L'édito de Mathieu Bock-Côté : «Documentaire sur Lola : l'opinion manipulée ?», dans Face à l'info.
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00:00 - Alors, quel est l'objectif de ce documentaire, du coup?
00:02 - Alors, ils ne sont même pas capables de cacher leurs intentions.
00:04 Ils le disent, ce qui nous inquiète, c'est qu'on a perdu la maîtrise du débat public.
00:08 Et là, il y a toute une partie du documentaire qui explique comment les gens normaux,
00:13 les gens bien, les gens fréquentables, les gens responsables, ont perdu le débat public
00:17 et comment, sur une stratégie sur plusieurs années,
00:20 et là, il y a tout un vocabulaire métapolitique, guerre culturelle,
00:24 comment depuis 30 ans, 40 ans, l'extrême droite aurait mené une conspiration
00:29 d'abord pour s'emparer de l'Internet, ensuite s'emparer des réseaux sociaux,
00:32 pour être capable d'imposer ces thèmes dans le débat public
00:35 et faire en sorte que certaines idées qui autrefois étaient dans les marges
00:38 sont désormais au coeur du débat public.
00:40 Je cite notamment une des personnes dans le documentaire qui dit, je cite,
00:44 "Le grand public est désormais exposé à des visions du monde réactionnaire d'extrême droite",
00:50 alors qu'auparavant, ce n'était pas le cas.
00:52 Alors, traduisons en d'autres termes, parce qu'évidemment, ces gens-là voient de l'extrême droite partout.
00:55 Le grand public est désormais exposé à des idées qui n'ont pas reçu le label autorisé
00:59 de l'intelligentsia progressiste.
01:01 Le grand public est exposé à des idées qui ne sont pas les nôtres,
01:04 nous, progressistes autorisés, financés publiquement.
01:07 Le grand public est exposé à des idées qu'on ne contrôle pas et qu'on ne méprise pas.
01:10 C'est un scandale!
01:12 Donc, il y a une volonté de reprendre le contrôle du débat public.
01:16 Et il y a un deuxième segment, enfin, un deuxième objectif qui est assez clair,
01:19 c'est d'interdire toute réflexion critique sur l'immigration.
01:22 Ça apparaît un peu, on parle de l'affaire Lola, on parle de nos QTF,
01:25 on parle d'un drame qui est quasiment une dimension diabolique.
01:27 Et eux trouvent le moyen de ramener ça sur grand emplacement,
01:30 de ramener ça plus largement à la question de l'immigration.
01:33 Et ils convoquent évidemment Hervé Lebrasse, qui est d'autres, évidemment, pour parler de ça,
01:37 qui est là pour nous expliquer qu'il n'y a pas de submersion migratoire.
01:41 Il n'y a pas, je laisse de côté le terme de grand emplacement,
01:43 mais il n'y a pas de submersion migratoire.
01:45 La population française n'a pas fondamentalement changé au fil des dernières décennies.
01:49 Et là, celui qui commente, vous savez, la voix off dans le documentaire,
01:53 nous le dit mot pour mot, les flux migratoires actuels ne présagent aucune submersion à venir.
01:59 Ah, bien c'est bien, merci de prendre la peine de nous le dire.
02:02 Donc, même dans un documentaire consacré au meurtre sauvage d'une petite fille,
02:06 ils sentent le besoin de ressortir leur lecture de l'immigration pour nous expliquer que,
02:10 A, elle ne cause jamais de problèmes en tant que telle,
02:13 B, elle n'est même pas présente, l'immigration, la submersion migratoire est inimaginable,
02:17 et en dernier instant, ceux qui s'en inquiètent d'une manière ou de l'autre
02:20 sont probablement des fascistes, sinon des gens d'extrême droite.
02:23 Ça, c'est ce qu'on appelait l'objectif, reprendre en main le débat,
02:25 expliquer que ceux qui pensent autrement sont d'extrême droite
02:27 et dévoiler la conspiration maléfique des gens d'extrême droite
02:30 qui auraient vu dans l'affaire Lola autre chose qu'un fait divers.
02:33 Finalement, ne mène-t-il pas une hypothèse dans cette histoire?
02:37 Oui, c'est l'hypothèse qui est absente de ce récit.
02:39 Je la propose ainsi, que des gens se soient sincèrement émus du sort réservé à la petite fille,
02:43 qu'ils n'étaient pas des animateurs, des intellectuels, des conspirateurs d'extrême droite.
02:47 Ils ont vraiment été ravagés par cette histoire qui prenait aux tripes,
02:49 qui bouleversait, qui frappait l'âme, qui brisait l'âme.
02:52 Ils ont voulu alerter la population sur la signification qu'ils prêtaient à cet événement.
02:56 Ils y voyaient davantage qu'un fait divers.
02:58 Ils y voyaient un fait de société, le symbole d'un ensevagement,
03:01 le symbole d'une société qui n'est plus capable de faire respecter quelques fois.
03:04 Justement, la personne était sous au QTF.
03:07 Administrativement, elle ne devait pas être ici.
03:09 On me permettra de le rappeler malgré les insultes qui viendront.
03:12 Ils ont été révoltés en apprenant que la meurtrière est un QTF.
03:16 Et de ce point de vue, ça n'avait pas été respecté.
03:18 Ils ont eu l'impression d'une forme de trahison collective.
03:20 Ils ont eu un haut le cœur quand ils ont appris que toute remise en question du discours médiatique,
03:24 c'était de la récupération politique.
03:26 Si vous exprimiez une lecture des événements qui n'étaient pas celles autorisées par l'idéologie dominante,
03:32 vous étiez dans la récupération politique.
03:34 Il y a quand même des limites à se faire extrême droitiser
03:36 parce qu'on s'émeut du sort d'une jeune enfant sur le sort qu'on lui a réservé.
03:40 Ils ont été peinés, je crois aussi, quand ils ont vu que l'intimidation posée sur les parents
03:44 pour les obliger finalement à désavouer non pas des manifestations politiques,
03:49 mais des gestes d'appui pour garder la mémoire de la jeune fille.
03:52 En dernière instance, un dernier mot, la véritable récupération, je crois,
03:56 se trouve dans ce documentaire qui est un documentaire idéologique,
03:59 un documentaire à charge, un documentaire sans pluralisme.
04:02 Et pire, dans le petit segment, vous savez, il y a une forme de petit débat qui suivait le documentaire.
04:06 Même pas le début d'un quart de huitième de contradiction possible,
04:09 on était dans la communion idéologique sur les services publics,
04:12 avec l'argent des contribuables, qui finance pour se faire endoctriner.
04:16 Merci, la 5.
04:18 [Musique]
04:22 [SILENCE]