Face à Bock-Côté (Émission du 16/09/2023)

  • l’année dernière
Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote

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Transcript
00:00 Il est quasiment 19h, c'est un plaisir de vous retrouver pour Face à Mathieu Bocoté.
00:04 Cher Mathieu, bonsoir.
00:05 - Bonsoir.
00:06 - Heureux de vous retrouver également.
00:07 - De même.
00:08 - Arthur de Vatrigan, directeur de L'Incorrect.
00:10 L'émission, ça commence dans un instant, mais avant cela, c'est le point sur l'information
00:14 avec Adrien Spiteri.
00:15 Bonsoir Adrien.
00:16 - Bonsoir Ayoté, bonsoir à tous.
00:21 La vigilance rouge, pluie et inondation est terminée dans les Ros.
00:24 Le département repasse en vigilance orange, tout comme le Gard et la Lauzère, plutôt
00:29 dans l'après-midi.
00:30 Météo France estimait que l'importance des cumuls attendus nécessitait une attention
00:34 absolue.
00:35 Dans le nord du département, plus de 500 mm de précipitation ont été relevés.
00:40 Gabriel Attal annonce un audit auprès des rectorats.
00:43 L'annonce a été faite ce samedi par le ministre de l'Education nationale.
00:47 Elle intervient après le suicide d'un adolescent à Poissy et la révélation d'un courrier
00:51 adressé en mai dernier par le rectorat de Versailles aux parents de l'enfant.
00:55 Dans cette lettre, le rectorat dénonce l'attitude des parents.
00:57 Une lettre honteuse selon le ministre.
01:00 Et puis les journées du patrimoine, c'est ce week-end.
01:03 La 40e édition a débuté aujourd'hui.
01:06 Pour l'occasion, le palais de l'Elysée a ouvert ses portes à Paris.
01:09 Au total, ce sont plus de 25 000 animations qui sont proposées sur le territoire ce week-end.
01:15 - Merci cher Adrien pour le point sur l'information.
01:17 A la une de face à Boccote, les images qui nous parviennent de l'Empédouza font l'effet
01:22 d'une bombe.
01:23 Cible de nier le réel à présent.
01:26 Des milliers de migrants illégaux débarquent sur le sol italien, espérant s'installer
01:30 en Europe, prioritairement en France.
01:32 Cette submersion migratoire, beaucoup la contestent, peu restent crédibles.
01:37 Ils vont mettre fin une bonne fois pour toutes à l'immigration massive et incontrôlée.
01:41 Et puis Mathieu, vous allez lier cette actualité à une autre polémique cette semaine.
01:45 Surprise en début d'émission.
01:47 A la une également, il y a une part de génie dans la fashion week new-yorkaise.
01:51 Un influencer s'est infiltré et a défilé sur le podium.
01:53 Sac poubelle sur les épaules et charlotte sur la tête.
01:56 Le public, habitué à l'extravagance, se délecte.
01:59 L'imposture dure quelques secondes avant que la sécurité n'intervienne.
02:04 La mode à l'ère du wokisme et de la déconstruction, c'est l'édito de Mathieu Boccote.
02:08 Et enfin vous recevez ce soir Bruno de Cessol, critique littéraire, auteur du Sceptre et
02:15 de la Plume.
02:16 Un voyage étonnant entre la littérature et nos figures politiques comme Richelieu ou
02:20 encore De Gaulle.
02:21 Voilà le programme.
02:23 Face à Boccote, c'est parti.
02:24 Vous êtes quand même très fort Mathieu Boccote.
02:39 Allez-y.
02:40 Parce que cette semaine, pour votre première éditoriale, vous allez mettre en relation
02:43 deux événements qui ont marqué l'actualité.
02:46 Soit la polémique entourant un gynécologue qui ne se croyait pas compétent pour examiner
02:51 une femme trans et l'arrivée massive d'un migrant à Lampedusa.
02:55 Et pourtant, et pourtant, cher Elliot, ce n'est rien d'autre qu'un clin d'œil de l'histoire.
02:59 Petit détour, 1453, la chute de Constantinople.
03:04 La chute de Constantinople qui tombe sous les Ottomans, les Mahometans, et ça marque
03:09 la fin de l'empire byzantin.
03:11 Or, de quoi c'est rentré dans la légende des siècles, nous le savons.
03:15 De quoi parlaient à ce moment les grands docteurs de Byzance?
03:19 De quoi parlaient les grands savants, les grands intellectuels, pour utiliser un terme
03:24 qui n'existait pas à l'époque, de Byzance au moment où la ville était assiégée par
03:28 les Mahometans, par les Ottomans?
03:30 De quoi discutait-il?
03:31 Du sexe des anges.
03:33 Du sexe des anges.
03:34 Eh bien, faisons le saut rapide sur cette semaine.
03:38 Quelle controverse ouvre la semaine?
03:41 C'est la possibilité pour une femme trans, a-t-elle connu ou non sa transition, comme
03:47 on dit, c'est pas clair, donc une femme trans, un homme biologique qui s'identifie désormais
03:51 comme femme, la possibilité pour une femme trans de consulter un gynécologue.
03:58 Et là, le gynécologue, on le sait, a dit « je ne peux pas, c'est pas que je ne veux
04:03 pas, c'est que je ne peux pas, je ne suis pas compétent pour cela.
04:06 » Allez voir un neurologue ou aller voir des spécialistes pour votre situation très
04:11 particulière, je respecte ça, c'est pas le problème.
04:13 Mais moi, je ne suis pas.
04:14 Autrement dit, si vous avez un problème cardiaque, vous n'allez pas aller voir un podologue.
04:18 Si vous avez un problème au foie, vous n'allez pas trouver un spécialiste des reins.
04:22 De la même manière, si vous avez un appareil génital masculin, vous n'allez pas voir
04:27 un spécialiste de l'appareil génital féminin.
04:29 C'est un peu comme ça.
04:30 Donc, c'est une controverse qui a emporté une partie de notre époque.
04:34 On va dire qu'on est passé cette semaine de la querelle du sexe des anges à la querelle
04:38 du sexe des trans.
04:39 Au même moment, quelques heures, quelques jours après, en Ampedoza, qu'est-ce qu'on
04:46 voit?
04:47 C'est le nouveau visage de la « chute », de l'invasion, entre guillemets.
04:52 Alors, je ne suis pas de ceux qui réduisent le phénomène migratoire à l'invasion,
04:55 évidemment.
04:56 Mais ce qui s'est passé à Ampedoza ne peut pas être nommé autrement que sous le signe
05:00 de l'invasion.
05:01 Qu'est-ce qu'on voit?
05:02 Une arrivée coordonnée de pénèges de débarquement qui arrivent et qui déposent des milliers
05:08 d'hommes sur une île au point même où cette île, donc il y a environ 6 000 résidents
05:12 à Ampedoza, eh bien, la population est doublée très rapidement et qui arrive, quoi qu'on
05:17 en dise, de manière assez agressive.
05:20 Arrive de manière agressive pourquoi?
05:22 Premièrement, parce qu'ils savent qu'ils n'ont pas le droit d'être là.
05:24 C'est une entrée illégale sur le territoire européen.
05:28 Mais Ampedoza, qui devrait être, vu sa situation géographique, la forteresse de l'Europe,
05:35 eh bien, en fait, aujourd'hui, c'est le ventre mou.
05:38 C'est le ventre mou de l'Europe.
05:40 C'est là, c'est le chemin par lequel il est possible d'entrer en Europe et je précise
05:44 immédiatement, les autorités italiennes ont décidé, ont dit, on va répartir les
05:50 populations qui arrivent.
05:51 Donc, plutôt que de miser sur le fait qu'elles devraient repartir, on décide de les répartir.
05:57 Et là, ce qui est assez fascinant à travers ça, c'est qu'on sait partout en Europe
06:02 aujourd'hui quels sont les problèmes liés à l'immigration massive.
06:04 On sait que lorsque l'arrivée massive de jeunes hommes qui arrivent comme ça, ça
06:08 veut pas dire qu'ils sont pas mal intentionnés, la question est pas là.
06:10 Moi, je suis pas sur la psychologie des intentions individuelles.
06:13 On a vu ce qui s'est passé à Cologne en 2015-16.
06:16 On voit ce qui se passe régulièrement dans les transports en commun à Paris et plus
06:20 largement en France.
06:21 On voit les tensions liées entre une forme de délinquance et l'immigration.
06:25 Et là, on va le répéter pour les censeurs.
06:28 On ne réduit pas l'immigration à la délinquance, évidemment, mais le fait est qu'il y a un
06:32 lien qui doit être nommé.
06:33 Et ça, ça s'explique comment?
06:35 Par un choc culturel.
06:37 Un choc culturel qui est même un choc des civilisations qui s'exprime comment?
06:41 Notamment dans le rapport aux femmes.
06:42 Donc, qu'est-ce qu'on voit?
06:43 On voit véritablement une flotte qui arrive et qui s'empare d'une île en disant « désormais,
06:52 c'est chez nous ».
06:53 Et c'est parce qu'il n'y arrive pas avec la posture de l'homme qui demanderait la charité.
06:57 Non, non, on est plutôt devant celui qui exerce ses droits sur les territoires et désormais
07:00 pour nous.
07:01 Et on l'a vu, d'ailleurs, l'image a beaucoup circulé, le son aussi.
07:04 On nous dit, ils disent, on veut aller en France pour les aides sociales.
07:08 On veut aller en France pour les aides sociales.
07:10 On tient aux aides sociales.
07:12 Donc, c'est une manière de s'approprier la richesse d'un continent où on s'installe
07:16 sans en avoir le droit.
07:17 C'est qu'on arrive dans un pays pour immédiatement se brancher au robinet des aides sociales.
07:23 Alors, vous avez tout ça à l'esprit et j'ajouterais que, et ça c'est une chose importante, la
07:27 question des images.
07:28 La plupart du temps, les images qui nous sont proposées par les ONG, les images qui nous
07:32 sont proposées par les États, ce sont des images qui, rappelons ça, sont sur le modèle
07:35 Highland qui, rappelons-le, c'était bouleversant.
07:38 Cette scène nous avait tous bouleversés.
07:39 Ce petit Gurde qui était mort comme ça, je crois que son père l'avait amené pour traverser
07:46 le Méditerranée et puis on avait tous été bouleversés par ça.
07:49 Ça avait amené Mme Merkel par ailleurs à ouvrir les frontières de l'Allemagne et de
07:53 l'Europe pour consentir à ce que des colonnes puissent entrer en Europe, d'un million au
07:56 moins de personnes puissent y entrer, des migrants comme on disait.
07:59 Mais le problème c'est que l'image de la migration, c'est pas toujours l'image du petit
08:03 Highland.
08:04 C'est aussi l'image de jeunes hommes qui arrivent seuls, qu'il y a très peu de femmes
08:07 dans les PDG de débarquement.
08:08 Il y a donc des jeunes hommes qui arrivent seuls et qui ont une forme d'agressivité,
08:13 quoi qu'on en dise.
08:14 Et ça fait penser aux images de ce tas de Mélida, rappelez-vous, il y a quelques années,
08:18 des enclaves espagnoles au Maroc, où des hommes, force, rentrent avec des gourdins,
08:22 rentrent armés d'une manière ou de l'autre et sont prêts à, pas tous, mais beaucoup,
08:26 sont prêts à imposer leur présence et à tabasser ceux qui ne voudraient pas les laisser
08:30 entrer.
08:31 Donc ayant tout cela à l'esprit, d'un côté cette semaine, l'Occident se questionnait
08:36 est-ce qu'un homme biologique devenu femme sociale peut consulter son gynécologue et
08:41 de l'autre côté, eh bien l'invasion à Lampedusa, c'est 1453 revécu.
08:46 Mais pourquoi Mathieu, nos pays sont-ils à ce point incapables de stopper l'immigration
08:51 massive alors qu'il n'est plus possible de douter de son ampleur et de ses effets sur
08:57 la vie sociale ?
08:58 Nous sommes, je dirais, prisonniers de structures politiques qui ont été pensées et élaborées
09:04 à une autre époque.
09:05 La démocratie libérale telle qu'on l'a connue, le rapport à l'individu tel qu'on
09:09 l'a connu, le rapport aux frontières tel qu'on l'a connu, s'inscrivait dans des
09:13 sociétés relativement stables avec une cohérence culturelle.
09:16 Le modèle du droit des réfugiés tel qu'on l'a élaboré, c'était globalement pour
09:20 accueillir chaque année quelques dizaines ou quelques centaines de réfugiés d'exilés
09:24 qui fouillaient le communisme.
09:26 Le droit des réfugiés a été pensé dans un contexte civilisationnel et culturel qui
09:31 était celui, il faut globalement accueillir son génocide.
09:34 J'exagère, mais pas tant que ça.
09:35 Là aujourd'hui, on est dans une époque tout autre qui frappe de caducité.
09:40 L'ensemble de nos institutions qui sont devenues impuissantes pour une raison toute simple.
09:45 L'immigration massive ne se pense pas, évidemment c'est des destins individuels chaque fois,
09:49 mais à l'échelle de l'histoire, ce sont des masses qui se mobilisent, ce sont des
09:52 masses qui se mettent en mouvement.
09:54 Et si on décide qu'on n'est pas capable, parce qu'il y a une part de décision là-dedans
09:58 qui nous dit que ce n'est pas possible, le droit ne le permet pas, ce n'est pas possible
10:00 nous en avoir… Non, non, non, on ne se donne pas le droit de la contenir, de la réguler.
10:05 On ne se donne pas le droit de dire « on va faire un blocus pour empêcher désormais
10:09 les navires de pénétrer dans l'espace européen ». On ne se donne pas le droit
10:12 de reconduire les navires.
10:13 On ne se donne pas le droit de suspendre par exemple à Lampedusa ou ailleurs, on se dit
10:18 « vous entrez ici, vous n'êtes plus juridiquement sur le territoire européen » au sens où
10:22 le fait d'y mettre un pied ne vous donne pas le droit d'après demain de vous retrouver
10:24 au Danemark, ou en France.
10:27 Donc nous sommes prisonniers d'une conception de la démocratie, du libéralisme, du droit,
10:32 du droit d'asile qui ne cadre tout simplement plus avec notre époque.
10:35 Et de ce point de vue, il y a une nécessité vitale de recharger, je dirais, philosophiquement
10:43 et politiquement nos institutions pour qu'elles soient capables de répondre à ces défis.
10:46 Sinon, qu'est-ce qu'on va voir pour l'essentiel?
10:48 Des élites qui vont nous expliquer sans cesse qu'elles ne peuvent rien faire et qui vont
10:51 retourner leur énergie, non pas pour solidifier les frontières, mais pour persécuter politiquement
10:57 et juridiquement les peuples européens qui voudraient défendre leurs frontières et
11:01 qui pour l'instant, nos élites décident de les assimiler à l'extrême droite plutôt
11:06 que de prendre au sérieux la défense de la frontière.
11:08 Ce n'est pas un détail.
11:09 Vous voulez dire un mot sur une scène qui vous a frappé Mathieu?
11:12 En fait, vous voulez revenir sur le comportement de François Gemene, on en a d'ailleurs parlé
11:16 ce matin dans l'heure des pros, qui a traité Marion Maréchal de pin-up alors qu'elle se
11:21 trouve à Lampedusa pour prendre l'ampleur de la vague migratoire qui frappe l'île.
11:24 Alors c'est une scène qui doit être mentionnée parce que toute l'hypocrisie d'une bonne
11:29 partie de la gauche féministe était là devant soi.
11:32 Marion Maréchal est à Lampedusa, on le sait, elle rend compte de ce qu'elle voit.
11:36 Je précise, on peut apprécier ou non Marion Maréchal, la question n'est pas là, mais
11:39 c'est une femme politique qui décide d'assumer ses responsabilités, elle va sur le terrain.
11:42 Et François Gemene, plutôt que de la critique… François Gemene, il faut le comprendre, fait
11:46 partie de la nomenclatura progressiste, c'est un intellectuel qui parle sans cesse du changement
11:51 climatique, de la migration climatique, et ainsi de suite.
11:54 Membre du GIEC, qui se présente comme politologue.
11:56 Oui, et puis globalement, il fait partie du parti sans frontières, disons ça comme
12:00 ça.
12:01 Et pour qualifier, pour parler de Marion Maréchal, il dit qu'elle a été faire la
12:04 Pénope sur l'île.
12:06 Elle a été faire la Pénope à Lampedusa.
12:08 J'attends de Madame Mathilde Panot, de Madame Sandrine Rousseau, j'attends de la part
12:13 de l'ensemble des présentatrices qui existent sur les différentes chaînes info et qui
12:17 dénonceraient cela en toutes circonstances.
12:18 J'attends de la part de la classe politique une dénonciation très nette de cette manifestation
12:23 de machisme de François Gemenne, qui décide de la traiter de Pénope.
12:27 Il se corrige ensuite en disant « c'est vrai, j'aurais pas dû dire Pénope, j'aurais
12:29 dû dire charognarde ». Donc lui-même décide de se plonger encore plus dans l'abjection.
12:35 Mais où sont les féministes pour défendre une femme politique qui se fait réduire à
12:39 sa condition physique et se fait caricaturer en Pénope dans les circonstances en disant
12:43 « vous êtes madame, vous êtes pas digne, vous êtes une Pénope, vous savez pas votre
12:46 place, allez au cabaret, allez au musical, mais ne soyez pas sur le terrain comme ça
12:50 ».
12:51 Vous direz que les féministes, c'est pas la première fois qu'elles ne sont pas au
12:54 rendez-vous.
12:55 Les féministes ne sont pas au rendez-vous pour défendre la sécurité des femmes dans
12:57 les rues parce qu'elles sont mille fois plus intéressées par l'histoire du baiser
13:01 volé en Espagne dont on a beaucoup parlé.
13:02 Je dis pas que c'était pas grave.
13:04 Je dis que ça, ça les passionne, mais ce qui se passe dans les rues avec le drame de
13:08 Mégane par rapport à Omar et combien d'autres cas où les femmes subissent l'insécurité,
13:12 là les féministes sont aux abonnés absents et elles ont piscine.
13:15 Quoi qu'il en soit, M. François Gemenne a eu un comportement machiste, un comportement
13:19 inacceptable, méprisant, mais la caste médiatique et politique décide de presque le grand silence
13:25 en la matière parce qu'on attaque une femme de droite et attaque une femme de droite,
13:28 c'est permis.
13:29 Et nous étions les seuls à en parler ce matin.
13:31 Arthur de Vatrigan, revenons sur la question migratoire, sur la situation à Lampedusa
13:37 et finalement, je le disais, les faits sont têtus et aujourd'hui on a les images.
13:41 Personne ne peut nier ce qui est en train de se passer, à savoir cette vague migratoire
13:45 incontrôlée.
13:46 On a les images et des images dont on avait une illustration il y a quelques dizaines
13:51 d'années avec le roman prophétique de Jean Raspaille, "Le camp des Saints".
13:55 Et aujourd'hui, le réel rejoint la fiction.
13:57 Et d'ailleurs, je rappelle au passage l'accueil de ce roman, donc il a eu un succès parce
14:00 qu'on se le passait sous le manteau de se faire attraper par la patrouille parce qu'il
14:04 a subi des accusations en isme et en faube, vous imaginez bien la teneur.
14:09 Et je tiens à préciser néanmoins que dans ce concert, dans cette chorale de Ville des
14:13 Sédateurs, il faut reconnaître aujourd'hui l'ouverture d'esprit du grand Daniel Schoenherrman
14:19 qui, pour une fois, avait troqué son mot favori "nazisme" qu'il se trimbole en pendentif,
14:24 en bandoulière, tel un fétichiste en manque, pour "racisme".
14:27 Bref, passons.
14:28 La question que l'on peut se poser, c'est pourquoi et comment 10 000 personnes peuvent
14:33 arriver d'un coup ? C'est arrivé en deux jours dans la Lampedusa qui est ce péage
14:38 sans barrière pour l'autoroute de l'Europe et de la France.
14:41 Alors déjà, on sait qu'il y a peu ou presque pas de réfugiés de guerre, malgré ce que
14:46 veulent nous faire croire des agents de l'Union Européenne ou des ONG qui se contrôlent
14:52 la prise de parole des migrants, des clandestins qui sont interviewés.
14:55 Mais lorsque leur garde chourme est un peu éloignée, ils expliquent très clairement
15:00 qu'ils viennent pour des raisons économiques.
15:02 Concernant la typologie, on voit que la parité, ce n'est pas trop leur truc.
15:06 Pas de femmes, très peu, des enfants, presque pas.
15:08 D'ailleurs, heureusement, me diriez-vous que ce ne sont pas des réfugiés parce que
15:12 s'ils avaient laissé les femmes et les enfants, même débarrassés de toute injonction patriarcale
15:19 pour faire la guerre, on imagine la rousse qui se serait prise.
15:22 Maintenant, si on regarde les chiffres officiels, 2023 va battre le record de migration des
15:29 immigrants de 2016.
15:30 2016 étant la dernière grande crise migratoire.
15:33 Sauf que cette fois-ci, il y a une nouveauté, c'est que vous avez trois voies principales
15:37 d'entrée vers l'Europe depuis l'Afrique et depuis le Proche-Orient.
15:39 Vous avez la voie occidentale qui passe par le Maroc et qui remonte vers l'Espagne.
15:43 Vous avez la voie orientale qui était celle privilégiée en 2015 lors d'une crise migratoire
15:47 qui serpente à travers les Balkans pour arriver en Turquie.
15:51 Et puis, vous avez la voie de la Méditerranée centrale qui transite par la Libye et la Tunisie
15:56 pour arriver principalement en Italie et donc l'Ampédouza.
15:59 Alors, vous n'ignorez pas de savoir évidemment que la péninsule est dirigée depuis octobre
16:03 par Georgia Meloni dont certains avaient affirmé qu'elle allait transformer toute cette misère
16:08 humaine en boulette de kefta.
16:09 La réalité, c'est que depuis février, de nombreux qui la présentaient comme christofasciste,
16:14 on se rend compte qu'elle n'est pas si fasciste que ça et même qu'elle adopte une position
16:17 finalement très macronienne.
16:19 Elle a voté une loi pour faciliter l'immigration légale, alors cette, certes, sous la pression
16:23 des grands patrons, avec comme argument répondre aux métiers sous tension.
16:28 Et elle a voté le pacte de soutien, ou en tout cas soutenu le pacte d'asile et d'immigration
16:32 de l'Union Européenne, dont la ligne est très claire, c'est "donnez-nous les clés
16:35 de la souveraineté, on va gérer la répartition des migrants".
16:38 Puis elle s'est affichée avec Ursula von der Leyen sur le plan de centaines de millions
16:42 d'euros qui a été enclenché pour pouvoir gérer la crise migratoire, sachant qu'on
16:46 sait tous qu'il n'y a pas un début de ligne sur son CV à la présidente sur la gestion
16:53 de la crise migratoire ou en tout cas comment lutter contre ça.
16:56 Et imaginez-vous à la place des passeurs, dès qu'une loi, dès qu'une déclaration
16:59 de l'Union Européenne ou des présidents occidentaux, des pays occidentaux, pour eux
17:04 ils convertissent ça immédiatement en oseille, ils savent très bien comment ça fonctionne.
17:07 Et d'ailleurs sur ce plan qui a été voté, beaucoup de députés se sont opposés, beaucoup
17:11 de députés européens, et il ne serait pas inintéressant d'aller voir du côté de
17:14 la Tunisie ce qu'il se passe, parce que quand vous avez une trentaine de bateaux qui débarquent
17:17 d'un coup, même un borgne voit ce qu'il se passe.
17:20 Et pourtant il n'y a aucun garde-côte qui a essayé d'empêcher la venue de ces bateaux.
17:25 Donc il y a quelque chose à creuser là-dessus.
17:26 Je cite juste Jean Raspail pour terminer "dans la nuit au midi de notre pays, 100 navires
17:31 se sont échoués, chargés d'un million d'immigrants.
17:34 Ils viennent chercher l'espérance, ils inspirent la pitié, ils sont faibles, ils ont la puissance
17:38 du nombre".
17:39 Eh bien nous ne sommes plus au temps de l'urgence, il est largement passé, nous sommes à essayer
17:44 de sauver ce qui peut être encore sauvé, et ça tombe bien, il y a une élection européenne
17:48 qui arrive bientôt.
17:49 Je rappelle que vous êtes directeur de la rédaction de L'Incorrect, et que si mes souvenirs
17:52 sont bons, il y a trois ou quatre mois vous aviez fait tout un dossier sur la question
17:57 migratoire.
17:58 Votre deuxième éditorial sera plus léger, ou peut-être pas, cher Mathieu Boquecôté,
18:03 puisque vous souhaitez nous conduire à New York, et plus exactement à la Fashion Week
18:07 de New York.
18:08 Qu'est-ce qui vous prend?
18:09 Qu'est-ce qui vous arrive?
18:10 C'est une scène, on l'a vu, elle a beaucoup tourné sur les réseaux sociaux.
18:13 C'est un homme qui défile à la Fashion Week, dans l'indifférence générale, il porte
18:19 un bonnet de douche.
18:20 On va la voir d'ailleurs en émission.
18:22 Et un sac poubelle, et des chaussures de course.
18:28 Il est habillé véritablement de manière absolument atroce.
18:31 Il défile et personne ne se rend compte de rien.
18:34 Comme si ça allait de soi, comme si c'était une scène naturelle.
18:39 Et on se rend compte qu'il y a un problème seulement quand les gardiens de sécurité
18:42 arrivent et le chassent.
18:43 Et là on se dit « Ah, il y a peut-être un problème ». Mais jusqu'alors, le commodé,
18:47 enfin le commodé immortel, c'est pas le commodé immortel qui est à la Fashion Week,
18:50 le public trouve que cette tenue en bonnet de douche et en sac poubelle, c'est une tenue
18:56 qui va de soi, qui est normale.
18:58 Alors c'est une scène qui est merveilleuse pour moi, c'est du génie.
19:01 Le type s'appelle Fred Beyer, c'est un YouTuber, comme on dit, c'est un spécialiste
19:04 du canular.
19:05 Donc il a l'air de provoquer des situations comme ça pour tourner en ridicule ce qui
19:09 doit être ridiculisé.
19:10 Et on le sait, aujourd'hui, la mode est un lieu qui fonctionne à la déconstruction
19:16 esthétique.
19:17 Alors, paradoxalement, ça devrait être l'industrie du beau, mais trop souvent, trop souvent,
19:20 c'est l'industrie de la déconstruction esthétique, de l'enlaidissement volontaire.
19:24 Ou non, justement, c'est l'industrie qui célèbre le cheveu bleu, la déconstruction
19:28 de tous les sexes.
19:29 Et dans cet univers, eh bien, lorsqu'on se prend avec un sac poubelle et un bonnet de
19:33 douche, eh bien, on peut être pris au sérieux, on est simplement un mannequin comme les
19:37 autres.
19:38 Donc il voulait dénoncer une supercherie.
19:39 Ça n'est pas sans lien, si je peux me permettre, avec ce qu'on voit dans certains musées.
19:43 Vous savez, c'est des scènes qui arrivent quelquefois dans des musées où il y a une
19:45 installation d'art contemporain, le concierge passe à la fin, il ramasse le tout parce
19:48 qu'il disait qu'il croyait que c'était des déchets, il n'était pas au courant que
19:51 c'était une installation artistique qui venait des millions de dollars.
19:53 C'est formidable.
19:54 Ou avec l'art public qui, quelquefois, on décide de placer quelque chose de très laid
19:58 au milieu de quelque chose de très beau et on nous dit « admirez, c'est beau », alors
20:01 que quelquefois, c'est une horreur qui relève de l'art public tel qu'on le connaît
20:05 aujourd'hui.
20:06 Donc cette scène, qui peut sembler loufoque, en dit beaucoup sur l'époque, c'est une
20:09 dénonciation légitime de la supercherie.
20:11 Et de ce point de vue, parce que toute époque, toute esthétique a une dimension politique,
20:16 eh bien ce type a fait un travail, je dirais, salvateur et apprécié.
20:19 - Arthur Leroy.
20:20 - En attendant un instant, si je peux me permettre une dernière chose, parce que cette question,
20:23 elle est politique aussi.
20:24 Et de ce point de vue, il y a une forme de démarche en sens inverse qui existe et qui
20:29 est légitime et on le voit aussi, c'est tout ce qui touche aujourd'hui à l'esthétique
20:32 masculine.
20:33 C'est assez intéressant de voir comment d'un côté, il y a la déconstruction, il
20:37 y a la célébration du yel au cheveu bleu, il y a la célébration du non-genré revendiqué
20:43 qui va pousser la déconstruction jusqu'au bout.
20:45 Mais au même moment, on voit dans la jeune génération, c'est un mouvement qui n'est
20:48 pas encore dominant, on s'entend, mais qui est présent.
20:51 Une jeune partie de la jeune génération qui cherche à se réapproprier les codes
20:53 de l'élégance classique.
20:54 Et ça, on le voit de quelle manière?
20:56 Rappelez-vous, on a reçu ici Hugo Jacomet l'an passé, qui a eu un beau succès d'audience.
21:01 Pourquoi?
21:02 Parce qu'il explique aux gens que se réapproprier cette tradition esthétique, donc l'élégance
21:06 masculine, la cravate, la veste, tout ça, ça veut dire que c'est décider de faire
21:10 le choix du beau dans le monde de la déconstruction, du relâchement et de l'avachissement.
21:14 Cette semaine, jeudi, si je ne me trompe pas, il y aura un grand dîner de la revue Dandy,
21:19 cette revue qui décide de mettre de l'avant les codes de l'esthétique masculine classique,
21:23 qui va rassembler les gens avec cette idée, encore une fois, que le vêtement, ce n'est
21:27 pas que du chiffon.
21:28 Le vêtement, ce n'est pas que du chiffon, c'est aussi une manière d'habiter le monde,
21:31 c'est aussi une manière d'envoyer un signal de quelle est notre conception du beau, c'est
21:36 aussi une manière de s'opposer au relâchement tel qu'on le connaît aujourd'hui, c'est
21:39 une dissidence à portée de tous.
21:40 Chacun peut décider aujourd'hui, devant l'empire des relâchés aux cheveux mauves, chacun
21:45 peut décider d'incarner une dissidence esthétique.
21:48 Alors ce type était formidable.
21:49 - Vous me refuseriez l'accès si j'étais en sac poubelle sur les épaules pour l'émission?
21:54 - J'espère.
21:55 Je vous chasserais.
21:56 - Ah non, Arthur de Vatrigan, il nous reste une minute.
21:59 Quel regard vous portez.
22:00 Coup de génie ou pas?
22:02 - Écoutez, moi je reconnais que le défilé de mode, ce n'est pas trop ma cam', il y a
22:05 des subtilités qui m'échappent, mais là, quand je vois cette scène, je ne peux pas
22:08 m'empêcher de me demander à quel moment ça a merdé dans notre monde.
22:10 Parce que si Mathieu a rappelé cette conversation qu'on avait eue avec Hugo Jacomet, justement,
22:15 qui nous expliquait avec du feu dans les yeux l'importance de la précision du geste dans
22:19 l'art sartorial, la patience à déployer devant des matières nobles, la tradition
22:23 du beau, de l'élégance, tout ça.
22:25 Et pendant ce défilé, si Monsieur de la Sécurité n'était pas intervenu, en fait, le public
22:29 aura applaudi un mec avec un rideau de douche.
22:31 C'est quand même assez fascinant.
22:32 Et alors, il faut rappeler à tous édentis, évidemment, que nous ne sommes pas sur Terre
22:35 pour passer un moment sympa, même à la Fashion Week, parce que un, je ne vois pas l'intérêt
22:39 de passer un moment sympa sur Terre, on aura toute l'éternité pour faire ça si on ne
22:41 pourra pas notre bilan avec le grand patron.
22:43 Mais surtout, imaginez juste deux secondes, nos ancêtres seraient alimentés ou étaient
22:47 alimentés par la même ambition de mesquine que nous.
22:50 Le résultat aujourd'hui, c'est qu'on aurait une architecture de la France entière
22:55 qui ressemblait en fait à un dessin d'Indi Algo.
22:57 On n'aurait évidemment pas inventé la photo, pas inventé le cinéma, on n'aurait pas
23:01 inventé l'avion, Belmondo, Bardot, Baudelaire, il n'aurait jamais pondu un verre et il n'y
23:05 aurait pas du gothique qui aurait poussé un peu partout dans nos grandes villes.
23:08 Bref, la France serait la France rêvée de Libé, c'est-à-dire abourrie, sale, moche
23:13 et un peu puante.
23:14 Et donc moi, comme solution, je ne peux que vous conseiller d'acheter un livre que j'ai
23:17 lu cet été, un livre d'un écrivain qui est aussi un ami, mais je n'en parle pas
23:20 parce que c'est un ami, je n'en parle pas parce que c'est un bouquin brillant, qui
23:23 s'appelle "La dernière avant-garde" de Romar Xangars, et qui nous explique justement
23:27 que le goût de la beauté n'est pas un luxe, car le luxe que représente la beauté,
23:33 c'est une nécessité absolue.
23:34 Parce que si nous sommes aussi rabougris aujourd'hui, c'est justement parce que la
23:38 beauté ne semble plus nécessaire dans ce monde pragmatique, alors qu'au contraire,
23:42 la beauté devrait être au centre de toute communauté.
23:44 - Je me permets une dernière écho, parce que je l'ai mentionné trop rapidement, les
23:48 vidéos de Giacomet, quand on parle de Go Giacomet, le parti de Giacomet.
23:51 Pour ceux qui croient que ces questions ont un peu d'intérêt, on peut les consulter
23:54 sur YouTube, c'est passionnant, ça permet de faire sa propre éducation esthétique
23:57 dans un monde qui nous pousse à la déséducation.
23:59 Le gala de la Revue d'Andy, qui célèbre ses 20 ans, et c'est important, pourquoi?
24:04 - Vous avez des places pour...
24:05 - J'aimerais bien, mais non, c'est une question...
24:06 - Vous avez un plaid?
24:07 - Non, non, je dis, non, je marque des événements comme ça qui existent dans l'espace public.
24:08 Pourquoi je le marque?
24:09 Pourquoi je le mentionne?
24:10 - Non, mais moi, je veux bien y aller, il n'y a pas de problème.
24:11 - Pour une raison toute simple, c'est qu'ici et là, il y a des petites... des oasis de
24:15 résistance, et ça doit être mentionné.
24:18 Ensuite, chacun fait comme il veut, mais c'est important, devant justement l'empire
24:21 des cheveux bleus, de tenir tête.
24:28 - Vous êtes très élégant, Mathieu Boctauté, ce soir.
24:31 - Bonjour, Annecy.
24:32 - La publicité.
24:33 19h30 sur CNews, le point sur l'information avec Adrien Spiteri, bien sûr.
24:40 Bonsoir, Adrien.
24:41 - Bonsoir, Yoté, bonsoir à tous.
24:45 Gabrielle Attal annonce un audit auprès des rectorats.
24:48 L'annonce a été faite ce samedi après-midi par le ministre de l'Éducation nationale.
24:53 Elle intervient après le suicide d'un adolescent à Poissy et la révélation d'un courrier
24:57 adressé en mai dernier par le rectorat de Versailles aux parents de l'enfant.
25:01 Dans cette lettre, le rectorat dénonce l'attitude des parents.
25:04 Une lettre ronteuse, selon le ministre.
25:06 La crise migratoire de Lampedusa au menu d'une conférence téléphonique.
25:10 Aujourd'hui, elle a notamment réuni les ministres de l'Intérieur français, italien et allemand.
25:15 Une réunion proposée par Gérald Darmanin, que vous voyez à l'image.
25:18 Plus de 8000 migrants ont débarqué sur l'île italienne cette semaine, entre lundi et mercredi.
25:24 Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, se rendra demain sur place.
25:30 Et puis, il y a près d'un an, jour pour jour, le 16 septembre 2022,
25:33 Massa Amini décédait après son arrestation en Iran.
25:37 Sa mort avait suscité une vive émotion et de nombreuses manifestations réprimées dans le pays.
25:41 Ce samedi, les autorités iraniennes ont empêché sa famille d'organiser une cérémonie
25:46 pour le premier anniversaire de Sam.
25:49 Merci, cher Adrien, pour le point sur l'information.
25:51 Mathieu Bocoté, Arthur de Vatriguen, bien sûr, pour la suite de Mathieu, face à Mathieu Bocoté.
25:55 Vous recevez, Mathieu, Bruno de Cessol.
25:57 Bonsoir, Bruno de Cessol.
25:59 Vous êtes critique littéraire et vous êtes auteur du "Septre et de la plume".
26:02 Pourquoi avoir invité Bruno de Cessol ?
26:04 Parce que ce livre est absolument magnifique.
26:07 Le "Septre et la plume", on m'en avait parlé, on me l'avait annoncé.
26:10 Les bons éditeurs nous disent "il y a un livre qui va te plaire".
26:12 Et effectivement, je l'ai lu.
26:14 Et je me suis dit, c'est de me plonger, en fait, non seulement dans l'identité française, au sens large,
26:19 mais dans le rapport spécifiquement français aux politiques, le lien intime,
26:23 et qui toujours se renouvelle entre littérature et politique.
26:26 Et c'est l'occasion, donc, de plonger dans l'identité française de la plus belle manière.
26:30 Bruno de Cessol, bonsoir.
26:31 Bonsoir, Mathieu.
26:32 Alors, point de départ de votre livre, je me permets de commencer notre entretien
26:36 avec la manière dont vous nous présentez l'ouvrage.
26:38 Vous nous parlez d'Emmanuel Macron, un homme qui, dans la longue histoire du rapport
26:43 entre la littérature et la politique en France, veut à sa manière honorer...
26:48 Il voudrait, lui aussi, il parvient-il, c'est autre chose,
26:52 mais il voudrait honorer cette vieille tradition qui fait que le politique en France est aussi un écrivain,
26:58 et l'écrivain, quelquefois, se croit avoir une vocation politique.
27:02 Quelle est cette tradition dans laquelle Emmanuel Macron veut-il s'inscrire?
27:06 Alors, j'ai voulu commencer par Emmanuel Macron parce que j'avais été très frappé
27:11 par trois entretiens qu'il a donnés au 1, au moment de sa campagne présidentielle,
27:15 entretiens au cours desquels il déclare qu'au fond, il laisse entendre que sa véritable vocation
27:21 serait plus la littérature que la politique.
27:23 Donc, ça m'avait frappé.
27:24 Après ça, il rend un magnifique hommage aux livres et à la littérature.
27:28 Et ce qui était extrêmement étonnant, c'est le décalage entre ces magnifiques déclarations d'intention,
27:35 ces déclarations d'amour à la littérature et à la culture, et ensuite ses propres actes.
27:39 C'est-à-dire que lorsque il se rend en Algérie, qu'il commence à faire un acte de repentance
27:44 sur la politique coloniale de la France, quand il déclare que la culture française n'existe pas.
27:48 Donc, c'est ce décalage qui m'a intéressé.
27:50 Et pour moi, Macron, cela a été...
27:53 Bon, il a déçu beaucoup d'espoirs qui ont été placés en lui et notamment les gens de culture
27:59 ont pensé qu'avec un ancien élève de Paul Ricoeur, qui se dit familier de Spinoza, etc.,
28:05 on allait avoir à la tête de l'État, dans la tradition platonicienne, un gouvernant, un prince littéraire et philosophe.
28:17 Et en ce sens, Macron représente bien cette volonté de restaurer cette tradition très ancienne,
28:24 qui remonte au moins au Moyen Âge, entre les hommes de pouvoir et les gens de lettres.
28:30 Alors, on pourrait dire qu'il y a trois grandes manières d'aborder par les arts, les lettres ou la culture,
28:37 ou selon les pays, la chose politique.
28:40 On pourrait dire qu'il y a la médiation par la philosophie.
28:43 C'est la tentation probablement de conceptualiser le monde, probablement une tentation allemande.
28:47 Il y a la tentation empirique, qui peut se donner la véritable connaissance du monde via les sciences sociales.
28:52 Et là, il y a la tentation, l'intuition française, qui dit que la littérature n'est pas qu'un passe-temps,
28:57 la littérature nous apprend quelque chose sur l'âme humaine.
29:00 Quelle réponse ou quelle vision la tradition française a-t-elle de la littérature
29:06 en tant que savoir qui nous apprend quelque chose sur l'âme humaine ?
29:10 Ce qui m'a frappé, c'est que la France est probablement le seul pays en Europe,
29:13 et peut-être le seul pays au monde, où ce lien quasiment incestueux entre littérature et pouvoir
29:19 existe depuis des siècles et s'est maintenu à peu près jusqu'à nos jours,
29:22 même si aujourd'hui, il tente à s'affaiblir, voire à disparaître.
29:28 Vous savez que l'Allemagne passe pour la patrie par élection de la philosophie,
29:32 l'Italie passe pour la mecque des arts, et la France a cette singularité de représenter la patrie des lettres,
29:40 la patrie de la littérature depuis des siècles.
29:43 C'est un vieil héritage de la rhétorique gréco-romaine.
29:46 Cet héritage a été maintenu ensuite par l'enseignement, par le collège.
29:52 Il ne faut pas oublier qu'à l'époque, par exemple, au XVIe ou au XVIIe siècle,
29:56 à l'école, on apprenait le latin, on commençait à parler le latin.
30:00 Et les grandes références, c'était César, c'était Cicéron et c'était Virgile.
30:07 Et donc, la France, particulièrement par rapport aux autres pays d'Europe,
30:12 incarne, il n'y a qu'en France où les écrivains représentent en quelque sorte les destinées de la nation.
30:18 Et ça, c'est une chose qui est très, très, très frappante.
30:20 Ça a beaucoup plus d'ailleurs frappé les étrangers que les Français.
30:24 Je dis que c'est comme la lettre volée d'Edgar Poe, elle est sous les yeux, mais on ne la voit pas.
30:27 Et ça a frappé notamment deux essayistes très remarquables.
30:30 L'un qui est un essayiste balte qui s'appelait Hermann von Kaiserling à la fin du XIXe, début XXe.
30:36 Et l'autre, un essayiste allemand qui s'appelait Ernst-Robert Kurtius dans son Essai sur la France.
30:40 Le premier, c'est l'Analyse spectrale de l'Europe, qui est un livre tout à fait remarquable qu'on peut encore lire avec fruit.
30:46 Et tous les deux disent qu'il n'y a qu'en France qu'on constate que, effectivement,
30:51 les hommes politiques estiment devoir ajouter à leur légitimité,
30:56 soit leur légitimité naturelle en tant que prince ou leur légitimité électorale,
31:01 estiment devoir rajouter à cette légitimité une autre légitimité un peu transcendantale, qui est celle de la littérature.
31:07 On n'a pas d'autre. De même qu'il n'y a qu'en France où les grands écrivains estiment qu'il est de leur mission
31:15 d'éclairer les destinées du pays, de peser sur les décisions politiques et de s'instituer en quelque sorte mages, prophètes et législateurs.
31:23 - Alors, prenons une figure justement parmi ceux dont vous nous parlez. C'est Alexis de Tocqueville.
31:27 Alexis de Tocqueville qui fut un grand, à tout moment, un politique en son temps, mais il a survécu davantage comme philosophe.
31:33 Et Tocqueville est une figure intéressante dans tout ça parce que, généralement,
31:36 on sait le sens commun de la littérature, on nous dit que la littérature, ça permet de capter la singularité absolue d'une situation,
31:42 la singularité de l'esprit d'un peuple. Et Tocqueville, lorsqu'il s'intéresse à la chose, il dit tout au contraire.
31:47 La littérature, telle qu'on le voit en France, ça pousse à la généralité, à l'abstraction, à un monde désincarné.
31:53 Donc, est-ce qu'il y a une forme de paradoxe dans ce rapport à la littérature qui peut conduire à un extrême ou à l'autre ?
31:58 - Je dirais que le paradoxe est aussi celui de Tocqueville lui-même. Tocqueville, en fait, s'est cru obligé d'avoir une vocation politique
32:07 parce qu'il y avait la tradition de son grand-père Malzherbe, son grand-oncle Chateaubriand.
32:11 En fait, la véritable vocation de Tocqueville est une vocation littéraire. C'était un homme de cabinet.
32:15 Il était très mal à l'aise quand il devait parler en public. Il était bien moins brillant à la tribune que Lamartine, par exemple.
32:24 Mais il a voulu, par devoir social, le service du pays, pour lui, passer par, effectivement, l'entrée en politique.
32:31 Alors, malheureusement, il a été extrêmement déçu parce que la politique ne lui avait pas apporté ce qu'il désirait.
32:37 D'abord, il n'était pas écouté, contrairement à Lamartine, qui était beaucoup plus séduisant à la tribune.
32:43 Il n'avait pas la prestance de Lamartine, il ne savait pas parler comme lui.
32:46 Mais il a essayé de faire passer un certain nombre d'idées, des idées qui étaient à la fois libérales et conservatrices.
32:53 C'est un peu son paradoxe. Et il a, au fond, toute sa carrière politique...
32:58 Quand on lit ses souvenirs, qui sont d'une méchanceté absolument inouïe sur les contemporains,
33:05 Émile Fagué disait que jamais il n'avait lu un livre où les contemporains étaient aussi étriers que dans les souvenirs de Tocqueville,
33:12 et qu'il traite d'âne bâtée des gens qui n'étaient pas tous des aigles, mais qui étaient des braves gens, dit Fagué.
33:17 Et donc, il a éreinté beaucoup, beaucoup de monde. En fait, c'est par ressentiment.
33:23 Et Tocqueville, qui était véritablement, au fond, un homme de cabinet, un homme d'écriture, qui était voué à cela,
33:30 s'est trompé dans sa vocation en faisant de la politique.
33:34 Et peut-être que c'est par déception, oui, peut-être, qu'il a écrit des choses terribles sur le mauvais côté de la littérature en politique.
33:50 Au moment de la révolution de 1848, par exemple, il se trouve face à un de ses très bons amis libérales comme lui,
33:58 membre de l'Académie comme lui, je crois que je n'ai plus oublié son nom,
34:00 et celui-ci s'enthousiasme en disant "mais c'est formidable, la révolution de 1848, nous avons enfin la liberté".
34:06 Et Tocqueville lui dit "mais vous n'y comprenez rien".
34:08 Et Tocqueville se fâche, l'engueule violemment en disant "vous ne comprenez rien à rien, vous suivez ça comme un badeau littéraire".
34:14 Mais la révolution de 1848, ce n'est pas l'assomption de la liberté, c'est au contraire,
34:18 c'est l'événement qui montre que les Français n'aiment pas la liberté, ils n'aiment que l'égalité ou l'égalitarisme.
34:24 La liberté, ils ne l'ont jamais comprise, ils ne la comprendront jamais.
34:27 Voilà ce que dit Tocqueville.
34:28 Et là, il dit que malheureusement, la France n'est plus une nation littéraire.
34:33 En 1850 à peu près, dans ces années-là, la France d'ici n'est plus une nation littéraire.
34:39 Elle l'a été, elle ne l'est plus.
34:41 Un livre aujourd'hui n'a plus l'influence sur le grand public qu'il avait autrefois.
34:45 Les grands écrivains, il n'y a pas de Voltaire, l'équivalent d'un Voltaire aujourd'hui au 19e siècle.
34:49 Et donc, ce que les Français ont gardé, c'est les mauvais côtés de la littérature,
34:54 c'est-à-dire au fond, regarder le jeu des acteurs plutôt que l'intérêt de la pièce,
35:01 la manière dont la pièce est jouée.
35:04 En fait, une sorte de futilité, de frivolité française qui l'incrimine.
35:09 Et il dit malheureusement, la politique française reste dans cette ornière de la frivolité et de la futilité.
35:15 Alors, il avait aussi, excusez-moi, je reviens.
35:17 Quand il a travaillé sur l'Ancien Régime et la Révolution, il a été très frappé de voir
35:22 la manière dont au 19e siècle, les écrivains sont devenus un parti politique,
35:27 un parti politique et un lobby, un lobby politique extrêmement puissant.
35:30 Et donc, alors que les écrivains, à l'époque de Louis XIV, au 17e siècle,
35:35 grâce à Richelieu, la création de l'Académie française, au mécénat de Louis XIV,
35:40 l'écrivain était censé apporter, donner plus de lustre au pouvoir politique.
35:46 Au 18e, c'est exactement l'inverse, avec Voltaire et les encyclopédistes,
35:50 la littérature et les écrivains, leur vocation, c'est de détruire l'ordre social
35:54 et de préparer la Révolution.
35:56 Et quand on voit en fait les grands acteurs de la Révolution,
35:59 que ce soit Robespierre, Saint-Just, Fabre d'Eglantine, Marat et Baird,
36:04 ce sont tous des écrivains ratés, tous.
36:07 Et donc, la politique a été pour eux la revanche, en fait,
36:10 de leur déboire en tant qu'auteur, en tant qu'écrivain.
36:13 - Sans quoi cette histoire se poursuit probablement.
36:16 Arthur de Matrigan.
36:17 - Vous pensez à Bruno Le Maire quand on vous dit ça ?
36:19 - Non, pas du tout.
36:20 - Alors j'ai une question.
36:22 Vous parlez, vous faites des portraits de Tocqueville, de Richelieu,
36:24 de Louis XIV, Henri IV et Mitterrand et Giscard.
36:28 Parmi toutes ces figures, pour vous, une question très subjective,
36:30 quelle est la figure la plus française, la plus exemplaire et pour quelle raison ?
36:36 - La question est difficile.
36:38 La figure la plus exemplaire ?
36:41 - Parce qu'ils sont très différents, vous faites des portraits très différents.
36:45 - Peut-être.
36:46 - Parce que peut-être une faiblesse pour lui, je dirais peut-être Chateaubriand.
36:51 Chateaubriand qui incarne à la fois l'ancien régime et la révolution.
36:58 Il incarne le passé et le futur.
37:01 Il est à la fois nostalgique d'être ancien et prophète et visionnaire.
37:07 C'est peut-être aussi, il a cet amour de la langue et ce goût également du service public.
37:13 C'est peut-être Chateaubriand qui incarne à mon avis peut-être le mieux cette figure-là.
37:20 - Vous nous parlez de deux figures qui sont relativement contemporaines,
37:23 de Gaulle et Mitterrand.
37:25 Et quelque chose d'absolument fascinant, c'est que si je comprends bien,
37:27 les deux ont l'impression d'être le dernier président qui comptera.
37:33 De Gaulle dit "j'aurais raconté la fable de la France libre,
37:36 ils y ont cru tant mieux mais tout cela n'était vrai".
37:39 Et de Gaulle a l'impression qu'après lui, l'histoire ne peut que s'achever.
37:42 Ou à tout de moins, ça fait essai.
37:44 Et Mitterrand dit "quant à lui, après moi, il n'y aura plus vraiment de président
37:47 et il s'éternisera peut-être par son personnage".
37:49 Enfin Mitterrand, on s'en souvient comme un personnage de roman
37:52 davantage qu'à la manière de président.
37:54 Est-ce que de ce point de vue, le politique à vocation littéraire
37:58 porte en lui inévitablement une conscience crépusculaire ?
38:02 - Je pense que oui.
38:05 De Gaulle et Mitterrand avaient en commun tous les deux,
38:07 ce n'était pas des optimistes B.A. loin de là.
38:10 C'était en fait deux cyniques qui avaient une vision très dure,
38:15 très âpre de la réalité et des hommes surtout.
38:19 Tous les deux avaient probablement un très grand mépris de l'humanité.
38:22 C'est indéniable pour de Gaulle, c'est aussi indéniable pour Mitterrand.
38:25 Et tous deux étaient au fond convaincus de la profonde subtilité de la politique.
38:30 C'est-à-dire qu'ils pensaient tous deux qu'ils passeraient à la postérité
38:34 bien davantage par leur oeuvre littéraire
38:38 ou par ce qu'ils auraient fait en faveur de la littérature et de la culture
38:42 que par leur action politique.
38:43 Et donc, ils avaient, oui, ce sont tous les deux, ils incarnent un feu.
38:49 C'est pour ça que j'ai voulu terminer par Mitterrand après de Gaulle,
38:51 parce qu'après Mitterrand, il semblerait qu'aucun président n'exercera plus
38:58 ou n'entretiendra plus cette volonté de représenter
39:03 à la fois le pouvoir et la littérature, le pouvoir et les lettres.
39:09 - Et pourtant, je reviens à Emmanuel Macron,
39:12 mais plus largement dans la classe politique aujourd'hui,
39:14 ces traits français, des hommes politiques qui décident d'écrire des romans,
39:18 ces traits français, on ne retrouve pas véritablement ça,
39:21 je ne dis pas que ça n'existe pas du tout ailleurs, mais c'est très...
39:23 Est-ce que d'une certaine manière, cette imaginaire-là
39:25 ne continue pas de déterminer la représentation
39:28 que les politiques français ont d'eux-mêmes ?
39:30 - Oui, parce qu'au fond, qu'est-ce que la littérature apporte à la politique ?
39:35 Elle apporte une forme de transcendance, c'est-à-dire que la littérature
39:38 permet de dépasser la satisfaction des intérêts catégoriaux
39:42 à quoi se résume la politique en grande partie aujourd'hui,
39:46 ou encore la gestion au jour le jour des affaires courantes.
39:49 Elle apporte une dimension prophétique aussi,
39:51 et ça, on le voit à travers Châteaubriand,
39:54 qui avait dès le XIXe siècle prévu à peu près tout ce qui allait se produire
39:57 par la suite, et même au XXe siècle.
40:00 Et donc, ce que les politiques recherchent dans la littérature,
40:03 c'est à la fois un lien avec l'ancien caractère sacré du pouvoir.
40:08 Et là, je cite d'ailleurs à propos de Macron
40:11 la théorie de Hans Kortorowitsch, l'historien allemand sur les deux corps du roi,
40:15 le corps du gouvernant, du chef d'État, qui est un corps faillible et mortel,
40:19 enfin de l'homme, je veux dire,
40:21 et le corps du président, du souverain, qui lui, est infaillible et immortel.
40:25 Et à leur manière,
40:27 et de Gaulle, et Mitterrand ont voulu effectivement incarner ces deux corps du roi.
40:32 Et je pense qu'Emmanuel Macron, qui est un homme de culture, malgré tout,
40:36 et qui a lu Kortorowitsch, a essayé lui aussi à sa manière d'incarner ces deux corps du roi.
40:41 En affirmant sa vocation et son goût pour la littérature, pour la philosophie,
40:46 il a voulu se situer au-dessus un peu de l'étiage de l'homme politique
40:50 usuel, contemporain.
40:52 Malheureusement, c'était une volonté,
40:55 mais la réalisation n'a pas été à la hauteur de ses désirs.
41:00 - Arthur de Matrigan.
41:01 - Mais justement, vous parliez tout à l'heure de la révolution française,
41:05 la revanche du politique.
41:06 Ensuite, on repart un peu plus après avec De Gaulle et Mitterrand,
41:09 dont vous dites qu'ils avaient un vrai goût pour la littérature.
41:12 Et là, vous dites que vous ne voyez plus d'avenir dans ce lien entre politique et littérature.
41:16 Mais est-ce que vous pouvez dater le déclin ou la rupture
41:21 et expliquer les raisons de cette rupture ?
41:24 - Les raisons, c'était difficile à expliquer.
41:27 Pour ma part, je vois une raison assez évidente,
41:30 c'est la succession catastrophique des réformes de l'enseignement français
41:34 depuis la réforme à Bille.
41:36 Et je pense que le niveau scolaire, le niveau universitaire français,
41:40 on le constate dans tous les sondages qui sont faits chaque année sur les universités françaises,
41:44 s'est terriblement dégradé.
41:46 Alors, il y a cette dégradation due à l'enseignement.
41:50 Il y a aussi le fait qu'aujourd'hui, quelles sont les vraies convictions ?
41:56 Quand par exemple, Emmanuel Macron, quand Bruno Le Maire,
42:01 affirme qu'ils ont une véritable vocation,
42:04 est-ce que cette vocation est réelle ou est-ce qu'il ne s'agit que d'un théâtre d'ombre ?
42:08 Est-ce qu'il ne s'agit que d'apparence et de simulation, de posture en fait ?
42:12 Je pense qu'aujourd'hui, dans la politique comme dans la littérature,
42:16 nous sommes énormément dans la posture.
42:18 Et qui dit posture, dit souvent imposture.
42:20 Mais est-ce que l'identité française, pour que vous compreniez,
42:23 nous sommes de ceux qui prenons ce concept au sérieux,
42:25 est-ce que l'identité française peut survivre à l'effacement de ce rapport au pouvoir
42:31 qui est celui de l'alliance entre le sceptre et la plume ?
42:33 Est-ce que l'identité française peut être quelque chose
42:35 si elle dépasse ou si elle fait le deuil de ce rapport très particulier au pouvoir ?
42:41 Alors, qu'est-ce que l'identité française aujourd'hui,
42:45 à l'heure de la cancel culture,
42:48 à l'heure où les différenciations les plus élémentaires sont niées justement par la doxa,
42:55 par les courants de pensée dominants ?
42:59 Qu'est-ce que veut dire l'identité française aujourd'hui ?
43:01 À mon avis, plus grand chose.
43:03 Et alors, c'est une tentative effectivement de certains hommes de pouvoir
43:07 d'essayer de retrouver certains éléments du roman national
43:10 dont le recours est la littérature.
43:12 Mais où est le résultat ?
43:17 On pourrait dire que ce que vous offrez dans ce livre,
43:21 c'est une tradition disponible à reprendre.
43:23 Certainement pas un programme ou un manuel d'instruction,
43:26 mais vous dites, il y a ici une tradition.
43:28 Il y a une tradition qui a été vivace pendant des siècles.
43:31 Cette tradition, je dirais qu'elle est en sommeil peut-être aujourd'hui.
43:35 Je ne voudrais pas après Renan dire que le pire est toujours certain,
43:39 mais elle est en sommeil.
43:41 Peut-être revivra-t-elle.
43:43 Et en tout cas, c'est l'espoir que je formule et le souhait que je formule.
43:49 Peut-être que cette tradition, et je l'espère, pourra revivre un jour.
43:53 Mais je ne la vois pas avant.
43:55 Peut-être ne sommes-nous pas tombés encore assez bas.
43:58 Je pense que pour remonter quand on est au fond, au fond, au creux de la vague,
44:02 il faut être tombé très, très bas pour pouvoir remonter véritablement.
44:04 Peut-être ne sommes-nous pas tombés assez bas.
44:06 Je me souviens que Umberto Eco, dans les années 70,
44:09 le grand sémiologue italien, alors qu'on l'interrogeait sur le primat
44:14 de la vidéosphère, sur la graphosphère et sur le primat de l'image, sur l'écrit.
44:19 On lui demandait s'il n'était pas désespéré face à ça.
44:21 Et il disait non, je ne le suis pas, parce qu'il disait un peu la même chose
44:24 que ce que je dis, c'est-à-dire ne sommes pas encore descendus assez bas.
44:27 Et quand on sera descendu très, très bas, l'écrit retrouvera un jour son prestige,
44:31 ses sortilèges et son pouvoir.
44:33 - Il nous reste moins de 20 secondes.
44:34 Je vais faire une question toute simple, toute rapide.
44:36 Deux personnages, Barès et Hugo, l'un réduit à la caricature aujourd'hui,
44:41 l'autre réduit à quelques formules.
44:43 Ils peuvent encore nous éclairer d'une manière ou de l'autre ?
44:45 - Oui, par exemple, on a tendance à trouver un peu ridicule
44:49 les grandes déclarations humanistes bien pensantes de Victor Hugo.
44:53 Mais tous les combats de Victor Hugo sont des combats
44:56 qui sont toujours valables aujourd'hui, je trouve.
44:59 Malgré sa grande illoquence, malgré ses bons sentiments.
45:02 Quant à Barès, Barès au fond, Barès est plus problématique.
45:07 Je pense que Barès a voulu s'oublier lui-même dans la politique.
45:14 Il sait probablement ce que Monterland disait à son sujet, d'ailleurs.
45:17 Il s'est un peu gâché dans la politique.
45:19 Il avait, sa volonté était de servir le pays, mais il a sans doute oublié
45:23 qu'un écrivain sert davantage son pays par ses écrits que par son action politique.
45:28 - Un grand merci Bruno de Cessol, critique littéraire.
45:31 Et je rappelle donc, le sceptre est la plume.
45:33 Merci Mathieu.
45:34 - Aux éditions PER1.
45:35 - Aux éditions ?
45:36 - PER1.
45:36 - Aux éditions ?
45:37 - PER1.
45:38 On est d'accord, bien joué.
45:39 - Merci à vous Arthur de Matrigan.
45:42 Dans un instant, restez avec nous parce que c'est le top départ de l'heure des produits.
45:46 ...

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