:36cinq ans d'inéligibilité pour un changement d'affectation,
17:38ça fait un peu cher.
17:40Et c'est-à-dire que,
17:42je rajoute l'illégitimité avec exécution provisoire,
17:44c'est-à-dire que même si la condamnation
17:46n'est pas définitive,
17:48s'il existe différents recours,
17:50elle doit être appliquée.
17:52C'est-à-dire que c'est comme le chasseur, vous avez le bon et le mauvais état de droit.
17:54Après, les trompettes,
17:56c'est le corps de chasse qui résonne, et là on nous dit
17:58c'est démocratique, puisque ce sont
18:00les législateurs qui l'ont décidé, c'est-à-dire
18:02les représentants du peuple. Encore raté,
18:04comme le rappelle Chottel, si on arrive
18:06à ça, c'est grâce à une construction
18:08jurisprudentielle et non
18:10en raison de la volonté claire du législateur.
18:12Donc si vous voulez, après 2017 et François Fillon,
18:14on peut même, pour certains esprits taquins,
18:16remonter à 2012, et Strauss-Kahn
18:18qui a été coupé
18:20dans son ascension par la justice américaine,
18:22si les réquisitions sont
18:24confirmées pour la prochaine élection,
18:26il va falloir être bougrement créatif
18:28pour expliquer qu'il ne s'agit pas là
18:30de la pure et simple éviction
18:32de la souveraineté populaire.
18:34Autre sujet à présent,
18:36Mathieu Bocoté de passage sur BFM
18:38devant Apolline de Malherme.
18:40Valérie Pécresse, qui était
18:42pour présenter un projet pédagogique
18:44de promotion de la laïcité pour la région Île-de-France,
18:46s'est permis une
18:48surprenante déclaration à propos
18:50de la laïcité, sur laquelle vous souhaitez
18:52revenir. C'est exceptionnel
18:54en fait, c'est-à-dire
18:56on est dans une séquence où
18:58Mme Pécresse, qui est une femme de qualité,
19:00est interviewée par Apolline de Malherme,
19:02qui est une intervieweuse rigoureuse et efficace.
19:04Et qu'est-ce qu'il se passe dans cette séquence?
19:06Eh bien, Mme Pécresse nous dit
19:08nous ferons la promotion de la laïcité,
19:10donc du droit au blasphème,
19:12c'est-à-dire le fait qu'on doit éduquer chacun
19:14à comprendre que ses croyances,
19:16ou si sacrées soient-elles pour lui,
19:18ne le sont pas pour l'autre. Et l'autre peut se moquer
19:20de moi sans que je ne me donne le droit
19:22de le sanctionner de la pire des manières.
19:24Mais, Mme de Malherme,
19:26comprend que la question,
19:28il faut être plus concret. Donc, est-ce qu'on peut,
19:30dans cette activité pédagogique,
19:32caricaturer toutes les religions?
19:34Est-ce qu'on peut caricaturer
19:36tous les symboles religieux?
19:38Et je vais vous lire l'extrait.
19:40Apolline de Malherme dit,
19:42vous savez, ça touche quand même certaines communautés plus que l'autre.
19:44On a très peu en ce moment de soulèvements,
19:46de protestants enragés ou de bouddhistes radicalisés
19:48devant la question des caricatures.
19:50Et elle insiste.
19:52C'est la représentation de Mahomet,
19:54qui aujourd'hui est incomprise par une partie des élèves.
19:56Est-ce que vous vous êtes dit,
19:58on n'ira pas sur ce terrain-là?
20:00Donc, pas de représentation de Mahomet.
20:02Et la réponse de Valérie Pécresse est surréaliste.
20:04On ne représentera pas
20:06une caricature du prophète
20:08dans le cadre de ce programme,
20:10mais on montrera des caricatures
20:12pour montrer que l'on peut se moquer
20:14des religions dans la République.
20:16Cette phrase est en elle-même insensée.
20:18Elle porte
20:20une contradiction logique exceptionnelle.
20:22C'est un peu comme
20:24« je commence aujourd'hui un régime pour maigrir,
20:26voilà pourquoi j'avalerais
20:2830 000 calories ».
20:30Ça ne tient pas dans la même phrase.
20:32Or, c'est ce que nous dit Mme Pécresse,
20:34et moi, je traduis ça en un mot,
20:36c'est « capitulation ».
20:38C'est-à-dire, nous savons que le prix à payer
20:40pour caricaturer certains symboles dans l'islam,
20:42le prix à payer, c'est Samuel Paty.
20:44Le prix à payer, c'est Charlie Hebdo.
20:46Le prix à payer,
20:48c'est la peine de mort privatisée
20:50par les islamistes pour liquider
20:52ceux qu'ils jugent être leurs ennemis,
20:54ceux qui ont transgressé leur symbole.
20:56Devant cela, que nous dit Mme Pécresse ?
20:58Pour montrer à tous
21:00qu'on peut caricaturer
21:02toutes les religions, nous allons nous moquer
21:04des catholiques, peut-être des protestants, peut-être des bouddhistes,
21:06mais nous allons faire une exception musulmane
21:08parce qu'il y a quand même un certain danger.
21:10C'est original.
21:12La question du blasphème se limite-t-elle
21:14vraiment, Mathieu Bocoté, aujourd'hui
21:16à la question de la caricature de grandes religions ?
21:18Je suis d'accord. Il y a quelque chose de fascinant.
21:20On réserve le blasphème aux religions,
21:22mais c'est pour peu qu'on ait une conception moderne du sacré,
21:24c'est-à-dire qu'il est sacré ce que la société
21:26sacralise.
21:28Il arrive qu'aujourd'hui, on sacralise des idéologies,
21:30on sacralise quelquefois du sport,
21:32on sacralise ce que disait Régis Debré, si je peux me permettre
21:34dans ses travaux. Il dit que le monde
21:36moderne fixe une définition du sacré,
21:38mais il n'y a pas de sacré en soi, substantiel, religieux,
21:40traditionnel. C'est ce que disait Régis Debré.
21:42Est-ce qu'il y a aujourd'hui des dogmes
21:44qu'on ne peut pas transgresser sans en payer le prix socialement ?
21:46Aller en prison, être poursuivi devant les tribunaux,
21:48être sanctionné, être transformé en monstre,
21:50être diabolisé.
21:52Par exemple, si on commence à réfléchir sur l'incompatibilité
21:54de certaines cultures entre elles.
21:56Si j'affirme que certaines cultures sont incompatibles
21:58et que les faire vivre ensemble, c'est se condamner
22:00à la guerre civile. Si je l'affirme, je ne dis pas que je le fais,
22:02mais si je le faisais, est-ce que je risquerais
22:04une sanction ? Est-ce que je serais traîné devant
22:06je ne sais quel tribunal ? Si on dit que
22:08les conceptions de l'être humain au cœur des différentes cultures
22:10ne sont pas inégales en valeur,
22:12que certaines cultures sont
22:14inégales entre guillemets
22:16parce qu'elles n'accordent pas la même dignité à l'être humain.
22:18Est-ce que je tiens
22:20un propos qui peut être considéré comme hérétique ?
22:22Longtemps, toute remise en question
22:24des bienfaits de l'immigration
22:26relevait de l'hérésie.
22:28Aux États-Unis, pendant l'affaire Black Lives Matter,
22:30si vous contestiez, même au Canada,
22:32l'existence du racisme systémique,
22:34vous pouviez perdre votre emploi immédiatement.
22:36Qu'est-ce qu'on voit à travers cela ?
22:38C'est non seulement une soumission à l'islamisme,
22:40c'est aussi une soumission à la religion diversitaire.
22:42Quel regard vous portez
22:44sur cette déclaration
22:46de Valérie Pécresse,
22:48Arthur de Vatrigan ?
22:50Est-ce que là aussi, on est dans une forme de soumission
22:52welbeckienne ?
22:54J'aime beaucoup Mme Pécresse.
22:56Pour avoir rappelé dans notre magazine, il y a quelques temps,
22:58sa volonté courageuse
23:00de lutter contre l'islamophobie,
23:02je la cite, dont on connaît les conséquences,
23:04aux côtés de personnalités remarquables
23:06comme M. Enich, dont le Conseil d'État,
23:08je cite,
23:10dit qu'il est impliqué dans la mouvance islamiste
23:12radicale d'Île-de-France.
23:14Mme Pécresse était fâchée tout rouge en expliquant
23:16qu'on avait atteint son honneur, ce qui était très grave
23:18parce que son grand-père était résistant avant
23:20de nous convoquer la 17ème, parce que ça serait toujours dans les tribunaux.
23:22Alors on connaît l'argument,
23:24on ne savait pas qui était M. Enich, c'était en 2015
23:26qu'on avait déclaré cette phrase, or en 2010,
23:28M. Enich publiait une lettre
23:30ouverte au moment d'une polémique
23:32sur la burqa, je cite,
23:34les grands moustis de la République laïque pourront toujours aboyer,
23:36cela n'empêchera pas la caravane islamique
23:38de continuer son chemin
23:40jusqu'à sa destination finale.
23:42Voilà, donc malheureusement
23:44ou heureusement pour certains,
23:46ni la soumission, ni le courage ne sont héréditaires,
23:48on en a encore une preuve aujourd'hui.
23:50La publicité, on revient dans un instant,
23:52messieurs, je sais que vous adorez le cinéma,
23:54je sais que vous adorez le cinéma américain,
23:56donc parler de Kindiswood,
23:58parler de Donald Trump, tout cela avec
24:00Alexandre Devecchio, le cocktail
24:02est plutôt intéressant.
24:04M. Devecchio.
24:06M. Devecchio.
24:08M. Devecchio.
24:10M. Devecchio.
24:12M. Devecchio.
24:14M. Devecchio.
24:16M. Devecchio.
24:18M. Devecchio.
24:20M. Devecchio.
24:22M. Devecchio.
24:24M. Devecchio.
24:26M. Devecchio.
24:28M. Devecchio.
24:30M. Devecchio.
24:32M. Devecchio.
24:34M. Devecchio.
24:36M. Devecchio.
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24:58M. Devecchio.
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25:28qui n'est pas celle d'Hollywood en fait. Clint Eastwood est le témoin d'une autre Amérique. De quelle Amérique ?
25:33Oui, effectivement, Hollywood est plutôt progressiste et plutôt woke et plutôt mondialiste.
25:39Et Clint Eastwood, c'est plutôt l'Amérique de Donald Trump.
25:42D'ailleurs, il l'avait soutenu lors de sa première élection.
25:45Il avait eu ces mots-là. On est aujourd'hui dans une société de mauviettes.
25:51On ne peut plus rien dire. Je crois que ce type tient quelque chose de juste
25:54parce que tout le monde en a marre secrètement du politiquement correct.
25:58Donc, c'est une Amérique assez franche. Et effectivement, à la base, Clint Eastwood, c'est un cow-boy.
26:03Il a commencé dans des westerns. Et c'est donc cette Amérique intérieure qui est très différente de celle des côtes,
26:11qui est pleine de bon sens populaire. Et je crois que c'est ce qu'il incarne aussi, une Amérique de l'américain ordinaire.
26:19Clint Eastwood est né, il faut le savoir, juste après la grande dépression, la crise de 1929, dans un milieu modeste.
26:28Il a scélionné les routes américaines. Et on retrouve un peu de ça dans ses films,
26:33notamment dans un de ses films qui n'est pas le plus connu, qui s'appelle Honky Tonk Man,
26:36où il joue un chanteur de country, et qui se passe durant cette période-là.
26:43Donc oui, depuis le début, Clint Eastwood incarne cette Amérique qui est l'Amérique de Trump.
26:50On peut penser que l'inspecteur Harry aurait voté Trump aujourd'hui, mais l'inspecteur Harry, à l'époque, votait Nixon.
26:56En réalité, c'est sorti durant les années 70, juste après l'élection de Nixon.
27:01Et ça a été un formidable succès, alors que pour le coup, à l'époque, Hollywood est complètement le combat culturel.
27:06On le traite de fasciste.
27:08C'est la guerre du Vietnam, on le traite de fasciste.
27:10Mais il incarne cette majorité silencieuse que voulait défendre justement Richard Nixon.
27:16Et il venge cette majorité silencieuse qui n'en peut plus des gauchistes, qui n'en peut plus de l'insécurité,
27:21qui commence déjà à monter dans les grandes villes aux États-Unis, notamment à San Francisco.
27:25C'est la ville la plus criminogène à l'époque, et c'est là où l'inspecteur Harry fait la loi.
27:30Et en fait, il venge cette Amérique-là avec un flingue.
27:34En quelque sorte, l'inspecteur Harry, il se venge aussi déjà de l'État de droit d'une certaine manière,
27:39puisque c'est un policier qui a des méthodes un peu expéditives.
27:43Il trouve que la justice s'intéresse un peu trop aux accusés, pas assez aux victimes.
27:48Donc, il ne s'embarrasse pas de la bureaucratie policière.
27:51Alors justement, vous nous avez conduit vers Dirty Harry, l'inspecteur Harry qui est un personnage central,
27:57parce que souvent, la réputation de fasciste faite à Clint Eastwood,
28:01vient pendant un temps, vient en bonne partie de l'inspecteur Harry.
28:04On pourrait dire qu'il y a chez lui le portrait d'un individualisme solitaire,
28:09un homme qui se méfie, pas seulement de la ville en fait, qui se méfie normalement de la société,
28:14qui croit que de la corruption.
28:15Il y a chez lui l'individualisme américain dans ce qui est le plus rugueux.
28:18Mais dans l'inspecteur Harry, c'est autre chose.
28:19C'est finalement, et c'est aussi un thème américain, c'est les institutions ont fait faillite,
28:23et un homme seul rendra justice, un homme seul prend la responsabilité
28:28de libérer la société de certains fardeaux.
28:30Est-ce qu'on ne peut pas dire que ça, c'est un thème qui est encore aujourd'hui presque Trumpier ?
28:34Oui, tout à fait.
28:35Moi, ma thèse dans le texte que vous avez eu la gentillesse de citer,
28:40La cause du peuple, c'est absolument remarquable.
28:42La cause du peuple, c'est que Clint Eastwood est un cinéaste populiste.
28:46En réalité, sachant que dans ma bouche, le terme populiste n'est pas forcément péjoratif.
28:50Et d'ailleurs, dans la tradition américaine, il n'est pas.
28:52On rappelle que les premiers mots de la constitution américaine,
28:55ce sont nous, le peuple, que l'indépendance américaine est née d'une révolte populiste,
29:01la révolte du T, contre les impôts.
29:04Mais c'était aussi dirigé contre l'oligarchie britannique qui récoltait les impôts,
29:11mais qui n'était pas impliquée dans la vie de la cité.
29:15Donc, c'est une idéologie qui est au cœur de l'histoire américaine
29:20et qu'on retrouve effectivement dans tout le cinéma de Clint Eastwood.
29:24Donc, c'est l'individualisme qui se méfie des corps intermédiaires.
29:28Il se méfie des lobbies, il se méfie de la bureaucratie,
29:31il se méfie des associations, en quelque sorte.
29:36Alors, on dit individualiste.
29:38Parfois, Clint Eastwood est classé dans la catégorie des libertariens.
29:41Je ne suis pas tout à fait d'accord, parce que justement,
29:43les populistes tempèrent leur individualisme par un sens de la communauté,
29:47un sens de la famille, un sens des valeurs traditionnelles.
29:49C'est quelque chose qu'on peut aussi retrouver dans son cinéma,
29:52dans d'autres films notamment.
29:54Arsene Vatrigan ?
29:55Justement, ce qui est amusant, c'est que beaucoup classent Eastwood.
29:58Et justement, la question, c'est que ce n'est pas un cinéaste
30:01qui est inclassable lorsqu'il filme.
30:03C'est-à-dire, l'Amérique est très polarisée,
30:06peut-être une démocratie occidentale la plus polarisée.
30:08Dans tous ses films, il y a le bien et le mal qui est très précis,
30:11de manière religieuse, mais en même temps,
30:13à l'image de son ouverture dans Unforgiven,
30:16où on est dans le Lobo crépuscule, on ne sait pas trop,
30:18c'est le moment où la lumière et l'obscurité se situent.
30:21Et c'est là où l'homme arrive.
30:23C'est-à-dire que la zone grise, c'est l'homme,
30:24et que jamais il ne prend partie.
30:25Tout à fait, je ne dirais pas du tout,
30:28vu que c'est un cinéma d'un côté avec le bien et le mal.
30:32Justement, ce qui est toujours intéressant, c'est que ça se mélange.
30:34C'est le cinéaste du clair-obscur par excellence,
30:36et d'ailleurs, ça se retrouve même dans sa photographie,
30:39où il y a souvent des moments d'ombre et de lumière.
30:44Et c'est toujours des personnages, justement,
30:46qui ne sont pas forcément aimables au premier instant,
30:50pas forcément sympathiques, et qui vont se révéler souvent
30:53beaucoup plus humains, beaucoup plus denses
30:56que les personnages censés être sympas, progressistes.
30:59Donc, vous avez tout à fait raison.
31:01Clint Eastwood, c'est l'anti-manichéisme.
31:03Il avait fait un film qui n'est pas son meilleur d'ailleurs,
31:05mais qui s'appelait Minuit dans le jardin du bien et du mal.
31:08Ça pourrait résumer, je dirais, toute son œuvre.
31:11Maintenant, si on essaie vraiment de le classer politiquement,
31:14effectivement, le fait qu'il soit populiste le rend aussi
31:17assez inclassable, puisque le populisme n'est pas vraiment
31:19droite ni de gauche.
31:21Il y a des côtés réactionnaires, mais il y a aussi,
31:24je vous le disais, une certaine forme de solidarité
31:28de temps en temps.
31:30Son rapport aux minorités est très intéressant,
31:34généralement, parce qu'en fait, il a été taxé de fascisme,
31:38souvent, Clint Eastwood.
31:40Il a été taxé de machisme, on y reviendra,
31:42mais aussi de racisme.
31:44Or, c'est un des cinéastes américains qui a donné,
31:47parmi les plus beaux rôles, à des acteurs noirs.
31:52Par exemple, je pense à Morgan Freeman,
31:54que ce soit dans Impitoyable ou que ce soit dans Million Dollar Baby,
31:56qui lui a valu un Oscar.
31:58Je pense à Forest Whitaker, qui jouait le jazzman dans Bird,
32:03Charlie et Charlie Parker.
32:05Son nom me revient.
32:06Donc, il a donné des rôles, finalement, aux minorités.
32:09C'est-à-dire qu'il ne les considère jamais comme des minorités.
32:12Peu importe, en fait, qu'ils soient noirs
32:14ou qu'ils soient de la couleur que vous voulez,
32:17il les considère avant tout comme des êtres humains.
32:20Et là, on retrouve le côté individualiste, si vous voulez,
32:23et le refus du communautarisme.
32:26Quand je disais qu'il n'aimait pas les corps intermédiaires,
32:29il n'aime pas non plus le communautarisme.
32:31Il a un sens de la communauté, mais il n'aime pas le communautarisme.
32:33C'est assez différent, justement, de la communauté traditionnelle,
32:37qui peut être la famille,
32:38qui peut être le fait que des gens se retrouvent sur des valeurs.
32:41Alors, un des films où il a posé cette question, presque ouvertement,
32:44c'est Gran Torino, qui est probablement un de ses derniers
32:46très grands succès qui est reconnu comme tel.
32:49Et dans Gran Torino, il y a deux manières de poser la question
32:51à les minorités.
32:52Il y a deux côtés, on le sait.
32:54D'abord, des voisins asiatiques.
32:55Ils s'en méfient et finalement, ils se rendent compte
32:57qu'il a beaucoup plus en commun avec eux par le partage de valeurs
32:59que ses propres enfants, qui sont des guimauves progressistes
33:02ou un peu larves de son point de vue.
33:04Mais il y a aussi une image de l'assimilation réussie
33:06dans Gran Torino.
33:07Vous avez probablement la scène en tête lorsqu'il arrive
33:09chez son coiffeur de mémoire.
33:10Et là, donc, ils s'insultent chacun sur le point
33:12de la minorité ethnique.
33:13Toi, le Polonais.
33:14Toi, l'Irlandais.
33:15Toi, le...
33:16Bon, faites la liste de toutes les communautés possibles.
33:18Mais à la fin, ils sont tous Américains.
33:20Et l'humour ethnique est une manière de marquer
33:22son appartenance à la communauté.
33:24Exactement.
33:25Le refus du politiquement correct, encore une fois,
33:27et le refus de la police du langage, parce qu'on voit bien
33:30qu'ils font des blagues racistes, entre guillemets,
33:32mais qui ne sont absolument pas racistes.
33:34Lui-même joue un immigré polonais, effectivement,
33:37dans le film.
33:38Je crois que son coiffeur est italien, d'origine italienne.
33:42Et qu'effectivement, il joue avec...
33:44Et effectivement, c'est à se caricaturer,
33:48à jouer sur les clichés.
33:50Il est d'abord, effectivement, extrêmement méfiant
33:53à l'égard de ses voisins asiatiques.
33:56Mais c'est justement dans le contexte d'une ville américaine
34:00extrêmement communautarisée.
34:01C'est quelqu'un qui vient d'un milieu ouvrier.
34:03Il a travaillé dans des usines automobiles.
34:06Donc, si vous voulez, il a un premier réflexe.
34:08Il a un réflexe protectionniste.
34:10Il défend son carré de pelouse, le drapeau américain à la main.
34:13Mais il voit que ses voisins, finalement, ont des valeurs,
34:16veulent s'intégrer.
34:17Donc, il y a quasiment un discours assimilationniste,
34:20je dirais, dans ce film.
34:22Et c'est aussi le refus de la police du langage.
34:24Je pense que c'est très important.
34:26Je disais tout à l'heure, il joue des types pas aimables,
34:28mais qui vont se révéler des types bons.
34:30Parce qu'à la fin, c'est une histoire d'amitié avec un gamin
34:33qu'il protège des gangs.
34:35Il va même se sacrifier pour lui.
34:37Donc, Clint Eastwood refuse de juger les individus
34:42sur des codes, je dirais, hypocrites.
34:45Il refuse l'hypocrisie.
34:46Il sait que l'Américain ordinaire peut parler de manière crue,
34:50peut faire des blagues racistes.
34:52Ça, on ne fait pas pour autant un raciste.
34:54Et parfois, les progressistes qui prétendent défendre
34:58les minorités sont parfois assez racistes.
35:00Si on prend l'analyse de Kamala Harris,
35:02quand elle veut faire des politiques spécifiquement
35:04destinées aux hommes noirs et leur proposer
35:06de travailler dans le trafic de drogue,
35:08je trouve que c'est extrêmement progressiste.
35:10Mais je vous relaisse sur ça, justement,
35:12et ensuite, je passe la parole à Arthur de Matrigan.
35:14Je ramène ça à Donald Trump, un instant.
35:16On lui reprochait toujours ses excès de langage.
35:18On lui reprochait d'avoir dit...
35:20Effectivement, il y en avait, il n'y a pas de doute là-dessus.
35:22Sa manière plus que brutale de s'exprimer,
35:24notamment pour des femmes, mais souvent,
35:26les femmes, lorsqu'elles en parlaient
35:28pour le défendre en guillemets,
35:30c'est des conversations de vestiaires,
35:32c'est des conversations de comptoir entre hommes.
35:34Les hommes laissés à eux-mêmes ne sont pas nécessairement
35:36à la part la plus éclairée de l'humanité.
35:38Chacun d'eux a tendance à faire le grand guerrier comme ça.
35:40Et finalement, la civilisation l'aplatit.
35:42Pas l'aplatit, mais le modèle, un peu,
35:44pour le civiliser, en fait.
35:46Est-ce qu'il n'y a pas dans le pardon pour plusieurs,
35:48pour les excès de Trump, quelque chose d'istudié?
35:50Tout à fait. Tout à fait.
35:52D'ailleurs, Trump lui-même disait,
35:54je ne suis pas très fier,
35:56mais il n'y a pas mort d'homme, entre guillemets.
35:58C'est vrai qu'avec le wokisme,
36:00avec le mouvement MeToo,
36:02aujourd'hui, une mauvaise blague peut vous valoir
36:04d'être exclu de la société.
36:06Donc oui, les Américains ordinaires savent
36:08que les hommes font des blagues sexistes,
36:10font des blagues racistes,
36:12mais ce sont aussi des hommes sur qui
36:14on peut compter parfois,
36:16et je crois que ça a joué pour Donald Trump.
36:18D'ailleurs, il a été comparé à un autre personnage,
36:20un personnage de série,
36:22Steve Bannon qui le comparait,
36:24à un personnage qui s'appelait Archie Bunker,
36:26qui avait été un personnage culte
36:28dans les années 70, dans une série américaine,
36:30qui était justement un Américain ouvrier
36:32qui buvait des bières,
36:34fumait des glopes,
36:36et qui avait un peu des préjugés,
36:38et qui accueillait
36:40dans son appartement
36:42son beau-fils
36:44qui avait des valeurs
36:46très gauchistes,
36:48et la série jouait avec ça,
36:50et les scénaristes avaient conçu ce personnage
36:52d'Archie Bunker,
36:54ils voulaient dénoncer l'extrême droite,
36:56et ils se sont rendus compte que ce type était devenu
36:58incroyablement populaire, un héros américain,
37:00même pour certaines minorités
37:02qui voulaient jouer dans cette série,
37:04parce qu'elles avaient bien compris
37:06que c'était un homme sympathique
37:08au fond, et effectivement,
37:10Trump avait été comparé
37:12à ce personnage-là, parce que je crois que
37:14beaucoup d'Américains
37:16en prennent et en laissent sur ces outrances
37:18qui sont parfois pas dignes
37:20d'un homme d'Etat, il faut le dire aussi,
37:22mais se disent, peut-être que
37:24ce type a finalement pas mauvais fond,
37:26il a d'ailleurs beaucoup de minorités,
37:28c'est l'événement peut-être de cette
37:30campagne électorale, on votait pour lui,
37:32les noirs américains
37:34notamment se sont dit,
37:36peut-être qu'il a des mots
37:38pas aimables à notre égard,
37:40mais finalement, on a plus de boulot
37:42quand il est là, notre salaire
37:44augmente, et finalement,
37:46est-ce qu'il est plus raciste
37:48qu'un parti démocrate
37:50qui nous regarde avec condescendance,
37:52comme si on était des sous-hommes,
37:54qu'on ne pouvait rien entendre,
37:56c'est ça aussi, je pense,
37:58qui a joué pour beaucoup de minorités,
38:00notamment pour les latinos,
38:02qui ne supportent plus d'être considérés
38:04finalement comme des sous-citoyens,
38:06des gens qui seraient constamment offensés,
38:08et qui s'intéressent, comme tous les citoyens,
38:10à des questions sociales, à des questions
38:12économiques, à des questions d'identité.
38:14Arsene Lovatriga ?
38:16Justement, parler des questions d'identité,
38:18moitié des années 2000, ils sont dans une série de films,
38:20Mémoire de nos Pères, American Sniper,
38:22L'affaire Richard Jewell,
38:24et le 15h17 pour Paris,
38:26qui parlent de la guerre,
38:28qui parlent du terrorisme,
38:30qui parlent des attentats, à part celui qui est à part,
38:32où ils questionnent la fabrique du héros,
38:34un héros qui rentre dans la lumière,
38:36et qui finit même parfois en accusation,
38:38et justement, à ce moment-là,
38:40qu'est-ce qu'il nous raconte de l'Amérique à nous,
38:42qu'est-ce qu'il dit aux Américains,
38:44de cette fabrique du héros et de l'identité américaine ?
38:46Oui, d'abord, c'est vraiment quelqu'un
38:48qui a filmé l'histoire américaine,
38:50y compris l'histoire récente,
38:52et effectivement, souvent, encore une fois,
38:54les héros sont des hantiers.
38:56Pour commencer, je pense
38:58notamment à L'affaire Richard Jewell,
39:00qui doit être l'un de ses meilleurs films
39:02dans ces derniers, et effectivement,
39:04c'est une histoire vraie, c'est un type
39:06un peu gros, encore une fois,
39:08pas très aimable,
39:10qui a des accents sécuritaires,
39:12et qui va déjouer un attentat
39:14pendant les Jeux Olympiques d'Atlanta.
39:16Seulement,
39:18au lieu d'être célébré comme un héros,
39:20comme il n'a pas la gueule de l'emploi,
39:22pardonnez-moi l'expression, on va l'accuser, lui,
39:24d'avoir fomenté cet attentat-là.
39:26Donc, encore une fois,
39:28il déjoue les préjugés, et surtout,
39:30il montre que le héros américain, finalement,
39:32ce n'est pas un super-héros,
39:34ça peut être un homme ordinaire
39:36qui va avoir ses défauts, ses faiblesses,
39:38qui va avoir une attitude juste au bon moment.
39:40Alors, élargissons un peu
39:42à partir de votre propos
39:44jusqu'à la politique présente aux États-Unis.
39:46On a l'habitude d'une élite,
39:48depuis les années 1920 environ,
39:50une élite de technocrates, une élite
39:52des deux côtes, côtes est, côtes ouest,
39:54et là, on voit les fameuses nominations de Donald Trump
39:56en ce moment, qui en font réagir plusieurs.
39:58Plusieurs d'entre eux sont présentés
40:00presque à la manière de personnages excentriques
40:02qui ont confié
40:04des responsabilités exceptionnelles
40:06dans l'administration, comme si c'était une bande de clowns
40:08qui s'emparait de Washington.
40:10Est-ce que, voyant cela, vous vous dites
40:12que c'est aussi fou qu'on nous le dit,
40:14ou est-ce qu'il n'y a pas quelque chose de très américain
40:16dans cette idée de remplacer une élite par une autre,
40:18en disant qu'ils ont fait faillite et qu'il nous faut désormais
40:20des hommes plus entrepreneurs et moins technocrates?
40:22Oui, effectivement, on parlait des héros,
40:24on voyait que le héros pouvait être un homme ordinaire
40:26qui n'avait pas nécessairement la gueule de l'emploi,
40:28qui n'était pas non plus un expert,
40:30qui juste réagissait
40:32avec ses tripes et son bon sens.
40:34Donc là, il y a quelque chose
40:36de fondamentalement américain.
40:38Et moi, je crois que tout le monde regarde ça avec des yeux écarquillés
40:40en se disant que c'est encore...
40:42En fait, c'est l'anti-ENA, en quelque sorte.
40:44C'est l'anti-ENA, oui, mais tout le monde regarde ça avec des yeux écarquillés
40:46en se disant que c'est encore un délire de Donald Trump.
40:48Moi, je crois que c'est une stratégie
40:50beaucoup plus pensée.
40:52Alors, je ne sais pas si Donald Trump pense,
40:54mais il a un instinct, il y a des gens autour de lui
40:56qui pensent, et il a promis aux Américains
40:58une stratégie de rupture.
41:00Je pense que les Américains n'en peuvent plus
41:02avec certaines bureaucraties de Washington
41:04arrogantes et conformistes.
41:06Et lui, il cherche en quelque sorte
41:08des hommes nouveaux.
41:10Donc, ce à quoi on assiste aujourd'hui,
41:12j'ai coutume de dire, c'est le grand remplacement des élites
41:14par Donald Trump,
41:16avec des types qu'on va juger
41:18parce qu'ils n'ont pas forcément
41:20les bons diplômes, mais qu'on jugera
41:22peut-être à leur capacité
41:24à faire bouger les choses.
41:26Il y a des figures qui peuvent apparaître
41:28excentriques dans le lot,
41:30à mon avis, qui se dégagent et qui sont très intéressantes
41:32et qui sont
41:34deux facettes des nouvelles élites
41:36que veut promouvoir Donald Trump.
41:38C'est d'un côté le vice-président,
41:40et de l'autre, effectivement,
41:42Elon Musk. Elon Musk, c'est simple, c'est la figure
41:44de l'entrepreneur, du self-made man.
41:46Ça témoigne aussi
41:48de la montée en puissance, justement,
41:50des élites venues de la tech.
41:52C'est plus les élites financières,
41:54c'est plus les élites technocratiques,
41:56c'est ceux qui maîtrisent les nouvelles technologies.
41:58Je trouve que c'est très intéressant
42:00et ce n'est pas un hasard si
42:02Elon Musk est promis.
42:04De l'autre côté, on a J.D. Evans qui, pour le coup,
42:06a fait les meilleures écoles, mais qui
42:08ne vient pas du tout
42:10des grandes villes. Il vient du fin fond
42:12de l'Ohio. Il a raconté
42:14dans un livre, il a fait un éloge, justement,
42:16des ploucs, si on traduit
42:18son livre. Il a
42:20grandi dans une famille de rednecks et
42:22il incarne la revanche de cette
42:24Amérique populaire qui a voté
42:26Donald Trump. Je crois que
42:28c'est très intéressant. On
42:30assiste... La vie politique est
42:32faite de cycles et en fait,
42:34ce à quoi on assiste aujourd'hui, c'est
42:36à une crise de régime qui
42:38est en train de s'achever et à un nouveau
42:40cycle qui est en train de
42:42s'ouvrir. Je crois que, par exemple,
42:44si on prend la situation française, quand il y a eu la révolution
42:46française, alors ça a
42:48mal fini, mais avant, l'aristocratie
42:50regardait de où la bourgeoisie
42:52ascendante et c'est un peu
42:54ce qui se passe aujourd'hui. On a
42:56des gens qui ont l'habitude d'avoir
42:58des positions dominantes dans les médias,
43:00dans la politique, dans l'entreprise, qui
43:02regardent ceux qui
43:04sont en train d'arriver et d'émerger
43:06comme une bande de ploucs et de
43:08beaufs, mais on verra ce que
43:10dira l'histoire. Moi, j'ai plutôt l'impression
43:12qu'il y a une vieille élite qui est en train
43:14de disparaître et une autre
43:16qui est en train d'apparaître. Maintenant, on verra si
43:18cette nouvelle élite est capable de
43:20bien représenter le peuple, de redresser
43:22l'Amérique, ça c'est une autre question,
43:24mais je pense que
43:26l'ère populiste qui s'ouvre va
43:28durer et c'est en réalité
43:30une nouvelle ère et la fin
43:32du cycle de la mondialisation
43:34heureuse qui s'était ouverte dans les années 80.
43:36Arthur de La Trigue. Justement, cette nouvelle
43:38élite, ce qui est intéressant, c'est que c'est une rupture
43:40aussi avec la droite américaine traditionnelle.
43:42On le voit, je vous parlais de
43:44J.D. Evans, qui est un exemple intéressant,
43:46mais on a un grand remplacement,
43:48si je peux utiliser l'expression, du
43:50christianisme sur les protestants.
43:52Et ça se traduit sur ce qui
43:54compte, c'est plus le dépassement par
43:56l'individualisme et par
43:58le libéralisme,
44:00c'est le dépassement par la communauté,
44:02on repart au film d'Eastwood qui s'inspirait de
44:04Trump et de la naissance de l'Amérique, et par l'enracinement
44:06et l'identité.
44:08Mais est-ce que ça, c'est quelque chose
44:10qui peut durer, parce que c'est vraiment une rupture
44:12énorme avec la droite américaine ?
44:14Alors, Rod Greer
44:16l'a très bien décrit,
44:18et moi je n'irai pas forcément sur le terrain religieux,
44:20mais pour vous suivre, effectivement, c'est une rupture
44:22fondamentale, et c'est d'abord une rupture
44:24avec le parti républicain, peut-être pas
44:26traditionnel, parce que le parti de Nixon n'était pas
44:28tout à fait celui de Reagan,
44:30mais c'est une rupture avec le parti qu'on connaît
44:32depuis Reagan,
44:34qui est un parti, disons-le,
44:36libéral, mais libéral
44:38pas seulement dans le sens individuel, s'il l'est,
44:40dans le sens libre-échanger, c'est un parti
44:42finalement qui concevait l'Amérique
44:44non pas comme une nation, mais comme
44:46un empire qui allait apporter la démocratie
44:48partout dans le monde, en faisant sauter
44:50les frontières et les barrières
44:52douanières. Là, c'est le retour à la
44:54nation Donald Trump,
44:56et effectivement, c'est un changement
44:58par rapport au parti républicain,
45:00et il a dû d'abord, en réalité, Donald Trump lutter
45:02contre son propre parti, et là,
45:04les gens qui hurlent, en réalité,
45:06parce que les nominations seraient
45:08des nominations extravagantes, c'est aussi des gens
45:10qui faisaient partie du vieux parti républicain
45:12et qui sont en train de perdre leur pouvoir, tout simplement.
45:14Il nous reste une minute, deux questions.
45:16Imaginez un martien qui arrive
45:18ou quelqu'un qui tout simplement ne connaît pas
45:20Clint Eastwood. Par quelle oeuvre,
45:22par quel film rentrez dans l'oeuvre de Clint Eastwood ?
45:24Et ensuite, si je ne me trompe pas, vous participez
45:26à un débat sur
45:28l'oeuvre de Clint Eastwood d'après-demain.
45:30De quoi parlera ce débat
45:32et où aura-t-il lieu ?
45:34Alors, il aura lieu au cinéma L'Arlequin.
45:36Je ne serai pas tout seul, il faut bien dire que ça a été organisé
45:38par le Figaro hors série, qui a fait
45:40un formidable numéro,
45:42qui a le nouveau film d'Eastwood,
45:44que je vous conseille Jurer numéro 2, qui vient de sortir
45:46au cinéma, donc il y a une projection
45:48à L'Arlequin.
45:50Ensuite, il y a un débat avec ceux qui ont
45:52participé à ce numéro.
45:54Je crois qu'il reste encore des places, je suis même sûr
45:56qu'il reste encore des places, donc venez
45:58nombreux.
46:00Votre précédente question
46:02est extrêmement
46:04difficile.
46:06Vous devez y répondre, vous avez 20 secondes.
46:08Je ne vais pas vous parler de martien, je vais vous juste
46:10dire quel est mon Eastwood préféré,
46:12je pense que c'est, pour moi, Mystic River.
46:14Parce que c'est comme les très grands
46:16romans, dans les très grands romans, il n'y a pas
46:18une phrase en trop, il n'y a pas une virgule en trop,
46:20c'est toujours le mot juste. Et là, c'est
46:22pareil, c'est l'épure absolue,
46:24il n'y a pas un plan en trop,
46:26il n'y a pas un dialogue en trop, c'est une tragédie
46:28absolue et c'est extrêmement sec
46:30et fort. Un grand merci Alexandre
46:32Devecchio, merci également pour les invitations
46:34lundi 18 novembre au cinéma
46:36L'Arlequin. Vous avez dû vous
46:38tromper de bureau parce que je n'ai rien reçu pour l'instant.
46:40L'invitation est faite.
46:42Surtout qu'on m'a dit de faire venir
46:44des journalistes.
46:46Allez, à tout de suite dans leur dépôt, dans un instant.
46:48Merci à tous les deux la semaine prochaine.
46:50On préfère aller voir le foot.
46:52C'est vrai.