Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote
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00:0019h sur CNews, merci d'être avec nous pour Face à Mathieu Boquecôté, bonsoir Mathieu !
00:05Bonsoir !
00:06Bonsoir Arthur Demacrigan, ravi de vous retrouver, merci parce que la semaine dernière vous ne l'avez pas apporté.
00:10L'incorrect à découvrir dans les kiosques avec cette démocratie, anatomie d'une chute, Pierre Manon et Marcel Gaucher.
00:18Interview et entretien absolument passionnant que j'invite les téléspectateurs à découvrir.
00:24Le point sur l'information c'est avec Isabelle Piboulot, bonsoir Isabelle !
00:28Bonsoir Elliot, bonsoir à tous.
00:30Des coups de feu tirés en l'air en plein marché à Grenoble.
00:33Les faits se sont passés aux alentours de 10h sur le marché bondé de Saint-Bruno près d'un bar PMU.
00:38Des clients étaient attablés mais aucun blessé n'est à déplorer.
00:42Ces tirs seraient une démarche d'intimidation liée à l'opération anti-trafiquants de stupéfiants menées ces derniers jours dans la ville.
00:50Dominique Bernard a été assassiné le 13 octobre 2023 à Arras, un an après sa mort.
00:56Son épouse s'est confiée dans les colonnes du Monde dès le collège.
01:00Son mari avait remarqué le caractère dangereux de son élève à l'époque, Mohamed Mogouchkov.
01:05Le professeur faisait donc attention à ce qu'il disait en classe.
01:09Personne ne pouvait prédire le moment où ce jeune passerait à l'acte.
01:12Mais chacun a fait son travail, souligne Isabelle Bernard.
01:16Cette saisie record de cocaïne au large des îles Canaries.
01:20Les 10 membres d'équipage ont été interpellés après avoir réalisé un parcours étrange entre la Turquie, l'Afrique occidentale et la péninsule ibérique.
01:38Alors qu'aucune opération de chargement ou déchargement n'y était prévue.
01:42Merci chère Isabelle pour le point sur l'information.
01:46Une de face à Mathieu Bocoté, le couperet est tombé pour redresser des comptes à la dérive.
01:51On impose, et pas qu'un peu, selon le Haut Conseil des finances publiques.
01:55L'effort demandé aux français repose sur 70% de hausse d'impôt et seulement 30% d'économie.
02:01Alors peut-on parler de hold-up fiscal ?
02:04Elle a eu également identité, liberté.
02:08Tel sera le nom du nouveau parti de Marion Maréchal.
02:11Le redéputé entend représenter les libérales conservatrices du camp national.
02:16Une droite civilisationnelle pour des enjeux existentiels.
02:20Y a-t-il une place pour elle dans le jeu politique ?
02:23On en parle dans cette émission.
02:25Enfin vous recevez ce samedi soir Rachel Binaz, journaliste à Marianne, auteure de Victimes françaises du Hamas.
02:30Leur histoire, notre silence, un an après l'attaque terroriste la plus meurtrière pour la France depuis l'attentat de Nice en 2016.
02:36Comment expliquer que les victimes françaises soient invisibilisées ?
02:40Qui connaît le nom des otages français encore aux mains des terroristes du Hamas ?
02:45Voilà le programme de face à Mathieu Bocoté.
02:47Face à Mathieu Bocoté, c'est parti.
02:49Cher Mathieu, on va commencer avec le budget.
02:52Est-ce qu'on peut parler de hold-up ?
02:54De matraquage fiscal ?
02:56Du côté de Matignon, on ne veut pas du tout parler de ça.
02:58Michel Barnier l'a confirmé, il y aura des hausses d'impôt dans le prochain budget.
03:01Pour les uns, elles sont nécessaires et même courageuses.
03:04Est-ce que c'est votre avis ?
03:07Et si tel n'est pas le cas, pourquoi ?
03:09Vous parlez de matraquage fiscal peut-être.
03:11Moi, je serais plus précis, du moins je l'espère.
03:14Je parlerais de braquage fiscal.
03:16Le terme me semble plus adéquat.
03:18Je pense que derrière cette opération qui consiste à presser toujours davantage ce citron qu'on nomme contribuable jusqu'au dernier centime,
03:28il faut comprendre qu'il y a une forme de dérapage qui n'est pas simplement celui des dépenses publiques,
03:32mais d'une certaine conception de l'État.
03:35Allons-y presque sur le signe de l'image.
03:37On dit souvent, vous savez, à la manière d'une blague, qu'est-ce qu'une religion ?
03:40C'est une secte qui a réussi.
03:42Je dirais qu'est-ce que l'État, de manière moqueuse, c'est un gang qui a réussi,
03:47une mafia qui a réussi à éliminer tous ses concurrents et qui exerce dès lors un monopole sur ce qu'il administre.
03:53Comme toutes les mafias, il repose sur un racket de protection.
03:58Vous savez, c'est la taxe de protection de la mafia, c'est le pizzo.
04:01C'est-à-dire, vous me donnez de l'argent en échange, je vous protège.
04:04Et si vous ne me donnez pas d'argent par ailleurs, vous risquez d'avoir des soucis avec moi.
04:08Alors là, on est dans un racket de protection, tout cela de manière imagée, bien sûr.
04:13Vous aurez compris.
04:14Mais je décris ce qui me semblait être une dérive profonde.
04:17Un racket de protection qui se veut double.
04:19D'abord, protection physique.
04:20C'est le grand récit du Leviathan de Hobbes.
04:23C'est-à-dire, vous renoncez à la possibilité de la violence physique
04:27parce que l'État assurera la sécurité physique de tous.
04:31On peut constater aujourd'hui que malgré le braquage fiscal que nous connaissons,
04:35nous ne sommes pas protégés physiquement.
04:38La première mission de l'État n'est pas assurée.
04:40Deuxième protection sociale, celle-là, c'est la protection de la crèche à l'EHPAD.
04:46Tout au long de votre vie, vous serez protégés, vous serez instruits.
04:50L'État prendra soin de vous.
04:52Encore une fois, je crois qu'on peut constater l'échec de cette prétention à la protection.
04:57Alors, comment définir le rapport à l'impôt?
04:59J'aurai une image peut-être un peu brutale.
05:01Pour moi, ce qu'on pourrait appeler, pour chacun d'entre nous de manière variée,
05:05c'est comme un toucher rectal avec un gant de crainte.
05:08C'est-à-dire, c'est des opérations les plus désagréables que l'on peut ressentir dans la vie.
05:12À rigueur, vous me direz, c'est peut-être un passage chez le dentiste et c'est nécessaire.
05:15Mais dans tous les cas, on préférerait s'en passer,
05:18surtout quand on comprend que l'État est dans une inflation de dépenses telles
05:22qu'il ne maîtrise plus rien.
05:24Ça, c'est ce qu'on pourrait appeler l'incontinence budgétaire et fiscale.
05:27Alors, qu'est-ce qu'on voit en ce moment?
05:30On a un gouvernement qui nous demande de le dire courageux.
05:32Qui nous demande de le dire courageux parce que l'État regarde la situation
05:36et se dit, pour sauver les finances publiques, ce qui est une vraie nécessité,
05:40nul n'en doutera un instant, il y a encore de l'argent à aller chercher chez les Français.
05:46Il y a encore de l'argent qui dort, il y a encore de l'argent qu'on peut prendre.
05:49Il y a des taux qu'on peut élever, des taxes qu'on peut élever,
05:52qu'on peut multiplier, qu'on peut ajouter.
05:54Et il y a aussi une catégorie de personnes qui n'ont pas assez de données apparemment,
05:59c'est ceux qu'on aime présenter comme les super-riches.
06:02Et là, ça, c'est la grande ruse du discours présent.
06:05C'est qu'on dit aux classes moyennes, sentez-vous rassurées,
06:08ce n'est pas pour vous, ce n'est pas vous qui allez casquer cette fois-là,
06:10ce n'est pas vous qui allez souffrir.
06:12Ceux qui vont souffrir, ce sont ceux qui sont au sommet.
06:15Et là, on les présente comme les accapareurs,
06:18on les présente comme ceux qui ont confisqué le bien de tous.
06:21Et c'est une rhétorique particulièrement efficace. Pourquoi?
06:24Parce qu'elle laisse croire aux classes moyennes qu'elles sont épargnées.
06:26Elles se disent, ah, pour peu que quelqu'un souffre davantage que je ne souffre,
06:30alors ce n'est pas grave.
06:32Mais le problème, ce qu'elles oublient, c'est qu'elles sont déjà dans cette situation,
06:36particulièrement de pressurisation fiscale, de matraquage fiscal.
06:40Mais puisque d'autres souffriront encore plus,
06:42eh bien, elles se disent, ça ne va pas si mal.
06:45C'est la logique du socialisme qui nous revient,
06:49mais c'est le socialisme de droite.
06:51On pourrait dire que c'est l'universalité du socialisme dans le monde occidental.
06:54Socialiste de gauche, socialiste de centre, socialiste de droite.
06:57Donc mieux vaut être, du point de vue de ce socialisme,
07:00mieux vaut être également pauvre qu'inégalement riche.
07:03C'est ce qu'on appelle généralement la justice sociale.
07:06Pourtant, Mathieu Michel Barnier a décidé de placer le rétablissement des finances publiques
07:10au cœur de l'agenda politique. Il faut l'en féliciter ou pas?
07:15Il faut le féliciter assurément de considérer que c'est une question fondamentale.
07:18Ensuite, on pourrait raconter l'histoire, ces dernières années,
07:21de ceux qui ont sonné l'alarme en disant que c'était fondamental.
07:25Et chaque fois, chaque fois, on décidait de ne pas les écouter.
07:28Là, on ne peut plus faire autrement.
07:30Mais ça nous rappelle le rôle de la droite dans un système
07:33qui est celui du socialisme mental, pour reprendre une formule que plusieurs utilisent ces temps-ci.
07:37Donc, quelle est la fonction de la droite là-dedans?
07:39C'est que la gauche dépense, dépense, dépense encore,
07:42ne cesse de convertir les caprices et besoins des uns des autres
07:46en droits fondamentaux qui doivent être assurés par l'État et par la dépense publique.
07:50Et lorsque ça éclate trop, lorsque ça déborde de partout,
07:53lorsque l'obésité morbide de l'État est confirmée,
07:57on demande au docteur droite de se présenter pour faire quelques corrections,
08:01pour faire quelques rapiessages. Autrement dit, les années bisextiles,
08:05ou une année bisextile sur deux, on demande à la droite de rétablir les comptes publics.
08:09Et là, c'est quoi la logique? On nous le dit, c'est là qu'on a le visage austère
08:13des contrôleurs de l'État.
08:17Désormais, il faut taxer plus, mais c'est pour votre bien.
08:20Nous allons vous imposer davantage pour votre bien.
08:23Et on se dit, on dépense... et il y a quelques fois, la droite,
08:26on nous dit, oui, oui, on pourrait dépenser moins,
08:28et si on dépensait moins, on taxerait moins.
08:31C'est tout à fait exact, mais on a compris que cette formule ne fonctionne pas.
08:34Nulle part en Occident. Vous savez, quand on nous dit qu'on coupe les dépenses,
08:37en effet, c'est qu'on ralentit l'augmentation des dépenses.
08:40Il faut juste comprendre, quand on nous dit, vous coupez les dépenses,
08:43c'est simplement dire, vous allez continuer de dépenser trop, mais moins rapidement,
08:46mais toujours dans la même direction.
08:48Alors, je pense qu'il faut inverser la formule.
08:50Il faut se dire, comme plusieurs l'ont suggéré au fil du temps,
08:53il faut taxer moins pour dépenser moins.
08:56C'est-à-dire qu'il faut rétrécir les capacités d'action,
08:59les capacités de confiscation, de braquage fiscal de l'État
09:03pour limiter ses prétentions, son périmètre d'action politique.
09:07Pourquoi? Eh bien, tout simplement parce que l'État,
09:10c'est un monstre administratif en quelque sorte,
09:13le monstre administratif qui toujours croit, toujours s'étend.
09:17D'ailleurs, c'est la théorie du choix public, vous savez, en sciences politiques.
09:20En sciences politiques, la théorie du choix public nous disait,
09:23l'État n'est pas l'incarnation de l'intérêt général, quoi qu'ils en disent.
09:26Il est, trop souvent, un intérêt particulier parmi d'autres
09:29qui a intérêt à toujours s'étendre,
09:32s'étendre davantage en multipliant ceux qui en dépendent,
09:35en multipliant ceux qui vivent de lui,
09:38en multipliant ceux qui ont besoin de lui.
09:41C'est la logique de l'assistanat généralisé qui, soit dit en passant,
09:44ne touche pas que les assistés pointés du doigt publiquement.
09:47Quand des grands patrons, par exemple, nous disent,
09:50on a besoin d'immigration massive pour la pénurie de main-d'oeuvre,
09:53ils demandent une subvention déguisée pour ne pas avoir à faire
09:56des gains de productivité dans leur entreprise.
09:59Ayons toujours ça à l'esprit. Donc, quoi qu'il en soit,
10:02il faut ensuite, ce qu'on appelle aux États-Unis,
10:05starve the beast, c'est-à-dire affamer la bête,
10:08obliger l'État à avoir moins de ressources pour éviter
10:11qu'il ne se disperse en mille opérations.
10:14D'autant, d'autant, et autrement dit, le contraindre
10:17ensuite à la vraie rigueur budgétaire, d'autant que,
10:20dans la deuxième moitié du XXe siècle, il faut l'avoir à l'esprit,
10:23on a vu, en Occident, l'État a quitté ses fonctions régaliennes fondamentales,
10:26celles pour lesquelles il a une mission vraiment fondamentale,
10:29la mission sociale, donc soigner les gens et les éduquer.
10:32Si c'était ça, on l'accepterait tous, évidemment.
10:35Non, il a transformé la société en une forme de champ
10:38d'expérimentation sociale et idéologique permanent.
10:41C'est la logique, encore une fois, du socialisme,
10:44de la social-démocratie, du wokisme aujourd'hui.
10:47Donc, les ressources de l'État sont utilisées pour sans cesse
10:50réformer la société, transformer la société, réorienter la société,
10:53et surtout quand la population est réfractaire par rapport
10:56à l'alimentation qu'on lui propose.
10:59Donc, on vampirise le commun des mortels, on le taxe, on l'impose,
11:02on le détrousse, on prend son argent pour fournir ensuite
11:05un État administratif idéologique qui se donne pour tâche
11:08de rééduquer le commun des mortels.
11:11Et de ce point de vue, j'y reviens, ce qui nous manque dans notre esprit,
11:14c'est vraiment la logique d'un État qui a perdu le sens
11:17de ses véritables missions, de ses missions fondamentales
11:20que nous nous reconnaissons tous.
11:23On a à ce point intériorisé les catégories du socialisme mental
11:26que même la droite au pouvoir se dit, fonctionne comme la gauche
11:29en disant qu'il y a encore et encore matière à taxer
11:32et celui qui le refuse est un égoïste comme d'habitude.
11:35Donc, selon vous, il faut moins réformer la pratique de l'État
11:38que sabrer dans les dépenses?
11:41Je pense que c'est un principe de base aujourd'hui,
11:44un principe de survie. En fait, il y a cette idée qui me semble simple,
11:47c'est qu'il y a les dépenses inutiles, nous les connaissons,
11:50mais il y a aussi les dépenses multiétagées administratives
11:53qui finissent par étouffer l'activité économique,
11:56mais il y a aussi des dépenses nuisibles pour reprendre un concept
11:59qui circule de plus en plus. Lorsque l'État, par exemple,
12:02finance ses associations militantes à coût de millions,
12:05sinon de milliards, des associations qui poursuivent l'État
12:08pour l'empêcher de faire son travail lorsqu'il y a des questions
12:11d'immigration ou de tant d'autres questions, l'État lui-même
12:14finance ce qui l'empêche d'exercer sa mission véritable.
12:17Donc les lieux de coupe sont nombreux.
12:20On pourrait donner un exemple olympique, les dépenses pharaonaises
12:23pour nettoyer la Seine, on a vu le résultat, succès, bravo,
12:26mais tout ça c'est de l'argent public, le vôtre, celui d'Arthur, le mien.
12:29Alors quand on voit tout cela, j'ai l'impression qu'il y a
12:32un moment de révolte mentale, politique évidemment nécessaire,
12:35qui consiste à dire que cette philosophie ne fonctionne pas.
12:38Le tout à l'État ne fonctionne pas, parce que quand l'État promet
12:41tout, il se donne le droit de tout vous prendre ou presque.
12:44Y aura-t-il révolte des contribuables?
12:47Il y en a eu dans l'histoire de France, il y en a eu.
12:50Est-ce qu'il y en a eu à l'horizon? La dernière c'est celle des gilets jaunes.
12:53On oublie, les gilets jaunes, il y avait une révolte contre
12:56une taxe de plus qui écrasait la mobilité du commun et mortel.
12:59Je note soit dit en passant que les gauches municipales
13:02rêvent de réduire la mobilité du commun et mortel,
13:05et rêvent d'interdire à ce qu'ils voient comme les péquenots,
13:08leur entrée dans les grandes villes en disant que leurs voitures
13:11n'ont pas d'intérêt. Mais il se peut que le contribuable
13:14des temps présents soit une créature domestiquée qui consente
13:17à ce qu'on la vole pour peu qu'on vole toujours davantage son voisin.
13:20Ce qui m'oblige à redire cette formule qu'on devrait avoir
13:23à l'esprit, c'est une boutade bien évidemment,
13:26mais j'aime dire quelquefois qui paie ses impôts vole sa famille.
13:29Il faut payer ses impôts, il faut respecter la loi,
13:32mais qui paie ses impôts vole sa famille. Je pense que c'est
13:35le ressenti, comme on dirait aujourd'hui, de plusieurs.
13:38J'imagine aussi que les téléspectateurs vont se souvenir
13:41de votre image du toucher rectal.
13:44Oui, toucher rectal avec un gant de train, ça c'est payer ses impôts.
13:47Plus que la formule sur la famille.
13:50Arthur de Vatrigan, très intéressant,
13:53la manière dont c'est présenté c'est deux tiers d'économie
13:56pour un tiers de hausse d'impôts.
13:59Et le Haut Conseil aux Finances Publiques dit non, c'est pas comme ça.
14:02Il y a deux tiers de hausse d'impôts et un tiers de réduction
14:05de dépenses publiques.
14:08Déjà, vous savez ce que disait Audiard, quand on parle d'argent
14:11à partir d'un certain chiffre, tout le monde écoute. Quand on écoute Mathieu,
14:14on a l'impression que dès qu'on parle d'impôts, dès le premier centime d'euro
14:17il sort le bazou qui est le four assez sympathique.
14:20Il y a plusieurs choses. Déjà, il va falloir nous expliquer comment
14:23le Mozart de la Finance, le prince des sachants, le roi du cercle de la raison,
14:26vu qu'on nous l'a présenté comme ça et qui s'est ensuite vendu comme ça,
14:29a réussi à mettre la France au seuil de la banque croûte.
14:32On parle de la dette. 44% de la dette publique a augmenté, mais il n'y a pas que ça.
14:35L'emploi qu'on met à son actif, si on regarde bien dans le détail,
14:38en fait il n'a pas plus augmenté que dans la moyenne des pays européens.
14:41C'est-à-dire que le génie macronien n'a pas eu si grand impact que ça.
14:44Sur l'industrie, la production a baissé de plus de 2%.
14:47Sur le déficit extérieur en pourcentage du PIB, il a réussi à battre
14:50le record de Mitterrand de 82. Donc il va falloir un peu plus
14:53que le prétexte de la crise sanitaire et l'excuse de la note
14:56qu'on a retrouvée dans le bureau de Bruno Le Maire quand il a déménagé
14:59pour nous faire avaler la pilule parce qu'on a clairement affaire à un scandale d'État.
15:02Ça me paraît évident.
15:05Concernant aujourd'hui, ce n'est pas compliqué.
15:08On a 60 milliards d'euros à trouver pour faire juste tourner l'État.
15:11C'est-à-dire l'État dépense pour faire tourner la machine.
15:14Et il y a de fortes chances que le budget passe au forceps, c'est-à-dire à coût de 49,3.
15:17Donc quitte à forcer le passage, autant proposer une réforme structurelle
15:21et intégrale plutôt que de faire de la cosmétique pour essayer de satisfaire
15:24un peu tous les partis de la Chambre qui de toute façon vont voter contre.
15:28Sur les impôts, il y a le réel et le symbolique.
15:31Sur le réel, il faut trouver les milliards tout de suite.
15:34On nous a annoncé 4000 suppressions de postes dans l'éducation nationale,
15:37ce qui est assez courageux et déjà il y a des levées de boucliers.
15:40Il faut savoir que l'éducation nationale c'est le premier poste de dépense de l'État
15:43et pourtant les classements PISA ne cessent de descendre.
15:46Le budget augmente, les classements PISA descendent.
15:49Il faut savoir que si vous demandez au ministère de l'éducation nationale
15:52combien d'employés ils ont, ils ne sont pas foutus de vous répondre.
15:55Le budget de l'éducation nationale c'est pour payer les traitements des fonctionnaires
15:58et on vous dit qu'on ne sait pas combien il y en a.
16:01Alors nous on a fait un petit calcul, il y a 8% des effectifs,
16:04c'est-à-dire 100 000 personnes qui sont payées pour ne pas travailler.
16:07C'est-à-dire que vous avez tous ceux qui ont des occupations bidons
16:11comme les permanences syndicales et vous avez des postes, on ne sait pas où ils sont.
16:14C'est effrayant.
16:16Donc il y aura un peu de ménage à faire mais c'est-à-dire un gros ménage et des économies
16:20parce que si on enlève les 4000 postes sur des postes qui sont effectifs,
16:23des profs qui font des cours, ça n'a aucun intérêt.
16:25Par contre si on pioche dans les 100 000 postes où on ne sait pas où ils sont
16:28ou qui sont payés pour ne pas travailler, là ça peut devenir intéressant.
16:31Et je ne parle même pas du privé.
16:33En ce moment on rebelote, l'école privée subit des grosses attaques.
16:37On sait pourquoi, l'enseignement public coûte 30% plus cher que l'enseignement privé.
16:41Et vous savez que 40% des parents français veulent mettre leurs enfants dans le privé
16:45et qu'ils ne peuvent pas pour une raison simple,
16:47c'est qu'il y a une loi tacite en France qui plafonne le nombre d'enfants dans le privé à 20%.
16:51On va peut-être se poser des questions.
16:53Si vous voulez faire des économies, peut-être commencer par là, libéraliser l'école.
16:56Alors certes les enfants dans le privé maîtriseront un peu moins les valeurs de la République
17:00et ne connaisseront pas forcément les 378 identités de genre.
17:03Mais tout ce qui est de compter, apprendre, écrire, voilà, ils sauront.
17:06C'est déjà pas mal.
17:08Ensuite on peut parler de la haute fonction publique.
17:10Haute fonction publique, vous savez, il y a plus de 2 millions de fonctionnaires.
17:12Ceux qui sont répartis entre les A+, et les A.
17:14Ça fait quand même un gros budget en salaire.
17:16Bon, et bien qu'est-ce qui s'est passé ces dernières années, rappelez-vous ?
17:19On a fait appel à des consultants de McKinsey
17:21pour faire le travail de la haute fonction publique.
17:23Facture des consultants de McKinsey, plusieurs milliards.
17:26On fait quoi ? On paye plusieurs milliards de la haute fonction publique
17:29et on paye en plus des consultants.
17:31Bon, il y a peut-être un petit ménage à faire également.
17:33Et ça, des exemples comme ça, mais il y en a plein d'autres.
17:35Ça c'est le réel.
17:36Si on prend sur le symbolique, c'est moins gros en volume d'argent,
17:39mais c'est tout aussi important parce que le symbolique, c'est le consentement à l'impôt.
17:42Alors comment voulez-vous que les Français acceptent de faire des efforts ?
17:45Parce qu'ils vont le faire.
17:46Quand ils voient par exemple qu'on subventionne à hauteur de près d'un milliard d'euros par an
17:50des associations qui encombrent les tribunaux,
17:53on passe notre temps à expliquer qu'il n'y a pas de place
17:55et que la justice a besoin de plus de tribunaux, plus de moyens
17:58pour empêcher des clandestins de quitter le sol français.
18:01C'est aberrant.
18:02Comment voulez-vous que les Français fassent des efforts
18:05quand ils voient que dans le budget 2025, il y a une ligne,
18:07520 millions d'euros, pour prévoir le déficit des JO de 2030 ?
18:13C'est lunaire ça.
18:15On dit 2025, 520 millions pour le déficit des JO de 2030.
18:19Merci Marnier.
18:20Comment voulez-vous que les Français acceptent de faire des efforts
18:23quand ils voient que le CNC voit son budget augmenter ?
18:26Alors on leur a pris un peu de trésorerie, 400 millions, mais ils en avaient 800,
18:29qui vient de l'État.
18:31Le CNC passe de 740 millions à 780 millions d'euros.
18:35Ce n'est pas comme si le cinéma français brillait par son honnêteté et sa beauté.
18:38Et j'oublie aussi la dotation allouée à la présidence de la République
18:43qui augmente de 3 millions d'euros.
18:44Donc on va dire vous faites des efforts, par contre eux, ils n'en font pas.
18:47Il y a un bouquin qui est sorti qui s'appelle « Le coût du progressisme »
18:50écrit par Emmanuel Reichberg et Vendringer Pell,
18:54qui chiffre tous les milliards dépensés pour financer une idéologie.
18:57Peut-être que Michel Barnier pourrait le prendre,
18:59et puis regarder où est-ce qu'on fait des économies,
19:01parce que ce n'est pas tout ça qui va combler le trou des 60 milliards,
19:04on le sait, mais c'est la symbolique,
19:06et la symbolique permet d'éviter d'avoir les gilets jaunes fois 100 à la rentrée,
19:11à l'automne et à la Noël.
19:13Autre sujet à présent, parlons de Marion Maréchal,
19:17qui cette semaine lançait son nouveau parti politique « Identité, Liberté ».
19:21Son objectif ? Représenter l'identitaire libéral et conservatrice du camp national,
19:25ce qu'elle appelle la droite civilisationnelle.
19:28Alors, la grande question c'est de savoir,
19:30y a-t-il une place pour elle dans le jeu politique ?
19:32Je vous poserai la question dans un instant Mathieu Bocoté,
19:34mais avant cela, faisons un point,
19:36parce que vous avez un sondage avec L'Incorrect,
19:40qui nous permet d'y voir un peu plus clair.
19:41En effet, on a commandé un sondage d'OpinionWeb
19:43pour savoir ce qu'en pensaient les Français.
19:45Donc, il y a des chiffres assez intéressants.
19:46Le premier, c'est à la question,
19:48est-ce que diriez-vous qu'elle a eu raison de s'allier avec le RN de Jordan Bardella
19:51et le parti Directiotti au sein d'une coalition des droites ?
19:5354% des Français approuvent.
19:55Mais ce qui est intéressant, c'est de rentrer dans le détail,
19:58notamment du côté des résultats des électeurs de droite
20:02ou du camp national, appelez comme vous voulez.
20:0491% des sympathisants RN, 80% des sympathisants Reconquête
20:08et 82% des sympathisants LR considèrent que Marion Maréchal a raison.
20:11Donc là, on est clairement sur un plébiscite.
20:13Elle obtient même 93% de soutien sur les 11 millions d'électeurs
20:17qui ont voté pour les candidats RN-Diorti au législatif dernier.
20:21Et enfin, l'autre information importante,
20:24c'est son très bon score chez les sympathisants LR.
20:26Elle récupère 70% de ceux qui ont voté Valérie Pécresse en 2022.
20:30Et si Marion Maréchal obtient, sans surprise,
20:33le soutien de 57% des ouvriers et 58% des 25-50 ans,
20:38son score chez les plus de 65 ans
20:40et chez les classes moyennes supérieures atteint 53%.
20:43C'est-à-dire des catégories que, pour l'instant,
20:45le RN n'arrive pas à avoir.
20:47Donc c'est là où c'est intéressant.
20:49Elle a une majorité de Français qui trouve que c'est une bonne idée,
20:51une très grosse majorité chez le camp de la droite
20:54et une partie des LR que Marine Le Pen n'arrive pas à avoir.
20:57Mathieu Bocoté, grande question.
20:59Y a-t-il une place pour elle dans cet échiquier politique
21:02où il y a 50 nuances de camp national ?
21:04Il y en a surtout 3 nuances.
21:06Et c'est, il me semble, double.
21:09La hargne qu'elle suscite chez certains
21:12témoigne de sa présence vive dans le débat public.
21:15On peut apprécier ou non, mais elle pèse dans le débat public.
21:18Ne serait-ce que parce qu'elle est capable d'articuler une idée
21:21alors que, trop souvent, on est devant des gens qui, en politique,
21:23répètent le slogan du jour
21:25« être capable d'avoir sa propre pensée politique, ça pèse ».
21:27Alors il y a 3 pôles dans la droite nationale aujourd'hui,
21:29dans le camp national.
21:31Il y a le pôle populiste, et c'est le pôle de Marine Le Pen
21:33qui est le pôle assurément dominant,
21:35qui est le pôle autour duquel se structure le camp national.
21:38Mais c'est un pôle qui a besoin, on pourrait dire,
21:41d'alliés pour être capable de percer.
21:43Il a été capable d'obtenir, avec l'appui d'Éric Ciotti,
21:46ce qu'on pourrait appeler la droite classique.
21:48La droite classique qui est une tradition politique forte,
21:50qui a un ancrage dans des parties du territoire
21:53auxquelles la droite RN, pour l'instant, n'avait pas accès.
21:56Donc ça, c'est un point de conquête.
21:58La part manquante du RN aujourd'hui, on le voit,
22:00c'est l'appui des élites, de la bourgeoisie,
22:03des éléments plus conservateurs.
22:05Et ça, c'est ce que propose d'amener Marion Maréchal.
22:07Est-ce qu'elle va y parvenir? Ça reste à voir.
22:09Mais ce qui est certain, c'est que c'est véritablement
22:11un créneau qu'il faut viser pour le camp national.
22:13Et elle le propose à travers 3 termes,
22:15c'est là que c'est intéressant.
22:17Elle dit identitaire, conservateur et libéral.
22:19Par identitaire, qu'est-ce qu'on entend par là?
22:21Que la nation n'est pas qu'une entité,
22:23la seule mystique républicaine.
22:25C'est une entité charnelle, c'est la continuité historique,
22:27c'est une identité culturelle,
22:29c'est une identité demeure. Premier élément.
22:32Deuxièmement, le conservateur.
22:34Ça touche aujourd'hui à ce qu'on appelle l'anti-wokisme.
22:36Donc la révolution woke qui défile partout en Occident,
22:40c'est la volonté d'occuper ce terrain.
22:42Et le terrain libéral, on en a parlé en première partie,
22:45c'est alors que le RN a quelquefois le réflexe étatiste fort,
22:48la volonté d'incarner un pôle libéral
22:51qui est capable de rejoindre justement ces élites
22:54qui partagent un diagnostic fort sur l'immigration
22:56sans nécessairement partager la vision plus à gauche économiquement,
23:01certains disent, à tout le moins du RN.
23:03Donc qu'est-ce qu'on voit à travers ça?
23:05C'est la volonté d'occuper un espace et avec un diagnostic,
23:07un discours qui correspond effectivement à un segment électoral
23:10qui doit trouver sa traduction politique.
23:13Vous venez de poser la question de sa pertinence idéologique,
23:17mais je répète la question, y a-t-il un espace politique pour elle?
23:21Il y a eu un tournant au moment des législatives.
23:23Vous savez, le RN avait l'habitude, la tentation
23:25d'occuper tout l'espace pour lui.
23:27Et le RN voulait gagner seul.
23:29Et ce qu'on avait avec l'ouverture à Ciotis,
23:31c'est que le RN a pris conscience de la nécessité d'alliances,
23:34d'alliances fortes qui lui permettaient justement
23:36d'ouvrir à des segments, des parties de la société
23:38qu'il ne rejoignait pas.
23:40De la même manière, peut-on dire, l'ouverture à...
23:44Je crois que Marine Le Pen a envoyé le signal,
23:46ça traîne dans les journaux,
23:48qu'il fallait accueillir positivement cette initiative.
23:50Donc qu'est-ce qu'on en comprend?
23:52C'est une prise de conscience d'enquête nationale,
23:54c'est une forme de pluralisme politique interne.
23:56Tout comme le NFP à gauche a ce pluralisme,
23:58tout comme au centre, il y a d'horizons, le modem,
24:00tout ça, il y a des différentes tendances.
24:02Eh bien, le camp national lui-même doit s'ouvrir
24:04à ces différentes composantes de ce point de vue.
24:06L'espace est là.
24:08Et ensuite, on verra quel est le jeu d'équilibre.
24:10Mais ceux qui décrétaient sa mort politique
24:12avaient pris quelques...
24:14Peut-être pris leur fantasme pour des réalités.
24:16La publicité, on revient dans un instant, messieurs.
24:18Nous recevrons Rachel Binas,
24:20journaliste et séisme, son dernier ouvrage.
24:23Victime française du Hamas.
24:25Nous en parlons juste après la publicité.
24:27A tout de suite.
24:31Quasiment 19h30 sur CNews.
24:33Merci d'être avec nous pour la suite
24:35de Face à Mathieu Bocoté.
24:37Toujours avec Mathieu, bien sûr, et Arthur.
24:39Nous a rejoints sur le plateau Rachel Binas.
24:41Merci d'être avec nous. Vous êtes journaliste.
24:43Vous avez écrit Victime française du Hamas,
24:45leur histoire, notre silence.
24:47Mathieu Bocoté, pourquoi
24:49avoir invité ce samedi soir Rachel Binas ?
24:51On a eu une semaine de commémorations
24:53fort naturelles du 7 octobre,
24:55d'un point de vue d'Israël, pour l'essentiel.
24:57Mais on a oublié que le 7 octobre
24:59était aussi un événement français,
25:01à part entière.
25:03C'est cette part qui est présente
25:05dans ce livre de Rachel Binas.
25:07C'est cette dimension française,
25:09l'antisémitisme qui mord la France aujourd'hui,
25:11que nous cherchons à éclairer dans la prochaine demi-heure.
25:13Rachel Binas, bonsoir.
25:15Point de départ de cet ouvrage,
25:17il y a les événements du 7 octobre
25:19mais c'est un événement qui est français
25:21et qu'on ne parvient pas à se représenter comme français.
25:23Pourquoi ?
25:25Parce que c'est une épreuve de vérité.
25:27C'est une épreuve de vérité pour la conscience nationale.
25:29On l'a vu, il y a 48,
25:31on est en mesure de dire aujourd'hui,
25:3348 victimes françaises du 7 octobre.
25:35Deux otages encore
25:37franco-israéliens qui sont aux mains
25:39apparemment du Hamas.
25:41Et pourtant, on en a très peu entendu parler.
25:43Au contraire, à partir du 7 octobre,
25:45c'est une explosion des actes antisémites.
25:47Et c'est ça qui vient
25:49heurter la conscience nationale
25:51qu'on a tous.
25:53C'est-à-dire, est-ce qu'une victime,
25:55bien que juive, peut encore
25:57être qualifiée de française ?
25:59Est-ce qu'elle a encore une place dans notre pays ?
26:01Et surtout, de quoi cet antisémitisme
26:03qui s'est exprimé à partir du 7 octobre
26:05est-il le nom ?
26:07Justement, le 7 octobre,
26:09normalement, on le sait, il y a l'attaque
26:11contre Israël. Et ce qui est fascinant,
26:13c'est que dès le 7 et plus encore le 8,
26:15il y a eu une réaction de soutien
26:17aux attaques du Hamas.
26:19Et on le voit en France, mais on le voit aussi
26:21au Royaume-Uni,
26:23on le voit aux États-Unis. Donc, on pourrait dire
26:25que c'est une forme de ruse
26:27des forces probes palestiniennes,
26:29que de se cacher derrière la critique
26:31de ce fameux antisionisme
26:33pour masquer un antisémitisme bien réel.
26:35Est-ce que finalement, on pourrait dire qu'en France,
26:37le 7 octobre a réveillé ou accéléré
26:39ou dévoilé un antisémitisme majeur ?
26:41Oui, c'est une ruse, mais qui ne tient pas réellement
26:43les preuves des faits. Certaines enquêtes
26:45judiciaires, d'ailleurs, sont lancées à l'encontre
26:47de représentants de la France
26:49insoumise. Le parquet national
26:51a été saisi. C'est-à-dire que, voilà,
26:53cette vitrine d'antisionisme,
26:55elle est extrêmement fragile.
26:57Et en effet, dans les rues,
26:59on l'a vu très vite, cette expression
27:01selon laquelle le Hamas serait
27:03un mouvement de résistance. Alors,
27:05l'expression pro-palestinien
27:07me gêne souvent, du moins quand
27:09en fait elle cache un soutien au Hamas.
27:11Moi, je le dis souvent, c'est un oxymore.
27:13On ne peut pas être pro-palestinien et pro-Hamas.
27:15Si on est pro-Hamas, on n'est pas pro-palestinien.
27:17Il suffit de voir ce que vit la population
27:19palestinienne. Et,
27:21en effet, on a vu cet antisémitisme
27:23qui n'est pas nouveau, vous avez raison de le dire,
27:25mais devenir plus aigu. Un antisémitisme
27:27de gauche que, je pense,
27:29la gauche même pensait avoir relégué
27:31aux marges. Elle était persuadée
27:33peut-être de s'en être débarrassée,
27:35de l'avoir marginalisée.
27:37L'extrême droite ne serait que la chose
27:39de l'antisémitisme, pardon,
27:41ne serait que la chose de l'extrême droite.
27:43C'est en l'heure, on l'a vu, à partir du 7 octobre,
27:45prendre davantage de poids.
27:47Et souvenez-vous,
27:49même si ici, sur le plateau,
27:51vous n'étiez certainement pas né, mais
27:53en mai 68,
27:55lors des manifestations
27:57de soutien à Cohn-Bendit,
27:59qui était, à l'époque, décrié comme étant
28:01juif et allemand, aussi bien
28:03d'ailleurs par la presse d'extrême droite,
28:05je pense, au titre minute, mais aussi
28:07décrié, en tout cas stigmatisé,
28:09par les dirigeants du Parti communiste
28:11français. On a vu dans les rues
28:13ces jeunes s'élever avec ce soutien
28:15« Je suis », ce slogan absolument
28:17incroyable, « Je suis allemand et juif »
28:19ou « Je suis allemand-juif ».
28:21« Nous sommes tous des juifs allemands ».
28:23Exactement, les deux ont existé.
28:25Je crois qu'aujourd'hui, prononcer cette
28:27phrase, ou même une partie
28:29« Je suis juif » aujourd'hui dans la rue, serait impossible,
28:31serait impensable pour tout entendre
28:33de la gauche, car cette étiquette-là est devenue
28:35infamante. Et vous avez justement utilisé un terme important
28:37dans la rue. Alors, on pourrait parler de l'antisémitisme
28:39de rue. Je distingue entre l'antisémitisme
28:41presque universitaire,
28:43entre guillemets, qui se maquille derrière
28:45des catégories, justement, de sionisme et tout ça,
28:47mais les juifs, aujourd'hui, en France,
28:49savent que s'ils se dévoilent
28:51comme juifs, ils peuvent en payer
28:53le prix de leur vie. Est-ce qu'on peut dire
28:55que l'originalité tragique des temps présents,
28:57c'est cet antisémitisme de rue
28:59qui, de ce point de vue, est non seulement, peut-être, marqué à gauche,
29:01mais surtout islamiste ?
29:03Je ne sais pas si c'est réellement
29:05de notre époque, parce qu'en fait,
29:07ça a déjà quelques années.
29:09C'est pour ça que la
29:11qualification de nouveau n'est pas tout à fait exacte.
29:13C'est devenu
29:15plus aigu, c'est sûr. Mais en réalité,
29:17si on regarde, par exemple, la scolarisation
29:19des enfants juifs ou d'origine
29:21juive, ou supposés juifs,
29:23depuis, en réalité, la fin des années 90,
29:25avec un boom dans les années 2000,
29:27on a vu l'incapacité, l'impossibilité
29:29dans un certain nombre d'établissements
29:31publics de les scolariser.
29:33Et on a dû, en effet, et on continue encore
29:35de les sortir des établissements publics.
29:37Et quand l'enfant juif était persécuté,
29:39plutôt que de punir les persécuteurs,
29:41on éjectait l'enfant juif de l'école ?
29:43C'est ça, on l'éjectait. En tout cas,
29:45on le trouvait à un autre établissement, parce que
29:47dans certains coins, de toute façon,
29:49c'est devenu extrêmement compliqué.
29:51Il faudrait parfois sortir
29:53quasiment les trois quarts de la classe.
29:55C'est le cas dans des établissements
29:57de Marseille, de Roubaix, de Tourcoing,
29:59du 93.
30:01Et le nombre d'établissements tend
30:03aujourd'hui à devenir plus important.
30:05Arthur de Vatrigren.
30:07Entre le 7 octobre 2023 et aujourd'hui,
30:09il y a eu une élection en France.
30:11Et on a assisté
30:13à un barrage contre un antisémitisme passé
30:15avec des nouveaux antisémites.
30:17Comment expliquer
30:19ce choix du Parti socialiste,
30:21d'une partie de la Macronie,
30:23et même d'une partie des Républicains ?
30:25Est-ce qu'il nie cet antisémitisme ?
30:27Ils ne le voient pas ?
30:29Ou le calcul électoral
30:31passe avant ?
30:33Je ne sonde pas les âmes.
30:35Ma réponse sera de l'ordre de l'hypothèse,
30:37et pas de la vérité absolue.
30:39Et je pense
30:41qu'il y a différents comportements.
30:43Il y a ceux qui sont franchement
30:45antisionistes et antisémites.
30:49De manière plus ou moins consciente,
30:51c'est quelque chose
30:53de très perfide, l'antisémitisme.
30:55C'est quelque chose dans des failles très complexes.
30:57Il y a aussi ceux qui, en fait,
30:59se sont bâtis ce récit-là.
31:01Et c'est un récit qu'ils n'ont pas envie de déconstruire,
31:03même si certains se font compte à tout déconstruire.
31:05Mais c'est celui selon lequel, de toute façon,
31:07appartenir à la gauche,
31:09c'est être antiraciste
31:11par nature, même si le S
31:13prend rarement sa place,
31:15alors qu'il devrait l'avoir.
31:17Mais c'est
31:19l'incapacité
31:21à remettre en question
31:23un récit qu'on nous a peut-être
31:25appris aussi, et qui est très ancien,
31:27selon lequel, de toute façon, la gauche ne peut pas
31:29être antisémite.
31:31L'antisémitisme vient de
31:33la droite, de l'extrême-droite,
31:35et il se cantonne là. Je ne dis pas,
31:37que ce soit clair, que l'antisémitisme n'existe
31:39pas à l'extrême-droite, mais qu'il y a
31:41un antisémitisme de gauche,
31:43et qu'il faut le penser, il faut le réfléchir.
31:45Il faut le réfléchir parce que c'est ainsi,
31:47justement, qu'on avance vers ce qu'on appelle
31:49le progrès.
31:51On ne peut pas se faire l'économie de cette réflexion
31:53parce que, encore une fois, les actes antisémites
31:55ont bondi de 1000%
31:57entre
31:59le dernier trimestre
32:012022 et le dernier trimestre 2023.
32:03Le discours a des effets.
32:05Le discours se matérialise,
32:07et on parle très souvent de ce qu'on appelle les arias,
32:09les départs de France pour rejoindre Israël.
32:11On pourrait rajouter les départs vers d'autres pays
32:13qui ne sont pas comptabilisés, que ce soit le Portugal,
32:15le Québec ou le Canada.
32:17Mais il y a également
32:19une invisibilisation, en tout cas,
32:21le fait de se cacher. Et derrière cette
32:23tentation d'échapper aux risques
32:25en se cachant et en cachant sa pratique,
32:27j'y vois une forme de marranisme
32:29qui me paraît extrêmement
32:31dangereuse, pas seulement pour les Juifs,
32:33mais pour la France. Parce que la situation
32:35des Juifs aujourd'hui, des Français Juifs,
32:37dit quelque chose de la société
32:39et dit quelque chose de l'état de santé
32:41de notre société, de notre démocratie.
32:43Alors, Georges Ben Soussan, qui a écrit
32:45sur les territoires perdus de la République
32:47il y a 20 ans, revenait ces jours-ci
32:49sur Jean-Luc Mélenchon. Vous avez parlé
32:51d'une gauche qui instrumentalise peut-être
32:53l'antisémitisme. Il dit, je ne crois pas que
32:55Jean-Luc Mélenchon soit antisémite ou quoi que ce soit.
32:57Je pense qu'il a vu un carburant électoral
32:59là-dedans pour créer du chaos en France.
33:01Si ça avait été un autre carburant électoral,
33:03il l'aurait pris. Donc, voulant se mettre
33:05à l'écoute coûte que coûte des banlieues,
33:07est-ce qu'on peut dire que, dans son esprit,
33:09Jean-Luc Mélenchon utilise ce carburant comme un autre,
33:11mais par une forme d'indifférence?
33:13C'est une question purement tactique chez lui.
33:15Il faudrait lui poser la question.
33:17Je pense en tout cas que c'est un homme
33:19extrêmement intelligent, qu'il sait ce qu'il dit
33:21et qu'il a quand même des références qui peuvent nous questionner
33:23et des références qu'il utilise
33:25depuis bien avant le 7 octobre.
33:27Avec des expressions
33:29d'ailleurs que l'on retrouvait
33:31plutôt, pour le coup, à l'extrême droite.
33:33Peuple déicide, par exemple,
33:35c'est une expression particulière.
33:37Il aurait pu reprendre
33:39peut-être certaines phrases ou certains propos
33:41de Staline à l'égard de Trotsky.
33:43Mais il a choisi quand même
33:45quelque chose d'extrêmement ancré, d'extrêmement ancien,
33:47de très particulier.
33:49Et c'est un homme qui sait ce qu'il dit.
33:51En effet, il y a certainement une forme d'instrumentalisation
33:53mais qui dit beaucoup aussi de l'image
33:55que l'on se fait
33:57de cette population
33:59musulmane, arabe,
34:01que l'on veut vouloir séduire.
34:03C'est-à-dire que ce n'est pas extrêmement flatteur
34:05que d'être séduit par quelqu'un
34:07qui considère qu'un discours anti-sioniste
34:09avec une ambiguïté antisémite
34:11peut parler à ces populations-là.
34:13Je note aussi, et ça me paraît important,
34:15il faut le souligner dans le livre,
34:17que pour l'heure, un an après,
34:19les banlieues ne se sont pas, ce qu'on appelle communément
34:21les banlieues, ne se sont pas enflammées.
34:23Il se trouve que je suis allée, que j'ai passé quelques temps
34:25et que j'ai interrogé les populations sur place
34:27et il n'y a pas eu la mobilisation
34:29dans les banlieues, il n'y a pas eu d'émeute
34:31ou de mobilisation
34:33telle qu'on pouvait la voir dans les universités.
34:35Alors, dans votre livre, et vous en avez parlé
34:37cette semaine sur les réseaux sociaux,
34:39vous avez une tentative qui vient
34:41de certains libraires, de sabotage de l'ouvrage.
34:43On a votre livre, vous décrivez à la fin
34:45la liste des otages, des victimes françaises du Hamas
34:47et quelqu'un rajoute à la fin,
34:49donc un libraire, avant d'envoyer le livre
34:51à un lecteur qui va vous informer de la chose
34:53en disant on vient de saboter mon livre alors que je l'ai acheté
34:55dans la FNAC, si je ne me trompe pas
34:57ou je ne reviens pas sur le livre, mais une librairie.
34:59Vous avez ça
35:01et donc, autrement dit, pour relativiser
35:03le massacre des Français
35:05par le Hamas, c'est secondaire,
35:07le seul chiffre qui compte, ce sont les chiffres de Gaza.
35:09Comment comprenez-vous une tentative de sabotage
35:11de livres comme celui-là ?
35:13Alors, c'est plus qu'une tentative, le livre a été saboté,
35:15il y a eu en effet une inscription là-dessus.
35:17Je crois que là, on est en présence d'une barrière symbolique
35:19qui s'effondre quand on en arrive là.
35:21Quand des libraires,
35:23ou en tout cas des acteurs de la chaîne du livre
35:25se permettent, prennent la décision
35:27de saboter de la sorte le livre,
35:29c'est un réflexe quasi-dictatorial.
35:31C'est-à-dire que c'est un pluralisme
35:33que l'on veut effacer.
35:35Donc ce livre ne peut être vendu que si on décide
35:37de le corriger à partir de l'idéologie dominante.
35:39Exactement, et c'est dominante
35:41que l'on prétend être dominante, c'est très particulier
35:43avec un chiffre complètement farfelu.
35:45D'ailleurs, le Hamas lui-même ne communiquait pas
35:47sur un chiffre aussi important.
35:49Mais je crois que s'autoriser à un tel geste
35:51en dit beaucoup sur la conscience démocratique
35:53de l'individu qui
35:55en est l'auteur.
35:57Arthur de Batriguin, comment expliquez-vous
35:59qu'on parle aussi peu des otages français,
36:01que ce soit au sommet de l'État, Emmanuel Macron,
36:03que même dans les médias,
36:05parce que je ne regarde pas que CNews,
36:07je regarde d'autres chaînes, et honnêtement, à part la chaîne CNews,
36:09personne ne parle des otages français.
36:11Moi je me rappelle qu'il y avait des otages,
36:13il y avait leurs photos sur les frontons des mairies,
36:15notamment la mairie de Paris qui est assez spécialiste en ça.
36:17Et là, honnêtement,
36:19si certains journalistes comme vous et comme la chaîne
36:21n'en parlaient pas, personne ne saurait
36:23qu'il y a des otages encore français.
36:25C'est ce qui a été l'objet de mon livre
36:27pour tout vous dire, c'est-à-dire que
36:29dès le début, quand j'en parlais même à des journalistes
36:31autour de moi et que je leur demandais
36:33mais pas forcément les noms,
36:35simplement le nombre. Est-ce que tu sais, aujourd'hui,
36:37il y a trois mois, quatre mois, six mois,
36:39un an, est-ce que tu sais combien il y a
36:41d'otages français retenus ?
36:43Très souvent, la réponse qui m'était faite, non, voire même,
36:45je ne savais pas qu'il y avait des français.
36:47Donc c'est cette invisibilisation-là que, en effet,
36:49j'ai voulu questionner.
36:51Je ne dirais pas que l'État français
36:53n'a rien fait, bien au contraire,
36:55et je l'explique dans le livre,
36:57pour avoir rencontré les familles, il y a des choses
36:59que les institutions n'ont pas rendues publiques,
37:01exactement.
37:03Mais un soutien avec des choses, oui,
37:05que je révèle dans le livre,
37:07certains m'ont dit, c'était par peur aussi
37:09de révéler,
37:11d'accroître l'antisémitisme et les réactions
37:13antisémites qui allaient en découler,
37:15donc il valait mieux cacher ces actions-là.
37:17Et puis, encore une fois, je pense que
37:19ça met à mal un récit
37:21qui a des origines, en réalité,
37:23dès le XIXe siècle, mais là, qui s'est révélé,
37:25selon lequel, finalement, l'Israélien
37:27n'aurait qu'un maillot, si vous me permettez
37:29l'expression, c'est celui de génocidaire,
37:31d'oppresseur, de colonisateur, et à ce titre-là,
37:33il ne pouvait pas être victime.
37:35Regardez parmi même les mouvements féministes,
37:37et c'est extrêmement douloureux
37:39en tant que femme de s'en apercevoir,
37:41c'est que le « on vous croit »
37:43ne s'est pas adressé aux Israéliennes.
37:45Le « on vous croit », les Israéliennes n'en ont pas eu le droit.
37:47Mais ça va encore plus loin, c'est « vous mentez ».
37:49Alors, il y avait à la fois le « vous mentez »
37:51avec l'expression « pinkwashing »,
37:53c'est-à-dire que tout ça, de toute façon,
37:57il se trouve que pour ce travail-là,
37:59il a fallu que je distingue, dans un souci journalistique,
38:01le vrai du faux, que j'aille creuser.
38:03Donc oui, j'ai vu des photos
38:05que je ne souhaite à personne
38:07de regarder, de mutilations
38:09qui ont été faites. Il y a des associations
38:11aussi sur place, des mouvements en Israël
38:13très forts qui font ce travail-là,
38:15et que oui, des viols ont eu lieu,
38:17pas seulement sur les femmes, aussi sur les hommes,
38:19il faut le dire, les hommes peuvent être victimes,
38:21c'est important, mais le « on vous croit »
38:23ne s'est pas adressé à elles.
38:25Soit elles mentaient,
38:27soit quelque part, je l'ai aussi entendu,
38:29de toute façon, Israël fait la même chose,
38:31donc à ce titre,
38:33la révolution se fait aussi avec des drames,
38:35ce sont des dommages collatéraux,
38:37c'est quelque chose qu'on a entendu
38:39dans des sphères universitaires, notamment.
38:41Alors, il y a une forme de fonction
38:43symbolique involontaire du mot « juif »
38:45dans nos sociétés, c'est longtemps, on disait,
38:47finalement, c'est une canarie dans la mine.
38:49Lorsqu'on s'en prend au juif, on sait que les prochaines
38:51minorités y passeront,
38:53le symbole juif a changé,
38:55maintenant c'est vu comme le surhomme blanc,
38:57c'est-à-dire que c'est le point culminant,
38:59Israël serait le dernier lieu...
39:01C'est la figure occidentale.
39:03C'est l'oubert occidental.
39:05Est-ce qu'on peut dire qu'aujourd'hui,
39:07le sort qui est réservé aux Français juifs
39:09est le sort qui sera réservé demain par des islamistes
39:11aux Français non-juifs?
39:13Est-ce qu'il y a une forme de basculement symbolique?
39:15Ce qui est arrivé à Sarcelles
39:17ou ailleurs, dans le 9-3,
39:19arrivera demain aux Français non-juifs
39:21ça ne me concerne pas.
39:23Loin de moi l'idée de fuir votre question,
39:25mais je crois que ce qui concerne
39:27aujourd'hui des Français juifs, ça concerne des Français.
39:29Déjà.
39:31Il n'y a pas de catégorie...
39:33Vous avez raison, je vous rejoins, c'est un indicateur.
39:35Encore une fois, c'est le baromètre
39:37de l'état de santé d'une société, d'une démocratie.
39:39Et ça veut dire quelque chose.
39:41Et je pense qu'il faut faire attention à ne pas avoir
39:43d'analyse communautaire, ça doit concerner
39:45tout le monde. Quand une jeune fille
39:47à courbe voie est violée parce qu'elle a eu
39:49le malheur de cacher
39:51ses origines pour des raisons de sécurité
39:53et qu'on lui
39:55dit d'elle, mais tu vois, toi tu ne dois pas
39:57soutenir la Palestine,
39:59on décide de la violer. Ce sont des gamins
40:01de 12-13 ans qui commettent ces actes.
40:03Elle est violée pour ça, on lui demandera
40:05à la fin, je vous passe les détails,
40:07on lui demandera à la fin de se
40:09convertir, ensuite on lui demandera de l'argent,
40:11ben oui, après tout,
40:13elle est juive, elle doit avoir de l'argent, ça nous ramène
40:15à Ilan Halimi.
40:17Ça ne doit pas émouvoir simplement
40:19ce qu'on appelle la communauté juive.
40:21Il y a un universalisme là qui est frappé.
40:23Et cet universalisme, il nous concerne
40:25tous en tant que Français.
40:27C'est la force de la France, c'est cette universalité là.
40:29Et quand on vient à la briser,
40:31à la toucher, tout le monde doit se sentir concerné.
40:33Mais vous racontez dans votre livre, notamment,
40:35c'est une scène qui est semblable, c'est un jeune,
40:37excusez-moi, c'est un otage qui revient, on lui dit
40:39en France, ne parle pas trop
40:41de ce qui t'est arrivé. Autrement dit,
40:43tu as souffert, t'es victime de crématrosse,
40:45mais n'en parle pas, parce que ça passerait mal.
40:47Alors elle n'était pas otage.
40:49Elle était victime
40:51à Niros.
40:53Elle s'en est sortie
40:55avec son mari et son fils.
40:57Alors, française
40:59qui était d'origine catholique, pour tout
41:01vous dire, qui s'est rendue en Israël,
41:03qui est tombée amoureuse à la fois du kiboutz
41:05et de celui qui allait être son mari.
41:07Elles s'installent,
41:09ils ont un enfant, ils arrivent
41:11à survivre dans des conditions, je vous raconte,
41:13surréalistes.
41:15Et puis, elle décide de retourner
41:17en France. Lui, israélien,
41:19la suit. Et en effet, l'un des premiers conseils
41:21qu'on va lui donner, c'est ne raconte pas
41:23ou en tout cas pas tout le monde fait attention, c'est la seule
41:25qui m'a demandé à être anonyme dans le livre,
41:27ne raconte pas à tout le monde ton récit du 7.
41:29À quelle victime, aujourd'hui, du Bataclan ou de l'attentat
41:31de Nice, on dit attention
41:33de ne pas raconter à tout le monde
41:35ton récit, parce que
41:37les conséquences pourraient être terribles.
41:39Arthur de Matrigan, vous avez
41:41dit que l'État n'avait pas voulu rendre public leur soutien
41:43auprès des familles de victimes
41:45par crainte
41:47de susciter d'autres actes antisémites.
41:49Est-ce que vous pensez qu'il y a une véritable
41:51crainte d'une rue arabe,
41:53comme on dit aujourd'hui, en France ?
41:55Est-ce qu'il y a une soumission
41:57de nos politiques à
41:59des banlieues qui pourraient s'embraser, à des actes
42:01antisémites qui pourraient s'envoler encore plus
42:03qu'aujourd'hui ? En tout cas, il y a une crainte et une méchance
42:05extrêmement forte. Alors, il y a ces élus
42:07locaux, je pense par exemple au maire de Sarcelles,
42:09qui font très attention
42:11à ne pas importer ce conflit.
42:13Certains me disaient
42:15qu'on ne veut pas que
42:17nos administrés deviennent
42:19des palestiniens ou des israéliens de substitution.
42:21Voilà, c'est extrêmement fort.
42:23Et puis, en effet, chez d'autres qui, par exemple, n'ont pas
42:25voulu afficher les portraits de ces
42:27otages-là, alors que pour Ingrid Bettencourt,
42:29Christian Chennault ou Georges Malbruno, on ne se posait même pas
42:31la question, Ingrid Bettencourt, franco-colombienne,
42:33je le rappelle, et bien là,
42:35il y a peut-être aussi une forme de l'acheter.
42:37Les maires qui l'ont fait,
42:39en tout cas, me racontent que finalement,
42:41il ne s'est rien passé d'aussi grave.
42:43On a eu deux, trois manifestants.
42:45Mais sinon,
42:47rien. Et je pense que parfois,
42:49on surestime ce qu'on pourrait appeler
42:51la réaction de la rue.
42:53Et en fait, à partir du moment où on est solide
42:55sur ses appuis, où on prend une décision
42:57et où on reste ferme,
42:59les répercussions sont
43:01extrêmement légères. Franchement, il y a des bonnes et des
43:03mauvaises victimes aujourd'hui. Philippines, des affiches
43:05pour elle, elles sont arrachées. Certaines affiches
43:07d'otages du Hamas ou de victimes
43:09françaises du Hamas, on ne veut pas les montrer.
43:11Je pose une question un peu brutale.
43:13Les Juifs ont découvert le 7 octobre
43:15qu'ils n'étaient plus en sécurité en Israël.
43:17À tout moment, c'était l'idée d'un havre,
43:19sur cette terre, nous serons en sécurité.
43:21Le pogrom peut avoir lieu
43:23dans leur état national. En France,
43:25vous nous expliquez qu'ils ne se sentent plus en sécurité.
43:27Au Michigan, on le sait, ils ne se sentent plus
43:29en sécurité. À Londres,
43:31ligne d'autobus pour traverser deux
43:33quartiers à forte présence islamiste
43:35pour protéger les Juifs qui ne veulent
43:37pas subir cette pression islamiste. Est-ce qu'en Occident
43:39aujourd'hui ou ailleurs, les Juifs ont un endroit
43:41où ils peuvent véritablement se sentir en sécurité ?
43:43Le risque en France, c'est que l'on revienne
43:45au niveau, à la situation d'avant
43:47Dreyfus, en fait,
43:49à cette époque-là.
43:51Même s'il y a en effet une insécurité forte
43:53qui n'est pas seulement un sentiment,
43:55loin de là, les actes en attestent.
43:57Quand même, force est de constater
43:59que la plupart des familles
44:01que j'ai rencontrées, qui sont victimes,
44:03qui ont été victimes en Israël
44:05du 7 octobre, veulent rester.
44:07Elle m'explique pourquoi.
44:09En effet, la notion de refuge a
44:11été ébranlée, mais il n'en demeure pas moins
44:13qu'il y a une forme de solidarité qui demeure
44:15et de lien, de confiance
44:17en la société, dans son ensemble.
44:19Je crois qu'en fait, la situation, le niveau
44:21de sécurité ou d'insécurité des Juifs
44:23est éminemment lié à celui de la démocratie.
44:25Plus un Etat est démocratique,
44:27plus, en effet,
44:29le système judiciaire,
44:31policier, etc., étatique,
44:33peut fonctionner, plus
44:35l'avenir est encore possible.
44:37Mais, en effet, il faut rester plus que vigilant.
44:39C'est-à-dire que là, le temps est vraiment
44:41à l'action. Encore une fois, ces
44:43enfants que l'on est obligé de déscolariser
44:45et de ce nombre qui
44:47tend à croître,
44:49même si les éléments chiffrés sont toujours complexes à avoir,
44:51doit nous interroger parce
44:53qu'il en va de la société française
44:55dans son ensemble.
44:57Michel Binas, victime française
44:59du Hamas, leur histoire, notre silence.
45:01Merci beaucoup d'être
45:03venue en face à Mathieu Bocoté.
45:05Merci Mathieu, merci Arthur. Rendez-vous la
45:07semaine prochaine, dans un instant.
45:09C'est l'heure des pros. A tout de suite sur CNews.