Punchline Été (Émission du 27/08/2023)

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Pendant tout l'été, les invités de #PunchlineEte débattent des grands thèmes de l'actualité de 17h à 19h

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00:00:00 Bonjour à tous, ravi de vous retrouver pour Punchline été.
00:00:03 Nous sommes ensemble jusqu'à 19h.
00:00:05 Nous allons notamment revenir sur les violences à Nîmes ou encore à Marseille.
00:00:09 On suivra bien évidemment le discours de Gérald Darmanin.
00:00:13 Dans un instant, je vous présente mes invités.
00:00:15 Mais d'abord, c'est le JT présenté aujourd'hui par Adrien Spiteri.
00:00:19 Bonjour Adrien.
00:00:20 Bonjour Thomas et bonjour à tous.
00:00:21 Gérald Darmanin fait sa rentrée politique aujourd'hui.
00:00:25 Le ministre de l'Intérieur a convié aujourd'hui à Tourcoing, dans le Nord, des proches.
00:00:29 Mais aussi des personnalités politiques.
00:00:31 La première ministre, justement, Elisabeth Borne, est sur place.
00:00:34 Objectif affiché par le ministre, réfléchir aux attentes des classes populaires.
00:00:38 Le but n'est pas de créer un parti politique.
00:00:41 On écoute le ministre.
00:00:42 S'il y aura demain une suite de discussions, c'est tout à fait normal.
00:00:46 Et si j'ai toujours défendu une sensibilité particulière,
00:00:49 qui s'inscrit totalement dans l'action du président de la République.
00:00:52 L'idée n'est évidemment pas de créer un parti, un mouvement.
00:00:55 Mais il ne faut pas vous étonner que les hommes politiques fassent de la politique.
00:00:58 Et d'ailleurs, Gérald Darmanin tiendra un discours à 18h.
00:01:01 Il sera évidemment à suivre sur CNews, en direct.
00:01:06 Et d'autres partis politiques ont fait leur rentrée aujourd'hui.
00:01:09 C'est le cas des Républicains.
00:01:10 Ils se sont réunis autour de leur président, Eric Ciotti, au Canet, dans les Alpes-Maritimes.
00:01:14 Le député a dévoilé les propositions qu'il présentera mercredi à Emmanuel Macron.
00:01:19 Il demandera notamment un renforcement de la sécurité et de la justice.
00:01:23 Et à l'approche de la rentrée scolaire, cette fois, le manque de professeurs inquiète.
00:01:27 Cette année, plus de 1250 postes n'ont pas été pourvus.
00:01:31 Les académies de Versailles, Créteil et de Guyane sont particulièrement touchées.
00:01:35 Alors comment expliquer une telle pénurie ? C'est Lya Juda.
00:01:39 - Les emplois du temps, demain matin à 10h.
00:01:41 À l'approche de la rentrée des classes, la pénurie se confirme.
00:01:44 Il n'y aura pas assez de professeurs pour la rentrée 2023-2024.
00:01:48 Sur 8174 postes ouverts pour la rentrée prochaine,
00:01:52 1250 d'entre eux n'ont pas été pourvus.
00:01:55 En 20 ans, c'est même 60% de candidats en moins inscrits au concours.
00:01:59 En cause, un métier qui ne donne plus envie.
00:02:02 - Les causes, elles sont très simples.
00:02:03 Depuis de nombreuses années, en fait, on observe une forme de crise au niveau du recrutement.
00:02:10 Alors effectivement, quand on parle du manque d'attractivité,
00:02:13 on va parler de la question de la rémunération.
00:02:15 Il y a aussi la condition de travail naturellement des enseignants.
00:02:21 Des enseignants à qui on demande de plus en plus de choses.
00:02:23 Même si cette année, une amélioration est observée avec 84,5% des postes offerts pourvus,
00:02:29 contre 75,7% en 2022.
00:02:33 Le ministère de l'Éducation doit faire appel aux candidats inscrits sur la liste complémentaire,
00:02:37 c'est-à-dire non reçus au concours d'entrée, mais bien placés dans le classement.
00:02:41 - Malheureusement, le gouvernement n'a pas d'autre choix que de faire ça dans le court terme.
00:02:47 Il ne faut pas croire que quelques heures de formation suffisent à faire des adultes,
00:02:54 des enseignants aguerris.
00:02:56 Sur le long terme, les syndicats exigent de rendre à la profession ses lettres de noblesse.
00:03:01 Et puis, direction les Andelices dans l'heure pour terminer ce journal.
00:03:04 Dans la commune, les bateaux de croisière affluent pour le plus grand bonheur des commerçants.
00:03:08 Mais cette présence engendre aussi certaines nuisances.
00:03:11 Illustration dans ce reportage de Celia Judat.
00:03:14 - Dans la commune des Andelies, en Haute-Normandie, habitation et bateaux de croisière font tous deux partie du décor.
00:03:20 Entre avantages.
00:03:21 - Ça arrange tous les commerçants du petit Andelie.
00:03:23 - On est quand même content de voir des touristes qui s'intéressent à la fois à la ville, au village, à la vie des gens ici.
00:03:31 - Pour nous, les bateaux de croisière, c'est très important.
00:03:33 Ça représente une grosse partie de notre chiffre d'affaires.
00:03:36 Sans le bateau, la terrasse ne serait pas remplie.
00:03:38 - Et inconvénient.
00:03:39 - Les moteurs aussi qui tournent sans arrêt, l'odeur que ça peut dégager.
00:03:43 - Effectivement, ces bateaux font quand même pas mal de bruit.
00:03:46 - La nuisance propre du bateau, qui souvent est en moteur continu en bord de Seine.
00:03:54 Pour garantir la tranquillité de ses administrés, la municipalité s'est saisie du problème majeur.
00:03:59 Les nuisances sonores causées par ces embarcations.
00:04:02 - Pour régler le problème des nuisances, nous avons mis en place des transformateurs qui seront opérationnels à partir de l'année prochaine.
00:04:07 Là, vous pouvez voir l'emplacement d'un des futurs transformateurs.
00:04:10 Il permettra d'avoir un bateau sans bruit de moteur auxiliaire pour pouvoir faire tourner l'électricité.
00:04:15 Cette année, plus de 500 bateaux de croisière ont ainsi accosté aux Andelies, avec à leur bord 50 000 visiteurs.
00:04:23 - Voilà, c'est la fin de ce journal, le début de Punchline été.
00:04:26 C'est avec vous, Thomas.
00:04:27 - Merci beaucoup, Adrien.
00:04:28 Et à tout à l'heure pour un nouveau point sur l'information.
00:04:31 Mes invités m'ont rejoint sur ce plateau.
00:04:33 Philippe Guibert, enseignant, bonjour.
00:04:34 Merci d'être avec nous en cette fin d'après-midi.
00:04:37 À vos côtés, Naïma M. Fadel, essayiste.
00:04:39 - Bonsoir, bonjour. Je ne sais pas trop bien comment il faut dire.
00:04:41 Merci en tout cas d'être avec nous en cette fin d'après-midi.
00:04:44 Et face à vous, Patrick Bonin, directeur général de l'agence Djean.
00:04:48 - Bonjour.
00:04:48 - Et Joseph Touvenel, directeur de la rédaction de Capital Social.
00:04:52 On va beaucoup parler politique cet après-midi, notamment dans le cadre du discours de Gérald Darmanin,
00:04:56 qui sera à suivre dans la deuxième partie de cette émission.
00:05:00 Mais d'abord, revenons sur la situation à Nîmes, puisqu'il y a eu des nouveaux faits de violence ces dernières heures.
00:05:06 D'abord, hier, en plein centre-ville de Nîmes, à 19h30,
00:05:10 un scooter avec deux individus à son bord arrive à la hauteur d'un jeune de 15 ans.
00:05:15 L'un des personnes sur ce scooter porte un coup de couteau au niveau du cou.
00:05:19 L'ami de la victime lui fait un point de compression.
00:05:22 Ses jours ne sont pas en danger.
00:05:24 Sur lui, il avait 1 000 euros en billet de 50.
00:05:26 Et il dit ne pas vouloir dénoncer l'auteur des faits.
00:05:30 Un peu plus tard, dans la nuit, vers 2h du matin,
00:05:33 une tentative d'assassinat a eu lieu dans un autre quartier de Nîmes.
00:05:37 Un homme, dans sa voiture, a été visé par des tirs d'armes automatiques.
00:05:41 Il a été blessé à l'homoplate et rapidement hospitalisé.
00:05:45 Les auteurs, eux, ont pris la fuite.
00:05:47 Tout cela fait suite évidemment à la situation à Nîmes que l'on vous décrit depuis maintenant plus d'une semaine,
00:05:53 avec nos équipes sur le terrain, avec d'abord le décès de ce jeune garçon de 10 ans,
00:05:58 victime collatérale d'une fusillade, et puis un autre jeune homme de 18 ans qui a aussi été tué.
00:06:03 Dans le quartier de Pisse 21, un quartier gangréné par le trafic de drogue,
00:06:07 Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, s'est rendu sur place ce vendredi.
00:06:10 Il a annoncé des moyens supplémentaires, la création d'un commissariat.
00:06:14 Alors depuis, le calme est revenu dans le quartier, mais le travail des forces de l'ordre, lui, il se poursuit.
00:06:19 Nos équipes ont pu les suivre, ces forces de l'ordre.
00:06:22 C'est un reportage exclusif signé Thibault Marcheteau, Fabrice Wissner, Sacha Robin.
00:06:27 Le récit est signé Dounia Tengour.
00:06:31 Les fouilles s'intensifient au sein du quartier Pisse 20 à Nîmes.
00:06:34 Les forces de l'ordre et les brigades synophiles collectent un maximum d'indices
00:06:38 sur le trafic de drogue qui sévit et gangrène le quartier.
00:06:42 Les cachettes les plus bêtes des fois sont les meilleures.
00:06:45 Et on peut avoir des saisies de quantité non échangeable des fois.
00:06:49 Sur Marseille, nous avons arrivé à retrouver jusqu'à entre 3 et 5 kilos sur une planque comme ça, à côté d'un tuyau.
00:06:56 Parmi les objets retrouvés, des seringues usagées mais aussi du matériel informatique.
00:07:01 Ça peut servir à un tas de choses, au routage de téléphone,
00:07:07 des routages d'ordinateurs pour envoyer des messages via Telegram, via n'importe quoi.
00:07:11 Et dans l'absolu, ça n'a rien à faire ici.
00:07:13 Galeries souterraines, sous-sols ou locaux abandonnés,
00:07:16 chaque lieu fait l'objet d'une inspection minutieuse par les policiers
00:07:20 qui font dans certains cas des découvertes inattendues.
00:07:23 Dans les cités, en sous-sol, c'est souvent qu'on arrive et qu'on trouve ce genre de bâtiments
00:07:30 qui sont maintenant des mosquées clandestines.
00:07:32 Dans les prochains jours, d'autres opérations de ce type doivent être menées dans plusieurs quartiers de la ville.
00:07:39 Et pour en parler, nous sommes en direct avec Salim El-Jihad, président de l'association Ensemble Nîmes.
00:07:44 Bonjour monsieur, merci beaucoup d'être en direct avec nous dans cette fin d'après-midi.
00:07:49 Alors on l'a vu, il y a eu de nouveau des scènes de violence
00:07:52 ces dernières heures dans la ville de Nîmes.
00:07:54 Même si le quartier de Pisa, on l'a dit, est plutôt revenu au calme,
00:07:58 ça veut dire qu'il y a encore des tensions à Nîmes.
00:08:03 Mais bien évidemment, donc ça ne date pas de cette semaine des violences.
00:08:07 Donc c'est depuis quelques années maintenant qu'il y a une escalade de violences dans cette ville
00:08:12 et qu'il y a peu de moyens qui sont mis, du moins pour essayer d'y remédier,
00:08:17 du moins des moyens ponctuels.
00:08:19 Aujourd'hui, là, comme vous le disiez très bien tout à l'heure,
00:08:22 M. Darmanin a déployé la CRS 8 pour venir en renfort dans le quartier de Pise 20
00:08:26 pour rassurer les habitants.
00:08:28 Mais on se rend bien compte que ça n'a pas l'effet escompté
00:08:30 parce que le lendemain, deux jours après, il y a eu une fusillade sur un jeune de 18 ans.
00:08:35 Deux jours après, ça tire au masse de Meng.
00:08:38 Voilà, on se rend bien compte qu'il y a des réels problèmes
00:08:41 qui ne sont pas réglables que de l'ordre de la sécurité.
00:08:45 Justement, quelle piste vous avancez, vous, pour traiter le problème de fond,
00:08:48 pour trouver des solutions plus pérennes,
00:08:51 pour ramener le calme dans cette ville de Nîmes
00:08:53 où il y a de nombreuses violences, visiblement ?
00:08:57 Écoutez, pour tout vous dire, j'ai lancé un mouvement depuis ces derniers jours,
00:09:01 un mouvement citoyen, donc avec des jeunes et des habitants des quartiers,
00:09:06 même de partout d'ailleurs, pas forcément que des quartiers,
00:09:08 des gens diplômés comme des habitants qui vivent ça tous les jours.
00:09:12 Et on est en train de… voilà, on est en pleine réunion là,
00:09:14 ils sont avec moi, autour de moi, en ce moment même.
00:09:18 On est en train de brainstormer, mettre des idées en place,
00:09:21 développer les problématiques.
00:09:23 Et nous, ce qu'on compte faire, c'est pouvoir arriver avec un diagnostic
00:09:26 détaillé des problèmes de sécurité, d'urbanisme et social,
00:09:30 pouvoir rencontrer les élus locaux.
00:09:33 Le préfet Dugard a été…
00:09:35 il y a un nouveau préfet qui a été mis en place depuis une semaine,
00:09:38 donc ça tombe très bien, ce serait le moment de pouvoir le rencontrer aussi,
00:09:42 avec monsieur le maire qui s'est aussi responsable de l'aspect social de cette ville.
00:09:47 Donc voilà, il ne faut pas non plus que se reposer sur l'État,
00:09:49 sur l'aspect sécurité.
00:09:50 Il y a d'autres champs sur lesquels on peut aussi travailler
00:09:53 et on espère qu'ils sont réceptifs à notre demande
00:09:56 et qu'on pourra parler avec eux pour essayer de trouver des solutions communes.
00:09:59 - Salim El Djihad, Naïma Mfadel en plateau à mes côtés,
00:10:02 elle a une question à vous poser.
00:10:04 - Bonjour monsieur, je voulais vous demander,
00:10:06 dans le cadre de la rénovation urbaine et dans le cadre du contrat de ville,
00:10:09 est-ce que vous avez été associé ?
00:10:10 Parce que normalement, l'ensemble des associations sont associées.
00:10:15 Je vais répondre très clairement.
00:10:17 Par rapport au projet NPNRU, en 2021, nous avons lancé un appel auprès de la métropole
00:10:21 pour pouvoir réinsérer les jeunes dans le cadre des rénovations urbaines,
00:10:24 donc créer de l'emploi pour nous, c'était une chose qui était très importante,
00:10:27 que de créer de l'emploi via les rénovations urbaines,
00:10:29 ça permettrait aussi aux jeunes de s'impliquer dans la vie de leur quartier,
00:10:32 donc c'est une dimension sociale et professionnelle.
00:10:34 On nous a répondu clairement qu'il y avait une clause d'insertion,
00:10:38 donc la clause d'insertion, c'est une loi qui oblige 5% d'embauche
00:10:41 sur la totale masse salariale.
00:10:43 5%, ce n'est pas beaucoup.
00:10:45 Déjà pour commencer, ça peut être très vite, c'est des 2-3 mois,
00:10:48 et pour 2-3 personnes, on est déjà dans un 5% de rempli.
00:10:51 Ensuite, pour aller même plus loin au-delà de tout ça,
00:10:53 il y a des jeunes qui sont partis postuler pour travailler là-dedans.
00:10:56 Ils m'ont répondu très clairement que leur candidature n'a pas été retenue.
00:10:59 Donc c'est des jeunes qui étaient très largement employables,
00:11:01 c'est des jeunes qui ont passé 25 ans, qui ont déjà eu des emplois auparavant.
00:11:05 Donc voilà, on sent qu'il y a…
00:11:06 Je mesure mes propos parce que je ne veux pas non plus qu'on pense
00:11:09 que je suis en train d'incriminer l'autre partie en disant que nous,
00:11:12 on est des victimes, d'autre côté, ça ne va pas recruter.
00:11:15 Non, il y a aussi un travail à faire, nous, social, auprès des jeunes,
00:11:18 pour travailler sur leur code vestimentaire,
00:11:19 travailler sur leur façon de parler,
00:11:21 travailler sur leur formation,
00:11:22 avec des partenaires aussi associatifs et institutionnels,
00:11:24 pour qu'ils puissent se diplômer et monter en compétences.
00:11:27 Donc voilà, il y a de deux côtés un travail à faire.
00:11:30 Il n'y a pas de victimes, il n'y a pas de méchants dans l'histoire.
00:11:32 Je pense que c'est un travail,
00:11:34 qu'on se concordait sur un travail pour avancer tous ensemble.
00:11:37 Voilà pour la question liée au projet NPNRU.
00:11:39 Donc oui, on a été liés, on a essayé de mettre des choses en place.
00:11:42 On a même voulu créer une plateforme numérique
00:11:43 pour pouvoir recueillir des offres d'emploi et les diffuser auprès des jeunes.
00:11:46 Ça n'a pas été retenu parce que c'était quand même assez coûteux comme projet.
00:11:48 Mais voilà, on est acteurs, on est là.
00:11:50 Et la localité est très bien au courant de ce que nous voulons proposer.
00:11:54 Merci, monsieur El-Jihad, d'avoir reconnu que parfois,
00:11:57 la difficulté dans ces quartiers, c'est l'employabilité des jeunes et la formation.
00:12:01 Et effectivement, même si il y a cette clause,
00:12:04 malheureusement, sur les jeunes des quartiers,
00:12:06 parfois, ils ne sont pas employables, ils ne sont pas formés.
00:12:09 Et donc, c'est ça la difficulté.
00:12:11 C'est pour ça qu'il faut peut-être travailler en amont
00:12:13 pour former notamment ces jeunes, pour les mettre à l'emploi dans ces entreprises.
00:12:19 Je n'allais plus loin, madame, sur vos propos, donc vous avez raison.
00:12:21 Mais j'aimerais bien compléter vos propos et vous dire que de toute façon,
00:12:26 les jeunes qui sont, entre guillemets,
00:12:30 je ne viens pas à ce mot-là, pas employables, parce que c'est pas ça.
00:12:32 Ce n'est pas péjoratif.
00:12:34 Mais c'est une complication d'emploi.
00:12:36 Comment ?
00:12:37 Je dis, ce n'est pas stigmatisant, c'est l'employabilité des jeunes.
00:12:39 C'est un vrai problème.
00:12:41 C'est une minorité, madame.
00:12:42 Combien de jeunes aujourd'hui dans les quartiers travaillent,
00:12:45 sont mariés, ont des appartements, ont des maisons,
00:12:48 se partent de chez leurs parents avec des emplois depuis des années ?
00:12:52 Combien aussi ont des entreprises ?
00:12:53 Combien dans le quartier ont des entreprises d'électricité, de plomberie, de sécurité ?
00:12:57 Et je vais vous dire autre chose.
00:12:59 Il y a un passage dans un média loco que je salue,
00:13:01 qui nous a beaucoup soutenus à un moment donné, Objectif Gare,
00:13:03 pour lequel on avait exposé un projet de travailler le leadership des jeunes des quartiers,
00:13:09 travailler leur côté entrepreneurial.
00:13:11 Je suis venu l'exposer sur leur plateau à eux.
00:13:14 Et voilà, on nous a entendus.
00:13:15 Mais malheureusement, il n'y a pas eu de suite,
00:13:17 parce qu'il n'y en a pas dans les quartiers qui sont des bons patrons
00:13:21 et qu'il faudrait qu'on leur donne la chance aussi de pouvoir créer leur entreprise,
00:13:24 leur donner le projet de PNRU.
00:13:27 Je crois que c'est, si je ne me dis pas de bêtises, 600 millions d'euros,
00:13:30 je crois quelque chose comme ça, on est presque à 1 milliard.
00:13:32 Il ne peut pas y avoir des petites parts pour des petites entreprises, de la sous-traitance ?
00:13:35 Je ne sais pas, il peut y avoir des choses comme ça pour donner un peu la chance
00:13:38 à des jeunes entrepreneurs de pouvoir se positionner.
00:13:39 L'LGED, par exemple, sur l'entreprenariat,
00:13:41 il y a une structure qui reçoit énormément de financements,
00:13:46 notamment de l'État et de la région, c'est la DIE.
00:13:48 Et elle a vocation à aller justement dans les quartiers
00:13:52 pour soutenir et accompagner l'entreprenariat des jeunes.
00:13:56 Merci, madame.
00:13:57 Je vais vous répondre encore à ça,
00:13:58 parce que vous me faites penser encore à un autre argument qui est pour moi hyper important à parler.
00:14:01 Non, mais je fais exprès d'en parler parce que je sais que c'est...
00:14:04 C'est bien, c'est bien. Merci beaucoup.
00:14:06 Je vais vous dire une chose.
00:14:07 J'ai beaucoup de respect pour les travailleurs sociaux,
00:14:09 mais aujourd'hui, il y a un problème qui se passe.
00:14:11 En tout cas, je ne sais pas si dans d'autres villes c'est pareil,
00:14:13 mais en tout cas, je le remarque aussi.
00:14:15 Et j'espère ne pas froisser les collègues travailleurs sociaux.
00:14:18 Mais aujourd'hui, il y a des éducateurs qui ne sont pas...
00:14:22 Ils n'ont pas les codes des quartiers, c'est-à-dire qu'ils sont éducateurs,
00:14:25 ils sont là pour traverser les quartiers, pour aller chercher des jeunes,
00:14:28 mais ils ont des difficultés à ça.
00:14:29 Ils n'y arrivent pas parce qu'il y a la barrière du code vestimentaire,
00:14:32 il y a la barrière de la langue, barrière des codes.
00:14:34 Et ils s'imposent sur d'autres structures pour venir aller...
00:14:39 Nous, on est des bénévoles, donc nous, avec très peu de moyens,
00:14:42 on n'arrive même pas à salarier, on est tous des bénévoles.
00:14:46 On veut nous solliciter, aller sur le terrain,
00:14:49 essayer de nous ramener des jeunes des quartiers, etc.
00:14:51 Alors qu'on peut travailler ensemble, oui,
00:14:54 mais nous, ce qu'on trouve un peu surdimensionné,
00:14:56 c'est que c'est des gens qui sont payés 1 700 euros par mois,
00:14:58 qui demandent à des bénévoles d'aller sur le terrain et ramener des jeunes.
00:15:01 Non ? Merci.
00:15:02 Soit vous changez votre façon d'employer des éducateurs,
00:15:05 avec tout le respect que j'ai pour eux,
00:15:06 et je ne suis pas là pour tacler des gens vraiment,
00:15:08 mais au bout d'un moment, il y a une problématique tellement profonde
00:15:11 qu'il faut aller au bout des choses.
00:15:12 Il faut aller au bout des choses, premièrement.
00:15:13 Et deuxièmement, donner plus de moyens aux personnes qui sont sur le terrain.
00:15:16 Bon courage, bon courage.
00:15:17 Merci beaucoup, Salim El Djihad, d'avoir été en direct avec nous.
00:15:20 Je rappelle que vous êtes le président de l'association Ensemble Nîmes.
00:15:24 Alors, on le voit, il y a deux aspects.
00:15:26 Évidemment, il y a le travail de fond qui est effectué par toutes ces associations.
00:15:28 Il y a le travail plus à court terme de ces effectifs de police,
00:15:32 on l'a vu dans le reportage,
00:15:34 qui continuent actuellement d'enquêter dans ce quartier
00:15:36 et qui font des découvertes assez déconcertantes.
00:15:39 Ce qui me frappe, dans ce qui vient d'être dit,
00:15:42 c'est d'abord que ça fait des années que ça dure.
00:15:44 Voilà comment notre interlocuteur a commencé.
00:15:46 Ça fait des années que ça dure.
00:15:48 Ça fait donc des années que l'on sait ce qui se passe, en gros,
00:15:52 et qu'on ne fait pas grand-chose ou insuffisamment.
00:15:56 Pour le travail des jeunes, oui, mais pour travailler,
00:15:59 il faut en avoir l'envie, il faut en avoir la volonté.
00:16:02 Quand on n'a pas vu, bien souvent, nos parents travailler eux-mêmes,
00:16:07 on ne va pas reproduire.
00:16:08 L'anomalie, c'est d'aller au travail pour un certain nombre,
00:16:10 pas pour tous, mais pour un certain nombre.
00:16:12 C'est un énorme problème.
00:16:13 Et plus on attend, plus cette anomalie va grandir.
00:16:17 Et puis, les masses financières qui sont dans les quartiers de deal,
00:16:22 sont-elles pour les guetteurs, pour tous les petits trafiquants ?
00:16:25 Il y a la drogue, mais il y a aussi les vols, le recel, la prostitution.
00:16:30 Enfin, je pourrais continuer la liste comme ça très longtemps.
00:16:34 Ces ressources financières sont-elles que ça fait presque ridicule
00:16:37 de se lever le matin pour aller au travail.
00:16:40 Et donc, une des priorités, c'est la sécurité du quartier.
00:16:43 Évidemment, on arrête d'être avec des gilets pare-balles
00:16:46 parce que ça tire le matin ou la nuit.
00:16:50 Mais ensuite, c'est s'en prendre aux flux financiers.
00:16:54 Il faut tarir les flux financiers.
00:16:56 Tant qu'ils seront là, on n'y arrivera pas.
00:16:58 - Philippe Guibert, c'est vrai qu'on entend souvent
00:17:00 lorsque les effectifs de police quitteront le quartier.
00:17:02 Évidemment, la situation peut-être reviendra telle qu'elle était avant.
00:17:05 Il y a donc ce travail de fonds qui est nécessaire.
00:17:07 Et c'est ce dont on parle avec notamment les acteurs locaux.
00:17:11 Ce travail de fonds, vous, vous y croyez aussi ?
00:17:13 C'est la solution pour ramener le calme de manière pérenne dans ce quartier
00:17:17 et plus généralement dans l'ensemble des quartiers difficiles ?
00:17:21 - Oui, certainement. Si ce travail de fonds avait marché
00:17:24 pour empêcher les trafics, on le constaterait.
00:17:27 En disant cela, je ne cherche pas à dénoncer ou critiquer
00:17:31 le travail des multiples associations et travailleurs sociaux
00:17:36 qui peuvent œuvrer dans ces quartiers.
00:17:38 Le fait est qu'ils sont aussi relativement impuissants
00:17:41 par rapport au développement des trafics
00:17:45 qui brassent, comme vous l'avez dit, énormément d'argent
00:17:48 en offrant des revenus clandestins,
00:17:55 d'un montant qui est bien supérieur à ce que peut offrir
00:17:58 le marché du travail légal à tous ces jeunes.
00:18:02 Donc c'est extrêmement compliqué.
00:18:04 Donc la présence policière, on le sait, est indispensable.
00:18:08 Mais on sait bien qu'il y a de multiples dimensions
00:18:13 sur lesquelles il faut agir sur ce problème.
00:18:16 Il y a une dimension géopolitique, parce que cette drogue
00:18:19 n'est pas produite en France.
00:18:20 Il y a une dimension judiciaire.
00:18:23 Il faut peut-être qu'on réfléchisse à un nouveau type
00:18:26 de politique pénale par rapport aux trafiquants,
00:18:30 dans la mesure où ils sont de plus en plus mineurs.
00:18:31 Et donc le sentiment d'impunité qui fait que l'excuse
00:18:35 de minorité peut diminuer les peines,
00:18:38 plus le problème des places en centres fermés et en prison,
00:18:42 qui ne sont pas assez nombreuses, fait qu'on a tendance
00:18:45 à les libérer bien avant que la peine soit effectuée.
00:18:48 Il y a un volet judiciaire dans cette affaire.
00:18:52 Et puis il y a un volet, effectivement, éducatif,
00:18:55 économique et social, qui est certainement le plus dur.
00:18:58 Vous vous rendez compte quand même qu'avec une présence
00:19:00 policière quand même importante depuis quatre, cinq jours,
00:19:05 il y a quand même une agression gravissime avec volonté
00:19:09 de tuer dans le centre-ville.
00:19:11 Et puis un règlement de compte qui se déroule dans la nuit.
00:19:14 Donc le problème, c'est que les sommes en jeu
00:19:17 sont tellement, tellement, tellement importantes
00:19:21 qu'on est face à une énorme difficulté.
00:19:24 Je pense qu'on a quand même beaucoup fermé les yeux
00:19:28 ou laissé filer pendant des années et des années,
00:19:30 peut-être pour avoir la paix sociale dans certains quartiers.
00:19:34 Et on se retrouve aujourd'hui face à une pieuvre
00:19:37 avec ces mafias dans énormément de quartiers.
00:19:40 Et on se sent un petit peu en puissance.
00:19:42 Ça devrait être une priorité nationale.
00:19:45 Ça devrait être un sujet de mobilisation de toute la société.
00:19:48 Sans quoi on n'y arrivera pas.
00:19:49 Ça se passe dans plusieurs villes.
00:19:51 Parce qu'on parlait là de Nîmes, on va maintenant parler de Marseille,
00:19:54 où la situation aussi est particulièrement préoccupante.
00:19:58 Un jeune homme âgé de 17 ans, connu pour affaires de stupéfiants,
00:20:01 a été tué par balle dans la nuit de vendredi à samedi
00:20:03 dans une cité des quartiers nord de Marseille.
00:20:06 On est désormais à 38 morts sur l'ensemble de l'année,
00:20:09 8 morts rien que sur le mois d'août dans la seule ville de Marseille.
00:20:13 Pour en parler, nous sommes en direct avec Caouther Benmohamed,
00:20:15 fondatrice de Marseille en colère.
00:20:17 Merci Madame d'être en direct avec nous.
00:20:20 Vous alertez assez régulièrement sur l'explosion de la violence
00:20:24 dans la ville de Marseille.
00:20:26 D'abord, une réaction sur ces tristes records
00:20:29 que l'on commente semaine après semaine.
00:20:30 On est désormais à 38 morts sur l'année à Marseille.
00:20:35 Une réaction qui mêle trois sentiments,
00:20:38 la colère, la tristesse et la désolation.
00:20:40 Parce que vous savez, Marseille c'est 20% de la population nationale,
00:20:42 mais c'est 20% de ce que vous appelez des règlements de comptes
00:20:44 qui sont des assassinats comme invité,
00:20:46 par des personnes de plus en plus jeunes
00:20:48 et par des assassins qui sont de plus en plus jeunes
00:20:50 et des victimes qui sont de plus en plus jeunes.
00:20:53 Marseille en 2002, c'était trois victimes liées aux narcotrafiquants,
00:20:55 trois assassinats.
00:20:57 L'année dernière, ça a été 31 sur toute l'année
00:20:59 et aujourd'hui on est à 38 alors que l'année est louée malheureusement de se terminer.
00:21:02 Donc en tant qu'ex-éducatrice à l'époque,
00:21:06 je suis mère de famille, je m'occupe du logement insalubre et indigne
00:21:12 et en fait j'entends que M. Darmanin envoie une CRS 8.
00:21:16 Je dis depuis le départ que ce n'est pas seule la solution répressive
00:21:20 qui va nous aider, qui va nous permettre de sortir de ce qui est aujourd'hui
00:21:24 un problème de sécurité publique, mais aussi de santé publique.
00:21:26 Parce que s'il y a des trafics, je le rapage depuis des années
00:21:29 et je me félicite parce que j'entends des policiers aujourd'hui,
00:21:32 certains élus qui commencent à utiliser les mêmes langages que moi.
00:21:35 C'est-à-dire que ce n'est pas qu'un problème de répression.
00:21:38 Il y a des consommateurs, certains appellent ça de la récréation
00:21:43 et certains disent qu'ils sont dépendants.
00:21:45 S'ils sont dépendants, il faut se soigner.
00:21:47 Sauf qu'on ne peut pas aujourd'hui, je le sais parce que c'était notre limite
00:21:49 en tant qu'éducatrice à l'époque,
00:21:51 on ne peut pas faire de prévention auprès de la jeunesse dans des collèges
00:21:54 et dans des structures qui sont officielles comme éducation nationale
00:21:57 puisque c'est un produit qui est illicite.
00:21:59 Donc peut-être réfléchir si on ne veut pas rendre ce produit
00:22:02 qui est dangereux pour la santé, mais pas que, légal.
00:22:04 Je peux comprendre qu'il y ait une réticence sur l'égalisation du cannabis,
00:22:07 mais comment modifier la loi pour que les éducateurs
00:22:10 et les personnels de santé puissent faire premièrement de la prévention
00:22:14 sur les consommateurs et pour les vendeurs,
00:22:17 pour leur dire que c'était interdit.
00:22:20 Et après, moi, je considère en tout état de cause, depuis des années,
00:22:23 je le rabâche, j'espère qu'il y a enfin quelqu'un qui va réagir.
00:22:27 Et pour l'instant, notre président de la République,
00:22:29 parce que ce n'est pas que la compétence de M. Darmanin,
00:22:32 il faut que le président de la République lui-même
00:22:33 convoque tous les ministères qui sont, en mon sens,
00:22:35 impliqués dans la lutte contre les narcotraficants,
00:22:37 à savoir ceux du logement,
00:22:39 j'avais déjà noté dans une tribune que j'avais donnée à M. Darmanin,
00:22:42 logement, justice bien sûr, intérieur, mais aussi des finances,
00:22:47 parce que c'est une manne lucrative qui échappe à toute fiscalité et à tout contrôle,
00:22:51 celui de la culture, du sport et de l'éducation.
00:22:54 Parce que je considère aussi, je le dis de manière très courageuse,
00:22:57 et à la fois ça me fait de la peine, mais à la fois il faut le dire,
00:22:59 qu'on ne pourra pas sauver tout le monde,
00:23:01 et peut-être une ou deux générations pour lesquelles
00:23:03 certaines parties, ça va être difficile de les sauver,
00:23:05 mais il faut travailler pour ceux qui arrivent,
00:23:08 pour les plus jeunes,
00:23:09 pour leur permettre d'avoir d'autres perspectives d'avenir.
00:23:11 Est-ce que le plan Marseille en grand,
00:23:13 annoncé par le président de la République, va dans le bon sens ?
00:23:16 Parce qu'on a vu justement une mobilisation des moyens de l'État
00:23:19 dans la ville de Marseille, annoncée notamment encore une fois au printemps dernier.
00:23:23 Est-ce que tout cela répond à vos attentes, en quelque sorte,
00:23:26 sur les solutions à long terme pour la deuxième ville de France ?
00:23:30 Il répond de manière très partielle, parce que si vous voulez,
00:23:33 pour moi, en tant que travailleuse sociale, en tant que personne engagée,
00:23:35 moi pour l'instant je ne vois aucun effet, et c'est normal.
00:23:38 Le plan que moi je réclame de lutte contre les narcotraficants,
00:23:41 c'est un plan qui devra nécessairement se poser sur trois décennies,
00:23:45 qui ne sera pas que le fait que du président actuel,
00:23:47 parce qu'il va falloir que tous les partis politiques,
00:23:50 tous les partis prenants dont je viens de parler, les juges, les avocats,
00:23:53 les agents de police qui seront sur le terrain,
00:23:54 qui sont les premiers confrontés avec des habitants assez narcotraficants
00:23:57 et qui subissent les conséquences de cette violence,
00:24:00 doivent être autour de la table et décider.
00:24:02 Si vous voulez, c'est bien bon, tous ces plans qui sont annoncés
00:24:05 par des communicants et par des personnes.
00:24:07 Il en faut des technocrates, il faut des oligarques,
00:24:09 on n'est pas les uns contre les autres.
00:24:10 Mais tant qu'il n'y aura pas des personnes comme moi autour de la table
00:24:12 qui sont en responsabilité, qui connaissent la ville,
00:24:14 qui connaissent ces jeunes, qui connaissent les habitants
00:24:17 et qui pourront piloter ces plans, on ne pourra pas y arriver.
00:24:20 Ce ne sont pas des gens qui viennent de Paris qui pourront y arriver.
00:24:23 Khaouta Abedmohamed, on va marquer une pause.
00:24:24 On va continuer de parler de Marseille, on doit marquer une pause.
00:24:27 Je vous demande si vous voulez bien de rester avec nous quelques instants.
00:24:29 On continue de parler de la situation à Marseille
00:24:31 d'ici quelques minutes, juste après la pause.
00:24:33 De retour dans Punchline été, nous parlons de la situation à Marseille,
00:24:42 notamment en direct avec Khaouta Abedmohamed,
00:24:44 fondatrice de Marseille en colère.
00:24:45 Merci d'être resté avec nous pendant la publicité.
00:24:48 On parlait notamment de la prévention, du travail à faire sur la consommation de drogue,
00:24:55 qui, vous le disiez, est à l'origine des maux qui traversent la ville de Marseille.
00:24:58 Vous prenez-vous un travail de fond sur ces questions-là ?
00:25:02 Certainement, parce que vous savez, les jeunes qui trafiquent,
00:25:06 au départ, ça commence par des fêtes, c'est festif, et après, ça devient indépendant.
00:25:10 Et les jeunes qui vendent...
00:25:12 Moi, je suis travailleuse sociale.
00:25:14 J'ai quitté mon travail, monsieur, il y a quelques années,
00:25:16 il y a plus d'une dizaine d'années, parce que je n'avais plus les moyens de travailler.
00:25:19 Et je considère en tout état de compte ce qu'aujourd'hui,
00:25:21 on demande à des éducateurs spécialisés,
00:25:23 qui sont en plus dépourvus de polices de proximité,
00:25:25 qui fait une aide exceptionnelle pour nous sur le terrain,
00:25:28 et pour les habitants, et pour les jeunes.
00:25:30 Et ça a même suscité beaucoup de vocations,
00:25:31 parce qu'on a beaucoup de jeunes qui sont devenus derrière agents de police.
00:25:34 Je préfère que notre jeunesse devienne agent de police plutôt que trafiquant de drogue.
00:25:37 Sauf qu'aujourd'hui, on parle de quoi ? On parle de qui, en fait ?
00:25:40 On parle de jeunes, souvent dans des familles non-parentales, mais pas que,
00:25:44 ou dont les parents, pour certains, sont eux-mêmes délinquants,
00:25:46 pas tous, mais eux-mêmes délinquants,
00:25:48 qui sont enlevés dans des territoires qui ne sont pas perdus.
00:25:51 Je déteste quand on dit "des territoires perdus de la République".
00:25:54 Je considère qu'il n'y a pas une rue de notre pays qui doit être considérée comme perdue.
00:25:57 Mais ce sont des territoires qui ont été oubliés durant des décennies.
00:26:00 Et ça, ce n'est pas le fait de M. Macron ou de M. Daraling.
00:26:03 Nous avons eu des politiques, des hommes d'État, de droite, de gauche, des femmes,
00:26:07 qui ont oublié certains territoires,
00:26:09 et qui se sont dit qu'il fallait qu'ils se débrouillent entre eux tous seuls.
00:26:11 Et aujourd'hui, ce sont des appartements, des lieux d'habitation qui sont complètement délabrés,
00:26:16 dont la seule présence de l'institution, souvent,
00:26:19 c'est que l'école, qui est elle-même dans un état délabré,
00:26:21 avec des enseignants qui sont en sous-effectif,
00:26:24 et leur travail a changé,
00:26:26 parce qu'ils ne sont plus que en charge de l'instruction,
00:26:28 mais souvent de toutes les autres règles de la société,
00:26:31 parce que les parents travaillent, parce qu'ils travaillent loin,
00:26:33 parce qu'il y a deux heures de transport à aller, deux heures de transport autour
00:26:36 pour des emplois qui sont pénibles,
00:26:37 femmes de ménage, agents de sécurité dans les boîtes,
00:26:40 c'est pas des enfants de médecine.
00:26:42 C'est les enfants de médecine qui viennent consommer, mais ce ne sont pas les enfants de médecine.
00:26:45 Et il n'y a plus de présence d'adultes, de référents,
00:26:48 que ce soient des éducateurs, que ce soient les grands frères,
00:26:50 que ce soit la police de proximité,
00:26:51 les centres sociaux, il n'y en a plus dans certains territoires.
00:26:54 Moi j'habite à Marseille, j'habite dans le centre-ville,
00:26:56 il y a deux centres sociaux pour tout le centre-ville.
00:26:58 Comment font les parents qui travaillent,
00:27:01 dont les enfants sont seuls à la maison, ils s'occupent comment, qui sait ?
00:27:04 Il n'y a plus rien en fait.
00:27:05 Et ce travail de fond que je prends,
00:27:08 je me félicite encore une fois, parce que j'entends certains qui le disent,
00:27:11 sans savoir pour certains de quoi ils parlent,
00:27:13 mais tant qu'on n'entoure pas et qu'on n'offre pas un autre modèle de société,
00:27:17 un autre modèle de développement,
00:27:19 un autre modèle pour grandir à ses enfants,
00:27:21 ils prendront,
00:27:23 enfin ils choisiront que le seul modèle qu'ils offrent à eux,
00:27:25 c'est-à-dire d'être chouffes,
00:27:26 ce n'est pas une excuse, mais il faut comprendre,
00:27:28 d'être chouffes parce que c'est aussi le seul revenu
00:27:31 qu'on peut leur offrir vu l'état de l'école,
00:27:32 vu l'état de la formation, vu l'état de l'accompagnement dans notre pays.
00:27:35 Merci beaucoup Kaouter Ben Mohamed d'avoir été en direct avec nous.
00:27:38 Je rappelle que vous êtes fondatrice de Marseille en colère.
00:27:41 On le voit donc,
00:27:42 le problème vient aussi de la consommation des consommateurs
00:27:44 et Philippe Guillebert voulait revenir sur ça,
00:27:46 vous vouliez parler de la nécessaire prévention
00:27:49 sur la consommation de drogue qui peut aussi aider à régler la situation.
00:27:54 Ça va au-delà de la prévention,
00:27:55 c'est-à-dire qu'il faudrait réussir à faire avec les drogues
00:27:59 ce qu'on a fait au minimum avec la cigarette dans ce pays
00:28:03 où on a renversé complètement le pouvoir social
00:28:07 et qui fait qu'un fumeur est en position défensive.
00:28:13 Alors certes, le prix de la cigarette a joué,
00:28:17 là on a affaire à des substances illégales
00:28:21 et les pouvoirs publics ont pris souvent prétexte de cette interdiction
00:28:25 pour ne pas mener un travail comparable
00:28:28 à ce qui a été mené sur la cigarette
00:28:30 et dans une moindre mesure sur l'alcool.
00:28:32 Parce que je pense, mais on en discutait à la pause,
00:28:35 je pense que la répression des consommateurs
00:28:39 qui serait tout à fait essentielle a quand même une limite,
00:28:42 qui est que les consommations se font beaucoup dans des cercles privés,
00:28:46 dans des appartements, dans des maisons,
00:28:48 et que donc la police ne peut pas contrôler ces consommateurs
00:28:53 dans des endroits privés.
00:28:55 - Patrick Bodin ?
00:28:55 - Après, faire de la communication auprès de ces publics-là,
00:28:59 madame le décrivait,
00:29:01 il s'agit d'expliquer à ces jeunes
00:29:04 que ce qu'ils font, ils mettent le doigt dans un engrenage
00:29:06 qui est terrible pour eux parce qu'en réalité, on ne s'en sort pas.
00:29:08 Mais ce qu'on disait juste précédemment sur les moyens,
00:29:10 c'est qu'effectivement, derrière, c'est compliqué d'expliquer
00:29:13 à ces populations que pour 1200 euros,
00:29:16 ils iront faire tel ou tel job juste à côté de chez eux,
00:29:20 alors qu'en réalité, en restant, en s'assislant sur une chaise
00:29:23 et en envoyant via Télégramme un message
00:29:25 en prévenant que la police arrive,
00:29:27 ils vont gagner 2, 5, 10 fois la somme.
00:29:29 Juste un mot là-dessus, c'est qu'aujourd'hui,
00:29:32 il faut voir aussi que les forces de police
00:29:33 ont beaucoup de mal à intervenir sur des canaux
00:29:36 qui les dépassent largement,
00:29:38 puisque aujourd'hui, tout se fait via les réseaux sociaux.
00:29:40 On voyait dans les images du "Les fusils",
00:29:42 il y a les messages récryptés,
00:29:44 il y a le fait qu'ils ont des routeurs.
00:29:45 Et donc, du coup, en fait, c'est le jeu du chat et de la souris.
00:29:48 Mais si de toute façon, la souris va toujours plus vite que le chat,
00:29:51 on pourra toujours réarmer le chat,
00:29:53 mais il y aura toujours un temps de retard.
00:29:55 Et c'est là aussi où, quand on parle de moyens,
00:29:56 on ne parle pas que de moyens humains.
00:29:58 On parle aussi de moyens techniques.
00:30:00 On voyait dans votre reportage d'ailleurs à l'instant,
00:30:02 des chiens reniflés, des détecteurs de messages, des brouilleurs.
00:30:06 Il y a une technicité aujourd'hui que ces réseaux
00:30:08 que vous décriviez d'ailleurs souvent internationaux mettent en avant,
00:30:11 alors qu'en face, on envoie une police municipale
00:30:14 qui fait tout ce qu'elle peut, mais qui n'aura pas les moyens
00:30:16 de détecter les moindres messages.
00:30:18 Donc, il y a aussi un enjeu de moyens qui sont des moyens technologiques
00:30:22 et qui sont des moyens qui ne peuvent pas être,
00:30:24 il faut être très honnête, ne peuvent pas être déployés
00:30:26 dans toutes les villes et sur tout le territoire.
00:30:29 - Mais je suis évidemment d'accord avec ce que vous venez de dire.
00:30:31 Mais j'ajoute quand même qu'il n'y a pas d'information grand public.
00:30:35 Là, je ne parle pas simplement des consommateurs et des dealers.
00:30:38 Je parle de l'ensemble de la population
00:30:40 sur les méfaits catastrophiques des drogues.
00:30:43 - L'INPS fait quelques...
00:30:45 Il y a des campagnes de Santé France, il y en a quelques-unes.
00:30:47 - Non, il n'y a rien de comparable.
00:30:48 - Elles ne sont pas très...
00:30:49 - Il n'y a rien de comparable à ce qui a été fait,
00:30:54 comme sur la cigarette ou sur l'alcool.
00:30:57 Et donc, de savoir par exemple qu'aujourd'hui, sur le marché,
00:31:01 le taux de THC du cannabis, c'est-à-dire la pureté,
00:31:04 l'intensité du cannabis est en forte augmentation
00:31:08 sur le marché légal.
00:31:09 Et donc, que les dangers sanitaires sont encore beaucoup plus importants
00:31:13 qu'ils ne l'étaient avec l'ancien cannabis,
00:31:16 c'est un élément que très peu de gens savent.
00:31:18 Il n'y a que les spécialistes.
00:31:20 Et donc, d'informer les parents...
00:31:22 Enfin, j'ai des expériences personnelles,
00:31:24 y compris dans des lycées de beaux quartiers
00:31:26 où le sujet drogue est complètement tabou.
00:31:28 Il faut casser ce tabou.
00:31:30 Alors, dans des sujets dans les lycées de beaux quartiers
00:31:33 où le dealer est quasiment à la sortie du lycée
00:31:36 quand on ne fume pas dans la cour.
00:31:38 Donc, la réalité, c'est qu'il y a un tabou sur les drogues,
00:31:41 que personne ne veut en parler
00:31:43 et que c'est à l'État de montrer l'exemple
00:31:44 en faisant ce qu'il a fait pour les drogues,
00:31:47 ce qu'il a fait sur la cigarette ou sur l'alcool.
00:31:50 - Alors, il y a l'angle "s'attaquer aux consommateurs",
00:31:52 il y a l'angle aussi "réponse pénale",
00:31:54 parce qu'on le voit, c'est écrit en bas de votre écran.
00:31:55 "Marseille, Nîmes, l'impunité a ciel ouvert".
00:31:58 C'est aussi la réponse pénale et une forme de sentiment d'impunité qui règne.
00:32:01 C'est en tout cas ce que nous a dit William Maury,
00:32:03 qui est délégué national du syndicat Alliance Police.
00:32:07 Je propose de l'écouter et on réagit juste après.
00:32:09 - La justice aussi, qui a sa part peut-être de responsabilité,
00:32:12 pour qui il faut qu'on travaille de concert
00:32:15 pour trouver une solution la plus adaptée possible
00:32:18 pour que cette sorte d'impunité-là qui existe
00:32:22 chez des criminels chevronnés,
00:32:24 mais également aujourd'hui chez des mineurs,
00:32:26 cesse le plus rapidement possible
00:32:27 parce qu'on ne peut pas ramasser des gamins tous les jours
00:32:31 soit avec des balles de kalachnikov qui leur traversent le corps
00:32:34 ou des gamins qui sont poignardés en pleine rue.
00:32:38 Ce n'est juste pas entendable.
00:32:41 - Maïmème Fadel, c'est aussi un des aspects du problème,
00:32:43 cette réponse pénale.
00:32:44 Alors le parc Nîmes a communiqué justement sur les peines
00:32:46 qui ont été prononcées ces dernières années
00:32:48 contre des personnes qui ont été reconnues coupables
00:32:51 de trafic de stupéfiants ou de violences.
00:32:53 Malgré tout, on l'entend dans la voix de ce policier,
00:32:56 il y a un problème aussi de réponse pénale.
00:32:57 - Oui, et puis il a cité notamment les mineurs
00:32:59 parce qu'aujourd'hui, c'est les petites mains des gros trafiquants.
00:33:02 Ils savent très bien que ces jeunes-là,
00:33:04 ces mineurs-là ne seront pas poursuivis.
00:33:08 Certains, maintenant, c'est 10 ans,
00:33:10 avec parfois 6-7 ans qui font les alerteurs.
00:33:13 Vous vous rendez compte ?
00:33:14 Et ça, c'est quand même le quartier, le sait,
00:33:17 tout le monde le sait.
00:33:18 Donc ça pose aussi la question des parents,
00:33:20 de la place et du rôle des parents.
00:33:22 Je n'arrête pas de radoter sur cette question de la parentalité
00:33:25 parce qu'en intervenant sur les parents,
00:33:27 les tenant responsables de leurs enfants,
00:33:29 on sauve des gamins.
00:33:30 Parce qu'aujourd'hui, quand Kauthar Ben Mohamed,
00:33:33 et elle a raison, elle dit qu'il faudra des décennies
00:33:36 pour arriver à endiguer tout ça.
00:33:38 Mais il faudrait peut-être qu'on commence
00:33:39 parce qu'effectivement, il y a une hypocrisie.
00:33:41 Ce que disait Philippe et est important,
00:33:43 c'est qu'on a une hypocrisie vis-à-vis de la drogue.
00:33:46 Cachez ce que je ne saurais voir, en fait.
00:33:49 Il faut faire une prévention, une sensibilisation dans les écoles,
00:33:53 notamment dans les collèges et les lycées,
00:33:55 dans les centres sociaux, dans toutes les structures
00:33:58 qui existent dans les quartiers.
00:34:00 Il faut le faire. Il faut aller voir les parents.
00:34:01 Il faut leur expliquer.
00:34:03 Il faut peut-être aussi faire des tests coup de poing
00:34:06 sans prévenir, mais pas pour tomber sur les gamins,
00:34:08 pour à un moment aller voir les parents,
00:34:10 leur dire voilà la réalité.
00:34:11 Il faut absolument suivre votre gamin et effectivement le soigner.
00:34:16 Aujourd'hui, vous avez pratiquement plus de 50 000
00:34:19 de décrocheurs, entre 100 même, 150 000 décrocheurs par an.
00:34:25 Et souvent, c'est dû aussi à l'impact de la drogue.
00:34:28 Vous avez des gamins de 12, 14 ans qui sont déscolarisés.
00:34:31 Donc, encore une fois, il faut arrêter cette non-assistance
00:34:34 et personne en danger.
00:34:35 Avant qu'on aille à Tourcoing, où la Première ministre
00:34:37 arrive d'une minute à l'autre, Joseph Touvenel,
00:34:38 sur la responsabilité des parents, est-ce qu'on doit engager
00:34:41 des mesures en ce sens ?
00:34:41 Bien sûr, la responsabilité des parents, quand il reste des parents,
00:34:45 bien souvent, c'est de famille monoparentale, ce qui n'aide pas.
00:34:48 Mais même les familles monoparentales, Joseph,
00:34:50 les familles monoparentales...
00:34:51 Si je peux terminer, ce serait gentil.
00:34:52 Oui, non mais, arrêtez avec les familles monoparentales.
00:34:54 Ce n'est pas parce qu'on est famille monoparentale
00:34:57 qu'on ne va pas y arriver, mais c'est parce qu'on est famille monoparentale
00:35:00 qu'il y a beaucoup plus de difficultés.
00:35:01 C'est clair.
00:35:03 À deux, on y arrive plus facilement que tout seul.
00:35:05 Et il y a le rôle du père.
00:35:07 Il y a le rôle du père.
00:35:08 Alors, certains vont dire, oh, un malheur.
00:35:09 Mais oui, il y a une complémentarité père-mère et le rôle du père.
00:35:13 Et bien souvent, les pères ne sont pas là, absents, disparus.
00:35:16 Où sont-ils ?
00:35:17 Et ça, ça pose un vrai problème.
00:35:18 Et puis, il y a un autre problème que Neyma a soulevé,
00:35:20 c'est effectivement, on se dit à un moment donné,
00:35:24 mais pourquoi il n'y a pas d'action plus précise, plus forte,
00:35:29 y compris de communication, comme le disait Philippe, sur la drogue ?
00:35:33 Mais peut-être parce que les milieux décideurs sont bongrainés.
00:35:37 Je vois l'affaire Pierre Palmade.
00:35:39 Il est arrêté.
00:35:39 On sait qu'il est drogué.
00:35:40 Ce n'est pas le premier jour.
00:35:42 Comment se fait-il que ses fournisseurs, on n'en a jamais entendu parler ?
00:35:46 Et moi, je suis de ceux qui supposent, avec quelques éléments quand même,
00:35:49 que le fournisseur de Pierre Palmade,
00:35:51 il fournit aussi un certain nombre de personnes du showbiz,
00:35:54 de la presse et de la politique.
00:35:57 Et là, hop, on va faire.
00:35:59 Pour avoir travaillé longtemps avec des décideurs, justement,
00:36:03 des décideurs publics aux hautes fonctions publiques et politiques,
00:36:06 c'est surtout leur méconnaissance et leur ignorance des phénomènes
00:36:09 qui m'a beaucoup frappé.
00:36:10 C'est-à-dire qu'ils ne mesurent absolument pas la gravité de la situation
00:36:13 parce que vivent en général dans des situations sociales
00:36:17 qui sont quand même un petit peu moins touchées par la drogue.
00:36:21 Et donc, ils ignorent complètement la gravité de la situation.
00:36:24 Ce n'est pas qu'ils soient gangrenés, c'est qu'ils sont...
00:36:26 - Mais non, je ne dis pas qu'ils sont gangrenés.
00:36:28 Un certain nombre sont gangrenés.
00:36:29 - Joseph, juste, excuse-moi de t'avoir interrompu,
00:36:32 mais c'est-à-dire que quand on dit les familles monoparentales,
00:36:35 d'abord, c'est injuste parce qu'il y a beaucoup de familles monoparentales,
00:36:40 des femmes seules ou des parents seuls,
00:36:42 beaucoup de femmes seules qui élèvent dignement leurs enfants
00:36:45 et les enfants ne sombrent pas dans la délinquance.
00:36:47 Après, de quelle famille monoparentale on parle ?
00:36:50 Moi, j'ai travaillé sur différents quartiers,
00:36:53 Montelageli, Trappes, Edouard, Chantelevin, etc.
00:36:57 Les familles monoparentales qu'on trouve,
00:36:58 ce ne sont pas des familles monoparentales,
00:37:00 c'est souvent des familles polygames.
00:37:02 Donc, il faut interroger.
00:37:03 En fait, ce qui serait intéressant,
00:37:05 et c'est le gouvernement, je pense, qui peut se pencher dessus,
00:37:07 c'est identifier quelles sont ces familles-là,
00:37:10 d'enfants délinquants, d'enfants qui sont dans le chouf.
00:37:13 Excusez-moi.
00:37:14 - Pas de soucis, non.
00:37:15 Je vous disais qu'on allait maintenant en direction de Tourcoing
00:37:17 parce que je surveille les images.
00:37:19 On voit Elisabeth Borne, la première ministre
00:37:21 qui arrive à l'instant à cette rentrée politique.
00:37:25 Et vous le voyez donc sur ces images en direct.
00:37:28 Elisabeth Borne aux côtés de Gérald Darmanin,
00:37:31 la première ministre, invitée surprise,
00:37:33 invitée de dernière minute de cette rentrée politique.
00:37:37 On voit le ministre de l'Intérieur a réuni une dizaine de ministres,
00:37:41 une centaine de parlementaires.
00:37:44 Il va s'exprimer d'ici une vingtaine de minutes.
00:37:46 Elisabeth Borne aussi s'exprimera à la suite
00:37:50 de ce discours de Gérald Darmanin, une rentrée politique,
00:37:54 avec donc cette image qu'on n'attendait pas vraiment,
00:37:57 il faut bien le dire, Patrick Bonin.
00:37:59 Voir Elisabeth Borne aux côtés de Gérald Darmanin à Tourcoing,
00:38:02 ce n'était pas véritablement prévu au départ.
00:38:06 - Elle n'a très probablement pas le choix.
00:38:07 C'est qu'on lui a forcément demandé,
00:38:09 en l'occurrence très probablement le président de la République,
00:38:12 d'aller montrer que Gérald Darmanin ne fait pas cavalier seul
00:38:16 et qu'il est dans une équipe gouvernementale.
00:38:18 Après, est-ce que les images qu'on voit en ce moment à l'écran
00:38:21 vont démontrer à nos téléspectateurs que Gérald Darmanin,
00:38:25 Mme Borne et M. Macron font partie d'une équipe ultra soudée
00:38:29 qui vont ensemble face au combat des Français ?
00:38:33 Je ne suis pas sûr que cette formidable image de M. Darmanin
00:38:35 en bras de chemise et de Mme Borne qui la suit,
00:38:39 permette aux Français de se dire, ah, voilà une équipe soudée,
00:38:41 des gens qui sont d'accord et qui vont aller
00:38:44 à la recherche de solutions pour les Français.
00:38:46 Donc oui, c'est du marketing politique,
00:38:48 la communication politique.
00:38:49 Il ne faut surtout pas montrer aux Français que M. Darmanin
00:38:53 est en réalité en lui-même une force politique
00:38:57 et que le laisser seul, c'est finalement prendre plus de risques.
00:39:00 Il faut quand même qu'on soit tous très bienveillants avec Mme Borne
00:39:04 parce que je ne suis pas sûr que là,
00:39:06 elle passe le meilleur moment de sa semaine ou de son mois.
00:39:10 Elle a été un peu punie, sans doute, en lui disant,
00:39:13 il faut y aller et surtout n'hésite pas à te montrer
00:39:16 en grande proximité avec M. Darmanin.
00:39:18 On a hâte de voir, d'ailleurs un de vos sous-titres l'indiquait,
00:39:22 M. Darmanin a déclaré "je suis loyal au président de la République".
00:39:25 Il n'a pas dit "je serai loyal".
00:39:27 On notera quand même la sémantique qui fait que là,
00:39:31 on est en train de lui mettre des cadres.
00:39:33 Alors, est-ce que Mme Borne seule réussira à mettre un cadre
00:39:36 au discours de M. Darmanin ?
00:39:38 Attendons les prochaines minutes pour voir si c'est le cas.
00:39:40 Honnêtement, j'ai un gros doute.
00:39:43 Ce qui est assez drôle, c'est que Gérald Darmanin a ciblé
00:39:45 à plusieurs reprises ces dernières semaines le langage techno,
00:39:48 les personnalités issues de la gauche,
00:39:50 le portrait robot de la première ministre en quelque sorte.
00:39:53 Et puis là, il apparaît à ses côtés.
00:39:56 Philippe Guibert, c'est un marquage à la culotte
00:39:57 de la première ministre envers son ministre de l'Intérieur,
00:40:00 montré qu'il ne fait pas une échappée en solitaire.
00:40:03 Oui, c'est la comédie politique qui était un grand classique
00:40:05 des deuxièmes mandats d'un président qui a été réélu.
00:40:08 Souvenez-vous, sous Jacques Chirac, deuxième mandat,
00:40:10 c'était Nicolas Sarkozy qui jouait le rôle de M. Darmanin
00:40:14 et qu'entre Sarkozy et Chirac et avec les différents premiers ministres,
00:40:19 c'était assez compliqué.
00:40:20 Puis, si on revient un petit peu en arrière,
00:40:26 le deuxième mandat de François Mitterrand,
00:40:27 le Parti socialiste s'est déchiré.
00:40:29 C'était des guerres d'écurie entre les différentes
00:40:32 têtes d'affiches socialistes pour prendre la succession
00:40:34 de François Mitterrand.
00:40:36 Donc, on va, Gérard Darmanin,
00:40:38 les premiers à avoir, si j'ose dire, pris une initiative.
00:40:41 J'allais dire dégainé, mais le terme est inapproprié.
00:40:44 Surtout aujourd'hui.
00:40:46 C'est vrai qu'en ce moment, c'est malvenu.
00:40:48 C'est malvenu, mais il ne sera sûrement pas le dernier.
00:40:51 Et donc, on attend des initiatives de Bruno Le Maire, d'Edouard Philippe,
00:40:55 peut-être de François Bérou.
00:40:57 Mais c'est dans la nature d'un deuxième mandat présidentiel,
00:41:00 puisque le président de la République ne peut pas se représenter.
00:41:04 Et c'était vrai sous le septennat, parce qu'au bout de 14 ans,
00:41:06 on pouvait difficilement envisager de se représenter pour faire 21 ans.
00:41:10 Donc, tout ça est arrivé plein de fois.
00:41:13 On a l'impression de voir un remake, pas jouer les grands anciens,
00:41:16 les anciens combattants, mais de voir un remake de ce qu'on a vécu
00:41:19 sous des septennats ou des mandats présidentiels précédents.
00:41:23 C'est dans la nature de la politique.
00:41:26 Alors là, il y a une bonne mise en scène pour montrer que Gérard Darmanin
00:41:31 n'est pas seul, qu'avec Elisabeth Borne, il y a une vraie union au gouvernement.
00:41:35 Tout ça peut faire sourire quand on sait combien Gérard Darmanin
00:41:40 aurait souhaité et a failli être Premier ministre à la place d'Elisabeth Borne.
00:41:45 Ça s'est joué quand même début juillet à relativement peu de choses.
00:41:48 Et donc, voilà. Mais ça sera comme ça.
00:41:51 En fait, Emmanuel Macron n'a pas le choix.
00:41:53 Soit il donne un mouvement très fort qu'entraîne tout le monde
00:41:55 et donc il calme les ambitions, au moins temporairement,
00:42:00 ou bien il n'arrive pas à donner ce mouvement et les ambitions,
00:42:02 forcément, finiront par prédominer.
00:42:06 Alors qu'on voit sur les images Renaud Muselier qui s'exprime actuellement.
00:42:09 Alors, Gérard Darmanin a été interrogé un peu plus tôt cet après-midi
00:42:12 sur la venue de la Première ministre Elisabeth Borne.
00:42:15 Il l'assure, elle était invitée et il est donc très honoré
00:42:19 qu'elle se rende à Tourcoing.
00:42:21 Moi, je ne décide pas de l'agenda de la Première ministre.
00:42:22 J'ai de longues et passionnantes discussions avec elle,
00:42:25 y compris d'ailleurs sur les attentes de l'électorat populaire.
00:42:28 Je sais qu'elle le sait, je sais qu'elle est d'accord avec ça.
00:42:31 J'ai eu longtemps l'occasion d'échanger avec elle.
00:42:34 Elle est d'ailleurs venue pendant la réforme des retraites à Tourcoing,
00:42:36 dans une usine défendant la réforme des retraites,
00:42:38 où je l'ai évidemment accompagnée.
00:42:39 Je lui ai proposé de venir, au moment où c'était difficile.
00:42:41 Donc, je suis là à ses côtés dans les moments difficiles.
00:42:43 J'ai l'honneur d'être son ministre, comme d'autres ici.
00:42:46 Et elle était bien évidemment prévenue, elle était évidemment invitée.
00:42:49 Et je suis très heureux qu'elle ait pu venir ici, à Tourcoing, aujourd'hui.
00:42:54 Maïma Mfadel, est-ce qu'il faut croire les propos de Gérard Darmanin
00:42:58 honorés ? Évidemment, elle a été invitée à cette rentrée.
00:43:00 Oui, écoutez, c'est des éléments de langage très, très politiques.
00:43:05 C'est de circonstances.
00:43:06 On sait très bien qu'effectivement, il avait envie de la place
00:43:09 de Premier ministre, qu'il n'a pas eu.
00:43:11 Et puis, comme par hasard, il se déclare très tôt, moi, je trouve,
00:43:15 parce qu'on a assez d'enquête.
00:43:16 Il ne se déclare pas officiellement, il place sépiaux, nous.
00:43:19 Mais il a dit, je regarde vers 2027.
00:43:22 Et puis, comme par hasard, Nicolas Sarkozy en a parlé aussi.
00:43:26 Donc, on voit bien que ça y est, il a...
00:43:29 Moi, je reprends, exprès.
00:43:30 Il a dégainé le premier par rapport aux autres.
00:43:34 Et donc, voilà.
00:43:35 Et puis, elle est venue.
00:43:36 Je pense qu'effectivement, elle doit être un peu punie.
00:43:38 Après, ce qui est intéressant, et on va voir par la suite,
00:43:40 c'est qu'elle, elle a déjà parlé des classes moyennes.
00:43:43 Elle a dit qu'elle voulait s'adresser aux classes moyennes,
00:43:45 qu'ils ont été les grands oubliés.
00:43:46 Alors, est-ce qu'elle peut se servir de cette occasion-là
00:43:49 pour reprendre la main et parler des classes moyennes et faire des annonces, peut-être ?
00:43:53 - Joseph Tounel, est-ce qu'on surjoue peut-être un peu aussi
00:43:56 cette rivalité entre Gérald Darmanin et Elisabeth Borne ?
00:43:58 Finalement, pour lui, c'est sa rentrée politique.
00:44:01 Elisabeth Borne, elle vient à Tourcoing.
00:44:03 Ça donne encore plus d'écho médiatique, si on peut dire, à cet événement.
00:44:07 - Oui, mais c'est certain.
00:44:08 Mais en plus, il montre son poids politique.
00:44:11 C'est vraiment faire une démonstration de son poids,
00:44:14 puisqu'il organise quelque chose chez lui, à Tourcoing.
00:44:18 Et la première ministre se déplace pour y aller.
00:44:20 C'est vraiment niquer son poids.
00:44:22 C'est ce qui a été dit, effectivement.
00:44:23 Moi aussi, on voit que recommence les choses.
00:44:26 Alors, c'est le jeu politique.
00:44:27 Mais justement, dans le jeu politique, il y a le terme de jeu.
00:44:31 Et je crains que les Français ne commencent à être lassés.
00:44:35 Ils voient très bien la reproduction d'un certain nombre de choses,
00:44:38 alors avec des personnes un peu différentes.
00:44:39 Mais on reproduit d'année en année.
00:44:43 Et la France, d'année en année, baisse, baisse, baisse.
00:44:45 Les problèmes ne font que monter.
00:44:47 On le voit quand on évoque Nîmes-Marseille, comme on vient de le faire à l'instant.
00:44:51 On n'évoquait pas ces problèmes de cette façon-là, il y a cinq ans,
00:44:54 alors qu'ils existaient déjà.
00:44:55 Mais ils prennent de l'ampleur.
00:44:57 Je crains la lassitude des Français.
00:44:59 Ce n'est pas de dire on va s'intéresser aux classes moyennes et aux classes populaires,
00:45:03 qui va faire que les classes moyennes et les classes populaires,
00:45:05 bêtement, vont dire "ah, vous vous intéressez enfin à nous,
00:45:08 alors on y va avec notre petit bulletin de vote".
00:45:11 Les actes, les actes et les actes.
00:45:14 Et quand elle les regarde, ce n'est pas terrible quand même,
00:45:17 même y compris du côté de M. Darmanin.
00:45:19 Je ne vais pas lui rappeler les supporters anglais,
00:45:22 qui pour moi, je l'ai encore à travers de la gorge,
00:45:24 parce que j'étais à l'étranger à ce moment-là.
00:45:26 Il a réussi à ridiculiser mon pays et ça, je lui en veux beaucoup.
00:45:28 Il reste malgré tout un des moins impopulaires du gouvernement, Gérald Darmanin.
00:45:32 Il y a un point qui a été dit, c'est que ça recommence encore et encore.
00:45:35 Enfin, il y a une énorme différence avec les situations auxquelles vous faisiez référence juste avant.
00:45:39 C'est qu'aujourd'hui, M. Macron a une palette et une largeur de sensibilité politique
00:45:45 plus importante que pouvait l'avoir le président Mitterrand ou le président Chirac.
00:45:49 C'est que là, entre Mme Borne, qui est historiquement quelqu'un qui est plutôt issu du Parti socialiste,
00:45:55 avec une tradition de socialiste républicaine,
00:45:57 parfois même de radical socialisme sur certains sujets,
00:46:00 qui sont assez nobles du terme, et de l'autre côté, M. Darmanin,
00:46:02 qui fut un temps dans ses précédentes fonctions,
00:46:06 avait un discours qui se rapprochait grandement de ce que M. Soti aujourd'hui peut déclarer.
00:46:11 Et donc là, on n'est même plus sur un grand écart.
00:46:13 Il ne s'agit plus de souplesse et d'agilité.
00:46:16 Il s'agit de tirer à U et à Dia sur des décisions et des sujets qui…
00:46:20 Alors maintenant que le sujet des classes populaires a toujours été des sujets
00:46:23 que le Parti socialiste ou les résidus de Parti socialiste et les Républicains tentent d'adresser,
00:46:30 c'est une chose, et donc évidemment, ils peuvent discuter de ce sujet.
00:46:33 Ce qui, là, frappe tout le monde, c'est qu'on le voit à l'écran,
00:46:37 M. Muselier, Mme Borne, M. Darmanin tentent de créer quelque chose de commun,
00:46:42 alors que historiquement, philosophiquement et politiquement,
00:46:46 ils n'ont pas nécessairement grand chose en commun.
00:46:50 Et on a vu d'ailleurs Gérald Darmanin viser très explicitement le Parti socialiste avec,
00:46:54 vous savez, cette fameuse table ronde organisée "La France périurbaine est-elle la France des beaufs ?"
00:46:59 Gérald Darmanin s'engouffre dans ce spectre politique-là.
00:47:03 Il veut s'adresser aux classes populaires, aux classes moyennes.
00:47:07 Oui, mais il a raison.
00:47:09 Le problème, comme vous le disiez, c'est de ne pas le faire simplement dans les discours,
00:47:13 mais de le faire aussi dans les politiques publiques.
00:47:16 Mais le grand sujet, effectivement, c'est les classes populaires.
00:47:19 La gauche les a perdues.
00:47:21 François Mitterrand, dont on parlait tout à l'heure, les avait avec lui,
00:47:24 au moins jusqu'à la moitié de son deuxième mandat.
00:47:26 Et puis, la gauche les a perdues, et de façon un peu vertigineuse ces dernières années,
00:47:33 en particulier sous le quinquennat de François Hollande.
00:47:35 Et là, le Parti socialiste, de façon un peu maladroite ou provocatrice,
00:47:40 tout d'un coup, avec dix ans de retard, s'intéresse à la France périphérique,
00:47:45 aux classes populaires de la France périphérique.
00:47:49 Les classes moyennes sont une sorte de terme obligé du discours politique,
00:47:55 sans qu'on sache très bien où commence et où s'arrête.
00:47:57 Les classes moyennes, ce qui est l'avantage du terme,
00:47:59 puisque ça permet de s'adresser à tout le monde,
00:48:02 parce que tout le monde se dit classe moyenne,
00:48:04 avec parfois des écarts de situation de revenus qui sont non négligeables.
00:48:07 Donc, ce terme classe moyenne est très pratique.
00:48:09 Au fond, ce qui joue là, au sein du macronisme,
00:48:12 c'est de savoir si le "en même temps" d'Emmanuel Macron,
00:48:15 qui consistait à prendre de la gauche et de la droite,
00:48:18 peut tenir après Emmanuel Macron.
00:48:21 Et effectivement, vous avez raison, Gérald Darmanin et Elisabeth Borne,
00:48:24 il y a dix ans à peine, étaient opposants.
00:48:28 Enfin, ils étaient dans des...
00:48:29 - Ils auraient même été assis clairement à l'opposé à la chambre.
00:48:32 - Ils constituaient la vie politique française
00:48:35 autour du clivage gauche-droite,
00:48:37 avec un fort, un UMP qui était puissant
00:48:40 et un parti socialiste qui était puissant.
00:48:42 Et là, aujourd'hui, il n'y a ni UMP, ni...
00:48:44 Enfin, les Républicains ne sont plus ce qu'ils étaient.
00:48:47 Et le parti socialiste a fait un 72% au présidentiel.
00:48:50 Donc, vous les retrouvez chez Emmanuel Macron.
00:48:52 Et la succession d'Emmanuel Macron,
00:48:55 la vraie question de politique, est-ce qu'on peut maintenir un "en même temps" ?
00:48:59 Ou bien, est-ce que les successeurs devront en revenir
00:49:02 à des discours plus ou moins à gauche, plus ou moins à droite ?
00:49:04 - En tout cas, on l'a vu, Gérald Darmanin,
00:49:06 lui, prône le dépassement des clivages.
00:49:08 Et ce n'est sans doute pas anodin s'il est assis à côté d'Olivier Dussopt,
00:49:11 le ministre du Travail, lors de ce discours.
00:49:14 On va rejoindre Élodie Huchard,
00:49:16 journaliste au service politique de CNews,
00:49:18 qui suit pour nous cette rentrée politique de Gérald Darmanin.
00:49:21 Élodie, une question, est-ce que cet événement
00:49:24 sous le soleil de Tourcoing ressemble à un meeting politique ?
00:49:28 - Oui, très clairement.
00:49:30 Et surtout, on voit Gérald Darmanin,
00:49:32 qui est content d'avoir autour de lui un certain nombre de ses amis.
00:49:34 Il se vante d'environ un millier de personnes,
00:49:37 une centaine de parlementaires, et pas uniquement issus de la majorité.
00:49:40 Et puis, quand même, onze ministres sont autour de lui,
00:49:43 certains qui d'ailleurs se sont vraiment montrés autour de lui au moment…
00:49:46 - Parce que c'est justement le sujet de cette journée,
00:49:55 la fibre sociale, les sentiments des Français
00:49:58 qui appartiennent aux classes populaires, aux classes moyennes,
00:50:01 auxquels nous avons fait droit tout aujourd'hui,
00:50:04 toute cette après-midi.
00:50:05 Et c'est ici, à Tourcoing, dans une ville fière de ses origines ouvrières,
00:50:10 de ses habitants, travailleurs et de ses quartiers populaires,
00:50:13 que nous avons posé ou que nous essayons de poser,
00:50:15 comme beaucoup avant nous, la seule question qui vaille au fond,
00:50:19 c'est-à-dire la question sociale,
00:50:21 la question de la condition de vie des femmes et des hommes de notre pays,
00:50:24 qui doit occuper, nous le pensons, tous les débats politiques,
00:50:28 ou en premier lieu, les débats politiques.
00:50:32 On se pose cette question car on voit bien que la condition sociale
00:50:34 des ouvriers, des employés, des fonctionnaires,
00:50:38 des artisans, des commerçants, en un mot, des travailleurs,
00:50:41 est un grand sujet de préoccupation,
00:50:43 que le doute peut s'installer chez eux,
00:50:46 et qu'il se pose une question pour eux et pour leurs enfants,
00:50:49 est-ce que nous avons un avenir ?
00:50:51 Nous voyons aussi qu'une partie des Français issus de ces milieux populaires,
00:50:54 s'abstiennent désormais massivement aux élections,
00:50:58 et ont envoyé des dizaines de parlementaires du RN à l'Assemblée,
00:51:04 non pas, je le pense personnellement, par conviction,
00:51:09 ou en tout cas par conviction seulement,
00:51:12 mais parce qu'ils donnent de nouveau un signal d'alerte
00:51:15 à ceux qui les gouvernent.
00:51:17 Ces classes populaires sont, il faut bien le dire,
00:51:20 souvent ignorées des débats publics,
00:51:22 et parfois, comme on l'a vu récemment, tournées en dérision.
00:51:26 Tout au long de cet après-midi,
00:51:28 on a vu qu'une grande majorité de nos compatriotes
00:51:32 se sentaient appartenir à une classe populaire ou à la classe moyenne,
00:51:35 non pas en raison d'origine ethnique,
00:51:37 non pas en raison de leur religion,
00:51:40 non pas en raison de leurs idées politiques,
00:51:42 de leurs engagements syndicaux,
00:51:44 ni de l'endroit où ils vivent,
00:51:46 mais par le seul sentiment, mais très fort,
00:51:49 de ne pouvoir vivre que du fruit de leur travail.
00:51:52 Le travail, monsieur le ministre du Travail,
00:51:55 si important comme moyen de promotion sociale,
00:51:58 n'est pour eux pas assez rémunérateur
00:52:01 pour se construire un patrimoine,
00:52:03 pour assurer l'avenir de leurs enfants,
00:52:05 pour partir en vacances
00:52:07 et pour sortir de l'assignation à résidence
00:52:10 dénoncée très justement par le candidat Emmanuel Macron en 2017.
00:52:16 Les gens ordinaires, dont parle Christophe Guyly,
00:52:18 n'ont pas de résidence secondaire,
00:52:20 ils n'ont pas de portefeuille d'action,
00:52:22 ils n'ont pas les moyens de déjouer la carte scolaire
00:52:25 et ils ont besoin de sécurité,
00:52:27 car l'État est leur seul bien pour défendre leur famille.
00:52:31 C'est une immense majorité silencieuse
00:52:33 qui n'habite pas au cœur des métropoles,
00:52:35 à l'immobilier dont il faut se le dire aujourd'hui
00:52:37 désormais inabordable pour eux,
00:52:40 et qui ont l'impression, sans jamais être aidés,
00:52:42 alors qu'ils travaillent tous les matins,
00:52:45 rentrent tard le soir, qu'ils payent leurs impôts,
00:52:48 ils n'ont pas l'impression d'être aidés
00:52:50 autant qu'ils aident la société.
00:52:52 Alors vrai ou faux,
00:52:54 les classes populaires de notre pays
00:52:56 ne se sentent pas vraiment considérées
00:52:58 ni assez représentées.
00:53:00 Elles ont l'impression de ne compter pour pas grand-chose,
00:53:03 de subir l'ironie et parfois, je l'ai dit, le mépris.
00:53:07 Certains observateurs m'ont déjà fait remarquer
00:53:10 que ce sentiment d'injustice, d'inéquité, de ressentiment
00:53:13 et parfois de colère n'était pas fondé.
00:53:16 Notre pays, il est vrai, ça a été rappelé cet après-midi,
00:53:19 tu l'as rappelé encore Renaud, et merci de tes propos,
00:53:23 depuis les grandes lois républicaines,
00:53:24 est le seul à garantir le droit à l'éducation gratuite
00:53:27 et pour tous, et la santé gratuite et pour tous,
00:53:32 le seul à dépenser autant d'argent public
00:53:34 pour son système social dans tous les pays occidentaux.
00:53:38 Mais mesdames, messieurs, un sentiment,
00:53:39 même lorsqu'il ne correspond pas à la vérité des chiffres
00:53:42 ou à la rationnée du réel, ne se méprise pas,
00:53:46 ne se rejette pas d'un revers la main
00:53:48 et ne peut faire pas l'objet de moqueries,
00:53:49 surtout de la part de ceux qui n'appartiennent pas
00:53:52 aux mêmes difficultés sociales.
00:53:54 Un sentiment, c'est comme en amour, en amitié,
00:53:56 ça se respecte et ça se prend au sérieux.
00:54:00 Il faut respecter et prendre au sérieux le sentiment
00:54:03 qu'ont les employés, les ouvriers, les artisans,
00:54:05 les commerçants et les fonctionnaires
00:54:07 qui se sentent parfois découragés
00:54:08 devant le mal qu'ils se donnent au travail
00:54:11 et à une rémunération trop faible.
00:54:13 Il faut respecter et prendre au sérieux
00:54:15 le sentiment de toutes ces femmes seules
00:54:17 qui élèvent courageusement leurs enfants
00:54:20 et qui sont de plus en plus nombreuses dans nos sociétés,
00:54:23 notamment dans les catégories les plus populaires,
00:54:26 celles qu'on appelle pudiquement les familles monoparentales.
00:54:29 Elles sont débordées, débordées par la vie,
00:54:32 dans l'insécurité y compris vis-à-vis de leur ex-conjoint,
00:54:36 peu rémunérées, dans des professions éreintantes
00:54:38 et essentielles, auxiliaires de vie,
00:54:41 assistantes maternelles, infirmières, femmes de ménage,
00:54:45 employés communaux ou salariés.
00:54:48 Il faut respecter et prendre au sérieux le sentiment
00:54:50 qu'ont les parents des quartiers populaires
00:54:52 dont les enfants vont dans les écoles
00:54:53 où la mixité sociale s'est largement affaiblie,
00:54:57 où les difficultés des parents s'additionnent
00:54:58 aux difficultés des autres parents
00:55:00 et où l'égalité des chances existe difficilement
00:55:03 car le déterminisme social y est beaucoup trop fort.
00:55:06 Et il faut respecter et prendre au sérieux le sentiment
00:55:09 que la population exprime lorsqu'elle souhaite davantage
00:55:12 d'autorité, de présence de la police,
00:55:15 d'une immigration plus contrôlée
00:55:17 et d'une laïcité plus respectée.
00:55:20 Il faut respecter et comprendre le sentiment
00:55:21 que les aléas de la vie, le manque de médecins,
00:55:24 la canicule dans les logements HLM,
00:55:27 le prix de l'essence, les maladies dues à la pollution
00:55:31 fait que les aléas climatiques sont aujourd'hui en premier,
00:55:36 touchés par ceux qui habitent dans les quartiers populaires,
00:55:40 ceux qui ne connaissent pas, comme la jeunesse de France toujours,
00:55:44 un avenir meilleur demain.
00:55:46 Ces sentiments vécus et répétés poussent souvent au désespoir,
00:55:50 à la contestation, à la perte de confiance
00:55:53 dans notre démocratie et au vote populiste qui promet tout.
00:55:57 Dire cela, ce n'est pas critiquer.
00:56:01 Ce n'est pas non plus imaginer un quelconque calcul personnel.
00:56:06 Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire,
00:56:09 disait Jaurès, Agnès, je te cite après toi.
00:56:12 La fidélité et la loyauté, ça ne veut pas simplement se dire,
00:56:16 se taire pour plaire,
00:56:19 alors que parfois on pense un petit peu différemment.
00:56:23 Quelle drôle de loyauté et de fidélité,
00:56:24 celle qui consisterait à ne pas soumettre au débat
00:56:27 des convictions et des pistes d'amélioration
00:56:28 auxquelles on croit pour le bien collectif,
00:56:30 pour son pays, pour son équipe.
00:56:32 Et quand on a la chance, comme de nombreux élus ici,
00:56:35 de croiser tous les jours des habitants des quartiers populaires
00:56:38 qui nous demandent de faire entendre leur message à Paris.
00:56:42 Comment rester sourds à toutes ces lettres
00:56:44 glissées dans les déplacements, à tous ces messages,
00:56:47 à tous ces propos tenus dans les réunions
00:56:50 par des habitants que l'on rencontre
00:56:52 et qui nous disent qu'ils ont besoin de nous.
00:56:54 Alors oui, la vérité, mes amis,
00:56:57 c'est que le président de la République et sa majorité
00:56:59 ont fait bien plus que quiconque pour les Français modestes.
00:57:02 Le dédoublement des classes,
00:57:04 une très grande politique sociale
00:57:06 qui directement aide des dizaines de milliers d'enfants
00:57:09 des quartiers populaires à s'en sortir.
00:57:12 Des classes de 12 élèves dans le quartier de la Bourgogne
00:57:14 à 92% de logements sociaux à quelques mètres d'ici.
00:57:18 C'est un tremplin pour la réussite
00:57:20 et un grand pas pour l'égalité des chances.
00:57:23 Dès 2017, je le sais d'autant plus
00:57:25 pour avoir été avec mon ami Bruno Le Maire en charge de Bercy,
00:57:28 c'est notre majorité présidentielle
00:57:31 qui a défiscalisé les heures supplémentaires,
00:57:33 qui a baissé l'impôt sur le revenu des petites classes moyennes,
00:57:36 qui a supprimé la taxe d'habitation,
00:57:38 qui a augmenté l'allocation adultes handicapés,
00:57:41 qui a augmenté le minimum vieillesse.
00:57:43 Et le chômage, madame la ministre du Travail, chère Elisabeth,
00:57:47 l'appelée des classes moyennes et populaires,
00:57:49 le chômage n'a jamais autant baissé.
00:57:51 Et c'est autant de victoire pour tous ces travailleurs,
00:57:53 ces employés qui vivaient la peur de ne plus avoir un emploi.
00:57:56 Moi qui fais encore avec madame le maire des permanences,
00:57:59 il est extrêmement rare désormais
00:58:00 d'avoir des gens qui demandent un emploi.
00:58:02 Ce n'était pas le cas en 2014
00:58:04 lorsque nous avons été en responsabilité
00:58:06 et on le doit au président de la République et à son gouvernement.
00:58:09 Et nous le savons particulièrement ici, nous les gens du Nord,
00:58:20 où dans cette belle terre industrielle,
00:58:22 en 20 ans, il y a eu un million d'emplois qui furent supprimés,
00:58:26 dans la mine, dans le textile, dans l'automobile, dans l'imprimerie.
00:58:31 Et ici à Tourcoing et à Roubaix, dans la vente par correspondance.
00:58:35 C'est notre majorité qui a simplifié la vie des Français,
00:58:38 avec l'impôt à la source, le reste à charge zéro pour la santé,
00:58:42 le versement automatique des pensions alimentaires
00:58:44 ou la prime pour la rénovation des logements.
00:58:47 Oui, notre majorité depuis 2017 n'a non seulement pas à rougir,
00:58:51 mais à être très fière de son action pour les Français les plus modestes.
00:58:55 Alors vous me direz, constater c'est bien,
00:58:57 défendre un bilan dont vous pouvez être fier, c'est nécessaire.
00:59:00 Mais quelles propositions ?
00:59:03 En premier lieu, je veux ici remarquer qu'il existe désormais,
00:59:06 et c'est une maladie pour nous tous, un "eux" et un "nous".
00:59:10 Entre les prétendues élites, pas simplement les élites politiques,
00:59:13 mais il faut le se dire aussi, les élites économiques,
00:59:16 les élites culturelles, les élites médiatiques,
00:59:19 et une partie du peuple éloigné des lieux de décision,
00:59:23 et des centres d'intérêt populaire.
00:59:25 La petite révolution à laquelle nous assistons, je crois, Elisabeth,
00:59:28 c'est qu'il n'y a désormais plus une différence de degré,
00:59:31 mais de nature, entre la vie quotidienne d'une certaine élite,
00:59:34 qui vit en centre-ville, et celle d'un reste d'un pays qui se sent incompris.
00:59:40 Mes chers amis, deux mondes existent quand 70% des Français
00:59:42 prennent leur voiture pour aller travailler tous les jours,
00:59:45 et que c'est l'inverse dans la capitale de notre pays.
00:59:48 La séparation géographique entre les tenants du capital
00:59:51 et les travailleurs engendre du fait de la financiarisation du monde
00:59:55 une distance de plus en plus forte entre l'ouvrier et le patron.
01:00:00 Désormais, le directeur général, ou la directrice générale,
01:00:04 est un représentant de plus en plus éloigné,
01:00:06 lui-même de ses vrais propriétaires, de ses vrais actionnaires,
01:00:09 qu'il connaît peu, et que ne voient pas ses salariés et ses ouvriers.
01:00:13 Il m'est arrivé, il n'y a pas si récemment,
01:00:15 à la demande d'un maire qui est ici présent dans notre département,
01:00:18 d'intervenir pour ne pas fermer une île de production dans une usine.
01:00:22 C'est la première fois que j'ai mis une semaine à comprendre
01:00:25 qui étaient les vrais décideurs de cette décision, et je suis ministre.
01:00:30 Changer de patron en une nuit,
01:00:32 que les syndicats ne puissent pas rencontrer ceux qui décident,
01:00:35 que le patron ne fasse pas le tour de ses ouvriers le matin,
01:00:38 ça peut paraître démagogique pour certains,
01:00:39 mais c'est un monde qui change.
01:00:41 La géographie est une belle politique.
01:00:43 Il nous faut rapprocher les gens des décisions.
01:00:48 Dans un second temps, il nous faut, je le pense très sincèrement,
01:00:50 et je sais qu'on en a longuement parlé,
01:00:53 reprendre la lutte contre l'assignation à résidence,
01:00:55 la grande idée du président de la République.
01:00:58 Là est le combat républicain.
01:01:00 L'assignation à résidence géographique,
01:01:03 l'assignation à résidence sociale, où notre jeunesse,
01:01:06 nos quartiers populaires doivent, comme nos aînés, comme nous-mêmes,
01:01:09 comme j'en ai bénéficié, comme nombreux ici en ont bénéficié,
01:01:14 avoir accès à l'ascenseur républicain,
01:01:16 être reconnus selon leurs mérites,
01:01:19 être connus selon leur possibilité de s'en sortir et de leur courage
01:01:23 en une seule génération et de sortir de sa condition sociale.
01:01:27 Sans excuses d'origine ou de religion,
01:01:30 simplement réussir parce qu'on est français
01:01:32 et on n'a pas à savoir qui est français ou qui ne l'est pas
01:01:35 selon l'envie politique des uns et des autres.
01:01:38 Il n'y a que des français et il faut les reconnaître comme tels.
01:01:42 En troisième lieu, nous devons nous battre pour que la sécurité,
01:01:44 bien sûr, soit garantie pour tous sur le territoire national.
01:01:48 Des milliers de postes de policiers et de gendarmes
01:01:50 ont été créés depuis six ans.
01:01:52 Notre soutien moral, financier, matériel et de force de l'ordre
01:01:55 est sans faille.
01:01:57 Grâce au ministre de la Justice, grâce aux arbitrages
01:01:59 de la Première ministre, des moyens très importants
01:02:01 permettent aux magistrats de condamner plus vite.
01:02:04 La lutte contre la drogue, la mère de toutes les batailles,
01:02:08 a été érigée en priorité par des saisis records
01:02:11 et des trafics à qui nous portons des coups inédits.
01:02:15 Mais il est évident que les français,
01:02:16 notamment les plus modestes, attendent davantage de l'État
01:02:19 et peut-être encore davantage de leurs ministres de l'Intérieur.
01:02:23 Je veux leur dire que je sais leur attente et qu'ils ont raison.
01:02:26 Je veux leur dire qu'ils peuvent être convaincus
01:02:28 qu'avec les moyens très importants accordés,
01:02:30 je vais continuer à mettre toute mon énergie
01:02:33 pour affirmer l'autorité de l'État,
01:02:35 pour pourchasser les délinquants,
01:02:37 pour lutter contre le séparatisme,
01:02:40 pour protéger que ceux qui n'ont rien d'autre que la nation,
01:02:43 que la police, que les gendarmes, que les pompiers pour les protéger.
01:02:47 Mesdames, Messieurs, la sécurité,
01:02:49 et ces six ans de maire de Tourcoing qui me l'a fait comprendre,
01:02:52 n'est pas une lubie pour gagner les élections,
01:02:55 ou pour créer des polémiques.
01:02:57 La sécurité est la première des politiques sociales,
01:03:01 en ce sens que sans sûreté, il n'y a pas de liberté d'aller et venir.
01:03:06 Il n'y a pas la possibilité d'être propriétaire.
01:03:09 On ne peut pas exprimer librement son opinion,
01:03:12 ou aller voter, ou aller travailler, ou voyager,
01:03:15 ou porter une jupe dans le métro, ou pratiquer sa religion,
01:03:18 ou n'en pratiquer aucune.
01:03:20 Sans sécurité, il n'y a pas d'égalité des chances.
01:03:23 Il n'y a pas d'éducation nationale possible,
01:03:25 où l'on travaille sereinement.
01:03:27 Sans sécurité, il n'y a pas de fraternité.
01:03:29 La loi du plus fort, la loi du plus violent,
01:03:32 remplace toujours la loi de la République quand le policier n'est plus là.
01:03:36 Mais les policiers et les gendarmes,
01:03:38 en qui je veux rendre un hommage appuyé avec nos amis militaires,
01:03:41 chers Sébastien,
01:03:43 nos policiers et nos gendarmes qui sont eux-mêmes les enfants du peuple,
01:03:46 et vous êtes Madame la Première ministre dans une région
01:03:47 qui envoie le plus de militaires, le plus de policiers,
01:03:50 le plus de gendarmes dans la fonction publique de la République,
01:03:55 ils interviennent souvent pour éviter le pire.
01:03:57 Nous savons tous qu'ils gèrent un mal qui vient de bien plus loin.
01:04:01 Une urbanisation chaotique, des logements dégradés,
01:04:05 ces logements dégradés qui font le beurre des marchands de sommeil.
01:04:08 Une immigration non contrôlée, une intégration pas toujours réussie,
01:04:12 un accueil de l'enfance qu'il faut renforcer pour aider parents
01:04:14 et enfants blessés par la vie.
01:04:15 Je suis très touché que Charlotte-Cobel soit parmi nous aujourd'hui.
01:04:18 Une école où l'autorité est moins forte qu'avant,
01:04:21 une éducation populaire, on l'a dit tout à l'heure,
01:04:23 moins accessible et des parents plus absents.
01:04:28 Bien poser la question sociale, comme le disait Philippe Séguin,
01:04:31 pour lequel je me suis engagé en politique à l'âge de 16 ans,
01:04:34 c'est penser le rapport entre les riches et les modestes,
01:04:37 entre les bien-nés et le peuple.
01:04:41 J'ai pensé que c'était le ressort même de la République d'unir,
01:04:45 ou du moins à chercher à unir, le sommet de l'État
01:04:47 aux plus démunis des citoyens,
01:04:49 écrivait-il déjà dans les années 90.
01:04:52 Madame la Première ministre, chère Élisabeth, mes chers amis,
01:04:56 je n'oublie pas que je suis, comme député du Nord
01:04:58 et comme tous les députés du Nord ici présents,
01:05:01 le successeur de l'abbé Lemire.
01:05:04 Disciple du catholicisme social, député pendant presque 30 ans,
01:05:07 ça ferait rêver.
01:05:09 Il s'est battu parfois contre son évêque,
01:05:12 contre l'Église, contre ses amis,
01:05:15 contre un capital un peu trop égoïste,
01:05:20 pour être à l'écoute du plus modeste de ses concitoyens,
01:05:24 d'Hasbrouck, dont je salue ici le maire,
01:05:26 il verra la référence.
01:05:28 Il s'est battu, l'abbé Lemire,
01:05:31 pour imposer une meilleure répartition des richesses,
01:05:33 des meilleures conditions de travail pour les femmes et les enfants,
01:05:36 et à contribuer aux lois les plus sociales de la Troisième République.
01:05:39 Il a été touché par la misère des ouvriers à Tourcoing et à Roubaix,
01:05:43 et il a été un inventeur et le propagateur des jardins familiaux,
01:05:47 des jardins ouvriers, dont vous avez un exemple ici, au bout de ce jardin.
01:05:51 Ces jardins familiaux, on connaît ici à Tourcoing leur intérêt.
01:05:55 Ce n'est pas un folklore.
01:05:57 Des centaines et des centaines d'habitants,
01:05:59 aujourd'hui encore ouvriers et employés,
01:06:01 peuvent y vivre de leur passion de la nature,
01:06:04 du bien manger, d'une vie plus saine.
01:06:06 Mais aussi, nous savons qu'ils le font pour ça,
01:06:09 pour limiter les dépenses d'un budget trop contraint,
01:06:11 alors qu'ils travaillent.
01:06:13 Il y a du beau dans les jardins familiaux.
01:06:16 Il y a du beau dans l'héritage de l'abbé Lemire.
01:06:19 Au moment de conclure, je ne peux m'empêcher de le citer,
01:06:23 cet abbé Lemire, au moment où il déclara,
01:06:25 sur sa profession de foi, d'ailleurs accessible sur le site de l'Assemblée nationale,
01:06:29 et au moment où il a été exclu du diocèse par son évêque,
01:06:34 et au moment où il retournait dans ses électeurs,
01:06:36 il disait qu'en tête de sa profession de foi,
01:06:38 la politique qui est la mienne s'inspire de l'amour de la République
01:06:42 et du dévouement au peuple.
01:06:45 C'est l'amour de la République et du dévouement au peuple
01:06:47 qui nous guide, qui guide le président de la République,
01:06:50 qui guide le gouvernement de la Première Ministre,
01:06:52 et qui guide, je le sais, chacune et chacun de nous,
01:06:53 malgré nos différences politiques.
01:06:56 Tenir la promesse d'émancipation est une mérite
01:06:59 pour offrir à tous les petits Turquenois et à tous les petits enfants de France,
01:07:02 quelle que soit leur origine, la chance que nous avons eue nous-mêmes.
01:07:06 Permettre à tous les enfants de faire des études supérieures s'ils le souhaitent.
01:07:11 Permettre à l'étranger de s'intégrer et de devenir plus français
01:07:14 que les Français, comme le disait mon grand-père, qui arrivait d'Algérie.
01:07:18 Permettre aux locataires de devenir propriétaires s'ils le souhaitent.
01:07:21 Permettre aux classes laborieuses de vivre du fruit de leur travail.
01:07:25 Et permettre aux jeunes du quartier de la Bourgogne de monter son entreprise,
01:07:28 et je lui souhaite de conquérir le monde.
01:07:30 Tant de choses ont été faites et tant de choses restent à faire
01:07:33 pour aider le plus modeste de nos concitoyens.
01:07:36 À écouter, à représenter et à éviter que les classes populaires
01:07:41 n'aillent par dépit dans l'abstention ou au rassemblement national,
01:07:45 dont nous savons ici dans les Hauts-de-France à quel point c'est un danger quotidien.
01:07:49 La solution n'est pas seulement dans une réponse technique,
01:07:52 mais dans le comportement de la femme et de l'homme politique
01:07:56 qui a une certaine disposition d'écoute et à essayer de comprendre
01:07:59 que chaque personne qui vient le voir,
01:08:01 c'est comme quand sa maman vient lui demander quelque chose.
01:08:04 Faire cela, ce n'est pas penser à une quelconque élection.
01:08:06 Je sais que je ne pourrais pas empêcher les gens de le dire,
01:08:09 mais c'est de permettre à notre peuple, à notre pays que nous aimons tant,
01:08:13 d'avoir un avenir compatible avec ses valeurs et avec son passé.
01:08:17 Madame la Première ministre, chère Elisabeth,
01:08:19 sachons convaincre, et je sais que tu as l'énergie pour,
01:08:23 de tout ce que nous avons fait et disons tout ce qui nous reste à faire.
01:08:26 Et espérons qu'aujourd'hui et demain, la France reste la France,
01:08:30 avec les femmes des hommes politiques qui n'ont que les valeurs à défendre
01:08:33 et notre drapeau à protéger. Je vous remercie.
01:08:35 Voilà pour le discours de Gérald Darmanin
01:08:44 lors de sa rentrée politique à Tourcoing.
01:08:48 Le ministre de l'Intérieur qui a souligné le soutien d'Elisabeth Borne,
01:08:53 qui s'est donc également rendu à Tourcoing,
01:08:56 il a vanté aussi le bilan du président de la République.
01:08:59 Le président, dit-il, a fait plus que quiconque pour les Français modestes.
01:09:04 Il est également revenu sur les questions sécuritaires.
01:09:06 On va débriefer tous ensemble ce discours de Gérald Darmanin.
01:09:10 Un mot d'abord chacun sur ce que vous avez pensé globalement
01:09:14 de l'exercice mené par le ministre de l'Intérieur.
01:09:16 Je commence, galanterie oblige, avec Naïmem Fadel.
01:09:19 Écoutez, ce que j'en ai pensé, c'est...
01:09:24 J'aurais voulu qu'il mette un peu plus de ferveur en lisant son discours.
01:09:29 Donc voilà.
01:09:30 Mais ce qui m'a étonnée un peu, c'est qu'il parle des Gilets jaunes.
01:09:34 Pour avoir suivi les Gilets jaunes,
01:09:36 il décrit en fait le profil de ces classes populaires,
01:09:40 des classes moyennes, des personnes qui habitent donc hors des zones urbaines.
01:09:46 Et il les décrit, ceux qui roulent en voiture.
01:09:49 Rappelons-nous que les Gilets jaunes,
01:09:51 ils ont réagi par rapport à cette fameuse taxe.
01:09:54 Et rappelons-nous comment ils ont été traités.
01:09:57 C'est pour ça que c'est...
01:10:00 Je trouve que...
01:10:02 Excusez-moi le terme, mais je vais le dire comme je le ressens.
01:10:04 Je trouve que c'est se moquer du monde que de parler des Gilets jaunes,
01:10:07 en les décrivant ainsi.
01:10:09 Parce qu'en réalité, on n'a pas écouté cette France, justement, populaire.
01:10:13 Cette France qui se lève pour travailler.
01:10:15 Cette France qui a du mal à joindre les deux bouts.
01:10:17 Cette France qui est obligée d'avoir deux voitures.
01:10:20 Cette France qui, à la fin du mois, il ne lui reste que 100 ou 200 euros
01:10:24 par rapport à des familles, effectivement, qui ont des aides sociales
01:10:28 et qui aujourd'hui ont les mêmes revenus, pratiquement, que ceux qui travaillent.
01:10:33 Patrick Bonin, l'expert en communication que vous êtes,
01:10:35 on peut le dire, pendant ce discours,
01:10:37 vous n'étiez pas franchement convaincu sur la forme, particulièrement.
01:10:40 On parlera du fond un peu plus tard.
01:10:41 C'est un doux euphémisme.
01:10:43 Effectivement, je n'étais pas convaincu.
01:10:45 Je pense que les téléspectateurs qui ont écouté ça,
01:10:48 ils se disent en sortant, mais sans doute comme beaucoup d'entre nous.
01:10:50 Et alors, du coup, qu'est-ce qu'on en retient ?
01:10:52 On en retient un homme qui parle, qui lit des notes,
01:10:57 soit, ce qui montre effectivement assez peu de ferveur.
01:11:00 Donc, un homme qui lit des notes et un homme qui veut montrer
01:11:03 qu'il est au cœur de la discussion.
01:11:05 Ce qui, d'ailleurs, pour un ministre de l'Intérieur,
01:11:07 au vu de l'actualité qu'on vient d'évoquer à Nîmes ou à Marseille,
01:11:10 on se dit, tiens, d'ailleurs, je pense que beaucoup de nos téléspectateurs
01:11:13 se posent la question de, mais en fait, pourquoi n'est-il pas à Nîmes
01:11:16 ou à Marseille, peut-être pour parler d'enjeux de sécurité
01:11:18 plutôt que de parler d'autre chose ?
01:11:20 Et là, on s'est tous dit, ah là là, mais il va nous faire une révélation,
01:11:23 en fait, ça devait être un exercice un peu important pour lui,
01:11:26 pour décrire une sorte de pré-programme à une éventuelle élection présidentielle.
01:11:30 Eh bien, quel est ce pré-programme ?
01:11:33 Quelles sont les...
01:11:34 Quelles actions politiques, de quels projets politiques
01:11:37 nous pouvons parler maintenant ?
01:11:39 Ah bah, aucun. Donc ça, ça va aller assez vite, du coup.
01:11:41 C'est ça qui est plutôt pas mal.
01:11:43 Et juste un dernier point sur...
01:11:45 Au tout début de son discours, il a décrit la politique
01:11:47 comme étant un formidable moment pour discuter,
01:11:49 notamment avec les différentes personnes présentes là.
01:11:52 Et donc, faire de la politique, c'est discuter, échanger.
01:11:55 Moi, je pense que beaucoup de nos concitoyens,
01:11:56 les gilets jaunes les premiers, comme nous tous d'ailleurs,
01:11:58 on se dit que faire de la politique,
01:12:00 en tout cas avoir envie de faire de la politique,
01:12:02 c'est surtout avoir un projet, un projet politique.
01:12:05 On en parlait lors des derniers échanges,
01:12:07 peut-être sous François Mitterrand, avec des congrès socialistes
01:12:11 qui étaient parfois homériques,
01:12:12 mais il y avait des projets contre des projets.
01:12:14 Là, quels projets M. Darmanin compte porter ?
01:12:19 Eh bien, j'ai hâte de voir qu'autour de cette table,
01:12:21 on soit capable de décrire ce projet.
01:12:23 J'ai hâte.
01:12:25 Gardez vos arguments, Joseph Touvenel et Philippe Guibert.
01:12:27 D'abord, on prend la direction de Tourcoing.
01:12:29 Élodie Huchard a suivi au plus près ce discours de Gérald Darmanin.
01:12:34 Que faut-il en retenir, Élodie, de ce discours d'une vingtaine de minutes
01:12:38 du ministre de l'Intérieur ou peut-être, devrais-je dire,
01:12:40 du futur candidat à l'élection présidentielle ?
01:12:44 En tout cas, lui, il garantit, cette réunion aujourd'hui
01:12:47 n'est pas en vue d'être candidat à l'élection présidentielle de 2027.
01:12:51 Il s'est beaucoup exprimé, effectivement, sur les classes populaires,
01:12:53 sans grande surprise.
01:12:54 C'était le thème de la rentrée.
01:12:55 C'était aussi le thème des trois tables rondes.
01:12:57 Et puis surtout, il a aussi beaucoup vanté les mérites de la politique
01:13:01 du gouvernement pour les classes populaires.
01:13:02 Et maintenant, c'est Elisabeth Borne qui s'exprime.
01:13:05 Et on pourra suivre en intégralité, d'ailleurs, le discours d'Elisabeth Borne.
01:13:10 Rendez-vous à 22h15 dans Soir Info, qui sera présenté par Célia Barrode.
01:13:15 Vous pourrez suivre en intégralité le discours de la Première ministre,
01:13:19 invitée de dernière minute,
01:13:21 invitée surprise de cette rentrée politique de Gérald Darmanin.
01:13:25 On va continuer, nous, de débriefer les propos du ministre de l'Intérieur,
01:13:30 qui a beaucoup parlé, qui a aussi vanté le bilan d'Emmanuel Macron.
01:13:34 On marque d'abord une pause et puis on revient dans quelques instants
01:13:37 pour en parler. A tout de suite.
01:13:42 De retour pour la dernière demi-heure de Punchline été,
01:13:46 toujours avec Philippe Guibert, Joseph Touvenel, Naïmah Mfadel et Patrick Bonin.
01:13:49 On débriefe ensemble le discours de Gérald Darmanin depuis Tourcoing,
01:13:54 où il a organisé sa rentrée politique.
01:13:57 Un ministre en bras de chemise, sous le soleil du nord de la France,
01:14:02 qui s'est donc adressé aux classes populaires.
01:14:05 C'était en tout cas le but affiché.
01:14:08 Il est également revenu sur l'art de la politique.
01:14:10 Faire de la politique, c'est écouter les gens, selon Gérald Darmanin.
01:14:15 Faire de la politique, c'est écouter les avis, les sentiments,
01:14:20 l'état d'esprit de nos compatriotes, tenter d'analyser ces avis,
01:14:24 ces sentiments, cet état d'esprit.
01:14:27 Et puis, selon les options possibles, la politique se fait toujours
01:14:31 à travers des réalités, pouvoir agir quand on a la chance, comme nous,
01:14:39 chère Elisabeth, mesdames et messieurs les membres du gouvernement,
01:14:42 d'être en responsabilité.
01:14:44 Philippe Guibert, on ne vous a pas encore entendu sur le discours
01:14:47 de Gérald Darmanin.
01:14:48 Qu'est-ce que vous en retenez ?
01:14:50 Ce que je retiens, c'est que ce n'est pas pour ce discours
01:14:54 que cette réunion restera dans l'histoire.
01:14:57 C'est un discours volontairement ou involontairement plat,
01:15:03 sans aspérité, sans le moindre mot de travers,
01:15:07 sans la moindre audace.
01:15:10 Est-ce que parce que Gérald Darmanin a accepté de jouer le jeu
01:15:15 de l'exécutif, d'accueillir Elisabeth Borne,
01:15:18 mais du coup, ça donne un discours dont on a du mal à retenir des angles,
01:15:25 dont on a du mal à retenir même une formule.
01:15:28 Et ce qui restera de cette réunion, c'est quand même l'agacement
01:15:33 macroniste et l'agitation autour de cette réunion,
01:15:37 plus que le contenu de cette réunion.
01:15:39 Puis ma deuxième remarque est un peu perfide,
01:15:43 elle concerne la macronie dans son ensemble et donc Gérald Darmanin.
01:15:47 C'est que c'est bien de parler de vouloir parler de sociale
01:15:49 et de classe populaire, voire de classe moyenne.
01:15:51 Je voudrais juste rappeler qu'il y a trois, quatre mois,
01:15:54 nous étions encore dans une réforme qui s'appelle la réforme des retraites.
01:15:58 Et le cœur de l'opposition à cette réforme des retraites,
01:16:01 c'était les classes populaires et les classes moyennes
01:16:05 de la population active qui étaient vent debout.
01:16:09 Et donc, Gérald Darmanin a certainement raison de vouloir se tourner
01:16:12 vers les classes populaires et les classes moyennes.
01:16:16 Il ne faut pas oublier aussi ce qu'on a fait, la façon dont ça a été présenté,
01:16:20 la brutalité avec laquelle cette réforme a été adoptée.
01:16:24 Et donc, je pense que de ce point de vue-là, Gérald Darmanin,
01:16:27 mais aussi les autres ministres ou les autres prétendants macronistes,
01:16:31 à la succession ont du travail sur la planche.
01:16:34 - Joseph Soudanel, c'est vrai qu'on pouvait s'attendre peut-être
01:16:36 à ce que Gérald Darmanin pose les bases d'un éventuel programme électoral.
01:16:41 Finalement, il a plutôt vanté le bilan d'Emmanuel Macron lors de son discours.
01:16:47 Est-ce qu'on pourrait dire tout ça pour ça, finalement, Gérald Darmanin ?
01:16:50 - Oui, et puis quand vous employez le terme discours,
01:16:53 moi, j'ai au moins appris une chose, c'est que Gérald Darmanin n'est pas un orateur.
01:16:57 Donc, pour la forme, il est tellement peu un orateur
01:17:00 que c'était, à mon sens, contre-productif.
01:17:03 Alors, il a eu quelques formules, plutôt pour moi, du mauvais populisme qu'autre chose.
01:17:08 C'était "ils partent travailler tôt le matin et rentrent tard le soir".
01:17:14 Ça faisait un peu ridicule parce qu'on ne sentait pas une vie,
01:17:17 on ne sentait pas un sentiment, ce n'était pas une réalité.
01:17:21 Il nous a dit quelque chose qui me semble être exact,
01:17:23 qui aurait pu être développé, expliqué, qu'entre les travailleurs
01:17:28 et les représentants du capital, c'est son terme, le fossé s'agrandissait.
01:17:32 Ça, c'est intéressant, il faudrait voir pourquoi.
01:17:34 Mais je sors une phrase comme ça, ça fait un peu gauche.
01:17:38 "Travailleurs, représentants du capital, etc."
01:17:40 Et puis, je file à autre chose.
01:17:41 Et donc, il n'y a pas de fond.
01:17:43 Alors, j'ai cru comprendre que la mère de toutes les batailles,
01:17:46 c'était les jardins familiaux.
01:17:48 Il a raison, c'est quelque chose de très utile, etc.
01:17:50 Mais quand même un peu adégnotique par rapport à l'état du pays.
01:17:53 Peut-être que c'est le créateur des jardins familiaux qui l'intéressait,
01:17:56 l'abbé Lemire, qui, je le rappelle, dans son jeune temps,
01:17:58 a commencé par être royaliste, un peu comme Gérald Darmanin.
01:18:02 Non, mais juste, je voudrais rajouter quelque chose.
01:18:04 Moi, vraiment, j'aurais pensé qu'il aurait fait un "mais à coup de pas"
01:18:09 en disant "malheureusement, on a oublié les classes populaires,
01:18:13 les classes moyennes".
01:18:14 Parler aussi de l'inflation, parce que c'est les classes moyennes,
01:18:16 justement, qui ont été les plus impactées par l'inflation.
01:18:20 Parler aussi de l'état de providence qu'aujourd'hui,
01:18:22 il faut remettre à plat pour qu'il soit beaucoup plus juste
01:18:26 et que ces classes moyennes, notamment les classes moyennes
01:18:28 qui se sentent dévachelées aujourd'hui, puissent aussi voir
01:18:32 le fruit de leurs contributions.
01:18:34 Il aurait fallu tout simplement un discours.
01:18:35 Et moi, vraiment, je suis naïve, vous allez le penser,
01:18:39 mais je m'attendais à ce qu'ils disent, qu'il y ait ce souhait,
01:18:43 en fait, de reconnexion avec la France, avec le peuple de France,
01:18:47 en faisant ce "mais à coup de pas".
01:18:50 Mais ça se fait peut-être pas, monsieur le Premier ministre.
01:18:52 - Alors, notons que là... - Ça se fait pas beaucoup.
01:18:54 Là, je suis d'accord avec vous, ça se fait que très, très moyennement.
01:18:56 Mais c'est terrible, surtout de voir l'image qu'on voit,
01:19:00 qui est faire de la politique, c'est écouter les avis.
01:19:02 Je pense que vraiment, pour beaucoup de nos concitoyens,
01:19:04 faire de la politique, c'est avoir un projet
01:19:06 et le confronter aux avis pour le mettre en place.
01:19:08 Ça n'est pas d'écouter les avis.
01:19:10 - En fait, qui... - C'est un peu tôt encore
01:19:11 pour développer totalement un projet.
01:19:13 On est à trois ans et demi.
01:19:14 - Il y a le fait de développer un projet,
01:19:16 mais comme on vient de le dire à l'instant,
01:19:17 il y a le fait d'avoir une sensibilité pour en apporter un sur la table.
01:19:22 Là, il n'y a pas de projet.
01:19:23 Il y a des noms qui ont été lancés.
01:19:25 Il y a des mots qui ont été mis dans ce discours
01:19:27 pour faire de gauche, pour pouvoir montrer qu'on parle de ces sujets.
01:19:31 Mais en parler, ça veut dire d'abord avoir des idées.
01:19:34 Où sont les idées ?
01:19:36 - Notons juste un mot pour dire que les discours sont désormais terminés.
01:19:40 Elisabeth Borne a pris la parole quelques instants,
01:19:42 notamment pour demander l'unité de la majorité
01:19:45 pour produire des résultats, dit-elle, et combattre les populistes.
01:19:49 Un mot quand même, parce que vous parliez, Naïm Fadel, des classes populaires.
01:19:51 Il en a été question dans le discours de Gérald Darmanin.
01:19:54 Après, chacun jugera du résultat.
01:19:56 En tout cas, il en a parlé et je propose de l'écouter à nouveau.
01:19:59 - Nous voyons aussi qu'une partie des Français issus de ces milieux populaires
01:20:02 s'abstiennent désormais massivement aux élections
01:20:06 et ont envoyé des dizaines de parlementaires du Rassemblement national à l'Assemblée.
01:20:12 Non pas, je le pense personnellement, par conviction,
01:20:17 ou en tout cas par conviction seulement,
01:20:20 mais parce qu'ils donnent de nouveau un signal d'alerte à ceux qui les gouvernent.
01:20:25 Ces classes populaires sont, il faut bien le dire,
01:20:28 souvent ignorées des débats publics
01:20:30 et parfois, comme on l'a vu récemment, tournées en dérision.
01:20:33 - Et je remercie Charles Bagé qui a capté le discours de Gérald Darmanin.
01:20:41 Je vous ai coupé, Joseph Tounel.
01:20:42 Vous vouliez revenir, vous aussi, sur les propos de Gérald Darmanin,
01:20:46 sur ce programme qui n'en est pas un.
01:20:47 On a parlé, voilà, de ces quelques expressions sur les classes populaires,
01:20:50 mais il faut aller plus loin, surtout que je lui rappelle qu'il est au gouvernement
01:20:54 et donc il a les leviers d'action.
01:20:57 Donc en avant, mon cher Gérald.
01:20:59 Mais on se posait la question, juste avant qu'il commence son discours,
01:21:03 ce qui pouvait rassembler les soutiens qui étaient là.
01:21:07 Et moi je me dis, on va écouter Gérald Darmanin
01:21:10 et peut-être qu'on verra ce qu'il rassemble,
01:21:11 c'est un idéal, une vision, l'aspiration à servir.
01:21:16 Et en fait, je me dis, qu'est-ce qui leur sort ?
01:21:19 Comptent-ils en commun le goût du pouvoir, le goût de faire carrière ?
01:21:24 Mais je ne vois pas d'idéal, je ne vois pas de vision,
01:21:25 je ne vois rien qui soulève.
01:21:26 Même, à la limite, je ne suis pas mélanchoniste du tout,
01:21:29 mais je préfère à la limite un mélanchon qui va exprimer quelque chose,
01:21:33 qui va peut-être me mettre en colère, mais qui a de la vie, qui a de la tenue,
01:21:37 que cette espèce de soupe, en faisant appel aux classes populaires,
01:21:41 mais les classes populaires, ils les détournent là.
01:21:46 Non, mais s'adresser encore une fois aux classes moyennes, c'est intéressant.
01:21:49 Moi, j'ai vraiment, j'avais applaudi en me disant,
01:21:51 c'est très important parce qu'aujourd'hui, ça a été les grands oubliés,
01:21:55 les classes moyennes aussi, elles ont été oubliées,
01:21:57 mais depuis des décennies, enfin, depuis au moins dix ans
01:22:01 qu'elles ont été oubliées, pas que par Emmanuel Macron.
01:22:04 Et moi, je trouvais que justement, l'intérêt qu'il leur ait fallu,
01:22:07 c'est qu'ils fassent comme vous disiez, Joseph,
01:22:10 qu'ils donnent un message fort à ces classes moyennes en disant,
01:22:14 il est urgent de se reconnecter à ces classes populaires
01:22:17 et à ces classes moyennes et qu'ils fassent des annonces.
01:22:19 Est-ce qu'aujourd'hui, par exemple, concernant ces classes moyennes,
01:22:22 on va peut-être voir cet état de providence pour qu'il soit beaucoup plus juste ?
01:22:27 Il sortirait de son rôle sans doute en faisant ça.
01:22:29 Est-ce que pour ces classes moyennes, on va revoir aussi la question
01:22:32 d'une politique familiale, qu'il faut absolument que notre pays
01:22:36 se lance dans une politique familiale ?
01:22:38 Voilà, c'est des signes forts, les crèches pour les familles,
01:22:42 parce que quand ils parlent des parents qui travaillent, qui sont loin,
01:22:45 sont obligés d'avoir deux voitures, 70% de personnes qui ont besoin de deux voitures.
01:22:49 Ces personnes-là, souvent dans leur village, dans leur commune,
01:22:53 elles ont besoin de faire garder leurs enfants.
01:22:55 Il n'y a rien parce que les communes ne peuvent pas.
01:22:57 Donc, vous voyez, c'est des annonces qui pouvaient être vraiment,
01:23:01 j'allais dire, qui pouvaient nous emporter.
01:23:04 Enfin, en tout cas, moi.
01:23:04 Sans doute n'a-t-il pas voulu s'éloigner trop du champ du président de la République.
01:23:09 Je vous fais réagir, Philippe Guibert.
01:23:10 D'abord, on écoute Gérald Darmanin qui s'est exprimé avant son discours.
01:23:13 C'était en début d'après-midi.
01:23:15 Il réaffirme sa loyauté totale envers le chef de l'État.
01:23:19 Écoutez, c'est au micro de Lodib Chard et de Charles Bagé.
01:23:22 Je suis loyal au président de la République depuis le premier jour.
01:23:25 J'ai adhéré au parti qu'il a fondé.
01:23:27 J'y rejoins son gouvernement.
01:23:30 Je pense que c'est une énorme chance pour la France de l'avoir et d'être réélu.
01:23:34 J'apprends tous les jours auprès de lui et il sait qu'il pourra toujours compter sur moi
01:23:38 en toute circonstance.
01:23:40 Je pense qu'il ne faut pas personnaliser les choses.
01:23:43 Je pose avec mes amis, et je pense que c'est important de le dire, des questions,
01:23:48 notamment sur le salaire des ouvriers et des employés,
01:23:52 sur les femmes seules qu'élèvent des enfants,
01:23:55 sur l'intervention sociale de l'État.
01:23:59 Je pense qu'il faut pouvoir répondre à cette question.
01:24:01 On ne peut pas à la fois faire des éditoriaux toute la journée
01:24:04 pour dire que ce n'est pas bien le Front National,
01:24:07 mais ça touche assez peu, vous savez, vos éditoriaux,
01:24:09 les habitants de notre commune.
01:24:11 Ce qui les intéresse, c'est qu'on les écoute et qu'on les considère.
01:24:16 Philippe Guibert, c'est bien la preuve que nous avions à Tourcoing,
01:24:18 non pas un futur candidat, mais le ministre de l'Intérieur
01:24:22 en campagne pour vanter le bilan de son chef, le président de la République en l'occurrence.
01:24:27 Je crois que Gérald Darmanin s'est fait rattraper par la patrouille macroniste.
01:24:32 Je crois qu'il partait sur une idée qui est intéressante,
01:24:36 qui était de constater que Emmanuel Macron n'a pas rassemblé
01:24:41 les milieux populaires et les classes moyennes,
01:24:45 notamment en particulier depuis cette réforme des retraites que j'évoquais,
01:24:49 et que c'est Marine Le Pen qui perce et qui continue de percer
01:24:54 dans de larges pans du salariat, de la population active,
01:24:57 des classes populaires et moyennes.
01:24:59 Donc, cette idée-là, de départ, est juste.
01:25:01 Mais il est bien évident qu'à partir du moment où Elisabeth Borne venait,
01:25:06 où un certain nombre de ministres, donc Gabriel Attal et bien d'autres,
01:25:10 ont dit que c'était beaucoup trop tôt pour parler politique et parler campagne électorale,
01:25:16 Gérald Darmanin ne pouvait plus faire grand-chose, finalement.
01:25:19 C'est comme ça que je comprends un discours dont on a dit tout à l'heure
01:25:23 qu'il était peut-être un peu plat.
01:25:26 Je crois qu'il a été contraint dans l'exercice et rattrapé par la patrouille.
01:25:31 Et donc, il s'est retenu, parce que je ne peux pas croire qu'il n'ait que ça à dire.
01:25:35 Je pense qu'il a d'autres choses à dire, mais que sans doute, là,
01:25:39 la Macronie a considéré qu'il allait un peu trop loin
01:25:42 et qu'il fallait qu'il revienne dans le bercail gouvernemental.
01:25:45 Et donc, il ne pouvait pas faire d'annonce, il ne pouvait pas dessiner de projet,
01:25:48 parce qu'il est au gouvernement, il est ministre de l'Intérieur,
01:25:50 il ne peut pas parler d'éducation, de famille ou je ne sais quoi.
01:25:54 C'est empiéter sur ses collègues et c'est empiéter sur le rôle de la première ministre.
01:25:59 Est-ce que Patrick Bonin, vous partagez cette analyse ?
01:26:00 Est-ce que peut-être Gérald Darmanin a été un peu dépassé
01:26:02 par l'ampleur qu'a pris sa rentrée politique et que finalement,
01:26:05 il a peut-être dû minimiser un peu, là où certains voyaient les bases
01:26:09 d'une candidature à venir, finalement, c'était une rentrée politique
01:26:12 somme toute normale pour un ministre de l'Intérieur et pour un ancien élu local.
01:26:16 Si on doit minimiser, alors on va parler d'autre chose.
01:26:19 C'est-à-dire qu'on va prendre des exemples de son territoire.
01:26:21 On va montrer en quoi le Nord est une terre très particulière,
01:26:25 qui est elle aussi victime, notamment pour les classes populaires,
01:26:28 de problèmes vis-à-vis d'accès à la santé, vis-à-vis d'accès au numérique,
01:26:31 puisqu'il y a encore des zones qui n'ont pas accès au débit.
01:26:34 Et donc, vous rentrez dans un discours de proximité.
01:26:36 Là, le problème, ce n'est pas tant qu'on n'ait pas fait un discours
01:26:38 de politique générale annonçant une candidature en 2027.
01:26:41 On se doutait bien que ça n'allait pas être le cas,
01:26:44 mais qu'on n'ait pas englé son propos sur quelque chose
01:26:47 qui soit touche mon public local et donc, on parle de lui,
01:26:49 on parle de son ancrage local, soit qui vient sur les sujets
01:26:53 justement du ministre de l'Intérieur.
01:26:54 Donc, on parle de sécurité, on explique ce qu'on fait.
01:26:57 Là, le problème, c'est qu'à force d'avoir fait un grand écart,
01:26:59 on ne tient sur pas grand chose.
01:27:01 Et donc, oui, en fait, sans doute, il a été rattrapé par la structure
01:27:06 qui lui a dit, bon, soit peut-être plus tempéré et joue la collectif.
01:27:11 Mais on peut jouer collectif en montrant une envie des sujets qui l'habitent.
01:27:16 Là, en fait, quand on l'écoute, on se dit, mais qu'est-ce qui l'habite ?
01:27:19 Est-ce que c'est la lutte contre les inégalités sociales ?
01:27:23 Est-ce que c'est la lutte pour que chaque Français ait un accès similaire
01:27:27 à la santé ? Et on sait très bien que ce n'est pas le cas du tout.
01:27:29 Est-ce qu'effectivement, sur la politique de parentalité
01:27:31 dont on parlait tout à l'heure, il y a une politique,
01:27:34 il a envie de voir justement que vis-à-vis des crèches,
01:27:38 vis-à-vis de l'offre, les choses vont changer ?
01:27:40 En réalité, il n'a pas montré qu'il avait une passion
01:27:44 ou un intérêt pour des sujets.
01:27:46 Et donc, du coup, on est resté, pour reprendre l'expression
01:27:48 tout à l'heure, assez plat, superficiel.
01:27:51 Alors, on pourrait utiliser d'autres adjectifs.
01:27:53 En l'occurrence, M. Darmanin, lui, a utilisé énormément de formules
01:27:57 de phrases avec des listes à l'après-verre pour pouvoir parler
01:28:00 des professions, parler des choses.
01:28:02 Et donc, il y a énormément de mots, mais très, très peu d'actes et d'idées.
01:28:06 Et l'illustration du fait que Gérald Darmanin a peut-être été rattrapé
01:28:09 par le couple exécutif, ce sont ces images que vous voyez en direct,
01:28:12 cette déambulation. Gérald Darmanin.
01:28:15 Et donc, à ses côtés, la Première ministre Elisabeth Borne.
01:28:18 On rappelle, ce n'était pas forcément prévu au départ,
01:28:20 surtout que Gérald Darmanin était aux prises avec l'aile gauche
01:28:23 de la majorité, Stéphane Séjour est en tête.
01:28:25 Je rappelle les propos de Stéphane Séjour.
01:28:27 Les idées doivent passer avant l'égo.
01:28:29 Gérald Darmanin lui avait répondu.
01:28:31 J'ai gagné toutes mes élections depuis six ans.
01:28:33 Je ne suis pas élu sur une liste à la proportionnelle.
01:28:35 Donc, voilà, c'était dire l'ambiance dans la majorité.
01:28:38 Elisabeth Borne incarne d'une certaine manière aussi l'aile gauche
01:28:41 de la majorité présidentielle.
01:28:43 Elle s'est donc finalement rendue à Tourcoing.
01:28:45 Elle a même clos cet événement.
01:28:48 Elle a prononcé le dernier discours.
01:28:50 Je propose d'écouter un extrait où elle parle justement,
01:28:52 elle en appelle, à cette unité dans les rangs de la majorité.
01:28:55 Écoutez.
01:28:56 J'attends de chacun de mes ministres, et ils le savent,
01:29:00 que les moyens engagés donnent des résultats concrets,
01:29:04 rapidement visibles pour les Français.
01:29:07 Et pour cela, nous avons besoin de vous tous,
01:29:10 parlementaires, élus locaux, militants, citoyens,
01:29:15 pour faire connaître les réponses qui existent,
01:29:18 nous dire comment accélérer et comment faire mieux.
01:29:21 Le temps devant nous doit être entièrement consacré à l'action
01:29:25 et à un travail de fond intense pour produire des résultats.
01:29:30 C'est comme cela que nous combattrons les populistes
01:29:33 et les extrêmes en leur laissant leur recette démagogique.
01:29:37 Alors, on a beau entendre le tutoiement de Gérald Darmanin
01:29:40 avec ma chère Elisabeth et les amabilités échangées entre les deux,
01:29:44 ça ressemble un petit peu à un recadrage.
01:29:45 J'attends de mes ministres des résultats.
01:29:48 Vous prononcez ça lors de la rentrée politique d'un ministre
01:29:51 dont les ambitions ne font pas secret,
01:29:53 Imaïm Fadel, on a un recadrage en règle de la part de la Première ministre.
01:29:56 Ah oui, excellemment d'ailleurs.
01:30:00 Non, évidemment, elle l'a recadré,
01:30:02 mais ce qui est intéressant en fait,
01:30:04 c'est qu'à la fin, on assiste comme à une rentrée politique de la Macronie.
01:30:08 C'est-à-dire qu'elle reprend la main,
01:30:10 et on voit bien que lui, il est empêché
01:30:12 pour aller au bout de ce qu'il a envie de dire,
01:30:14 parce qu'en réalité, les sujets qu'il a abordés, lui,
01:30:17 c'est les sujets qu'il devrait aborder la Première ministre.
01:30:20 Cette question de la classe moyenne, des classes populaires,
01:30:23 de toutes les difficultés, il nous a fait tout un diagnostic,
01:30:25 tous les profils, etc.
01:30:26 C'est à elle de venir et de parler de ce public.
01:30:32 Et là, on voit bien qu'en fait, il a reculé,
01:30:36 et puis qu'après, elle vient, elle lui dit clairement,
01:30:38 j'attends l'unité et que tout le monde rentre dans les rangs
01:30:41 et que tout le monde soit sur ses missions propres.
01:30:45 On n'est pas très loin du "je décide",
01:30:46 il exécute la célèbre phrase de Chirac à l'époque,
01:30:49 c'était le président qui avait dit ça à propos de Nicolas Sarkozy,
01:30:51 autre ministre de l'Intérieur.
01:30:53 Jusque je précise, avant de vous donner la parole,
01:30:54 que l'intégralité de la déclaration d'Elisabeth Borne
01:30:58 sera à suivre à 22h15 dans Soir Info.
01:31:01 Allez-y Philippe Guibard.
01:31:02 Non, mais je crois que c'est qu'une première étincelle.
01:31:07 C'est vrai que Général Darmanin est parti un peu avant les autres
01:31:11 en voulant constituer une sorte de,
01:31:13 non pas un mouvement politique, non pas un parti,
01:31:15 mais des gens qui étaient autour de lui,
01:31:17 un élan qui pouvait le soutenir, en tout cas dans son discours.
01:31:21 On n'est qu'au début.
01:31:23 Il reste donc un peu moins de quatre ans maintenant
01:31:26 de mandat d'Emmanuel Macron,
01:31:29 la présidentielle c'est dans trois ans.
01:31:31 Et je peux vous assurer qu'on aura l'occasion de reparler,
01:31:33 peut-être avec des discours un peu plus puissants
01:31:36 et un peu plus habités.
01:31:39 On aura l'occasion de reparler des discours de Général Darmanin,
01:31:42 de Brunon Le Maire, d'Edouard Philippe, de François Bérou,
01:31:45 pour ne parler que de la majorité.
01:31:47 Encore une fois, c'est inévitable.
01:31:48 C'est dans la nature politique des choses.
01:31:51 Ou alors il faut autoriser le président de la République
01:31:54 à se représenter au bout de deux mandats, sinon ça ne marche pas.
01:31:57 Il nous reste très peu de temps, mais juste pour finir,
01:31:59 ça ne vous a pas échappé, la rentrée des Républicains a eu lieu simultanément.
01:32:02 Il y avait des élus républicains autour de Général Darmanin.
01:32:06 Écoutez la réaction d'Éric Ciotti,
01:32:08 qui envoie là aussi un message à la fois au ministre de l'Intérieur,
01:32:11 mais aussi aux membres de son parti.
01:32:14 Je regarde aujourd'hui ce qui se passe à Tourcoing
01:32:18 comme une forme d'indécence.
01:32:21 Notre pays traverse un moment extrêmement grave.
01:32:24 La violence gagne beaucoup de nos territoires.
01:32:27 Nous avons subi des émeutes terrifiantes.
01:32:31 Nous avons vu encore cette semaine l'assassinat d'un jeune enfant.
01:32:36 Et le gouvernement se déchire en ouvrant la succession de M. Macron.
01:32:42 Oui, j'y vois une forme d'indécence.
01:32:44 Il n'y aura quasiment pas de députés républicains à Tourcoing.
01:32:48 Ceux qui y sont doivent s'interroger sur leur place dans notre famille politique.
01:32:52 Il essaie de régler ses comptes.
01:32:55 Mais juste un point, pour dire quelque chose de positif sur M. Darmanin.
01:32:59 Après une heure, presque.
01:33:01 Oui, après une heure, on s'est tous régalés autour de ce plateau.
01:33:04 Il faut être très honnête, il a réussi son coup
01:33:06 parce qu'on parle de M. Darmanin depuis une heure sur ce plateau.
01:33:09 On en a parlé avant et on en parle après.
01:33:11 Et là, ce qu'il a réussi à très bien faire, c'est que M. Soti parle de M. Darmanin
01:33:15 et qu'au fond, tout le monde parle de M. Darmanin
01:33:16 jusqu'à demain, sans doute, la rentrée de l'université d'été du Medef,
01:33:20 où on changera de sujet.
01:33:21 Mais quand même, le coup est très réussi.
01:33:22 Nous avons tous parlé de M. Darmanin.
01:33:24 Et M. Darmanin a fait la une de l'actualité sur sa rentrée à lui,
01:33:27 alors qu'à côté de ça, Nîmes-Marseille n'est pas forcément à mettre à son crédit.
01:33:32 Donc politiquement parlant, c'est quand même plutôt pas mal joué.
01:33:35 Il ne faut pas se voler la face.
01:33:36 C'est vrai que le sujet Darmanin s'est invité à la rentrée des Républicains,
01:33:39 même à la France Insoumise, ils ont parlé de M. Darmanin
01:33:42 dans la voix de Jean-Luc Mélenchon, encore de Mathilde Panot.
01:33:44 C'était l'homme politique du week-end, avec donc ce discours
01:33:47 qu'il a prononcé depuis Tourcoing.
01:33:49 On arrive au terme de cette émission.
01:33:51 Je vous remercie tous les quatre de m'avoir accompagné pour Punchline été.
01:33:55 Merci à vous de nous avoir suivis.
01:33:57 Dans quelques instants, vous avez rendez-vous avec Célia Barotte
01:34:00 et ses invités pour Face à l'info.
01:34:02 A très vite sur CNews.
01:34:04 ♪ ♪ ♪