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La guerre sera-t-elle bientôt menée par des robots ? En France, la ligne de conduite est claire : l’humain est et restera aux commandes. Mais qu’en sera-t-il dans le camp adverse : le robot sera-t-il bientôt un nouvel ennemi à combattre ? Eléments de réponse dans ce nouveau numéro du Journal de la Défense.

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00:00 (Générique)
00:03 ---
00:10 - La robotique est aujourd'hui partout.
00:13 Elle s'est aussi répandue au sein des armées, dans tous les milieux.
00:17 A côté des drones aériens,
00:19 ce sont désormais les robots terrestres et sous-marins qui se développent.
00:23 Et pour des missions de plus en plus variées,
00:25 du soutien à la logistique,
00:27 de l'observation à la détection, de la surveillance à l'appui au combat.
00:32 - Les robots sont un "game changer".
00:34 Ils vont permettre de changer l'art de faire la guerre.
00:38 - La robotique devrait permettre d'éloigner l'homme de la menace.
00:42 Elle devrait aussi permettre de démultiplier ses capacités.
00:45 - La vraie question, aujourd'hui,
00:47 est-ce que c'est une évolution ou est-ce que ça va être une révolution ?
00:51 - La robotisation des armées est en marche, mais jusqu'où ira-t-elle ?
00:55 A quoi ressemblera le champ de bataille de demain ?
00:58 Moins d'humains et plus de robots ?
01:00 La guerre finira-t-elle par être menée par des machines autonomes ?
01:04 Autant de bouleversements qui posent question.
01:07 - Pour nous, point de salut sans peur de l'humain dans la décision.
01:12 - Il y a des questions éthiques abyssales qui se posent.
01:24 - En intervention, les sapeurs-pompiers de Paris
01:27 sont souvent épaulés par Colossus, un collègue d'un genre particulier.
01:31 Un robot d'extinction, employé dans des conditions parfois extrêmes,
01:35 avec un objectif, éloigner l'homme du danger.
01:38 Le tout premier exemplaire entre en service en 2017 à Issy-les-Moulineaux,
01:43 l'un des 3 centres de secours spécialisés dans l'exploration longue durée.
01:47 - Le principal intérêt des robots, c'est vraiment envoyer le robot
01:51 en cas de risque d'effondrement, d'éboulement ou de grosse chaleur,
01:54 où le sapeur-pompier serait beaucoup trop exposé à un risque,
01:58 en espérant justement qu'il n'y ait pas de mort par la suite.
02:01 Aujourd'hui, ce robot est indispensable dans notre manière d'intervenir.
02:05 On pourrait difficilement revenir en arrière.
02:08 C'est un matériel de qualité qui a fait ses preuves.
02:11 - A raison de 65 départs en intervention par an en moyenne,
02:16 le robot est régulièrement engagé sur des incendies.
02:19 C'est aussi un engin de reconnaissance.
02:21 Avec ses capteurs, il voit à 360 degrés, de jour comme de nuit,
02:25 et détecte les gaz et produits toxiques.
02:29 Cette machine est également adaptée au transport de victimes et de matériel.
02:33 - Ça présente une charge énorme.
02:36 On est sur presque plus de 200 kg à portée,
02:40 donc réparti sur les personnels, bien sûr.
02:43 Mais à côté de ça, s'ils portent 200 kg sur des longues distances,
02:47 automatiquement, ils sont plus fatigués pour faire leur mission.
02:50 C'est pour préserver le pompier, pour être fort dans l'action à l'instant T.
02:55 Le robot pourrait être plus fort, mais aussi plus rapide.
03:00 - Le robot, on met une minute pour sortir de l'engin.
03:03 Et les engins, comme les premiers intervenants, sont déjà garés.
03:08 On se retrouve avec des rues bloquées.
03:10 Donc notre clientèle, il est sur le robot.
03:12 On peut monter sur le trottoir
03:14 et aller rapidement sur les lieux de l'intervention
03:17 et s'engager au plus vite, parce que le facteur temps est important.
03:20 - La robotique terrestre au service du combattant,
03:25 une histoire qui date.
03:27 Au XXe siècle déjà,
03:29 des ingénieurs français conçoivent quelques machines,
03:31 comme cette torpille destinée à transporter des explosifs
03:34 dans les tranchées ennemies,
03:36 à l'époque de la Grande Guerre, avec plus ou moins de succès.
03:43 Parmi les plus aboutis, le Goliath,
03:45 fabriqué par les Allemands au cours de la Seconde Guerre mondiale.
03:48 La robotique s'est peu à peu développée
03:56 en parallèle des conflits armés.
03:58 - Le 11 septembre 2001,
04:01 l'Amérique est foudroyée par les attentats du World Trade Center.
04:04 Le pays le plus puissant du monde
04:06 se voit ainsi fragilisé par le terrorisme.
04:11 - Un des éléments marquants de l'introduction des robots dans les armées,
04:14 ce sont les guerres en Irak et en Afghanistan
04:17 du début du XXIe siècle,
04:20 avec notamment l'apparition, chez les insurgés,
04:24 d'engins explosifs improvisés.
04:26 Et ces engins explosifs improvisés, laissés sur le bord de la route,
04:31 qui explosaient au passage d'une unité militaire amie,
04:35 ont causé énormément de dégâts aux forces de la coalition,
04:40 notamment les militaires français,
04:42 presque un sur deux, malheureusement, dans ces conflits,
04:44 ont été tués ou blessés par ces engins.
04:47 Il a fallu trouver des solutions,
04:50 et celle qui est apparue très naturellement, c'est le robot,
04:52 qui permet de se déporter, de se déplacer,
04:56 et d'aller voir une menace potentielle,
04:58 d'aller creuser le sol, prendre des photos, analyser les images,
05:02 et détecter s'il y avait un engin explosif improvisé sur le bord de la route.
05:09 Dans les armées, les démineurs sont considérés comme les précurseurs
05:12 de l'utilisation de robots terrestres en opération.
05:16 Parmi eux, le capitaine Florent.
05:18 En près de 40 ans de carrière, il a participé à beaucoup d'opérations.
05:23 En ex-république yougoslave de Macédoine,
05:25 avec le 17e Régiment du génie parachutiste,
05:29 comme le montrent ces images tournées en 1999,
05:32 mais aussi au Cambodge, en Bosnie, au Liban et au Kosovo,
05:37 en Afghanistan, en Irak et en Syrie, et plus récemment au Mali.
05:42 -Les premiers IOD sérieux sur lesquels j'ai été confronté,
05:47 c'est en Afghanistan, où là, vraiment, la technologie
05:51 et les techniques utilisées par l'ennemi étaient vraiment de très haut niveau.
05:56 -Ils forment désormais les jeunes démineurs,
05:58 toute armée confondue au désamorçage et à l'élimination
06:01 de tous les engins explosifs, industriels ou artisanaux,
06:05 ainsi qu'à l'emploi des robots de déminage comme celui-ci.
06:09 -C'est un robot qu'on a eu à l'époque de l'Afghanistan.
06:13 Le combat de contact, il nous fallait un robot léger, maniable, rapide,
06:17 qui puisse tout de suite faire une intervention
06:19 au profit des démineurs et de l'infanterie et de la manoeuvre,
06:22 lors du lambuscade, par exemple.
06:23 Et nous avons également un robot plus lourd
06:26 qui nous permettra de faire d'autres types d'interventions,
06:28 que ce soit sur le territoire national,
06:30 mais également en opération extérieure.
06:33 -Un outil dont il ne peut plus se séparer.
06:36 -Je suis devenu addict à ces deux engins,
06:40 parce que, dans l'équipe, le robot, c'est lui qui va y aller en premier.
06:45 C'est la première question que je me pose face à une menace,
06:47 comme ici, là, par exemple.
06:49 La première question que je me pose, c'est
06:51 "Est-ce que le robot peut y aller à ma place ?"
06:53 C'est son boulot, c'est son job. Nous aussi, on a le nôtre.
06:55 Et s'il peut pas y aller, pour des raisons diverses et variées,
06:58 du genre accessibilité,
07:01 dangerosité de tir direct, par exemple,
07:05 ou, tout simplement, l'approche est difficile,
07:08 puisqu'il y a des fils piège.
07:10 Donc là, le robot, il peut pas neutraliser un fil piège
07:11 ou un plateau de pression.
07:13 Donc là, effectivement, on va faire notre travail, on va y aller.
07:16 Mais tout d'abord, c'est lui.
07:18 S'il ne peut pas, on va pas le mettre de côté.
07:20 On va quand même l'utiliser. Soit il va nous aider à porter du matériel,
07:23 soit il va se mettre en position, de façon à pouvoir nous filmer,
07:27 et qu'on soit en connexion directe avec notre équipier,
07:30 qui reste soit au niveau du véhicule blindé, soit au niveau du camion, comme ici.
07:33 Le robot et nos démineurs, c'est un tout. Il fait partie intégrante de l'équipe.
07:36 Depuis 20 ans, les robots du génie ont largement évolué.
07:41 Aujourd'hui, une nouvelle génération fait son apparition,
07:44 plus agile et embarquant davantage de technologies.
07:48 Comme les engins explosifs ne cessent de se diversifier,
07:52 il faut utiliser des capteurs, là aussi, diversifiés,
07:56 pour maximiser les chances de les détecter.
08:00 On peut avoir, par exemple, des capteurs qui vont détecter plutôt l'électronique,
08:04 des capteurs qui vont détecter des changements dans le sol.
08:09 Et on cherche même à fusionner les informations
08:13 qui proviennent des différents capteurs.
08:15 C'est l'exemple du RSM de l'entreprise Nantes Capacité,
08:20 soutenue par l'Agence de l'Innovation de Défense.
08:23 Un robot de détection de mines antipersonnelles à faible signature magnétique,
08:27 dont l'utilité sera tant militaire en temps de conflit
08:30 que civile pour restituer des terrains sécurisés aux populations.
08:34 Nous avons proposé d'associer de l'intelligence artificielle
08:39 et de la robotique
08:41 dans une interface de collaboration avec les démineurs.
08:46 Cette interface permet d'analyser les données recueillies par le robot
08:51 et d'aider le démineur à prendre des décisions à distance, tout en sécurité.
08:55 Aujourd'hui, on a une évolution de la philosophie de l'autonomie dans la robotique.
09:00 On a longtemps cru qu'on allait mettre des robots à la place des hommes.
09:04 Aujourd'hui, il s'agit surtout de mettre des robots avec les hommes
09:08 et de pouvoir les faire collaborer.
09:11 C'est un robot et un homme plus qu'un robot à la place de l'homme.
09:15 Ce robot utilise plusieurs techniques,
09:18 de la mesure de contact, de la mesure sans contact et du radar de sol.
09:22 Toutes les données recueillies sont stockées et géolocalisées, puis analysées.
09:27 Pour l'instant, aucun système ne permet d'avoir cette approche
09:30 mixant ces différentes technologies.
09:33 Le robot peut travailler sur des soumunitions
09:37 qui arrivent par voie aérienne.
09:39 Ces soumunitions sont posées au sol,
09:42 peuvent être légèrement dissimulées sous du feuillage.
09:46 Le robot peut avancer de lui-même.
09:49 Par analyse d'image, il va détecter la soumunition qui est présente
09:53 et s'arrêter lui-même pour prévenir le démineur à distance.
09:57 Le robot sait aussi détecter les mines enterrées
10:00 et les dissocier des objets naturels.
10:03 Il sonde le sol en toute autonomie,
10:05 libérant le démineur des tâches répétitives, pénibles et dangereuses.
10:09 En mer, même combat.
10:13 Chaque année, plus de 2 000 munitions sont détruites
10:15 par les plongeurs des mineurs.
10:17 Dans cette guerre des mines, la Marine nationale,
10:20 elle aussi, mise sur la robotique
10:21 pour renouveler et moderniser ses capacités.
10:24 C'est l'objectif du SLAMEF,
10:30 le premier programme de drones navals pour la France,
10:33 développé en coopération avec la Grande-Bretagne.
10:36 -Alors, Fabien, Frédéric,
10:37 cette exploitation de missions, ça donne quoi ?
10:40 -On est en train de regarder la dernière mission qu'on a faite sur Rascasse.
10:45 C'est des rails d'un demi-mille nautique de longueur
10:47 et 300 m de fauchée.
10:49 -Le but de la mine, c'est d'interdire le passage maritime,
10:55 l'accès à un port, l'accès à un détroit.
10:57 Et le système de lutte contre les mines,
10:59 eh bien, c'est le bouclier contre cette menace.
11:03 Les mines deviennent de plus en plus intelligentes,
11:05 de plus en plus furtives, donc la menace évolue.
11:08 -Plusieurs pistes ont été explorées
11:10 par la Direction générale de l'armement avec les industriels.
11:14 Certaines technologies ont été retenues, d'autres non.
11:17 -Typiquement, pour la neutralisation,
11:20 on avait imaginé un drone kamikaze.
11:23 Ce choix n'a pas été fait pour le SLAMEF.
11:25 -Pour quelles raisons ?
11:27 -L'idée, c'est quand même...
11:28 Même si on veut éloigner l'homme de la menace,
11:31 c'est important de garder l'homme dans la boucle en permanence.
11:36 Et pour les fonctions identification et neutralisation de mine,
11:40 le choix d'un ROV, donc un robot philo-guidé,
11:44 piloté par le marin à distance, a été fait.
11:47 -Le prototype qui préfigure le système final
11:50 est aujourd'hui en cours d'évaluation opérationnelle
11:53 par la Marine nationale,
11:54 avec un objectif, vérifier s'il répond bien aux besoins
11:58 et identifier les ajustements éventuels
12:00 avant livraison des premiers de série en 2024.
12:03 -Bonjour.
12:04 -Bonjour.
12:06 -Bonjour.
12:07 -On a fait un choix de prendre un drone de surface habitable.
12:10 Pendant toute la phase d'évaluation,
12:12 j'ai toujours du personnel qui reste à bord
12:15 pour, en cas de problème technique, reprendre la main
12:18 et mettre en oeuvre le système en local.
12:20 A terme, mon opérateur sera à une dizaine de nautiques
12:23 dans mon central opération, en train de piloter le drone.
12:26 Il a deux configurations possibles, avec un sonar remorqué.
12:29 L'avantage, c'est qu'il tiendra mieux le courant que l'UV
12:33 et surtout, je vais avoir une transmission
12:35 du sonar en direct vers mon central opération.
12:38 L'opérateur pourra vérifier la qualité de l'image
12:41 et, si le fond n'est pas trop encombré,
12:43 identifier immédiatement s'il y a des contacts.
12:46 La 2e configuration, c'est avec le drone d'intervention sous-marin,
12:49 un robot, qui est donc un robot,
12:52 qui lui va permettre d'aller identifier
12:54 et, si l'objet est une mine, de pouvoir le contre-miner
12:57 en déposant une charge d'explosifs à proximité.
13:00 -A cela s'ajoutent deux drones sous-marins autonomes
13:03 capables de fournir des images sonar de haute résolution et multi-angle.
13:07 -L'idée, aujourd'hui, c'est que vous les utilisiez, manipiez,
13:14 et que vous puissiez restituer aux industriels qui sont là
13:20 votre perception de leur usage
13:22 et, pour vous, d'imaginer ce que sera le combat de demain.
13:27 -On a fait un exercice, ici, à l'Académie militaire de Saint-Cyrc,
13:30 avec l'Ecole militaire interarmes,
13:33 en 2021, en utilisant des robots terrestres
13:35 en combat urbain.
13:37 Et ces robots, ils avaient une finalité,
13:40 c'est prendre du renseignement, s'exposer, détecter l'ennemi
13:44 avant que l'ennemi ne puisse vous détecter.
13:46 On a fait un certain nombre de mesures, avec les élèves officiers,
13:50 de l'intérêt, quelque part, d'utiliser ces robots
13:53 et ce que ça apporte, une plus-value opérationnelle.
13:56 ...
14:05 -C'est un peu plus long, en termes de délai.
14:07 -On a un peu le même délai, oui.
14:09 -15 minutes de plus ? -10 minutes de plus.
14:12 -Il y a pas de mort, et à chaque fois, ils savaient où étaient les mecs.
14:16 -L'ennemi a été identifié en avance de phase, à chaque fois.
14:19 C'est le côté positif.
14:21 -Déjà bouclier contre le danger,
14:23 le robot pourrait bientôt avoir sa place au combat,
14:26 pour voir, écouter, sentir et agir plus loin.
14:30 -On s'y intéresse pour l'infanterie,
14:33 par exemple pour réaliser des investigations de bâtiments,
14:38 voir s'il y a des présences ennemies à l'intérieur, voir des pièges.
14:42 On envisage de l'utiliser pour la reconnaissance,
14:45 la surveillance, également, peut-être, pour le ravitaillement
14:50 et pour l'appui au combat, également.
14:52 Ce qui paraît vraiment intéressant,
14:55 c'est d'avoir exploité les capacités complémentaires
14:58 de l'homme et de la machine.
15:00 -C'est l'ambition du projet Vulcain,
15:02 portée par l'état-major de l'armée de terre.
15:05 -Il y a la multitude des choses qu'on peut faire
15:09 au travers du prisme des robots et de l'automatisation.
15:12 Le champ des possibles est tellement vaste
15:14 qu'il a fallu mettre en place une démarche, une méthode.
15:18 C'est ça, le projet Vulcain.
15:19 C'est, à l'horizon 2040, de disposer d'unités opérationnelles
15:23 qui utilisent et maîtrisent l'emploi de systèmes automatisés
15:27 dans le combat de demain.
15:28 -Une ambition incarnée par la nouvelle section exploratoire robotique,
15:33 créée à l'été 2021 et qui rassemble aujourd'hui 17 militaires.
15:37 -L'utilisation des drones et robots
15:39 change la façon de penser au niveau de la manoeuvre,
15:43 puisque les missions qui se faisaient peut-être en une heure
15:46 se font maintenant en 10 minutes,
15:48 puisque l'utilisation des drones en avance de phase
15:51 nous permet d'éviter certaines missions
15:53 et d'anticiper aussi sur le futur.
15:55 -En fait, pour bien spécifier les futurs robots,
15:59 les ingénieurs, notamment à la DGA,
16:02 ont besoin d'orientation et de retour d'expérience
16:05 de la part des opérationnels.
16:07 Et inversement, pour orienter les futurs systèmes,
16:10 les opérationnels ont besoin de tester des robots
16:14 qui soient suffisamment matures et proches de leurs besoins.
16:18 Et donc, je pense que Vulcain doit permettre
16:21 de créer en fait les conditions d'une boucle vertueuse
16:25 entre la recherche et les technologies,
16:28 les acquisitions et le retour d'expérience opérationnelle.
16:32 -Historiquement, quand on faisait des expérimentations,
16:35 on s'appuyait sur des unités diverses
16:37 qui n'avaient pas forcément le même ressenti,
16:40 la même approche de ces systèmes automatisés.
16:42 Le fait d'avoir désormais un point fixe avec des gens
16:45 qui ne sont pas des expérimentateurs,
16:47 mais bien des opérationnels spécialisés
16:50 qui sont proches des robots,
16:51 nous permet de comparer les différents systèmes,
16:54 de rendre ces systèmes compatibles
16:56 avec la difficulté du combat sur le terrain.
16:58 -Bravo pour moi, j'ai effectué la reconnaissance
17:03 du rez-de-chaussée avec le SRMO.
17:05 Dans la pièce de gauche, j'ai un ennemi neutralisé.
17:08 Je demande l'autorisation de pénétrer dans le bâtiment.
17:11 -La section teste des robots aéroterrestres
17:19 dans des scénarios tactiques, défensifs comme offensifs,
17:22 comme ces mini-robots de reconnaissance
17:24 obtenus dans le cadre du programme Scorpion,
17:27 qui renouvellent les équipements de l'armée de terre.
17:30 ...
17:33 (Bruit de tir)
17:35 (Explosion)
17:36 (Bruits de tir)
17:37 ...
17:39 -OK !
17:41 Ennemi détruit, pièce claire !
17:42 -Rattachée au 94e régiment d'infanterie,
17:47 la section est localisée à Sissonne, dans l'Aisne,
17:49 au centre d'entraînement aux actions en zone urbaine.
17:52 Ce camp dispose d'infrastructures particulièrement adaptées
17:55 à l'usage de robots.
17:57 -En ville, on a une vision qui est assez restreinte
18:00 et on a des portes successives, par exemple,
18:03 dans des bâtiments où les risques d'avoir un piégeage
18:05 ou des ennemis cachés derrière sont très fréquents.
18:08 Donc l'emploi des robots a tout son intérêt.
18:11 Dans les souterrains, de la même manière,
18:13 on y voit très mal.
18:15 Il y a des labyrinthes de tunnels
18:18 où il peut, là aussi, y avoir beaucoup de piégeages,
18:21 beaucoup d'ennemis cachés.
18:22 Et donc, là également,
18:24 les robots peuvent amener une plus-value très intéressante
18:27 en évitant des pertes humaines.
18:29 (Bruits de tir)
18:32 -Personnel ennemi armé détecté.
18:34 (Bruits de tir)
18:36 -Un, deux ! Personnel neutralisé au fond du couloir !
18:38 -Historiquement, la ville a toujours été un point dur
18:41 pour les combats, avec des rapports de force
18:44 qui sont toujours très importants dans ce type de combat.
18:47 La question que pose le projet Vulcain,
18:49 c'est est-ce que demain, les systèmes automatisés
18:52 vont nous permettre de réduire ce rapport de force
18:54 grâce à l'apport de la robotique ?
18:56 -Pour y arriver,
18:57 des verrous technologiques restent à surmonter,
19:00 comme de rendre le robot autonome
19:02 dans ses décisions pour les déplacements.
19:04 -Un des principaux défis
19:06 que doivent relever les industriels aujourd'hui,
19:08 c'est permettre à ces machines d'avoir une certaine forme d'autonomie
19:12 pour libérer le militaire,
19:14 notamment le déplacement.
19:15 C'est-à-dire pouvoir donner à une machine
19:19 un ordre de déplacement
19:21 qu'il puisse exécuter par lui-même.
19:23 C'est relativement aisé dans les milieux homogènes
19:27 que sont les milieux aériens et sous-marins.
19:30 C'est beaucoup plus difficile sur le milieu terrestre.
19:33 -Le milieu terrestre cumule de très nombreuses difficultés
19:37 pour la robotique terrestre.
19:39 On a une extrême diversité de l'environnement.
19:41 On a des scènes qui sont parfois changeantes, très dynamiques.
19:44 On a aussi des zones qui sont souvent compartimentées,
19:48 délimitées par des obstacles naturels, artificiels.
19:53 Et ces caractéristiques, elles impactent très fortement
19:56 les capacités de mobilité,
19:59 les capacités de communication, de réception des signaux,
20:02 satellites pour la géolocalisation
20:05 ou encore le traitement d'images.
20:07 L'autonomie décisionnelle, c'est quelque chose de très important
20:11 pour la robotique et pour pouvoir aller
20:13 vers une diversification des applications.
20:15 Ca permet, en fait, d'éviter, par exemple, à l'opérateur
20:20 de devoir se focaliser sur la téléopération d'un robot.
20:23 Ca permet de favoriser la discrétion ertienne.
20:27 Ca permet également d'être beaucoup plus fluide
20:31 pour réagir aux aléas dans l'environnement.
20:33 Idéalement, on aimerait même aller jusqu'à des interactions
20:37 en langage naturel, comme on dit,
20:40 donc être capable de dire au robot,
20:42 "Va te poster sur la colline en te déplaçant de façon furtive."
20:47 -Un gros point positif, d'ailleurs,
20:50 que j'ai vraiment apprécié en position défensive,
20:53 parce qu'en fait, on avait décelé l'ennemi
20:56 peut-être deux fois plus vite que sans les systèmes optiques.
20:59 Et même à un moment, on s'est quasiment retrouvés bloqués
21:02 parce que les robots les voyaient,
21:04 mais nous-mêmes, à l'œil nu, on n'arrivait pas à voir l'ennemi.
21:06 Dans l'ensemble, je trouve que c'est, en tout cas,
21:08 au niveau tactique, en défensif,
21:10 ça peut être vraiment une grosse plus-value.
21:13 -Avec de telles capacités,
21:15 le robot pourrait être un pion tactique supplémentaire
21:18 dans la manoeuvre.
21:19 -Pion tactique, pour le chef militaire,
21:22 c'est également avoir la possibilité d'utiliser
21:24 plusieurs robots en même temps.
21:26 Bien évidemment, des robots terrestres,
21:28 mais aussi des robots aériens.
21:29 Et là, on peut coordonner divers systèmes,
21:31 combattre de façon collaborative.
21:33 -Alors, le combat collaboratif, qu'est-ce que c'est ?
21:37 -C'est l'autre révolution, l'autre "game changer"
21:40 qu'on identifie pour le combat de demain.
21:43 L'idée, c'est d'exploiter la mise en réseau
21:46 de l'ensemble des plateformes sur le champ de bataille
21:50 et d'optimiser leur coordination
21:53 pour accélérer notamment le tempo de la manoeuvre.
21:56 L'objectif, c'est de comprendre, de décider
21:59 et d'agir plus vite que l'adversaire sur le terrain.
22:04 -La robotisation porte en elle un potentiel révolutionnaire
22:07 pour les armées, mais autant d'enjeux éthiques et juridiques.
22:11 -La question de fond, c'est la question du sens
22:15 de l'action militaire.
22:16 Ce sens ne peut être porté que par l'homme,
22:19 que par le chef militaire.
22:21 Jamais une machine n'aura conscience de ce qu'elle fait.
22:23 La machine n'est pas un agent moral.
22:25 -Vous savez, quand vous commandez des hommes au combat,
22:29 il y a une chose primordiale, c'est de donner du sens
22:32 à leur action, qu'ils comprennent ce qu'ils font,
22:34 pourquoi ils le font, pourquoi ils vont éventuellement
22:37 se faire entre les "trou et la peau",
22:39 parce que ça arrive à nos soldats,
22:40 pour tout, pour le signet qu'ils se font de leur pays,
22:43 de la patrie, de leur drapeau, du camarade qui est à leur côté.
22:46 Tout ça, un robot ne l'intègre pas.
22:49 Un robot ne l'intègre pas.
22:50 -En 2020, une structure unique au monde est créée
22:55 au ministère des Armées,
22:56 le 1er comité d'éthique de la défense,
22:59 dont les travaux doivent servir de guide dans la conception,
23:02 le développement et l'utilisation des systèmes d'armes.
23:05 En matière de robotique,
23:07 le comité s'est récemment penché sur la question des salats,
23:10 des systèmes d'armes létaux autonomes,
23:12 approuvant le choix fait par la France d'y renoncer.
23:15 -Imaginons qu'on arrive à faire ce genre de système,
23:20 coder des fonctions décisionnelles
23:22 de façon à ce qu'il n'y ait plus intervention de l'être humain
23:26 dans l'appréciation de la situation
23:28 et dans l'enchaînement avec la décision.
23:31 Il faudrait se poser la question,
23:33 qu'est-ce qu'on est en train de faire ?
23:35 Doit-on le faire ?
23:36 Et au nom de quoi ?
23:38 -Au Tchad, dans une autre vie,
23:40 au commandant à la tête de mon régiment,
23:42 j'ai eu à être opposé aux rebelles du moment.
23:46 Il se trouve que les rebelles du moment
23:48 avaient les mêmes matériels que l'armée nationale
23:51 aux côtés de laquelle nous étions engagés.
23:53 De nuit, on a vu arriver dans nos caméras de vision nocturne
23:57 des véhicules identiques à ceux de l'armée
24:00 avec lesquels on était engagés,
24:02 pourrissant vers nous, avec des affûts de canon de 20,
24:05 très dangereux.
24:07 Qu'est-ce qu'on fait ?
24:08 Est-ce un ennemi ? Est-ce qu'on le détruit ?
24:10 Ou est-ce un ennemi, pas de liaison radio, etc.
24:13 Je n'ai pas tiré.
24:14 J'ai attendu le dernier moment,
24:16 et fort heureusement, on n'avait pas tiré,
24:19 parce que c'était des éléments de l'armée
24:21 aux côtés de laquelle nous combattions à l'époque.
24:24 Un salard aurait évidemment tiré.
24:27 -Si le système est mal employé, etc.,
24:31 qui est responsable, finalement ?
24:33 Est-ce que c'est le militaire qui a pris la décision
24:36 d'utiliser ce système, peut-être pas dans les bonnes conditions ?
24:40 Est-ce que ce sont les concepteurs du système qui sont en cause ?
24:43 Est-ce que ce sont les chercheurs en amont qui sont en cause ?
24:47 Donc, qui est responsable ?
24:48 Il y a une espèce de dilution de la responsabilité
24:51 qui va se produire.
24:53 -En France, en tout cas, la ligne de conduite est claire.
24:56 L'humain est et restera aux commandes de tout système d'armes,
24:59 ce qui ne signifie pas pour autant renoncer
25:02 à la recherche dans le domaine.
25:04 -Nous ne pouvons pas cesser les études
25:08 poussant jusqu'au bout la connaissance de ces armes,
25:11 car il faut que nos soldats, nos aviateurs, nos marins
25:13 puissent se prémunir contre ces salins utilisés par d'autres.
25:17 Étant entendu que les organisations terroristes
25:19 fichent du tiers comme du quart de l'éthique,
25:22 ils n'hésiteront pas à éventuellement acheter sur étagère
25:25 des armes qui pourraient être des formes de salat
25:28 auxquelles nous aurions à être confrontés.
25:32 -Non seulement les réflexions éthiques sont prises en compte,
25:35 mais c'est bien plus que ça.
25:37 Ca a été vraiment l'accélérateur de la réflexion sur ce sujet.
25:41 Ca nous permet d'ouvrir le champ des possibles
25:44 sur ce qui est réalisable et ce qui ne l'est pas,
25:46 avec cette notion de préserver la responsabilité du chef militaire
25:50 pour que ce soit exécuté par une unité humaine
25:53 ou par une unité robotisée.
25:54 -L'apparition des robots armés ou non,
25:57 téléopérés ou intégrants de l'autonomie,
25:59 bouleverse la pratique de la guerre.
26:01 Demain, ces machines seront autant d'outils tactiques
26:04 que d'équipiers sur le champ de bataille pour le combattant,
26:08 comme peut-être un nouvel ennemi à combattre.
26:10 Si de nombreux défis restent à relever,
26:13 comme les autres pays, la France se prépare à cette mutation.
26:16 En gardant à l'esprit les mots de l'écrivain Rabelais,
26:19 "science sans conscience n'est que ruine de l'âme".
26:23 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
26:26 ...

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