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00:00Ravie de vous retrouver pour les informer. Votre demi-heure de décryptage de l'actualité politique en ce vendredi matin est avec vous, Renaud Dely, bonjour.
00:17Bonjour André Henriot.
00:18Et nos deux informés ce matin que sont Aurélie Herbemont. Bonjour Aurélie.
00:22Bonjour.
00:23Vous êtes chef adjointe du service politique de France Info Henri Vernet. Bonjour Henri.
00:26Bonjour.
00:27Vous êtes chef adjoint du Parisien aujourd'hui en France. Et Renaud, nous parlons, parce que ça vient de se passer sur France Info, de cette main tendue du Parti Socialiste vers les macronistes et même peut-être vers la droite.
00:39Effectivement, on vient d'entendre Olivier Faure, le Premier secrétaire du Parti Socialiste, qui était l'invité de France Info il y a un instant.
00:46Olivier Faure qui a rendez-vous d'ailleurs aujourd'hui accompagné des deux présents de groupe, parlementaires, socialistes, Patrick Canner pour le Sénat et Boris Vallaud pour les députés,
00:55qui a rendez-vous donc aujourd'hui à l'Élysée avec Emmanuel Macron et qui va tendre la main au chef de l'État.
01:01Il appelle à la constitution d'un accord de non-censure. En tout cas, il s'avance vers une forme de compromis, effectivement, qui nécessite selon lui la nomination à Matignon d'un Premier ministre de gauche.
01:16Mais ensuite, qui dans le gouvernement ? Pourrait-il y avoir des ministres issus du bloc central, voire des ministres de droite ? Olivier Faure ne l'a pas exclu.
01:26Il ne l'a pas confirmé, mais il ne l'a pas exclu. Et puis, il demande également du temps. Il souhaite que le chef de l'État prenne son temps avant de nommer un nouveau Premier ministre,
01:33qu'il désigne d'abord ce qu'il appelle un préfigurateur, lequel serait chargé justement de mener ces discussions avec les différents partis de l'arc républicain,
01:42afin de constituer cette coalition à une base plus solide que celle qui n'a pas soutenu plus de trois mois le gouvernement de Michel Barnier.
01:49Cette position ne va pas forcément déclencher l'enthousiasme du côté de Jean-Luc Mélenchon et des Insoumis. Lesquels Insoumis ont déjà accusé, ces dernières heures et ces derniers jours,
01:59les socialistes de s'apprêter, disent-ils, à trahir, simplement en entrant dans un processus de discussion avec le chef de l'État.
02:06Alors, est-ce qu'effectivement, ces négociations, ces discussions qui commencent, peuvent accoucher peut-être d'une forme de compromis et de nouvelles coalitions susceptibles de soutenir un nouveau gouvernement ?
02:16– Effectivement, il y a beaucoup de choses à explorer au Reliabement. D'abord une chose, sur la méthode d'Olivier Faure, l'idée d'avoir un préfigurateur, l'idée de ne pas exclure,
02:26l'idée d'ores et déjà, et il l'a encore fait sur ce plateau il y a quelques minutes, de dire, voilà, nous on est prêts à faire des compromis, peut-être sur l'ISF, peut-être sur les retraites, etc.
02:34Bon, est-ce que, déjà, on a l'impression, peut-être l'impression que quelque chose est en train de changer, quand même. L'air est en train de changer.
02:40– On a l'impression qu'il y a quand même un bougé, contrairement à ce qui s'était passé dans les épisodes de consultations de cet été.
02:47Là, on voit, même si Olivier Faure précise bien qu'il ne s'agit pas de mettre un genou à terre, pas de devenir macroniste,
02:52et qu'il met quand même en haut de sa liste des revendications d'avoir un Premier ministre de gauche,
02:57on voit bien que là, quelque chose est en train de se débloquer du côté du Parti Socialiste, qui est prêt à négocier avec le Bloc central, voire jusqu'au LR,
03:07ce qui, quand même, est assez nouveau, et surtout, moi, ce que j'ai retenu aussi dans ce que disait Olivier Faure,
03:13c'est que quand vous lui posez la question sur LFI, il dit que LFI s'est auto-exclu.
03:17Donc, c'est comme si, voilà, il y avait une page du NFP uni jusqu'au bout, etc., qui est en train de se fissurer à ce niveau-là.
03:27En fait, l'idée d'Olivier Faure, c'est de se dire, de toute façon, c'est bloqué, personne n'a de majorité absolue,
03:33donc, à un moment, il faut bien débouger, on ne peut pas censurer, et puis derrière, il ne se passe rien.
03:38C'est sans doute le Parti Socialiste qui, de tous les partis qui ont censuré, était le seul à avoir en tête l'idée qu'il faut bien réfléchir à un après.
03:46Les Insoumis, on voyait bien que l'idée, c'était de pousser Emmanuel Macron à la démission.
03:50Marine Le Pen, c'était de montrer qu'elle pouvait faire ce qu'elle voulait des premiers ministres d'Emmanuel Macron.
03:55Le Parti Socialiste, qui est un parti de gouvernement, se dit, il faut bien quand même imaginer l'après.
04:01On ne peut pas rester dans une situation de blocage comme ça.
04:04Donc, ça bouge. J'imagine qu'Emmanuel Macron, s'il a écouté Olivier Faure ce matin, se dit,
04:10bon, peut-être qu'il y a une voie de passage qui est en train de s'ouvrir, même si, attention, ça peut être extrêmement long, compliqué.
04:19Évidemment, il ne s'agit pas pour le PS de se vendre pour un plat de lentilles.
04:22Et d'ailleurs, effectivement, Olivier Faure a dit, voilà, il ne faut pas compter nommer un premier ministre rapidement.
04:27Il a évoqué ce qui se passait dans notre pays où ça prenait des semaines, voire des mois.
04:30Henri Vernet, à votre tour, qu'est-ce que vous en pensez de ce qui est en train de se jouer ce matin ?
04:35Alors, clairement, on est entré dans une autre phase.
04:37C'est très bien dit. C'est vrai qu'il y a un bouger extrêmement important de la part du PS.
04:40On voit qu'il y a une espèce de rupture. Il est acté de la part d'Olivier Faure, en effet, que la stratégie d'un Mélenchon,
04:46qu'il a encore répétée hier pour Mélenchon, c'est une présidentielle anticipée.
04:49C'est une démission du président de la République. Il l'a dit. Il l'a répétée.
04:53Alors par la force des événements, il avait dit en début d'interview qu'il était sur un plateau de télévision et non pas dans les barricades.
04:59Néanmoins, la force des événements, qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce qu'il envisage réellement ?
05:03Donc là, il y a clairement une différence de stratégie. C'est vrai qu'Olivier Faure, le PS, prend acte.
05:08Ben non, le président l'a répété. Il sera là. Alors jusqu'à la dernière minute, on verra bien.
05:12Mais en tout cas, dans cette séquence, il reste à son poste. Et donc on rentre en effet dans cette phase de négociation.
05:17Préfigurateur, c'est vrai que c'est intéressant. C'est ça, le régime parlementaire.
05:20C'est peut-être ce qui a manqué, d'ailleurs, la dernière fois.
05:22Exactement. C'est ce qui a manqué. D'ailleurs, ça avait été dit par des politiques, par des commentateurs.
05:27On rappelle que c'est quelque chose qui existe dans beaucoup d'autres pays. Allez-y, Henri, expliquez-nous.
05:30Par exemple, le président de la République en Italie, qui a très peu de pouvoir, qui nous a écrit son thème,
05:34quand le parti majoritaire, il y a un préfigurateur et qui forme le gouvernement.
05:38Il y en a évidemment aussi en Belgique. Le roi des Belges, c'est ça, son pouvoir.
05:41C'est de nommer un préfigurateur. Alors c'est pas garanti d'efficacité,
05:44parce que les Belges n'ont pas de gouvernement depuis plus longtemps que nous.
05:47Alors attendez. Est-ce que le préfigurateur peut-être Emmanuel Macron, en conséquence ?
05:53Ben non. Par définition, c'est justement quelqu'un qui va chercher... Pardon.
05:56Non, par définition, c'est vraiment quelqu'un qui va essayer de former une majorité autour de lui.
06:01Non, parce que vous dites que le président italien, le roi des Belges, après tout,
06:03Emmanuel Macron est le plus haut sommet de l'État.
06:06Oui, mais normalement, dans la constitution de la Ve République, il est au-dessus des partis.
06:10Il n'est pas le primus inter pares, comme le Premier ministre, c'est-à-dire celui qui sera chef d'une majorité.
06:14Le président de la République, c'est autre chose. C'est un arbitre.
06:16Donc non, ce n'est clairement pas son rôle. Ce ne sera pas non plus forcément celui d'Olivier Faure, cela dit.
06:20Renaud Delis.
06:21Ce qui est très intéressant, effectivement, dans ce que vient d'expliquer Olivier Faure assez longuement,
06:24c'est qu'il y a très clairement une évolution, qu'il y a une main tendue et qu'il y a une méthode.
06:29Et une méthode à laquelle, a priori, le chef de l'État,
06:31qui doit donc recevoir les dirigeants socialistes dans quelques heures,
06:35ne peut pas être insensible ou sourd.
06:37Je pense qu'il prendrait un risque, aujourd'hui, s'il n'écoutait pas ce qui est en train de se passer
06:40et s'il, effectivement, y nommait, aujourd'hui, demain, dimanche, un nouveau Premier ministre
06:44sans tenir compte de ses propositions.
06:46Ce préfigurateur, pour répondre à vos questions, ne peut pas, évidemment, être le chef de l'État,
06:49qui serait, en quelque sorte, à nouveau jugé parti.
06:52Évidemment, ça bloquerait immédiatement le processus.
06:54On se souvient que Olivier Faure avait déjà évoqué, mais très tardivement,
06:57plutôt vers la fin de l'été, l'hypothèse de recourir à Laurent Berger
07:00comme un préfigurateur, justement, chargé, en quelque sorte,
07:03passez-moi l'expression, d'arranger les bidons.
07:05Là, il le fait au début, effectivement.
07:08Le problème, c'est qu'on n'a pas seulement plus de gouvernement.
07:12À la rigueur, il y a un gouvernement démissionnaire
07:14qui peut gérer les affaires courantes pendant encore un certain temps.
07:17On l'a vu avec Gabriel Attal, c'est qu'on n'a pas de budget.
07:19On n'a pas de budget de la Sécu, pas de projet de loi de finances.
07:22Alors, il faut s'assurer, il semblerait que ce soit le cas,
07:25mais il faut s'assurer que le gouvernement démissionnaire
07:28puisse, par exemple, prendre en charge la fameuse loi spéciale
07:31qui est chargée de reconduire les crédits de 2024 pour 2025
07:36de façon à faire face, dès le 1er janvier, aux premières dépenses
07:39qui sont nécessitées par le fonctionnement de l'État.
07:42Si un gouvernement démissionnaire, par exemple celui de Michel Barnier,
07:45peut présenter cette loi spéciale dont la plupart des groupes,
07:51y compris le Rassemblement national, d'ailleurs, on dit qu'il la voterait,
07:53de façon à éviter la faillite financière,
07:56effectivement, on peut prendre un petit peu de temps
07:58pour nommer un nouveau Premier ministre et donc un nouveau gouvernement
08:00assis sur une coalition plus large.
08:03Peut-être pas deux mois, deux mois c'est quand même très long,
08:05mais ça peut prendre effectivement plusieurs semaines.
08:08Et ce qui est très intéressant à gauche, c'est que le PS
08:11semble renouer à travers cette proposition.
08:13Et au-delà, effectivement, un certain nombre de concessions esquissées,
08:16évidemment en échange d'autres concessions,
08:19avec sa culture de gouvernement, sa culture de parti de gouvernement
08:22et de s'émanciper, effectivement, de la tutelle des Insoumis
08:25qui, eux, continuent de réclamer la démission d'Emmanuel Macron
08:28à une présidence parlementaire.
08:29On va évoquer les conséquences, les conséquences sur la gauche,
08:31les conséquences aussi sur le RN, parce que je pense qu'il y en a probablement.
08:34D'abord, ce qu'a dit Olivier Faure ce matin,
08:36déjà, c'est qu'il faut un Premier ministre de gauche,
08:40Aurélien Beaumont, et après tout, vous dites un accord de non-censure,
08:43mais pourquoi l'accord de non-censure ne devrait pas être fait ?
08:46Ceux qui ne censurent pas, ça ne devrait pas être les macronistes
08:48qui ne nous censurent pas, nous, la gauche.
08:50Est-ce que c'est seulement une position de négociation
08:53ou est-ce que, vraiment, il va être intraitable là-dessus,
08:56Olivier Faure, selon vous ?
08:57C'est la mise de départ sur la table pour entamer les négociations.
09:00On sait très bien que dans une négociation,
09:02tout le monde fixe ses lignes rouges.
09:04Alors ça, ça fait des semaines et des mois
09:06qu'on entend parler des lignes rouges des uns et des autres.
09:08On dit « je veux ça », mais on sait très bien que pour aboutir à un compromis,
09:12il faut que chacun fasse un pas.
09:14Donc, ce qui est intéressant, c'est que Laurent Wauquiez, hier, a dit
09:19qu'il ne censurerait pas le prochain gouvernement.
09:21Bon, on ne lui a pas forcément présenté l'option d'un Premier ministre de gauche,
09:25mais il faudrait voir en fonction du profil,
09:27parce qu'après, on peut avoir plein de déclinaisons.
09:29On peut avoir du soutien sans participation,
09:31un minima de la non-censure pour se mettre quelques mois,
09:34on peut avoir un CDD plus ou moins court pour essayer quand même de gérer ce qui se passe.
09:39Donc, c'est la mise de départ, et puis c'est le début des négociations.
09:42Henri Vernet, je vous demanderai votre avis sur cette question-là,
09:44juste après le Fil Info.
09:46Tout d'abord, 9h15, Magali Oumou.
09:49J-1 avant la réouverture de Notre-Dame de Paris.
09:52Le pape François ne sera pas présent,
09:54mais le souverain pontife ne sera pas non plus complètement absent.
09:57Il a transmis un message à l'archevêque de la capitale,
10:00un message à destination des Français,
10:02qui sera lu au début des cérémonies.
10:04Elles commenceront demain à 19h.
10:06La reconstruction en France, elle est aussi politique pour Emmanuel Macron.
10:11Il a filé la métaphore hier soir lors de son allocution.
10:14Le chef de l'État va nommer un Premier ministre rapidement.
10:17Il reçoit ce matin les chefs des groupes parlementaires du Bloc central,
10:21puis le Parti Socialiste aux alentours de midi.
10:24Je suis prêt à commencer à discuter,
10:26à obtenir des concessions.
10:27Fait savoir ce matin le patron du PS, Olivier Faure, invité de France Info.
10:32La droite républicaine sera, elle, reçue en début d'après-midi.
10:36Un plan social chez Airbus.
10:38540 postes pourraient être supprimés au total en France.
10:41La plupart sur le site de Toulouse.
10:43La CGT et l'UNSA appellent à un rassemblement à 13h devant les locaux de l'entreprise.
10:49En Corée du Sud, le président est menacé de destitution.
10:52Une motion sera examinée demain,
10:54après sa tentative ratée d'imposer la loi martiale.
10:57Youngswek Yol a lâché par son propre parti, qui demande son départ.
11:02Du foot aujourd'hui.
11:0414e journée de Ligue 1.
11:06Aux serres PSG à 21h.
11:07Lille-Brest à 19h.
11:19Et toujours avec Aurélie Arbemont,
11:21chef adjointe du service politique de France Info,
11:23et Henri Vernet, rédacteur en chef adjoint au Parisien,
11:27aujourd'hui en France.
11:28Et justement, je me tourne vers vous.
11:30Henri, il y a l'aspect qu'on a évoqué avec Aurélie,
11:34Premier ministre, pas Premier ministre,
11:37est-ce que c'est un gouvernement de gauche
11:40ou un petit peu plus élargi que ça ?
11:44Il va y avoir un certain nombre de points, de lignes rouges,
11:47qui vont nécessairement être pointés par chacune et chacun.
11:49Bien sûr, on l'a vu, c'est vrai que pour le PS,
11:51il y aurait cette idée de pas de censure.
11:53C'est déjà d'ailleurs ce qu'évoquait hier Boris Vallaud,
11:56dans sa première proposition.
11:58Donc ça, c'est en effet un élément de négociation important.
12:00Mais le président dont on a vu hier, malgré tout,
12:03qui reprend des couleurs, il reprend un peu la main.
12:05Il est, comment dire, moins abattu et moins affaune
12:08que ces dernières semaines.
12:10Parce que Barnier a écarté, c'est lui maintenant
12:12qui retrouve au moins son pouvoir de nomination.
12:14Et donc, lui aussi a ses lignes rouges.
12:16Et dans son intervention hier, on a quand même bien compris
12:18qu'il y a des points qui sont un peu désavariants.
12:20C'est-à-dire que ce n'est pas quelqu'un,
12:22dans la mesure où il entend être à son poste
12:24jusqu'à la dernière minute, comme il l'a expliqué,
12:26il ne renoncera pas notamment à ces espèces de totems
12:29que sont notamment la réforme des retraites.
12:32Donc là aussi, ça va être un élément important.
12:34Parce qu'on se souvient quand même que quand il avait été question
12:36d'un casting avec Bernard Cazeneuve à Matignon,
12:38il y a quelques mois, en septembre,
12:40ce qui a chopé, c'était notamment cela.
12:42C'est-à-dire que Cazeneuve arrivant,
12:44évidemment, il aurait commencé par toucher
12:46à cette réforme extrêmement importante.
12:48Après, sur d'autres lignes rouges du Président,
12:50et quand je dis le Président, en réalité,
12:52c'est parce que le pouvoir maintenant est quand même
12:54assez largement passé à l'Assemblée,
12:56ce sont aussi les lignes rouges du Bloc central
12:58et singulièrement des macronistes et des troupes d'Attal.
13:00Là, il y a quand même la fameuse politique de l'offre.
13:02On a vu à quel point ils ont bloqué
13:04pendant toute la législation sur le budget
13:06sur le thème des exonérations fiscales
13:10au profit des entreprises qui embauchent.
13:14C'est là qu'il faudra trouver un terrain d'entente
13:16et bien sûr que, pour le coup,
13:18le choix d'un Premier ministre,
13:20de gauche ou du Bloc central,
13:22jouera énormément et n'est pas à côté d'avance.
13:24Si on revient à la méthode,
13:26et notamment à celle qui a été esquissée
13:28il y a un instant par Olivier Faure,
13:30l'idée de nommer un préfigurateur
13:32qui mène justement ces discussions
13:34de façon à essayer de bâtir une coalition,
13:36on évoquait un certain nombre d'exemples étrangers
13:38qui peuvent inspirer cette méthode.
13:40À l'étranger, lorsque ça se pratique,
13:42par définition,
13:44on enferme les participants éventuels
13:48à cette coalition
13:50dans une pièce pendant 15 jours
13:52avec deux biscottes et un verre d'eau,
13:54dans la caricature évidemment,
13:56et on les invite à se mettre d'accord
13:58sur un programme minimal.
14:00C'est-à-dire que si vous arrivez au début en disant
14:02la ligne rouge c'est ça, la ligne rouge c'est ça,
14:04par définition, la négociation tourne court.
14:07Donc je pense qu'il faut, dans ces cas-là,
14:09et a priori c'est la logique,
14:11le premier secrétaire du Parti socialiste,
14:13il y a quelques minutes,
14:15chacune de ces lignes rouges, il était prêt
14:17à les amender peu ou prou.
14:19Il l'a dit sur l'ISF, il l'a dit sur la réforme des retraites,
14:21il l'a dit sur la politique de l'offre.
14:23Comme de l'autre côté j'imagine qu'il faudrait
14:25évidemment si jamais les socialistes
14:27veulent réussir à emmener tout ou partie
14:29du bloc central, voire une partie de la droite,
14:31évidemment que de l'autre côté
14:33le bloc central, la droite,
14:35s'engage peut-être à ne pas remettre d'emblée
14:37une loi sur l'immigration.
14:39Ce sont ces sujets-là qui doivent être au cœur de la discussion.
14:41Et on le voit par exemple sur la réforme des retraites,
14:43on est plus probablement
14:45sur l'idée d'un gel
14:47que d'une abrogation immédiate
14:49du report à l'âge de 64 ans.
14:51Pourquoi ?
14:53Parce qu'il y a aussi
14:55dans cette éventuelle
14:57coalition en gestation
14:59à l'issue de ce processus de négociation,
15:01l'idée, même si le chef de l'État dit l'inverse,
15:03que de toute façon c'est du temporaire,
15:05c'est un CDD,
15:07c'est un mariage de quelques mois,
15:09au moins pour tenir jusqu'au moment
15:11où le chef de l'État retrouve son
15:13droit de dissolution, donc cet été.
15:15S'il tentait d'ailleurs qu'une dissolution
15:17éclaircisse la situation politique
15:19et la situation à l'Assemblée, ce qui n'est pas du tout acquis.
15:21Et puis peut-être un peu plus, mais
15:23ce n'est pas forcément un vaste programme de gouvernement
15:25et de réforme qu'il s'agit de mettre en place.
15:27Juste un dernier point, ce qui est très intéressant aussi
15:29dans les propos d'Olivier Faure,
15:31il y a un certain nombre de bougées sur le fond,
15:33sur les fameuses lignes rouges
15:35qui sont ouvertes à discussion.
15:37Sur Bernard Cazeneuve, vous évoquiez le cas
15:39il y a deux jours dans une interview au Monde,
15:41Olivier Faure était très dur sur Bernard Cazeneuve.
15:43Il écartait cette hypothèse en disant qu'il n'avait
15:45pas selon lui soutenu Raphaël Glucksmann
15:47aux européennes, pas soutenu le NFP,
15:49qui serait quand même très curieux d'aller chercher
15:51quelqu'un qui n'est pas membre du NFP.
15:53Tout à l'heure, il n'a pas tenu ces propos-là,
15:55il a dit, j'ai toujours dit que j'attendais de savoir ce que Bernard Cazeneuve
15:57voulait faire. Les derniers points,
15:59ce qui est très intéressant aussi, sont souvent d'ailleurs,
16:01surtout au début d'un processus de négociation
16:03qui peut être compliqué, si tant est qu'il s'engage
16:05une part et qu'il dure, c'est souvent les silences
16:07qui sont plus intéressants que les propos.
16:09C'est-à-dire qu'Olivier Faure n'a pas
16:11dit que ce Premier ministre de gauche prendrait
16:13des ministres issus du Bloc
16:15central, voire de LR, mais il n'a pas
16:17dit qu'il n'y en aurait pas. Il ne l'a pas exclu.
16:19Et ça aussi, ça fait partie de la négociation
16:21qui peut s'enclencher. Alors on imagine, Aurélien
16:23Bemont, qu'il va y avoir une pluie
16:25de réactions à gauche, et notamment
16:27de la part des insoumis. On guette
16:29les tweets de Jean-Luc Mélenchon.
16:31C'est peut-être assez salé, on l'imagine, sur le ton de la...
16:33J'imagine qu'on n'est pas loin
16:35de crier à la trahison
16:37du Parti socialiste qui ose accepter
16:39de négocier avec les macronistes, voire
16:41avec la droite. Mais alors, il y a aussi un aspect
16:43qui est intéressant, c'est qu'on rappelle que cette censure
16:45elle n'aurait pas pu avoir lieu si le Rassemblement
16:47national ne l'avait pas voté.
16:49Or, aujourd'hui, le Rassemblement national
16:51il prend des positions en disant
16:53voilà, nous on a envie de continuer à travailler sur le budget,
16:55de donner nos lignes rouges,
16:57on validera le Premier ministre, etc.
16:59S'il y a
17:01d'aventure une alliance, un accord avec le
17:03Parti socialiste, le pistolet du Rassemblement
17:05national devient un pistolet à eau.
17:07C'est ça, exactement.
17:09Alors c'est vrai que ces derniers jours,
17:11au moment où on savait que
17:13Michel Barnier allait tomber, des membres
17:15de la coalition de Michel Barnier
17:17disaient de toute façon pour le prochain on est obligé
17:19qu'il soit validé par le Rassemblement national.
17:21À gauche c'est tellement bloqué, donc en fait
17:23Marine Le Pen pourra faire danser n'importe quel
17:25Premier ministre. Sauf si,
17:27sauf si vous arrivez à
17:29travailler un peu avec une partie de la gauche
17:31et là ça vous enlèverait
17:33le pouvoir
17:35de vie et de mort du Rassemblement national
17:37sur le Premier ministre.
17:39Ce qui serait pour les macronistes
17:41un soulagement, parce qu'il faut quand même
17:43se remettre dans la situation. C'est le Front républicain
17:45qui gagne les législatives, à la fin on a un Premier ministre
17:47qui n'est validé
17:49que parce que le Rassemblement national
17:51ne le censure pas.
17:53Mais ce qui fait perdre aussi du pouvoir au Rassemblement national.
17:55Mais exactement, exactement.
17:57Peut-être qu'en censurant Michel Barnier
17:59Marine Le Pen a
18:01perdu son côté
18:03je vais faire danser les Premiers ministres.
18:05Et accessoirement elle se retrouverait dans une opposition
18:07quasiment au même titre.
18:09Evidemment si c'est un Premier ministre de gauche
18:11qui devait être nommé,
18:13le Rassemblement national sera évidemment contre,
18:15déposera des motions de censure dès que possible
18:17mais si jamais il y a un socle
18:19suffisamment puissant
18:21en face pour qu'il ne soit pas censuré
18:23Marine Le Pen aura peut-être perdu
18:25dans cette affaire son pouvoir
18:27de vie et de mort sur le Premier ministre.
18:29Ça va être intéressant si ça se passe.
18:31Quel retournement de situation ce serait ?
18:33Oui c'est clair que dans ce cas de figure
18:35en effet, qui pourrait se dessiner
18:37c'est vrai que c'est ce qu'a esquissé ce matin Olivier Faure
18:39clairement là il répondrait un petit peu à la définition
18:41vous savez ce propos assez curieux
18:43qu'a eu Macron hier quand il a parlé de gouvernement
18:45d'intérêt général, ce qui est une formule un peu surprenante.
18:47Ou ce qui est un peu curieux.
18:49Habitude ils sont aussi sans doute d'intérêt général.
18:51Exactement parce qu'on a déjà vu un gouvernement
18:53se tourner contre l'intérêt général.
18:55Néanmoins là finalement c'est quand même une phase
18:57et puis en plus quand il dessine encore plus précisément
18:59aujourd'hui avec les parties
19:01les chefs de parties qu'il reçoit à l'Elysée
19:03on le voit bien ce contour
19:05d'un arc d'intérêt général pourrait-on dire
19:07dont sont exclues donc très clairement
19:09notamment LFI et l'ERN.
19:11Donc ça veut dire quoi ?
19:13Et ce serait donc en effet démontrer si jamais
19:15cette ouverture
19:17esquissée par Faure se concrétisait
19:19ça montrerait qu'eux sont un peu dans un intérêt
19:21particulier qui est celui de deviser
19:23une démission
19:25de Macron et donc une présidentielle anticipée.
19:27Donc c'est vrai qu'ils seraient cornerisés.
19:29Oui j'allais vous poser une question
19:31Renaud mais allez-y. Allez-y posez-la.
19:33Non j'allais vous dire en même temps c'est aussi
19:35de l'air pour Emmanuel Macron qui
19:37verrait la pression sur ses épaules
19:39diminuer. Oui mais on va attendre
19:41de voir quelle sera sa réaction.
19:43Quelle sera la conclusion
19:45des premiers entretiens qu'il a aujourd'hui notamment
19:47avec le socialiste s'il nomme
19:49demain ou dimanche
19:51un premier ministre de droite
19:53évidemment ça mettrait fin
19:55à ce processus.
19:57Mais le fait est que je pense qu'il ne peut pas être
19:59insensible à cette ouverture. Politiquement
20:01ça paraît intéressant
20:03pour débloquer la situation politique.
20:05Vous évoquiez Marine Le Pen. La première difficulté
20:07qu'aurait Marine Le Pen dans ce cas-là
20:09ça serait d'expliquer pourquoi elle a censuré
20:11auprès de ses électeurs et on sait que
20:13globalement ses troupes sont quand même
20:15plus troublées que le message qu'elle a essayé
20:17de faire passer pour justifier ce choix.
20:19Parce que si... C'est du deux tiers
20:21un tiers si on en croit les entreprises.
20:23Ce qui est extrêmement... C'est moins écrasant
20:25que d'habitude. Au moins un gros tiers d'électeurs
20:27du RN qui n'étaient pas favorables à la censure, c'est beaucoup.
20:29C'est-à-dire que si
20:31après avoir fait chuter le gouvernement, Michel Barnier
20:33elle se retrouve avec un premier ministre de gauche
20:35qui ouvrirait son gouvernement à des ministres du bloc central
20:37voire de la droite, ça va être compliqué de l'expliquer
20:39à ses électeurs. Je pense que ça va renforcer ce malaise.
20:41Ensuite, comme vous le disiez,
20:43si jamais cette configuration
20:45finissait par avoir le jour,
20:47le RN perd son pouvoir de nuisance,
20:49ne peut plus faire chuter les gouvernements
20:51s'il y a un socle élargi
20:53qui permet justement de renvoyer
20:55le RN, l'extrême droite, à la marginalité.
20:57Et pourquoi ? Parce que tout simplement on reviendrait
20:59à la situation qui était celle du 7 juillet
21:01au soir dans les urnes. Et il ne faut pas
21:03perdre ça de vue. C'est-à-dire que
21:05ce qui est sorti des urnes le 7 juillet au soir,
21:07ce n'est pas une victoire du Nouveau Front Populaire
21:09comme continue de le répéter Jean-Luc Mélenchon.
21:11Le bloc est arrivé en tête, c'est vrai, mais il ne l'a pas
21:13emporté. Il n'a pas de majorité absolue. Olivier Faure
21:15l'a suffisamment dit répété. Ce n'est pas davantage
21:17une victoire de ce
21:19socle commun esquissé par Michel Barnier,
21:21LR
21:23macroniste. C'est clairement une défaite du RN.
21:25Pourquoi ? Parce qu'il y a eu un Front Républicain
21:27qui s'est mis en place dans les urnes. C'est-à-dire que
21:29des électeurs ont fait fi de leurs attaches partisanes
21:31et des électeurs de gauche sont allés voter pour des candidats
21:33du centre ou de droite, des électeurs de droite pour des candidats
21:35de gauche ou du centre, etc.
21:37pour faire barrage à l'extrême droite.
21:39Dès lors, la seule configuration qui peut être
21:41solide et un peu durable à l'Assemblée, c'est si ce Front
21:43Républicain, qui a existé dans les urnes
21:45le 7 juillet au soir,
21:47est
21:49reproduit,
21:51reconstitué à l'échelle d'un
21:53gouvernement et de
21:55l'Assemblée Nationale, c'est-à-dire avec participation
21:57ou avec soutien
21:59sans participation. C'est la voie vers laquelle
22:01on se dirige. Il y a du pain sur la planche quand même.
22:03Les insoumis s'étant
22:05exclus d'eux-mêmes, comme l'a dit d'ailleurs Olivier Faure de ce processus,
22:07puisque de toute façon, ils ne veulent pas y participer
22:09et ça tombe bien, le bloc central
22:11et la droite ne veulent pas non plus
22:13d'une participation des insoumis. Donc dans ces cas-là, les insoumis
22:15d'un côté, le RN de l'autre, se retrouveraient
22:17effectivement marginalisés.
22:19On va s'en arrêter là. Je crois que c'est un dernier mot. Aurélie Herbemont,
22:21vous aviez l'air convaincue que ce n'était pas si simple que ça.
22:23Non, parce que non, ce n'est pas si simple que ça.
22:25La marche est haute. Il faut quand même
22:27se souvenir que l'été a été laborieux.
22:29Donc voilà, c'est un
22:31début d'éclaircie.
22:33Mais la
22:35marche est encore très très haute.
22:37La ponte est forte.
22:41Et notons enfin que l'allocution d'Emmanuel Macron,
22:43on vient de l'apprendre, a été suivie par
22:4517,5 millions de
22:47téléspectateurs hier soir. Merci beaucoup
22:49Aurélie Herbemont, vous êtes chef adjointe du service
22:51politique de France Info. Merci Henri Vernet,
22:53rédacteur en chef adjoint aux Parisiens
22:55aujourd'hui en France. Je crois que la une du
22:57Parisien, c'est consternant.
22:59C'est un voyage auprès des Français qui
23:01regardent ce spectacle, qui n'ont pas tout compris.
23:03Je pense que beaucoup sans doute étaient parmi les
23:0517 millions. Est-ce qu'ils ont un peu plus compris ? C'est pas sûr.
23:07Et qui en tout cas sont consternés.
23:09On l'a aussi entendu effectivement à l'antenne de
23:11France Info. Mille merci bien sûr.
23:13Je ne suis pas consterné en vous écoutant.
23:15Je vous remercie, c'est trop aimable.
23:17Ça vous rassénère un peu.
23:19Les informés reviennent ce soir sur France Info bien sûr.