SMART IMPACT - Emission du mercredi 10 mai

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Mercredi 10 mai 2023, SMART IMPACT reçoit Stanislas Milcent (Directeur Environnement, Recherche et Développement, Moët & Chandon) , Gilles Baraize (Directeur, FNPFruits) , Lucile Dauger (Product Manager Agri-Transition, Axa Climate) et Manon Vaillant (Cofondatrice, PureNat)

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00:00 [Musique]
00:08 Bonjour, bonjour à toutes et à tous. Bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de la transformation environnementale et sociétale de notre économie.
00:14 Et voici le sommaire. Mon invité aujourd'hui, c'est Stanislas Milsan, directeur environnement, recherche et développement de Mouette et Chandon.
00:21 On détaillera notamment le programme d'agroécologie mis en place par la Maison de Champagne.
00:26 Pour notre débat, on va parler de l'impact du changement climatique sur la production de fruits.
00:31 Avec les résultats d'une étude menée par AXA Climate et les fédérations de producteurs, d'ici 2030, le nombre de zones de production fruitière à risque va doubler en France.
00:42 Et puis dans notre heroïque consacrée aux start-up éco-responsables, vous découvrirez Purnat et ses purificateurs d'air qui captent et détruisent les polluants organiques.
00:54 Voilà pour la titre, on a 30 minutes pour les développer. C'est parti !
00:57 L'invité de Smart Impact est avec nous en visioconférence en duplex. Bonjour Stanislas Milsan, vous êtes directeur environnement, recherche et développement de Mouette et Chandon.
01:14 Vous dévoilez un programme d'agroécologie qui a été lancé il y a un peu plus d'un an, c'est ça ? De quoi s'agit-il ?
01:22 Bonjour Thomas-Hugues, effectivement oui, je viens vous parler de Natura Mostra, un programme qui a été lancé en 2021.
01:28 Alors que cette année nous fêtons les 280 ans de la maison, la maison a souhaité mettre en avant l'agroécologie au travers d'un programme ambitieux de restauration de corridors écologiques.
01:41 Si vous avez la chance de traverser la Champagne, d'y venir, vous verrez que souvent on a des forêts sur les plateaux, on a nos vignes qui sont sur les coteaux,
01:49 et puis dans la plaine on a des grandes cultures et il nous est apparu important de restaurer une continuité entre ces forêts qui sont des réservoirs écologiques et puis la plaine,
01:57 Champenoise, et donc de remettre des arbres au cœur de nos vignes.
02:00 Et alors ça a commencé donc il y a près de deux ans, où sont, quel site, où sont déployés les premiers kilomètres de corridors écologiques ?
02:10 Alors on a commencé par travailler avec les collectivités, en l'occurrence la mairie des Pernay, qui avait identifié dans un atlas de la biodiversité un certain nombre de trames vertes à restaurer.
02:20 Et il se trouve qu'une de ces trames vertes traversait une propriété de la maison qui s'appelle le Fort Chabrol, au cœur des Pernay, entre la forêt des Pernay et la vallée de la Marne.
02:28 Et donc c'est là, dans ce lieu historique, puisque c'était là qu'a été établie la première école de viticulture de Moët et Chandon à la fin du 19ème siècle,
02:36 pour mettre en place la technique du greffage, pour lutter à l'époque contre le phylloxéra.
02:40 C'est donc à Fort Chabrol qu'on a planté 1743 arbres, en hommage à l'année de fondation de la maison, avec nos collègues,
02:47 pour pouvoir donc restaurer ce corridor entre la forêt des Pernay et la vallée de la Marne.
02:52 Et ces 1743 arbres plantés par nos collègues, ils bénéficient à l'ensemble des riverains, puisqu'on est pratiquement en ville, à proximité d'un collège.
03:01 Et donc on est content de voir la biodiversité revenir au cœur de la ville.
03:05 – Et donc chaque année, je crois, il y a ces "Journées biodiverses", ensuite ça a été à Romont.
03:10 Il y a beaucoup d'actions d'ailleurs en faveur d'une agriculture régénératrice qui y sont menées, vous pouvez nous en citer quelques-unes ?
03:18 – Oui, bien sûr. Donc l'agriculture régénératrice, c'est une agriculture qui veut prendre soin des sols.
03:23 Et pour nous, le sol, c'est un patrimoine important.
03:25 On a la chance d'avoir des vignes qui sont là depuis quelques dizaines, voire des centaines d'années.
03:29 Et néanmoins, il faut que nos sols et nos terroirs fonctionnent bien.
03:33 Donc on veut prendre soin des sols. C'est pour ça qu'en 2020, on a décidé d'arrêter les herbicides.
03:38 Et que ça faisait suite à une longue démarche de certification "Vines cultures durables en Champagne" dès 2014, par exemple.
03:44 Donc on a arrêté les herbicides et on veut retrouver une vie des sols.
03:47 Et donc, outre les haies dont on a parlé, les arbres qu'on remet au cœur des vignes,
03:52 on veut aussi remettre avec de l'herbe, quelques fois des couverts végétaux.
03:57 Donc on a aujourd'hui 50 hectares de couverts végétaux qui sont plantés entre les rangs de vignes,
04:01 de manière à ramener d'autres formes de vie au sein du vignoble.
04:06 Et puis on a aussi des programmes d'éco-pâturage.
04:09 Les moutons sont de retour dans les vignes après les vendanges et avant que la végétation ne redémarre au printemps.
04:15 On a aujourd'hui 220 moutons qui pâturent à peu près une centaine d'hectares de vignes.
04:19 Pour éviter là aussi le passage d'autres acteurs, l'utilisation du travail du sol,
04:25 qui certes est une méthode intéressante, mais qui provoque à long terme le tassement de nos sols.
04:31 Parce que malheureusement les tracteurs, pour certains, sont électriques,
04:34 mais ces tracteurs sont relativement lourds et donc on a des phénomènes de compaction des sols.
04:38 Donc on a une nouvelle boîte à outils qui se met en place progressivement.
04:42 On a effectivement des haies, des arbres, on a ces couverts végétaux qu'on essaie d'instaurer
04:47 et qu'on vient détruire juste avant le printemps pour qu'il n'y ait pas de concurrence entre le plan de vignes et ces couverts végétaux.
04:55 Ça forme une sorte de paillage et du coup ça permet d'économiser de l'eau,
04:58 ça permet d'éviter une température au sol trop importante.
05:02 Et puis enfin on a nos fameux moutons qui nous permettent au cas par cas de venir en hiver
05:07 traiter des herbes, des adventices qui seraient restées en nombre trop important à proximité des vignes.
05:12 – En termes de rentabilité, parce que quand on est une maison de champagne aussi mondialement célèbre que la vôtre,
05:18 est-ce qu'on cherche à, c'est peut-être une question à côté de la plaque, mais je l'assume,
05:22 on cherche à étendre les hectares de vignes pour pouvoir produire encore plus ?
05:27 Est-ce que c'est limité, réglementé ?
05:30 Comment ça se passe ? Parce qu'on va vous dire, vous créez des corridors écologiques,
05:33 c'est moins d'espace pour les vignes.
05:35 – Alors oui effectivement c'est un peu moins d'espace pour les vignes.
05:38 Aujourd'hui on a la chance d'être à la tête du premier vignoble de Champagne avec à peu près 1200 hectares de vignes,
05:43 ce qui est aussi une responsabilité et on travaille avec des partenaires vignerons.
05:48 Pour nous l'enjeu de cette viticulture plus durable, de cette agroécologie,
05:52 c'est d'abord de garantir la quantité et la qualité des raisins très clairement
05:55 puisque on a besoin de nourrir la croissance de nos marques avec des vins toujours de très grande qualité,
06:01 donc ça c'est notre objectif premier, mais néanmoins on est persuadé
06:04 que face au changement climatique qui est une réalité en Champagne,
06:07 la biodiversité est une des réponses les plus adaptées à ce défi qu'est le changement climatique.
06:12 Le changement climatique il est d'actualité parce qu'on voit par exemple les dates de vendanges avancées,
06:16 on sait qu'on a des raisins qui sont aujourd'hui un peu plus sucrés,
06:19 on était à la limite nord de la culture de la vigne,
06:21 donc c'est plutôt pour nous à ce stade garant de qualité,
06:25 mais néanmoins on voit aussi arriver de nouvelles maladies par exemple,
06:29 et on se dit que si on a des haies à proximité de nos vignes,
06:32 on vient cloisonner un peu notre vignoble, on va avoir des auxiliaires,
06:35 par exemple des oiseaux, qui pourraient demain nous aider à lutter
06:39 contre des nouveaux porteurs de maladies, des nouveaux insectes,
06:43 qu'aujourd'hui on n'a pas encore dans le vignoble champenois,
06:46 mais quand on voit la progression de certaines maladies,
06:48 et je pense à la flavéscence dorée par exemple dans le sud de la France,
06:51 qui remonte progressivement, on se dit qu'avoir de la biodiversité,
06:55 ça peut être un bon moyen de lutter contre ces nouveaux ravageurs potentiels.
06:59 – Alors vous avez un petit peu répondu à la question,
07:01 mais quand vous décidez d'arrêter les herbicides,
07:03 je crois que c'est 2020, c'est ça vous nous l'avez dit tout à l'heure,
07:06 par quoi vous le remplacez ?
07:08 Par un dispositif un peu global que vous venez de nous décrire ?
07:12 Comment ça se passe ?
07:14 – Alors en fait quand on arrête les herbicides,
07:16 d'abord c'est le fruit de 10 ans de travail,
07:18 on ne fait pas du jour au lendemain en se réveillant un beau matin
07:20 en se disant "ah les herbicides c'est pas bien, on va arrêter",
07:22 non, on se rend compte qu'effectivement on peut peut-être travailler différemment,
07:26 que nos grands-parents travaillaient sans herbicides
07:28 et que néanmoins ils faisaient des vins de grande qualité,
07:30 donc on doit pouvoir y arriver, y compris en Champagne.
07:33 Et donc là on tâtonne, on fait des essais,
07:36 et vous savez qu'on a différentes situations,
07:38 on peut avoir des vignes en coteau, avec des pentes qui sont quelques fois fortes,
07:42 des vignes sur des terroirs un peu moins exposés,
07:46 et donc on tâtonne et au bout d'une dizaine d'années,
07:50 on a les solutions techniques avec en particulier du travail du sol,
07:53 c'est-à-dire qu'on vient gratter superficiellement le sol
07:56 entre 5, 6 ou 7 fois par an selon les années,
07:59 pour arriver à maîtriser l'herbe qui vient en concurrence avec la vigne.
08:03 Au passage, on a effectivement une concurrence accrue de l'herbe avec la vigne,
08:07 donc on a une petite perte de rendement
08:09 qui a pu atteindre 15% pendant quelques années,
08:12 le temps qu'il y ait un nouvel équilibre qui se crée,
08:14 parce que la vigne va plonger ses racines un peu plus profondes
08:17 et va aller chercher l'eau et les nutriments en profondeur,
08:21 là où elle avait tendance à aller chercher en surface,
08:23 puisqu'il n'y avait pas de concurrence,
08:25 donc il y a un équilibre à retrouver,
08:27 et cet équilibre se refait au bout de quelques années, quelques saisons,
08:31 et donc on arrive à maîtriser l'enherbement
08:34 en passant régulièrement avec des engins mécaniques.
08:36 Le souci de ces engins, c'est que ce sont des tracteurs enjambeurs,
08:39 puisqu'on a des vignes assez étroites en Champagne,
08:41 donc ils passent par-dessus les rangs de vigne,
08:42 ils sont relativement lourds,
08:44 et même si on a investi dans des tracteurs électriques,
08:46 aujourd'hui on en a une douzaine, qui représentent une partie de notre parc,
08:49 ces tracteurs lourds, à force de passer plus fréquemment dans les vignes,
08:53 finissent par tasser les sols, d'où une impasse un peu technique,
08:56 et d'où l'idée de se dire, peut-être qu'on pourrait limiter
08:59 le nombre de passages de tracteurs,
09:01 en par exemple imaginant de mettre en place des couverts végétaux
09:05 entre les rangs de vigne, entre le mois d'octobre et le mois d'avril,
09:08 et les détruire au mois d'avril, de manière à faire ce paillage
09:11 que j'évoquais tout à l'heure,
09:13 de faire passer peut-être des moutons,
09:15 et puis aussi d'innover avec des matériels un peu plus légers,
09:18 des engins autonomes, accompagnés par nos collègues vignerons,
09:21 pour pouvoir traiter le sol de manière efficace,
09:25 en étant beaucoup moins lourd, et donc en ayant bon impact sur la vie des sols.
09:28 - Pardon, je vous interromps.
09:29 Donc ça veut dire que vous continuez, on le comprend bien,
09:31 vous êtes également en charge de la recherche et du développement,
09:33 vous continuez d'innover et de chercher.
09:35 Est-ce que ça veut dire que, parce qu'il y a encore des produits phytosanitaires,
09:39 est-ce qu'on pourrait imaginer faire du champagne,
09:42 là on parle de champagne, sans aucun produit phytosanitaire,
09:45 ou est-ce que ça c'est illusoire ?
09:47 - Alors les produits phytosanitaires, il y en a trois grandes familles.
09:50 Il y a les insecticides, et là on a la chance d'avoir des solutions
09:53 dites de biocontrôle qui nous permettent de nous en passer.
09:56 Biocontrôle, c'est par exemple ce qu'on appelle la confusion sexuelle.
10:00 Alors ce sont des capsules de phéromones qui diffusent
10:02 et qui empêchent les papillons mâles et les papillons femelles
10:04 d'une espèce bien spécifique de se rencontrer
10:06 et du coup de produire des larves qui viennent s'attaquer aux raisins.
10:09 Donc ça, on a une solution écologiquement favorable.
10:14 Les herbicides, je vous ai dit, on s'en passe maintenant.
10:17 Donc ça, pareil, on a décidé d'arrêter, on y arrive,
10:21 on a quelques enjeux de R&D, mais on continue d'avancer.
10:25 Le gros enjeu ensuite, ce sont les fongicides
10:27 qui permettent de lutter contre des maladies dont vous avez peut-être entendu parler,
10:30 qui sont le mildew et le idiome, par exemple.
10:32 En bio, il y a des solutions qui existent avec, par exemple, la bouille bordelaise.
10:37 Néanmoins, ça reste des produits, certes, qui ne sont pas d'origine chimique,
10:42 mais ça reste des produits de traitement de la vigne.
10:44 La solution ultime serait éventuellement d'avoir des plants de vigne résistants aux maladies.
10:48 Et là, il y en a certains qui commencent à arriver grâce au travail de la recherche.
10:53 Et en particulier en Champagne, on a un premier cépage
10:57 qui pourrait être proposé, qui s'appelle le Voltis,
10:59 qui est en cours d'expérimentation, qui a été autorisé au quai des charges de l'appellation il y a quelques mois.
11:04 Et les premiers plants de Voltis ont été plantés cette année.
11:07 Mais ça veut dire qu'on renoncerait,
11:10 si aujourd'hui on ne peut pas mettre 100% de Voltis sur l'appellation,
11:13 vous imaginez bien qu'une vigne, quand on la met en place,
11:16 elle reste quelques dizaines d'années.
11:18 Donc, il va falloir faire un changement progressif.
11:21 Et puis surtout, on cherche d'autres cépages résistants
11:24 de manière à garder le style propre au vin de Champagne.
11:28 Donc là, il y a encore beaucoup de travail.
11:30 Merci beaucoup, merci pour tous ces détails Stanislas Milsan.
11:33 A bientôt sur Bismarck.
11:35 On parle production de fruits.
11:37 Quels seront, quels sont les effets du réchauffement en France ?
11:42 On vous dévoile tout de suite les résultats d'une étude
11:52 sur les effets du réchauffement climatique sur la production de fruits en France
11:56 avec Lucille Dauger, bonjour.
11:58 Bienvenue, vous êtes Agri-Product Manager chez AXA Climate.
12:01 A vos côtés, Gilles Barrez, bonjour.
12:03 Bonjour.
12:04 Directeur de la Fédération Nationale des Producteurs de Fruits.
12:07 Ça représente, avec quelques chiffres, combien d'exploitants ?
12:10 Quel chiffre d'affaires ?
12:12 Alors, aujourd'hui, on est à peu plus de 90 000 producteurs de fruits,
12:15 tout confondu, sur un chiffre d'affaires, on va dire,
12:18 moyen de 3 milliards d'euros.
12:20 Donc, ce qui correspond, bon an, mal an, à 10 herbes, ça a 380.
12:24 C'est effectivement un secteur qui pèse.
12:27 Et effectivement, en production, on est sur en moyenne 3,5 millions de tonnes par an de fruits.
12:31 D'accord. C'est toujours à peu près les mêmes niveaux ?
12:34 Oui, bon an, mal an. Alors, on a quand même une tendance un peu baissière,
12:38 notamment liée à la difficulté, liée à la consommation des fruits et des légumes en France,
12:44 qui est une tendance un peu en baisse.
12:46 Et du coup, forcément, par ricochet, la production baisse un petit peu.
12:51 Et donc, vous cherchez évidemment à anticiper sur les résultats du réchauffement climatique,
12:57 notamment grâce à cette étude que vous avez menée chez AXA Climate, Lucile Dauger.
13:00 Peut-être le constat, pour commencer.
13:02 On est sur une trajectoire minimale de +1,5 degré d'ici 2030.
13:08 Quelles conséquences, en termes de vagues de chaleur, de sécheresse, ça veut dire quoi ?
13:12 Concrètement, donc, chez AXA Climate, on est une filiale du groupe AXA.
13:15 On a travaillé avec des missions d'assurance, notamment d'assurance paramétrique,
13:19 de formation et de conseil.
13:21 Et dans le cadre de ces missions de conseil, on va projeter les risques climatiques,
13:24 dans le cadre de cette étude, pour les filières de fruits et légumes.
13:27 Donc, ce qui va être important de comprendre, et pour ça, on a fait travailler nos scientifiques
13:32 à une maille très locale, c'est que la valeur, les moyens nationals, et notamment l'agriculture,
13:39 elles ne veulent pas dire grand-chose.
13:42 Ça va être vraiment l'étude locale qui va faire parler.
13:44 Oui, d'une région à l'autre, d'une production de fruits à l'autre, évidemment.
13:47 Exactement. Donc, 1,5 degré dans une maille française, c'est assez vaste.
13:55 Mais quand on regarde région par région, on va commencer à travailler sur des impacts très particuliers
13:59 et avec une vraie vulnérabilité par filière.
14:02 Donc, c'est plus de vagues de chaleur et c'est plus de chaisseresse si on résume, si on synthétise.
14:07 Exactement. Il va faire plus chaud, plus de vagues de chaleur, moins d'eau, principalement.
14:11 Donc, c'est principalement le stress hydrique qui va jouer un rôle déterminant pour la production de fruits.
14:16 Si on rentre un peu dans le détail, par exemple, aux interrompes de cette étude,
14:20 effectivement, il y a eu un maillage territorial. Dans combien de départements,
14:24 combien de cultures fruitières ont été étudiées en quelque sorte ?
14:27 On a travaillé sur 16 productions fruitières dans toute la France et sur 25 départements français
14:32 pour pouvoir avoir vraiment une maille d'analyse très fine.
14:35 Qu'est-ce que vous en attendez, vous, d'une étude comme celle-là ?
14:39 Beaucoup de choses. L'idée, c'est effectivement de pouvoir conforter un ressenti qu'on a tous,
14:46 évidemment, concernant le climat et surtout pouvoir anticiper,
14:50 anticiper évidemment à court, moyen et potentiellement long terme.
14:54 Pourquoi ? Déjà, peut-être aussi pour s'adapter. C'est-à-dire qu'effectivement,
14:58 cette étude a la provocation de renforcer notre adaptation au changement climatique,
15:03 puisque, évidemment, des épisodes de sécheresse, des épisodes de gel récurrents ou plus forts
15:08 peuvent avoir un impact économique. Et donc, effectivement, ça vient nous conforter
15:12 et nous dire vers quelle direction aller pour s'adapter.
15:15 Alors, quels sont les premiers résultats de cette étude ?
15:18 Concrètement, notre étude, elle nous permet de quantifier un risque climatique
15:21 pour pouvoir donner aux agriculteurs les armes pour anticiper une adaptation.
15:25 Les résultats, ça va être de pouvoir choisir parmi des solutions d'adaptation,
15:30 notamment choisir des... essayer de penser une adaptation de façon plus systémique,
15:35 permettre à un agriculteur de choisir entre un changement de variété, par exemple,
15:40 ou une solution d'irrigation plus performante, qui va permettre d'optimiser,
15:44 de pouvoir lutter contre la lemontation du stress hydrique qui l'attend dans les prochaines années,
15:49 ou encore, éventuellement, si on se trouve dans une impasse sur certaines cultures,
15:52 pourquoi pas tester d'autres cultures.
15:54 Alors, la température moyenne, elle devrait augmenter, selon les résultats de cette étude,
15:58 d'1,2 degré, c'est ça, d'ici 2030.
16:02 Ça veut dire quoi ? Par exemple, le stress thermique de l'été.
16:06 L'été précédent a été un été de sécheresse et de forte chaleur,
16:11 je ne sais pas encore ce que donnera celui-là, mais qu'est-ce que ça signifie pour les productions de fruits ?
16:15 - Typiquement, 1,2 degré, c'est tout au long de l'année,
16:18 mais le réchauffement, ce qu'on observe, c'est qu'il va être très différent en été et en hiver,
16:22 il va être plus fort en été, jusqu'à 1,9 degré, notamment dans les bouches du Rhône,
16:26 et ça, ça va être très important, notamment pour les productions de fruits,
16:29 parce que c'est le moment où les fruits sont sur l'arbre, les fruits sont particulièrement sensibles au risque de grillure,
16:33 ils vont être peut-être récoltés plus sucrés, ils vont moins bien se préserver,
16:36 et ça, ça va avoir un impact qui va être déterminant pour les productions et pour la transformation par la suite.
16:40 - Et en termes de bilan hydrique, qu'est-ce que cette étude annonce ?
16:43 - Concrètement, le bilan hydrique, ça vient de deux choses,
16:46 et il va faire plus chaud, donc les arbres auront plus soif, vont plus consommer d'eau,
16:50 et en même temps, en été, il y aura moins de précipitations, donc on aura moins d'eau à disposition.
16:55 Donc les agriculteurs doivent penser à stocker de l'eau ou l'utiliser de façon plus efficiente,
17:00 avec des systèmes d'irrigation comme l'irrigation goutte à goutte,
17:03 des systèmes enterrés qui vont permettre d'apporter aux arbres exactement ce dont ils ont besoin,
17:08 pas plus, pas moins, pour pouvoir permettre d'optimiser cette ressource en eau qui se fera de plus en plus rare.
17:13 - Oui, avec une diminution de 38% en moyenne selon cette étude d'ici 2030,
17:17 avec de fortes disparités géographiques, ça va quasiment jusqu'à -50%, -47% dans le Tarn.
17:23 Vous, ensuite, vous prenez, on va continuer de donner quelques résultats,
17:26 vous diffusez ça évidemment département par département,
17:30 il y a des actions qui ont déjà été mises en place, j'imagine, depuis plusieurs années ?
17:34 - Oui, oui, effectivement, on n'a pas, heureusement, j'ai envie de dire,
17:38 attendu pour, effectivement, commencer à s'adapter aux changements climatiques.
17:43 Comme ça a été dit, effectivement, il y a déjà un travail, alors, scientifique déjà,
17:48 sur, effectivement, les choix variétaux, c'est-à-dire, effectivement, aujourd'hui,
17:51 est-ce qu'on peut continuer, je ne sais pas, par exemple, sur une culture d'abricots,
17:54 de continuer sur des espèces qui ne sont, entre guillemets, pas résilientes.
17:58 Là, effectivement, il faut travailler sur des variétés qui sont adaptées,
18:01 soit, effectivement, au coup de chaud ou au coup de froid.
18:04 Ça passe par là, on l'a dit, effectivement, sur le bon dosage de l'eau,
18:09 peut-être aussi sur des cultures qui sont moins demandeuses en eau.
18:13 Voilà, c'est tout un tas de sujets sur des filets, ce qu'on appelle paragrèles,
18:17 qui viennent protéger, effectivement, les vergers des grêles,
18:21 qui peuvent être de plus en plus importantes, etc.
18:23 Des filets ombragés, pour limiter, effectivement, le rayonnement.
18:26 On peut imaginer des panneaux photovoltaïques, j'en ai vu encore il n'y a pas longtemps,
18:30 dans le sud de la France, effectivement, qui vont limiter le réchauffement de tous ces vergers.
18:35 Voilà, etc.
18:36 – Et je le disais en titre, on parle dans cette étude d'un nombre de productions fruitières à risque
18:42 qui va doubler, passant de 22% à 45%.
18:45 L'abricot, typiquement, c'est une production fruitière à risque ?
18:48 Elle est répertoriée comme telle aujourd'hui ?
18:50 – Oui, tout à fait.
18:51 Alors, effectivement, il y a un certain nombre, l'étude le montre,
18:54 de variétés qui sont plus sensibles ou plus à risque.
18:56 C'est-à-dire qu'on a, effectivement, aujourd'hui des cultures qui, aujourd'hui,
18:59 avaient un risque très faible, voire inexistant, mais très faible,
19:03 qui demain, effectivement, en résidence 2030, se retrouvent à risque.
19:06 L'abricot en fait partie, il est, effectivement, je crois, sensible au chaud.
19:11 Il a besoin d'eau, évidemment, il est plutôt situé dans un bassin de production du sud,
19:16 donc pourtour bassin méditerranéen, donc effectivement, on le sait,
19:20 c'est une région où les chaleurs sont plus importantes.
19:23 Donc voilà, effectivement, il y a des risques plus avérés pour certaines productions,
19:26 comme l'abricot, comme, je pense, à la pêche aussi.
19:29 – Ça prend combien de temps de faire basculer ?
19:32 Parce que, voilà, si on se met à la place d'exploitants,
19:36 il dit "bon, ben, je vais arrêter l'abricot".
19:38 Très bien, mais combien de temps ça prend pour passer à autre chose,
19:41 pour faire rentrer quand même du chiffre d'affaires sur la culture fruitière
19:45 qui va remplacer l'abricot ? C'est pas simple, quoi.
19:48 – Alors, ça dépend, évidemment, du produit, enfin, entre guillemets, de la culture.
19:53 Il y en a qui sont plus faciles que d'autres.
19:55 Je pense le kiwi, peut-être, qui est effectivement plus difficile, plus facile.
19:58 Mais vous avez, effectivement, quelque part, c'est de l'arboriculture fruitière,
20:02 donc ce sont des arbres, donc, effectivement, il faut penser à l'implantation,
20:05 attendre que l'arbre pousse, commencer à donner des fruits.
20:08 Donc, on est sur, quand même, généralement, 4-5 ans, en moyenne,
20:11 pour que l'on retrouve quelque chose.
20:13 Mais ça peut être aussi, effectivement, l'adaptation à ces fameux,
20:18 comme on disait, "plans", des plans qui sont, effectivement,
20:21 adaptés à une poussée plus rapide, quoi.
20:23 – Lucie de Doge, cette étude, elle va jusqu'à conseiller le secteur,
20:28 justement, pour trouver des cultures de remplacement, pour changer de pratique ?
20:32 – Exactement, l'idée, c'est de quantifier un risque,
20:34 pour pouvoir savoir ce à quoi on va s'attendre,
20:36 et est-ce qu'il vaut mieux investir dans une solution d'irrigation plus performante,
20:39 changer de variété, changer de culture carrément ?
20:43 On parlait de l'abricot qui va être particulièrement à risque,
20:45 les poires ou les pommes, par exemple, dans la vallée de la Loire,
20:48 s'en sortiront mieux, entre guillemets,
20:50 donc on va pas forcément, enfin, on va avoir une adaptation
20:53 qui va porter plus sur un risque en particulier,
20:56 plutôt que de penser à un changement de système complet, par exemple.
20:59 – Petite question plus liée à l'actualité,
21:02 on en parle souvent dans cette émission sur le marché du bio,
21:05 les difficultés du marché du bio,
21:08 les producteurs qui ont fait le choix de passer au bio il y a quelques années,
21:12 ils le ressentent aujourd'hui, ils souffrent ?
21:14 – Alors, ils souffrent, mais aujourd'hui, ils ne souffrent pas du changement climatique.
21:18 – Ah, ils souffrent de la baisse de la consommation.
21:20 – Exactement, je pense typiquement à la pomme, la pomme bio,
21:23 qui, effectivement, a un marché qui devrait être deux fois supérieur
21:26 à celui qu'il est actuellement en termes de consommation,
21:29 et qui, effectivement, ne se retrouve pas économiquement.
21:32 Donc la question, elle est, effectivement, demain,
21:35 comment on s'adapte, là, pour le coup, à un marché qui…
21:40 Est-ce qu'on en exporte davantage ?
21:42 Est-ce qu'on demande aux citoyens de consommer deux fois plus ?
21:45 Est-ce que ceux qui consomment déjà, doivent eux consommer deux fois plus ?
21:48 Voilà, c'est toutes ces problématiques.
21:50 – Est-ce que ça veut dire que la tendance,
21:52 parce qu'il y avait une tendance à avoir la part du bio augmentée,
21:55 elle est en train de s'inverser ?
21:57 – Elle ne va pas en augmentant, effectivement, j'en ai pas l'impression, en tout cas,
22:01 parce qu'effectivement, le bio peut être plus complexe en termes d'itinéraire,
22:05 ce qu'on appelle itinéraire technique.
22:07 Donc, effectivement, j'ai envie de dire, les agriculteurs,
22:10 les arboriculteurs iront sur un marché, si évidemment, ils ont la certitude,
22:14 ou quasi-certitude, qu'il y a un vrai marché derrière,
22:17 et qu'ils ont tiré un revenu.
22:20 – Oui, ils puissent en vivre, évidemment.
22:22 Pour terminer un peu moins d'une minute, Lucile Dauger,
22:24 ces études, elles sont menées pour d'autres secteurs,
22:26 pas seulement pour la production de fruits et légumes ?
22:28 – Absolument, on a travaillé là sur l'agriculture,
22:30 mais tous les secteurs sont concernés par le changement climatique,
22:32 le transport, le tourisme ou encore l'immobilier.
22:35 Pour vous donner quelques exemples, on a travaillé sur d'autres études,
22:38 notamment à Lacanau, où le risque des montées des eaux
22:42 entraînera un risque pour plus de 1500 logements qui pourront être relocalisés.
22:48 Ou encore, un exemple peut-être plus parlant,
22:50 qui va marquer ceux qui ont la chance de partir au ski,
22:52 où l'enneigement est aussi à risque dans les stations de ski françaises.
22:55 Et on projette que dans des stations comme Avoria,
22:58 en 2050, il y a plus de 70% de l'enneigement qui sera à risque.
23:02 Donc c'est très concret, c'est des risques importants
23:05 qu'il est nécessaire de quantifier pour penser à l'adaptation de ces secteurs.
23:09 – Merci beaucoup, merci à tous les deux et à bientôt sur Bismarck.
23:12 On passe à notre rubrique Smart Addis,
23:15 une start-up en pleine lumière, comme tous les jours.
23:17 [Générique]
23:24 Smart Addis, notre invitée est avec nous en duplex,
23:26 Manon Vaillant, la co-fondatrice de Purnat.
23:29 Bonjour, bienvenue, vous l'avez créée en 2020 avec Natacha Kinaji en Cap-Lac.
23:35 C'était quoi l'idée de départ, racontez-moi.
23:38 – Bonjour, alors l'idée de départ en fait, c'est une prise de conscience.
23:42 Donc Natacha, toutes les deux, on a eu connaissance des chiffres
23:47 de la pollution de l'air et plus particulièrement
23:49 de ses impacts sur la santé des populations.
23:52 C'est 20 000 décès par an en France,
23:55 donc c'est des conséquences qui sont dramatiques,
23:58 c'est 7 fois plus que les accidents de la route.
24:00 Et dans le même temps, Natacha a travaillé pendant 5 ans
24:03 à mesurer la pollution de l'air dans les bâtiments, donc sur le terrain,
24:07 et à essayer de mettre en place des solutions existantes
24:10 pour proposer des plans d'amélioration de la qualité de l'air dans les bâtiments.
24:15 Et par cette expérience, elle s'est rendue compte que malheureusement,
24:18 les solutions qui existent ne sont pas suffisamment efficaces
24:22 pour réellement protéger la santé des occupants,
24:25 et ont tendance également à apporter des problématiques
24:30 de consommation énergétique dans le bâtiment
24:32 et des problématiques d'impact écologique.
24:35 Donc c'est tous ces constats.
24:37 Vous vous êtes mise à inventer un nouveau purificateur d'air ?
24:42 Alors pas tout à fait, en fait.
24:45 On a décidé d'agir en créant Purnat
24:48 et d'exploiter le fruit des travaux de recherche de Natacha
24:51 qui, avant cette expérience terrain, a réalisé une thèse
24:55 sur les solutions qui permettent de détruire les polluants de l'air.
24:59 Et elle a inventé un tout nouveau matériau biomimétique
25:03 sous la forme d'un fil composite
25:05 qui permet de détruire les polluants de l'air
25:07 et à partir de lequel on fabrique le premier textile du marché
25:11 qui va non seulement capter les polluants, mais aussi les détruire.
25:15 Et alors en quoi c'est biomimétique ?
25:18 Alors le biomimétisme, c'est le fait de reproduire
25:24 ce qui existe naturellement dans l'environnement
25:27 et qui apporte des améliorations techniques et technologiques.
25:31 Donc là, la structure du fil imite les alvéoles des algues marines
25:37 et ça permet de décupler l'efficacité de purification,
25:41 d'épuration de ce matériau.
25:43 Donc vous avez déposé un brevet.
25:46 Vous en êtes où du développement de Purnat aujourd'hui ?
25:48 Aujourd'hui, à Purnat, depuis plus de deux ans,
25:52 on a fait du transfert technologique.
25:54 L'enjeu étant de sortir de la validation labo
25:57 et de transposer à une échelle qui rend viable
26:00 la technologie pour la commercialiser.
26:02 Et aujourd'hui, on est dans cette phase-là d'amorçage industriel
26:05 puisque cette année, on est en train de mettre en place
26:09 l'outil industriel qui doit nous permettre de fabriquer
26:12 en grande série notre textile et de pouvoir commercialiser
26:16 dès janvier 2024 auprès de nos cibles,
26:19 qui sont des industriels et des fabricants
26:21 de systèmes à traitement d'air.
26:23 Oui, et grâce à une levée de fonds, je crois,
26:25 de plus d'un million d'euros, ça permet de passer à l'échelle
26:28 cette phase industrielle.
26:29 Alors justement, vos clients, détaillez un peu vers quelles cibles
26:33 vous vous lancez.
26:35 Oui, Purnat, on est un fabricant de semi-produits.
26:39 C'est un peu, on aime bien se caractériser
26:41 comme le Gore-Tex de la dépollution de l'air
26:44 puisqu'on travaille avec des industriels
26:47 qui fabriquent des systèmes à traitement d'air
26:49 pour les bâtiments ou des purificateurs d'air
26:52 ou des industriels comme des constructeurs automobiles
26:56 pour équiper les habitacles automobiles,
26:59 les constructeurs dans l'aérospatial
27:01 et des industriels pour équiper directement
27:05 les procédés industriels qui génèrent de la pollution de l'air.
27:08 Donc, on leur propose une phase de pré-étude
27:12 où on va dimensionner sur mesure notre technologie
27:14 pour l'adapter à leur environnement
27:16 et à leurs contraintes de spécificité de chaque client.
27:20 Et ensuite, on va vendre un textile actif sur mesure
27:24 pour pouvoir le plugger directement
27:27 dans les produits finis de ces différents industriels.
27:30 Merci, merci Manon Vaillant et bon vent à PureNAT.
27:34 Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
27:37 Merci à toutes et à tous de votre fidélité à Bsmart,
27:40 la chaîne des audacieuses et des audacieux.
27:42 Salut !
27:43 [Musique]

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