SMART JOB - Fenêtre sur l’emploi : Frédéric Lavenir (ADIE)

  • l’année dernière
Jeudi 6 juillet 2023, SMART JOB reçoit Frédéric Lavenir (Président, ADIE)
Transcript
00:00 [Musique]
00:12 Et bien nous continuons à parler d'entrepreneuriat dans Fenêtre sur l'emploi avec l'ADI, l'association pour le droit à l'initiative économique
00:19 qui a franchi le cap des 25 000 entrepreneurs financés. Malgré les incertitudes économiques, la hausse des prix, l'envie d'entreprendre des Français
00:28 tient bon. Pour en parler, nous recevons aujourd'hui Frédéric Lavenir, le président de l'ADI. Bonjour et bienvenue.
00:34 Bonjour.
00:35 Merci beaucoup de nous accompagner aujourd'hui dans Smart Job. Est-ce que vous pouvez nous expliquer très rapidement comment est né, comment fonctionne l'ADI ?
00:41 Voilà, pour ceux qui nous regardent.
00:42 L'ADI est né il y a 35 ans presque maintenant. Sur une idée, une mission, c'est que nul ne doit être empêché de créer son propre emploi par quelques obstacles que ce soit,
00:51 commencé par les obstacles financiers. Et nous avons depuis l'origine un outil pour remplir cette mission qui est ce que nous appelons le microcrédit accompagné.
01:00 Nous finançons et nous accompagnons les créateurs.
01:03 Qu'est-ce qui vous différencie aujourd'hui, vous diriez, des autres organismes de soutien à l'entrepreneuriat ?
01:07 Ce qui, en tout cas, singularise l'ADI, c'est de coupler le financement et l'accompagnement. Et c'est ce qui, à la fois, attire les créateurs d'entreprises,
01:17 leur apporte quelque chose d'original et puis permet aussi à ces créateurs d'entreprises de réussir parce qu'il faut de l'argent et puis il faut aussi des conseils.
01:25 Bon, on va voir comment vous les aidez. Un mot quand même sur ce dynamisme, c'est ce que je disais, de l'entrepreneuriat.
01:30 26 137 entrepreneurs financés accompagnés par l'ADI en 2022. Qu'est-ce que ça dit, voilà, aujourd'hui de ce dynamisme entrepreneurial en France ?
01:39 Vous avez donné un chiffre, je vais me permettre d'en rajouter un. C'est que ce chiffre de 26 000 et quelques financements en 2022 est en croissance de 20 % par rapport à 2021,
01:51 qui était déjà une année de très forte croissance par rapport à 2019, si je saute l'année 2020 un peu particulière à cause du Covid.
01:57 Et donc, c'est une dynamique qui est très, très forte, qui s'est accélérée depuis 7, 8 ans et qui correspond à la fois à une évolution de l'économie,
02:09 avec une recherche de services de proximité, avec une recherche de développement local et territorial, et puis à une évolution des envies des gens.
02:20 C'est-à-dire que ce qu'on observe, c'est une appétence pour la création d'entreprises qui est universelle et qui est de plus en plus forte,
02:27 et qui correspond à la fois à une volonté de choisir sa vie, son rythme de vie, son lieu de travail, et puis à une volonté de donner du sens à ce qu'on fait.
02:36 Et quand on est autonome, quand on est entrepreneur, on peut donner du sens, choisir les marchandises qu'on va vendre, le service qu'on va rendre, la manière de le rendre.
02:44 Et cette double dynamique de sens et de choix de vie est très, très puissante depuis plusieurs années.
02:51 – Mais ça amène son lot de difficultés également d'entreprendre.
02:54 Vous diriez quoi, les principales difficultés aujourd'hui lorsqu'on veut créer son emploi, son entreprise ?
02:59 – Il faut de l'argent. – Oui.
03:01 – Il y en a beaucoup de difficultés, bien sûr.
03:03 Il y a des blocages psychologiques, il y a le sentiment qu'on n'est pas capable, qu'on ne pourra pas,
03:07 il y a des difficultés et des complexités administratives, il y a évidemment des questions de formation qui sont importantes.
03:13 Mais enfin, l'obstacle numéro un, c'est l'argent pour investir, acheter le premier stock, acheter le véhicule pour se déplacer et pour travailler,
03:21 acheter l'outillage, le matériel, c'est le premier obstacle.
03:24 – Donc vous, c'est comme ça que vous avez décidé de les accompagner avec ce micro-crédit, c'est ce que vous disiez tout à l'heure ?
03:28 – Absolument, c'était l'intuition de Maria Novak, notre fondatrice, il y a 35 ans, qui s'est avérée assez bien vue.
03:34 – Parce que vous vous adressez, je disais en préambule de cette émission, à des populations plutôt éloignées,
03:38 ou en tout cas très peu représentées aujourd'hui dans le monde entrepreneurial.
03:41 Vous allez à la recherche de ces femmes, de ces jeunes éloignés de l'emploi, pourquoi vous vous adressez à ces populations particulièrement ?
03:47 – C'est la vocation d'origine de la DIE, les personnes qui n'ont pas accès au crédit bancaire sont celles qui vont venir nous voir, d'abord.
03:53 Et les personnes qui n'ont pas accès au crédit bancaire sont des personnes qui, d'une manière ou d'une autre, sont dans une situation d'exclusion.
03:59 Alors effectivement, exclusion sociale, exclusion financière.
04:02 Et par rapport à cette population-là, le service de la DIE est à la fois ce qui permet de créer une entreprise, et puis ce qui permet surtout de la réussir.
04:14 – Comment on la réussit ?
04:16 – On la réussit d'abord en ayant d'emblée un projet bien structuré et bien financé.
04:24 Et c'est en cela que le démarrage d'une entreprise, comme pour des entreprises, des PME, c'est vrai aussi pour des très petites entreprises comme celles que nous finançons,
04:36 est un moment absolument crucial.
04:39 Et d'ailleurs, c'est à 2 ans, 3 ans, qu'on mesure le taux de réussite, qui sont très élevés.
04:45 On fait régulièrement une petite enquête sur ce que sont devenus les créateurs que nous avons financés.
04:51 – Oui, c'est intéressant de les suivre.
04:53 – Absolument, et la dernière enquête que nous avons faite mettait en évidence un taux de pérennité à 3 ans de 80%.
04:59 C'est-à-dire que 8 créateurs sur 10, 3 ans après, sont toujours en activité.
05:03 Ce qui est un taux supérieur même à ce qu'on observe sur la moyenne nationale,
05:06 alors même que les personnes que nous accompagnons sont plutôt dans des situations d'exclusion.
05:10 Ce qui montre que l'esprit d'entreprendre, la volonté et les bonnes idées ne sont pas l'apanage des gens qui ont des formations extraordinaires.
05:19 Mais que chacun peut le faire et en particulier dans les banlieues, dans les zones rurales dévitalisées,
05:26 où il y a énormément d'esprit d'entreprise et énormément de potentiel.
05:30 – Sur quelle thématique s'engagent ces publics-là, ces populations-là, ces entrepreneurs de ces quartiers populaires ?
05:37 Je ne sais pas si vous avez quelques exemples à nous donner ?
05:40 – Oui, je peux vous donner 25 000 exemples par an, c'est-à-dire un peu trop pour le peu de temps que nous avons.
05:46 Du commerce ambulant, de la réparation, je pense à ce créateur d'entreprise dans les Alpes,
05:55 ou plutôt non, dans le Midi à Toulon, qui a créé son atelier de réparation, c'était un passionné de vélo.
06:00 A cette dame qui a créé un service de réparation de machines à coudre, elle était passionnée de couture.
06:06 Vous avez de l'agriculture, du commerce, des services de toute nature, du transport.
06:11 C'est d'une incroyable variété et vous donner ces grandes catégories ne vous donne pas l'imagination,
06:18 la diversité des inventions qu'on peut trouver et qui sont d'ailleurs un hommage au génie de chaque créateur.
06:28 – Est-ce que vous arrivez à mesurer les conséquences, alors conséquences dans le sens positif aussi,
06:33 de ces créations d'entreprise dans ces territoires-là ?
06:37 – Alors, il y a d'abord les conséquences pour les intéresser eux-mêmes,
06:41 c'est-à-dire que c'est d'abord créer son entreprise, c'est créer une activité génératrice de revenus,
06:46 donc ça permet de vivre, c'est beaucoup.
06:49 Ça crée aussi pour les personnes qui s'engagent dans cette démarche, un regard sur soi très différent,
06:57 c'est-à-dire que lorsque vous avez une qualification faible,
07:00 ou que vous êtes par exemple un migrant sortant de prison,
07:02 ou que vous êtes tout simplement dans une situation difficile pour des raisons qui tiennent à des accidents de la vie,
07:08 eh bien le regard qu'on a sur soi, l'estime de soi, elle dépend beaucoup de ce qu'on arrive à réaliser.
07:12 La création d'entreprise est incroyablement puissante pour aussi se découvrir soi-même
07:17 et retrouver ou trouver une estime de soi.
07:20 Et puis, en termes de développement territorial, vous savez comme moi que de nombreuses régions,
07:26 zones, et l'actualité le montre aujourd'hui, c'est vrai dans les banlieues, c'est vrai dans les zones rurales,
07:31 sont largement vidées de leur activité, et le travail indépendant, la création d'entreprise,
07:37 c'est une manière de revitaliser, de faire repartir ces territoires,
07:41 et c'est extrêmement précieux, et ça correspond d'ailleurs, pour des raisons ne serait-ce qu'écologiques,
07:47 à ce que nous souhaitons comme économie pour demain, une économie plus proche, une économie de services de proximité.
07:53 Et donc oui, c'est un puissant levier de développement des territoires, c'est clair.
07:58 - Merci beaucoup Frédéric Lavenière d'avoir répondu à nos questions aujourd'hui dans Smart Job.
08:01 Je rappelle, vous êtes le président de l'ADI. Merci beaucoup d'avoir été avec nous.
08:06 Merci à vous de nous avoir suivis, merci à Nicolas Juchat qui m'a aidé à préparer cette émission,
08:09 merci à Alexis Mathieu également, merci à tous.
08:12 Demain, vous retrouverez Arnaud Ardouan à la présentation de ce rendez-vous. Salut, ciao.
08:16 [Musique]

Recommandée