BE SMART - L'interview de Jacques Rivoal (Groupement d'Intérêt Public France 2023) par Stéphane Soumier

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Mercredi 28 juin 2023, BE SMART reçoit Jacques Rivoal (Président, Groupement d'Intérêt Public France 2023)
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00:00 - Et donc Jacques Rivoël est avec nous. Bonjour Jacques. - Bonjour Stéphane.
00:08 - On s'est connu dans une autre vie quand tu dirigeais Volkswagen en France et tu es maintenant
00:13 donc président du groupement d'intérêts public France 2023 en charge de l'organisation de la
00:20 coupe du monde de rugby, lancement le 8 septembre c'est ça Jacques ? - C'est ça. - Alors je voudrais
00:25 pour commencer prendre la mesure de ce que représente parce que j'ai mis coupe du monde
00:30 et business c'est pas le... oui on va parler du business de la coupe du monde mais c'est la
00:34 vision que tu dois avoir toi de ce comité d'organisation comme d'une entreprise. - Oui
00:39 exactement. - Et donc je voudrais prendre la mesure de ce que ça représente si c'était une entreprise.
00:43 - Oui parce qu'effectivement les gens ont en tête la compétition sportive, la grande compétition
00:48 tous les quatre ans qui réunit le Gotha du rugby mondial mais un comité d'organisation d'un grand
00:53 événement sportif d'une coupe du monde de rugby c'est une entreprise. Alors une entreprise
00:57 particulière parce qu'elle est éphémère en fait elle demarre de zéro puisqu'il y a un dossier de
01:02 candidature et donc à partir de 2-3 personnes et puis à la fin ça se déroule pendant 6 ans, 7 ans
01:07 et à la fin il y aura 15 000, 17 000 personnes qui vont travailler pour l'événement et effectivement
01:11 si on cite quelques chiffres c'est le troisième grand événement sportif mondial après les Jeux
01:15 Olympiques, après la coupe du monde de football, c'est pratiquement 900 millions de téléphones. - Attends,
01:21 je m'arrête là dessus, parce que j'avais dans l'idée quand même que t'avais à peine un cinquième
01:27 du monde qui joue au rugby mais en fait ce sont des pays suffisamment importants pour que ça en
01:31 fasse le troisième événement sportif. - Oui c'est le troisième et c'est télévisé dans plus de 200
01:36 pays et c'est 900 millions de téléspectateurs donc c'est effectivement le troisième événement.
01:41 Alors nous on a chiffré pour le dossier de candidature on avait chiffré les retombées
01:46 économiques qu'on estime à plus de 2 milliards d'euros, 17 000 emplois créés donc c'est effectivement
01:51 une entreprise significative. - 17 000 emplois mais il y a beaucoup de bénévoles quand même dans
01:54 l'histoire Jacques là. - Oui il y a 5, 6 000 bénévoles, il y a 1400 apprentis, il y a des prestataires,
02:00 des intérimaires et puis il y a les effectifs en contrat avec le comité d'organisation. - Comment
02:07 est-ce que, juste encore une fois pour faire le parallèle avec tout ça, toi quand tu as pris ce
02:15 dossier en main tu as été voir quelle référence, je sais pas, tu as appelé Michel Platini organisateur
02:21 de la coupe du monde 98, comment est-ce qu'on va chercher des références ? - Non alors nos
02:26 références c'est plutôt les autres coupes du monde puisque c'est la dixième coupe du monde de rugby
02:31 qui est organisée donc on se compare. Alors la dernière elle était au Japon il y a quatre ans donc le
02:35 Japon c'est quand même toujours un peu difficile pour des différences culturelles de se comparer,
02:38 nous on s'est plutôt comparé à celle qui avait lieu en Angleterre en 2015 et puis il y en avait
02:43 une autre en 2011 mais c'était en Nouvelle-Zélande et sinon la France c'était en 2007 où la France
02:47 avait déjà, alors pas en responsabilité totale mais donc notre meilleure référence c'est l'Angleterre
02:54 en 2015. - Et là il y a le passage de témoins, c'est-à-dire tu peux, je sais pas qui était en
03:00 charge, je me souviens que pour les Jeux Olympiques c'était Sébastien Coe, c'était le gars avec une
03:05 aura quand même assez incroyable, tu peux aller voir ceux qui étaient tes homologues en Angleterre,
03:12 en Grande-Bretagne à l'époque et discuter un peu des écueils, des choses comme ça ? - On était
03:16 déjà allé au Japon donc il y a quatre ans on était allé au Japon faire une mission d'observation
03:19 pour justement bien bien regarder ce qui se passait, ce qui avait été une belle, une très belle
03:24 opération, ça avait été très très bien organisé par nos amis japonais et puis surtout il y a en
03:28 quelque sorte une maison mère qui est la propriétaire de l'événement, l'événement
03:32 Coupe du Monde, c'est une marque, Rugby World Cup qui appartient à World Rugby, qui est la
03:37 Fédération Internationale de Rugby et qui tous les quatre ans en fait octroie, délègue le droit
03:41 d'organiser la compétition à un pays, c'est un peu une relation de franchiseur à franchiseur. - Ah oui,
03:46 donc c'est l'équivalent de la FIFA pour le football ce jeu World Rugby, voilà d'accord. Et donc eux ont
03:52 une expertise en fait d'organisation, ils te servent aussi de cabinet de conseil d'une certaine
03:57 manière. - Oui, ils ont surtout une expertise parce qu'effectivement ils font ça, il y a des
04:00 responsables de World Rugby qui ont fait cinq, six, sept Coupes du Monde donc qui ont une vraie
04:04 expertise, un vrai savoir-faire et puis il y a des standards de marque, c'est une marque Rugby
04:08 World Cup, on n'imagine pas mais en fait on va organiser 48 matchs de rugby qui doivent tous
04:13 respecter un certain nombre de standards en termes de prestations vis-à-vis de l'accueil des
04:16 spectateurs, vis-à-vis de l'accueil des équipes, voilà donc c'est quelque chose de... c'est pas
04:20 48 matchs différents dans dix villes hautes, il y a vraiment un standard qui doit être respecté.
04:25 - T'as raison, c'est exactement la logique d'un franchisé quoi. - Voilà, ça se rapproche, nous
04:29 alors on dit propriétaire, locataire, on dit votre rugby est notre propriétaire, nous on est le
04:33 locataire pendant une année de l'événement. - Les principales difficultés devant toi ?
04:38 - Bah écoutez... - Encore une fois en tant que chef d'entreprise, c'est bien ça qui nous intéresse.
04:43 - Ils sont plutôt derrière moi, derrière nous je dirais... - Alors celles que t'as identifiées au départ
04:47 et justement moi j'aimerais bien le cheminement, comment est-ce que tu les as... comment est-ce que
04:51 t'as résolu ces problèmes ? - La plus grande difficulté c'est, si je compare à une entreprise
04:55 où en fait dans une entreprise vous avez essentiellement deux parties prenantes, il y a
04:59 les salariés et les actionnaires en quelque sorte, pour simplifier. Mais dans une coupe du monde de
05:04 rugby, il y a beaucoup beaucoup de parties prenantes parce qu'il y a déjà nos actionnaires, alors c'est
05:10 pas des actionnaires parce qu'on est un groupe en intérêt public, c'est nos membres fondateurs, mais
05:13 il y en a deux principaux, c'est d'un côté l'État, de l'autre côté la Fédération Française de Rugby.
05:17 Donc on peut déjà imaginer assez facilement les logiques de fonctionnement, les modes de pensée,
05:22 les prises de décision qui sont tout à fait différentes selon ces deux partenaires. Et puis
05:26 après on a World Rugby qui est un peu notre maison mère, j'ai connu dans d'une vie antérieure. Et puis
05:31 après on a plein d'autres parties prenantes parce qu'il y a tous les sponsors, on a 37 sponsors qui
05:35 arrivent sur cet événement avec des intérêts, des démarches, des souhaits qui sont aussi différents
05:39 en termes d'activation. Et puis il y a toutes les collectivités territoriales parce qu'on a huit
05:43 régions, on a neuf départements, on a dix villes ou métropoles hautes, et donc là c'est des logiques
05:48 de président de collectivités territoriales. Et puis il y a la famille du rugby, les clubs
05:52 professionnels, les licenciés. Et en fait le rôle du comité de l'organisation c'est d'arriver à
05:56 fédérer tout ce monde là, qui sont tous sur des logiques de fonctionnement, des modes de
06:00 raisonnement très différents, d'arriver à tous les fédérer derrière l'événement pour tirer,
06:05 pour pousser l'événement. C'est ça la plus grosse difficulté. - Et à un moment est-ce qu'il y a
06:08 quelqu'un, toi ou un autre, qui est le patron ? C'est-à-dire face à ces intérêts contradictoires
06:14 que tu décris parfaitement bien, de temps en temps il faut trancher. - Oui c'est ça, c'est ça la plus
06:18 grande difficulté parce que... - Et t'as le pouvoir de trancher Jacques ? - A la fin oui, c'est trancher,
06:24 c'est faire les compromis, c'est faire la synthèse, sachant qu'on a plein de contradictions.
06:28 Par exemple il faut qu'on fasse un événement qu'on veut être accessible, mais en même temps il faut
06:34 essayer de maximiser le résultat. Parce que le résultat financier il sera redistribué en héritage
06:39 au développement du rugby. - On va y venir sur le résultat financier, ça m'intéresse. - Donc on est
06:43 régi par le code des marchés publics parce qu'on est un groupe en intérêt public, et on a avec nous
06:47 des sponsors qui sont tous des entreprises privées. Donc il faut aligner ça. On doit livrer une coupe
06:52 du monde au meilleur standard en termes de prestation de service, mais là aussi essayer
06:55 d'optimiser le résultat financier. Donc en fait on est en permanence en train de jongler entre des
07:00 intérêts contradictoires, donc c'est ça qui fait tout le sel, tout le charme effectivement du job.
07:05 - Je veux pas t'emmener sur ce sujet là parce que à mon avis t'auras pas envie d'en parler, moi je ne le
07:08 maîtrise absolument pas, j'ai juste compris que la Fédération Française de Rugby était dans des
07:13 turbulences importantes. Est-ce que ça complique encore plus les choses ou au contraire ça les
07:19 simplifie parce que pendant qu'ils règlent leurs problèmes ils viennent pas t'en chercher ? - Je suis
07:23 un peu tenu un peu à un devoir de réserve, parce que moi en tant que président du comité d'organisation
07:27 je suis un des administrateurs de la Fédération Française de Rugby, mais c'est vrai qu'on aurait
07:31 souhaité un climat plus serein pour préparer une coupe du monde, mais en fait paradoxalement c'est
07:36 des sujets qui sont plutôt connexes à ceux du comité d'organisation que nous on fonctionne, et
07:41 malgré toutes les turbulences qu'a pu connaître la gouvernance de la Fédération Française de Rugby,
07:44 on n'a pas pris de retard, on a avancé, il y a toujours eu des représentants, des prises de
07:48 décision, des représentants de la Fédé qui étaient dans les comités et ça nous a pas retardé dans
07:52 la préparation de l'événement. - Il y a une feuille de route j'imagine assez précise, enfin c'est
07:56 l'équivalent d'un plan stratégique pour une entreprise qui a été faite au point de départ et
08:01 chacune des étapes a été respectée, enfin ça c'est ta logique d'entreprise j'imagine qui a aidé à ça ?
08:08 - La particularité c'est qu'en fait vous n'êtes jamais dans un mode de management stabilisé,
08:13 parce que vous êtes toujours en train de préparer l'étape d'après, ça démarre, c'est un dossier de
08:17 candidature, donc là vous êtes plus dans une logique de commando en fait où il faut aller
08:21 renverser la table et il y a effectivement un président de la Fédération Française de Rugby
08:25 de l'époque qui a eu le courage de dire "allez on renverse la table, on va aller chercher cette
08:29 candidature" alors qu'elle n'était pas du tout, elle était plutôt promise à l'Afrique du Sud ou à
08:35 l'Irlande, la France avait beaucoup beaucoup de retard et finalement on a renversé la table et on
08:38 a réussi à emporter le droit de l'organiser et après il faut définir les grands principes
08:42 stratégiques de l'organisation, après vous passez dans un mode de management plus par les grandes
08:46 fonctions et puis après vous passez par un mode de management où vous déconcentrez la responsabilité,
08:51 c'est les patrons de site qui vont avoir à piloter l'événement. - C'est le moment dans lequel t'es là en ce moment ?
08:54 - On rentre dans ce moment là où on a des directeurs de site sur chacun des stades qui vont
08:58 accueillir la compétition et c'est eux qui vont être les patrons pendant les trois quatre mois de
09:02 l'événement. - C'est tes directeurs d'usine ça ? - Voilà, ou des directeurs régionaux, donc c'est eux
09:07 qui ont la responsabilité de préparer, de fédérer l'ensemble de l'écosystème parce que on voit le
09:11 stade mais autour de ça il y a les gares, il y a les aéroports, il y a les bases camp de match là où vont
09:15 loger les équipes, il faut organiser les transports, les hébergements, c'est un métier en
09:21 termes de logistique qui est assez complexe et en fait le diable est dans le détail et donc il faut
09:25 bien préparer tout ça. - Mais c'est ça le truc Jacques, c'est que le diable est dans le détail.
09:29 - Le diable est dans le détail. - Tout cet échafaudage là que tu es en train de monter, il suffit qu'un bus
09:36 à un moment ne puisse pas passer à deux heures du match par là où il devait passer et tout s'effondre.
09:41 - Il suffit qu'il y ait un embouteillage et que l'équipe arrive en retard, qu'est ce qui se passe, donc on a
09:45 tout ça c'est en fait très très formalisé, il y a ce qu'on appelle des règlements, des politiques
09:52 sur tous les sujets qui sont écrits et avec des plans de crise, si le bus de l'équipe qui doit
09:59 jouer est bloqué par une manifestation ou je ne sais pas, il y a le plan B. - Étonnant que ce soit l'exemple que tu
10:04 prêtes à la manifestation, très étonnant. C'est peut-être un des éléments par rapport au Japon qui peut être
10:11 radicalement différent dans l'organisation. - Nous on sait que les salariés de la RATP et les salariés de la SNCF
10:17 sont globalement des fans de rugby donc on leur fait confiance. - Oui même si, et là aussi je ne vais pas
10:21 t'emmener là-dessus parce que tout ce que tu dis est effectivement, enfin tu dois faire très très
10:27 attention à ce que tu dis et j'en suis parfaitement conscient, mais c'est vrai qu'en cela ce qu'on a
10:32 pu entendre pendant la réforme des retraites, les menaces autour des Jeux Olympiques ont modifié
10:37 quand même un tout petit peu le climat. Alors les bénéfices, le budget etc. Est-ce que c'est le but du jeu ?
10:46 Je vais être très franc avec toi Jacques, moins pour la Coupe du monde de rugby parce que c'est un événement,
10:53 je pense que la France sait faire, davantage sur les Jeux Olympiques, juste je le dis comme ça, je ne te demande
10:57 pas de commenter, Jeux Olympiques à Paris, moi personnellement acteur économique, agent économique,
11:03 je me demande pourquoi on fait ça, je referme la parenthèse. Est-ce que le but du jeu c'est d'aller
11:09 chercher, une Coupe du monde de rugby c'est d'aller chercher forcément des bénéfices et de la
11:12 rentabilité ? - Non non pas du tout, c'est pas l'objectif principal. - C'est quoi l'objectif ?
11:17 - C'est d'organiser cette grande compétition sportive qui tous les quatre ans les 20 meilleures
11:22 équipes s'affrontent pour désigner le meilleur d'entre eux donc c'est une organisation sportive
11:27 qu'il faut organiser, ça fait partie du sport, puis après je dirais l'autre objectif c'est surtout,
11:32 c'est celui-là le plus important, c'est une grande fête populaire parce qu'en fait c'est ça qu'on
11:35 va organiser, l'intérêt de notre événement c'est qu'il a lieu du 8 septembre au 28 octobre donc
11:40 c'est pas en plein milieu de l'été et c'est pas un événement qui est centralisé sur une ville,
11:44 c'est un événement qui aura lieu dans neuf grandes villes en France, dans dix si on rajoute Paris,
11:49 et c'est un événement qu'on veut ancrer dans les terroirs et dans les territoires, ça sera à Lille,
11:53 à Nantes, à Bordeaux, à Lyon, à Toulouse, à Marseille, à Nice, j'ai dû en oublier une ou deux,
11:58 voilà donc c'est vraiment, et on considère qu'on a 80% de la population à moins de deux heures
12:02 d'un stade et on veut vraiment mettre en avant la richesse de notre patrimoine local, la gastronomie
12:08 locale, on va spécifier les menus de restauration en fonction de chaque ville, il y aura un sandwich
12:13 dans chacune des villes avec une spécialité locale, voilà on veut vraiment faire une grande fête
12:17 populaire parce que le rugby... - Tu auras le sandwich coupe du monde de rugby, donc tu auras
12:21 neuf sandwiches coupe du monde de rugby. - À Paris ça sera le jambon de Paris, à Lille ça sera le
12:28 welsh, une spécialité locale, voilà partout. - Ce qui va nous montrer qu'on sera dans de la
12:33 densité calorique assez importante quand même. - On a du mal à en prendre un deuxième.
12:37 Et puis donc voilà c'est ça la grande fête populaire et puis accessoirement effectivement
12:41 il faut quand même qu'on soit responsable et qu'on ait un PNL avec des dépenses qui soient
12:46 couvertes par des recettes, il y aura un bénéfice, on est assuré aujourd'hui qu'on ne perdra pas
12:50 d'argent, il n'y aura pas besoin de soutien public et ce bénéfice il est redistribué à l'euro près
12:55 au développement du rugby. L'actionnaire en fait de l'événement c'est le développement du rugby
12:59 en France. - Mais attends je lis même un bénéfice, alors ça c'est les chiffres que tu donnais à
13:03 l'équipe je crois au moment des 100 jours, quand vous avez présenté pas mal de trucs sur les 100
13:08 jours, une cinquantaine de millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 800 millions d'euros,
13:13 c'est ça le... - Entre 45 et 50, c'est le résultat qu'on a annoncé aujourd'hui. - Mais dis donc c'est
13:19 une belle profitabilité, enfin je veux dire, il y a bien des boîtes qui aimeraient bien avoir cette
13:25 profitabilité là quand même. - C'est ce qu'on appelle l'héritage, encore une fois cet héritage
13:29 il sera redistribué au développement du rugby parce qu'on estime qu'avec l'engouement de
13:34 l'événement en septembre 2024, donc après la première rentrée scolaire après la coupe du
13:38 monde, il y aura peut-être plus 30% de licenciés dans les clubs de rugby, les parents ou les
13:43 enfants séduits par la compétition diront "moi je veux jouer au rugby", les parents diront "moi je
13:47 vais inscrire mon fils au rugby" ou "ma fille" et donc il faudra accueillir ces 30% donc ça vaudra
13:52 dire des infrastructures, des formateurs, voilà et donc on a défini également, dès maintenant on a
13:57 commencé à travailler sur comment on va redistribuer cet argent pour accompagner cet engouement du
14:01 sport. - Et c'est là qu'arrive le centre de formation des apprentis sur les métiers du sport ?
14:05 - Alors ça c'est oui... - C'est quelque chose de très intéressant je trouve. - Alors on a, à côté de la compétition
14:10 sportive, à côté de la fête populaire, on s'est dit il faut comme toutes les entreprises aujourd'hui
14:14 réfléchir sur notre raison d'être, notre démarche RSE et donc on s'est dit c'est quoi, par exemple on a
14:18 décidé de faire un grand événement sportif, comment cet événement sportif peut-il s'inscrire dans les
14:22 problématiques sociétales du moment, en particulier au sujet de la formation, de l'emploi et donc on a
14:26 décidé de créer ce centre de formation des apprentis donc on a embauché 1400 jeunes qui
14:30 sont en apprentissage, bac +3, bac +5 et les 50% de leur temps en apprentissage, essentiellement
14:36 dans des clubs de rugby pour les aider à se développer et une partie de ces 1400 seront
14:41 pérennisés, on a identifié les budgets pour pérenniser 500 emplois de ces jeunes qui seront
14:46 dans les clubs de rugby pour les aider à se développer et accompagner ce formidable essor que
14:50 va connaître le sport après la coupe du monde. - Alors dans les clubs de rugby mais des autres
14:53 ils seront formés au métier du sport et à l'ensemble de la palette des métiers du sport,
14:57 qui est quand même un secteur dont on peut penser qu'il est assez largement porteur. - Effectivement
15:01 c'est un secteur qui est aujourd'hui beaucoup géré par des bénévoles, par de l'associatif,
15:06 et donc on a voulu prendre cette responsabilité de dire voilà l'héritage sociétal c'est
15:11 cela, c'est de laisser une empreinte avec ces jeunes qui vont irriguer l'ensemble du sport et
15:14 l'aider à se développer. - Non mais je reviens sur ce que tu disais, je ne sais pas si tu as vu ou si
15:19 tu as en tête au moment de la coupe du monde 98, Canal+ avait fait un film incroyable où ils avaient
15:26 récupéré, il doit y avoir des milliers, de vidéos personnelles faites par toutes les familles et tous
15:33 les fans du foot le jour de la finale. Et c'est un film incroyable de montage de petites vidéos qui
15:40 démarre de 8 heures du matin jusqu'à la victoire finale. Et tu prends la mesure d'un pays qui a
15:46 mais qui a vécu ce moment dans une unité qu'on a, et on le sait, du mal à retrouver quand même
15:52 régulièrement. Il y a quelque chose comme ça quoi j'imagine qui trotte dans le film. - Oui oui, pour moi c'est ça le témoignage qu'on veut laisser le plus
15:59 important avec cette coupe du monde, c'est cette grande fête populaire. Et je pense que le rugby,
16:03 encore plus que les autres grands événements sportifs, parce que le rugby ça a des vraies
16:06 valeurs qui sont toujours modernes. Le rugby c'est un sport de rencontres, c'est un sport de liens
16:10 sociaux, c'est un sport qui véhicule la fraternité. Dans le rugby, les supporters ils arrivent ensemble
16:15 au stade, on n'a pas besoin de les séparer dans les tribunes, ils repartent après boire des bières
16:21 ensemble qu'ils aient gagné ou qu'ils aient perdu. Le rugby c'est la fraternité entre les classes
16:25 sociales, entre les générations, entre les pays. - C'est toujours vrai, ça ça a toujours été vrai, c'est toujours vrai aujourd'hui.
16:30 - Sincèrement c'est pas des valeurs éculées, c'est pas des valeurs du passé, le béret, la baguette, etc.
16:35 Non, c'est toujours vrai et on voit bien que les sponsors qui nous rejoignent c'est pour ça, parce que les valeurs du rugby
16:39 elles sont pérennes. Et je dirais même encore plus aujourd'hui, dans une société qui est quand même plutôt
16:43 tourmentée, fragmentée, archipelisée, comme a dit un grand sociologue, voilà, nous on va refaire la possibilité
16:49 pendant deux mois, parce qu'en plus une coupe du monde c'est long, ça dure deux mois une coupe du monde de rugby,
16:53 de retrouver du lien social et de la rencontre entre les gens. Et c'est ça qui me frappe aujourd'hui,
16:57 les collectivités territoriales, les élus, qui sont bien sûr à l'écoute de ce que ressentent leurs concitoyens,
17:03 leurs électeurs, ils ont bien compris ça et ils investissent énormément sur le relais, la préparation de la coupe du monde,
17:08 parce qu'ils ont bien compris que là, ils vont enfin avoir la possibilité d'apporter des choses positives aux gens
17:13 et ce que vous disiez, effectivement, sur les émotions sportives. Il n'y a que dans le sport qu'on a ces souvenirs
17:18 d'émotions sportives. Tout le monde a en tête des grands moments liés à des grands événements sportifs.
17:23 Répétition avant les JO aussi quand même, est-ce qu'il y a cet enjeu-là aussi qui pèse un petit peu sur vos épaules ?
17:31 Alors, on parle notamment de questions de sécurité, même si tu viens de le décrire, les questions de sécurité du rugby
17:36 n'ont peut-être rien à voir avec celles des autres sports, mais est-ce qu'il y a un côté, quand même, répétition avant les JO ?
17:41 Oui, c'est sûr que pour la France, c'est d'abord une chance extraordinaire d'avoir un pays qui, dans deux années de suite,
17:46 va organiser parmi les deux des trois plus grands événements sportifs. Donc, il y a effectivement des synergies,
17:52 on discute beaucoup, on échange beaucoup avec... Moi, j'ai rencontré Tony Estanguet, on parle, on essaye même de travailler ensemble.
17:58 On aura par exemple des collaborateurs futurs des JO, ce qu'on appelle des Stadium Managers, donc les gens qui vont gérer les compétitions dans les stades.
18:06 Il y en a un qui sera détaché dans un de nos stades pour se former déjà, ça sera pour lui, une forme d'apprentissage.
18:12 Et après, il est détaché du comité d'organisation des JO et après, il aura capitalisé une expérience, il ira travailler pour les JO.
18:21 On a aussi établi des passerelles pour nos apprentis qui, demain, naturellement, pourront venir alimenter les ressources des JO.
18:27 C'est pour nous vraiment une très grande opportunité d'avoir deux grands événements sportifs qui se succèdent.
18:32 - Qu'est-ce que tu redoutes, là ? Question finale, on est à 80, 90 jours, on va rediffuser cette interview pendant l'été.
18:39 Qu'est-ce que tu redoutes ? Aujourd'hui, tout tombe sur les rails et ça ne peut plus dérailler ou il y a toujours un accident possible ?
18:45 - Oui, c'est ça, c'est la bonne image, on a tout remis vraiment sur les rails. Les billets sont vendus, les sponsors sont là,
18:51 il y a cet engouement populaire pour l'événement. Après, on a une somme de petits détails mais c'est plus du détail de back-office, de coulisses.
18:58 En fait, on va vous organiser un super spectacle. Derrière, il y a un peu d'intendance, il y a un peu de back-office mais ça, c'est notre boulot.
19:04 Il y a énormément de choses à faire mais sincèrement, il n'y a rien de compliqué. Donc, on est très confiant sur le fait que cette Coupe du Monde a été très bien préparée.
19:12 - Merci Jacques, merci pour tout ça. Jacques Rivoyal, président du Groupement d'Intérêts Public France 2023.
19:20 8 septembre, rendez-vous pour le lancement de cette Coupe du Monde de rugby.
19:26 [Musique]

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