Pierre -Yves Rougeyron : "Vouloir supprimer Twitter est une sanction liberticide !"

  • l’année dernière
Avec Pierre Yves Rougeyron Juriste, spécialiste en IE, Directeur de la Revue Perspectives Libres, Président du Cercle Aristote, auteur de l'ouvrage Enquête sur la loi du 3 janvier 1973.

Retrouvez Bercoff dans tous ses états avec André Bercoff du lundi au vendredi de 12h30 à 14h sur #SudRadio.

---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

———————————————————————

▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75...
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100063607629498
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
———————————————————————

☀️ Et pour plus de vidéos de Bercoff dans tous ses états : https://www.youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDQe5oKZlhHutOQlGCq7EVU4

##LE_FAIT_DU_JOUR-2023-06-01##

Category

🗞
News
Transcript
00:00 Sud Radio Bercov dans tous ses états, le fait du jour.
00:03 Alors est-ce que Twitter c'est l'amour ?
00:06 Grande question aujourd'hui, plus que jamais.
00:10 A partir du moment où on a entendu, et de plus en plus, d'abord vous avez entendu Thierry Breton,
00:15 qui disait que Elon Musk a intérêt à se conformer
00:21 à ce que va décider la Commission Européenne, l'Union Européenne sur les lois sur la désinformation,
00:26 sinon, attention, attention, et bien...
00:30 et à ajouter, Thierry Breton, cette phrase magnifique d'un boxeur,
00:35 "Vous pouvez courir, vous pouvez pas vous cacher", merveilleux, Thierry Breton qui se prend pour Cassius Clay
00:40 face à George Foreman, Elon Musk, je ne sais pas si ça va se passer comme ça.
00:44 Et puis, et puis, et puis on a entendu Jean-Noël Barraud, Jean-Noël Barraud je rappelle,
00:49 qui est ministre chez nous, Jean-Noël Barraud, ministre délégué,
00:54 chargé de la transition numérique et des télécommunications.
00:57 Et bien écoutez, écoutez ce qu'a dit Jean-Noël Barraud.
01:02 Il y a une règle qui va s'appliquer à partir du 25 août prochain
01:06 et qui oblige les grandes plateformes de réseaux sociaux à lutter activement contre la désinformation.
01:12 Mais Jean-Noël Barraud, ce que dit Elon Musk, ce n'est pas que la désinformation ne sert à rien,
01:15 il dit que ce code est superfétatoire, qu'il est inutile.
01:17 Il dit "J'ai ma communauté qui est capable de faire de la lutte contre la désinformation en ligne".
01:21 - Et bien écoutez, moi je souhaite que Twitter puisse se conformer d'ici le 25 août
01:25 aux règles européennes nouvelles que nous avons adoptées,
01:27 sinon il ne sera plus le bienvenu en Europe et force restera à la loi.
01:31 - Voilà, force restera à la loi.
01:33 Attention, après le 25 août, c'est la guillotine.
01:36 Alors, qu'est-ce qui se passe ?
01:38 Bonjour Pierre-Yves Géron.
01:40 - Bonjour, bonjour Jean-Noël Bercof.
01:42 - Vous êtes juriste, vous êtes directeur de la revue Perspective Libre et des éditions Perspective.
01:46 On a reçu beaucoup de vos auteurs.
01:48 Vous êtes président du cercle Aristote.
01:51 Alors, je voudrais savoir, qu'est-ce qui se passe exactement ?
01:54 Parce qu'on a vu les passes d'armes, d'abord avec Thierry Breton,
01:56 sur les États européens, l'européen Thierry Breton,
02:00 et puis voilà Jean-Noël Barraud,
02:02 et puis on a l'impression que la fièvre monte à El Tuitos,
02:06 et en tout cas un peu partout pour les réseaux sociaux.
02:09 Qu'est-ce qui se passe vraiment ? Qu'est-ce que ça cache ?
02:11 Expliquez-nous le mécanisme de tout cela.
02:14 - Alors, il y a à la fois un peu de conjoncture à El,
02:17 et beaucoup d'éléments de structure et d'éléments de communication.
02:20 Donc, pour bien comprendre, il faut revenir sur des faits simples.
02:27 L'Union européenne identifie toujours la liberté numérique,
02:31 et l'a toujours fait, comme un problème pour son pouvoir à El,
02:37 parce que, pour des raisons très simples,
02:39 rappelez-vous en 2005, liberté numérique,
02:42 l'Union européenne perd en un an deux référendums,
02:44 la France et les Pays-Bas.
02:46 Quand j'étais en poste au Parlement européen,
02:52 le thème de la menace intérieure,
02:54 alors la menace intérieure, dans un vocabulaire eurocratique,
02:57 ce n'est pas le terrorisme, c'est le populisme.
03:00 - D'accord. Il fallait déjà restreindre la liberté numérique.
03:04 - Nous étions en 2014, donc là, il n'y a pas de Délon Musk à accuser.
03:07 - D'accord.
03:09 - Donc, c'est cette envie de pénal, pour parler comme Philippe Muray,
03:14 cette envie de censure, qui était vraiment palpable
03:18 dans les institutions européennes déjà à l'époque,
03:21 n'a fait que croître et embellir.
03:23 Surtout que des lanceurs d'alerte,
03:26 y compris internes aux institutions,
03:30 extrêmement peu nombreux, je pense au cas de Michel Rivasi quasi exclusivement,
03:33 se sont mis à dire à l'extérieur ce que l'UE est,
03:40 ou du moins ce qu'elle fait.
03:42 - Le cas typique, les fameux SMS.
03:44 - Les SMS notamment, célèbres, toujours aussi inconnus que célèbres,
03:51 échangent Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne,
03:55 et Albert Bourla, le PDG de Pfizer.
03:58 Mais on dit toujours que ça n'a jamais existé, bien sûr.
04:00 - Tout à fait. Et imaginez, on coupe Twitter.
04:04 - Oui.
04:05 - Imaginez par exemple que l'affaire de ces SMS
04:08 sera infiniment plus facile à enterrer.
04:11 Tout simplement.
04:13 Donc l'Union européenne part de ce...
04:15 Il ne faut jamais l'oublier de la phrase de Jean-Claude Juncker,
04:20 qui n'est pas l'anti-européiste d'élite,
04:22 qui est l'ancien président de la Commission européenne,
04:25 "Il n'y a pas de démocratie contre les traités européens."
04:28 - Oui, c'est vrai qu'il a dit ça, exactement.
04:29 - Il faut se mettre dans ce cadre-là,
04:32 si on veut comprendre ce qui se passe avec Twitter.
04:34 Là, nous arrivons dans une année électorale européenne,
04:37 et sous le fond de la guerre d'Ukraine.
04:41 Qui dit guerre, dit propagande de guerre,
04:44 et disons...
04:46 - Et guerre de l'information.
04:47 - Et guerre de l'information.
04:49 Donc l'accusation d'anti-russe devient la loi des suspects,
04:52 nous sortons de l'épisode Covid qui a encore aiguisé cette envie de censure,
04:59 et donc l'Union européenne a eu son bâton de maréchal,
05:02 elle a fait fermer, et là pour le coup, hors traité,
05:05 donc en toute illégalité,
05:06 elle a fait fermer deux médias,
05:08 pour le cas français, RT et Spoutnik.
05:11 Maintenant que, vous savez, c'est toujours la première qui fait mal,
05:15 c'est comme les gifles,
05:16 et maintenant que ça c'est fait,
05:18 on va pouvoir, l'Union européenne s'estime,
05:23 pense qu'elle va pouvoir, disons,
05:26 réjanter sur d'autres fondements juridiques,
05:30 la liberté d'expression et d'opinion,
05:32 et réaliser son ambition, voire même son obsession.
05:35 Dans le cas Musk, que nous dit M. Breton ?
05:39 M. Breton qui a déjà un aspect personnel dans cette affaire,
05:43 parce qu'il veut Elon Musk sur son tableau de chasse,
05:45 tableau de chasse par ailleurs fort vide,
05:47 quand on fait le bilan de Thierry Breton comme commissaire.
05:51 - Commissaire aux affaires européennes, oui.
05:53 - Comme commissaire aux affaires européennes.
05:55 Donc, LIEU, c'est très simple,
05:58 LIEU tire son pouvoir des, ce qu'elle appelle,
06:01 les quatre libertés européennes,
06:03 donc les quatre libertés du marché.
06:05 Et à partir du marché, vous réjantez les populations.
06:08 Ces libertés sont simples,
06:11 libre circulation des personnes, donc immigration,
06:13 libre circulation des capitaux,
06:15 libre circulation des services,
06:17 et libre circulation des marchandises.
06:19 A partir de là, tout ce qui est à LIEU est à LIEU,
06:24 et tout ce qui est aux états, et donc aux populations qui sont dessous,
06:28 est négociable.
06:29 Vous comprenez que si il y a un marché numérique,
06:32 et bien on doit faire les règles du numérique,
06:35 et dans ce marché numérique, il y a
06:37 la liberté des données, la liberté d'expression.
06:39 - Alors justement, justement, je vous arrête là, c'est très intéressant
06:42 ce que vous dites, et ce qu'on dit,
06:44 c'est que, on dit par exemple,
06:46 Twitter, comme d'autres réseaux, ne respecte pas les règles européennes
06:50 sur le RGPD, en hébergeant des données personnelles d'utilisateurs O, B, I,
06:55 sur des serveurs américains.
06:57 Et vous le savez, c'est le deuxième chapitre, on en parle, bien arrive,
07:00 Rougéron, c'est que la maison,
07:03 META, la maison mère de Facebook,
07:05 a été condamnée par l'agence de protection des données irlandaise, DBC,
07:10 à payer 1,2 milliard d'euros pour avoir continué le transfert de données
07:15 d'utilisateurs européens, vers des serveurs localisés aux Etats-Unis.
07:18 Est-ce que ça c'est légal ou illégal, Pierre-Yves Rougéron ?
07:21 - Alors,
07:22 comme c'est assez souvent avec les européens, avec le...
07:27 l'eurocratie, ça dépend pour qui ?
07:30 Je vais vous donner l'exemple de l'accord SWIFT que le Parlement européen
07:34 avait demandé une deuxième monture.
07:36 L'accord SWIFT, c'est l'accord sur les données bancaires stratégiques quand même,
07:40 c'est pas rien.
07:41 Et c'est dans le cadre de l'antiterrorisme, les américains les voulaient chez eux.
07:46 L'Union européenne a dit "bien sûr",
07:48 le Parlement européen a dit "non, non, non, non,
07:51 il est évident que ce sera aux Etats-Unis",
07:53 mais le Parlement européen veut aussi signer le document,
07:55 c'est pour ça qu'il y a eu l'accord SWIFT 2.
07:57 - Que le Parlement européen prend pour un problème de liberté publique, mais pas du tout.
08:01 - D'accord, ils ont signé aussi, oui.
08:03 - Voilà. Or, le problème c'est que la Commission, elle est toujours dans cette optique-là,
08:06 c'est-à-dire ce qu'on appelle, pardonnez-moi l'anglicisme,
08:09 "free law of information",
08:11 c'est-à-dire circulation transatlantique des données.
08:15 Sachant que, pour des peuples qui vivent en Europe,
08:20 et pour le peuple américain,
08:24 la notion de données, ça c'est très important.
08:27 Ce n'est pas abstrait, ce n'est pas difficile à comprendre.
08:29 - Alors c'est quoi ?
08:30 - Mais il faut l'avoir en tête.
08:32 Pour quelqu'un qui vient du droit romain,
08:34 ce qui est le cas des Italiens, des Français,
08:36 en partie des Allemands, des Espagnols,
08:39 la donnée vous appartient à vous parce qu'elle sort de votre personne.
08:42 Donc elle est en partie votre propriété.
08:44 Pour quelqu'un qui est dans le droit anglo-saxon,
08:47 la donnée est un matériel sans maître, si vous voulez.
08:53 C'est une chose.
08:54 - Qui n'appartient à personne ou à tout le monde.
08:57 - Exact.
08:58 Et donc on peut en faire commerce.
08:59 Vous comprenez que ce petit écart de vue
09:02 donne un avantage commercial gigantesque
09:05 au monde anglo-saxon.
09:07 Et d'ailleurs, c'est pour ça que les anglo-saxons
09:10 veulent une partie de ces données.
09:13 Et c'est là où nous arrivons à Elon Musk.
09:15 Parce que la Commission européenne,
09:18 elle est un peu gênée par ces agences
09:21 comme le gouvernement irlandais
09:23 qui demandent des respects de protection des données
09:27 au nom de droits européens.
09:30 Nous sommes d'accord, des droits des différents pays européens.
09:33 Et la Commission européenne,
09:36 elle a toujours plié face aux Etats-Unis,
09:38 pas plié par menace, plié par volonté.
09:41 Et donc elle se dit,
09:42 "Bon, comment je vais habiller le fait de..."
09:47 Surtout dans un cadre de guerre d'Ukraine
09:49 où les Américains me disent,
09:51 "Comme c'est nous qui payons en partie la guerre,
09:53 vous avez intérêt à être plus lax avec vos données."
09:56 "Comment je vais pouvoir à la fois me coucher devant les Américains
10:01 et rassurer certains gouvernements
10:03 qui ne demandent qu'à croire par naïveté."
10:05 "Eh bien, je vais prendre le patron de Twitter
10:08 qui est le profil idéal,
10:10 il a une réputation dillibérale,
10:13 il est détesté de Joe Biden
10:15 et il faut cajoler l'administration démocrate,
10:19 il est populiste ou réputé tel,
10:24 et en plus, on sait que si on s'attaque à lui,
10:27 les autres boîtes américaines
10:29 ne prendront jamais de contre-mesures contre nous
10:33 parce qu'il est le vilain petit canard.
10:35 C'est le bouc émissaire parfait.
10:37 C'est le bouc émissaire parfait.
10:39 Et c'est pour ça qu'on l'attaque maintenant André Bercoff.
10:42 Vous voyez, c'est aussi simple que ça.
10:44 - Mais est-ce que ça ne va pas au-delà,
10:46 juste Pierre-Yves Rougeron,
10:48 la liberté d'expression ?
10:50 C'est-à-dire que quand j'entends que ce soit
10:52 Thierry Breton ou Jean-Noël Barraud ou d'autres
10:54 dire "écoutez, il faut qu'il se plie aux règles",
10:56 mais qui met le curseur sur la liberté d'expression ?
10:59 Qui décide des critères de la liberté d'expression ?
11:02 C'est M.Musk ?
11:04 Enfin, moi, je les mets dos à dos.
11:06 Qui décide ?
11:08 En quelle légitimité
11:10 la Commission européenne
11:12 va décider pour nous autres européens ?
11:14 En quelle légitimité ?
11:16 - C'est la question cardinale, la question de la légitimité, André Bercoff.
11:18 Mais par contre, je vais vous dire une chose.
11:20 Je pense qu'Alan Musk a au moins...
11:22 Vous savez, il y a ce que les gens disent, il y a ce que les gens font.
11:24 On peut penser ce qu'on veut d'Alan Musk,
11:26 mais il y a une chose qu'il a fait
11:28 et qui a mis le feu aux poudres, rappelez-vous,
11:30 c'est qu'il a viré de ses propres bureaux
11:32 les services de renseignement américains.
11:35 - Oui, FBI et compagnie, absolument.
11:37 - Or, d'un côté, je suis désolé,
11:39 qu'est-ce que des gens qui appartiennent
11:41 à l'appareil répressif
11:43 font sur des plateformes de réseaux sociaux
11:46 et d'échanges entre citoyens ?
11:50 À titre personnel, mon côté libéral, liberté publique,
11:53 devient un peu hurtiquant sur ces questions-là.
11:55 - C'est clair.
11:57 - Or, on peut dire ce qu'on veut de Musk,
11:59 mais c'est un acte profondément libertaire
12:01 d'arriver dans un réseau de libre expression,
12:04 de voir qu'il y a des flics et de virer les flics.
12:06 C'est un acte libertaire qu'on l'accepte ou pas.
12:09 - C'est clair.
12:10 - Et c'est là où, effectivement, on va voir ce qui va se passer.
12:12 Alors justement, par rapport à ça, Pierre-Yves Rougeron,
12:15 est-ce que si, par exemple, le 25 août,
12:18 puisqu'ils donnent toute la date du 25 août,
12:20 ils décident d'abord, ce seront des amendes, etc.
12:23 et puis, disons, la suppression.
12:25 Qu'est-ce que ça change pour les internautes ?
12:28 Est-ce que, par exemple, si demain, la Commission européenne,
12:30 puisque ce ne sera pas que la France,
12:32 décide de couper le robinet
12:35 ou de fermer le robinet Twitter,
12:37 il se passe quoi ? C'est fini ? On n'aura plus Twitter ?
12:40 Ou il va y avoir des chemins de traverse ?
12:42 - C'est très simple.
12:43 Ça veut dire que le symbole de la liberté d'expression en Europe,
12:46 comme en Corée du Nord, ça s'appellera le VPN.
12:49 - Le VPN. Expliquez le VPN.
12:52 - Alors, c'est très simple.
12:54 C'est-à-dire que vous allez utiliser un dispositif technique
12:58 qui va vous permettre de vous identifier comme un pays hors UE
13:01 pour avoir accès à tous les médias censurés dans l'UE.
13:03 - D'accord.
13:05 - Ce qui veut dire que vous faites entrer
13:08 le citoyen, l'andat, père de famille,
13:11 qui n'a rien fait à personne, qui veut s'exprimer ou s'informer,
13:14 vous le faites entrer dans la case dissidents politiques.
13:17 Il faut mettre les mots derrière les choses, André.
13:20 - C'est intéressant, effectivement.
13:23 On en fait un citoyen transgressif alors qu'il n'a rien demandé.
13:26 Tout ça au nom de la liberté d'expression.
13:28 - Bien sûr.
13:29 - Et en fait, au nom de l'Union européenne.
13:31 C'est très intéressant. On va suivre ça.
13:33 Merci beaucoup Pierre-Yves Rougeron, c'est vraiment très éclairant.

Recommandée