Les informés du matin du 5 décembre
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00:00Bienvenue dans Les Informés, en direct jusqu'à 9h30 sur France Info.
00:04Bonjour Renaud Daly, et bonjour à nos informés du jour.
00:07Julie Marie Lecompte, chef du service politique de France Info.
00:10Bonjour à Carole Barjon, aussi éditorialiste politique.
00:12Bonjour Zalia.
00:13Et Louis Osalter, journaliste au service politique du Figaro.
00:16Bienvenue Louis.
00:16Bonjour, merci.
00:17Renaud Daly, censure adoptée, gouvernement renversé, qui a gagné ?
00:21C'est la question qu'on peut se poser.
00:22Effectivement, comme prévu, après le déclenchement du 49.3 sur le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale,
00:27le gouvernement Barnier a été renversé hier par 331 voix, 331 députés issus de l'ensemble de la gauche,
00:34le Nouveau Front Populaire et du Rassemblement National,
00:36qui ont donc joint leur voix pour renverser le gouvernement.
00:40Une première depuis 62 ans, la censure du gouvernement Pompidou,
00:43et même une situation totalement inédite puisqu'à l'époque le budget n'avait pas été menacé.
00:48En l'occurrence là, il n'y a de fait plus de budget,
00:51plus de budget de la Sécu et plus de projet de loi de finance.
00:54Et Michel Barnier présentera donc sa démission officiellement au chef de l'État
00:57dans un peu moins d'une heure, à 10h à l'Élysée.
01:00Qui a gagné ?
01:01Je vous propose d'écouter en tout cas celle qui a déclenché ce séisme en décidant de censurer Michel Barnier
01:09et de voter donc la motion de censure portée par la gauche, Marine Le Pen.
01:14La politique du pire serait de ne pas censurer un tel budget.
01:19Je veux dire à ceux qui souffrent et qui désespèrent que le temps n'est plus très loin,
01:24avant que ne se profile la grande alternance,
01:27cette grande alternance que nous appelons de nos voeux.
01:29Marine Le Pen se réjouit donc de cette censure,
01:32et elle a donc voté la motion initiée par l'ensemble de la gauche
01:36et plus particulièrement par les Insoumis.
01:38Les Insoumis dont la patronne du groupe des députés, Mathilde Panot,
01:42est elle aussi évidemment réjouie de ce vote.
01:46Enfin, le gouvernement Barnier est tombé ainsi que son budget violent.
01:50Pour sortir de l'impasse dans laquelle a placé le pays le président de la République,
01:55eh bien il ne reste qu'une solution.
01:57Nous demandons maintenant à Emmanuel Macron de s'en aller.
02:00Et on le voit effectivement, les Insoumis depuis déjà plusieurs jours
02:02réclament la démission d'Emmanuel Macron.
02:04Marine Le Pen, sans la réclamer officiellement, la souhaite et la juge même inéluctables.
02:09D'ici là, le chef de l'État s'exprimera ce soir à 20h.
02:12Que peut-il annoncer ? Que peut-il dire aux Français d'une part ?
02:15Et puis, quel Premier ministre, quelle configuration politique peut-il esquisser pour l'avenir ?
02:20D'abord sur le choix de Marine Le Pen de censurer le gouvernement, Louis.
02:24Tout le bloc central a adressé ses flèches contre Marine Le Pen
02:29en disant que c'est incompréhensible, c'est irresponsable.
02:31Oui, je crois que Marine Le Pen, alors il y a déjà son agenda personnel.
02:35Il est évident qu'il y a un tournant avec les réquisitions judiciaires contre elle.
02:38Ça me paraît évident.
02:39Alors faire le lien entre les deux est évidemment hasardeux de sa part.
02:43Mais il est évident que dans son attitude, c'est comme si elle voulait se venger quelque part
02:47et qu'elle retournait après des années de normalisation,
02:49qu'elle retournait dans une attitude anti-système.
02:51Parce que le geste qu'elle pose là, c'est fondamentalement un geste anti-système
02:54qui va contenter, contrairement à ce qu'on entend parfois.
02:56Je pense que la plupart de son électorat n'est pas du tout dérouté par ce geste-là
03:00et qu'il est satisfait, qu'il est content que soit renvoyé un Premier ministre de l'ancienne droite UMP
03:07qui a fait alliance dans son gouvernement avec des macronistes, avec des modems.
03:11Tout ça, je pense qu'aux yeux d'une grande partie de l'électorat RN,
03:13c'est une classe politique qui est rejetée et que cette censure était souhaitée.
03:18C'est en tout cas ce que montraient les sondages, en tout cas dans l'électorat traditionnel.
03:22C'est une bonne opération pour elle.
03:23À court terme, je ne pense pas que ça lui nuise.
03:25Elle conforte en tout cas son socle électoral.
03:28À long terme, il est évident qu'elle prend un risque.
03:30Elle prend un risque parce que c'est une rupture avec sa stratégie de normalisation.
03:34Il est évident qu'en semant le doute parmi les élites politiques, économiques, intellectuelles
03:39et qu'elle cherchait à séduire parmi les milieux économiques les entreprises effectivement,
03:42elle prend un risque parce qu'on se dit qu'au fond, elle est assez imprévisible.
03:46Et que toute cette histoire est quand même arrivée à prix par surprise à peu près tout le monde.
03:51On savait qu'à un moment, elle pouvait appuyer sur le bouton.
03:53On savait qu'elle allait baisser le pouce sûrement à un moment ou à un autre.
03:56Mais ses propos de septembre laissaient quand même présager qu'elle allait laisser passer ce budget,
04:01qu'elle allait au moins laisser sa chance à Michel Barnier.
04:03Et malgré tout le lest qu'a lâché Michel Barnier,
04:05elle a quand même décidé de cette censure.
04:07Ce qui laisse à penser qu'elle censure plus pour des raisons politiques et personnelles
04:10que pour des raisons budgétaires, que pour les paramètres eux-mêmes des textes budgétaires.
04:14Pour la gauche, Carole, c'est autre chose.
04:16L'argument, c'est Michel Barnier a négocié avec Marine Le Pen et ça, c'est intolérable.
04:21Oui, bien sûr, mais ils sont sur cette position-là depuis le début.
04:26Et donc, c'est ce qui laisse, comment dire, mal augurer de la suite
04:30où on parle de solution de gouvernement qui résulterait d'une sorte de pacte de non-censure, de non-agression.
04:40C'est l'idée des socialistes, discuter avec les macronistes.
04:42Mais ça suppose effectivement que le Parti socialiste se détache de la France insoumise.
04:49Franchement, on n'en est pas encore là.
04:51On sait très bien qu'ils sont tenus par des accords électoraux.
04:55Même quelqu'un comme François Hollande, ancien président de la République, a voté la censure.
05:00Donc, je pense que cette attitude devrait continuer.
05:07Sauf si la question se posait d'un Premier ministre qui serait, par exemple, Bernard Cazeneuve.
05:14Là, le Parti socialiste serait sans doute un peu plus ennuyé.
05:18Encore que, la dernière fois que son nom avait été évoqué, franchement, il n'avait pas été vraiment soutenu par le Parti socialiste.
05:25Olivier Faure, dans Le Monde, hier, disait non, pas Bernard Cazeneuve.
05:29Donc, une solution de ce côté-là apparaît assez peu probable.
05:33C'est pour ça qu'on parle beaucoup aujourd'hui de Sébastien Lecornu, qui est un proche d'Emmanuel Macron,
05:41qui est un ancien des Républicains.
05:45Ça, c'est un petit souci, parce que LR a soutenu Michel Barnier.
05:50En revanche, sur Sébastien Lecornu, il est considéré comme un traître par les Républicains.
05:58Donc, on sent qu'on n'est pas tout près de l'arrivée.
06:01Alors, c'est le flou artistique aujourd'hui, le lendemain de cette censure, Julie Marie Lecompte.
06:06Et le Président va s'exprimer ce soir à 20h.
06:08Oui. Alors, je pensais que vous alliez me dire, est-ce qu'il va nommer dès ce soir un Premier ?
06:14Il dit qu'il peut aller vite, apparemment.
06:15Un Premier ministre ? Oui, apparemment, il dit aller vite.
06:18Et il dit vouloir aller vite, je crois que c'est surtout autour de lui,
06:24et puis dans les troupes qu'on peut qualifier de macronistes.
06:28Tout le monde souhaite qu'il aille vite, ne serait-ce que pour ne pas laisser perdurer une forme de flou,
06:33comme il a pu le faire sous couvert de l'organisation des Jeux Olympiques cet été.
06:41Très sincèrement, une nomination ce soir, peu probable.
06:47Ce qu'on sent quand on échange avec son entourage, c'est que la locution ce soir,
06:55c'est plutôt une étape avant une nomination.
06:59C'est quoi, il faut rassurer, là ?
07:02Alors, il faut rassurer, mais aussi purger la colère.
07:08Emmanuel Macron, il faut quand même imaginer la scène.
07:10Son avion vient à peine de se poser, retour d'Arabie Saoudite,
07:15il a à peine le temps de rentrer au palais,
07:19qu'il apprend que ça y est, Barnier a sauté.
07:24Et ce qui transparaît, c'est une colère, pas froide d'ailleurs, de la part du Président de la République,
07:36totalement atterrée par l'attitude des députés hier.
07:42Ce que me disait un de ses proches, c'est qu'on parle de responsables politiques,
07:49il faut arrêter d'employer cette expression-là, ils ne sont plus responsables.
07:56L'extrême gauche, l'extrême droite, le Parti Socialiste
08:00est qualifié par l'entourage d'Emmanuel Macron de front anti-républicain.
08:05C'est cette irresponsabilité-là, en premier lieu,
08:10qu'Emmanuel Macron compte afficher devant les Français ce soir.
08:15Mais vous avez raison, il va aussi falloir, et c'est son rôle à Emmanuel Macron,
08:20en tant que garant des institutions,
08:22d'essayer de rassurer les Français sur sa capacité à sortir de l'ornière.
08:28On attend la prise de parole du Président de la République ce soir à 20h.
08:31On continue la discussion juste après, le Fil Info de Maureen Thuignard à 9h15.
08:36Dans une heure, Michel Barnier ne sera plus Premier ministre.
08:39Son gouvernement a été renversé par une motion de censure,
08:42votée par le nouveau Front Populaire et le Rassemblement National.
08:46Le Premier ministre présente à 10h sa démission au Président de la République.
08:50Le chef de l'État qui va s'exprimer à 20h,
08:53on ne sait pas encore s'il prévoit d'annoncer le nouveau ou la nouvelle Première ministre d'ici-là.
08:58Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti Socialiste,
09:01se dit en tout cas prêt à gouverner ce matin.
09:04Invité du 8.30 France Info il y a quelques minutes, Jean-François Copé,
09:08le maire Les Républicains de Meaux,
09:10lui appelle à la démission d'Emmanuel Macron dans quelques mois
09:13pour organiser une élection présidentielle et de nouvelles élections législatives.
09:18Le ministère israélien des Affaires étrangères rejette le rapport d'amnestie internationale,
09:23un rapport fabriqué de toute pièce, dit-il.
09:25Le document de l'ONG accuse Israël de commettre un génocide
09:30contre les Palestiniens dans la bande de Gaza.
09:32Et puis il est encore temps de se faire vacciner.
09:34Selon les autorités de santé, l'épidémie de grippe a débuté en France métropolitaine,
09:38en région parisienne.
09:40Cinq autres régions sont en phase pré-épidémique,
09:42Auvergne-Rhône-Alpes, la Bretagne, le Grand-Est, les Hauts-de-France et la Normandie.
09:47France Info
09:51Les informés, Renaud Dely, Saliha Brakia
09:57Les informés continuent avec Julie Marie-Leconte,
09:59chef du service politique de France Info,
10:01avec Carole Barjon, éditorialiste politique,
10:02Louis Ouzalter, journaliste au service politique du Figaro.
10:06Renaud Dely, les questions se bousculent là ce matin.
10:09Quel Premier ministre après Michel Barnier ?
10:11Avec quelle majorité pour quelle politique ?
10:13Le Président s'exprime à 20h, l'équation est compliquée.
10:16L'équation est toujours aussi compliquée.
10:18Que le chef de l'État s'exprime, c'est normal, c'est même inévitable.
10:20On est dans une crise politique, de surcroît il était en voyage à l'étranger,
10:23le gouvernement tombe.
10:24S'il ne s'exprimerait pas, là on pourrait s'interroger.
10:28De surcroît, il faut qu'il rappelle en quelque sorte son existence
10:30et le fait qu'il est toujours en place,
10:31alors que des voix montent parmi les oppositions
10:33et pas seulement d'ailleurs pour évoquer son éventuel démission.
10:36Donc c'est quelque sorte une preuve de vie aussi
10:38qu'envoie Emmanuel Macron ce soir à la télé.
10:41Et puis effectivement, il va afficher le visage de la responsabilité
10:46contre les irresponsables qui ont censuré le gouvernement Barnier, selon lui.
10:50Et puis je pense qu'il va aussi s'adresser aux marchés financiers.
10:52Il va expliquer que la France est un pays fort économiquement,
10:56qui ne va pas s'effondrer demain, etc.
10:57puisqu'il s'agit aussi de rassurer sur les milieux économiques
11:01et puis aussi de se soucier de l'attractivité économique du pays.
11:03Reste, comme vous le disiez, que sur le plan politique,
11:06la configuration n'a pas changé.
11:07C'est la même depuis le 7 juillet.
11:09Quelles sont les possibilités qui s'offrent aux chefs de l'État ?
11:12Elles sont restreintes.
11:13Alors il y a l'hypothèse d'un gouvernement dit technique.
11:15On peut peut-être l'évoquer à un moment ou à un autre.
11:17Mais sinon, c'est soit reproduire au sein du gouvernement
11:23le Front républicain qui est le seul vrai vainqueur
11:25du second tour des élections législatives,
11:27c'est-à-dire un gouvernement, une coalition qui associerait
11:31socialistes, écologistes, communistes, blocs centrales, macronistes et LR,
11:36les insoumis ne voulant pas de toute façon être d'une coalition
11:39avec la droite ou le centre, et inversement, les macronistes et LR,
11:44excluant Jean-Luc Mélenchon au nom de sa radicalité.
11:47Soit reconduire la fragile coalition qu'on a vue avec Michel Bernier,
11:51c'est-à-dire macroniste plus LR, laquelle est forcément
11:57arithmétiquement et donc politiquement dépendante des humeurs de Marine Le Pen.
12:01Marine Le Pen qui dit depuis hier soir, après avoir censuré
12:04le gouvernement Bernier, qu'elle est prête maintenant
12:07à se montrer constructive et qu'elle attend du futur Premier ministre
12:10justement qu'il co-construise avec le RN un budget crédible,
12:14c'est-à-dire exactement ce qu'elle a dit au moment de la nomination
12:16de Michel Bernier, c'est-à-dire qu'elle sera constructive,
12:18elle écoute, etc., il faut qu'on la respecte, donc jusqu'à quand ?
12:20Donc il y a cette hypothèse, et Julie citait à raison
12:23le nom de Sébastien Lecornu qui circule parmi d'autres, effectivement.
12:27Et puis il y a l'hypothèse donc de ce Front républicain
12:31constitué par les électeurs dans les urnes qui se traduirait
12:34au gouvernement et à l'Assemblée nationale.
12:36Le problème, c'est que les socialistes, et pas seulement d'ailleurs,
12:40semble-t-il, ne sont pas sur cette ligne.
12:42Je vous propose d'écouter Boris Vallaud, le président du groupe PS
12:44à l'Assemblée nationale, qui était l'invité de France Info ce matin.
12:50Moi ce que je demande au Président de la République, c'est en effet
12:53un Premier ministre de gauche qui prend l'engagement
12:56de travailler à ses compromis.
12:59Nous avons demandé, je l'ai demandé moi hier, Olivier Faure l'a fait à nouveau,
13:04que tous les présidents du groupe, les chefs de partis
13:08qui ont bénéficié du Front républicain se retrouvent.
13:11Parce que notre devoir c'est de ne pas oublier
13:13les électeurs du premier tour, et donc les idées
13:16et les projets sur lesquels nous avons été élus,
13:18ni les électeurs de second tour, qui d'une certaine manière
13:21nous obligent à cette culture nouvelle
13:23qui nous est étrangère mais qui est absolument nécessaire.
13:26Alors un Premier ministre de gauche met ouvert aux compromis.
13:29Cette hypothèse d'ailleurs est déjà critiquée et rejetée
13:32par les insoumis eux-mêmes. Et puis ce gouvernement dirigé
13:35par un Premier ministre de gauche, aurait-il des ministres macronistes
13:38ou LR ? Non, visiblement les socialistes ne s'engagent pas dans cette voie.
13:42Donc ils veulent un gouvernement NFP y compris probablement
13:44avec des ministres insoumis. Et puis Olivier Faure résumait
13:48cette stratégie dans une interview au Monde hier en disant
13:51le NFP au gouvernement et le Front républicain à l'Assemblée,
13:55c'est-à-dire s'engageant dans un accord de non-censure.
13:57C'est-à-dire précisément ce que la gauche vient de refuser
14:01à Michel Barnier, puisque le fait qu'il n'y avait pas,
14:04il y avait un gouvernement macroniste LR qui est tombé
14:07parce qu'il n'y a pas eu de Front républicain à l'Assemblée nationale.
14:09Bref, on le voit, la situation est inextricable.
14:12Et je pense d'ailleurs que la longueur et la complexité
14:15de mes pseudo-explications le démontrent.
14:18Alors est-ce que la gauche peut effectivement revendiquer le pouvoir
14:21mais elle n'a pas de majorité ? Et est-ce qu'Emmanuel Macron
14:24peut reconduire avec un autre locataire de Matignon
14:27la très fragile coalition qui vient de chuter ?
14:28Bon, je vous demande à tous, comment on fait ?
14:31Comment on s'en sort ?
14:32Et personne ne sait pourquoi est-ce que vous vous récocrisez.
14:34Mais non, mais on voit bien, chacun essaie de jouer sa partition.
14:36On a entendu hier Gabriel Attal tendre la main aux socialistes aussi.
14:40Il y a quand même un début de...
14:43Il y a peut-être un début de solution déjà en tâchant de...
14:46Peut-être, si jamais on était dans un reset d'une configuration
14:50Michel Barnier, peut-être essayer de ne pas reproduire
14:54ce qui a quand même été identifié comme un certain nombre d'erreurs.
14:58Et là, je ne parle pas du fait de ne pas avoir traité Marine Le Pen.
15:00Je parle plutôt du fait de ne pas avoir du tout traité les socialistes.
15:04Parce que ce à quoi on a assisté pendant 24 heures hier,
15:07c'est essayer d'aller chercher les socialistes un à un par le col
15:11pour que surtout ils n'appuient pas sur le bouton.
15:13Bon, l'effet, il a été absolument désastreux.
15:15Vous l'avez vu, il n'y a qu'à regarder le chiffre, 331.
15:17Ça veut dire qu'il n'y a pas de voix qu'on manquait.
15:19Les socialistes avaient censuré le premier jour.
15:20Ils ont annoncé la censure avant même le discours.
15:23Et Olivier Faure avait refusé de se rendre au rendez-vous
15:27mais en tout cas, ce travail corps à corps
15:30qui a été fait avec chacun des socialistes,
15:33malgré cette déclaration commune initiale,
15:37il y avait, alors c'est sûr que ce n'est pas long,
15:39mais il y avait quand même neuf semaines pour essayer de...
15:42La question, c'est est-ce qu'on peut négocier avec des gens qui ne veulent pas ?
15:44Louis, quand vous...
15:46Non mais c'est vrai, les socialistes d'aujourd'hui,
15:49on peut négocier, alors texte par texte,
15:51mais c'est nous qui sommes au gouvernement
15:53et puis il n'y a pas de macronistes et puis il n'y a pas de LR.
15:55Et puis censure, et puis par ailleurs, on oublie un élément,
15:58on regarde à gauche mais à droite, il n'est pas du tout dit
16:00que les Républicains, que même le groupe d'Edouard Philippe
16:02veuillent s'embarquer dans une aventure avec des gens de gauche,
16:04avec des socialistes, socialistes dont la ligne est assez lisible
16:07puisqu'elle consiste un jour à dire qu'ils censurent le gouvernement
16:10quoi qu'il arrive et qu'ils veulent un gouvernement de gauche
16:12et le lendemain à expliquer qu'il faut faire des compromis texte par texte.
16:14La réalité, on l'a vu effectivement hier,
16:16c'est que tout le groupe socialiste a voté la censure contre Michel Barnier.
16:21Mais je trouve leur ligne moins cohérente que celle des mélenchonistes,
16:24ils veulent une élection présidentielle,
16:26ils vont censurer à chaque fois que l'occasion se présentera
16:28parce qu'ils veulent accélérer le calendrier électoral.
16:30Calendrier dont on se demande si maintenant il n'est pas partagé
16:33par Marine Le Pen dans l'objectif de précipiter les choses
16:35et d'avoir une présidentielle anticipée.
16:37Le résultat de ça, si vous voulez, c'est qu'on a l'impression
16:39que toute cette classe politique est dans un avion qui perd de l'altitude
16:42et il n'y a plus de pilote qui connaît le mode d'emploi.
16:44Parce que normalement, là, le mode d'emploi, c'est celui de la Ve République
16:47et donc ça fonctionne.
16:48Mais là, à mon avis, l'équation de base, c'est le résultat de la dissolution.
16:52Ce sont ces trois blocs électoraux issus des législatives de juillet
16:56qui existent dans le pays,
16:57qui correspondent à quelque chose de politique et de sociologique, à mon avis.
17:00Et on ne peut pas revoter maintenant parce qu'il y a un délai,
17:02mais il y a fort à parier que si on revotait maintenant,
17:04on trouverait à peu près la même chose.
17:06Dans les yeux, les Français n'ont pas retourné leur veste en six mois
17:08parce qu'ils ont vu que la classe politique s'en débrouillait mal.
17:10Donc on n'a plus le mode d'emploi, quelque part.
17:12On n'a personne à mettre dans le cockpit.
17:15Et c'est pour ça que l'équation d'Emmanuel Macron s'annonce très, très, très difficile
17:18et que cette situation va lui retomber dessus.
17:20Parce que l'acte du 9 juin de la dissolution, c'est le sien.
17:23Dans le mode d'emploi de la cinquième...
17:25Mais c'est pour ça.
17:26C'est pour ça qu'Emmanuel Macron veut aller vite en même temps.
17:29C'est pour éviter d'abord ce qu'on lui avait reproché la dernière fois,
17:34c'est-à-dire de procrastiner et de prendre trois mois avant de nommer un Premier ministre.
17:38Là, il veut montrer qu'il y a une sorte de continuité de l'État.
17:42Et en nommant un chef du gouvernement,
17:45notamment aussi vis-à-vis de l'extérieur,
17:50pour samedi, lors de la réorganisation de Notre-Dame,
17:53qu'il y ait peut-être un Premier ministre.
17:56Ce qui veut donc dire que...
17:59Est-ce qu'il ne pourrait pas en nommer un aujourd'hui ?
18:02Parce que dans la communication politique...
18:04Julie, elle a dit pas trop, hein ?
18:06Non, je dis simplement...
18:08Ça ne lui ressemblerait pas.
18:10Je dis simplement que dans la communication politique classique,
18:14on dit toujours qu'il faut aller à la télévision,
18:17parler aux Français pour avoir quelque chose à leur dire.
18:20Si c'est juste pour les rassurer et dire qu'il va en nommer un Premier ministre prochainement,
18:26je ne suis pas sûre que ça suffirait.
18:29La logique, je ne dis pas que c'est ce qui va se passer,
18:32mais la logique voudrait qu'un Premier ministre soit nommé cet après-midi
18:36et qu'Emmanuel Macron commente sa décision.
18:40Et là, au reneau des lignes, pour ceux qui ne regardent pas la télé...
18:43La dissolution n'était pas logique.
18:45Le problème, c'est que s'il soit nommé cet après-midi,
18:47demain, un près-demain ou dans une semaine,
18:49la configuration politique est toujours aussi ingérente alors qu'il est,
18:52comme l'expliquait aussi Louis Seltzer à l'instant.
18:54D'un côté, on a les socialistes qui sont toujours soumis aux insoumis,
18:56et on l'a vu quand même avec cette scène ahurissante,
18:58cette humiliation de Boris Vallaud hier à l'Assemblée Nationale,
19:01Jean-Luc Mélenchon écoutant avec beaucoup d'attention Éric Coque-Relle l'insoumis,
19:06puis avec la même attention, derrière le discours de Marine Le Pen,
19:09et se levant ostensiblement pour quitter les invités au Palais Bourbon.
19:14Quand Boris Vallaud, le socialiste, prend la parole,
19:16pourquoi ? Parce que Boris Vallaud a été l'un des premiers, il y a dix jours,
19:18à dire qu'il faudrait peut-être envisager un accord de non-censure
19:21entre parties dites de l'arc républicain,
19:23ce que Jean-Luc Mélenchon a aussitôt dénoncé comme une trahison.
19:25Pour autant, les socialistes ne remettent pas en cause leur suggestion aux insoumis,
19:29c'est leur problème, et de l'autre côté,
19:31on voit effectivement, et Louis Seltzer a raison,
19:33qu'une bonne partie de la droite, et sans doute du Bloc central aussi,
19:35n'a pas de toute façon l'intention de travailler avec les socialistes, c'est vrai.
19:38À partir de là, l'équation politique est toujours aussi complexe qu'on le disait.
19:43Il y a peut-être un élément qui peut permettre à Emmanuel Macron
19:46de contribuer à la débloquer, mais pour un temps limité,
19:50c'est que la perspective d'une nouvelle dissolution redevient possible
19:54à partir du mois de juin prochain, l'annonce en tout cas,
19:56et de nouvelles élections à partir de l'été.
19:59Et on peut peut-être imaginer que,
20:01même si tous ces gens n'arrivent pas à s'entendre,
20:03à se parler, à se montrer aussi responsables que les électeurs,
20:05ils réussissent peut-être à signer un CDD,
20:07c'est-à-dire à ce qu'il y ait un mini-engagement de tenir pendant 5 mois ou 6 mois,
20:14avec rendez-vous pour une censure annoncée, prêt-annoncée en quelque sorte.
20:18Ça ressemble un petit peu d'ailleurs...
20:20Mais comme l'équation n'est pas assez compliquée...
20:22Ça ressemble un peu à ce que dessinait Jean-François Copé tout à l'heure,
20:24en expliquant qu'il faudrait une présidentielle,
20:26il faudrait déjà anticiper en quelque sorte,
20:28une démission du chef de l'État courant mars,
20:30pour qu'une présidentielle puisse avoir lieu en même temps que des législatives.
20:34C'est-à-dire que le fait est qu'il faut tenir encore quelques mois,
20:37avant peut-être de changer l'équation politique,
20:40s'il tentait effectivement que le vote des Français change cette équation,
20:43sauf évidemment si l'Élysée a un nouveau président.
20:45Comment tenir là, dès maintenant, pour les mois qui arrivent,
20:48quand Mathilde Panot, la chef de file des Insoumis à l'Assemblée Nationale,
20:52dit ce matin qu'elle censurera bien sûr tout Premier Ministre qui n'est pas issu des rangs du NFP ?
20:58Emmanuel Macron va chercher quelqu'un,
21:00pas pour gouverner, et surtout pas pour réformer, mais pour gérer.
21:02Il faut juste faire passer un budget à minima,
21:04qui n'ait aucune mesure urticante.
21:06L'état d'esprit dans tous les camps politiques,
21:08c'est une échéance à l'été prochain,
21:10parce qu'Emmanuel Macron pourra dissoudre,
21:12voire démissionner, comme le débat en prospère.
21:14Mais en tout cas, on sait qu'en juillet,
21:16la Constitution lui donnera le droit de dissoudre,
21:18et on a vraiment l'impression que maintenant,
21:20il faut juste tenir, gagner du temps,
21:22ce qui va donner une atmosphère de campagne permanente
21:24aux mois qui nous attendent.
21:26Dissoudre avec le risque qu'on ait les mêmes résultats
21:28qu'en juillet dernier,
21:30d'où la petite musique qui commence à se faire entendre,
21:32même dans les rangs des Républicains,
21:34comme aujourd'hui avec Jean-François Copé,
21:36une démission anticipée du Président de la République.
21:38Ça, il ne veut pas l'entendre, Julie Marie Pompadour.
21:40Il ne veut absolument pas l'entendre.
21:42Paul Barcelone, qui était avec lui du service politique
21:44en Arabie Saoudite, a osé lui poser la question
21:46lors d'un échange informel.
21:48Il s'est fait.
21:50Il est rentré, Paul Barcelone ? Il ne rentrera pas, ou quoi ?
21:52Il est toujours là-bas.
21:54On n'a plus de nouvelles de Paul Barcelone.
21:56Il est en train de rentrer, j'espère qu'il va bien.
21:58Merci beaucoup à tous les quatre.
22:00On a essayé de décrypter ce qui se passe aujourd'hui
22:02à un moment historique
22:04dans l'histoire de la politique française.
22:06Merci Julie Marie Lecomte,
22:08chef du service politique de France Info.
22:10Merci à vous, Carole Barjon, éditorialiste politique.
22:12Louis Ossalter, journaliste au service politique du Figaro.
22:14Le Figaro qui titre évidemment aujourd'hui
22:16sur la censure historique
22:18du gouvernement et la crise politique qui en découle.
22:20Gros dossier à lire dans le Figaro ce matin.
22:22Merci à vous, Renaud.
22:24Merci, salut.
22:26Les informés du soir, à partir de 20h, avec Jean-Rémi Baudot et Agathe Lambret.