Y a-t-il un espace à gauche en-dehors de la NUPES ?

  • l’année dernière
Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Jean Doridot, Michaël Sadoun et Paul Melun, essayiste et éditorialiste, auteur de “libérer la gauche” publié aux éditions du Cerf.

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##LE_COUP_DE_PROJECTEUR_DES_VRAIES_VOIX-2023-06-05##

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Transcription
00:00 Les vraies voix Sud Radio, le code projecteur des vraies voix.
00:03 - Et la grande question c'est peut-on retrouver une véritable gauche de gouvernement ?
00:07 C'est le pari lancé par Bernard Cazeneuve et son mouvement La Convention qui se tiendra pour la première réunion le 10 juin à Créteil.
00:14 L'objectif est avant tout de moderniser, d'adapter la sociale démocratie au nouveau défi de la société française que la NUPES
00:22 n'aurait selon lui pas réussi à faire. Un défi partagé par le maire de Rouen Nicolas Meillère-Rossignol.
00:28 - Oui ça a bougé beaucoup ce week-end entre tribunes dans le JDD, réunion à Montpellier, en attendant Créteil le week-end prochain.
00:35 Alors est-ce que pour vous il y a une place à gauche à côté de la NUPES ?
00:39 Ou est-ce que la NUPES a tout phagocyté et il n'y a plus d'espace dans tous les cas de figure ?
00:44 On attend vos appels au 0826 300 300.
00:47 - Et pour l'instant vous dites un grand nom. Paul Melun était avec nous, essayiste et éditorialiste,
00:51 auteur de Libérez la gauche, publié aux éditions du Serre. Bonsoir, merci d'être avec nous.
00:56 - Bonjour, Philippe, on en parle depuis des mois et là ça se concrétise peut-être un peu plus.
01:01 - Alors en fait la question de CEDRADIO est évidemment pertinente.
01:07 Je dirais que j'espère que le mouvement, vous me rappelez le nom, la convention créée par Bernard Cazeneuve
01:17 peut constituer un espace de gauche entre la NUPES et, je dirais, les forces de droite plus conservatrices.
01:27 Mais ce qui m'inquiète un peu, et je connais Paul, j'ai lu beaucoup de ses entretiens,
01:33 je ne suis pas persuadé que la convention, à moins que s'y agrège un certain nombre de personnalités indiscutables,
01:44 soit tout à fait sur la longueur d'onde qu'impliquerait une gauche qui s'opposerait véritablement à la NUPES.
01:52 J'ai l'impression qu'il reste encore dans cette convention beaucoup de frilosité par rapport aux sentiments populaires
02:01 et qu'au fond, j'espère me tromper, mais c'est brutalement dit.
02:06 - Michael Sadoun.
02:08 - Comme je suis d'accord, je trouve que Bernard Cazeneuve n'a pas d'espace politique
02:12 parce que globalement, qu'est-ce qu'il incarne Bernard Cazeneuve ?
02:14 C'est globalement du macronisme, un peu moins bravache, avec peut-être un peu plus de social, c'est ça ?
02:21 Et peut-être le poids du corps un peu plus sur ce qu'il appellerait les valeurs de la République, c'est ça ?
02:26 Avec une laïcité un peu plus ferme.
02:28 Moi je pense que globalement, tant que ces gens-là sont attachés profondément à l'Union européenne et à la mondialisation,
02:35 ils n'incarneront pas, comme dit Philippe Bilger, le sentiment populaire,
02:39 qui est un sentiment de déclassement, qui est un sentiment de rupture avec les élites,
02:44 qui est un sentiment d'attachement à des racines, à un sol national, à un sacré, parce que les gens ont besoin de sacré,
02:50 et que cette gauche-là refuse un petit peu ça aux gens au nom de la République,
02:54 qui est censée incarner une neutralité vis-à-vis de toutes les croyances.
02:57 Voilà, je trouve que c'est une gauche qui m'est sympathique, mais qui n'est pas très incarnée.
03:02 - Jean Dorido.
03:03 - Oui, c'est-à-dire qu'en fait le problème de la gauche, aujourd'hui en France, c'est le même problème que celui de la droite.
03:10 En réalité, on voit bien à quel point les deux grands mouvements historiques...
03:15 - Ça gaudit. - Ben oui, on avait LR d'un côté, le PS de l'autre, c'était vraiment deux gros poids lourds des élections,
03:24 et là on voit bien à quel point ils ont été complètement siphonnés par leurs extrémités, en réalité.
03:30 Et aujourd'hui, à droite, on a RN qui fait la radia sur les voix,
03:34 une autre partie de la droite qui est partie chez Macron, et en fait c'est pareil à gauche.
03:38 On a cette gauche de gouvernement, qui est vraiment la social-démocratie, qui a rejoint aussi les rangs macronistes,
03:44 et donc il reste une gauche beaucoup plus radicale, autour quand même du gros pôle LFI,
03:51 avec les satellites, le PC, le Gilet vert, et puis les socialistes qui ont rejoint aussi la NUPES.
03:59 - Donc il n'y a plus personne ? - Il resterait peut-être une gauche populaire, etc.
04:04 Je trouve qu'elle ressemblerait quand même étrangement à ce qu'incarne le RN aujourd'hui, il faut le dire quand même.
04:09 - De toute façon, ça fait un bout de temps que le Parti communiste s'est fait siphonner, effectivement, par le RN.
04:15 - Paul Melin, en Bernard Cazeneuve, on cherche toujours des visages,
04:19 c'est-à-dire que, quels que soient les partis, aujourd'hui on dit "mais le problème, il n'y a pas de visage, il n'y a pas d'incarnation, pas de visage".
04:24 Là au moins, il est très identifié, après de construire un programme derrière,
04:29 et puis il a une... physiquement, quand je regarde sur les réseaux sociaux, on me dit qu'il a une stature plus présidentielle que les autres.
04:34 - Oui, les gens disent "il fait président", c'est l'expression pour Bernard Cazeneuve.
04:38 Vous avez raison, la Ve République repose sur l'homme ou la femme, soyons inclusifs maintenant, providentiel.
04:45 Par conséquent, toute grande idéale, toutes idées providentielles sont vaines si elles ne sont pas incarnées par une personnalité forte.
04:53 C'est comme ça que nous sommes structurés, depuis l'élection du président au suivant anniversaire en 1962,
04:58 et même bien avant, puisque De Gaulle a eu le génie de réconcilier notre fond monarchiste,
05:03 ou notre appétence pour l'ancien régime, et notre appétence à la révolution et à la démocratie.
05:07 Par conséquent, Bernard Cazeneuve pourrait incarner cela en ce qu'il est, et moi c'est quelqu'un pour qui j'ai de l'amitié et du respect.
05:13 Maintenant, la limite, et je rejoins un peu ce qui a été dit dans le tour de table,
05:16 c'est que Bernard Cazeneuve, s'il veut vraiment incarner une alternative à la nupes,
05:21 il faut qu'il l'incarne d'abord au plan des idées, au plan de l'idéal.
05:24 Jaurès disait "aller à l'idéal en passant par le réel".
05:27 Eh bien c'est ça le travail de Bernard Cazeneuve aujourd'hui, il doit penser la question de l'immigration,
05:30 qui est un impensé à gauche, les Danois le font très bien par exemple,
05:33 donc il devrait s'inspirer de ce que fait Mme Fredricksen, par exemple la première ministre danoise,
05:37 il devrait penser la question de l'Europe, autre qu'avec les poncifs de 92, de Maastricht,
05:42 et tout ce qui a été professé au Parti Socialiste depuis 20 ans.
05:46 S'il rompt avec un certain nombre d'idées préconçues sur les questions européennes,
05:51 sur les questions migratoires à gauche, il aura un espace.
05:53 Parce qu'intellectuellement, il est solide, parce qu'il a bien tenu le pays
05:58 lorsqu'il y a eu les attentats terroristes et qu'il a su garder et préserver l'unité nationale,
06:02 c'est quelqu'un qui a beaucoup de qualités en tant qu'homme.
06:04 Mais je crois qu'il lui manque encore ce supplément d'idéal
06:08 qui lui permettrait de rejoindre ce que fut la gauche,
06:10 et c'est d'ailleurs la démonstration que je fais dans mon livre,
06:12 ce que fut la gauche au XIXe siècle sur l'assimilation, sur la nation, sur le peuple,
06:16 face aux élites d'alors qui étaient les grands capitaines de l'industrie,
06:19 et Jaurès s'était incarné par sa lutte contre le marquis de Solage.
06:23 Donc il reste à la gauche à savoir qui est le marquis de Solage aujourd'hui.
06:26 Est-ce que c'est Netflix, Amazon, les géants américains ?
06:30 Ou est-ce que c'est le petit patronat français ?
06:32 Moi je pense que c'est plutôt les premiers.
06:33 - Tiens, quelle personnalité voyez-vous pour incarner la gauche ?
06:36 Une gauche alternative à la nupest aujourd'hui ?
06:39 Venez nous le dire au 0826-300-300, Jean Dorido frétillait sur sa chaise.
06:43 - Oui, non, je bois les paroles de notre invité, c'est extrêmement intéressant.
06:47 D'abord ça fait du bien d'entendre des références culturelles qui puisaient du XIXe siècle.
06:53 C'est vrai que ça manque en politique, on a vraiment le sentiment
06:55 qu'à force de faire du marketing électoral,
06:57 nos responsables politiques n'ont plus aucune ossature, je dirais, idéologique.
07:02 Maintenant, pour paraphraser un homme, je pense, de gauche,
07:06 j'ai envie de dire, d'un point de vue électoral,
07:09 quand bien même ça prendrait de l'ampleur,
07:11 M. Bernard Cazeneuve, combien de divisions ?
07:14 Parce que le PS rejoint la nupest, donc il est tout seul, monsieur.
07:17 - Attendez, en plus, effectivement, vous avez raison dans votre question,
07:20 dont je comprends un peu l'idée derrière,
07:23 c'est qu'effectivement le Parti Socialiste aujourd'hui,
07:25 il est tenu, il est phagocyté par Olivier Faure.
07:28 Dans mon livre, je ne suis pas tendre avec Olivier Faure,
07:29 je dis que son seul talent, c'est celui d'Apparatchik.
07:31 Et il est très bon là-dedans.
07:32 Et il y a des gens qui font toute une carrière
07:34 en verrouillant des élections internes,
07:36 en magouillant au téléphone avant les congrès.
07:38 C'est très fort et ça permet de se maintenir sans talent.
07:40 Et donc effectivement, M. Faure, il tient le Parti Socialiste.
07:43 Et même si Bernard Cazeneuve est probablement bien plus talentueux qu'Olivier Faure,
07:47 il ne pourra pas le reprendre.
07:48 Parce qu'Olivier Faure a claquemuré le Parti Socialiste.
07:50 Certes, ils ont vendu Solferino,
07:51 mais il reste encore les murs, disons, les divisions du Parti Socialiste
07:54 qui sont très, comme un peu, LR, qui sont très enviables.
07:57 La caisse, les élus locaux, les militants,
08:00 il en reste encore quelques-uns, le maillage territorial.
08:02 Et Bernard Cazeneuve, il essaie d'intenter une dynamique parallèle,
08:06 si je puis dire, avec Carole Delgaï, avec Miquel De La Fosse,
08:08 avec tous ces gens-là.
08:09 C'est très localisé autour de Midi-Pyrénées.
08:11 Stéphane Le Foll au Mans...
08:12 - Nicolas Meyer-Rossignol...
08:13 - Absolument.
08:13 - Est-ce qu'on peut parler de putsch alors ?
08:14 - Compliqué.
08:15 - Est-ce que c'est une tentative de putsch contre le rêve de...
08:17 - Non, c'est une tentative de dynamique parallèle.
08:19 Le putsch, ce serait si Bernard Cazeneuve
08:21 tentait, à l'intérieur du Parti Socialiste, d'en prendre la tête.
08:24 Mais là, il n'a pas les moyens.
08:25 Il lui égare le nombre de premiers fédéraux.
08:27 C'est le Parti Socialiste.
08:28 C'est une organisation très similaire à ce qu'a été
08:32 le Parti Communiste à certains égards, le Parti Socialiste.
08:35 C'est-à-dire tout de même une organisation pyramidale
08:37 où le voix des militants est une démocratie, disons,
08:40 tout à fait aléatoire, pour être respectueux.
08:42 Et donc, c'est très difficile.
08:43 - Vous avez été au Parti Socialiste, en plus.
08:44 - J'y étais pendant près de 10 ans.
08:46 Je sais de quoi je parle, les instances.
08:47 - Mais Paul, en dehors même du Parti Socialiste,
08:52 est-ce que vous ne croyez pas que le relatif succès de la NUPES,
08:56 qui a sauvé le Parti Socialiste à l'époque lors des législatives,
09:01 est le principal obstacle au succès de l'entreprise de Bernard Cazeneuve ?
09:07 - Vous avez raison.
09:08 C'est-à-dire que Jean-Luc Mélenchon, non seulement,
09:10 occupe une sorte d'hégémonie électorale, stratégique,
09:13 mais aussi médiatique, mais aussi intellectuelle.
09:15 C'est-à-dire que quand vous parlez aux jeunes gens
09:17 qui s'engagent à gauche aujourd'hui,
09:18 c'est sur la base idéologique d'un Jean-Luc Mélenchon.
09:21 C'est sur les questions WOC,
09:22 c'est sur les questions de "l'immigration est une chance"
09:24 et on ne débat pas de ce sujet-là.
09:26 C'est sur les questions de l'écologie,
09:27 avec une écologie plutôt axée sur une écologie dite "radicale".
09:30 Il y aurait beaucoup à en dire,
09:31 vous savez que c'est un sujet qui me passionne.
09:33 Mais en tout cas, c'est les grands totems.
09:35 Anti-police, la police tue,
09:36 selon le verbatim consacré par Jean-Luc Mélenchon.
09:39 Donc si vous voulez, effectivement,
09:41 le substrat culturel de la gauche contemporaine,
09:44 il est très difficile à saisir pour Bernard Cazeneuve
09:46 puisqu'il est phagocité, habité en majesté par Jean-Luc Mélenchon
09:50 et ses lieutenants.
09:51 Maintenant, ça ne leur permettra jamais d'arriver au pouvoir.
09:54 Quelqu'un de sérieux ne peut pas vous dire
09:55 que Jean-Luc Mélenchon puisse arriver un jour au pouvoir.
09:57 Ce n'est pas possible avec un tel programme,
09:59 il cliffe trop, il fragmente trop la société.
10:01 La gauche, quand elle a voulu gagner,
10:02 François Mitterrand le disait fort justement en 1980,
10:04 il avait dit "nous avons été élus par un peuple de droite".
10:06 Donc il avait dit à ses conseillers.
10:08 Et je crois que c'est Serge Moetti qui le rappelle.
10:10 Et donc c'est très intéressant.
10:11 Pour gagner, la gauche a toujours su
10:12 qu'elle devait se déporter au centre.
10:14 François Hollande l'a su,
10:15 Lionel Jospin l'a su,
10:16 François Mitterrand l'a su,
10:17 Jean-Luc Mélenchon l'ignore, il ne sera jamais élu.
10:19 - Paul Mollin, juste avant de donner la parole à Michael Zadoun,
10:22 mais il y a bien cette gauche qui veut sortir de l'outrance
10:26 et qui veut retrouver une gauche plus stable,
10:29 plus modérée peut-être,
10:31 qui pourrait se retrouver chez Bernard Cazeneuve.
10:33 Qui aujourd'hui, disent "moi Olivier Faure,
10:35 vous l'avez dit, il ne représente plus rien
10:38 puisque c'est Jean-Luc Mélenchon".
10:40 Mais à côté, il y a cette gauche
10:42 qui ne se retrouve pas non plus de l'autre côté
10:44 et qui aimerait bien peut-être reprendre un courant plus stable.
10:47 - C'est là que je pense qu'il y a un espace politique.
10:49 C'est la gauche de Bernard Cazeneuve.
10:50 - Donc il y a un avenir.
10:51 - En tout cas, il y a un espace politique
10:53 qui pourrait faire un avenir.
10:54 Après, la question de savoir si c'est 5% de l'électorat,
10:57 7%, 8%, 10%, ce sera gaffe plus.
10:59 Il s'agit des anciens strouskaniens
11:01 qui ont rejoint Emmanuel Macron.
11:03 Ils ne sont pas légion.
11:04 Alors si Emmanuel Macron se déporte plutôt
11:06 sur la droite de l'échiquier politique
11:08 et qu'il écoute plutôt la ligne d'Armanin,
11:10 là en ce moment, ils sont en train de se diviser
11:12 sur l'aide médicale d'État
11:13 parce qu'il y a cette proposition de l'LR
11:14 qui fragmente beaucoup les macronistes.
11:16 Si dans ces cas-là, ils choisissent par exemple
11:18 de supprimer l'AME,
11:19 là vous allez voir que Bernard Cazeneuve
11:21 va peut-être récupérer un certain nombre de personnes
11:23 qui arriveront du macronisme
11:24 et qui seront les déçus du macronisme.
11:26 Mais ça ne fait pas non plus suffisant.
11:27 C'est pour ça que je rappelle le peuple et la nation.
11:29 - Je pense qu'il n'a aucun espace politique
11:32 parce que je ne serais vraiment pas capable
11:35 de dire ce qu'il y a de différent
11:36 dans la ligne idéologique de Bernard Cazeneuve
11:38 que chez Emmanuel Macron.
11:39 Les gens qui soutiennent d'ailleurs Bernard Cazeneuve
11:42 qui sont des gens qui me sont sympathiques
11:44 en plus intellectuellement, idéologiquement,
11:45 des gens du printemps républicain, etc.
11:47 ce sont d'ores et déjà des soutiens d'Emmanuel Macron.
11:49 Donc il n'y a aucun espace entre les deux.
11:53 Vous le disiez, la seule manière peut-être
11:55 d'arriver à un autre électorat,
11:56 ce serait de changer de discours
11:58 sur l'immigration et sur l'Europe.
12:00 Le problème, c'est que si Bernard Cazeneuve fait ça,
12:03 il sera droitisé immédiatement dans le débat public.
12:05 - Sauf que Miquel aujourd'hui.
12:07 - Est-ce qu'il aura le courage d'être traité de facho ?
12:11 - Ça ne sert à rien. - Il aura du courage, je vous rejoins.
12:12 - Par Libé ou par Téléraman ?
12:13 - Non, vous avez raison, il a peur.
12:15 - C'est quelque chose, je dirais que c'est un facteur
12:16 presque sociologique.
12:18 Il y a des gens qui sont prêts à se mettre en risque
12:20 avec leurs idées, ceux qui ne l'ont jamais fait de leur vie
12:22 se révèlent rarement, je pense, à 60 ou 70 ans.
12:24 - Oui, derrière, il y a des antipathies,
12:28 peut-être psychologiques, personnelles,
12:30 qui pourraient créer des clivages intéressants.
12:34 Hollande, Macron, Bernard Cazeneuve,
12:37 ce n'est pas un trio qui s'enchante.
12:40 - Peut-être, mais je pense que le peuple n'en est pas dupe
12:42 et qu'il voit très bien que cette gauche-là,
12:44 globalement, dit la même chose que les macronistes,
12:46 c'est-à-dire que les gens qui votent pour Marine Le Pen
12:48 sont des incapables ou des gens qui n'ont pas compris son programme.
12:51 La caissière qui va refuser de se vacciner est une crétine,
12:54 elle n'a pas compris la science alors que nous, nous l'avons compris.
12:56 Et je pense que les gens ne sont plus dupes de ça.
12:58 Voilà, c'est tout.
12:59 - Oui, sauf que l'incarnation d'Emmanuel Macron agace,
13:02 c'est-à-dire que les gens ne l'apprécient pas, visiblement.
13:05 - Oui, c'est peut-être la nuance que je mettrai à vos points l'un à l'autre,
13:08 que je partage en partie,
13:09 c'est que Bernard Cazeneuve, justement, il est là où on ne l'attend pas.
13:11 Et dans mon livre, je parle de François Hollande,
13:13 que moi, en même temps, vous allez peut-être me trouver un peu candide.
13:15 Je voyais dans François Hollande, quelqu'un qui, par sa bonhomie,
13:18 par sa tranquillité institutionnelle, si je puis m'exprimer ainsi,
13:21 pouvait incarner quelque chose qui allait disrupter,
13:23 pour parler macronistes, les institutions,
13:25 en disant "eh bien oui, je peux faire la déchance de nationalité,
13:27 vous ne m'avez pas vu venir, je vais le faire".
13:28 Et cette force-là, c'est aussi la force,
13:30 par exemple, des sociodémocrates au Danemark,
13:32 c'était les prédécesseurs de la droite nationale qui ont gagné en Suède.
13:35 Elle avait commencé à reconnaître la Première Unie suédoise
13:38 en parlant d'immigration, qu'il y avait un lien entre immigration et d'alimentation.
13:40 Donc ce chemin-là, quand il est fait par des personnes dont on a considéré,
13:44 dont l'établissement, pour parler facilement,
13:47 a considéré que c'était l'extrême droite, etc.,
13:49 parce qu'ils portent le nom Le Pen et autres,
13:51 forcément, on va les écarter du débat public.
13:52 Mais quand ça vient de personnes qui sont institutionnellement respectables,
13:56 qui viennent du Serail pour parler crûment,
13:59 ces gens-là, eux, peuvent exprimer un certain nombre de réalités.
14:02 Regardez l'impact de la phrase d'Emmanuel Macron sur la décivilisation.
14:05 Regardez l'impact de la phrase de Gérald Darmanin
14:07 sur le lien entre immigration et délinquance.
14:08 Mais c'est des choses qui sont dites depuis belle lurette,
14:10 depuis des décennies, par des personnes autrement moins fréquentables qu'eux.
14:13 - Mais même eux ont du mal à l'assumer.
14:15 - Oui, dès lors qu'ils le disent, ils changent le débat public.
14:18 C'est-à-dire que derrière, quand quelqu'un dans la rue va dire
14:19 "Bah oui, moi je pense qu'il y a un phénomène de décivilisation",
14:21 on ne peut pas le traiter de facho, puisque le président de la République l'a dit.
14:24 Donc à un moment donné, si vous voulez, les termes entrent progressivement
14:27 dans le débat public, et c'est comme ça que les idées infusent.
14:30 Et je voyais, moi, candidement, dans un Bernard Cazeneuve,
14:33 un potentiel candidat à cette entrée d'un certain nombre d'idées dans le débat public.
14:37 - Mais vous avez peut-être raison, Paul, je sais pas,
14:40 j'ai l'impression qu'Emmanuel Macron va de plus en plus à droite,
14:44 je pense à ce qu'on a dit de Jean-Michel tout à l'heure.
14:47 - Oui, ça c'est intéressant.
14:48 - Et donc peut-être que ça peut lui... Oui, il va carrément, et mon Dieu,
14:52 avec quel retard !
14:54 - Mais c'est du pure opportunisme politique, et je pense que les gens voient aussi
14:57 ces mouvements-là, et qu'ils veulent de la radicalité et du vrai changement dans la politique.
15:02 - On part au standard.
15:02 - On part au standard avec notre auditrice du jour, notre vraie voix du jour, Claudine.
15:06 Est-ce que pour vous, il y a un espace à gauche hors la nupèce, Claudine ?
15:09 - Moi, je vais prendre 30 secondes déjà pour féliciter
15:15 mon compatriote des deux sèvres, Bré Suiret,
15:19 que j'apprécie beaucoup, et quand il viendra dans les deux sèvres,
15:23 s'il peut me contacter, ça sera avec plaisir.
15:25 - Avec joie. Vous savez, je suis dans les deux sèvres en général 50% de la semaine,
15:29 donc vous m'écrivez un petit message et on fera quelque chose.
15:31 - Alors n'hésitez pas...
15:34 - Un couple se forme !
15:36 - Agence patrimoniale Sud Radio, bonjour !
15:38 - Arrêtez de vous moquer de la relation avec Claudine.
15:41 On tient à notre intimité.
15:43 - N'exagérez pas, je pourrais être sa mère.
15:46 - Et alors ? C'est pas grave.
15:49 - Non mais moi, je ne sais pas...
15:51 - Brigitte Macron et Emmanuel Macron, on va se faire la...
15:53 - En posé, Claudine, sur la gauche.
15:55 - Non, je ne fais pas dans le coulard.
15:57 Donc, ce que je voulais dire, c'est que je pense que,
16:00 non, Bernard Kadzeuf, il est trop dans la vieille garde
16:04 socialiste, pro-européiste, etc.
16:07 - Hollandiste.
16:09 - Oui, hollandiste, et je pense que, franchement,
16:13 il y a des espaces, mais il y a des espaces, maintenant,
16:16 pour une gauche qui tirerait beaucoup plus sur le souverainisme.
16:19 Et ça, je pense que ça manque, réellement.
16:22 Personnellement, je suis plus côté droite, souverainiste,
16:26 mais, en fait, je pense que côté gauche, il y a beaucoup de gens,
16:29 aussi, quand même, qui ont envie de se retrouver
16:32 au niveau de la nation, quelque part,
16:35 mais qui sont de gauche et qui n'iront jamais
16:38 du côté de la droite, ou même du côté de Marine Le Pen.
16:41 Or, je pense que là, il y a vraiment quelque chose à faire
16:44 de ce côté-là. Et il est très dommage
16:47 que des gens, justement, comme Paul Mellat,
16:51 ne n'aillent pas vraiment
16:55 former un groupe, quelque chose,
16:58 qui prenne un peu de cet espace-là. Je pense que
17:01 les jeunes ont quelque chose à faire de ce côté.
17:04 - Vaste programme. Vous voulez répondre, Paul Mellat, ou après,
17:07 une courte pause ? - On fait une courte pause.
17:09 - Je remercie juste Claudine et je répondrai après.
17:12 - Parce qu'il faut faire une courte pause publicitaire.
17:15 - Vous restez avec nous. Et pas mal d'appels au standard.
17:18 On prendra Chantal, aussi, dans quelques instants. 0826 300 300.
17:21 A tout de suite. On fait une petite pause.

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