• il y a 2 ans
Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Françoise Degois, Sébastien Ménard et Pierre-Marie Sève, directeur de l’institut pour la justice

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##LE_COUP_DE_PROJECTEUR_DES_VRAIES_VOIX-2023-10-26##

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Transcription
00:00 Vraie Voix Sud Radio, le code projecteur des vraies voix.
00:03 Et l'un des mis en cause pour le morte de Patrick Lannis, lors des fêtes de Bayonne,
00:07 traîne un lourd passé judiciaire.
00:08 Cet homme de 27 ans a été condamné à 7 ans de prison par la Cour d'Assise de Paris
00:12 en 2021 pour viol en réunion, vol aggravé et escroquerie.
00:15 Et après un peu plus de 3 ans derrière les barreaux, il est sorti de prison en janvier
00:19 dernier sous le régime de la libération conditionnelle, après une période de semi-liberté.
00:23 Mais est-ce que pour vous les aménagements de peine sont responsables d'une partie de
00:26 la récidive ?
00:27 Et pourquoi le système judiciaire français organise des sorties aussi anticipées de
00:32 personnes ayant fait des actes particulièrement graves ?
00:35 Est-ce que la justice française est trop laxiste ?
00:38 Parlons vrai, venez témoigner au 0826 300 300 et pour le moment faut-il supprimer les
00:43 remises de peine ?
00:44 Vous dites oui à 83%.
00:45 Et notre expert pour en parler, Pierre-Marie Sèvres, directeur de l'Institut pour la
00:49 Justice Boursoir.
00:50 Merci d'être avec nous en direct.
00:52 Philippe Bilger, c'est forcément une question un peu provocatrice.
00:57 Je ne voudrais pas être trop long, Cécile Philippe là-dessus.
01:01 Il y a un commentaire très court, c'est non juste l'automatisation des remises de
01:05 peine que dit Jackie Bordage.
01:07 Ah oui, moi ça fait longtemps, mais en pure perte, un total désespoir de cause que je
01:14 considère qu'il n'y a, je ne vois pas la ligne directrice qui fait qu'on considère
01:21 qu'une peine, notamment criminelle, ne doit pas, dans son principe, être intégralement
01:27 exécutée.
01:28 Et donc à partir de là, il y a en permanence des aménagements.
01:33 Parce que ça résulte d'une idée que je trouve faussement humaniste, c'est-à-dire
01:39 que, étrangement, lorsqu'un crime atroce est commis, il y a une sorte d'indignation
01:45 générale pour le mépris, l'opprobre sur le criminel, mais dès que celui-ci est condamné,
01:54 il ne devient plus criminel, mais il va devenir l'homme qui va souffrir en prison.
02:00 Et à partir de là, au lieu de vouloir l'exécution intégrale de la peine, on décide d'avoir
02:07 des aménagements.
02:08 Mais je termine là-dessus, à la grande rigueur, j'admets tout à fait qu'on peut faire des
02:14 grands partages en matière criminelle.
02:16 Je séparerais radicalement les atteintes aux biens, même si je ne les félicite pas,
02:23 entendons-nous, des agressions contre les personnes et des crimes sexuels.
02:28 Là, évidemment, c'est un grand partage.
02:31 On ne peut pas relâcher dans la nature, avant l'heure, des gens qui ont déjà tué, qui
02:37 ont assassiné et qui sont à la fois victimes et coupables, comme dans la criminalité sexuelle.
02:44 - François Sebevoit.
02:45 - J'entends tout à fait ce que dit Philippe Bilger, il est très convaincant.
02:48 J'ai l'impression qu'il faut là encore aller au cas par cas.
02:54 On ne peut pas tirer de généralité de ce qui s'est passé à Bayonne.
02:58 C'est un désastre, mais j'imagine quand même qu'il y a des criminels, même des crimes
03:01 de sang.
03:02 Je pense qu'il y a des criminels qui montrent aussi, pas une forme de rachat, mais l'idée
03:06 quand même qu'on peut les laisser sortir.
03:08 Ce ne sont pas tous les gens qui ont commis des crimes de sang, qui sont des récidivistes.
03:14 Sinon, évidemment que la justice aurait changé depuis longtemps.
03:18 La question, comme toujours, que vous posez, elle est provocatrice, comme disait Cécile,
03:22 mais la justice est-elle trop laxiste ? Je n'en peux plus !
03:25 - Ce n'est pas la question, il faut qu'il se remette à la remise de peine.
03:27 - Mais moi je ne crois pas qu'il faille.
03:28 Vous voyez, c'est de la dentelle la justice.
03:31 La justice, c'est de la dentelle.
03:32 Alors, est-ce qu'elle est mal exécutée, la dentelle ?
03:35 Mais je crois quand même que globaliser et dire oui ou non, ça me paraît trop simple.
03:39 - Sébastien Miller.
03:40 - Je suis d'accord avec Françoise de Goyes, moi techniquement je suis incapable de répondre.
03:44 Je dis simplement qu'en tout cas, nous, ce drame nous a beaucoup touchés, puisque Bayonne,
03:47 c'est une ville limitrophe de la mienne où je suis élu.
03:50 Et ce que je peux dire, c'est que par rapport à ce qu'on apprend aujourd'hui, c'est que
03:55 remise de peine ou pas remise de peine, si quelque part le bénéfice du doute avait
04:01 profité aux victimes ou aux potentielles victimes, ce monsieur qui rentrait chez lui...
04:08 - Qui était chez lui et qui urinait devant sa maison.
04:11 - Il rentrait chez lui et il les a croisés et c'est à ce moment-là qu'il a été agressé
04:16 à mort.
04:17 Il serait vivant.
04:18 Le sujet c'est ça.
04:19 Il serait vivant.
04:20 C'est-à-dire qu'on a un père de famille qui serait vivant.
04:24 Et aujourd'hui, ce monsieur, il est mort.
04:27 - Donc vous ne pouvez pas être d'accord avec moi.
04:29 - Je ne dis pas tout à fait ça.
04:31 - Non mais je suis d'accord avec vous quand vous dites que la justice c'est de la dentelle.
04:34 Ce n'est ni tout blanc ni tout noir.
04:36 Je dis simplement que c'est l'argument que j'ajoute modestement à votre démonstration.
04:41 C'est de dire que le bénéfice du doute doit profiter aux victimes et potentiellement
04:46 aux futures victimes.
04:47 En l'occurrence, la future victime, elle est morte.
04:49 - Pierre-Marie Céve.
04:50 - Ce que je vous disais tout à l'heure, c'est-à-dire que moi je pense que, là je
04:53 irais plutôt dans le sens de ce qu'a dit Philippe Bilger, la réduction de peine ou
04:57 l'aménagement de peine, la réduction d'une peine de prison doit être une exception.
05:02 Et je conçois tout à fait qu'il y ait beaucoup de criminels, en nombre absolu, qui se rachètent
05:08 et qui ensuite ne poseront pas de problème.
05:09 Mais le problème c'est qu'aujourd'hui c'est la règle.
05:12 Pratiquement toutes les peines de prison ne vont pas au bout.
05:16 Pratiquement toutes.
05:17 - Ce qui est quand même dingue.
05:18 - J'ai une question à vous deux, qui êtes les vrais spécialistes.
05:22 Est-ce que ce n'est pas tout simplement une question de matériel, de profiter des prisons
05:27 parce qu'on n'a plus de place ?
05:28 - En bonne partie.
05:29 - Oui, oui, oui.
05:30 - C'est un peu dangereux.
05:31 - Non, non, non.
05:32 Je pose une question, je ne dis pas que c'est bien.
05:34 Qu'est-ce que vous en pensez ?
05:35 - En partie vrai, mais je crois plutôt que c'est une philosophie pénale qui est perverse.
05:40 - D'accord, d'accord.
05:41 Pardon Pierre.
05:42 - Une philosophie pénale qui est elle-même à l'origine de notre surpopulation carcérale
05:48 parce que c'est par cette idéologie anti-prison que nous ne construisons pas assez de prisons.
05:53 Il y a beaucoup de programmes de prison qui ont été lancés.
05:55 Je pense à un programme, le programme Chalandon en 86 qui a été réduit de moitié suite
05:59 à une levée de boucliers.
06:00 C'était sous la cohabitation, Mitterrand était président à l'époque.
06:02 Il avait pris lui-même position contre ce programme de construction de prison.
06:06 - Mais l'argument de la place ne peut pas tenir face à...
06:08 - Mais je suis d'accord.
06:09 - Non, non, non.
06:10 - Ça ne doit pas tenir.
06:11 Ça ne doit pas tenir.
06:12 Ça ne doit pas tenir.
06:13 - Mais est-ce que les choses peuvent changer ?
06:14 C'est quoi la pédagogie finalement ?
06:16 - Est-ce que les choses peuvent changer ?
06:17 Moi j'entends souvent un argument, j'entends beaucoup les gens taper sur le magistrat qui
06:21 a libéré cette personne-là.
06:22 Mais j'aimerais quand même rappeler une chose.
06:24 Dans le code pénal, il y a un article qui le dit, c'est la réforme Taubira en 2014,
06:29 un article qui dit "la peine de prison ferme censure-ci doit être le dernier recours".
06:35 Donc ce ne sont pas que les magistrats.
06:37 - Non mais ça veut dire que c'est juste quand même.
06:39 - Je ne suis pas sûr que ce soit juste.
06:40 - Honnêtement, on a tous les études en tête et vous le savez très bien puisque vous êtes
06:45 quand même intellectuellement honnête.
06:47 Les études montrant que de toute façon...
06:49 - On tient ?
06:50 - Non mais c'est vrai.
06:51 - C'est vrai que les études, ce n'est pas simplement des études menées par les gauchistes
06:53 montrent qu'en réalité la prison aggrave bien souvent les choses.
06:57 - Je ne suis pas d'accord.
06:58 - Je ne crois pas.
06:59 - Je peux vous donner un exemple.
07:00 - D'accord, d'accord.
07:01 - Non mais ça, c'est dans les Pays-Bas.
07:02 - C'est un sujet.
07:03 Je pense pas que c'est une opinion de gauchiste, je pense que c'est sociologique.
07:07 - Il y a un bon exemple, il y a l'exemple des Pays-Bas.
07:10 Les Pays-Bas ont décidé au début des années 2000, ils avaient un problème de surpopulation
07:14 carcérale.
07:15 Ils ont décidé de prendre le contre-pied de ce que fait la France actuellement.
07:18 C'est-à-dire qu'en France, on va en prison au bout de beaucoup de comparutions devant
07:21 la justice.
07:22 On fait effectivement la prison en dernier recours.
07:24 Et aux Pays-Bas, ils se sont dit "non, non, non, la prison va être le premier recours
07:27 mais plutôt que de les envoyer pour des longues durées, on va les envoyer pour une semaine,
07:31 deux semaines, trois semaines".
07:32 - Oui, oui, ça je connais bien le système, c'est le pays du nord bien sûr.
07:33 - Voilà.
07:34 Et les Pays-Bas, ils ont eu des résultats extraordinaires.
07:36 En l'espace de dix ans, tous leurs crimes et délits ont diminué de 25%.
07:39 Ils ont fermé 30 établissements pénitentiaires en moins de dix ans.
07:43 Et aujourd'hui, ils louent les prisons au Belgique.
07:44 - Alors le système c'est de dire "on goûte à ce que ça va aller".
07:48 - On met un stop immédiat.
07:49 On met tout de suite un stop, une expérience et c'est fait.
07:52 C'est Mercié Ménard qui veut réagir.
07:53 - Donc ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il faut moins de laxisme ?
07:55 - Non, non, je ne pense pas que c'est un problème de laxisme.
07:59 Je pense que c'est un problème de système, c'est un problème de pensée.
08:03 C'est-à-dire qu'on considère que la prison c'est la pire des punitions, donc on ne l'inflige
08:08 qu'en dernier recours.
08:09 - On ne l'inflige pas à contre-temps.
08:10 C'est ça le problème dans notre système français.
08:14 On l'inflige souvent trop tard.
08:16 Alors que parfois il serait plus sain et plus efficace d'éditer 15 jours, même pour un
08:24 mineur entre 16 et 18 ans ou un majeur de 20 ans, pendant 15 jours, un mois, et après
08:30 on est tranquille.
08:31 Souvent la justice ordonne de la prison beaucoup trop tard.
08:37 - La solution ce serait quoi, pour ceux qui nous écoutent, de dire finalement c'est quoi,
08:40 c'est une prise de décision du ministre ?
08:41 - Ce que nous préconisons c'est de supprimer toutes les possibilités d'aménagement de
08:46 peine à l'exception d'une, qui est la réduction supplémentaire de peine, qui est une réduction
08:50 de peine qui se fait en fin d'année, qui peut aller jusqu'à, actuellement c'est 6 mois
08:53 par an, nous on pense qu'il faut la baisser à 2 mois par an.
08:56 Vous imaginez, 6 mois par an c'est la moitié de la peine.
08:58 Sachant que à la moitié de cette peine divisée par 2, on a la libération positionnelle qui
09:02 commence tout de suite.
09:03 - Et en plus il y a les cumuls de peine qui se font en compte.
09:04 Quelqu'un prend 5 ans + 3 ans + 2 ans, il ne fait pas 10 ans, il fait 5, parce que c'est
09:08 la peine la plus lourde qui est prise en compte.
09:10 - Donc on pense qu'il faut tout réduire à 2 mois au maximum.
09:13 - Vous faites de la globalisation alors que vous êtes d'accord pour dire que c'est de
09:15 la dentelle, on ne comprend pas votre système.
09:17 - Non, on ne fait pas de la globalisation, on réduit le laxisme.
09:20 De dire qu'on peut diviser toutes les peines en fin d'année, on les divise par 2, nous
09:25 ça nous semble beaucoup trop.
09:26 - Vous êtes le premier à reconnaître que nous ne sommes pas capables de démontrer
09:30 aujourd'hui que les gens qui ont eu des réductions de peine ont recommencé à commettre des
09:34 crimes de sang.
09:35 Ce n'est pas parce qu'il y a un fait divers tragique à Bayonne qu'il faut changer l'ensemble.
09:40 Moi je trouve ça complètement dingue.
09:43 - Je ne la ramène jamais, mais moi je suis assez binaire.
09:45 J'estime que quand quelqu'un a été jugé pour prendre 7 ans de prison, c'est qu'il
09:50 estime que le fait dont il est l'auteur mérite 7 ans de prison.
09:54 - Mais les gens évoluent, Cécile.
09:56 - Mais les commissaires, non, mais la prison ce n'est pas l'avantage.
09:59 - C'est 20 ans de prison le viol en Réunion.
10:00 Il a été condamné à 7 ans, il en courait 20 ans.
10:03 Il en a fait 3.
10:04 - 20, 7, 3.
10:05 - Mais on prend ce cas qui est terrible, mais vous ne pouvez pas passer, on ne peut pas
10:09 changer de règle.
10:10 Non mais il y en a plein.
10:11 - Oui, il y en a plein.
10:12 - Il y en a plein.
10:13 - Il y en a plein.
10:14 - Il y en a plein.
10:15 - Il y en a plein.
10:16 4 prison...
10:17 Attendez, j'ai une autre statistique.
10:18 4 condamnés à de la prison ferme sur 10 ne mettent jamais les pieds en prison.
10:21 Ils ont été condamnés à une peine de prison ferme sans sursis, ils n'y rentrent même
10:23 pas.
10:24 - On ne parle pas de ça.
10:25 - S'il vous plaît, faut parler de ça.
10:26 - On ne parle pas de ça.
10:27 - Pour une fois, je vais donner quelque chose de personnel.
10:30 Ma tante a été assassinée de 17 coups de couteau.
10:32 Il a pris 8 ans, il est sorti au bout de 3 ans.
10:35 Pardon de vous dire que...
10:36 - Est-ce qu'il a récidivé ?
10:37 - Ah mais je ne sais pas.
10:38 - Non mais je pose une vraie question, mais bien sûr.
10:41 - Mais la justice n'est pas la vengeance, c'est ce que je veux dire.
10:44 - Mais ce n'est pas une vengeance.
10:45 - C'est normal.
10:46 - Non mais là je vous rejoins, François, il y a des meurtres qui ne sont pas forcément
10:54 sources de récidive.
10:56 Et il y a des meurtres qui sont purement ponctuels, atroces.
11:00 - 17 coups de couteau, les enfants.
11:02 - Qui décident d'aménager des peines ?
11:04 - Ce n'est pas un coup de couteau, c'est 17 coups de couteau.
11:06 - Je vous pose messieurs une question, puisqu'on a affaire à deux spécialistes.
11:09 Est-ce que la personne qui décide d'aménager des peines ou de libérer un condamné, est-ce
11:15 que cette personne décide seule ? Est-ce qu'il y a une commission ?
11:17 Parce qu'on disait que la justice c'est compliqué à comprendre.
11:20 Comment ça fonctionne aujourd'hui ?
11:22 - Il y a une commission, il y a un avis.
11:24 Mais là en l'occurrence, c'est le juge d'application des peines qui décide, qui est seul, qui a
11:28 l'avis de plusieurs.
11:29 Je ne sais plus ce qu'il y a dans la commission.
11:30 Il y a le procureur, il y a l'agent de services de probation d'insertion.
11:35 Il y a un avis consultatif, mais c'est le juge d'application des peines seul qui décide
11:40 de ça.
11:41 - Merci beaucoup, Pierre-Marie Seve.
11:42 - Vous aviez dit que vous étiez binaire au lieu d'apprendre qu'il était peut-être mort.
11:51 - Merci beaucoup Philippe Bilger.

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