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Journée d'études : Des métiers du patrimoine en mutation ? Approprisations du numérique, rapport aux objets et aux publics.

Ouverture par Bruno Ricard, directeur des Archives nationales par Françoise Banat-Berger, directrice du Service interministériel des Archives de France

La journée d’études clôture le programme de recherche « Les reconfigurations du travail des archives face à l’informatisation : trajectoires, rapport au travail et légitimités des archivistes face à l’informatisation d’un monde professionnel » lancé par le Service interministériel des Archives de France, en partenariat avec le Département des études, de la prospective et des statistiques du ministère de la Culture et le Département du Calvados, et mené par l’université de Caen Normandie (unité CERREV : Centre de recherche risques et vulnérabilités).

Cette recherche laisse entrevoir combien les transformations observées résultent de l’articulation du numérique comme modalité de réforme de l’État avec des démarches issues d’autres injonctions politiques et sociales (incitations à la participation des publics, au travail en mode projet, à l’externalisation, à la contractualisation, à la patrimonialisation…). Pour mettre en perspective ces analyses et ouvrir de nouvelles pistes de recherche, la journée d’étude se propose de mettre en regard les travaux menés dans le monde des archives avec des analyses explorant les mutations dans d’autres univers professionnels relevant des métiers de la culture et du patrimoine (bibliothèque, musées, etc.).

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Éducation
Transcription
00:00 Je suis très heureux de vous accueillir aux archives nationales sur le site de Pierre
00:11 Fitts-sur-Seine, que certains découvrent peut-être, pour l'ouverture du colloque
00:15 "Des métiers du patrimoine en mutation, appropriation du numérique, rapport aux objets
00:23 et au public".
00:24 Un colloque qui clôture le programme de recherche "Les reconfigurations du travail des archives
00:31 face à l'informatisation, trajectoire, rapport au travail et légitimité des archivistes
00:36 face à l'informatisation du monde professionnel".
00:38 Un programme lancé par le service interministériel des archives de France en partenariat avec
00:43 le département des études, de la prospective et des statistiques du ministère de la culture.
00:48 Le département du Calvados et l'université de Caen-Normandie, unité SRF, centre de
00:54 recherche risque et vulnérabilité.
00:56 Pour ce colloque, vous avez décidé d'élargir le périmètre à d'autres univers professionnels
01:03 du monde de la culture et du patrimoine.
01:05 Et je suis donc très heureux de vous accueillir ici dans ce bâtiment inauguré il y a tout
01:11 juste dix ans et qui aussi à sa manière est une illustration de la mutation de nos
01:19 métiers.
01:20 Je suis d'autant plus heureux de vous accueillir que je suis persuadé que, pris dans le mal
01:25 strom de nos urgences quotidiennes, il faut aussi prendre le temps du recul, de l'analyse,
01:32 de l'étude, parce que nos métiers en effet ont changé.
01:35 Ils sont en mutation, ils l'ont toujours été et je sais que Brigitte va développer
01:42 ce point dans son introduction.
01:44 Mais même s'ils ont toujours été en mutation, on peut sans trop de risque avancer qu'ils
01:54 ont d'avantage changé durant les trente dernières années qu'ils n'avaient changé depuis
01:58 la révolution.
01:59 Période que j'évoque parce que c'est celle de la création des archives nationales
02:04 en 1790 et des archives départementales en 1796.
02:08 Je vais me permettre de livrer quelques observations, quelques réflexions de praticiens sur cette
02:15 même durée de trente ans, puisque c'est il y a pile trente ans que j'ai commencé
02:19 à exercer en 1993.
02:21 C'était avant Internet, avant les messageries électroniques, avant les téléphones portables.
02:28 C'était l'époque des inventaires d'archives imprimées, d'actylographie voire imprimée.
02:36 C'était l'époque des catalogues sur fiches cartonnées.
02:40 Je me souviens de l'immense salle des catalogues sous la salle Labrouste, la bibliothèque
02:46 nationale.
02:47 C'était l'époque des camping-cars sur les parkings des services d'archives, conduits
02:52 par des généalogistes nomades qui faisaient le tour de France de leurs ancêtres.
02:57 En un mot, c'était la préhistoire.
02:59 Depuis cette époque, durant ces trente dernières années, nous avons connu plusieurs révolutions,
03:07 certaines que vous allez aborder, d'autres peut-être pas.
03:10 Nous avons connu une révolution juridique en découvrant qu'au-delà de la loi sur
03:16 les archives, aujourd'hui codifiées dans le Code du patrimoine, s'appliquent bien
03:20 d'autres textes législatifs et réglementaires nationaux et supranationaux, dont le Code
03:26 des relations entre le public et l'administration, héritier de la célèbre loi CADA, et le
03:31 RGPD ne sont que les plus connus au sein d'une immense galaxie qui ne cesse de prendre
03:36 de l'ampleur.
03:37 Notre horizon juridique s'est donc élargi, la complexité de la gestion des dossiers
03:42 induits par cette révolution aussi.
03:44 Durant ces trente dernières années, nous avons aussi, et bien sûr, connu la révolution
03:51 numérique, une révolution à plusieurs étages, comme une fusée, en plusieurs étapes, tout
03:57 d'abord numérisation et mise en ligne de documents physiques.
04:00 Cela paraissait simple, c'était la continuité du microfilmage que nous faisions depuis des
04:05 décennies, puis création de systèmes d'information pour produire et gérer les instruments de
04:09 recherche, les métadonnées descriptives pour gérer les communications au lecteur,
04:14 les demandes de reproduction, les localisations dans les magasins d'archives, l'état sanitaire
04:18 des fonds et des collections, etc.
04:21 Déjà un petit peu plus complexe.
04:22 Et après ces deux premières étapes, création de systèmes d'archivage électronique, encore
04:29 plus complexe, pour collecter et gérer les archives nativement numériques, majoritaire
04:34 aujourd'hui dans les administrations, encore minoritaire dans nos statistiques des entrées
04:40 eu égard à la temporalité de la collecte, qui nous fait encore engranger des kilomètres
04:45 linéaires d'archives papier produites il y a 20, 30 ou 40 ans.
04:49 Mais les trends de l'une et de l'autre de ces collectes vont un jour s'inverser, un
04:54 jour que je ne m'aventurerai pas à dater.
04:57 Cette révolution numérique a des conséquences sur nos manières de travailler, et c'est
05:05 l'un des sujets dont vous allez débattre aujourd'hui.
05:08 Cette révolution numérique induit aussi des fragilités et des actions incessantes
05:13 pour assurer la sécurité des nouveaux outils de travail contre les hyperattaques, mais
05:18 aussi la maintenance et les nécessaires évolutions dans un aubaine où l'obsolescence est rapide,
05:23 on parle chez nous de dettes techniques à résorber, les déboires bien connus de l'application
05:28 Louvois du ministère des armées, où les tensions actuelles sur les nouveaux outils
05:33 de gestion du CNRS en sont des illustrations.
05:38 Ici même, aux archives nationales, notre SIA, système d'information archivistique,
05:43 qui a désormais un peu plus de 10 ans, génère des frustrations, auxquelles il nous faut
05:48 répondre.
05:49 Donc, des interventions permanentes et des budgets importants, quand il est de coutume
05:54 de dire que pour un bâtiment, il faut investir chaque année environ 5% de son coût de construction
06:00 pour assurer son fonctionnement et sa maintenance, ce ne sont plus 5%, mais 10 à 15% qui sont
06:06 nécessaires pour les outils informatiques.
06:08 Alors, ces propos que je viens de formuler sont très auto-centrés, je vais donc ouvrir
06:14 un peu, comme vous allez le faire au cours de la journée.
06:16 Notre révolution numérique métier interne s'inscrit dans un contexte évidemment global,
06:22 où tout est numérique et où ce qui n'est pas en ligne n'existe plus ou existe moins.
06:31 Nos usagers ne sont pas seulement des chercheurs en archives, en bibliothèque, ils paient
06:35 aussi des impôts, gèrent leurs comptes bancaires en ligne, ils commandent des objets via Amazon,
06:41 des repas par Deliveroo, commandent leur taxi sur les applications G7 ou Uber.
06:45 Nous ne sommes pas hors du monde ici dans nos services d'archives ou dans les bibliothèques.
06:50 La France n'est pas l'Estonie et nous ne sommes pas encore tous estoniens, pour reprendre
06:54 le titre de l'ouvrage de Jean Spiri et de Violenne Champetier de Ribe, qui a fait date
06:59 il y a quelques années.
07:00 Mais on peut être sûr que la nouvelle génération et même au-delà est composée exclusivement
07:06 ou presque de petites poussettes, là pour reprendre la formule de Michel Serres, une
07:12 formule qui a déjà dix ans, poussette avec un C, c'est le pouce dont il parle et pas
07:19 la poussette pour les nourrissons.
07:21 Et petites poussettes, ou plutôt nos usagers contemporains, ont des exigences, évidemment,
07:30 notamment celle de trouver rapidement une information et si possible de la consulter
07:33 à distance et de la télécharger dans des formats exploitables.
07:37 On a quitté l'ère de la consultation pour celle de la réutilisation, de l'exploitation.
07:42 Les nouveaux usagers veulent également contribuer à la définition de nos politiques et n'acceptent
07:47 plus les démarches purement verticales, une verticalité qui n'était pas descendante
07:51 mais qui était descendante et non ascendante.
07:55 Nous sommes passés en quelques décennies de ce que moi je qualifierais volontiers de
07:59 despotisme éclairé à celui de démocratie participative, ce qui interroge le positionnement
08:06 et la légitimité des professionnels.
08:08 Et au-delà de notre relation aux usagers, nous sommes une partie d'organisations plus
08:13 vastes de mécanismes globaux, territoriaux et nationaux, et acteurs ou spectateurs de
08:20 réformes ou d'ajustements successifs, vous allez en parler.
08:26 D'importantes réformes ont eu lieu avant ces trente dernières années, comme la décentralisation
08:33 durant le premier septennat de François Mitterrand, avec un impact très fort sur les services
08:38 d'archives départementales, mais depuis une vingtaine d'années, ces réformes se
08:43 succèdent à un rythme accéléré, symptôme sûrement des difficultés actuelles à gouverner,
08:52 et donc des solutions à trouver aux difficultés actuelles de la société.
08:56 Et entre la LOLF, pour loi organique relative aux lois de finances, la RGPP pour révision
09:02 générale des politiques publiques, la MAP pour modernisation de l'action publique,
09:06 la loi NOTRe pour nouvelle organisation territoriale de la République, ou la loi qui a réorganisé
09:14 les régions et par voie de conséquences les services déconcentrés de l'État, ou
09:18 encore les successifs chocs de simplification, expression qui a été utilisée je crois
09:24 pour la première fois sous le quinquennat de François Hollande, notre environnement
09:28 est devenu très mouvant.
09:29 L'archiviste est toujours concerné parce qu'il doit comprendre l'histoire des producteurs
09:34 d'archives pour exercer le contre-scientifique et technique tout d'abord, puis collecter
09:38 correctement les archives dites définitives, parce que ces réorganisations couplées à
09:44 la mutation numérique perturbent aussi les flux d'archives dont les destinataires changent
09:49 des archives départementales aux archives nationales pour les systèmes d'information
09:52 de l'État centralisés désormais, quand la gestion papier puis numérique première
09:57 génération était locale, territoriale, c'est le cas de la matrice cadastrale par
10:01 exemple, ou d'archives départementales à d'autres archives départementales, souvent
10:06 nouveau chef d'œuvre de région selon les reconfigurations administratives régionales.
10:10 Tel un navigateur dans une mer agitée, ou plutôt constamment changeante, l'archiviste
10:17 devient un caméléon, doit conserver ses compétences historiques et en acquérir de
10:22 nouvelles.
10:23 Les conditions d'exercice ont changé, mais j'ai le sentiment que les finalités restent
10:28 les mêmes, les finalités de nos actions, de nos travaux restent les mêmes qu'autrefois.
10:33 C'est de tout cela que vous allez débattre et je ne saurais trop vous dire à quel point
10:39 vos travaux sont très précieux pour nous.
10:42 Merci à vous et je vous souhaite une excellente journée.
10:46 Merci beaucoup Bruno Ricard pour cette passionnante introduction et merci surtout pour votre
10:57 accueil et moi je suis personnellement ravie de me rendre sur ce site aujourd'hui après
11:02 une vingtaine d'années de carrière à l'INSEE.
11:04 Pour moi les archives nationales est un partenaire familier, un acteur incontournable.
11:10 C'est vrai que c'est la première fois que je me rends dans ce bâtiment magnifique.
11:14 Je vais être plus rapide, juste pour vous souhaiter à toutes et tous la bienvenue.
11:18 Remercier les organisateurs, les organisatrices, Jasmina Stévanovic, ma collègue du département
11:24 des études de la prospective des statistiques et de la documentation et Brigitte Guiguénaud
11:30 du service interministériel des archives de France à qui je céderai la parole dans
11:33 un instant.
11:34 Et bien sûr les contributeurs à l'ensemble de cette journée, en particulier les équipes
11:40 de chercheurs dont la première équipe du CEREV qui est vraiment l'occasion de monter
11:46 cette journée d'études puisqu'ils en sont à la réalisation du rapport intermédiaire
11:51 ou presque finalisé de leur recherche intitulée "Les reconfigurations du travail des archives
11:57 trajectoires, rapport au travail et légitimité des archivistes face à l'informatisation
12:02 d'un monde professionnel".
12:03 Donc c'est à cette étude que nous nous consacrerons en début de journée avant de
12:09 pousser comme vous l'avez dit la porte d'autres lieux de la culture et du patrimoine à savoir
12:14 les bibliothèques et les musées.
12:17 Donc sans entrer dans les détails des travaux de ces chercheurs qui étudient les mutations
12:21 profondes qui ont touché le travail des archivistes et vous nous en avez dressé un panorama
12:27 merveilleux avec toutes les composantes qui ont pu affecter ce monde du travail, tant
12:33 de l'informatisation, des enjeux juridiques, des enjeux sociétaux.
12:37 Donc nous prendrons le temps d'expertiser tout cela avec les chercheurs que j'ai donc
12:44 hâte d'entendre.
12:45 Donc vraiment je vous souhaite à tous une excellente journée, j'espère qu'elle
12:49 sera stimulante et encore merci de l'avoir préparée.
12:52 Brigitte je vous cède la parole.
12:57 Merci beaucoup, merci d'abord à Bruno de nous accueillir dans ce bel auditorium, ce
13:03 très beau lieu de Pierrefitte pour cette journée et je voudrais excuser Françoise
13:08 Balade-Berger, la chef du service interministériel des archives de France qui aurait dû être
13:13 là aujourd'hui mais qui est prise par le numérique par un comité au ministère.
13:18 Donc je vous salue toutes et tous et je salue aussi tous ceux qui sont nombreux à distance
13:25 et qui nous écoutent par visio.
13:27 Alors on peut dire que depuis que l'homme a inventé l'écriture, il a utilisé des
13:33 supports divers pour coucher par écrit ce qu'il avait à dire.
13:36 Depuis les tablettes cunéiformes babyloniennes, 3500 ans avant Jésus-Christ, les supports
13:42 se sont succédés sur argile, pierre, bois, peau de bête, cire, fibre végétale.
13:48 On a ainsi utilisé tour à tour ou concomitamment les inscriptions gravées, le papyrus, le
13:54 parchemin, les tablettes de cire, le tableau noir de l'époque en fait, on chauffe le
13:59 support, on efface et on réutilise.
14:01 Le papier apporte une véritable révolution quand il se répand au XIVe siècle en Occident,
14:09 tout ce qui a partir de fibres de lin et de chanvre puis de bois au XIXe siècle.
14:14 Et ce développement du papier conjugué avec l'apparition de l'imprimerie à la fin du
14:18 XVe siècle va permettre une diffusion sans précédent de l'écrit.
14:24 Nonobstant quelques inventions comme celle de la machine à écrire ou du photocopieur,
14:30 la généralisation de l'informatique constitue dans la deuxième moitié du XXe siècle une
14:35 nouvelle révolution, mettant à la portée de tous des outils variés et puissants de
14:41 diffusion, bureautique, messagerie, internet, réseaux sociaux.
14:45 Les deux derniers siècles ont également une autre révolution, celle de l'image fixe
14:51 puis animée ainsi que la naissance des enregistrements sonores.
14:56 Nous sommes aujourd'hui bien loin du premier cliché pris par Nice et Fornieps en 1827.
15:02 L'audiovisuel est vraiment aujourd'hui omniprésent dans nos vies à la fois personnelles et professionnelles
15:09 via les technologies numériques.
15:11 Face à tous ces supports, le mot d'ordre de l'archiviste c'est adaptation, car son
15:18 rôle c'est de conserver les traces écrites audiovisuelles qui constitueront la mémoire
15:23 de demain et ce, quel que soit le support sur lequel elles se trouvent.
15:27 Normalement nous n'avons pas d'inscription cuneiforme ni d'inscription gravée mais
15:37 déjà du parchemin et du papyrus dans certains services d'archives.
15:42 Alors dès les années 80, les archives nationales ont été pionnières dans le recueil des documents
15:51 informatiques.
15:52 Elles se sont préoccupées de recueillir ces documents qui commençaient à être produits
15:56 de plus en plus par les administrations.
15:58 Cela s'est fait dans un premier temps sur le site de Fontainebleau qui alors était
16:03 destiné à recueillir les archives les plus récentes.
16:06 Depuis, l'informatique n'a cessé de prendre une place de plus en plus prégnante dans
16:11 le fonctionnement de l'administration au point de se substituer complètement au papier
16:17 dans certains cas aujourd'hui.
16:18 Les nouvelles technologies de l'information et de la communication, comme on disait il
16:23 y a une dizaine d'années, n'ont pas seulement changé les modes de production des documents
16:29 mais aussi le rapport de l'archiviste lui-même aux documents, à la donnée, avec des répercussions
16:36 sur les méthodologies et l'organisation du travail et, in fine, des répercussions
16:41 sur son rapport avec le public, avec les publicains.
16:44 Les chiffres parlent d'eux-mêmes.
16:48 Dans le réseau des archives, donc archives nationales, départementales, municipales,
16:53 régionales, à peu près plus de 600 services, en 2022 c'est 470 millions de pages et images
17:01 qui sont disponibles en ligne, c'est-à-dire plus de 60% d'augmentation en 10 ans.
17:08 Pour les archives nativement numériques, c'est 58 Teraoctets d'archives collectées
17:14 en 2022, soit plus de 350% d'augmentation en 5 ans, simplement.
17:21 Et évidemment, répercussions sur le public qui, pour les services d'archives, est maintenant
17:27 majoritairement en ligne puisque pour une consultation en salle, on a 240 connexions
17:34 en ligne.
17:35 L'écart est donc encore creusé avec l'épisode Covid.
17:39 Alors en 1989, Arlette Farge publiait son célèbre livre qui a été traduit d'ailleurs
17:45 en plusieurs langues, "Le goût de l'archive", qui a fait date par son approche originale
17:49 de la démarche de l'historien, soulignant sa relation intime avec le document, avec
17:54 la source primaire, relation physique de la consultation, et qui s'inscrit dans un espace
18:00 particulier, celui de la salle de lecture, celui du service d'archives.
18:04 30 ans plus tard répond à cet ouvrage "Le goût de l'archive à l'ère numérique",
18:10 numéro de la Gazette des archives, piloté par Frédéric Clavert et Caroline Muller.
18:15 Ce numéro veut examiner ce que la mise en données des archives bouleverse dans la relation
18:21 aux sources.
18:22 On y relève par exemple les articles intitulés "Les différentes saveurs des archives du
18:27 web".
18:28 Effectivement, quand on est sur internet, il n'y a plus l'odeur du papier, plus l'odeur
18:31 du parchemin, ou bien l'article "Les jeunes historiens rêvent-ils d'archives numériques".
18:39 Cette relation du chercheur et plus largement du public aux archives est un aspect du bouleversement
18:46 produit par le numérique, mais qu'en est-il de la relation de l'archiviste lui-même
18:50 aux documents et à sa chaîne de traitement ? Collègue, description, conservation.
18:54 La littérature existe sur le sujet, mais si des articles ont pu être écrits sur tel
19:01 ou tel aspect du numérique, jamais le phénomène n'avait été analysé dans son ensemble
19:05 d'un point de vue sociologique.
19:07 Et c'est ce qui nous a été proposé par l'ECREV, le laboratoire de l'université
19:12 de Caen-Normandie, par l'intermédiaire de Jasmina Stévanovi, que je veux vraiment remercier
19:17 d'avoir été l'initiatrice de ce projet et qui est elle-même chercheuse au DEPS.
19:23 Le projet a été amené sur deux ans, 2022-2023, dans quatre services départementaux d'archives.
19:30 Il a porté sur les axes suivants, qui vont vous être présentés après cette intervention.
19:36 Il a été examiné d'abord les transformations du travail archivistique avec la question
19:42 du dédoublement de la chaîne archivistique.
19:44 Donc à la chaîne papier, s'est ajoutée la chaîne dédiée aux archives nativement
19:50 numériques.
19:51 Les implications que ça cause dans l'organisation ou la réorganisation du travail.
19:58 Les modifications aussi qu'apporte le numérique au service du public et à la médiation culturelle.
20:05 Et puis enfin la question des socialisations et légitimité professionnelle.
20:09 Le service interministériel des archives de France s'est engagé depuis 2012, depuis
20:16 plus de dix ans, dans des études régulières sur le public pour le comprendre, l'analyser,
20:23 l'anticiper, anticiper ses évolutions, son profil et ses usages.
20:27 Puisque comme on l'a vu, comme on l'a très bien décrit Bruno, les évolutions sont rapides,
20:32 les technologies évoluent et donc il faut aussi s'adapter.
20:37 Un observatoire des publics publié sur France Archive a été mis en place et il rend compte
20:45 de ces études, mais aussi des données statistiques et qualitatives qui sont recueillies chaque
20:49 année auprès du réseau des services d'archives.
20:52 Donc la présente enquête s'y insère.
20:55 Alors cette journée d'études vient clôturer ces deux années de recherche et plutôt que
21:01 de la centrer sur les archives, il nous a semblé opportun, nous l'avons dit, ça a
21:07 été rappelé, d'en confronter les analyses et observations avec les transformations observées
21:12 dans les autres sphères culturelles et patrimoniales.
21:15 Musée, archéologie, bibliothèque.
21:18 Et donc nous allons voir ce qui ressort de ces différentes observations.
21:24 Et cette journée va être divisée en trois temps avec à chacun de ces temps des prises
21:29 de parole pluridisciplinaires pour justement que les choses soient confrontées.
21:33 Donc dans un premier temps, ce matin, les effets des réformes publiques sur le contenu
21:41 du travail et le contour des groupes professionnels.
21:43 Et dans l'après-midi, nous reprendrons le deuxième temps sur les transformations qu'implique
21:50 le numérique dans le rapport à l'objet, aux documents, dans les espaces de travail.
21:55 Et puis deuxième partie de l'après-midi, troisième temps, les relations au public
22:00 dans un contexte de dématérialisation.
22:02 Qu'est-ce que ça change ? Qu'est-ce que ça implique ?
22:05 Donc avant de laisser la parole à mes collègues sociologues qui vont commencer par vous présenter
22:10 une synthèse de leur travail, je voudrais vraiment les remercier très vivement d'avoir
22:15 mené cette étude d'ampleur sur ces deux années.
22:18 Donc ces quatre collègues.
22:21 Je remercie aussi les collègues archivistes des quatre services qui se sont prêtés au
22:26 jeu des observations et des entretiens et qui ont donné de leur temps avec leurs équipes.
22:31 Et puis je remercie à nouveau le DEPS de nous avoir fait confiance et de nous avoir
22:36 accompagné durant tout ce temps.
22:39 Avec votre expertise qui nous est évidemment extrêmement précieuse.
22:43 Donc merci beaucoup.
22:45 Merci.
22:48 Merci.
22:50 Merci.
22:51 Merci.
22:52 Merci.
22:53 Merci.
22:54 Merci.
22:55 Merci.
22:56 Merci.
22:57 Merci.
22:58 Merci.

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