Tatiana Ventôse.

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00:00 Si c'est vrai, c'est pas grave. Seulement un acte de guerre contre la France de la part d'un pays en décomposition
00:05 devant lesquels nos responsables politiques jouent les paillassons.
00:07 Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle vidéo, je suis Tatiana Vantoz et aujourd'hui on parle des récentes révélations
00:14 concernant le sabotage du gazoduc Nord Stream en septembre dernier,
00:18 dont l'explosion a définitivement privé l'Europe de gaz russe bon marché
00:24 et a contribué à nous précipiter dans la dépression économique.
00:28 Si c'est vrai, c'est un scandale absolument majeur.
00:32 Selon les révélations du journaliste américain Seymour Hersh,
00:35 le sabotage des tuyaux qui acheminaient le gaz russe en Europe
00:39 aurait été commis par rien de moins que les Etats-Unis.
00:44 Ces révélations viendraient confirmer des soupçons qui pesaient déjà sur les Américains
00:48 puisqu'ils étaient pratiquement les seuls à y avoir un intérêt, aussi bien économique que géopolitique.
00:55 Mais surtout, si les Américains sont, comme l'affirme ce journaliste d'investigation, à l'origine de ce sabotage,
01:01 cela constituerait un acte de guerre de la part des Etats-Unis contre la France, entre autres.
01:08 Un acte qui aurait forcément des conséquences sur notre rapport aux Etats-Unis,
01:13 eux-mêmes, à l'OTAN, à l'Union Européenne et à tous ceux que nos dirigeants français considèrent comme des alliés de la France.
01:21 En bref, cela aurait d'énormes implications sur toute notre politique.
01:27 Vous vous souvenez sans doute, le 27 septembre dernier, le monde entier entendait parler de Nord Stream.
01:35 Des explosions, mais des fuites de gaz avaient été constatées sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2,
01:41 les mettant définitivement hors d'usage, coupant ainsi le gaz pour toute l'Europe.
01:47 Nord Stream 1 et 2, ce sont, enfin c'était, des tuyaux permettant d'acheminer depuis la Russie jusqu'à l'Allemagne du gaz,
01:56 et par là, d'alimenter toute l'Europe.
01:59 Alors, pour rappel, le gaz ne sert pas uniquement à chauffer les particuliers et les entreprises,
02:04 il sert aussi à produire de l'électricité, à faire tourner les usines, à fabriquer des engrais grâce auxquels on fait pousser de la nourriture.
02:11 Bref, il sert à faire tourner toute l'économie.
02:16 En l'occurrence, Nord Stream approvisionnait l'Allemagne, et par extension l'Union Européenne,
02:21 pas uniquement en gaz, mais en capacité à avoir des pays qui fonctionnent,
02:27 puisque la Russie était le fournisseur principal de l'Union Européenne en gaz.
02:32 Quelques éléments de contexte, bien sûr, Nord Stream 1, le premier tuyau, avait été mis en service en 2012,
02:40 et il avait, dès le début du projet, provoqué des grincements de dents du côté des États-Unis,
02:46 qui voyaient d'un mauvais œil ce lien privilégié entre l'Europe et la Russie,
02:50 grincements de dents aussi du côté de l'Ukraine,
02:53 par laquelle transitait l'essentiel du gaz russe vers l'Europe, avant la mise en service de Nord Stream 1,
02:59 Ukraine qui touchait beaucoup d'argent, des sommes correspondant à 3% de son PIB pour le droit de transit,
03:06 c'est-à-dire le droit de la Russie à faire transiter le gaz sur son sol,
03:10 et qui, outre les avantages financiers, voyait dans le fait que les tuyaux russes transitaient par l'Ukraine
03:16 une garantie que la Russie ne pourrait pas l'attaquer, l'Ukraine partant du principe,
03:20 que la Russie n'avait strictement aucun intérêt à détruire ses propres infrastructures.
03:25 Gardez ça en tête, c'est important.
03:27 Tout cela, donc, on est bien avant le début de la guerre en Ukraine,
03:31 qui dure pour toute une partie de l'Ukraine, je le rappelle, depuis 2014.
03:34 Nord Stream, donc, ça ne plaît pas beaucoup aux Américains,
03:37 qui se voient privés d'un marché européen juteux, et qui s'est fait damer le pion par la Russie,
03:42 qui va, à partir de 2012, et la mise en service de ce premier Nord Stream,
03:46 envoyer 55 milliards de mètres cubes de gaz par an directement à l'Allemagne.
03:53 Nord Stream 2, c'est la continuité de cela.
03:56 C'est un projet qui, du coup, n'aura pas eu l'occasion d'être mis en service,
03:59 mais qui était prêt, il était construit, il n'y avait plus qu'à tourner le robinet.
04:03 Nord Stream 2, donc, c'est un second gazoduc qui suivait le même tracé que Nord Stream 1,
04:08 qui permettait de faire passer le double de volume de gaz directement de la Russie à l'Allemagne,
04:13 soit 110 milliards de mètres cubes de gaz par an.
04:17 Le projet renforçait encore la dépendance européenne, et surtout la dépendance allemande, aux gaz russes.
04:23 Sur l'année 2022, l'ouverture de Nord Stream 2 a été l'objet d'un gros bras de fer entre la Russie et l'Europe,
04:30 et surtout l'Allemagne, avec le chancelier allemand Olaf Scholz,
04:33 qui avait retardé la mise en service du nouveau Nord Stream, comme sanction par rapport à la guerre en Ukraine.
04:37 Bref, si Nord Stream 1 fonctionnait encore, la mise en service de Nord Stream 2,
04:41 c'était un petit peu l'objet d'un bras de fer entre l'Allemagne qui disait
04:46 "Attention, si vous continuez avec l'Ukraine, on va retarder la mise en service de Nord Stream 2",
04:50 ce qu'ils ont fait, et les Russes de leur côté disaient
04:53 "Attention, si vous nous empêchez de faire ce qu'on veut en Ukraine,
04:56 nous n'allons pas ouvrir le robinet et nous n'allons pas vous livrer le gaz dont vous avez besoin."
04:59 Toujours est-il que Nord Stream, en 2022, existait toujours.
05:04 Le projet était possédé à 49% par Gazprom, l'entreprise nationale russe de gaz,
05:11 et les 51% qui restaient de Nord Stream se partageaient entre deux entreprises allemandes,
05:16 une entreprise néerlandaise et une française, Engie.
05:19 Bien sûr, cela a demandé d'énormes investissements de la part de chacune de ces entreprises,
05:24 donc de chacun de ces pays, mais ces investissements étaient considérés comme des investissements essentiels
05:28 et ils allaient rapporter très gros aux différents pays qui y avaient investi.
05:33 A la Russie, parce que le gaz, ils ne l'envoient pas gratuitement,
05:37 et à l'Allemagne et moins lourdement aux Pays-Bas et à la France,
05:40 parce que l'énergie, ça permet, comme je vous l'ai dit plus tôt,
05:42 de produire ce qu'il faut et de faire tourner une économie.
05:45 Donc pour vous donner une idée, la part de Gazprom dans les importations de l'Union européenne,
05:50 ça représentait au premier semestre 2021, 45% du total.
05:54 Petit aparté, d'ailleurs, si l'on rajoute le gaz naturel liquéfié en provenance de Russie,
05:58 la part du gaz russe, c'était 50% du total des importations européennes
06:04 et les prévisions pour les années à venir disaient que ça allait encore augmenter
06:08 du fait de la transition énergétique de l'Allemagne qui visait donc zéro nucléaire et zéro charbon.
06:13 Et la question du bien-fondé de ce choix n'est pas le sujet de cette vidéo.
06:16 Donc en résumé, on avait depuis une vingtaine d'années investi énormément
06:20 dans un partenariat économique avec la Russie, la France un peu moins que l'Allemagne,
06:24 mais tout de même. Et ça nous était profitable puisque ça nous permettait d'avoir du gaz relativement bon marché.
06:29 Alors on peut ne pas aimer l'idée d'une dépendance même relative au gaz russe,
06:36 mais le fait est que notre besoin d'énergie est réel. On a besoin d'énergie.
06:42 Et que la Russie, elle nous fournissait une énergie relativement bon marché
06:46 par rapport à celle qu'on aurait pu obtenir des Américains.
06:49 Or, depuis l'explosion de Nord Stream, il faut bien prendre conscience que tout ça, c'est fini.
06:54 Il n'y a plus de possibilité physique, matérielle, de faire transiter le gaz par ces tuyaux-là.
07:01 Donc le sabotage de Nord Stream, je ne comprends même pas comment ça n'a pas été un sujet
07:06 qui a été beaucoup plus au cœur de l'actualité, mais ce n'est pas grave.
07:09 Donc juste, il faut vraiment admettre que l'Europe et en premier lieu l'Allemagne,
07:14 mais par extension vraiment toute l'Europe, est très très très gravement dans la mouise.
07:19 Le gazoduc il n'existe plus, donc il faut acheter maintenant du gaz ailleurs, aux Etats-Unis par exemple,
07:24 mais beaucoup plus cher, en version en plus gaz naturel liquéfié,
07:28 ce qui implique des infrastructures que par exemple l'Allemagne n'a pas pour l'instant.
07:32 Mais ce qu'il faut bien comprendre, c'est que le niveau de gravité dans les conséquences
07:37 de l'anéantissement de Nord Stream, c'est incalculable.
07:41 On n'a pas encore commencé à en ressentir le quart du dixième du début des effets.
07:45 Et l'Allemagne, elle a bien compris ce que ça voulait dire,
07:48 puisqu'ils sont en train de rouvrir des mines de charbon en urgence,
07:52 allant jusqu'à raser des villages entiers, pour sauver la capacité allemande de production industrielle
07:57 et donc son économie, puisque son économie repose quand même beaucoup là-dessus.
08:01 Donc de fait, l'attentat contre Nord Stream, il accentue encore,
08:06 et bien évidemment pas la seule cause, mais il va venir accentuer de manière terrible
08:13 la crise énergétique, la crise économique, qui sont en train de s'abattre sur l'Europe.
08:18 Et ça nous prive très concrètement de moyens de subsistance basiques.
08:23 Et c'est absolument dingue, parce que toute la classe politique semble s'en battre les steaks.
08:28 Mais je sais pas, enfin imagine, il y a un acte malveillant qui fait exploser les infrastructures
08:33 et qui démolisse toute ta maison en énergie, juste sur le trottoir devant chez toi.
08:36 À minima, tu vas chercher qui a fait ça, et puis tu vas peut-être plus lui donner ta confiance.
08:42 Je sais pas, mais là non, ça fait presque 5 mois, et on n'en parle pas plus que ça, c'est bon,
08:47 c'est un acte de guerre contre plusieurs pays d'Europe, ça va nous tuer, mais c'est pas grave.
08:50 Et c'est dans ce contexte que l'enquête indépendante du journaliste Simon Hirsch entre en scène.
08:58 Dans un article qu'il publie lui-même sur la plateforme de publication Substack le 9 février 2023,
09:03 il affirme que ce serait l'administration américaine, sur décision de Joe Biden,
09:08 donc le président des États-Unis, qui aurait fait exploser ces gazoducs,
09:12 dans le but de priver Moscou des revenus de ses ventes de gaz à l'Europe,
09:17 dans le cadre de la guerre économique globale où les États-Unis luttent pour la sauvegarde de leur hégémonie.
09:23 Simon Hirsch affirme que le sabotage est le fruit d'une opération secrète menée par les États-Unis,
09:28 coordonnée par la CIA avec la complicité des autorités norvégiennes.
09:32 Alors s'il dit vrai, c'est une révélation absolument colossale,
09:36 de nature à changer la face du monde à un niveau qu'on n'imagine même pas.
09:40 Avant de parler du détail, du déroulé des faits, je voudrais vous donner quelques éléments sur le journaliste Simon Hirsch.
09:46 C'est ce qu'on pourrait appeler un vétéran du journalisme d'investigation,
09:50 il a obtenu plusieurs prix internationaux de journalisme,
09:53 dont le fameux Pulitzer pour ses révélations sur le massacre de My Lai pendant la guerre du Vietnam.
09:58 Il est connu pour avoir révélé aussi de nombreux scandales qui impliquaient les autorités américaines,
10:04 notamment la CIA et le département de la défense américaine, au cours de sa longue carrière.
10:09 Et il est aussi connu par exemple pour avoir révélé l'implication de Richard Nixon,
10:13 donc ex-président américain, dans le scandale du Watergate,
10:16 ainsi que les tortures par l'armée américaine des soldats irakiens à la prison d'Abu Ghraib.
10:21 Bref, c'est un peu une pointure dans son domaine, c'est pas le debunker de l'Ebay,
10:25 il a travaillé pour le New York Times, le New Yorker, le Washington Post,
10:29 et à plus de 80 ans, cet américain n'a pas l'air d'avoir grand-chose ni à gagner ni à perdre dans ses révélations,
10:34 qu'il tient, dit-il, d'une source absolument fiable.
10:38 Donc, selon Simon Hirsch, que se serait-il donc passé sur les gazoducs ?
10:44 Selon lui, tout a commencé par une décision de la Maison-Blanche, en la personne de Joe Biden.
10:50 L'action aurait été menée par la CIA, via un escadron de plongeurs de la Navy,
10:55 donc la marine américaine, dans le cadre d'une manœuvre de l'OTAN en mer Baltique en juin 2022.
11:01 Une manœuvre qui est documentée officiellement par les autorités américaines.
11:05 Donc, ces plongeurs d'élite auraient alors posé sur les tuyaux des gazoducs Nord Stream 1 et 2
11:12 un explosif de type plastique, le C4, qui aurait été activé à distance, via un détonateur,
11:19 disposé là quelques mois plus tard.
11:21 Selon Hirsch, c'est une bouée acoustique qui a été utilisée à cet effet.
11:25 Elle aurait été larguée à la surface de la mer Baltique, le 26 septembre 2022,
11:30 par un avion de surveillance P-8 de la marine norvégienne.
11:34 Cette bouée aurait émis une séquence de sons à basse fréquence unique,
11:38 qui aurait provoqué à distance l'explosion du C4.
11:41 Parce que le C4, ça n'explose pas facilement, tu peux pas le brûler.
11:45 C'est assez particulier.
11:46 Pour tous les détails, je vous renvoie bien sûr à l'article de Seymour Hirsch,
11:50 que je vous mets en lien dans la description sous cette vidéo.
11:52 Il explique de manière très précise le déroulé des opérations et les aspects techniques et logistiques
11:58 de ce qui, selon lui, est donc un sabotage venant directement des États-Unis.
12:03 Sa source affirme que les autorités américaines ont insisté sur la discrétion de cette opération
12:10 parce que, disait-il eux-mêmes, un sabotage d'infrastructures gazières,
12:14 c'est considéré de facto comme un acte de guerre à l'encontre, en l'occurrence de la Russie,
12:20 mais aussi de l'Allemagne, de la France et des Pays-Bas.
12:23 Par ailleurs, si c'était vrai, mais ça c'est l'affaire des États-Unis,
12:26 ce serait illégal par rapport aux lois américaines,
12:29 puisque cela aurait été décidé en secret, sans passer par le Sénat.
12:33 "Cela ne nous regarde pas."
12:34 Ce qui nous regarde en revanche, ce sont les implications de ces allégations de Seymour Hirsch,
12:39 qui sont absolument énormes.
12:41 Bien entendu, tout a été nié en bloc, aussi bien par l'administration Biden,
12:47 comme l'a dit Adrienne Watson, la porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche,
12:52 cela relève de la pure fiction.
12:53 La CIA également a nié, la porte-parole de la CIA, Tammy Thorpe,
12:57 a déclaré que tout cela était complètement faux,
12:59 et les autorités norvégiennes ont fait de même.
13:02 Alors, qui ment dans cette histoire ?
13:07 Est-ce que c'est un journaliste américain, reconnu de plus de 80 ans,
13:11 qui publie une enquête en toute indépendance, et a priori, je dis bien a priori,
13:16 n'a aucun intérêt là-dedans ?
13:17 Ou bien, est-ce que ce sont les autorités des pays impliqués,
13:21 qui, quoiqu'on ait du mal à adhérer à la véracité d'une hypothèse aussi folle,
13:26 aussi digne d'un film de James Bond que celle-ci,
13:28 avaient tout de même un intérêt géopolitique et économique à l'annihilation de Nord Stream,
13:34 et au fait de couper complètement l'Europe de la Russie ?
13:37 Parce qu'il faut bien comprendre une chose, c'est que la thèse de l'accident,
13:41 elle n'est même plus évoquée.
13:43 Elle a été écartée le soir même de l'explosion, le 27 septembre 2022,
13:48 par la première ministre danoise, puisque ça s'est produit dans les eaux du Danemark,
13:52 qui a dénoncé tout de suite des actes délibérés,
13:55 les sismologues ont relevé des explosions qui n'avaient rien de naturel,
14:00 enfin bref, une enquête a été ouverte depuis,
14:03 rien de concluant n'en est sorti,
14:06 hormis le fait que c'était un sabotage volontaire.
14:09 Selon Matt Ljungvist, le procureur en charge de l'enquête préliminaire menée en Suède,
14:14 les gazoducs Nord Stream 1 et 2 ont donc bien été sabotés.
14:19 Mais l'enquête n'a toujours pas donné d'informations sur les coupables.
14:24 Alors, dès le départ, de nombreux responsables et médias occidentaux
14:28 ont pointé du doigt la Russie.
14:30 Sans preuve, pas forcément sans fondement,
14:33 dans le contexte du revival de la guerre froide qu'on est en train de vivre.
14:37 Et évidemment, il est plus que légitime de s'interroger sur l'identité des responsables d'un tel attentat
14:44 et de n'en écarter absolument aucune, qu'il s'agisse d'un pays ou d'un groupe terroriste, pourquoi pas.
14:50 Même si cette dernière hypothèse, celle du groupe terroriste,
14:53 est considérée comme assez peu plausible,
14:56 au sens où il aurait fallu quand même énormément de moyens
14:59 pour mener à bien le sabotage de Nord Stream,
15:01 il aurait fallu déployer des moyens que, à priori, seuls des États possèdent.
15:06 Cela signifierait alors que ceux qui ont commis cet attentat
15:10 n'ont strictement aucun scrupule à tuer l'économie européenne
15:15 et à détruire en conséquence les vies de millions de personnes qui en dépendent
15:21 dans le but de préserver ses intérêts nationaux.
15:25 Jusque là, c'est de la géopolitique de base.
15:28 Donc, évidemment, nous, en tant que victimes d'attentats,
15:31 il ne faut négliger absolument aucune piste
15:34 et retrouver les coupables afin d'en tirer les conséquences.
15:38 Mais curieusement, au-delà de quelques condamnations de la Russie au départ,
15:43 rien d'autre n'est évoqué depuis,
15:46 ce qui est pourtant un acte de guerre à l'encontre de notre pays.
15:51 Et même en Allemagne, qui est beaucoup plus affectée que nous,
15:55 beaucoup plus dépendante du gaz russe que la France,
15:58 même si en France, le prix de l'électricité dépend du prix du gaz allemand,
16:03 en Allemagne, pareil, il y a une sorte de silence.
16:06 Pourtant, il y a des journalistes et des députés
16:09 qui demandent l'ouverture d'une enquête
16:12 dont il faudrait tirer les conclusions en ce qui concerne les annonces diplomatiques.
16:15 Car l'hypothèse de la culpabilité russe,
16:18 s'il ne faut pas l'écarter, même au regard d'une enquête aussi fouillée que celle de Hirsch,
16:22 elle ne semble pas répondre à une question fondamentale.
16:26 Quel intérêt la Russie aurait-elle eu à détruire définitivement ses propres infrastructures
16:32 dans la construction desquelles elle a investi des milliards ?
16:35 Alors qu'il lui suffisait de tourner un robinet pour couper ou remettre le gaz aux Européens,
16:40 dans le bras de fer entre la Russie et l'UE au sujet de l'Ukraine,
16:43 pourquoi la Russie aurait-elle commis ce qui ressemble à un sillage de la branche sur laquelle elle était assise ?
16:49 Pourquoi Poutine se serait-il privé lui-même,
16:53 au-delà des revenus considérables liés à l'exportation gazière,
16:56 d'une arme, d'une menace qu'il pouvait opposer à l'UE
17:00 face aux sanctions prises par celle-ci vis-à-vis de l'invasion en Ukraine ?
17:03 Et si ce n'est pas la Russie, alors qui ?
17:05 Qui avait un intérêt à priver l'Europe de gaz russe
17:09 et à priver la Russie des revenus de la vente du gaz aux Européens ?
17:13 Il faut donc reconnaître que les États-Unis,
17:16 qui ont en plus un passif l'habitude de semer le chaos à l'étranger
17:21 pour défendre leurs intérêts économiques et géopolitiques,
17:24 n'ont pas hésité à déclencher des guerres, à installer des dictateurs,
17:27 à armer des groupes fanatiques, à bombarder des pays entiers.
17:30 Bref, les USA, dans l'affaire Nord Stream, font un coupable bien plus convaincant que la Russie,
17:36 car l'anéantissement de la possibilité du gaz russe,
17:39 elle profite de fait aux États-Unis et non à la Russie.
17:43 Et je ne parle même pas de l'Europe.
17:45 Économiquement, car l'impossibilité factuelle de se faire livrer du gaz depuis la Russie
17:50 condamne l'Europe à en acheter aux États-Unis,
17:53 qui le lui vendent beaucoup plus cher,
17:55 et géopolitiquement, car cela provoque de fait une rupture du lien
17:59 qui unissait encore la Russie et les pays d'Europe.
18:01 Et si on ajoute la question de l'implication de la Norvège,
18:04 alors qui n'est pas membre de l'UE, mais qui est membre de l'espace économique européen,
18:08 on ne peut qu'être interpellé par la collusion historique du pays
18:12 avec les intérêts des États-Unis.
18:14 Et je ne dis pas ça comme une accusation,
18:16 mais il y a une concordance d'intérêts assez flagrante entre les deux pays,
18:20 particulièrement dans le contexte actuel du regain d'agressivité
18:24 dans la politique étrangère, aussi bien américaine que russe.
18:26 La Norvège a été l'un des premiers pays signataires du traité de l'OTAN en 1949.
18:32 Le chef actuel de l'OTAN, Jens Stoltenberg,
18:36 n'est autre que l'ex-premier ministre norvégien.
18:38 Par ailleurs, une inimitié historique entre la Norvège et la Russie,
18:42 qui ont une frontière commune tout au nord, au niveau presque du cercle polaire,
18:46 et qui ont un certain nombre de contentieux sur des questions de ressources,
18:51 notamment du gaz, dont la Norvège est riche également,
18:53 et des terres.
18:55 Et outre ces questions-là, je rappellerai à toutes fins utiles
18:57 que le jour de l'explosion de Nord Stream,
19:01 le jour où l'Europe a été privée de gaz par un sabotage,
19:05 est entré en service le Baltic Pipe,
19:08 un gazoduc destiné à acheminer du gaz norvégien jusqu'en Pologne,
19:14 autre pays qui, ces dernières décennies, n'a pas caché ses inclinaisons pro-OTAN et atlantiste,
19:20 et incite l'Union Européenne à livrer des armes à l'Ukraine.
19:24 Il y a quand même un tableau géopolitique qui semble cohérent avec l'hypothèse avancée par Seymour Hersh.
19:32 De plus, autre chose qu'on ne peut pas ignorer,
19:35 ce sont les avertissements qui ont été lancés par les autorités américaines
19:40 contre la mise en service de Nord Stream 2 ces dernières années.
19:43 Que ce soit la sous-secrétaire d'Etat Nuland,
19:45 ou encore le secrétaire d'Etat Blinken,
19:48 n'avaient pas hésité à exprimer ouvertement leur hostilité au gazoduc.
19:53 Et comment oublier la déclaration de Joe Biden
20:02 lors d'une conférence de presse début 2022,
20:05 où il affirmait explicitement qu'il allait mettre fin à Nord Stream 2 ?
20:29 Et à la journaliste qui lui demande des précisions sur cette déclaration,
20:32 qui lui demande comment il compte s'y prendre,
20:34 il répond
20:35 "Je vous promets que nous serons en mesure de le faire."
20:54 Et il dit ça juste à côté du chancelier allemand Olaf Scholz,
20:58 avec qui il menait cette conférence de presse,
21:01 qui ne répond à rien.
21:03 Et l'hostilité américaine à Nord Stream ne date pas de Joe Biden,
21:08 elle vient de très loin,
21:09 et elle s'est aussi exprimée en Europe,
21:11 dans les Etats qui ont la plus grande inclinaison historique
21:14 à l'alliance atlantique avec les Etats-Unis.
21:16 Ainsi, le 7 mars 2016,
21:18 8 Etats de l'UE avaient envoyé à la Commission européenne
21:22 une lettre qui exprimait leur opposition à Nord Stream 2,
21:26 et je cite
21:27 En d'autres termes,
21:44 ces pays avaient un intérêt à ce que le gaz continue de transiter par l'Ukraine.
21:48 En mai 2018, c'est Boris Johnson, alors Premier ministre britannique,
21:52 qui soulignait la division que ce pipeline se met à travers l'Europe,
21:56 ajoutant que
21:57 Quant aux Etats-Unis, avant même Joe Biden,
22:06 c'était George W. Bush, il y a 20 ans,
22:09 qui s'était prononcé contre le tout premier projet de Nord Stream.
22:12 Ensuite, Barack Obama avait pris position contre le projet Nord Stream 2,
22:16 Obama dont le vice-président de l'époque, un certain Joe Biden,
22:20 avait déclaré en août 2016 qu'il voyait Nord Stream
22:22 comme un accord fondamentalement mauvais pour l'Europe.
22:25 Donald Trump lui aussi avait pris position en 2020,
22:28 affirmant que
22:29 Donc, on le voit, le partenariat économique concernant le gaz,
22:48 le gaz russo-européen, est l'objet d'un contentieux géopolitique
22:52 depuis le tout début de la gestation du projet, au début des années 2000.
22:56 Les Etats-Unis voient Nord Stream d'un mauvais oeil depuis 20 ans.
23:00 Mais le secteur gazier a été curieusement écarté des sanctions
23:04 que les Etats-Unis appliquent à la Russie dès 2014,
23:07 début de la première crise ukrainienne,
23:09 et bien que le secteur gazier fasse l'objet de sanctions lourdes depuis 2017,
23:13 Nord Stream est là encore épargné par les sanctions.
23:17 Du même coup, l'Allemagne aussi,
23:19 parce que l'Allemagne a protesté contre ces sanctions
23:21 qui allaient lui causer des dommages dont elle ne se relèverait pas,
23:24 et elle le savait.
23:25 L'Allemagne, qui se retrouve dans une position extrêmement délicate,
23:28 je reviendrai là-dessus dans le prochain épisode de Crise systémique sur l'UE,
23:32 donc on va... voilà, j'en parlerai à un autre moment,
23:35 mais qui a, pour faire pression sur la Russie,
23:37 bloqué le processus de mise en service de Nord Stream 2
23:40 le 22 février 2022.
23:41 Waouh, Nord Stream 2, 2 du 2 2022, ça fait beaucoup de 2.
23:45 Suite à l'aggravation de la crise ukrainienne
23:47 et la reconnaissance de l'indépendance du Donbass par la Russie,
23:51 et qui restait, en tout cas les dirigeants allemands voulaient-ils bien le croire,
23:56 sous protection américaine.
23:57 Il s'avérera que ce n'était qu'un sursis
24:00 avant que le projet Nord Stream soit définitivement mis à l'arrêt par un sabotage,
24:04 et que l'Allemagne et toute l'Europe soient sacrifiées comme des pions
24:08 par les responsables, ceux qui ont fait sauter Nord Stream
24:11 et qui nous ont condamnés à acheter du gaz naturel liquéfié américain,
24:14 beaucoup plus coûteux, pour espérer faire tourner nos pays d'Europe,
24:17 déjà atteints d'un énorme problème d'inflation
24:20 lié à la crise systémique du capitalisme financiarisé
24:24 et à la réorganisation de l'échiquier géopolitique mondial.
24:27 Au-delà de la question du gaz lui-même,
24:29 on notera que les États-Unis ne perdent pas le Nord Stream.
24:33 Encore une fois, je ne dis pas cela comme une critique,
24:36 mais l'on pourra constater qu'ils défendent leurs intérêts en tant que nation,
24:40 et c'est bien normal.
24:42 Ce qui n'est pas normal, en revanche,
24:44 ce sont les balles dans le pied répétées que les dirigeants français passent leur temps à tirer,
24:48 mais c'est autre chose.
24:49 Les États-Unis, pour faire face à la crise,
24:51 ont passé en août 2022 le Inflation Reduction Act,
24:55 une loi qui, entre autres, subventionne l'installation d'entreprises,
24:59 y compris étrangères, sur le sol américain.
25:02 Ce sont en effet 370 milliards de dollars
25:05 qui sont distribués pour encourager l'implantation de sites de production
25:09 liés aux technologies de demain sur le sol américain,
25:12 donc via de très importantes subventions.
25:15 Autant dire que les groupes industriels européens,
25:18 qui ces derniers mois ont dû suspendre, fermer leurs sites,
25:21 à cause de l'augmentation des coûts de l'énergie,
25:23 due en partie à l'anéantissement du Nord Stream,
25:26 sont très bien accueillis aux États-Unis.
25:29 Certains y sont déjà partis,
25:30 et qui pourraient, au fond, les blâmer de choisir,
25:33 entre d'un côté, l'Europe des factures énergétiques exorbitantes,
25:37 de la contraction de la demande liée à la perte de pouvoir d'achat, l'inflation,
25:40 et l'Amérique, où les prix de l'énergie sont quand même moins élevés,
25:44 et qui va les subventionner à des niveaux défiant toute concurrence.
25:47 Là encore, c'est l'Europe qui y perd,
25:50 et les États-Unis qui profitent de l'effondrement de l'économie européenne.
25:54 Et si les allégations de Hirsch étaient vraies,
25:57 alors cela voudrait dire que les États-Unis
26:00 n'ont pas hésité à nous suicider pour la défense de leurs propres intérêts.
26:06 Alors, quelles implications pour la France ?
26:09 Car si nous sommes moins dépendants du gaz russe que les Allemands,
26:13 ce n'est pas seulement parce que nous avons l'énergie nucléaire,
26:15 c'est aussi parce que notre industrie n'est plus aussi développée,
26:18 que notre production industrielle est largement en dessous de celle de l'Allemagne,
26:22 parce que, depuis 50 ans,
26:24 nos responsables politiques se sont évertués à nous en priver.
26:28 Certains verront dans la désindustrialisation
26:30 qui nous a frappés ces 50 dernières années une excellente chose.
26:33 À titre personnel, j'ai une vision différente.
26:36 J'ai tendance à me méfier de l'externalisation de la production
26:40 de ce dont nous avons besoin vers des pays qui n'ont,
26:43 ou n'auront peut-être pas de main, les mêmes intérêts que nous.
26:46 J'ai tendance à considérer qu'il vaut mieux se tenir sur ses jambes tout seul,
26:50 plutôt que dépendre des autres.
26:52 Et j'ai tendance à préférer que ce soit le peuple français
26:54 qui ait la main, via le processus démocratique,
26:57 sur la production de ce dont il a besoin.
26:59 De l'énergie à la nourriture,
27:01 en passant par les biens industriels nécessaires à la survie de la nation.
27:04 Car ces dernières années nous l'ont montré,
27:06 l'externalisation de la production vers l'étranger,
27:09 aussi bien l'Union européenne que les autres pays du monde,
27:11 nous ont rendu dépendants.
27:13 À devoir faire en fonction de ce que les autres états du monde
27:17 veulent bien produire pour nous, et nous livrer, plus ou moins à prix d'or.
27:20 Alors bien sûr, pour des produits comme le gaz,
27:22 on en a ou on n'en a pas dans le sous-sol.
27:25 En France, on n'en a pas.
27:26 Et bien sûr, lorsqu'on n'en a pas,
27:28 il convient soit d'en importer, soit de faire autrement.
27:30 C'était le sens du plan Mesmer,
27:32 qui visait à rendre la France autonome
27:35 dans sa production d'électricité,
27:37 en construisant des centrales nucléaires.
27:39 "On arrive dans le monde à partir d'aujourd'hui,
27:41 nous avons notre production d'électricité nucléaire
27:44 assurée pour les 5 ans suivants.
27:46 Il peut y avoir une guerre, il peut y avoir une crise au Proche-Orient.
27:49 Nous avons pendant 5 ans l'électricité assurée pour les Français.
27:52 L'électricité, ça veut dire l'électricité domestique,
27:54 mais aussi l'artisanat, l'agriculture,
27:56 et de plus en plus l'industrie.
27:58 Si nous continuons notre programme électromucléaire,
28:00 nous aurons l'électricité nationale la moins chère de l'Europe.
28:03 Et nous aurons un avantage de l'ordre de 30 à 50%
28:07 selon l'éthique du courant vis-à-vis de l'Allemagne fédérale.
28:09 Ça vaut la peine, si on veut s'occuper du développement
28:12 de l'emploi et de l'activité économique en France,
28:14 d'avoir le courant électrique le moins cher de l'Europe.
28:16 Et donc, je considère que c'est un intérêt national
28:19 que de poursuivre ce programme.
28:20 Et d'ailleurs, je note que si on arrête,
28:22 du point de vue de l'emploi, du point de vue du développement
28:24 de l'activité industrielle, c'est une décision négative.
28:27 C'est pas une décision positive.
28:29 C'était une autre époque.
28:30 Mais sur tout ce que l'on produisait, il y a encore 50 ans,
28:33 que reste-t-il aujourd'hui de la France ?
28:35 De son industrie ? De son agriculture ?
28:37 Presque rien.
28:38 Les infrastructures comme les centrales nucléaires,
28:40 et heureusement pour nous, elles restent,
28:42 même si elles ont été mises à mal
28:44 par 40 ans de politiques de destruction.
28:46 Eh bien, ça reste une base que l'on ne peut pas détruire
28:48 aussi facilement que les responsables français
28:51 ont encouragés à délocaliser
28:53 en ce qui concerne la production de voitures,
28:55 de machines agricoles, de nourriture,
28:57 de meubles de textile ou encore d'appareils électriques.
28:59 Alors, où est-ce que je veux en venir avec ça ?
29:01 Quel est le rapport avec Nord Stream ?
29:03 Eh bien, c'est que ceux qui se mettent en travers
29:05 des intérêts de la France,
29:07 devront tôt ou tard répondre
29:09 de la destruction de nos capacités de subsistance
29:12 et ceux qui se trouvent à l'extérieur du pays
29:15 à défendre leurs intérêts nationaux,
29:17 ou qu'ils le fassent depuis l'intérieur du pays.
29:20 Je parle ici des supposés responsables politiques
29:24 qui ont, en théorie, la charge de défendre
29:26 les intérêts de la France.
29:28 Car si nos responsables politiques
29:30 ne réagissent pas à l'attaque gravissime
29:33 contre Nord Stream,
29:35 s'ils moquent via leurs organes de propagande habituel
29:38 cette hypothèse de Seymour Hersh
29:40 selon laquelle les États-Unis
29:42 pourraient éventuellement servir leurs intérêts
29:44 avant les nôtres,
29:45 s'ils ont l'air de ne pas considérer cet acte de guerre
29:47 contre notre pays,
29:48 d'où qu'il vienne comme un acte gravissime
29:50 qui demande à minima de reconsidérer
29:52 nos alliances et notre politique étrangère,
29:54 c'est peut-être que, tout simplement,
29:57 ce n'est pas l'intérêt de la France qui les guide,
30:00 mais l'intérêt d'autres entités
30:03 dont l'intérêt est ouvertement contradictoire
30:06 avec le nôtre.
30:07 Ce que nous apprennent les révélations de Seymour Hersh,
30:09 ce n'est pas tant que, comme le disait le général de Gaulle,
30:12 les États n'ont pas d'amis que des intérêts,
30:15 mais que les gens, aujourd'hui, à la tête de notre État,
30:18 non seulement ne sont pas nos amis,
30:20 mais en outre, ne servent pas nos intérêts.
30:23 Et il n'est plus que tant que cela change
30:25 et que l'on trouve moyen de faire en sorte
30:27 que l'intérêt de l'État se confonde à nouveau
30:30 avec celui de la nation.
30:32 Les États n'ont pas d'amis que des intérêts,
30:34 disait de Gaulle,
30:35 l'homme qui a œuvré à conférer à la France
30:37 une indépendance militaire et diplomatique,
30:40 à défaut d'économique,
30:41 mais c'est une autre question
30:42 dont nous aurons l'occasion de reparler,
30:43 une voie forte, soutenue par la puissance
30:46 de l'arme nucléaire,
30:47 soumise à aucun hégémon.
30:49 Déjà, à l'époque, dans le cadre de la guerre froide,
30:52 la pression de choisir entre les Russes
30:54 et les Américains était grande.
30:56 Mais le général de Gaulle,
30:58 sans pour autant oublier ce que la France doit
31:00 aux uns aussi bien qu'aux autres
31:02 dans la libération de notre pays
31:04 de la barbarie nazie,
31:05 a choisi la France.
31:07 Il nous a sortis de l'OTAN
31:08 quand il est devenu clair
31:09 que les USA jouaient pour les USA.
31:12 La destruction de Nord Stream
31:14 devrait donc à minima poser question
31:16 sur nos alliances diplomatiques, militaires
31:18 et nos dirigeants devraient reconsidérer
31:20 celles qui nous portent préjudice,
31:22 reconsidérer les véritables motivations
31:24 de nos alliés,
31:25 qui, s'il est absolument impossible
31:28 de prouver qu'ils nous ont poignardés dans le dos,
31:30 à minima profitent bien des conséquences
31:33 de ce sabotage
31:34 pour nous pomper tout ce qu'ils peuvent
31:36 à nous et à toute l'Europe d'ailleurs,
31:38 mais c'est la France qui me concerne ici.
31:40 Il faut donc absolument revoir
31:42 notre politique étrangère
31:44 en fonction de la réalité actuelle.
31:47 Parce que nos dirigeants suivent
31:49 toujours plus loin une nation sur le déclin
31:52 et qui donc devient assez agressive
31:54 et assez dangereuse
31:55 et qui voudrait,
31:56 sous couvert d'alliances atlantiques,
31:57 nous engager dans une guerre
31:58 par procuration en Ukraine.
32:00 Une guerre qui commence à avoir des airs
32:02 d'une troisième guerre mondiale larvée,
32:04 il faut bien le dire.
32:05 Il nous faut donc au plus vite
32:07 quitter l'OTAN
32:08 et son commandement intégré
32:09 derrière lequel se cachent
32:10 non pas des intérêts communs
32:12 à nous, Européens et Américains,
32:14 mais la soumission de la France
32:16 à l'intérêt de l'Amérique.
32:17 Notre adhésion à des mouvements géopolitiques
32:20 qui vont dans un sens contraire
32:22 à celui de notre intérêt national.
32:24 Je sais que certains
32:25 vattent en guerre
32:26 qui n'attendent que cela,
32:27 que nous livrions des armes à l'Ukraine,
32:29 voire que nous y envoyions notre armée,
32:31 voire que nous y fassions usage
32:32 de notre arme nucléaire,
32:33 pourquoi pas.
32:34 C'est même qui,
32:35 depuis les salons parisiens,
32:36 d'où ne viennent jamais
32:37 ceux qui se font trucider sur les fronts
32:39 et où les guerres
32:40 n'ont que des conséquences lointaines,
32:42 ces mêmes me traiteront allègrement
32:44 de prorusses, de complotistes,
32:46 ne serait-ce que pour avoir osé
32:49 formuler ces paroles publiquement.
32:51 Ces gens n'importent pas
32:52 et je tiendrai ma position,
32:54 car je pense que la France
32:56 a, du fait de son histoire,
32:59 une responsabilité dans le monde,
33:01 celle de contribuer à maintenir
33:03 l'équilibre géopolitique
33:05 en ne se soumettant ni aux uns,
33:07 ni aux autres,
33:08 ni aux Russes, ni aux Américains,
33:09 et donc en restant fortes
33:11 et indépendantes sur tous les plans
33:13 matériels, économiques,
33:15 aussi bien que militaires et diplomatiques.
33:17 Et pour être fort,
33:18 il faut être autonome.
33:19 Nous avons une force de frappe nucléaire,
33:22 grâce précisément à la même personne
33:24 qui nous a toujours mis en garde
33:26 contre le fait de marcher
33:27 sur les traces d'un géant,
33:29 tout en développant l'indépendance
33:30 militaire et diplomatique de la France,
33:32 qui nous a toujours ramenés
33:34 à notre rôle de puissance,
33:35 à l'initiative des processus de paix,
33:37 garantant des grands équilibres mondiaux.
33:39 Dans cette histoire,
33:40 le pire, c'est peut-être
33:41 de voir cet héritage
33:42 comme tout le reste,
33:43 poignardé par ceux
33:44 qui ont aujourd'hui
33:45 les commandes du pays
33:47 et par leur relais médiatique,
33:48 qui prennent,
33:49 parce que leurs intérêts
33:50 ne sont plus ceux de la France,
33:52 les pires décisions possibles.
33:54 Celles de nous emmener vers la guerre,
33:56 celles de fermer les yeux
33:57 sur des agressions patentées
33:59 contre nos intérêts,
34:00 qui nous avilissent
34:01 à nous transformer
34:02 en petits chiens des Américains,
34:03 qui, qu'ils soient ou non
34:05 à l'origine du sabotage de Nord Stream,
34:07 ne nous respectent pas.
34:10 Je le déplore
34:11 et j'implore ici
34:12 que l'on entende ce que je dis,
34:14 pas parce que j'admirerais
34:16 un dirigeant étranger
34:17 ou que j'en détesterais un autre,
34:19 pas parce que j'aurais des affinités
34:21 avec une quelconque puissance étrangère,
34:23 mais parce que seul m'importe
34:25 l'intérêt des Français.
34:27 Et si je prends le risque
34:28 de dire cela ici,
34:29 avec les conséquences
34:30 que cela peut avoir sur ma chaîne,
34:32 c'est pour cette raison,
34:33 parce que seul l'intérêt
34:35 de la France m'importe.
34:37 Dans un contexte
34:38 de guerre économique globale
34:39 et d'un changement profond
34:40 des rapports de force
34:41 qui régissaient jusqu'ici
34:42 les chiquets géopolitiques mondiaux,
34:44 la France doit retrouver son rôle.
34:47 Elle doit se retrouver.
34:49 Et pour cela,
34:50 nous devons sortir de l'OTAN,
34:51 rompre avec la logique guerrière
34:53 d'une Union européenne
34:54 qui défend les intérêts
34:55 de certains au-dessus des autres
34:57 et être à l'initiative
34:59 d'une conférence pour la paix.
35:01 Mais au-delà de cela,
35:02 nous devons retrouver
35:03 notre capacité de subsistance,
35:05 notre autonomie,
35:06 afin de pouvoir être forts
35:07 et peser dans les négociations.
35:09 Nous devons donc
35:10 réindustrialiser massivement.
35:12 Et non,
35:13 investir l'argent des Français
35:14 dans des start-up d'élevage
35:15 de chiens virtuels en crypto-monnaie,
35:17 ça ne compte pas
35:18 comme de l'industrialisation.
35:19 Aujourd'hui, le monde,
35:20 oui, il change.
35:21 Les équilibres diplomatiques
35:22 sont en plein bouleversement
35:24 et les États-Unis
35:25 sont en train de mourir
35:26 des contradictions
35:27 du système de libre-échange
35:28 mondialisé qu'ils imposent
35:29 depuis des décennies
35:30 à la planète,
35:31 incapables d'empêcher
35:32 l'émergence d'autres puissances
35:34 qui montent parce qu'elles défendent
35:36 leur intérêt national.
35:38 Et l'intérêt de la France,
35:39 ce n'est pas de sauver
35:40 le système capitaliste
35:41 financiarisé
35:42 au prix de millions de vies,
35:44 ce n'est pas de soutenir
35:45 la Chine, la Russie
35:46 ou les États-Unis,
35:47 c'est de retrouver
35:48 le chemin de ces intérêts,
35:50 le chemin de la nation.
35:52 Car l'alternative,
35:53 ce sera de mourir,
35:54 sacrifiés comme des pions
35:55 par une puissance en déclin,
35:57 entraînés dans la chute inexorable
35:59 du colosse qui s'effondre
36:00 sur ses pieds d'argile.
36:02 Merci d'avoir suivi cette vidéo.
36:03 À la base,
36:04 je pensais dédier l'épisode 5 ou 6
36:06 de crise systémique
36:07 à l'affaire Nord Stream
36:08 comme cas d'école
36:09 des bouleversements géopolitiques
36:10 que nous sommes en train de vivre
36:11 et qui déterminent le politique.
36:13 Néanmoins,
36:14 les événements
36:15 et les révélations
36:16 de ces derniers mois
36:17 se sont imposés à moi
36:18 comme ils s'imposent à nous tous.
36:19 Et donc,
36:20 j'ai décidé de ne pas attendre
36:21 et de faire une vidéo là-dessus.
36:22 Dans les temps que nous vivons,
36:23 il faut savoir s'adapter
36:24 et revoir sa copie
36:25 quand c'est nécessaire.
36:26 Et c'est donc ce que j'ai fait.
36:27 J'espère sincèrement
36:28 que cette vidéo
36:29 vous aura permis
36:30 d'y voir un petit peu plus clair
36:31 sur cette affaire
36:32 et d'avoir clarifié aussi
36:34 ma position.
36:35 Bien entendu,
36:36 je vous mets le lien
36:37 vers l'article de Simon Hirsch
36:38 dans la description.
36:39 Il contient énormément de détails.
36:40 Pour ceux qui lisent l'anglais,
36:41 je ne vais pas avoir le temps
36:42 de le traduire.
36:43 Mais si certains d'entre vous
36:44 se sentent d'en faire la traduction,
36:45 allez-y.
36:46 J'espère que tout ceci
36:47 en tout cas permettra
36:48 de contribuer
36:49 à vos propres réflexions
36:50 que j'espère
36:51 que vous partagerez
36:52 dans les commentaires.
36:53 Qu'est-ce que vous pensez
36:54 de ces révélations ?
36:55 Qu'est-ce que cela implique
36:56 pour la France ?
36:57 Quelles leçons doit-on en tirer ?
36:58 Je serai très intéressée
36:59 de vous lire sur la question.
37:00 Ainsi que les éléments d'ailleurs
37:01 que vous pourriez avoir à apporter
37:02 et que je n'ai pas forcément
37:03 pu développer dans cette vidéo-ci
37:04 puisque c'est déjà assez long.
37:05 Donc voilà,
37:06 c'est tout pour aujourd'hui.
37:07 Merci d'avoir regardé
37:08 cette vidéo jusqu'au bout.
37:09 Merci à tous les tipeurs,
37:10 les anciens et les nouveaux
37:11 qui me permettent de faire mon travail
37:12 en toute honnêteté
37:13 et en toute liberté,
37:14 aussi bien dans le choix des sujets
37:15 que dans leur traitement.
37:16 N'hésitez pas à partager
37:17 cette vidéo autour de vous
37:18 si vous pensez que c'est utile.
37:19 Je vous dis à la prochaine.
37:20 Vive la France
37:21 et surtout,
37:22 bonne journée !
37:23 [Musique]
37:24 [Musique]
37:26 [Musique]
37:27 Je vous dis à la prochaine, vive la France et surtout prenez soin de vous.
37:30 *Générique*