Brigitte Lahaie - La frustration sexuelle.

  • l’année dernière
Avec Didier Pleux, Psychologue, psychothérapeute et auteur de plusieurs ouvrages, dont « On aime comme on a été aimé » avec Brigitte Lahaie – Éditions La Musardine et de « L’éducation bienveillante, ça suffit ! » - Éditions Odile Jacob.

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##BRIGITTE_LAHAIE-2023-06-28##
Transcript
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00:00:05 14h-16h, Brigitte Lae, Sud Radio.
00:00:10 Bonjour à tous, nous sommes ensemble durant ces deux heures sur Sud Radio.
00:00:14 C'est mon invité Didier Pleu qui est avec nous pendant ces deux heures
00:00:18 et il aime nous rappeler que la vie est faite à la fois de plaisir mais également de frustration.
00:00:23 Et il vaut mieux dès l'enfance apprendre que notre principe de plaisir se heurte bien souvent
00:00:29 à ce principe de réalité. Alors la réalité de la société bien sûr,
00:00:34 mais également la réalité de notre partenaire.
00:00:37 Et donc aujourd'hui je vous propose justement que nous abordions spécialement
00:00:41 cette frustration sexuelle qui est souvent source de bien des conflits dans les couples.
00:00:46 Alors notamment lorsque les désirs ou les besoins de l'un ne correspondent pas à ceux de l'autre.
00:00:52 Alors malheureusement bien souvent dans ce genre de situation il y a une réelle difficulté à communiquer.
00:00:57 Alors celui qui manque de sexualité considère que ses besoins ne sont pas respectés,
00:01:02 il accuse l'autre de le frustrer et justement l'autre se défend et aura tendance également
00:01:08 à l'accuser évidemment son partenaire en considérant qu'il ou elle ne pense qu'à ça,
00:01:13 qu'il est obsédé par le sexe etc. Alors à moins qu'il ou elle se force
00:01:19 sans en avoir réellement envie et ça généralement ça ne dure qu'un temps.
00:01:23 On pourrait penser quand même a priori qu'il n'y a pas de solution mais peut-être que Didier Pieux
00:01:28 va nous en trouver une et en tout cas c'est comme ça qu'on va essayer d'avancer ensemble
00:01:32 pendant ces deux heures. Comment gérer cette frustration sexuelle qui n'est pas rien.
00:01:37 Je crois que c'est vraiment important de rappeler que quelqu'un qui a de nombreux besoins sexuels
00:01:42 et bien s'il n'est pas satisfait, bon vous allez me dire il y a la masturbation bien sûr,
00:01:47 mais c'est quand même une vraie frustration donc c'est important qu'on en parle ensemble.
00:01:51 En tout cas vous pouvez venir témoigner, vous pouvez venir poser vos questions
00:01:54 et pour ça bien sûr vous nous appelez au 0 826 300 300. Bonjour Didier Pieux.
00:01:59 Bonjour Brigitte.
00:02:01 Merci d'être avec nous. Donc c'est un peu votre marque de fabrique,
00:02:07 le principe de réalité, le principe de plaisir. Eh bien oui il faut trouver le juste milieu
00:02:13 et ça ne passe forcément par l'acceptation de la frustration.
00:02:20 Oui oui c'est bien difficile, c'est un sujet difficile que vous me donnez aujourd'hui Brigitte.
00:02:25 Alors je ne sais pas si on pourrait aider. Bien sûr il y a des petites stratégies.
00:02:28 En tout cas vous l'avez dit en introduction, ce qui est terrible dans les affaires de frustration
00:02:33 au niveau de la sexualité dans un couple c'est qu'on va très mal communiquer nos frustrations.
00:02:39 Donc ça au moins si on peut aider aujourd'hui à atténuer, à réguler ces émotions
00:02:45 qui font qu'on va mal dire les choses et en général c'est la colère qui est là quand on est frustré.
00:02:50 Sur le plan sexuel c'est vrai que c'est rare de se dire j'aimerais bien d'être un peu Dalai Lama
00:02:56 pour communiquer en général on est vindicatif et on en dit des bien bonnes.
00:03:00 Oui ça veut dire que bon moi je ne suis pas un pénage, oui on va essayer d'apprendre quand même
00:03:06 que ce principe de réalité dont vous parliez dans l'introduction, c'est ça l'histoire de la frustration.
00:03:13 Quand j'ai envie de faire quelque chose et la réalité elle est contraire.
00:03:17 Donc là tout d'un coup on pète les plombs, si je peux même extrapoler dans le débat actuel
00:03:21 au niveau de l'éducation on est retour dans le fil d'un tas de chambres.
00:03:26 Je disais l'autre jour c'est ni permissibilité ni fil d'un tas de chambres,
00:03:30 c'est pourquoi on en arrive à exclure un enfant de la relation.
00:03:34 Et c'est toujours la même histoire, vous l'avez dit aussi,
00:03:37 c'est est-ce qu'on a éduqué nos enfants à tolérer la frustration,
00:03:41 c'est-à-dire accepter d'être dans des zones d'inconfort, de ne pas marcher à l'envie,
00:03:45 de ne pas faire ce qu'on veut quand on veut.
00:03:47 Effectivement dans le domaine adulte ou pré-adulte de la sexualité,
00:03:51 c'est vraiment le domaine où on n'a pas envie de se frustrer.
00:03:53 Parce que le mot frustration c'était un vilain mot, dans les années 68,
00:03:58 c'était surtout, on en avait trop, des frustrations,
00:04:01 prisonniers entre le curé, le paterfamilia, c'est je ne sais qui,
00:04:04 et bien c'était castration, pas de désir, écrasez-vous, il faut accepter la vie telle qu'elle est,
00:04:10 on n'est pas là pour jouir.
00:04:11 On a fait une sorte de révolte en se disant,
00:04:14 non ça c'est un peu couillon quand même, si on est humain on a envie de jouir de la vie.
00:04:17 Et on est tombé dans l'autre excès.
00:04:19 On a de moins en moins de frustration, c'est paradoxal,
00:04:22 même s'il y a des guerres, des maladies, des épidémies, précarité, chômage, tout ce qu'on veut,
00:04:27 on est quand même matériellement de moins en moins habitué à se frustrer,
00:04:32 à différer le plaisir, ce qui fait qu'on est devenu très vulnérable,
00:04:35 c'est pour ça que vous l'avez dit, il faut mieux prévoir ça en éducation,
00:04:38 mais il faut aussi se rééduquer quand on est adulte,
00:04:41 c'est-à-dire est-ce qu'on peut accepter un peu plus de ne pas faire ce qu'on a envie de faire tout de suite.
00:04:47 Alors vous avez raison, le mot frustration c'est un mot qui est assez négatif aujourd'hui,
00:04:52 et pourtant on est tous à tout moment sujet à la frustration,
00:04:59 notamment quand on est obligé de respecter les lois de la société.
00:05:05 Ce qui est important peut-être Didier Pleu à rappeler,
00:05:08 c'est que la frustration elle s'apprend dès le plus jeune âge,
00:05:11 c'est pas quand l'enfant a 4-5 ans qu'il faut commencer à lui apprendre la frustration,
00:05:15 c'est vraiment dès le début.
00:05:18 Oui, tout à fait, on ne va pas faire de l'éducation à la frustration,
00:05:24 mieux vaut tard que jamais, mais c'est vrai que si on a vécu,
00:05:27 l'autre fois j'avais une petite conférence il y a quelques jours,
00:05:30 et des gens étaient assez heurtés quand je disais,
00:05:32 "mais attention, même un tout petit, si vous répondez constamment à ça,
00:05:35 ça demande de câlins, ça demande d'alimentation, ça demande de jeux,
00:05:39 ça demande de communication, faites attention,
00:05:42 j'ai pas dit qu'il ne fallait pas l'alimenter quand il a besoin,
00:05:44 j'ai pas dit qu'il ne fallait pas lui parler quand il a besoin, ni câliner,
00:05:47 mais faites attention, si vous donnez trop, très vite l'enfant s'habitue à "le monde est comme j'ai envie qu'il soit".
00:05:54 Le problème c'est que c'est exponentiel,
00:05:56 après, quand on est petit enfant, on va "chosifier" l'adulte qui va être le gentil animateur de Club Med,
00:06:03 qui va tout le temps répondre à mes besoins, et ainsi de suite, et ainsi de suite,
00:06:06 et si en plus à l'école on commence à avoir des pédagogies, comme on dit, ludiques,
00:06:10 c'est-à-dire "apprenons dans le plaisir sans se prendre un peu le chou",
00:06:13 ben voilà, on augmente encore ça,
00:06:15 et ce qui fait qu'on devient très très vulnérable à la frustration,
00:06:18 c'est-à-dire, "je comprends pas, le monde n'est pas comme j'ai envie qu'il soit",
00:06:22 mais imaginez bien, dès qu'on vit en couple, dès qu'on vit sa sexualité,
00:06:26 à un moment donné, si on est très carencé au niveau de sa tolérance aux frustrations,
00:06:31 tout va être disproportionné, tout va être dramatique,
00:06:34 et c'est là qu'on assiste à des tas de ruptures, des tas de conflits,
00:06:37 alors qu'on pourrait très bien, vous l'avez dit, parler de la sexualité,
00:06:42 des différences, des différences d'envie, de désir, de fantasme, etc.,
00:06:46 tout ça peut être parlé, mais quand il y a intolérance aux frustrations,
00:06:49 c'est "non, ça devrait se passer comme ça, je suis désolé, il pleut,
00:06:52 ma femme ne peut pas avoir la même vie d'autre moi".
00:06:54 Donc ça, c'est déjà la première règle qu'on peut donner à ceux qui nous écoutent,
00:06:58 c'est-à-dire que ça passe par de la communication
00:07:01 et dans le respect de ce que chacun pense et désire.
00:07:07 Ce qui est compliqué, évidemment, c'est que lorsqu'on parle de sexualité,
00:07:10 on est plus dans des ressentis, dans de la pulsion,
00:07:14 dans des choses qui ne sont pas très rationnelles,
00:07:17 et c'est toujours plus compliqué de communiquer sur des choses
00:07:19 qui ne sont pas rationnelles que sur des choses rationnelles.
00:07:21 Je dirais qu'à la limite, l'un désire aller en vacances à la montagne,
00:07:25 l'autre à la mer, ça sera plus facile de communiquer
00:07:28 que sur des désirs sexuels différents.
00:07:31 Oui, oui, Brigitte, vous visez juste, c'est-à-dire que c'est tout le monde du pulsionnel,
00:07:36 ce qu'on appelle les zones les plus reptiliennes de l'être humain,
00:07:39 ça ne veut pas dire que ça nous rabaisse un stade animal,
00:07:41 on a des pulsions et la libido en fait partie,
00:07:45 donc c'est vrai que c'est beaucoup plus facile,
00:07:48 même si c'est parfois conflictuel de dire
00:07:50 où est-ce qu'on va en vacances, ou qu'est-ce qu'on mange au resto
00:07:52 si on n'est pas d'accord, ou quelle série on va suivre à la télé,
00:07:55 mais la sexualité, vous l'avez dit, on est dans le monde du pulsionnel,
00:07:58 donc là, effectivement, c'est ce fameux striatum,
00:08:00 l'âne noyau acubens qu'on a dans le cerveau,
00:08:02 qui est en train de dicter sa loi.
00:08:04 J'ai envie, j'ai un désir très très fort,
00:08:06 et ce n'est pas à ce moment-là que le cortex se met en branle le plus facilement.
00:08:09 Je n'ai jamais vu quelqu'un dire en plein une excitation sexuelle dans sa tête,
00:08:13 oui, je me calme, je suis distancié, je vais écouter ma partenaire,
00:08:17 on va en causer maintenant.
00:08:18 Non, là, on est quand même très "reptilien",
00:08:21 et bon, effectivement, à part la solution masturbatoire
00:08:24 dans les 10 secondes qui viennent, ça va être très difficile.
00:08:27 C'est pour ça qu'on peut peut-être anticiper ces choses-là,
00:08:31 et c'est le but aussi de votre émission,
00:08:33 c'est-à-dire qu'on ne va pas tout régler,
00:08:35 mais quand on est dans l'immédiateté,
00:08:37 quand on est vraiment dans la pulsion elle-même,
00:08:39 on n'a pas grand-chose à faire, si ce n'est fuir la scène,
00:08:42 ou prendre un trancsène, ou prendre un verre d'eau,
00:08:45 ou partir, je n'en sais rien, ce n'est pas possible.
00:08:47 Le pulsionnel, le régulier, c'est très très difficile.
00:08:50 Mais on peut au moins proposer à vos auditeurs
00:08:52 qu'il y ait peut-être des petites stratégies
00:08:54 pour éviter que ça monte en colère, toutes ces histoires-là,
00:08:57 pour pouvoir justement échanger avec le partenaire.
00:09:00 Donc déjà, on n'essaie pas de communiquer au moment
00:09:04 où il y a la crise, si je puis dire,
00:09:07 on en parle le lendemain,
00:09:09 on en parle quand on est un petit peu moins en chauffe.
00:09:13 Il y a aussi autre chose qui me semble important à dire,
00:09:16 et puis après on va donner la parole notamment à Nathalie,
00:09:18 qui nous a rejoint, Didier Pleu,
00:09:20 c'est que la sexualité, elle se met dès le départ,
00:09:24 parce que c'est souvent la sexualité qui fait
00:09:26 que deux personnes décident de s'engager ensemble,
00:09:28 parce qu'il y a une attirance réciproque,
00:09:30 et très souvent au départ, la femme est plus,
00:09:33 je prends cet exemple-là,
00:09:34 bien que ce ne soit pas non plus tout le temps comme ça,
00:09:37 mais la femme est plus à même à avoir envie
00:09:39 et avoir une sexualité que lorsque le couple s'est installé.
00:09:43 Donc c'est aussi compliqué, j'imagine,
00:09:45 la frustration est plus difficile quand on nous a donné
00:09:48 quelque chose dont on avait besoin et qu'on nous le retire.
00:09:51 Oui, c'est toujours la grande réalité de la frustration,
00:09:56 c'est-à-dire, elle arrive à un moment donné,
00:09:58 et puis elle va le cumuler,
00:10:00 on commence à vivre en couple,
00:10:01 on sait que le couple peut être un tu-l'amour,
00:10:03 donc au lieu de parler de comment alimenter le désir,
00:10:06 on voit que l'autre se néglige,
00:10:09 on voit qu'il y a des routines qui nous tuent
00:10:11 au niveau du désir, etc.
00:10:12 Donc ça y est, la frustration sur une autre,
00:10:14 sur une autre, sur une autre,
00:10:16 et c'est là qu'effectivement,
00:10:17 est-ce qu'on a vraiment envie de faire un effort
00:10:19 sur quelque chose qui nous paraissait naturel,
00:10:21 et comme vous le dites,
00:10:22 quelque chose qui a peut-être permis la séduction
00:10:24 et le fait de vivre avec quelqu'un,
00:10:26 tout d'un coup, il faut accepter que ce n'est plus comme avant,
00:10:29 parce qu'on ne vit plus dans le même contexte,
00:10:31 parce qu'on n'a plus les mêmes attentes,
00:10:33 et c'est ça qu'il va falloir réguler,
00:10:35 ou alors on rompt, on casse tout,
00:10:37 et on fait sa vie ailleurs, pourquoi pas,
00:10:38 c'est pas interdit,
00:10:39 ou alors on va accepter cette zone,
00:10:41 cette étape d'inconfort,
00:10:43 en se disant, bon,
00:10:45 c'est plus la passion qu'on avait vécue avant,
00:10:47 c'est plus pareil, c'est plus aussi facile,
00:10:49 parce qu'il y a tous ces contextes de travail,
00:10:51 même fois, quelquefois, c'est la naissance des enfants,
00:10:53 ou autre chose,
00:10:55 ça veut dire qu'il va falloir accepter
00:10:57 que ce n'est plus aussi sympathique,
00:10:59 aussi plaisant,
00:11:00 et c'est ça qui est très dur,
00:11:01 parce que comme vous le dites,
00:11:02 quand on a été habitué à quelque chose qui marchait bien,
00:11:04 et en général, la sexualité marche bien,
00:11:06 quand on décide de vivre ensemble,
00:11:08 tout d'un coup, de se dire,
00:11:09 ben, finalement, c'est en train de baisser,
00:11:11 c'est plus comme avant,
00:11:12 c'est très dur d'accepter ça,
00:11:14 et on verra que c'est toujours la notion d'acceptation,
00:11:16 c'est pas se résigner,
00:11:17 je sais qu'on va passer dans des périodes comme ça,
00:11:19 quelles sont les stratégies pour maintenir mon couple,
00:11:22 maintenir le désir, et non pas
00:11:24 le mode d'emploi que je vais afficher sur le frigidaire,
00:11:26 tu dois me désirer quand je le veux,
00:11:28 ça doit être comme avant,
00:11:29 ça doit être sympa,
00:11:30 on va pas se prendre le chou.
00:11:31 - Ouais. Bon, déjà,
00:11:33 un premier mot qui a été lancé par Didier Pleu,
00:11:36 je trouve intéressant,
00:11:37 "Frustration, ce n'est pas résignation, mais acceptation".
00:11:41 Tenez, enregistrez ça déjà,
00:11:42 et vous allez voir, vous allez avancer.
00:11:44 Bon, allez, on fait une petite pause,
00:11:45 on retrouve Nathalie dans un instant.
00:11:47 - Comment accepter la frustration sexuelle ?
00:11:54 C'est le sujet du jour avec Didier Pleu,
00:11:57 psychologue, psychothérapeute,
00:11:58 auteur de nombreux ouvrages,
00:12:00 notamment "L'éducation bienveillante, ça suffit",
00:12:04 c'est le dernier aux éditions Odile Jacob.
00:12:06 Nathalie, bonjour.
00:12:08 - Oui, bonjour Brigitte,
00:12:09 et bonjour à votre invité Didier Pleu.
00:12:12 - Bonjour.
00:12:13 - J'ai beaucoup apprécié, en fait, votre introduction,
00:12:16 je voulais le vous dire,
00:12:17 parce que je trouve que c'est bien clair, en fait.
00:12:20 - Merci.
00:12:21 Ben, merci à Didier, surtout.
00:12:23 - Oui.
00:12:26 - Alors, justement, c'est vous qui étiez frustrée, je crois,
00:12:30 Nathalie, c'est bien ça ?
00:12:32 - Moi, j'ai vécu les deux trucs, en fait.
00:12:34 J'ai vécu avec...
00:12:35 - Ah bon ?
00:12:36 - C'est ça qui était sympa,
00:12:38 c'est pour ça que je voulais vous témoigner mon histoire.
00:12:40 J'ai commencé par, très jeune, en couple à 19 ans,
00:12:43 pendant 25 ans, avec une personne qui avait un gros appétit.
00:12:47 Et donc, au fur et à mesure, c'est moi qui nusais un peu.
00:12:53 Donc, voilà, lui, il était tout le temps en garde à vous.
00:12:56 Donc, c'était très difficile, en fait.
00:13:00 - L'image est belle, hein ?
00:13:02 - L'image est belle.
00:13:03 - C'était très difficile pour lui, en fait.
00:13:07 Mais bon, c'est vrai que j'étais un peu vilaine,
00:13:11 parce que je manipulais un peu en disant,
00:13:14 ça pourrait me donner un peu plus envie,
00:13:17 si tu faisais ci ou tu faisais ça.
00:13:19 Au final, j'ai trouvé mon compte, on va dire.
00:13:24 Au fur et à mesure, il a amélioré la qualité de sa prestation,
00:13:28 si on peut dire.
00:13:30 Et donc, c'était plutôt pas mal.
00:13:33 - Oui, mais je trouve que...
00:13:34 Enfin, bon, évidemment, c'est un peu de manipulation,
00:13:36 mais je trouve que c'est pas une manipulation contre lui,
00:13:39 puisque, quelque part, vous lui donniez ce qu'il avait envie,
00:13:44 en échange de quelque chose.
00:13:46 Pour moi, je trouve que c'est une méthode
00:13:49 qui est pas si mal que ça.
00:13:51 - Oui, en tout cas, ça m'a réussi,
00:13:54 parce que ça a duré quand même 25 ans,
00:13:56 et de ce côté-là, il n'y avait pas vraiment de soucis.
00:13:58 Mais quand même, ça n'a pas empêché
00:14:00 de me tromper de nombreuses fois.
00:14:02 Je l'ai appris plus tard, mais...
00:14:04 En fait, son appétit n'était jamais assouri.
00:14:08 Donc, voilà.
00:14:10 Après, il y a d'autres problèmes qui viennent.
00:14:13 - Oui, encore que je crois qu'il ne faut pas tout mélanger.
00:14:15 Je pense que si vous aviez suffisamment de relations sexuelles,
00:14:18 s'il allait ailleurs,
00:14:21 c'était pour d'autres raisons
00:14:23 que simplement pour assouvir ses besoins.
00:14:25 Je pense que c'est plus un rapport de la séduction
00:14:29 ou envie de se prouver des choses.
00:14:31 Mais bon, ils venaient tous ensemble,
00:14:33 donc c'est pas grave.
00:14:35 - Et le deuxième...
00:14:37 Alors, entre les deux, j'ai attendu deux ans
00:14:40 pour rencontrer quelqu'un.
00:14:42 Et le deuxième, au début, ça se passait très, très bien.
00:14:45 Et en fait, j'ai appris plus tard
00:14:47 qu'il prenait des petits cachets de je-ne-sais-pas-quelle couleur
00:14:51 pour être en forme,
00:14:53 parce qu'il avait déjà...
00:14:55 Il avait des problèmes d'érection.
00:14:57 Et en fait, au fur et à mesure du temps,
00:15:01 il a arrêté carrément ses cachets.
00:15:04 (rire)
00:15:06 Donc, il n'y avait plus de désir du tout.
00:15:09 Là, c'était vraiment de la frustration, quand même, de mon côté.
00:15:14 Je me sentais trop jeune pour dire adieu à tout ça.
00:15:19 - Bien sûr.
00:15:21 - Et bon, donc là aussi, j'essayais de discuter,
00:15:25 même de négocier, une sorte de régularité.
00:15:29 Mais bon, moi, je pense que le premier truc,
00:15:32 c'est de dire vraiment les choses,
00:15:34 parce que là aussi, il n'avait pas vraiment...
00:15:37 Il m'avait donné comme excuse que les cachets,
00:15:40 c'était pas une bonne idée,
00:15:42 que ça lui donnait des effets indésirables
00:15:45 et que c'est pour ça qu'il aimait pas en prendre.
00:15:49 Et comme j'étais... Enfin, je suis toujours hypnothérapeute,
00:15:53 je lui avais dit, "Bah, tu peux...
00:15:55 "Si tu veux, on peut essayer l'auto-hypnose."
00:15:58 Et je lui avais montré que ça fonctionnait, l'auto-hypnose.
00:16:02 Donc je lui ai dit, "Bah, du coup, si tu veux,
00:16:06 "tu peux."
00:16:08 Et en fait, je m'apercevais, et il s'y apercevait aussi,
00:16:11 que non, il n'avait plus de désir.
00:16:13 Il n'avait plus envie, même d'avoir envie.
00:16:17 -Oui. -Donc après, la frustration est là,
00:16:21 parce qu'en étant en couple sans relation sexuelle,
00:16:25 je disais, moi, ça me convient pas.
00:16:28 Je suis trop jeune pour faire le deuil de ça.
00:16:33 -Mais bon, c'était difficile.
00:16:36 -De toute façon, Nathalie, moi, c'est vraiment ce que j'ai envie de dire
00:16:39 à ceux qui nous écoutent.
00:16:41 L'asexualité, ça peut faire partie des besoins fondamentaux
00:16:44 de quelqu'un qui est en couple.
00:16:46 Je crois qu'il ne faut pas nier ça.
00:16:49 C'est pas parce que... On peut vivre sans sexualité,
00:16:54 je suis d'accord, mais pour être bien dans un couple en harmonie,
00:16:58 on peut... Enfin, l'asexualité peut être vraiment un besoin essentiel.
00:17:02 Il avait quel âge, votre compagnon ?
00:17:05 -Il l'avait... On avait tous les deux 45 ans,
00:17:10 quand on s'est mis en sommeil.
00:17:13 -Oui, donc il était... Non, non, mais je veux dire...
00:17:15 -Il avait eu des problèmes d'addiction à l'alcool
00:17:18 et ça avait fait des dégâts, en fait.
00:17:23 Ouais. Et puis, il prenait aussi des médicaments
00:17:28 qui lui posaient problème.
00:17:31 Enfin, c'était pas que de sa faute, mais...
00:17:34 Voilà, c'était pas que de sa faute.
00:17:36 Et en même temps, dans de nombreuses discussions,
00:17:39 c'est vrai que je pense que votre invité, Didier Pleu, a raison,
00:17:43 c'est qu'il faut beaucoup communiquer.
00:17:47 Dans ces cas-là, ils entendaient ce que je disais,
00:17:50 mais ils pouvaient pas faire mieux.
00:17:54 Donc, petit à petit, ça a détruit le couple.
00:17:58 -Oui, enfin, c'est vrai et c'est faux,
00:18:01 parce qu'il pouvait faire mieux, puisqu'au début, il a pu,
00:18:04 mais il préférait ne plus...
00:18:07 Je crois qu'il y a souvent aussi quelque chose
00:18:10 qui est de l'ordre de... Je vais pas dire de la punition,
00:18:13 mais un homme qui n'a plus envie d'avoir du désir,
00:18:17 c'est aussi une façon de se protéger
00:18:20 ou de reprendre le pouvoir, qu'importe.
00:18:22 Didier Pleu, qu'est-ce que vous avez envie de dire à Nathalie ?
00:18:25 -Oui, mais j'ajouterais ce que vous venez de dire, Brigitte,
00:18:28 que ça peut effectivement avoir un sens au niveau
00:18:31 d'éviter ou de reprendre le pouvoir,
00:18:34 mais ça peut être aussi sa propre intolérance aux frustrations.
00:18:37 C'est-à-dire qu'il faut aussi accepter, à un moment donné,
00:18:40 que quand il y a un problème de, comment dirais-je,
00:18:43 de dysfonctionnement entre deux partenaires,
00:18:46 qu'il faudra aussi se remettre en cause,
00:18:49 se remettre dans une zone d'inconfort.
00:18:52 Je vois ça très souvent avec des patients.
00:18:55 C'est quand même la chose la plus naturelle du monde, la sexualité.
00:18:58 Donc si j'ai plus de désir, je vais pas me prendre le chou avec ça,
00:19:01 c'est comme ça, je vieillis, je ne sais quoi.
00:19:04 Non, on sait très bien que la fonction crée l'organe.
00:19:07 Effectivement, lui, il pouvait pas se mettre au garde-à-voix
00:19:10 comme le premier partenaire de Nathalie.
00:19:13 Il avait trouvé des solutions avec les médications, etc.
00:19:16 Même si c'était artificiel ou je ne sais quoi,
00:19:19 il a trouvé des solutions, il a trouvé des désirs,
00:19:22 mais peut-être qu'avec certaines médications,
00:19:25 ça va m'aider au niveau érectile et autre.
00:19:28 Je ne sais pas comment dire, je ne sais pas si je suis clair,
00:19:31 c'est s'obliger, à un moment donné, aussi, de se dire,
00:19:34 si je veux résoudre un problème, ça ne va pas se passer comme ça,
00:19:37 par un petit coup de magie, il va falloir qu'on s'y mette,
00:19:40 qu'on bosse ensemble, non seulement communiquer,
00:19:43 mais peut-être faire des exercices pour retrouver du désir,
00:19:46 à parler de sujets dont on n'a pas envie de parler.
00:19:49 Ça rejoint toujours cette histoire de "Est-ce que je laisse faire les choses
00:19:52 ou est-ce que je vais accepter ce moment difficile dont je n'ai pas envie,
00:19:55 mais qui peut bien améliorer le couple ?
00:19:58 Sinon, effectivement, après, c'est la rupture.
00:20:01 C'est vrai que Nathalie, en plus, fallait qu'elle accepte,
00:20:04 dans son côté frustrant, de ne surtout pas avoir une logique
00:20:07 de fonctionnement du style "Il devrait être aussi désireux que moi,
00:20:10 il devrait, je ne sais pas quoi, communiquer."
00:20:13 Il faut accepter, quelquefois, que le partenaire est difficile,
00:20:16 n'est pas dans les mêmes désirs, n'est pas dans les mêmes fantaisies,
00:20:19 et c'est ça qui est bien dur, parce que, je répète,
00:20:22 on a toujours envie de dire que c'est quand même le sujet
00:20:25 le plus facile, soi-disant, et ce qui n'est pas vrai,
00:20:28 il est facile dans la passion, il est difficile dans la vie de tous les jours.
00:20:31 On va revenir, justement, avec vous, Nathalie, sur la question
00:20:34 de la sexualité, parce que je crois qu'il y a quand même
00:20:37 deux ou trois choses que j'ai envie de dire.
00:20:40 Oui, on peut, alors je ne veux pas dire se forcer,
00:20:43 mais on peut quand même organiser quelque chose
00:20:46 pour que ça puisse rester dans le couple.
00:20:49 On se retrouve dans un instant, Nathalie.
00:20:52 Nous sommes en compagnie de Didier Pleu.
00:20:55 On parle aujourd'hui de la frustration sexuelle.
00:20:58 Je rappelle que Didier Pleu est psychothérapeute,
00:21:01 auteur de nombreux ouvrages, dans lesquels, justement,
00:21:04 il explique l'importance du principe de réalité, du principe de plaisir.
00:21:07 Évidemment, ce n'est pas toujours simple à gérer,
00:21:10 notamment en ce qui concerne la sexualité.
00:21:13 Nathalie est avec nous, donc vous étiez frustrée
00:21:16 parce que votre compagnon n'avait plus le désir
00:21:19 et donc n'avait plus la capacité à avoir de la sexualité.
00:21:22 Moi, je crois qu'il faut rappeler que lorsque
00:21:25 on parle trop souvent de sexe ou de sexualité dans le couple,
00:21:28 il faudrait plutôt aborder la question de l'intimité.
00:21:31 Et l'intimité, c'est quoi ?
00:21:34 C'est avoir du plaisir à se toucher,
00:21:37 avoir du plaisir à se retrouver corporellement.
00:21:40 Et lorsque ça, ça n'existe plus,
00:21:43 je pense que le couple est réellement en danger et ne mérite plus le nom du couple.
00:21:46 Alors après, on peut rester en couple et pourquoi pas ?
00:21:49 Mais je crois qu'il faut...
00:21:52 Moi, j'ai quand même envie un petit peu de dire les choses telles qu'elles sont
00:21:55 parce que très souvent, celui qui a moins envie
00:21:58 ou qui n'a plus envie ou considère que
00:22:01 bon, c'est fini, on arrête.
00:22:04 Et généralement, l'intimité, du coup,
00:22:07 elle passe également à la trappe. Et là, je pense qu'on est vraiment dans quelque chose
00:22:10 qui n'a pas de sens pour moi. Je ne sais pas si vous êtes d'accord avec ça,
00:22:13 Nathalie, déjà.
00:22:16 Il y a plusieurs choses dans ce que vous dites. Il y a la difficulté
00:22:19 de communiquer, c'est-à-dire qu'on le dit
00:22:22 une fois, il n'y a rien qui se passe.
00:22:25 Son partenaire, au bout d'un mois,
00:22:28 il n'y a rien qui se passe. Et après, le fait d'en reparler,
00:22:31 déjà, moi, ça me mettait mal parce que
00:22:34 j'avais conscience qu'en reparler, ça voulait dire
00:22:37 "tu ne m'as pas écouté, tu ne m'as pas entendu,
00:22:40 il ne s'est rien passé depuis".
00:22:43 Et c'était difficile d'en reparler alors qu'il n'y avait rien,
00:22:46 en fait. C'est un peu comme si
00:22:49 il était sourd à mes attentes ou
00:22:52 que sa problématique était plus profonde et que
00:22:55 je ne pouvais pas y avoir accès. Donc déjà, ça fragilisait
00:22:58 le couple d'une manière incroyable.
00:23:01 Et c'est cette fragilisation qui nous a fait rompre.
00:23:04 - Oui. Mais voyez, Nathalie, je crois que
00:23:07 on va peut-être pouvoir discuter et revenir sur la discussion
00:23:10 sur l'adaptation des heures de repas, sur l'adaptation
00:23:13 des tâches quotidiennes. Et sous prétexte qu'on parle de sexe,
00:23:16 on ne peut pas revenir sur le sujet, on ne peut pas parler d'intimité.
00:23:19 Et je trouve, Didier Pleux, que c'est peut-être quelque chose qui est important
00:23:22 de faire comprendre à tous ceux qui nous écoutent. Pourquoi, parce qu'on
00:23:25 parle d'intimité, l'autre a le droit
00:23:28 d'être sourd ? C'est quand même incroyable.
00:23:31 Ça voudrait dire que tout ce qui concerne la sexualité
00:23:34 et l'intimité, on n'est pas capable d'être dans le principe
00:23:37 de réalité ?
00:23:40 - Non, c'est difficile, surtout qu'il y a des injonctions,
00:23:43 des injonctions sociales, des tas de croyances qui tournent
00:23:46 autour de ça. C'est-à-dire que j'ai entendu...
00:23:49 Je commence à avoir de l'âge, mais c'est vrai que j'entends aussi
00:23:52 auprès de certains amis qui ont le même âge,
00:23:55 en gros, on doit avoir une sexualité,
00:23:58 c'est-à-dire on doit passer à l'acte, on doit être érectile,
00:24:01 on doit être... Bien sûr que c'est un objectif,
00:24:04 mais comme vous le disiez justement, Brigitte,
00:24:07 ça peut aussi passer, surtout avec le vieillissement, j'ai envie de dire,
00:24:10 par des moments de tendresse, de toucher.
00:24:13 La sexualité n'est pas que le passage à l'acte,
00:24:16 vous avez tout à fait raison, et quelquefois, c'est en redevenant
00:24:19 câlin, des caresses, des sortes de petits massages,
00:24:22 des accompagnements, des choses qui font un lien très intime,
00:24:25 de choyer quelqu'un, de l'écouter,
00:24:28 qui vont redonner une sorte de désir,
00:24:31 mais il ne faut pas non plus appliquer une logique mathématique.
00:24:34 Donc, normalement, la sexualité, ça doit être le passage à l'acte,
00:24:37 parce qu'à chaque fois qu'il n'y a pas de passage à l'acte,
00:24:40 à chaque fois qu'on n'est pas dans ce désir-là, ça y est, tout s'effondre,
00:24:43 et l'autre attend que ça se passe normalement.
00:24:46 Non, ça ne se passe pas normalement, et comme vous le disiez,
00:24:49 il y a des tas de sexualités, de sensualités qui existent,
00:24:52 et qu'on néglige, parce que, normalement, un couple
00:24:55 qui a une bonne sexualité, eh bien, c'est tagada, tagada,
00:24:58 et on ne pense pas à autre chose.
00:25:01 Oui, c'est très bien le passage à l'acte, c'est très bien le câlin,
00:25:04 c'est très bien l'orgasme, mais il y a autre chose
00:25:07 qui peut redéclencher du désir, si le désir est en train de tomber.
00:25:10 C'est la thématique des "il faut, ça doit, ça doit se passer comme ça,
00:25:13 soyons un peu plus créatifs".
00:25:16 Oui, ce n'est pas tout ou rien, d'ailleurs.
00:25:19 Peut-être, Nathalie, que s'il avait accepté, justement,
00:25:22 cet échange d'intimité, sans forcément avoir des érections,
00:25:25 sans forcément avoir une sexualité...
00:25:28 Non, non, en plus, moi, comme je n'étais pas, à l'époque, du tout,
00:25:31 forcément très intéressée par la pénétration,
00:25:34 c'est lui qui, en fait, à la base,
00:25:37 ne voulait que ça, puisque moi, ça m'aurait très bien contentée
00:25:40 d'avoir des câlins, des caresses...
00:25:43 Oui, oui.
00:25:46 Donc, franchement, je n'avais pas vraiment l'impression
00:25:49 d'être la maigère qui demande absolument
00:25:52 d'avoir son orgasme, voilà.
00:25:55 Mais non.
00:25:58 Mais il y a un point que vous avez soulevé tout à l'heure qui était assez intéressant,
00:26:01 ça m'a fait réfléchir, c'est que sur l'idée de la répartition des tâches,
00:26:04 j'avais déjà un problème aussi avec lui, c'est-à-dire que
00:26:07 au début, mais avec Guillaume, on jouait ensemble,
00:26:10 moi, je travaille de la maison,
00:26:13 donc je m'occuperais de faire la cuisine,
00:26:16 t'inquiète pas, c'est moi qui m'occuperais, qui me chargerais des courses et du ménage,
00:26:19 puisque toi, tu bosses beaucoup, et puis au final,
00:26:22 au fur et à mesure, il a tout lâché aussi, il ne faisait pas la cuisine,
00:26:25 il ne faisait pas les courses, il ne faisait pas le ménage,
00:26:28 et au final, voilà, je crois qu'il y a aussi...
00:26:31 - Oui, oui, c'est révélateur, oui, c'est révélateur
00:26:34 d'une personnalité qui, au fil du temps, considère
00:26:37 que vous êtes la bonne, quoi, enfin...
00:26:40 - Enfin voilà, qui a besoin de plus d'une maman,
00:26:43 ou quelqu'un qui s'occupe de lui entièrement,
00:26:46 en fait, il s'est complètement lâché, il fallait qu'on s'occupe de lui,
00:26:49 et puis au final, il était lui-même la victime,
00:26:52 donc là, mon cas,
00:26:55 il est juste intéressant dans le sens où ça rentre bien
00:26:58 dans le sujet de votre émission,
00:27:01 mais j'ai bien conscience, enfin j'espère,
00:27:04 heureusement pour vos auditeurs, que tout le monde ne rentre pas dans ce cas,
00:27:07 si monsieur était dépressif aussi, je crois, tout simplement.
00:27:10 Voilà, après, il faut savoir s'enfuir,
00:27:13 s'en aller quand on a besoin de ça,
00:27:16 et qu'on ne peut pas l'avoir du tout.
00:27:19 - Et je crois surtout,
00:27:22 bon, vous êtes un peu thérapeute, Nathalie,
00:27:25 vous avez su le comprendre, mais je crois surtout, Didier Pleuc,
00:27:28 qu'il faut comprendre que souvent, dans ces questions de frustration sexuelle,
00:27:31 eh bien, quand on frustre sexuellement l'autre,
00:27:34 quelque part, on lui fait aussi payer quelque chose,
00:27:37 ou en tout cas, ça signifie aussi quelque chose.
00:27:40 Est-ce que vous êtes d'accord avec ça, Didier ?
00:27:43 - Oui, oui, souvent, c'est une arme terrible
00:27:46 pour se venger, etc., donc c'est une façon de parler
00:27:49 qui est un peu stupide, mais moi, je reprendrais
00:27:52 ce que disait Nathalie, si elle était avec ce qu'on appelle
00:27:55 un big fucking baby adulte, c'est-à-dire un gros immature
00:27:58 qui n'a pas envie de se prendre le chou sur les tâches ménagères
00:28:01 et encore moins sur la sexualité, c'est là qu'on propose
00:28:04 "Mais est-ce qu'on peut être conflictuel avec son partenaire ?"
00:28:07 C'est-à-dire non pas s'attendre à ce qu'il soit empathique,
00:28:10 à ce qu'il comprenne qu'on a plus de désir, qu'on aurait voulu plus de câlins,
00:28:13 de tendresse et pas forcément de la pénétration.
00:28:16 C'est ça, le problème, c'est que dans le coup, on attend toujours.
00:28:19 On attend toujours que l'autre comprenne,
00:28:22 que l'autre s'efforce, etc., au lieu de se dire
00:28:25 "Ok, il n'est pas là-dedans, il est intolérant en frustration,
00:28:28 quelle va être ma stratégie pour l'amener à entendre
00:28:31 que je préfère une caresse à une pénétration immédiate ?"
00:28:36 Qu'est-ce que je peux faire ? Qu'est-ce que je peux lui dire
00:28:39 pour l'amener à changer ? Et non pas ce truc très inconscient
00:28:42 qu'on a tous, c'est "Mais il devrait comprendre
00:28:45 qu'on va à la catastrophe, il devrait comprendre qu'il faut changer,
00:28:48 il devrait comprendre que je ne suis pas comme ça."
00:28:51 Toutes ces injonctions qu'on a, on appelle ça, vous savez,
00:28:54 la tyrannie des "il faut", "ça doit", "je dois",
00:28:57 cette espèce de mode d'emploi qu'on a qui génère de la colère,
00:29:00 externe ou interne, et c'est là qu'on ne communique plus.
00:29:03 C'est-à-dire, si Nathalie préférait les caresses et qu'elle lui a jamais dit
00:29:06 "Arrête avec ton histoire de pénétration, moi j'ai envie de câlins,
00:29:09 de douceur, etc.", si elle ne lui a jamais dit,
00:29:12 dans ce cas-là, elle n'a pas été conflictuelle et s'est dit
00:29:15 "Bon, il est comme ça, j'attends que ça se passe, peut-être qu'il va comprendre
00:29:18 que j'aime autre chose, mais on peut attendre longtemps et ça va à la catastrophe."
00:29:21 Si on est conflictuel, pas agressif, mais conflictuel, on dira
00:29:24 "Excuse-moi, j'ai bien compris que ce n'est pas ta sexualité,
00:29:27 mais voilà la mienne, est-ce qu'on peut en parler ?"
00:29:30 Mais très souvent, je répète, on ne veut pas se prendre le chou sur le sujet
00:29:33 de la sexualité qui nous paraît tellement naturel, tellement sympathique,
00:29:36 que s'il faut encore travailler dans ce contexte-là,
00:29:39 l'humain dit "Non, non, moi cette réalité-là, je ne l'en veux pas."
00:29:42 Ce qui ne porte sur la sexualité, le boulot ça va, les enfants ça va, pas le sexe.
00:29:47 - Eh bien si, on va vous embêter avec ça aujourd'hui et pendant deux heures.
00:29:51 Merci Nathalie, merci beaucoup.
00:29:54 Là, on va aborder un sujet plus complexe, parce que Séverine,
00:29:57 vous êtes également dans la frustration sexuelle,
00:30:00 mais c'est un peu particulier parce que vous êtes en couple à distance, je crois.
00:30:04 Bonjour Séverine.
00:30:06 - Oui, bonjour Bréphil, bonjour Didier.
00:30:09 Je suis à... j'ai pas mal de kilomètres,
00:30:12 on est un peu à l'autre bout du pays avec mon compagnon,
00:30:15 et c'est comme ça depuis deux ans.
00:30:18 Voilà, donc c'est vrai qu'on essaye de se voir, quand on se voit,
00:30:21 c'est tous les deux mois et on essaye que ce soit intense,
00:30:24 mais ce qui est en fait assez bizarre, c'est que Bréphil a un terrain dépressif,
00:30:29 donc du coup, il est un peu sous médicaments et tout,
00:30:32 et c'est un peu compliqué, donc je peux comprendre un petit peu
00:30:35 qu'il ait moins envie de sexe, mais quand on sait...
00:30:38 en fait, c'est un ami d'enfance, donc quand on s'est retrouvés,
00:30:42 c'était hyper sexuel, en fait, voilà.
00:30:45 Et puis on s'est séparés, ça a été un peu compliqué,
00:30:50 donc lui il s'est mis avec une autre nana pendant un an et ça a pas marché,
00:30:54 et on s'est retrouvés après, qui a été encore très sympathique côté sexuel,
00:31:00 mais en fait, depuis qu'on a un petit peu, je dirais, officialisé la chose,
00:31:04 il y a plus de sentiments, je pense, la sexualité a diminué.
00:31:08 Et puis après, voilà, du coup, après il y a eu une petite dépression
00:31:12 qui est tombée là-dessus, et donc c'est un peu frustrant,
00:31:15 parce qu'on se voit pas forcément régulièrement,
00:31:20 et en plus de ça, c'est pas... voilà, faut que je reste un peu sur ma faim, quoi.
00:31:26 - C'est-à-dire que quand vous arrivez à vous revoir une fois tous les deux mois,
00:31:30 vous n'avez même pas suffisamment de...
00:31:32 enfin, vous n'avez pas beaucoup de sexualité, si je comprends bien.
00:31:35 - Non, pas beaucoup, ouais. Pas beaucoup.
00:31:38 - Oui, donc la question que vous êtes en train de vous poser,
00:31:42 vous êtes en train de vous dire, de toute façon,
00:31:44 même si plus tard on arrive à vivre ensemble,
00:31:47 ça risque de toute façon d'être un problème réel.
00:31:50 - C'est ça, exactement, ouais.
00:31:52 Et en fait, du coup, je vous écoute régulièrement,
00:31:55 et cette question de prendre le pouvoir sur l'autre me questionne, en fait.
00:32:01 Je me demande s'il n'y a pas quelque chose de cet ordre-là, en fait, vous voyez.
00:32:05 Parce que moi, il sait que j'aime beaucoup le sexe,
00:32:07 voilà, je suis plutôt sexophile, même si j'ai pas d'addiction, en fait,
00:32:12 - Non, non, mais...
00:32:13 - ...contre la femme, mais j'aime le sexe, quoi,
00:32:15 et après, je suis pas forcément à 100% pénétration, etc.
00:32:19 J'aime l'intimité dans toute sa splendeur, je suis très mâchage,
00:32:22 donc on se masse et tout, il n'y a pas de problème sur ça,
00:32:25 il n'a pas de problème avec son corps et tout,
00:32:27 mais c'est toujours moi, en fait, qui suis en demande.
00:32:29 Quand il se passe, quand il y a acte sexuel,
00:32:31 c'est parce que c'est moi qui prends l'initiative, voilà.
00:32:34 - Alors ça, il faut savoir que dans un couple,
00:32:36 c'est toujours celui ou celle qui a le plus d'envie
00:32:39 qui va être à l'initiative.
00:32:42 Et pourquoi ?
00:32:43 Tout simplement parce que, comme vous en avez beaucoup plus envie que lui,
00:32:47 vous êtes de toute façon, vous le débordez toujours de toute façon dans ses désirs,
00:32:53 c'est-à-dire qu'il n'a pas le temps d'être en manque
00:32:55 et d'avoir du désir pour vous et d'être donc en demande,
00:32:58 tellement vous êtes de toute façon toujours en train de lui remplir,
00:33:01 si je puis dire, son bol de désir.
00:33:05 Donc ça, c'est normal que ce soit toujours vous qui...
00:33:08 Alors après, ça peut être frustrant d'être toujours celle qui est à l'initiative.
00:33:13 - Un petit peu, parce qu'on aime bien être désirée aussi, quoi.
00:33:16 On aime bien se sentir désirée et qu'il y a un élan de compagnon.
00:33:22 - Cébrine, vous restez avec nous,
00:33:24 on va revenir sur cette question justement de pouvoir.
00:33:27 Est-ce que de frustrer un peu l'autre sexuellement,
00:33:32 est-ce que c'est quelque chose de conscient, d'inconscient ?
00:33:35 Est-ce que c'est une manière d'être dans le contrôle de la relation ?
00:33:39 On posera la question à Didier Pleu dans un instant.
00:33:41 - Live réservée aux adultes.
00:33:43 - Avec Didier Pleu, nous évoquons la frustration sexuelle
00:33:52 et on retrouve donc Cébrine.
00:33:54 Vous vous posez des questions justement sur peut-être le fait
00:33:58 que votre compagnon profite de ce sujet de sexualité
00:34:04 qui est très... enfin, vous qui êtes plus dans la demande que lui,
00:34:09 de vous frustrer pour avoir le contrôle.
00:34:13 Qu'est-ce que vous en pensez, Didier Pleu ?
00:34:15 Est-ce que c'est quelque chose qu'on voit souvent ?
00:34:17 - C'est des choses qu'on peut voir, c'est-à-dire que quelquefois,
00:34:21 derrière un comportement qui peut paraître bizarre,
00:34:25 peu sympathique, on va chercher un sens.
00:34:29 C'est vrai qu'il y a des hommes ou des femmes
00:34:32 qui vont prendre la sexualité comme une arme pour reprendre le pouvoir,
00:34:36 pour montrer que la relation est trop, par exemple, pour un homme,
00:34:39 si le quotidien est trop, comme on dit, castrateur,
00:34:42 si la relation est trop, par exemple, d'une maman symbolique avec son enfant,
00:34:47 c'est évident qu'il y a de grandes chances
00:34:49 que l'homme ne désire plus sa mère.
00:34:52 Il va confondre un peu tout ça.
00:34:54 Donc quelquefois, il y a un sens, effectivement,
00:34:56 il y a des mélanges dans la tête, parce que le quotidien fait que
00:34:59 c'est mon épouse qui décide de tout, qui réjouit de tout, qui est leader,
00:35:03 donc c'est une façon peut-être inconsciente de montrer que c'est moi, l'homme,
00:35:07 et c'est moi qui décide au final d'avoir de la sexualité ou pas.
00:35:10 Oui, quelquefois, il y a un sens.
00:35:12 Mais je dis toujours, avant de quitter un sens,
00:35:15 il faut regarder souvent la réalité.
00:35:17 Et quand j'entendais Séverine, ça me faisait penser à un livre
00:35:20 qui était paru il y a déjà bien longtemps,
00:35:23 c'était la partenaire d'Albert Ellis, le psychologue américain qui m'a formé,
00:35:27 elle s'appelle Janet Wolfe, elle est toujours vivante,
00:35:29 elle avait écrit un livre qui a été traduit en français
00:35:31 qui s'appelle "Quand Monsieur a sa migraine".
00:35:33 Et c'était assez fabuleux, parce qu'imaginez, il y a 30 ans,
00:35:36 parler justement du non-désir chez l'homme,
00:35:39 et elle, elle était en train de noter dans son livre
00:35:42 toutes les attentes qu'une femme normale a dans sa tête
00:35:46 par rapport à un homme, et c'était fou,
00:35:48 parce que c'est ça qui empêchait la communication
00:35:50 et d'arrôder le vrai problème.
00:35:52 Elle disait, il y a des tas de commandements que la femme a dans la tête,
00:35:55 quand un homme vous aime, il doit vous désirer,
00:35:58 un homme doit être très libidineux,
00:36:00 un homme doit ressentir ce qu'on ressent,
00:36:02 enfin, il y avait des tas d'injonctions,
00:36:04 et puis un homme ne doit jamais avoir de pannes,
00:36:06 ni de désirs, ni d'avoir une tendance asexuelle.
00:36:09 Elle racontait tout ça, toujours dans le sens,
00:36:12 si on adhère à ces pensées-là inconscientes,
00:36:14 on ne communique plus, on va tout le temps être avec notre mode d'emploi tous les jours.
00:36:18 Si on accepte, c'est-à-dire si on réalise,
00:36:20 mon homme n'est pas très sexué, finalement,
00:36:22 il n'a pas beaucoup de désirs,
00:36:24 j'arrête de me dire que normalement,
00:36:26 tous les deux mois, il devrait être chaud comme un lapin,
00:36:28 je me dis, il est comme ça, peut-être que j'aurai une stratégie différente,
00:36:31 non pas d'attente, mais une stratégie qui est de,
00:36:34 qu'est-ce que je propose quand il revient au bout de deux mois,
00:36:37 est-ce qu'on est dans la même routine, dans la même maison,
00:36:39 est-ce qu'on en profite pour faire autre chose,
00:36:41 qu'est-ce qu'on fait comme petite chose pour parler de nos fantasmes,
00:36:44 est-ce qu'on communique, oui, tout ça, ça sera fait,
00:36:47 si on met de côté notre fameux mode d'emploi,
00:36:49 comme disait Janet Wolf sur,
00:36:51 l'homme normalement devrait me satisfaire,
00:36:53 puisque ça a toujours été comme ça de tous les temps.
00:36:55 - Oui, alors, ça c'est intéressant ce que vous dit Didier,
00:36:59 Séverine, vous pouvez, mais je pense qu'il y a aussi un élément
00:37:02 que vous avez noté, qui a quand même son importance,
00:37:06 c'est que vous dites, il est un peu dépressif,
00:37:08 et on sait qu'il y a la dépression, ça coupe le désir aussi,
00:37:12 donc ça, c'est lui, c'est son histoire, vous n'y êtes pour rien.
00:37:16 - Oui, tout à fait, alors voilà, il reste quand même ouvert,
00:37:20 mais effectivement, il y a un petit terrain dépressif aussi,
00:37:24 et effectivement, on n'est pas dans la routine, en plus on voyage,
00:37:28 donc on essaye de se retrouver un peu, chez lui, chez moi,
00:37:31 des fois on part, on peut partir en week-end et tout,
00:37:34 donc on n'est pas du tout dans une routine,
00:37:38 on ne se voit déjà pas souvent, on essaye de faire des choses,
00:37:40 du coup, quand on se voit, et voilà, après, moi j'aime bien en parler,
00:37:44 par contre, lui, c'est vrai qu'il n'aime pas trop en parler,
00:37:47 il est très communicatif, on communique beaucoup,
00:37:51 mais la sexualité, ça reste un peu tabou, presque.
00:37:55 - Ça, c'est quelque chose qui me paraît important aussi à signaler,
00:38:00 quand un homme a moins de désir, quand un homme a parfois des pannes d'érection,
00:38:05 parler de sexualité, c'est se montrer sous un jour un peu moins admiratif,
00:38:13 et un peu moins viril, en quelque sorte,
00:38:16 et donc forcément, il va éviter le sujet.
00:38:18 - Oui, d'accord.
00:38:20 - Oui, mais sur le sujet.
00:38:22 - Par contre, il n'a pas de pannes, ça marche bien, voilà.
00:38:24 Par contre, c'est vrai que par période,
00:38:26 mais je pense que c'est peut-être la dépression qui fait ça,
00:38:29 il ne peut pas forcément voyer la dérection tous les matins.
00:38:32 - Elle a des problèmes.
00:38:34 - Donc, moi, je lui avais déjà demandé de consulter, et il ne veut pas.
00:38:37 En fait, il me dit que c'est normal, etc.
00:38:39 - Il a quel âge ?
00:38:41 - Il a presque 50 ans.
00:38:43 - 50 ans, oui, ça vaut le coup d'aller consulter,
00:38:46 si en effet, il y a des problèmes d'érection le matin.
00:38:48 Il peut y avoir soit une baisse de testostérone,
00:38:52 voire même des petits soucis d'ordre vasculaire.
00:38:56 - On parle de tout, mais ça, ça reste un petit peu...
00:39:02 Il ne faut pas trop que j'en parle, il ne faut pas que je sois insistante.
00:39:06 - Mais c'est difficile, Didier Pleu, vous êtes d'accord,
00:39:09 c'est difficile d'emmener les hommes chez le médecin
00:39:12 pour faire un bilan lorsqu'ils commencent à être un petit peu seniors,
00:39:16 comme si c'était toucher leur intégrité physique.
00:39:22 - C'est toucher la virilité, et l'érection, c'est mon statut d'homme.
00:39:27 Ah bon ? Bon, effectivement, beaucoup de femmes se sont battues
00:39:31 pour montrer que ce n'était pas forcément le statut de la virilité,
00:39:34 et elles ont raison, mais j'entends dans le mari,
00:39:37 dans le partenaire de Séverine,
00:39:39 elle dit qu'il a quand même des tendances dépressives.
00:39:41 Donc effectivement, c'est un peu comme quand j'entendais tout à l'heure
00:39:43 qu'il y avait une personne qui disait que son partenaire
00:39:45 avait eu des tendances très d'alcoolodépendance.
00:39:48 Non, on sait que l'alcool casse la libido,
00:39:52 et on sait aussi que quelqu'un de dépressif, homme ou femme,
00:39:55 a une libido très très très faible.
00:39:57 Donc si effectivement il lutte contre sa dépression, etc.,
00:40:00 vous allez vous battre contre des moulins à vent.
00:40:03 Il faut d'abord parler de, j'ai l'impression que,
00:40:05 t'es quelqu'un de triste, t'es quelqu'un qui t'autoflagèle souvent,
00:40:09 t'es quelqu'un qui te dévalorise souvent,
00:40:11 quelqu'un qui est secret,
00:40:13 il faut qu'il fasse un petit travail sur lui,
00:40:15 et après on verra comment ça marche dans le réel.
00:40:17 Un dépressif n'est pas libidineux, ça n'existe pas.
00:40:21 Oui, oui.
00:40:23 Bon, moi je crois Séverine,
00:40:25 qu'il faut revenir peut-être avec lui
00:40:27 sur la question de l'intimité,
00:40:28 comme je le disais tout à l'heure à Nathalie.
00:40:30 Est-ce que vous arrivez quand même
00:40:32 à avoir des moments vraiment agréables
00:40:34 où vous vous retrouvez sur le plan corporel ?
00:40:37 Et puis après, c'est vous qui allez voir
00:40:40 qu'est-ce que vous pouvez accepter comme frustration
00:40:43 pour que la relation soit agréable ou pas.
00:40:47 C'est vous qui, quelque part,
00:40:49 c'est vous qui...
00:40:51 Qui mènerait un peu la danse, quoi,
00:40:54 parce que c'est toujours comme ça que ça s'est passé,
00:40:56 de toute façon, ouais.
00:40:58 Oui, mais je pense qu'il ne faut pas vous faire d'illusions.
00:41:01 Vu ce que vous racontez de cet homme,
00:41:04 il ne faut pas vous attendre à ce qu'à un moment
00:41:06 il soit dans un désir permanent.
00:41:09 C'est pas sa nature.
00:41:11 Non, permanent, ça ne me dérangerait pas
00:41:14 parce que j'ai eu l'inverse pendant des années
00:41:17 et c'était même trop, en fait.
00:41:19 J'ai été avec quelqu'un d'impulsif sexuellement,
00:41:23 donc ça ne me va pas non plus.
00:41:25 Mais là, c'est vrai que je suis un peu dans le mode inverse.
00:41:27 Donc essayer de trouver un juste milieu,
00:41:29 ce serait bien, quoi.
00:41:31 Ce n'est pas une grande frustration que j'ai
00:41:33 parce qu'on se retrouve sur l'intimité, etc.
00:41:35 Mais quand même, voilà, c'est le fait
00:41:37 de toujours être moi au Dieu monde.
00:41:39 Et oui, en tant que patron d'un choix.
00:41:42 Cela étant dit, Séverine,
00:41:45 et ça c'est valable aussi bien pour les hommes
00:41:47 que pour les femmes,
00:41:48 forcément, lorsqu'on est un petit peu
00:41:51 dans la frustration sexuelle,
00:41:53 ça augmente notre désir.
00:41:55 Ah !
00:41:57 C'est toute la question de la sexualité.
00:42:00 C'est pour ça que c'est si complexe.
00:42:02 Si vous aviez quelqu'un qui est toujours prêt,
00:42:04 vous seriez moins...
00:42:06 Vous êtes d'accord, Didier ?
00:42:08 C'est vrai, oui.
00:42:10 C'est le manque qui augmente le désir,
00:42:12 oui, toujours.
00:42:13 Et puis en plus, ça veut dire que c'est à Séverine
00:42:15 de bosser, d'accepter la frustration de la situation.
00:42:18 Parce que comme disait Janet West
00:42:20 dans "Monsieur à sa migraine",
00:42:22 en plus, au résultat, c'est à nous, les femmes,
00:42:24 de reprendre le leadership
00:42:25 et de reproposer des stratégies de plaisir,
00:42:27 alors que normalement, on nous a toujours appris
00:42:29 que les types n'ont pas de problème avec ça.
00:42:31 Donc, double frustration, mais ça marche.
00:42:34 Si effectivement, on accepte ça,
00:42:35 ben oui, c'est antiquidant.
00:42:36 C'est à moi de prendre le leadership quand il revient
00:42:38 parce que je lui ai proposé des trucs.
00:42:40 C'est à moi de lui dire
00:42:41 "T'es pas un peu dépressif ?
00:42:42 Est-ce que t'es dépressif à cause de notre problème sexuel ?
00:42:44 Ou est-ce que t'es dépressif
00:42:45 parce que t'es déprimée toute la journée ?"
00:42:47 C'est encore à moi de l'inciter à faire un travail sur lui, etc.
00:42:50 Si on attend que l'autre prenne conscience,
00:42:52 on peut attendre longtemps.
00:42:53 Et c'est ça qui est frustrant dans le couple.
00:42:55 C'est toujours celui qui est victime
00:42:56 qui va être obligé de travailler.
00:42:58 Eh ben oui, mauvaise pioche, mais c'est comme ça.
00:43:01 Eh oui, voilà.
00:43:03 Bon, ben Séverine, bon courage.
00:43:05 Vous avez compris ce qu'il vous reste à faire.
00:43:07 Merci à vous de ce témoignage.
00:43:10 Tout de suite après les infos,
00:43:11 c'est un homme qui va parler de sa frustration.
00:43:13 Et puis vous aussi, vous avez peut-être envie
00:43:15 de venir évoquer votre frustration sexuelle.
00:43:18 Ou au contraire, si vous avez la chance
00:43:20 que tout aille bien depuis tant d'années,
00:43:23 pourquoi pas, ça fera du bien d'avoir un témoignage positif.
00:43:26 0826 300 300, vous pouvez nous rejoindre.
00:43:29 Didier Pleu reste avec nous, bien sûr.
00:43:31 Et Didier Pleu, après les infos,
00:43:32 vous allez me donner la réponse à ma devinette.
00:43:34 Je crois qu'elle est assez facile, celle-là.
00:43:36 Quel est le mot qui signifie à la fois
00:43:38 les préliminaires et le coït ?
00:43:41 Vous pourrez me le donner tout de suite après les infos.
00:43:44 A tout de suite.
00:43:45 Sud Radio, 14h-16h, Brigitte Laé, Sud Radio.
00:43:50 Didier Pleu est avec nous, psychothérapeute,
00:43:53 auteur de nombreux ouvrages.
00:43:55 Et si vous êtes particulièrement intéressé
00:43:57 à la vision de Didier Pleu et de l'amour,
00:44:00 vous pouvez vous procurer
00:44:02 "On aime comme on a été aimé",
00:44:04 c'est aux éditions de la Musardine.
00:44:06 La frustration sexuelle,
00:44:08 c'est notre sujet plus particulièrement aujourd'hui.
00:44:10 On a vu à quel point c'était complexe
00:44:12 et je pense que la deuxième heure ne va pas simplifier les choses.
00:44:15 Mais d'abord, je voudrais la réponse à ma devinette, Didier Pleu.
00:44:19 Quel est le mot qui signifie à la fois
00:44:20 les préliminaires et le coït ?
00:44:24 Brigitte, une fois de plus, je n'ai jamais de réponse.
00:44:28 Pourtant, c'est facile, franchement.
00:44:30 Mais quand c'est facile, je ne peux pas.
00:44:32 C'est trop facile, je n'y arrive pas.
00:44:34 C'est le baiser.
00:44:36 Le baiser lors des préliminaires
00:44:38 et baiser lorsqu'on est dans un coït.
00:44:40 C'est facile, franchement.
00:44:42 Vous auriez pu trouver.
00:44:44 À chaque fois, j'ai zéro.
00:44:46 Je n'y arrive pas. C'est bizarre.
00:44:48 Mais parce que je suis en train de m'endocriner,
00:44:50 je devrais répondre facilement à des choses comme ça.
00:44:53 Non, je sais.
00:44:54 C'est parce que vous voulez me frustrer,
00:44:56 vous ne voulez pas me donner les réponses.
00:44:58 J'ai compris.
00:45:00 Bonjour Charles.
00:45:01 Bonjour Brigitte et bonjour Didier.
00:45:03 Merci de m'accueillir sur votre émission.
00:45:05 Vous avez subi la frustration sexuelle
00:45:08 dans votre couple pendant longtemps.
00:45:10 Oui, en fait, comment expliquer ?
00:45:13 Quand on se connaît, au début de la relation,
00:45:17 tout fonctionne bien.
00:45:20 Ça dure quelques années.
00:45:21 Quand les enfants arrivent, c'est un peu plus compliqué.
00:45:24 Et puis, au fur et à mesure du temps,
00:45:27 20 ans de vie commune,
00:45:29 à la fin, ça mène à une séparation.
00:45:32 Mais ce que je veux dire,
00:45:34 c'est que clairement,
00:45:36 on parlait tout à l'heure,
00:45:38 je sais que c'est une arme,
00:45:40 mais c'est un peu ça, je trouve.
00:45:41 Il y a un jeu de pouvoir qui s'installe.
00:45:43 Dans le sens où moi,
00:45:45 j'étais assez demandeur.
00:45:47 Et elle, moins et de moins en moins.
00:45:50 Malgré les efforts qu'on peut faire au niveau physique,
00:45:54 on essaie de s'entretenir,
00:45:55 malgré les efforts qu'on peut faire dans le couple.
00:46:00 Mais c'est vrai que moi, j'ai trouvé qu'il y avait
00:46:03 une place qui était prise énorme vis-à-vis des enfants
00:46:08 et qui a tendance à occulter, on va dire, le couple.
00:46:12 Donc oui, ça frustre, forcément.
00:46:16 On reste un petit peu sur la fin.
00:46:21 J'entends bien ce que vous dites.
00:46:23 Je vais le dire peut-être avec des mots encore plus compréhensibles
00:46:27 pour tous ceux qui nous écoutent.
00:46:28 Je crois que lorsque l'on aime quelqu'un,
00:46:31 c'est normal d'avoir envie de le toucher,
00:46:33 de le désirer et même d'avoir envie de faire l'amour.
00:46:37 Et quand on a l'impression que l'autre ne nous désire plus,
00:46:41 on a aussi le sentiment qu'il ne nous aime plus.
00:46:44 Et quelque part, c'est en ça que pour moi,
00:46:48 l'absence de sexualité dans un couple est dangereux,
00:46:51 parce que quand on a l'impression qu'on n'est plus aimé,
00:46:53 on peut avoir envie d'aller voir ailleurs,
00:46:56 on peut devenir un peu agressif vis-à-vis de l'autre,
00:46:59 parce que quand on a l'impression que l'autre ne nous aime plus,
00:47:02 se désintéresse de nous, ça peut provoquer de l'agressivité.
00:47:07 Donc je pense que ce que vous dites,
00:47:09 et on le sent dans la manière dont vous l'avez dit,
00:47:12 il y a un peu de tristesse quelque part.
00:47:14 Et je pense que c'était aussi parce que vous vous sentiez
00:47:18 moins aimé que les enfants, même si la comparaison serait ridicule.
00:47:22 La comparaison est complètement ridicule,
00:47:24 mais ce que je veux dire, c'est que c'est un marqueur dans la relation.
00:47:29 Dans le sens où ils sont là, il y a beaucoup plus d'attention.
00:47:33 C'est vrai que je n'aime pas mes enfants,
00:47:35 mais c'est... comment je vais dire...
00:47:39 La tension est beaucoup plus focalisée.
00:47:42 Moi j'avais toujours...
00:47:44 Au contraire de l'auditrice précédente,
00:47:47 j'étais demandeur, et elle était beaucoup sexophobe,
00:47:52 si je peux dire, si je fais la comparaison avec ce qu'elle a dit tout à l'heure.
00:47:55 Donc elle disait qu'elle était sexophile,
00:47:58 moi je suis tombé sur une femme sexophobe, presque.
00:48:01 Dans le sens où c'était presque dérangeant.
00:48:06 - Mais ce qu'elle n'était pas au début quand même, visiblement.
00:48:11 - Non, ce qu'elle n'était pas au début, clairement.
00:48:13 - Et c'est ça ?
00:48:15 - Ou alors c'était presque, limite, on prend rendez-vous demain matin à telle heure.
00:48:19 Ça fait ça, donc comment programmer l'amour ?
00:48:22 C'est compliqué.
00:48:24 - Là je ne suis pas d'accord avec vous.
00:48:27 Je pense que programmer une rencontre
00:48:30 avec l'espoir d'avoir une sexualité sympa,
00:48:33 ça c'est pas grave,
00:48:36 parce qu'on peut prendre le temps de se caresser
00:48:39 et de faire monter le désir.
00:48:41 Ça c'est pas le problème, mais il ne faut pas que ce soit genre,
00:48:43 bon ok, à telle heure, tu me sautes,
00:48:45 et puis comme ça tu arrêtes de râler.
00:48:47 C'est pas ça que j'appelle un rendez-vous.
00:48:49 - C'était presque ça en fait.
00:48:51 - Oui j'ai bien compris.
00:48:54 Didier Pleu, je vous laisse réagir.
00:48:57 - J'entendais la partie que je ne connais pas trop mal,
00:49:01 la place que prennent les enfants.
00:49:04 C'est vrai que je ne dirais pas que les enfants sont des tue-l'amour au quotidien,
00:49:07 mais c'est aussi un des raisons pour lesquelles je me suis révolté
00:49:12 contre cette fameuse éducation bienveillante,
00:49:15 quand j'ai vu par exemple des mamans,
00:49:18 pour entretenir le cliché,
00:49:20 qui étaient complètement en burn-out,
00:49:22 avec s'occuper tout le temps des enfants,
00:49:24 les enfants, les enfants, les enfants,
00:49:26 être chosifiés par les enfants,
00:49:28 ce qui fait qu'elles ne sont plus des partenaires sexuels.
00:49:30 Il faut faire très attention,
00:49:32 quand on est monopolisé par l'éducation,
00:49:34 la parentalité, le devenir de nos enfants,
00:49:37 je crois que beaucoup tombent dans le panneau,
00:49:39 hommes comme femmes,
00:49:40 et qui ne s'occupent plus de leur époux ou épouse.
00:49:43 Donc il faut faire très attention.
00:49:45 Sans doute qu'il n'y a pas qu'une rivalité,
00:49:47 est-ce qu'elle aime mieux les enfants que moi-même ?
00:49:49 Il y a aussi une quantité de préoccupations,
00:49:53 d'affections, d'empathie,
00:49:54 qui est souvent donnée aux enfants,
00:49:55 et qui n'est plus donnée aux partenaires.
00:49:57 Parce que les enfants sont tellement quémandeurs
00:49:59 qu'ils prennent toute la place.
00:50:00 Et quand je parlais de ces fameux enfants rois
00:50:02 ou adolescents rois,
00:50:03 ça veut dire que c'est rare que le papa garde sa couronne.
00:50:07 Donc je ne sais pas si c'était le problème de Charles,
00:50:09 mais je pense que ça lui pesait lourd dans la balance.
00:50:11 Si en plus elle n'était pas très libidineuse, son épouse,
00:50:14 c'est vrai que si elle était très éducatrice au quotidien,
00:50:18 je crois qu'elle a perdu son statut de femme, tout simplement.
00:50:21 Mais ça, ça peut être parlé.
00:50:23 Mais je suppose que Charles a dû se dire
00:50:25 « mais c'est quand même pas normal, on s'aime,
00:50:26 on devrait amplifier le désir, ne pas marcher au rendez-vous ».
00:50:30 Et il a dû avoir des attentes, et une fois de plus,
00:50:32 ne pas communiquer et dire à son épouse
00:50:34 « écoute, on va dans le mur,
00:50:36 t'es beaucoup plus maman qu'épouse,
00:50:38 il faut qu'on en cause de ça, c'est bien d'être maman,
00:50:40 mais j'aimerais bien avoir une maman femme, etc. »
00:50:42 Et je me demande si Charles a bien abordé le problème,
00:50:45 ou si au contraire, il est resté sur sa faim, quoi.
00:50:47 Mais en attendant que les choses se passent.
00:50:49 Oui, moi je dirais que je l'ai subie, clairement.
00:50:52 J'ai écouté ce que vous dites Didier, très bien.
00:50:55 C'est un peu ça, c'est-à-dire qu'un soir on prend le tour par l'école,
00:50:59 mais le fait d'en parler, clairement, j'ai l'impression que ça n'a pas...
00:51:05 Ouais, pour elle, c'était presque un sujet dérangeant,
00:51:09 dans le sens où, voilà, elle avait plus de préoccupations,
00:51:16 effectivement, pour les enfants.
00:51:17 Et puis on sait comment sont les femmes,
00:51:19 elles ont une charge mentale, toujours.
00:51:21 Et par rapport à ça, c'est toujours la charge mentale qui prend le dessus,
00:51:26 presque sur la vie, finalement, sur la vie de couple, proprement parlé.
00:51:31 Alors oui, bien sûr, pourquoi pas.
00:51:34 Mais cette charge mentale, elle nous arrange parfois bien aussi, Charles.
00:51:38 Il faut faire attention à ça.
00:51:40 Qu'est-ce que ça peut faire si telle chose n'est pas faite,
00:51:43 et qu'elle soit faite le lendemain,
00:51:44 alors qu'on va s'accorder un moment de plaisir, vous voyez ?
00:51:48 Et je pense, moi ce que je trouve intéressant,
00:51:51 vous avez dit quelque chose d'intéressant, Charles,
00:51:53 vous avez dit "c'était un sujet dérangeant".
00:51:55 Moi je pense que lorsqu'on aborde la sexualité avec son partenaire ou sa partenaire,
00:52:00 et que c'est un sujet dérangeant, c'est qu'il y a quelque chose d'autre derrière.
00:52:03 Oui, oui, mais pourquoi on est tous les jours en train de parler ensemble de sexualité,
00:52:12 c'est justement parce que je crois qu'il y a beaucoup de choses à comprendre
00:52:14 sur ce sujet qui ne doit pas être dérangeant.
00:52:16 C'est-à-dire qu'elle ne savait pas très bien pourquoi elle n'avait plus de désir,
00:52:21 parce qu'elle en a eu quand elle vous a connu, voyez ?
00:52:24 Elle ne s'est pas posé la question, elle ne s'est pas dit "il a raison, Charles,
00:52:28 il y a quelque chose qui ne va plus très bien chez moi, je ne suis plus tout à fait femme".
00:52:32 Elle a mis une étiquette dessus, sur ce sujet, "il est dérangeant",
00:52:37 donc on n'en parle pas.
00:52:38 Mais voyez, quelque part, elle s'est punie aussi, sans s'en rendre compte.
00:52:42 On s'est puni mutuellement, clairement.
00:52:46 Oui, oui, bien sûr, bien sûr.
00:52:48 On est passé un peu de notre vie, de vie de couple, j'entends, à cause de ça.
00:52:54 Puisque après, on sait que quand on est dans la tente et demandeur,
00:52:58 et que l'autre ferme la porte, on va dire, c'est frustrant.
00:53:03 On y est, on est en plein dedans.
00:53:05 Donc, comment vivre la frustration ?
00:53:08 Et j'entendais ce que vous disiez aussi tout à l'heure, dire,
00:53:12 "ben en fait, elle, c'est la fin du... comment dire, ça énerve".
00:53:20 Oui, ça énerve, oui, ça peut être des moments d'énervement, de colère.
00:53:26 Parce que, ben, mais presque, je suis déjà sans y penser, forcément, voyez ?
00:53:31 Oui, vous devenez agressif pour autre chose,
00:53:34 alors qu'en fait, c'est parce que la sexualité n'est plus là.
00:53:38 Moi, je le dis, je ne cesse de le répéter,
00:53:40 la sexualité, ça élimine toutes les petites rancœurs,
00:53:43 tous les petits agacements dans le couple.
00:53:46 Et quand il n'y a plus cette sexualité-là,
00:53:50 eh bien, des petits agacements deviennent des petites rancœurs,
00:53:53 et puis des grandes rancœurs, et puis ça finit par la séparation.
00:53:57 Didier Pleu, je vous laisse conclure ce que nous a raconté Charles,
00:54:01 qui est malheureusement fréquent.
00:54:04 Oui, oui, c'est fréquent, et puis vous écoutez surtout.
00:54:08 Moi, j'ai été dans votre conclusion, et je ne peux que valider tout ça,
00:54:12 mais c'est vrai qu'on dit toujours que ça fait du bien dans le couple,
00:54:16 bien sûr, la sexualité, mais quand la sexualité ne vit plus,
00:54:20 il y a cette fameuse acceptation de se dire,
00:54:23 "Bon, comment on peut en parler ? Comment on peut avoir des sujets ?"
00:54:26 Mais on n'est pas obligé non plus de rester dans le même déclencheur,
00:54:29 c'est ce que font les gens qui se quittent en disant,
00:54:31 "Si c'est trop important, on a essayé de communiquer que ça ne marche pas,
00:54:34 on n'a pas signé pour embaver toute sa vie."
00:54:37 Mais c'est vrai que je préfère cette notion d'acceptation,
00:54:40 c'est-à-dire, "Ma femme n'est plus dans du désir, on en a causé,
00:54:43 c'est dérangeant, c'est difficile, qu'est-ce qu'on fait ?
00:54:46 Quelle est la stratégie ?" Et c'est là aussi qu'on peut parler de contrat solaire.
00:54:50 Je n'ai jamais dit que j'étais pour la polygamie,
00:54:53 mais c'est vrai qu'aussi la monogamie peut être un frein à la sexualité,
00:54:58 et ça peut être causé dans un couple, avec tous les dangers que ça peut apporter,
00:55:02 mais est-ce que ça peut être causé ?
00:55:03 Ça a aussi des problèmes de fidélité, des problèmes de désir ailleurs.
00:55:06 Si Charles souffre trop d'un manque de sexualité,
00:55:09 et que pour X raisons ça ne se débloque pas du côté de son épouse,
00:55:13 il n'y a pas de raison de rester dans le même déclencheur de souffrance et d'autoclagélation.
00:55:18 Il peut aussi envisager et parler d'autres solutions.
00:55:22 Peut-être que parfois ça déclenche des choses,
00:55:24 de dire "écoute, moi j'ai une sacrée sexualité, je vais aller voir ailleurs".
00:55:29 Ça déclenche beaucoup de choses quelquefois.
00:55:31 Et oui, voilà un conseil qu'on n'aurait pas pu attendre de Didier Pleu,
00:55:36 mais comme quoi, finalement, on aurait cru que ce serait moi qui le dirais,
00:55:42 mais non, c'est Didier Pleu qui l'a dit.
00:55:44 Merci Charles en tout cas de votre témoignage.
00:55:46 Merci à vous, merci beaucoup.
00:55:49 On revient justement à la possibilité d'aller voir ailleurs,
00:55:53 c'est Ophélie qui nous rejoint dans un instant.
00:55:55 Didier Pleu est avec nous, nous évoquons la frustration sexuelle,
00:55:59 Didier Pleu a lancé le pavé dans la mare.
00:56:02 En effet, si la sexualité n'est plus là dans le couple,
00:56:06 on peut aussi évoquer la question "ok, tu veux plus qu'on fasse l'amour,
00:56:11 peut-être que je peux à ce moment-là aller voir ailleurs".
00:56:14 N'est-ce pas Ophélie, c'est ce qui s'est passé pour vous ? Bonjour.
00:56:17 Oui, bonjour.
00:56:19 Effectivement, moi j'ai passé 10 ans avec le père de ma fille en étant très frustrée,
00:56:25 vraiment très très frustrée parce que disons qu'il a passé…
00:56:31 C'est moi qui allais tout le temps le chercher, mais vraiment tout le temps.
00:56:34 Il n'y avait pas forcément d'intimité non plus, comme vous disiez tout à l'heure,
00:56:38 c'est-à-dire que dès que je voulais me blottir contre lui parce que…
00:56:43 Ben voilà, moi j'avais envie d'avoir un petit moment de câlin.
00:56:46 Oui, bien sûr.
00:56:47 C'est chacun de son côté du canapé, tu me tiens trop chaud,
00:56:51 il n'y avait vraiment pas de… même dans le lit, c'était chacun de son côté.
00:56:56 C'était à peine si il y avait un bisou avant de s'endormir, c'était vraiment très très frustrant.
00:57:02 Et puis lors de rapport, quand j'allais le chercher, ce n'était pas génial non plus.
00:57:08 Donc pour dormir après, c'est encore plus frustrant de ne pas avoir eu de plaisir non plus.
00:57:14 Enfin bon bref, c'était assez désagréable et très très frustrant.
00:57:19 Et effectivement, après du coup, je suis allée voir, j'ai plusieurs amendes du coup,
00:57:29 où je trouve chez chacun différentes choses.
00:57:36 Un peu tout ce que vous avez dit du moment que je me sens délirée en fait.
00:57:40 C'est ce que je cherche au final, puisque certains vont me donner énormément de plaisir,
00:57:46 il n'y a pas de souci.
00:57:47 D'autres vont tellement me désirer qu'il n'y aura pas pénétration parce qu'ils n'ont aucune érection.
00:57:53 Mais il y a le côté justement sensualité, tout ça qui est agréable, je me sens désirée quand même.
00:58:01 Par exemple, des fois, ça peut m'arriver d'y passer une nuit.
00:58:09 Et donc du coup, dans ce cas-là, je vais choisir plutôt celui qui va me donner énormément de plaisir.
00:58:19 Je suis quand même assez gourmande aussi finalement.
00:58:22 Donc on va avoir plusieurs rapports dans la soirée, le matin, voilà.
00:58:28 Et je vais prendre énormément de plaisir.
00:58:30 Mais je vais préférer passer la nuit chez l'amant qui ne va pas forcément me donner beaucoup de plaisir,
00:58:37 mais qui va être très câlin, très tendre.
00:58:41 Qui, par exemple, va avoir un rapport dans la soirée, mais qui va me dire "J'ai très envie de toi,
00:58:49 mais je suis trop fatiguée et donc le matin, on ne fera rien".
00:58:52 Mais on est dans les bras l'un de l'autre, c'est des caresses.
00:58:56 Et je vais préférer ça au final que forcément me prendre beaucoup de plaisir.
00:59:02 Mais vous êtes toujours avec le père de votre fille ?
00:59:06 Alors du coup, non, plus.
00:59:09 Parce que c'est trop frustrant d'être avec quelqu'un qui nous donne beaucoup de plaisir.
00:59:17 Mais vous avez évoqué l'idée d'aller voir ailleurs quand vous étiez encore avec lui ?
00:59:22 Vous lui en avez parlé ?
00:59:24 Au final, c'est moi qui lui ai dit parce que j'ai très mal vécu,
00:59:28 parce qu'au final, il ne me désirait pas.
00:59:32 Et quand j'avais passé, on va dire, par exemple, plusieurs mois pour voir si lui, au final,
00:59:39 allait venir me chercher sans l'approcher, genre "Mais tu me trompes".
00:59:46 Alors que je ne le trompais pas, on est d'accord.
00:59:48 J'étais sérieuse.
00:59:50 Je lui disais non, j'attendais juste de voir s'il allait enfin venir vers moi.
00:59:54 Donc il a été jusqu'à me dire que, quand on a eu une autre fille,
01:00:00 au final, je l'avais eu avec quelqu'un d'autre.
01:00:04 Et donc du coup, c'est moi qui lui ai carrément tendu des capotes en lui disant
01:00:08 "Mais c'est bon, allez, en plus tu crois que je te trompe".
01:00:12 Il était videur.
01:00:14 J'ai tendu des capotes et je lui ai dit "Mais non, va voir ailleurs".
01:00:17 C'est bon, moi j'en peux plus.
01:00:20 Voilà.
01:00:22 Et au final, on a fini par se séparer.
01:00:24 J'entends bien, oui, et on peut le comprendre.
01:00:27 Mais avant que vous ayez votre fille, votre sexualité, elle était riche ou pas ?
01:00:31 Non, pas du tout.
01:00:33 Jamais ?
01:00:34 Non, non, non.
01:00:36 Elle n'a pas été plus riche avant qu'après.
01:00:38 Il n'y a rien eu de modifié.
01:00:41 Et alors la question, pourquoi vous l'avez choisi comme compagnon ?
01:00:44 Puisque de toute façon, vous aviez l'info qu'il ne vous correspondait pas.
01:00:49 Oui, tout à fait.
01:00:51 Bonne question.
01:00:52 J'étais amoureuse et peut-être que j'espérais qu'il allait changer, mais non, il n'a jamais changé.
01:00:57 Et ça, je crois, Didier Pleu, c'est vraiment une question importante à soulever.
01:01:04 On rencontre quelqu'un, sa sexualité, elle n'évoluera pas au fil du temps.
01:01:10 C'est très rare que ça change.
01:01:13 Ce serait merveilleux, mais effectivement, en général, on est ce qu'on est.
01:01:18 Mais c'est vrai que dans l'état amoureux, on est assez aveugle.
01:01:22 On se dit, oui, j'ai repéré les petites choses, mais je n'ai pas envie de les voir.
01:01:25 On est dans le déni, puis on se dit que ça va progresser.
01:01:28 Ça peut progresser, sinon aucun couple ne pourrait se construire.
01:01:32 Mais c'est vrai, ça veut dire que si on parle construction, on va moins parler passion, état amoureux.
01:01:38 On va parler quelque chose de beaucoup plus concret, beaucoup moins sympathique.
01:01:44 C'est vrai que quand on évoque les couples qui durent très, très longtemps,
01:01:49 souvent, quand les gens parlent, quand les couples échangent,
01:01:52 c'est souvent moins formidable que des couples qui ont vécu moins longtemps des passions amoureuses.
01:01:59 Mais c'est vrai que ça s'est construit au fur et à mesure.
01:02:01 On s'est retrouvé sur des valeurs, etc., etc., etc.
01:02:04 Et tout a évolué. Mais c'est difficile. C'est un long chemin difficile.
01:02:08 Mais quand une femme comme Ophélie fait le choix d'aller ailleurs,
01:02:11 elle, elle était quand même très quémandeuse, très sexuée.
01:02:15 Elle est en train de nous prouver que la sexualité, elle est multiforme,
01:02:19 puisqu'elle trouve son bonheur dans plein de partenaires différents qui lui apportent des choses différentes.
01:02:23 L'un a la tendresse, l'autre, les exploits un peu plus physiques, etc.
01:02:29 Donc, qu'est-ce qu'on fait quand on est très sexuée et qu'on est avec un partenaire qui ne l'est pas ?
01:02:35 Oui, il y a des choses qui peuvent se construire, qui peuvent être dites,
01:02:37 mais ça repose le même problème.
01:02:39 Quelqu'un de très gourmand, homme ou femme, peut-il se contenter d'un plat merveilleux,
01:02:45 même si le partenaire est quelqu'un qu'on aime, etc. ?
01:02:47 Est-ce que c'est possible ? Mais de dire ça, socialement, c'est pas sympa, et puis ça peut être dangereux.
01:02:52 C'est dangereux aussi pour le couple, parce que quelqu'un qui va voir ailleurs,
01:02:56 forcément, aura des tentations, aura des sentiments qui peuvent naître tout d'un coup.
01:03:01 C'est pas ce qu'il voulait. Donc, qu'est-ce qu'on fait avec ça ?
01:03:03 La norme nous dit, la religion, la société nous a dit, il vaut mieux être monogame, de toute façon.
01:03:08 Mais je pense que c'est un sujet qu'il faudra, à un moment donné, aborder,
01:03:11 surtout à une époque où, effectivement, on peut changer de partenaire avec une extrême rapidité,
01:03:15 avec les réseaux, etc.
01:03:17 Ce qui n'était pas vrai quand j'étais beaucoup plus jeune.
01:03:21 Si on décidait d'avoir une aventure, c'était tout un stratagème de séduction, de trouver un partenaire, etc.
01:03:28 Maintenant, j'entends des patients qui me disent "mais c'est fait dans l'heure".
01:03:31 C'est dans l'heure, si on a envie de désirer quelqu'un d'autre.
01:03:34 Donc, j'allais dire, il faut peut-être aborder le problème,
01:03:36 puisqu'on a la facilité d'avoir d'autres partenaires, est-ce qu'on peut inclure ça dans notre mission du couple ?
01:03:42 Vaste sujet qu'on pourra aborder une autre fois, peut-être.
01:03:46 En tout cas, merci Ophélie de votre témoignage, merci beaucoup.
01:03:49 Et puis, dans un instant, on va parler dans ce Love Conseil,
01:03:53 pourquoi les hommes sont en panne de désir.
01:03:55 Un Love Conseil tout à fait adapté à l'émission du jour.
01:03:58 Alors Didier Pleu, on va parler des hommes en panne de désir.
01:04:14 C'est un phénomène de plus en plus fréquent.
01:04:16 Il y a de plusieurs raisons qui expliquent ce phénomène.
01:04:20 Je vais vous les passer en revue, vous pouvez bien sûr aussi réagir, bien sûr Didier.
01:04:24 D'abord, je crois qu'il faut bien comprendre que le fait que les femmes prennent un peu le pouvoir de la sexualité,
01:04:31 les hommes se sentent un peu dépossédés,
01:04:33 et pour peu qu'ils n'aient pas une grande confiance dans leur virilité,
01:04:38 eh bien, ils vont abdiquer.
01:04:39 Ça, c'est quelque chose qu'il faut vraiment comprendre.
01:04:43 C'est ce fameux rapport de pouvoir dont je parlais,
01:04:46 à l'époque où c'était l'homme qui décidait de la sexualité et que la femme se soumettait,
01:04:51 eh bien, il y avait même des hommes un petit peu fragiles sur ce point-là,
01:04:56 qui se sentaient tout à fait capables de continuer à avoir du désir et des érections.
01:05:02 Alors, chez les jeunes, le sexe va peut-être aussi être évité,
01:05:08 pour justement éviter l'engagement et la peur de la rencontre.
01:05:12 On voit ça de plus en plus.
01:05:14 Il y a également la génération porno qui a sa part de responsabilité.
01:05:18 Plus l'ado va tomber dans une addiction de la pornographie,
01:05:21 plus il risque d'être en panne de désir avec sa partenaire,
01:05:24 parce que justement, sa fantasmatique a été tellement exacerbée par des choses visuelles de plus en plus fortes
01:05:32 que simplement, une femme, si je puis dire, à ses côtés, ça ne nourrit plus le désir.
01:05:39 Il y a aussi le manque de père, je dis bien de papa, si vous préférez,
01:05:44 parce que le désir chez un homme, ça se construit aussi par rapport à son image personnelle et de sa masculinité.
01:05:51 Et pour certains hommes qui sont en mal d'identité sexuelle masculine,
01:05:55 ça peut avoir des répercussions sur leur désir.
01:05:58 Alors, il y a évidemment aussi la notion de performance qui est due souvent à la pornographie,
01:06:03 mais aussi parce que les femmes sont devenues exigeantes sexuellement.
01:06:07 Une femme, elle veut que ça bande, elle veut voir tout de suite le désir qui monte.
01:06:14 Et puis, n'oublions pas aussi qu'il y a l'âge, les problèmes de santé,
01:06:19 les hormones sont parfois la cause d'un manque de désir,
01:06:22 et parfois un petit bilan de la testostérone est utile, un bilan de santé également.
01:06:28 Donc, on voit bien que lorsque... enfin, tout ce que j'ai énuméré comme cause,
01:06:34 il ne faut pas s'étonner qu'il y ait tellement d'hommes qui soient en panne de désir,
01:06:38 et j'en ai peut-être même oublié.
01:06:40 Didier Pleu, je vous laisse réagir.
01:06:42 Non, non, non.
01:06:44 Tout ce qui a été listé, moi je suis d'accord sur la perte de leadership que les hommes ont
01:06:48 par rapport à des femmes "libérées",
01:06:50 il y en a beaucoup qui ne trouvent pas ça très bandant.
01:06:53 C'est le vieux cliché, l'archétype du mal.
01:06:56 Vous l'avez dit aussi, la pornographie, effectivement,
01:06:59 on peut s'habituer à ne plus avoir de partenaire,
01:07:01 et dans ce cas-là, le reptilien marche tout seul avec des images,
01:07:03 pas besoin de s'enquiquiner à fréquenter quelqu'un.
01:07:06 Vous l'avez même dit aussi, le manque d'identification,
01:07:10 oui, une espèce de dévirilisation qui se passe aussi au niveau de la parentalité,
01:07:13 ce qui fait que si on n'a plus de modèle d'homme,
01:07:16 pourquoi se conduire en homme, etc.
01:07:18 Moi, je n'ai rien à ajouter à ce que vous dites.
01:07:22 Et c'est mon cas, bien sûr, le vieillissement,
01:07:26 cette acceptation-là, non pas fatalitas, tout est foutu,
01:07:29 mais il y a peut-être des stratégies à prendre quand on commence à vieillir,
01:07:32 parce que vous l'avez dit, il y a des phénomènes physiologiques,
01:07:34 d'irrigation, des choses comme ça qui peuvent être résolues,
01:07:37 et non pas de se dire "c'est foutu, c'est normal, tout s'arrête".
01:07:42 Non, c'est toujours cette histoire de "c'est comme ça, j'accepte,
01:07:45 ça ne me fait pas plaisir, qu'est-ce que je peux faire pour changer les choses si j'en ai envie ?"
01:07:49 Voilà, mais c'est vrai que c'est un vrai sujet de société,
01:07:55 et je pense que c'est important que les femmes le comprennent aussi,
01:07:58 parce que bien sûr qu'il n'est pas question de nier l'importance de #MeToo
01:08:04 et l'importance de toutes ces questions de consentement, etc.,
01:08:08 mais à trop vouloir prendre le pouvoir en tant que femme,
01:08:11 on risque peut-être de l'avoir totalement,
01:08:14 mais à côté d'avoir des hommes qui ne bandent plus,
01:08:16 donc ce n'est pas forcément ce qu'on désire non plus.
01:08:18 Stéphanie, bonjour.
01:08:20 Bonjour Brigitte, bonjour M. Pleu.
01:08:23 Bonjour.
01:08:24 J'espère que vous allez bien.
01:08:26 J'ai une question à vous poser avant de parler de frustration sexuelle.
01:08:31 Je suis en train d'arrêter de fumer.
01:08:35 J'essaie de me convaincre moi-même déjà, c'est déjà pas mal.
01:08:38 En fait, c'est une copine qui m'a raconté un truc,
01:08:41 et je voulais vous poser la question, vu que je vous ai au téléphone.
01:08:43 Elle m'a dit "les gens qui ont du mal à arrêter de fumer,
01:08:46 c'est des enfants à qui on a enlevé la sucette trop tôt."
01:08:50 Vous en pensez quoi ?
01:08:52 Elle n'est pas mauvaise, celle-là.
01:08:55 Oui, ça me fait plutôt sourire,
01:08:57 mais je vais laisser notre spécialiste de l'éducation répondre.
01:09:02 Ça me paraît plus judicieux.
01:09:04 Brigitte me refile la patate chaude là-haut.
01:09:06 Non, non, non.
01:09:07 Merci pour la patate !
01:09:09 Non, non, non, c'est la question qui est une patate chaude.
01:09:13 Non, non, peut-être que ça a un lien.
01:09:17 Si on n'a pas eu son contentement tout petit
01:09:21 avec l'allaitement au sein de sa mère,
01:09:23 on a du mal à décrocher de tout ça,
01:09:25 mais je crois que c'est difficile quand on a une addiction d'arrêter,
01:09:29 parce qu'arrêter, ça veut dire qu'on n'est plus dans ce circuit de la récompense,
01:09:33 que chimiquement on n'obtient plus la bonne dopamine
01:09:35 qui fait que ça nous chute.
01:09:37 Donc arrêter le tabac, c'est comme arrêter l'alcool,
01:09:39 c'est comme arrêter n'importe quelle addiction.
01:09:41 C'est très très dur.
01:09:42 Et là, on parlait de frustration,
01:09:44 et c'est beaucoup plus difficile à la limite qu'une frustration sexuelle
01:09:47 où on peut effectivement avoir des stratégies.
01:09:49 Là, les stratégies, c'est accepter de ne plus avoir quelque chose
01:09:52 qui était bon, mais ça c'est encore un autre sujet.
01:09:55 C'est une bêtise, à mon avis.
01:09:58 Non, non, non, c'est pas une bêtise,
01:10:00 parce que c'est vrai que la cigarette,
01:10:01 elle est très en rapport avec le stade oral,
01:10:03 puisque c'est ce qu'on met à la bouche.
01:10:05 Beaucoup de spécialistes de l'addiction disent
01:10:09 que c'est l'addiction la plus difficile à supprimer, la cigarette.
01:10:12 Donc, je ne sais pas si c'est vrai pour vous, en tout cas Stéphanie,
01:10:18 mais ce n'est pas évident.
01:10:20 Mais je crois surtout que la cigarette,
01:10:23 elle donne de la contenance,
01:10:25 et c'est ça qui est difficile, je pense.
01:10:27 Alors, il y a évidemment la question de l'addiction,
01:10:29 comme l'alcool, la drogue, etc.
01:10:31 Mais la cigarette, c'est quelque chose qu'on va toucher,
01:10:35 c'est une sorte de, comment dirais-je, de peluche,
01:10:40 enfin de... zut, je ne trouve pas le mot, mais c'est pas grave,
01:10:43 vous avez compris ce que je veux dire Stéphanie.
01:10:45 - De doudou !
01:10:46 - De doudou, merci, exactement, c'était le mot que je cherchais.
01:10:49 Donc c'est forcément assez en rapport, évidemment,
01:10:53 avec la prime-enfance,
01:10:55 c'est en ça que votre copine, elle soulève quelque chose
01:10:58 qui n'est pas complètement nul,
01:11:00 mais bon, ce n'est pas aussi simple que ça.
01:11:05 Mais moi, j'ai remarqué les gens, par exemple,
01:11:09 quand ils sont en train d'attendre quelqu'un,
01:11:14 ils vont allumer cigarette sur cigarette,
01:11:16 parce que ça leur donne de la contenance.
01:11:18 Lorsqu'ils ont un peu de stress, ils vont encore plus fumer.
01:11:22 Enfin, on voit bien à quel point il y a une relation
01:11:25 entre la cigarette et puis la question du doudou, il me semble.
01:11:30 Vous êtes d'accord avec ça, j'imagine Didier ?
01:11:32 - Oui, oui, non, je suis d'accord avec...
01:11:35 Il ne faut jamais oublier les certaines hypothèses
01:11:38 qui en psychologie peuvent expliquer des choses,
01:11:41 mais je pense aussi qu'il faut toujours se dire
01:11:43 quand est-ce que j'ai une envie terrible, terrible
01:11:45 de prendre du tabac,
01:11:46 et là, vous en avez parlé, ça peut être dans des moments d'anxiété,
01:11:49 ça peut être dans des moments difficiles de vie.
01:11:52 Donc c'est ça aussi pourquoi j'ai besoin de ce genre de subterfuge
01:11:56 pour accepter la dure réalité de la vie.
01:11:58 Si on reprend le sujet de la frustration sexuelle,
01:12:01 je pense qu'il y a beaucoup d'hommes ou de femmes
01:12:03 qui vont finir un paquet de cigarettes dans les deux heures qui suivent
01:12:06 s'ils ont été frustrés sexuellement.
01:12:08 Donc encore une fois, c'est toujours lié à
01:12:11 est-ce que j'accepte que la réalité soit parfois difficile ?
01:12:14 Et je crois qu'on est très vulnérable de plus en plus
01:12:17 par rapport à cette réalité.
01:12:19 Et c'est vrai que quelqu'un qui va travailler ce côté
01:12:22 pourquoi je suis anxieux de temps en temps,
01:12:24 pourquoi je suis en colère de temps en temps,
01:12:26 pourquoi je n'accepte pas les choses telles qu'elles sont,
01:12:28 non pas pour béatement dire tout est OK,
01:12:30 mais pour me dire qu'est-ce que je peux changer
01:12:32 et qu'est-ce que je peux accepter de ne pas changer,
01:12:34 je crois que ça aiderait beaucoup.
01:12:36 Et ça peut aussi aider Stéphanie dans sa quête d'arrêt du tabac,
01:12:40 c'est-à-dire comment ça se fait qu'elle était aussi addicte
01:12:42 et dans quels endroits elle l'était,
01:12:44 est-ce qu'elle a repéré tout ça ?
01:12:46 Ce qui va lui permettre de baisser la tension
01:12:48 et d'être moins en appétence.
01:12:50 Mais effectivement, le fait que la cigarette est ramenée,
01:12:53 ça peut être une question aussi de frustration, effectivement.
01:12:57 Quand on est frustré, on a envie d'une clope,
01:12:59 quand on attend quelqu'un, on a envie d'une clope.
01:13:01 Mais alors à ce moment-là, pourquoi on fume une clope
01:13:03 après l'amour ?
01:13:05 Alors ça, c'est la clope plaisir.
01:13:08 C'est rajouter du plaisir au plaisir.
01:13:11 Parce qu'en général, le tabouret petit lien, il en veut plus.
01:13:15 Coït, clope, champagne, une bonne série télé,
01:13:19 c'est un nograin.
01:13:22 Celle-là, je dirais qu'à la limite,
01:13:25 elle est tout à fait bienvenue.
01:13:28 Celle-là, il faut la garder.
01:13:30 Bon, alors, revenons sur votre frustration sexuelle, Stéphanie.
01:13:34 Alors, moi, il m'est arrivé une frustration sexuelle
01:13:39 avec, c'est pas moi qui l'ai eue,
01:13:42 puisque je suis quelqu'un d'assez libérée,
01:13:44 avec un camarade à moi qui avait, comment dirais-je,
01:13:49 qui était très content de tomber sur quelqu'un
01:13:53 qui avait peu de tabou.
01:13:56 Et au moment de faire, par exemple,
01:13:59 l'éjaculation faciale, on y va, c'est bon, c'est vite,
01:14:03 il a complètement débandé.
01:14:05 Ça a été la catastrophe.
01:14:07 Et pourtant, il en avait envie.
01:14:09 Et après, on a rompu, parce qu'en fait,
01:14:12 je me demande si c'était pas lié plus à du fantasme,
01:14:16 mais il a tellement été frustré dans ses anciennes relations
01:14:21 qu'après, par la suite, il n'y arrivait plus à se lâcher complètement.
01:14:25 Pourtant, l'envie était là.
01:14:29 Oui, ou peut-être qu'il n'était pas si clair que ça avec lui-même.
01:14:35 Peut-être qu'il n'était pas si malheureux
01:14:38 lorsqu'il était avec des femmes un peu moins libérées que vous,
01:14:42 et que votre liberté sexuelle lui faisant un petit peu peur,
01:14:46 ça le fait débander.
01:14:48 Ah oui, ça doit être ça, oui.
01:14:50 Ça doit être ça, il doit y avoir de ça.
01:14:52 Peut-être qu'on peut dire peur aux hommes.
01:14:54 Je ne sais pas, mais vous semblez en effet très libre.
01:14:58 Donc forcément, ça peut aussi inquiéter un homme,
01:15:03 surtout s'il n'a jamais été avec une femme libre.
01:15:06 Mais là, encore une fois, c'est tout le paradoxe d'un être humain.
01:15:12 C'est qu'à la fois, il se plaint de ne pas être avec quelqu'un de libre,
01:15:15 mais une fois qu'il est avec quelqu'un de libre,
01:15:17 "Ah, ah, ah, au secours !"
01:15:19 Oui, oui, c'est ça.
01:15:21 Après, il l'a exprimé, mais bon, après, on a rompu,
01:15:27 mais c'est vrai que c'était étrange.
01:15:33 Après, j'ai mis ça sur le compte que c'était plus un fantasme.
01:15:37 Il y a des gens qui ne sont pas capables d'aller jusqu'à la réalité.
01:15:41 C'est possible aussi ?
01:15:42 Oui, oui, vous avez raison, c'est possible aussi.
01:15:44 Didier, qu'est-ce que vous diriez ?
01:15:46 Oui, on n'est pas obligé de réaliser tous ces fantasmes,
01:15:48 ni les fantasmes de l'autre.
01:15:50 Je crois que dans la relation qu'elle a eue avec ce partenaire,
01:15:52 oui, Brigitte, vous l'avez dit, il était peut-être beaucoup plus pudique,
01:15:55 il s'est senti obligé d'être à la hauteur de quelqu'un de plus libre,
01:15:58 et il était complètement dans ce qu'on appelle un faux self.
01:16:01 Je m'oblige à avoir cette attitude-là pour lui,
01:16:04 et c'était pas lui du tout.
01:16:05 Mais c'est vrai que ça rejoint toujours toutes ces injonctions que les hommes ont,
01:16:08 du style "il ne faut pas que je paraisse nian, nian, trop romantique, trop ceci".
01:16:13 On n'en a pas parlé, mais il y a ça aussi dans la frustration dite sexuelle,
01:16:18 c'est-à-dire est-ce que certains hommes acceptent justement
01:16:21 de ne pas être des étalons de service constamment,
01:16:24 et acceptent d'avoir des sensibilités qui ne sont pas forcément
01:16:27 des sensibilités dites viriles ou des choses comme ça ?
01:16:30 Beaucoup d'hommes lustrent contre cette affaire-là,
01:16:33 qui suivent, parce qu'on veut répondre au canon ambiant de ce qu'est un homme.
01:16:40 Effectivement, il peut être choqué par certaines caresses,
01:16:43 certaines poses physiques dans la sexualité,
01:16:48 mais est-ce que vous, Stéphanie, vous lui avez permis de dire
01:16:51 "non, si tu n'aimes pas, ne fais pas, surtout pas" ?
01:16:54 Disons qu'on a essayé, et après il m'a dit "mais non",
01:17:01 et il m'a dit "en même temps le résultat était là".
01:17:04 Mais c'est vrai que nous les femmes, on a toujours un rôle de toujours les rassurer,
01:17:11 et surtout de ne pas leur dire "ici c'est la vraie vie, je suis un être humain".
01:17:16 Et toi aussi, on n'est pas là pour faire de la performance.
01:17:20 Et c'est vrai que tout ce qui est film porno, tout ce qu'on peut voir,
01:17:24 et tout ce qu'on peut entendre, ce n'est pas la réalité des choses.
01:17:29 Non, ça c'est clair, on en est très très loin.
01:17:33 La pornographie et la capacité sexuelle d'un homme,
01:17:38 ce n'est pas tout à fait la même chose, on est bien d'accord.
01:17:41 Mais oui, ça fait partie de toute façon,
01:17:45 c'est pour ça que je pense qu'il serait encore plus utile de parler
01:17:48 de ce qu'est la sexualité et l'intimité aujourd'hui qu'il y a 20-30 ans.
01:17:53 Mais c'est compliqué, il n'y a pas beaucoup d'endroits où on parle vraiment bien de sexualité.
01:17:59 Mais ce n'est pas grave, s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là, n'est-ce pas Didier ?
01:18:03 Oui, absolument.
01:18:05 Vous êtes là Brigitte, on a besoin de vous,
01:18:08 effectivement il n'y a pas beaucoup d'endroits où on parle de sexualité, ça c'est sûr.
01:18:12 Mais on continuera.
01:18:14 Merci Stéphanie, merci à vous.
01:18:16 Merci beaucoup Brigitte.
01:18:17 On va conclure avec Christophe dans un instant,
01:18:20 qui va parler de frustration provisoire,
01:18:24 et ça c'est aussi intéressant, à tout de suite.
01:18:37 Nous parlons de la frustration sexuelle en compagnie de Didier Pleu,
01:18:41 aujourd'hui psychothérapeute.
01:18:43 Je rappelle que Didier Pleu, vous avez beaucoup écrit sur la question de l'éducation,
01:18:49 entre le plaisir, le principe de plaisir, le principe de réalité.
01:18:53 Eh bien oui, il faut apprendre à nos tout jeunes enfants la frustration,
01:18:57 pour que justement quand ils sont adultes, ils soient aptes à accepter
01:19:02 que l'autre n'est pas là pour satisfaire tous nos désirs,
01:19:05 comme l'étaient nos parents.
01:19:07 C'est un sujet qui nous tient à cœur,
01:19:09 et qui est tellement important, et on le voit bien,
01:19:11 sur des sujets aussi complexes que la sexualité,
01:19:14 à quel point quand on a un bon rapport à la frustration,
01:19:17 on n'est plus à même éventuellement d'en parler avec son ou sa partenaire.
01:19:22 Christophe, merci de témoigner, parce que je trouve que votre témoignage est important.
01:19:26 Vous allez parler de cette frustration que vous avez ressentie
01:19:30 lorsque votre femme était enceinte, à coucher à l'été,
01:19:35 et évidemment, c'est quelque chose que connaissent de nombreux hommes.
01:19:40 Bonjour Brigitte, bonjour Didier.
01:19:43 Moi en fait, c'est une période que j'avais complètement zappée de ma mémoire,
01:19:49 et pourtant ça a duré six mois,
01:19:52 et c'est juste après l'accouchement de mon premier enfant.
01:19:58 Après l'accouchement, et jusqu'à la fin de l'allaitement,
01:20:03 ma femme n'avait vraiment plus de désir.
01:20:07 Et à ce qui paraît, j'étais imbuvable,
01:20:12 et elle doit avoir raison, parce qu'on en a reparlé récemment,
01:20:18 il y a une paire d'années,
01:20:21 que j'étais presque à l'harceler, elle me disait.
01:20:25 Et ça, je ne m'en souviens pas en fait.
01:20:29 Je ne m'en souviens pas, je ne m'en souviens pas de ce qu'elle m'en a parlé,
01:20:33 mais sur le moment...
01:20:35 Oui, je comprends.
01:20:37 Mais en même temps, vous l'avez respectée.
01:20:42 Ce qui est important quand même à dire, Christophe,
01:20:46 peut-être qu'elle n'a pas su vous expliquer,
01:20:48 il serait bien que vous puissiez l'entendre,
01:20:50 lorsqu'une femme alaîte, elle n'a plus d'envie sexuelle,
01:20:56 parce que sur le plan hormonal, ça bouscule complètement son fonctionnement.
01:21:02 Donc c'est assez logique, une femme qui est alaîte n'a plus de désir sexuel.
01:21:06 C'est physiologique d'ailleurs, ce n'est pas presque physiologique.
01:21:11 Oui, mais après, je me rappelle qu'elle me disait "je n'ai pas envie",
01:21:16 tant pis, j'accepte, mais j'accepte, mais d'une manière de dire "oui, j'accepte".
01:21:21 Tu n'as pas le choix, mais tu m'énerves.
01:21:24 Voilà, c'est ça, je partais, je prenais un bouquin,
01:21:27 et tant que je n'étais pas fatigué, à point de m'endormir sur le bouquin,
01:21:31 je ne remontais pas dans la chambre,
01:21:33 parce que ça ne me servait à rien, parce que je restais excité après.
01:21:36 Donc vous boudiez un peu quand même, vous faisiez un peu d'agressivité passive.
01:21:43 Oui, je pense, parce qu'en fait, comme je vous l'ai dit,
01:21:46 c'est parce qu'on en a reparlé plusieurs années plus tard,
01:21:51 qu'elle avait subi ça comme de l'harcèlement.
01:21:56 Et moi, je ne m'étais même pas aperçu en fait.
01:21:59 Et pourtant, avec notre deuxième enfant, elle alaitait et tout,
01:22:06 ça ne s'est pas du tout passé comme ça.
01:22:08 Oui, elle était peut-être plus à l'aise dans son corps.
01:22:12 C'était peut-être moins important pour elle.
01:22:16 Toujours est-il que là, encore une fois, Didier Pleu,
01:22:19 on voit bien que s'il y avait eu une communication plus pérenne,
01:22:23 plus harmonieuse, peut-être que Christophe aurait mieux accepté,
01:22:29 et peut-être que ça serait mieux passé.
01:22:33 Oui, mais Christophe était sans doute en colère.
01:22:36 Ça ne devrait pas se passer comme ça.
01:22:38 J'ai le désir qui me prend la tête, j'en peux plus.
01:22:40 Elle me raconte ses histoires d'accouchement, d'alaitement,
01:22:43 mais moi, je suis un mec, je ne peux pas supporter
01:22:45 d'être dans ce désir-là qui n'est pas assouvi.
01:22:48 Donc, c'est ça l'histoire d'intolérance et de frustration.
01:22:50 Je n'ai pas envie de me faire mal, et on n'a pas envie de se faire mal
01:22:53 avec le désir. C'est-à-dire, on est habitué,
01:22:55 si j'ai faim, il faut que je mange, si j'ai soif, il faut que je boive,
01:22:58 et si j'ai envie d'un Covid très fort, il faut que je l'ai immédiatement.
01:23:01 Non, l'acceptation de la frustration, ce n'est pas de se dire
01:23:04 je vais avoir une vie d'alai lama ou je ne sais quoi,
01:23:07 mais c'est de se dire, ce n'est pas tout le temps possible.
01:23:10 Quelle est la réalité ? Ma femme vient d'avoir un enfant,
01:23:12 donc est-ce que je peux avaler mon chapeau pendant quelques semaines
01:23:15 ou quelques mois en me disant, ça va être difficile, c'est frustrant,
01:23:18 oui, il faut que j'avale mon désir, mais il n'y a pas d'autre solution
01:23:21 pour l'instant. Si on accepte ça, on va pouvoir parler à sa partenaire
01:23:24 en disant, je sais que ce n'est pas le moment, je sais que c'est disproportionné
01:23:27 ce que j'ai dans la tête et ce que tu vis dans ta maternité,
01:23:31 mais est-ce qu'on peut en causer ? Et dans ce cas-là, comme par hasard,
01:23:34 l'épouse va se dire, oui, c'est vrai que j'ai moins de désir,
01:23:38 mais ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas qu'on se fasse un petit câlin quand même,
01:23:41 qu'on ne soit pas tendre, il y aura des compromis, alors que là,
01:23:43 il restait sous le bras, comme on dit, le guernement.
01:23:47 - Oui, mais je veux dire, ça a duré six mois, mais sur les six mois,
01:23:52 je n'ai pas non plus… Je veux dire, il y avait des câlins,
01:23:57 il y avait de la tendresse, il y avait quand même…
01:24:01 - Oui, quand même.
01:24:04 - Je veux dire, je continuais à… Je veux dire, la charge mentale de mon épouse
01:24:11 était comme diminuée parce que je faisais toujours des tâches,
01:24:15 voire plus parce que quand elle était fatiguée, je m'occupais de l'enfant,
01:24:18 mais il y avait cette partie… J'avais l'impression qu'en fait,
01:24:24 je vais parler comme un égoïste, j'avais l'impression que c'était elle
01:24:28 qui ne me disait pas en fait. Elle disait oui, je te comprends, mais voilà.
01:24:33 - Oui, mais c'est chouette ce que vous venez de dire, Christophe,
01:24:37 parce qu'au fond, oui, vous aviez le sentiment de ne pas être compris,
01:24:41 d'être rejeté, et c'est ça qui provoque de l'agressivité, en effet.
01:24:46 Alors, est-ce que c'était vrai ou pas, on ne sait pas, parce qu'on n'était pas là,
01:24:50 et puis peut-être qu'elle ne vous a pas suffisamment compris,
01:24:54 peut-être que vous n'avez pas suffisamment…
01:24:58 Enfin, vous étiez peut-être un petit peu trop en train de considérer
01:25:03 que vos besoins étaient plus essentiels. Enfin, bon, on ne sait pas,
01:25:06 on n'était pas là. Mais ce qui est intéressant, c'est que là encore,
01:25:10 il y a eu un moment donné où le couple n'a pas su vraiment s'entendre,
01:25:15 communiquer vraiment, vraiment. Ça laisse… Bon, en même temps,
01:25:21 je pense que votre couple va bien, vous vous en amusez aujourd'hui.
01:25:25 Oui, mais après, comme je dis, on n'a pas quand même perdu cette histoire
01:25:30 de tendresse, de partager des moments communs.
01:25:35 Ça, je pense que ça a aidé, parce que si on était chacune sur notre position,
01:25:40 je pense qu'elle n'aurait marre, elle nous aurait foutus dehors.
01:25:46 Peut-être pas, mais bon… Mais ce serait bien, Christophe, là,
01:25:52 aujourd'hui, des années plus tard, moi, à votre place, je ferais un petit rituel,
01:25:56 un petit truc pour lui faire un petit cadeau ou lui offrir une petite journée,
01:26:03 quelque chose du genre. Tiens, finalement, je me suis rendu compte
01:26:09 que j'avais peut-être été pas sympa, pas assez sympa pendant cette période-là
01:26:13 et peut-être que je n'étais pas assez comprise. Et au fond, c'est parce que
01:26:17 je ne me sentais pas comprise que je n'étais pas comprise.
01:26:19 Et puis, ça serait chouette.
01:26:22 Oui, après, c'est vrai qu'on se fait des moments à nous.
01:26:26 Ça nous arrive aussi de se faire des moments à nous, enfin, les enfants, voilà.
01:26:33 C'est des moments qui sont super chouettes. Et c'est justement après des moments
01:26:38 comme ça que est revenu ce sujet sur la table que moi, je me suis complètement oublié.
01:26:42 En fait, peut-être parce que ça m'arrangeait bien ou peut-être parce que c'est du passé.
01:26:47 Donc, c'est du passé, je n'y pensais plus. C'est un problème du passé.
01:26:49 Mais parce que je pense, Christophe, que la mémoire émotionnelle du passé,
01:26:55 elle est beaucoup moins forte chez l'homme que chez la femme.
01:26:57 Nous, on est un peu plus rancunières que vous, il me semble.
01:27:00 Vous êtes d'accord, Didier ?
01:27:02 Il me semble, j'entends, c'est bien. J'apprends des choses.
01:27:07 Nous, on n'oublie pas grand-chose.
01:27:10 Le vase de Soissons.
01:27:12 Un petit peu, oui, c'est vrai. C'est un peu féminin, ça, je reconnais.
01:27:17 Donc voilà, mais c'est vrai que c'est intéressant parce qu'en même temps,
01:27:23 vous pouvez en parler, vous en amusez tous les deux.
01:27:25 Ça vous montre que votre couple va vraiment bien.
01:27:30 Oui, oui, oui. Après, ça fait...
01:27:33 Je veux dire, on s'est connus jeunes et on est toujours ensemble.
01:27:38 On a découvert la sexualité ensemble et tout.
01:27:44 Mais c'est vrai que le fait d'avoir une jeunesse où j'ai eu de la frustration
01:27:49 par rapport à être une famille nombreuse,
01:27:53 j'ai pas eu ce que je...
01:27:57 En fait, j'ai su gérer la frustration.
01:27:59 J'ai appris très jeune, en fait.
01:28:01 D'accord.
01:28:02 A part avoir ce que je voulais, en fait.
01:28:04 Et pourtant, dans cette période-là, vous l'avez mal vécue, cette frustration.
01:28:08 Comme quoi...
01:28:10 Et oui, la frustration, je crois que c'est quelque chose qu'on subit tous très mal, finalement.
01:28:16 Alors on va forcément être plus à même de l'accepter ou pas,
01:28:19 mais c'est de toute façon désagréable d'être frustré.
01:28:22 Je crois que c'est sur ce mot de la fin qu'on va conclure cette émission.
01:28:26 Merci beaucoup, Christophe, en tout cas.
01:28:28 Merci d'avoir réagi.
01:28:30 Merci, Didier Pleu.
01:28:31 Je rappelle que votre dernier livre, ça s'appelle "L'éducation bienveillante, ça suffit".
01:28:37 C'est aux éditions Albain Michel.
01:28:39 Merci, Didier.
01:28:40 À très vite.
01:28:41 C'est moi.
01:28:42 Tout de suite, vous retrouvez "C'est votre avenir".
01:28:44 Demain, nous serons avec Alain Héril, psychanalyste, sexothérapeute,
01:28:48 qui parle beaucoup du féminin.
01:28:50 Et justement, on va évoquer la sexualité féminine au fil des années,
01:28:56 et on va mieux comprendre comment une femme se trouve dans sa sexualité.
01:29:01 Et je suis sûre que ça va intéresser également.

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