SMART JOB - Le cercle RH du mercredi 21 juin 2023
Mercredi 21 juin 2023, SMART JOB reçoit Marc Puche (Fondateur, Le Cercle de Pierres) et Bénédicte Tilloy (Fondatrice, 10h32 et Ask for the Moon)
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00:00 [Musique]
00:12 Le cercle hérache est pour parler du travail manuel d'une certaine manière.
00:16 Vous allez le découvrir.
00:17 Comment l'apprentissage au travail manuel,
00:19 pour des personnes qui n'ont jamais utilisé un burin, un marteau,
00:24 peut être un levier d'apprentissage et même de formation.
00:27 C'est le concept du cercle de pierre.
00:29 On va tout vous raconter dans cette émission.
00:31 C'était inventé, je vais vous le présenter dans un instant,
00:33 par un chef d'entreprise au parcours original,
00:36 Marc Puch, et notre invité aujourd'hui avec Bénédicte Fillois.
00:39 Marc, ravi de vous accueillir.
00:41 Fondateur du cercle de pierre avec un S de pierre,
00:45 s'il y en a plusieurs.
00:46 Vous allez nous raconter votre parcours,
00:48 parce que vous êtes un chef d'entreprise qui avait vendu votre société,
00:51 on est d'accord ?
00:52 Vous avez eu un parcours professionnel absolument incroyable.
00:55 A l'origine, vous étiez tailleur de pierre.
00:57 C'est ça.
00:58 J'ai envie de dire, la boucle va être bouclée,
01:00 parce qu'après avoir vendu cette entreprise,
01:02 vous avez dit "Moi, je veux continuer à donner".
01:04 Transmettre.
01:05 Et vous avez créé ce cercle de pierre.
01:07 On va voir votre histoire, l'entendre et le voir en image.
01:09 Bénédicte Fillois, ravie de vous accueillir.
01:11 Bonjour.
01:12 Toujours très heureux de vous accueillir sur le plateau de Smart Job.
01:14 Co-fondatrice de Ask for the Moon.
01:17 Vous êtes, rappelons-le, vous avez été au COMEX de la SNCF,
01:21 DRH de la SNCF,
01:23 et vous avez, et ça c'est tout l'intérêt de notre émission,
01:26 participé à cette formation,
01:29 puisque j'assume le mot "formation",
01:31 cette formation du cercle de pierre.
01:33 D'abord, avant de découvrir votre parcours,
01:36 juste quand même qu'on voit quelques images,
01:38 puis on va les commenter après.
01:39 Mais qu'on voit à quoi ressemblent,
01:41 alors on va voir les images ici qui vont apparaître,
01:43 Raphaël va nous les mettre évidemment,
01:45 ces images de burin, on appelle ça des burins, Marc ?
01:48 Un taillant.
01:49 Un taillant, vous voyez déjà, je commence très mal.
01:51 Taillant, la pierre c'est du calcaire ?
01:54 Oui, absolument. Alors celle-ci est un peu dure,
01:56 c'est une pierre locale évidemment,
01:58 puisqu'on restera un château des pierres qui sont locales, bien évidemment.
02:03 Et là on va voir Bénédicte Tillois,
02:05 parce que tous ces chefs d'entreprise,
02:07 rappelons qu'on ne peut pas forcément tous les nommer,
02:09 mais c'est tous des dirigeants d'entreprise
02:11 qui ont accepté ce cercle de pierre.
02:13 Absolument.
02:14 Ce sont des gens qui président au destiné de milliers de salariés,
02:17 devant des ordinateurs avec des costumes cravate,
02:19 on est bien d'accord ?
02:20 Nous sommes bien d'accord.
02:21 Bénédicte, ça vous a fait quoi ?
02:23 Je ne vais pas vous parler du concept,
02:25 mais vous quittez la robe, vous quittez Paris,
02:28 vous faites 200 bornes,
02:30 vous arrivez dans un endroit qui est la nature,
02:32 et on vous dit tiens, un tablier du cuir,
02:34 un taillant, une pierre.
02:36 Allez-y Bénédicte.
02:37 Moi, personnellement, j'ai adoré.
02:39 J'avais un peu des appréhensions,
02:41 parce que je me suis dit, je vais être comme une poule devant un couteau devant ma pierre.
02:44 Et de fait, je n'ai pas tout de suite su manier le taillant.
02:50 En revanche, ce que j'ai constaté, c'est qu'il y avait une super entraide.
02:54 Et en fait, c'est un moyen de rencontrer des gens,
02:57 pas par la tête, mais par le coeur.
03:00 Et le corps.
03:01 Et le corps.
03:02 Et en fait, on a tout de suite été des tailleurs de pierre,
03:07 un collectif de tailleurs de pierre qui s'est entraidé.
03:10 Et c'est comme ça qu'on a eu accès les uns aux autres.
03:12 C'était la première fois Bénédicte ?
03:15 C'était tout à fait la première fois.
03:17 J'avais jamais, alors j'ai déjà fait du travail manuel,
03:19 mais j'allais dire du travail manuel.
03:20 Vous peignez, je précise.
03:22 Mais ça n'a strictement rien à voir.
03:24 C'est sans doute beaucoup plus exigeant.
03:26 Et ce que j'ai trouvé super, c'était le fait de pouvoir à la fois
03:30 faire son propre travail personnel,
03:33 l'inscrire dans le travail des autres,
03:35 puisqu'on travaille tous ensemble sur un objet qui est l'embrasure d'une fenêtre.
03:40 Donc il faut qu'on se mette d'accord, il y a un plan qu'on respecte tous.
03:43 Et puis, il faut les, comment dire, les placer les unes sur les autres.
03:48 Et on s'en traite tous pour que ce soit un ouvrage collectif
03:52 fait par chacun et fait par tous à la fois.
03:54 Et ça, j'ai trouvé ça vraiment fantastique.
03:56 C'est de l'individuel dans du collectif.
03:58 Absolument, on a l'opportunité, en fait, de,
04:01 quand on taille la pierre, on est concentré sur ce qu'on fait.
04:04 Dans le présent.
04:06 On réfléchit en même temps.
04:09 C'est une sorte de méditation personnelle.
04:11 Exactement.
04:12 Et en même temps, on est dans un collectif, les autres sont avec nous.
04:15 Si on est un peu, on se pose des questions,
04:18 on a immédiatement de l'entraide à côté de nous.
04:20 Moi, j'ai vraiment adoré.
04:22 Franchement, j'ai trouvé que c'était très original,
04:25 très puissant dans la capacité à se concentrer.
04:28 Dans sa profondeur.
04:29 Exactement.
04:30 Très intense.
04:31 Et c'est assez rare, en fait, dans les formations.
04:35 Marc Puch, quel plus bel hommage que ceux qui sont venus ici,
04:39 à vos côtés, pour raconter aussi bien ce que vous aviez dans la tête au départ
04:43 et qui est devenu concret.
04:44 Ça doit vous toucher quand même d'entendre Bénédicte Le Tinois.
04:47 Je suis très ému.
04:49 Et c'est vrai que cette idée, pardon, je ne pensais pas qu'elle aurait une telle intensité.
04:58 Bon, d'un autre côté, j'étais à peu près sûr de mon coup,
05:01 dans le sens où cette immersion, autant des grands bâtisseurs,
05:04 le lieu, le cadre, les intervenants, ça ne pouvait que fonctionner.
05:08 Venons à votre histoire.
05:10 Parce que tout ça ne part pas de rien.
05:12 Non.
05:14 Je n'ai pas osé vous demander, parce que je l'ai vu, cette photo de vous à 18 ans,
05:18 sur un chantier de cathédrale, me semble-t-il.
05:21 Non, Cour Carré du Louvre, 1932.
05:23 Cour Carré du Louvre.
05:24 Jeune, le Marc Puch jeune.
05:26 Et Marc Puch, avant de devenir un chef d'entreprise qui a réussi sa vie, comme on dit,
05:30 vous avez été tailleur de pierre, tout par-delà.
05:32 Absolument.
05:33 Donc, effectivement, comme vous venez de le dire,
05:36 historiquement, je suis un tailleur de pierre.
05:38 J'étais tailleur de pierre dans les monuments historiques.
05:41 J'ai travaillé sur des chantiers à Paris, Cour Carré du Louvre.
05:44 Après, j'ai bifurqué et je suis devenu un chef d'entreprise.
05:48 Et peut-être que je parlerai de cette aventure entrepreneuriale assez incroyable.
05:52 Et puis, je me suis toujours intéressé au monde qui nous entourait.
05:56 Donc, j'ai regardé un petit peu ce monde changeant sur les 20, 30 dernières années.
06:00 On s'aperçoit qu'effectivement, aujourd'hui, beaucoup de choses sont en train de changer.
06:04 Beaucoup de gens se posent des questions.
06:06 Le monde est en manque de repères.
06:08 D'ailleurs, il n'y a pas un article qui ne sert pas aujourd'hui sur la notion de quête de sens.
06:13 Qu'est-ce qu'on doit faire ? Qu'est-ce qu'on doit venir ?
06:15 Il y a de plus en plus de gens plus ou moins malheureux dans leur travail.
06:18 Donc, tout ça fait que, et par rapport à mon vécu, je me suis dit,
06:22 à un moment donné, il y a peut-être quelque chose à faire.
06:25 Je peux transmettre par rapport déjà à un vécu de tailleur de pierre.
06:28 Oui, parce que vous étiez là. Vous étiez sur le chantier.
06:30 Ah, mais j'étais avec eux.
06:31 Pendant le temps, vous vous amiez un peu le taillant.
06:33 Voilà.
06:34 Je reste un tailleur de pierre.
06:36 Vous étiez là, parce que deux, trois fois, je pense que...
06:38 Parce que c'est quoi ? Excusez-moi, je ne l'ai pas fait,
06:40 mais le taillant ripe, vous faites une encoche un peu trop profonde.
06:43 C'est ça, le danger ?
06:44 Oui, ou on ne fait rien du tout.
06:45 Ou on ne produit rien.
06:47 On ne produit rien.
06:48 En fait, c'est quand même très lourd.
06:50 La pierre, elle est intacte.
06:53 Il faut retirer des éclats successivement pour ensuite retrouver une oblique parfaite.
06:58 C'est donc un travail de précision et de force en même temps.
07:02 Donc, ça demande une très grande concentration.
07:04 Et on peut, chaque coup, taper à côté.
07:08 Et on peut faire beaucoup de dégâts.
07:10 Mais dans votre parcours de chef d'entreprise,
07:11 parce qu'il y a beaucoup de chefs d'entreprise qui, au cours d'une carrière,
07:14 vont vendre leur entreprise et vont se poser des questions sur l'après.
07:17 Le livre de Bénédicte Tillois, je ne l'ai pas donné,
07:19 mais c'est la team, le jour où j'ai quitté mon comex pour une start-up,
07:23 là aussi, il y avait quand même l'idée de tourner la page,
07:26 de passer à autre chose, de donner autre chose.
07:28 Vous vous êtes posé cette question.
07:29 Vous vendez votre entreprise, vous vous retrouvez assis sur votre canapé
07:33 et vous vous dites "mais qu'est-ce que je vais pouvoir donner ?"
07:35 En fait, moi, à titre individuel, j'ai toujours été convaincu que,
07:39 tout homme, il y a un moment donné, il faut transmettre.
07:42 Moi, je suis convaincu que nous ne sommes que de passage.
07:45 Donc, j'ai vécu de 0 à 59 ans une histoire, un vécu.
07:49 Et aujourd'hui, pour moi, il est inconcevable que les 20 prochaines années,
07:53 je puisse disparaître sans laisser un témoignage, des références.
07:58 En tout état de cause, le Cercle de Pierre,
08:00 ce n'est pas une entreprise commerciale, je ne suis pas là pour ça.
08:02 Tout ça est derrière moi.
08:04 Pour moi, le Cercle de Pierre est destiné vraiment dans la notion de transmission,
08:07 de transmettre des valeurs qu'on pourra développer tout à l'heure, si vous le souhaitez.
08:11 Les valeurs, c'est important.
08:12 C'est aussi les valeurs des tailleurs de pierre, des constructeurs de cathédrales
08:15 qui se sont construites sur des siècles.
08:16 Par contre, ne voyez pas la cathédrale terminée.
08:18 Ça dit quelque chose aussi de ce qu'on donne.
08:20 Mais vous, dans le cheminement, vous avez eu le présent,
08:23 vous nous le racontez, cette concentration ultime, intense.
08:26 On dort, à mon avis, comme un bébé le soir, je pense.
08:29 C'est clair.
08:30 Ça vide le cerveau aussi.
08:32 Oui, oui.
08:33 Et ce qui est assez extraordinaire, c'est qu'on est à la fois, effectivement,
08:38 concentrés sur le présent, et on sent qu'on est partie prenante
08:42 d'une histoire qui a commencé très longtemps avant nous
08:45 et qui se poursuivra très longtemps après nous,
08:48 puisqu'en fait, on travaille sur un tout petit morceau du château,
08:52 qui est cette embrasure de fenêtres.
08:54 On s'aperçoit qu'il y en a d'autres à retravailler.
08:57 - Et on se dit que si on a... - Ça rend modeste.
08:58 - Ça rend modeste. - Ça rend modeste.
08:59 Et si on a bien travaillé, elle est là potentiellement pour l'éternité,
09:02 cette pierre.
09:03 - Oui, oui. - Et donc...
09:04 - Ça, c'est vertigineux. - Et donc, il ne faut pas la rater.
09:06 - Oui. - Oui.
09:07 Et qui plus est, on demande aux gens qui viennent de signer leur pierre.
09:12 Parce que je trouve que c'est un symbole fort.
09:14 Chacun va peiner à tailler cette pierre, mais pour moi,
09:17 elle doit être signée et elle sera posée pour la postérité dans ce château.
09:21 Mais Marc et Bénédicte, parce que tous les deux, vous êtes finalement...
09:24 Vous vous êtes trouvés à travers ce...
09:27 On parle d'IA, on parle de chap-GPT,
09:30 on parle de dématérialisation de tous nos échanges financiers.
09:34 Vous nous dites...
09:35 Attendez, moi, c'est simple, je vous remets devant un bloc de pierre.
09:37 - C'est ça. - On fait au concret.
09:38 C'est quoi ? C'est un retour aux sources ?
09:39 C'est un retour à la réalité ?
09:41 Vous dites que les deux mondes peuvent cohabiter ?
09:43 Qu'est-ce que ça dit aussi de notre société, ça ?
09:45 Moi, je pense qu'aujourd'hui, par rapport à ce que je disais tout à l'heure
09:48 sur la notion de perte de sens,
09:49 je crois qu'à un moment donné, il faut revenir à la réalité,
09:52 c'est-à-dire se reconnecter au réel.
09:55 Même si l'intelligence artificielle, les smartphones, tout ça, c'est très bien
09:58 et on en a besoin et tout le monde les utilise,
10:00 je ne remets absolument pas ça en cause.
10:02 Mais je pense qu'à un moment donné, il faut revenir à ce que nous sommes.
10:05 Nous sommes faits dans la matérialité.
10:07 Revenir à des choses simples, basiques.
10:10 Bénédicte, vous en pensez quoi ?
10:12 Parce que ça, c'est un sujet qui interpelle aussi les patrons de Comex,
10:15 ceux qui dirigent les boîtes qui étaient dans votre cercle de pierre.
10:17 C'est quoi ma vie ? Je fais quoi ? Je suis qui ? Je vais où ?
10:20 En fait, ils étaient, un peu comme moi aussi d'ailleurs,
10:23 tous issus quand même du monde de la tech.
10:27 Donc on est quand même très connectés
10:30 et concernés par les évolutions,
10:33 notamment l'intelligence artificielle générative.
10:35 C'est votre nouveau défi.
10:36 Absolument. Pour The Moon, c'est bien de ça dont il s'agit.
10:39 Et ça cohabite avec ces moments intenses
10:43 où on reprend, on se reconnecte à la matière,
10:46 au présent, à la main.
10:48 Et je pense que c'est important et complémentaire
10:52 et cette expérience de faire travailler ses mains,
10:58 ça a été d'ailleurs très bien décrit par un sociologue
11:01 qui est Mathieu Crofote, qui a écrit "L'éloge du carburateur".
11:03 Bien sûr, magnifique.
11:04 Un chef-d'œuvre.
11:05 Un chef-d'œuvre qui, personnellement, m'a marqué.
11:08 C'est-à-dire, quelle que soit la déconnexion,
11:12 elle n'est pas uniquement virtuelle.
11:14 Elle est aussi dans l'écart qu'il y a entre
11:17 le fait d'imaginer des stratégies et de les exécuter.
11:21 Le drame des dirigeants, c'est qu'en fait,
11:23 ils sont très loin de l'exécution.
11:25 Et dans les start-up, on voit d'ailleurs
11:27 qu'on reconnaît la stratégie et l'exécution
11:30 en faisant des essais-erreurs
11:32 pour être capable de réussir les projets qu'on mène.
11:36 Et là, ça va encore plus loin,
11:37 puisqu'en fait, l'essai-erreur, il est immédiat.
11:41 Et c'est la main, en fait, qui le constate.
11:43 On payait cash, quoi, l'erreur.
11:45 Exactement.
11:46 Et c'est pour ça que c'est à la fois très ambitieux,
11:49 parce qu'on inscrit son oeuvre dans l'ouvrage de l'histoire,
11:52 et extrêmement modeste,
11:54 parce que le moindre éclat de côté, en fait,
11:57 fait rater l'expérience, fait rater le projet.
12:01 Donc, il y a une pression.
12:02 Une petite pression.
12:03 Une petite pression qui est amoindrie
12:06 par le fait qu'on est tous ensemble,
12:07 qu'il y a beaucoup d'entraide,
12:08 c'est extrêmement chaleureux,
12:10 et qu'on vient au secours les uns des autres
12:13 si on s'aperçoit qu'on a fait des bêtises, en fait.
12:15 Marc Puch, c'est un rapport au travail,
12:17 que vous réinsérez, que vous réinscrivez
12:19 dans une réalité, dans une temporalité,
12:21 dans un labeur, au sens propre du mot "labeur".
12:24 Oui.
12:25 C'est important pour vous de le ramener,
12:27 parce qu'on parle beaucoup du travail,
12:28 du sens au travail,
12:29 de ces Français qui se perdent, vous le disiez.
12:31 J'ai le sentiment que là,
12:32 ils se sont retrouvés devant votre pierre.
12:34 C'est complètement incroyable.
12:35 Mais parce que je crois que l'homme a besoin,
12:37 à un moment donné, de percevoir
12:38 et de mesurer son action concrète et réelle.
12:42 C'est-à-dire qu'en taillant une pierre,
12:43 on ne peut pas faire plus concret qu'en taillant une pierre.
12:45 Donc on perçoit, on mesure,
12:47 et puis on a le sentiment de contribuer
12:49 à la construction du monde.
12:52 Finalement, alors que le virtuel,
12:53 tout ça est très virtuel,
12:54 alors qu'en taillant une pierre,
12:56 en la posant dans le château,
12:58 j'ai le sentiment d'avoir...
13:00 J'ai perçu, j'ai mesuré,
13:01 et j'ai contribué à la construction du monde.
13:03 Juste, il nous reste quelques minutes,
13:04 on a un petit peu de temps,
13:05 mais pourquoi vous considérez, vous,
13:07 que c'est un outil de formation ?
13:08 En quoi c'est un outil de formation ?
13:10 C'est intéressant, parce que France Compétences
13:12 travaille sur de réfléchir à des accompagnements
13:15 qui ne sont pas que des hard skills,
13:17 et former les collaborateurs aux soft skills.
13:19 Est-ce que c'est un outil soft skills aussi
13:21 pour les dirigeants, et pour tout le monde d'ailleurs ?
13:23 Complètement.
13:24 Enfin, je pense que Bénédicte pourrait en parler
13:26 au mieux que moi,
13:27 puisque c'est elle qui l'a vécu.
13:28 Oui, elle l'a.
13:29 Mais le Cercle de Pierre,
13:30 eh bien, une formation sous un format séminaire
13:34 qui est à la fois une boussole.
13:36 Pourquoi je parle de boussole ?
13:37 Parce qu'on va essayer de retrouver des repères,
13:39 mais on repart aussi de ces deux jours-là
13:41 avec des concepts,
13:42 comme l'a évoqué tout à l'heure Bénédicte,
13:44 entre...
13:45 Il y a un philosophe, Raphaël Lentowen,
13:47 qui vient aussi lire des textes.
13:48 Absolument.
13:49 Qui élève aussi l'esprit.
13:50 Ce n'est pas que lire des textes,
13:51 c'est-à-dire qu'en fait,
13:52 qui nous aident à débriefer de l'expérience,
13:54 et de la relire en la confrontant
14:00 à des textes de grands philosophes.
14:03 Et donc, on a travaillé sur le mythe du sisyphe.
14:07 Sisyphe, baryphe.
14:08 Et donc, en fait, on apprend aussi,
14:11 on apprend quand on se confronte au réel,
14:13 et on apprend aussi quand on fait un travail un peu réflexif,
14:15 de poser l'expérience qu'on vient d'avoir,
14:20 et de la verbaliser,
14:22 la verbaliser avec les autres,
14:23 ça fait progresser aussi.
14:24 Oui, parce que c'est aussi le deuxième effet de la formation,
14:27 c'est qu'on est ensemble et il y a un partage aussi.
14:29 On crée une communauté de bâtisseurs.
14:31 C'était l'idée que j'avais à la base.
14:32 Je veux créer cette communauté
14:34 qui à la fois partage un objectif commun,
14:37 où chacun va apporter sa pierre à l'édifice,
14:40 mais qui s'inscrit dans un ensemble.
14:41 Et puis, ce que je voulais apporter dans l'idée,
14:43 c'était, comme je dis,
14:45 de réussir à fusionner le savoir et le faire.
14:47 Le faire, on taille une pierre, on apprend à tailler une pierre,
14:50 mais dans le savoir,
14:51 je voulais que la partie philosophique nous élève.
14:54 En fait, comme j'aime bien dire cette phrase,
14:56 c'est pour moi un être humain équilibré,
14:58 à les pieds dans la terre,
14:59 la tête dans les étoiles.
15:01 Et dans le cercle de pierre,
15:02 en faisant intervenir un philosophe,
15:05 un intellectuel, bien sûr.
15:06 Un intellectuel, parce que l'un va avec l'autre.
15:08 Ce n'est pas manuel, c'est pratique.
15:10 Ce n'est pas mécanique, le taillant.
15:11 Il faut que le cerveau fonctionne très fort.
15:12 Exactement.
15:13 Excusez-moi, Mélétique Tidouan,
15:14 mais une fois que vous avez fait bien dormir,
15:16 vécu cette expérience,
15:17 ensuite vous avez repris votre vie,
15:18 forcément, on revient à Paris,
15:20 on quitte le tablier en cuir,
15:21 et puis on reprend ses habits.
15:24 Comment vous vous nourrissez de ce que vous avez vécu ?
15:27 Parce qu'ensuite, on chemine avec tout ça.
15:29 D'abord, il y a cette grande,
15:31 cette entraide qui s'est constituée,
15:33 c'est une ressource pour la suite.
15:36 Un réseau.
15:37 Mais au-delà du réseau,
15:38 c'est une amitié qui est née d'un travail commun.
15:43 Et ça, c'est très précieux.
15:45 Une fraternité.
15:46 Emboîtés les uns aux autres par ces pierres qui servent.
15:48 Exactement.
15:49 Et ça, je trouve que c'est un trait précieux.
15:51 Le plaisir ressenti du travail manuel,
15:57 ça incite à le pratiquer éventuellement
16:01 dans d'autres disciplines.
16:03 On ne taille pas la pierre dans son jardin,
16:05 mais en jardinant ou en peignant,
16:09 on retrouve ces sensations.
16:11 C'est quoi ? C'est se reconnecter, finalement.
16:13 Oui, c'est une reconnexion.
16:14 Et puis c'est surtout, en fait,
16:16 le reste n'a plus prise sur vous.
16:20 C'est-à-dire que vous êtes ici et maintenant
16:22 dans la tâche que vous réalisez.
16:23 Essentiel.
16:24 Alors qu'on passe notre vie à être dans le passé et dans le futur.
16:27 Quand on est chef d'entreprise,
16:28 on imagine ce qui va arriver,
16:30 on le rêve et puis on fait attention
16:32 et on vit parfois dans le passé aussi.
16:34 C'est ça.
16:35 Et on n'est jamais dans son présent.
16:36 Ce qui est vraiment intéressant dans votre outil,
16:38 c'est que c'est de la reconnexion,
16:40 à la fois qui vide le cerveau, mais qui reconstruit.
16:42 Complètement.
16:43 C'est reset, quoi.
16:44 C'est un reset.
16:46 Je me vide de tout.
16:47 D'ailleurs, je dis, quand on arrive le premier jour,
16:50 je dis, laissez à l'extérieur de l'enceinte,
16:52 avant de rentrer dans l'enceinte médiévale,
16:54 laissez tout ce que vous représentez à l'extérieur,
16:56 venez à l'intérieur du château comme vous êtes.
16:59 Soyez vous-même.
17:01 Il y a le vrai lâcher prise.
17:03 "Venez comme vous êtes", c'est un autre slogan.
17:05 Mais il y a de ça.
17:06 Venez comme vous êtes, mais laissez à la porte
17:08 tout ce que vous représentez à l'extérieur.
17:10 Bien sûr.
17:11 D'ailleurs, les tenues qu'on voit.
17:13 D'ailleurs, j'allais dire,
17:15 on ne part pas beaucoup de temps à se présenter
17:17 sur le plan commercial.
17:18 En fait, on est tout de suite en habit de tailleur.
17:21 Est-ce qu'on peut revoir les images des tailleurs
17:23 ou des photos ?
17:24 Parce que c'est intéressant aussi
17:25 de voir l'aboutissement en photo
17:27 de ce que vous appelez, vous,
17:29 je vous appelle comment ?
17:30 C'est un encadrement de fenêtres.
17:31 Un encadrement de fenêtres et on voit petit à petit
17:33 les blocs.
17:34 J'imagine qu'à tour de rôle, vous venez déposer,
17:37 on vient vous aider et petit à petit, ça se construit.
17:39 On ne l'a pas toujours, ça, l'entreprise Bénédicte Tilloy.
17:42 Ce plaisir de se dire, ça y est, j'ai tout emboîté.
17:46 Ce n'est jamais fini, l'entreprise, en fait.
17:47 Ce n'est jamais fini.
17:48 Et pour avoir travaillé dans les infrastructures,
17:52 des gros organs, comme on dit,
17:53 on réfléchit à des sujets.
17:55 C'est nos successeurs et les successeurs de nos successeurs
17:57 qui enverront se réaliser.
17:59 Il y a un petit effet cathédral, là.
18:00 Et là, exactement, en même temps, on voit tout de suite
18:03 et en même temps, on place tout ça
18:06 dans une sorte de grand univers
18:09 ou en tout cas, d'espace temporel
18:11 beaucoup plus large.
18:13 C'est les deux à la fois, ici, maintenant et plus tard.
18:15 Et réinventer notre rapport au temps long, surtout.
18:18 Parce que les bâtisseurs d'une cathédrale,
18:19 ce qui est intéressant, c'est que les premiers bâtisseurs,
18:22 les premiers tailleurs de pierres,
18:23 savaient qu'ils ne verraient jamais la fin.
18:25 Mais ça n'a pas empêché chaque génération
18:28 de travailler au mieux
18:29 parce qu'ils avaient un projet qui était transcendant.
18:32 La suite, c'est de poursuivre et d'essayer d'évangéliser
18:34 le plus largement possible,
18:35 je mets des guillemets pour tous ceux
18:37 qui s'intéressent à ce sujet
18:38 et qui veulent se recentrer,
18:40 se ressourcer, est-ce que j'utilise le bon mot ?
18:43 Oui, oui, se ressourcer.
18:44 Moi, j'aime bien l'inspirer et l'expirer.
18:46 C'est-à-dire que je viens expirer
18:48 et je viens m'inspirer.
18:50 Et je prends des choses.
18:51 Et je prends des choses.
18:52 Le cercle de pierres, qu'est-ce que c'est beau ?
18:54 Ça se passe dans le Loiret, me semble-t-il.
18:56 Je le dis parce que c'est un département
18:58 qui m'est cher à mon cœur.
18:59 Donc je le dis, qui est un beau département.
19:01 Merci à vous, Bénédicte Tilloy.
19:03 La team, le jour où j'ai quitté mon comex
19:06 pour une start-up
19:07 et peut-être un prochain livre
19:08 sur le jour où j'ai enfilé le tablier en cuir
19:10 pour tailler la pierre.
19:11 Avec plaisir.
19:12 Peut-être, je ne sais pas.
19:13 Et peut-être un livre aussi de Marc Puch
19:15 pour raconter aussi toute son histoire personnelle,
19:16 la densité de son expérience de vie
19:18 et qu'il retransmet et qu'il donne
19:21 à travers cette formation du cercle de pierres.
19:24 Allez donc sur son site.
19:25 Merci à vous deux.
19:26 Merci.
19:27 C'était un vrai, vrai plaisir de vous accueillir.
19:29 Et puis évidemment, tout de suite,
19:30 c'est Fonnettes sur l'emploi
19:31 et on accueille notre invité.