Eric Reinhardt : “Je suis vraiment un écrivain de la sensation et de l'image"

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Transcription
00:00 Jusqu'à 13h30, les midis d'Occulture.
00:04 Nicolas Herbeau, Géraldine Mosnassavoir.
00:08 Notre rencontre quotidienne, c'est une conversation à trois voix.
00:14 Notre invité souhaite insuffler de la vie à ses textes.
00:17 Pour y arriver, il cueille dans le monde réel qui l'entoure, tout ce qui peut lui permettre
00:22 de composer ses romans.
00:24 Une rencontre, un message reçu, une lettre, un tableau, tout peut devenir le point de
00:28 départ ou même l'élément central d'une de ses histoires.
00:32 Histoire dans laquelle vous trouverez à coup sûr le portrait d'une femme.
00:35 Dans son dernier roman, aux éditions Gallimard, il y en a même deux.
00:38 Sarah, Suzanne et l'écrivain.
00:41 Bonjour Eric Rennart.
00:43 Bonjour.
00:44 Bienvenue dans les Midis d'Occulture.
00:45 Alors nous allons parler bien sûr de la construction de votre roman dans notre entretien.
00:49 Mais commençons peut-être par évoquer l'architecture.
00:52 Une discipline qui influence vos dispositifs littéraires.
00:57 Qu'est-ce que vous y puisez dans l'architecture, Eric Rennart ?
01:00 Des idées.
01:03 C'est-à-dire que quand je me confronte à certains bâtiments, je me dis que j'adorerais
01:09 que mes livres produisent exactement le même effet que ces bâtiments sur mes lecteurs.
01:15 Alors par exemple, la Fondation Prada de Rem Koolhaas à Milan, quand j'ai visité
01:24 ce bâtiment, donc c'est une architecture très composite, composée de bâtiments très
01:28 différents les uns des autres, donc avec une esthétique comme ça de l'hétérogénéité,
01:34 je me suis dit que j'allais essayer de reproduire cet impact-là sur la sensibilité de mes
01:40 lecteurs à travers la forme de comédie française.
01:42 Et donc comédie française s'organise en opposant des tessitures et des esthétiques
01:51 très différentes dans un même objet littéraire.
01:53 Et on passe d'un chapitre à l'autre, comme dans la Fondation de Rem Koolhaas, on passe
01:59 d'un bâtiment à l'autre, et j'attends beaucoup de ces formes dans l'impact que
02:07 le livre peut avoir sur les lecteurs.
02:08 C'est-à-dire que ce n'est pas juste, et ça on en reparlera tout à l'heure avec
02:10 Sarah Suzanne Lécrimin, ce n'est pas juste des jeux formels que je fais pour mon propre
02:15 plaisir.
02:16 Ce n'est pas artificiel, vous voulez dire ?
02:17 Non mais c'est toujours pour donner plus d'impact et rendre plus percutantes encore
02:23 les histoires que je voudrais raconter à travers mes romans.
02:27 Alors là il y a l'image de l'architecture, est-ce que c'est vrai, comme l'a dit Nicolas,
02:32 que tout pour vous peut être un point de départ pour un roman ? N'importe quoi ?
02:36 Oui, n'importe quoi.
02:37 Alors qu'est-ce qu'il faut ?
02:38 Et c'est la raison pour laquelle je pense que les artistes et les écrivains doivent
02:46 être le plus vigilants possible, en alerte, en éveil.
02:50 Mais il faut bien que ça allume quelque chose en vous.
02:51 Alors c'est quoi ?
02:52 Non mais il faut que ça allume quelque chose.
02:55 En effet.
02:56 Alors ça, ça ne se calcule pas, ça ne s'anticipe pas, ça advient, ça se produit, c'est
03:03 vraiment un impact et une évidence s'impose.
03:08 Et une nécessité.
03:12 Le livre, à un moment, il devient impératif et irrépressible et c'est toujours merveilleux
03:21 lorsque ça advient et il y a un miracle.
03:24 C'est-à-dire, par exemple, ces deux pages que j'ai reçues, d'abord ce message sur
03:30 Facebook d'une femme qui me dit "Pourriez-vous me donner votre adresse mail ?" Je lui réponds
03:36 "Pourquoi pas, mais de quoi s'agit-il ?" Et elle me répond "Je vis une histoire douloureuse
03:40 et silencieuse qui me donne le sentiment d'être dans l'un de vos livres et je voudrais vous
03:43 la raconter."
03:44 Alors là, je me dis "Je vais lui donner mon adresse mail", par curiosité et parce
03:49 que je sais qu'il peut se produire quelque chose.
03:51 À ce moment-là, quelques semaines plus tard, je reçois un mail de deux pages.
03:55 Lisant ce mail, je suis immédiatement foudroyé par ce mail, impressionné et je sais dans
04:02 l'instant que ce sera l'un de mes prochains livres.
04:05 Mais des messages, comme tous les écrivains, j'en reçois beaucoup, des lettres, comme
04:10 tous les écrivains, j'en reçois beaucoup.
04:11 Vous pouvez pas être vigilant à chacun d'entre eux.
04:12 Non, et la plupart du temps, je trouve ça intéressant, je peux être touché, mais
04:17 il n'y a pas toujours l'évidence du livre qui s'impose.
04:21 Or là, et peut-être que je pourrais vous expliquer tout à l'heure pourquoi, j'ai
04:28 su que ce serait mon prochain livre.
04:30 [Musique]
04:31 "Suzanne takes you down to her place near the river.
04:37 You can hear the boats go by.
04:43 You can spend the night beside her.
04:49 And you know that she's half crazy, but that's why you want to be there.
05:03 And she feeds you tea and oranges that come all the way from China.
05:09 And just when you mean to tell her that you have no love to give her, then she gets you
05:18 on her wavelength.
05:20 And she lets the river answer that you've always been her lover.
05:29 And you want to travel with her, and you want to travel blind.
05:37 And you know that she will trust you, for you've touched her perfect body with your
05:45 mind."
05:47 Vous avez reconnu Suzanne de Léonard Cohen, Éric Rennard.
05:51 Suzanne, c'est donc le personnage que vont créer ensemble les deux autres personnages
05:57 de votre roman, Sarah et l'écrivain.
06:00 Et d'ailleurs, ce sont les premières lignes de votre roman.
06:03 Il faut trouver ce prénom.
06:05 Et il y a un débat, donc, pour expliquer ce dispositif, qui naît entre Sarah, qui raconte
06:10 son histoire à l'écrivain, et l'écrivain qui argumente.
06:13 Qui trouve ce prénom, et qui va essayer de convaincre Sarah que c'est le bon prénom.
06:21 "Au moment de commencer l'écriture de mon livre, c'est-à-dire que j'avais vraiment
06:28 réuni toute la matière, je savais où le livre allait.
06:31 Alors il y avait autant d'incertitudes aussi qu'il le faut pour donner envie d'écrire
06:36 un livre, mais je savais en gros où j'allais.
06:39 Et j'avais perdu le désir.
06:41 Je n'avais pas envie d'écrire ce livre.
06:43 Ça aurait été un livre très linéaire, un roman, avec un personnage de fiction, Sarah.
06:48 Et là, il me manquait l'excitation.
06:52 Et donc, quelques mois se sont écoulés.
06:56 J'ai sombré lentement dans une espèce de marasme, comme ça, de désolation.
07:01 Et je me disais que peut-être j'avais perdu la flamme, et que "Comédie française"
07:05 serait mon dernier livre.
07:06 Il m'arrive comme ça de longer des gouffres.
07:09 Et j'ai eu cette idée, soudain, un jour, en fin d'après-midi, d'un dialogue entre
07:16 un écrivain et une femme, dont il va s'inspirer de la vie pour écrire son prochain roman.
07:23 Et il lui raconte le roman avant de l'écrire, et Sarah lui répond.
07:30 Et quand j'ai eu cette idée, ça a tout débloqué.
07:34 L'excitation est venue, extrême.
07:37 Je suis précipité dans mon bureau pour mettre à l'épreuve de l'écriture cette idée.
07:44 Et ce qui me plaisait, c'était vraiment de me transformer en illusionniste, à travers
07:50 cette forme, de créer une sorte de lanterne magique qui ferait cohabiter, dans un même
07:55 espace romanesque, deux femmes, qui sont en réalité les mêmes, c'est-à-dire le modèle
08:03 et l'héroïne de fiction, qui fusionnent.
08:07 Elles ne sont pas tout à fait les mêmes, ni tout à fait différentes.
08:12 Elles sont en transparence l'une de l'autre.
08:15 Et je me disais, si je réussis mon coup, ça peut vraiment, pour le lecteur du livre,
08:21 être très riche en sensations nouvelles, en vertiges, en troubles.
08:26 Et donc, de voir cheminer comme ça, constamment, tout au long du livre, deux femmes qui vivent
08:32 rigoureusement la même chose, dans deux endroits différents.
08:36 Alors ça permet aussi de rendre la narration et l'histoire que je voulais raconter beaucoup
08:42 plus percutante, puisqu'elle est vécue par deux femmes, donc plus intense.
08:48 Et une femme, deux, ça présuppose une troisième, une quatrième, et donc une infinité de femmes.
09:01 C'est-à-dire que ça rendait ce que vit Sarah plus universel que s'il n'y avait eu que Sarah
09:08 dans un roman linéaire.
09:11 - Et pour raccrocher avec les wagons, avec le début, Eric Reinhardt, ça veut dire que vous aviez
09:17 toute la matière de votre roman à venir grâce à ce message que vous aviez reçu sur Facebook,
09:22 de Sarah, qui vous a écrit, et vous lui avez dit, il y a quelque chose qui se déclenche pour moi,
09:29 je vais écrire un roman, vous lui avez dit ?
09:31 - Je lui ai dit que son mail m'avait fortement impressionné, je lui ai dit que c'était beaucoup
09:41 de courage pour ce qu'elle était en train de traverser, et je lui ai dit que j'étais de tout cœur
09:47 avec elle.
09:48 - Mais qu'elle ferait un bon sujet de roman.
09:51 - Et que je venais de commencer Comédie française, enfin, je venais de commencer un roman,
09:55 et que je reprendrai très certainement contact avec elle plus tard, quand j'aurai fini ce livre.
10:02 Non mais c'est important parce que pendant tout le temps que j'ai écrit Comédie française,
10:07 c'est-à-dire entre 2017, parce que ce mail que j'ai reçu c'était en 2017, entre 2017 et 2020,
10:13 en fait donc j'ai été fécondé par ces deux pages, et donc mon livre d'après s'est mis à germer en moi
10:21 pendant que j'écrivais Comédie française, il s'est mis à se développer, à se ramifier,
10:26 je prenais plein de notes, à s'étoffer, à prendre de l'ampleur, à partir de ce que ça m'inspirait à moi.
10:33 C'est-à-dire que mon livre fait 440 pages, le mail en faisait deux, c'est la situation de départ,
10:39 plus deux ou trois choses que j'évoquerai tout à l'heure si vous voulez, qui m'ont donné l'envie
10:44 de m'emparer de cette matière que m'offrait cette femme, mais bien évidemment j'ai nourri le roman
10:52 beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses qui me sont...
10:54 Mais vous avez dû quand même lui dire, c'est-à-dire que vous finissez Comédie française,
10:57 et là tout à coup vous devez écrire, vous avez eu plein d'idées, vous avez été fécondé, comme vous le disiez,
11:02 et là en fait, page blanche, vous n'y arrivez pas, mais vous écrivez quand même à Sarah en disant
11:06 "je vais quand même..."
11:07 Non, j'ai attendu d'avoir l'idée de la forme, parce que tant que je n'avais pas l'idée de la forme,
11:11 je pensais qu'il était possible que je n'écrive pas ce livre.
11:15 Et quand j'ai eu l'idée de la forme, j'ai écrit à cette femme, parce qu'elle ne me répondait pas,
11:23 je lui ai envoyé quelques messages, mais donc là je lui ai dit "je suis sur le point de commencer mon roman,
11:30 on est bien d'accord, ça vous va, je vais le faire", et elle m'a répondu tout de suite
11:37 en me disant qu'elle était super heureuse de cette perspective,
11:43 et elle m'a raconté ce qui s'était passé entre 2017 et 2021,
11:48 et qui rendait la situation de départ qui déjà m'avait fortement approchée encore plus intéressante,
11:54 et là pendant tout un week-end, on a échangé plein de messages,
11:59 j'ai posé plein de questions, elle me répondait, je la réinterrogeais sur les réponses qu'elle m'apportait,
12:06 et puis après je suis parti dans l'écriture, et une fois de temps en temps on s'envoyait des petits messages.
12:11 Vous ne le faisiez pas de cette route de vos avancées ?
12:13 Non, pas vraiment, mais j'aimais savoir que j'étais accompagné par cette femme qui ne voulait pas me rencontrer.
12:24 On a fini par se rencontrer, et on est devenu amis, et on n'arrête pas de s'envoyer des messages, de s'appeler,
12:31 et c'est génial qu'aujourd'hui elle est heureuse, elle a fait la rencontre d'un homme dont elle est très amoureuse,
12:40 et tout va bien, elle est très heureuse.
12:42 Replongeons-nous dans le roman, donc Sarah, Suzanne et l'écrivain, pour nous dire ce qu'est l'histoire de Sarah.
12:49 Sarah est une femme qui réchappe d'un cancer, qui est donc à l'épreuve de la vie,
12:56 et cette épreuve va lui changer son regard sur sa vie à elle.
13:01 Elle se sent délaissée par son mari, et elle va prendre cette décision qu'on peut qualifier de radicale,
13:06 pour le faire réagir son mari.
13:09 Elle quitte le domicile conjugal et elle va aller s'installer seule dans un appartement.
13:14 Là c'est le point de départ de cette histoire, on a raconté les deux déclics qui vous ont amené à écrire ce roman,
13:23 le message reçu et puis la forme, mais pourquoi avoir voulu absolument inscrire le rôle de l'écrivain dans ce roman ?
13:33 Parce qu'en vous écoutant répondre tout à l'heure, j'avais l'impression qu'il fallait en quelque sorte justifier
13:39 une forme d'honnêteté vis-à-vis de la personne qui vous avait écrit.
13:43 Non, alors pas du tout, j'ai pas du tout, du tout, du tout pensé à ça.
13:47 Je sais que plusieurs journalistes l'évoquent, mais non, c'est pas du tout pour me justifier ou je sais pas quoi,
13:59 ou même montrer comment on écrit un livre.
14:03 De fait, c'est ce que je fais, mais ce n'est pas la raison pour laquelle je l'ai fait.
14:09 Moi je suis vraiment un écrivain de la sensation et un écrivain de l'image.
14:14 J'aime produire des sensations, j'aime entraîner mon lecteur dans des états intérieurs impérieux.
14:22 J'aime l'équivoque, le trouble et surtout j'aime produire des images.
14:28 C'est vraiment la caractéristique principale de mon travail.
14:34 C'est-à-dire que quand j'écris mes livres, je les travaille jusqu'à ce que m'apparaisse une image.
14:43 Je suis vraiment dans l'incarnation.
14:45 C'est l'incarnation qui m'intéresse, d'être au plus près du corps, des sensations, des pensées, des émotions de mes personnages que je mets en scène.
14:56 On est toujours dans mes romans, enfin la plupart du temps, au présent de l'action qui se déroule, à l'intérieur de l'action.
15:05 Le mot "immersif", je l'emploie depuis que j'écris des livres, il est devenu très très à la mode.
15:09 - Vous pouvez le reprendre, ça ne vous empêche pas.
15:11 - C'est vrai que mon écriture est très immersive.
15:15 Par exemple, dans "L'amour et les forêts", on est vraiment avec Bénédicte Ombredane, au plus profond de la situation qu'il accable, avec ce mari qui l'enferme.
15:26 Et avec Sarah et Suzanne, je souhaitais vraiment qu'on soit…
15:30 - On se retrouve vraiment dans l'écriture du roman.
15:34 Puisqu'on assiste à ces débats, à ces discussions, à la forme qui naît.
15:40 - Oui, en effet.
15:42 Mais je ne l'ai pas fait pour raconter ça.
15:48 Cela étant, en effet, moi, ça m'a procuré une très grande jubilation et beaucoup d'allégresse de mettre en scène ce dialogue entre Sarah et l'écrivain.
16:04 Et je fais deux choses en même temps, en réalité.
16:07 Dans mes romans, j'aime toujours beaucoup multiplier les strates et les niveaux de lecture.
16:15 Et donc là, en même temps que je raconte une histoire, et donc on est vraiment avec Sarah et Suzanne qui vivent la même chose,
16:23 on est en même temps, en effet, vous avez raison, dans la fabrique du roman, à un autre niveau,
16:29 y compris avec l'auto-dérision que je peux avoir sur l'écrivain, l'ironie, où en effet, à un moment, Sarah lui dit
16:37 "Mais pourquoi vous ne racontez pas cet épisode dans le livre ? C'est vachement important."
16:42 Et l'écrivain dit "Non, mais moi, ça ne m'intéresse pas. Et en plus, je pense que ce n'est pas terrible de le faire,
16:47 puisque ça va nuire à la fois au personnage de Suzanne et à son mari.
16:52 Ne seriez-vous pas en train d'enfreindre le principe sur lequel nous nous étions entendus ?
16:57 À savoir que j'étais entièrement libre de faire de votre histoire, Sarah, ce que je voulais."
17:03 Elle me dit, Sarah répond à l'écrivain "Non, non, non, je ne vais pas enfreindre le principe.
17:10 Je vous le répète, vous faites ce que vous voulez de mon histoire, mais quand même, je pense que ce serait très intéressant
17:16 que les éventuels futurs lectrices de ce roman soient informés de ce que faisait mon mari dans sa cave,
17:24 en l'occurrence, regarder des vidéos pornographiques."
17:27 Et l'écrivain dit "Non, non, mais on s'en fout, on ne va pas accabler un gars parce qu'il regarde des vidéos pornographiques.
17:32 Et puis en plus, la façon dont vous avez appris qu'il regardait des vidéos pornographiques ne vous honore pas,
17:37 parce que vous avez fouillé dans son ordinateur. Et je n'ai pas envie que les lecteurs enveuillent à Suzanne d'avoir fouillé dans...".
17:45 Donc en effet, je me suis amusé à mettre en scène ce dialogue entre l'écrivain et Sarah,
17:55 en même temps que j'essaie de plonger mon lecteur le plus profondément possible dans la douleur de ce que vivent ces deux héroïnes,
18:04 Sarah et Suzanne, parce que ce livre, c'est quand même une lente et longue descente aux enfers,
18:11 même si je l'ai écrit avec beaucoup d'allégresse, et qu'on sent cette allégresse.
18:15 Et c'est ça qui m'intéressait, c'était de faire cohabiter l'allégresse de l'écriture,
18:18 comme ça, cet écume de surface du dialogue entre Sarah et l'écrivain,
18:22 alors que l'histoire que je raconte, elle est très profondément douloureuse.
18:27 Et on suit Sarah et Suzanne très, très, très, très, très, très loin dans ce qui leur arrive jusqu'à la folie.
18:34 Un iconophage, c'est assez simple, c'est une personne qui, plutôt que de faire l'expérience d'une image visuellement,
18:43 choisit de le faire de manière beaucoup plus concrète, en mangeant en soi directement l'image,
18:49 ou en grattant, et on considère qu'en mangeant cette image, en la prenant en soi, une part de ce pouvoir peut être captée.
18:58 Et cette captation du pouvoir a pour finalité, bien souvent, de soigner ou de se protéger d'un mal.
19:04 On les vivait de manière tout à fait différente, avec presque tous nos sens impliqués,
19:11 aussi bien la vue, mais également le toucher, l'ouïe peut-être, même, l'odorat.
19:18 Enfin, il y avait une relation à l'image qui était beaucoup plus sensorielle qu'elle ne l'est aujourd'hui,
19:25 parce que l'image était quelque chose qui avait une substance,
19:30 quelque chose qui était lié à la matière et à la configuration de cette matière.
19:35 L'historien Jérémy Koenig, sur France Culture en 2021, qui nous raconte ce qu'est l'iconophage,
19:41 il est historien de l'art, il y a beaucoup d'art présent dans votre roman, Éric Reinhardt,
19:46 et vous nous avez parlé de cette descente aux enfers de ces deux héroïnes.
19:50 La puissance de l'image, la puissance du rapport sensoriel entre vos héroïnes et l'art,
19:59 il est aussi au cœur de votre roman.
20:01 - Oui. D'abord, Sarah élabore des sculptures, elle est artiste,
20:08 elle était architecte, et puis ayant réchappé d'un cancer grave et étant revenue à la vie,
20:14 et ça peut-être qu'on reviendra là-dessus parce que c'est important, c'est vraiment le cœur du livre,
20:20 la raison pour laquelle Sarah et Suzanne éprouvent à un moment une très forte insatisfaction dans leur vie
20:26 et quittent leur domicile.
20:29 - Allez-y alors, racontez-nous, il y a cet événement qui bouscule leur vie.
20:36 - Oui, un cancer, et c'est aussi pour ça que cette femme m'a envoyé un message
20:42 à l'apparition de "La Chambre des Époux" qui racontait du point de vue de celui qui n'est pas malade
20:47 un cancer, en l'occurrence celui de ma femme, dont elle a guéri,
20:52 et elle s'était vraiment projetée dans ce livre, et elle renaissait,
20:56 elle revenait à la vie après avoir failli mourir,
20:59 et donc elle était vraiment dans une exigence de vérité à ce moment-là,
21:03 et donc elle a abandonné son métier, donc disons Sarah a abandonné son métier
21:08 qui était architecte pour devenir artiste, Suzanne était généalogiste,
21:12 elle abandonne son métier pour devenir écrivaine, elle écrit des romans,
21:16 et cette exigence de vérité fait que Sarah et Suzanne sentent qu'il y a quelque chose
21:26 qui ne va pas dans leur couple, elles le sentent à l'intérieur d'elles-mêmes,
21:30 qu'il leur manque l'essentiel.
21:33 Sous des apparences comme ça de bonheur conjugal, tout est paisible, pacifique,
21:40 même joyeux, ils font l'amour régulièrement, ils manquent l'essentiel.
21:45 Le mari de Sarah passe la plupart de ses soirées seule dans un bûcher
21:49 qu'il s'est aménagé pour faire de la musique et fumer des pétards,
21:53 et ils remontent dans leur chambre de plus en plus tard,
21:56 laissant Sarah passer ses soirées seule, et par ailleurs,
22:00 elle découvre complètement par hasard une anomalie notariale,
22:05 à savoir qu'elle ne possède que 25% de sa maison et son mari 75%.
22:10 Elle s'en ouvre à lui plusieurs fois en lui disant "on ne vit plus les choses ensemble,
22:15 moi je suis revenu à la vie, j'ai un appétit de vie vorace,
22:20 je veux être dans la vérité à chaque instant, et toi tu n'es plus avec moi,
22:25 on vit ensemble mais je me sens seul".
22:28 - Et donc il y a besoin d'un électrochoc ?
22:30 - Elle décide de lui administrer une sorte d'électrochoc pour le réveiller,
22:34 le faire revenir à leur vie conjugale, à leurs désirs, leurs rêves,
22:38 et pour pouvoir vivre avec lui cette nouvelle vie qu'elle veut vivre.
22:43 L'électrochoc c'est de louer une maison pour deux mois,
22:49 et elle dit à son mari "je vais partir deux mois",
22:53 et elle espère bien évidemment qu'il va la retenir,
22:58 elle espère que pendant ces deux mois il va réfléchir, qu'elle va lui manquer,
23:03 elle se dit qu'il prendra peur, qu'il réalisera qu'il peut la perdre,
23:09 qu'elle ne lui est pas acquise, et rien de ceci ne se produit.
23:14 C'est-à-dire que du jour où elle lui annonce "mais dans l'instant, au restaurant,
23:20 je vais partir deux mois, parce que ça fait des mois que tu me promets
23:25 que tu vas exaucer mes demandes et tu ne le fais pas",
23:28 et il ne le fait pas avec beaucoup de gentillesse,
23:31 genre "je vais le faire, mais bien sûr mon amour",
23:33 il y a une forme de plasticité du mari qui fait qu'il absorbe tous les reproches,
23:38 et donc rien ne bouge, c'est la pire des situations.
23:41 Enfin, ça c'est pas la pire, mais c'est très difficile de se sortir d'une situation familiale
23:46 - D'indifférence en fait !
23:47 - Et complètement caoutchouteuse et malléable,
23:49 où en fait il n'y a pas de prise, et donc en effet elle provoque cette situation.
23:55 Alors le mari, à table, au restaurant, ne répond pas,
24:01 il lui dit "ça y est, tu as fini ? Tu avais d'autres choses à me dire ?"
24:05 Elle dit "mais non, mais là on parle, réponds, qu'est-ce qu'il t'a ? Tu as fini ?
24:11 Mais non, mais l'idée c'est pas qu'on se dispute, c'est pas qu'on se quitte",
24:16 et le mari sort et s'en va.
24:19 Et de ce jour-là, elle n'aura plus jamais, jamais de ces nouvelles.
24:25 Il ne répondra plus à aucun de ses messages, à aucun de ses appels téléphoniques,
24:31 il refusera de la voir, elle va dans cette maison,
24:35 sa fille prend violemment le parti du père et rompt avec sa mère,
24:40 et le fils au bout d'un moment, ça l'emmerde d'aller dans cette maison lugubre, un peu lointaine,
24:46 si bien que Sarah se retrouve totalement seule, isolée,
24:51 confrontée à un silence irrévocable, qui est vraiment une torture.
24:56 Elle s'effondre peu à peu intérieurement sur elle-même à cause de ce silence,
25:02 et elle est obligée le soir, parce que sa famille lui manque,
25:06 de venir se mettre devant sa maison, dans l'ombre.
25:09 - Oui, alors ça c'est une scène qui est très intéressante,
25:11 et puisqu'on parlait de la présence de l'art, il y a deux choses.
25:15 Il y a d'abord la présence de l'art qui est très importante,
25:17 avec ce tableau qui est dans l'histoire de Suzanne,
25:20 et que Suzanne va rencontrer, sur lequel il y a un monastère qui est dessiné.
25:25 Là c'est encore l'idée de créer des images,
25:28 le monastère c'est cet endroit où on se retire, où on se retrouve seul,
25:33 où on peut penser à la vie qu'on a menée.
25:36 Et puis il y a cette autre image que vous alliez aborder,
25:39 c'est cette scène où Sarah, Suzanne, parfois on est un peu perdu,
25:44 et je sens que vous êtes content qu'on soit parfois un peu perdu dans ces deux personnages.
25:49 - Oui, parce que c'est bien qu'elles fusionnent.
25:52 Et toutes les fois qu'il est important pour moi qu'on les distingue,
25:55 je fais en sorte qu'on les distingue.
25:57 - C'est plus clair.
25:58 Qui espionne donc sa famille à distance,
26:00 elle est assise sur un banc et elle regarde à travers la fenêtre la cuisine,
26:04 ce qui est en train de se passer chez elle,
26:07 avec une distance et un désespoir de voir que la vie continue sans elle.
26:13 C'est ça.
26:14 Elle a vraiment besoin de voir ceux qu'elle aime, de les voir.
26:20 Et donc la seule possibilité pour elle,
26:22 dans la mesure où elle est exclue de son propre foyer,
26:24 puisque son mari ne souhaite pas qu'elle revienne,
26:26 il le lui interdit,
26:28 et qu'elle ne peut plus voir sa fille qui refuse de la voir,
26:31 mais elle aime sa fille.
26:32 La seule possibilité pour elle de voir sa famille,
26:34 c'est de la voir à son insu, à travers les fenêtres illuminées.
26:40 C'est vraiment l'image qui, dans le mail de deux pages,
26:42 m'a donné envie d'écrire le livre.
26:44 - C'est ça le déclic.
26:46 - Moi je ne pars pas de sujet.
26:48 Là, c'est cette image.
26:50 Dans ce mail, je me suis dit, cette image, elle est pour moi.
26:54 Je veux la faire exister dans un livre.
26:56 Je veux la faire exister dans un livre.
26:58 Je voyais déjà le chapitre que je ferais.
27:02 J'avais envie vraiment de donner corps et lieu à cette image.
27:06 - La personne qui vous a écrit, vous a précisément décrit cette scène-là.
27:09 Vous a dit, je vais les voir, et je les regarde par la fenêtre
27:12 comme si j'étais spectatrice de ma propre vie.
27:14 - Voilà, c'était une ligne, deux, trois, je ne sais rien, très court.
27:18 Et je me suis dit, mais ce n'est pas possible d'en être...
27:22 C'est la situation qui est déchirante.
27:25 Mais en plus, elle donnait lieu à une image inouïe.
27:29 Cette femme qui regarde vivre sa famille par les fenêtres de sa maison
27:34 et qui est condamnée au rôle de spectatrice.
27:37 Je trouvais ça...
27:39 Dans le livre, il y a une thématique sous-jacente,
27:43 du début jusqu'à la fin.
27:45 Donc il y a la fabrique du livre.
27:48 Il y a l'histoire de Sarah Suzanne et il y a une thématique sous-jacente
27:51 vraiment, et que j'ai essayé d'explorer sous toutes ses formes.
27:54 Parce que j'aime bien qu'il y ait différentes strates.
27:57 C'est celle du regard, de la pulsion scopique,
28:02 de la nécessité, de l'importance du regard dans certaines vies.
28:06 Et donc, en effet, la présence de l'art s'explique aussi de cette façon-là.
28:12 Sarah, elle élabore des sculptures, des abris sculptures
28:16 ou des sculptures abris dans son jardin
28:19 et qui sont des œuvres qui permettent de voir.
28:22 Par exemple, la tête de Francis Ponche, c'est une grosse tête en fer
28:27 dans laquelle on s'introduit et à travers une ouverture,
28:30 Sarah nous indique ce qu'il faut voir.
28:33 Donc, elle produit des images.
28:36 C'est vraiment des œuvres qui produisent des images.
28:39 Il y a en effet ce tableau dont Suzanne tombe amoureuse.
28:44 Elle passe tous les jours devant la vitrine d'une boutique d'antiquité.
28:48 Il y a ce tableau qui la fascine et elle se met à se dire
28:51 que ce tableau a quelque chose à lui dire, à lui raconter,
28:54 qu'il a un secret à lui révéler sur sa propre existence.
28:57 Il y a une énigme.
28:58 Elle finit par l'acheter en se disant qu'il y a peut-être une voie à trouver
29:03 le jour où elle aura éclairci l'énigme de ce tableau.
29:08 Parce qu'elle la fascine tellement qu'elle se dit que forcément
29:11 ce tableau a quelque chose à lui raconter.
29:13 J'ai l'impression qu'il y a aussi chez vous, Éric Rénard, le plaisir des images.
29:17 C'est-à-dire que de montrer des gens qui regardent, de la pulsion scopique,
29:20 comme vous le dites, mais il y a aussi le plaisir de montrer aux lecteurs et aux lectrices,
29:24 presque de brandir, de mettre sous les yeux et de ne pas pouvoir échapper du regard
29:32 des scènes où Sarah s'enferme, chute, s'enfonce dans une forme de misère psychologique, morale.
29:44 Est-ce que ça vous fait plaisir de montrer des choses qu'on ne veut pas regarder ?
29:48 Oui, mais là c'est vraiment un trajet sensitif.
29:54 Ça n'enlève rien au plaisir de nous montrer des choses qui seraient presque obscènes quand on les regarde.
30:00 Alors là, est-ce qu'il y a des choses obscènes ? Non.
30:03 Je ne parle pas d'obscènes sexualisées, je parle de montrer quelque chose qui devrait être caché.
30:07 Non, pas forcément.
30:09 Il y a aussi, la place de l'écrivain, il faut bien y revenir,
30:15 qui imagine, et puisque vous parliez des images, c'est très intéressant,
30:19 qui imagine lui-même que son roman pourrait être adapté au cinéma.
30:23 C'est aussi ce qui vous est arrivé avec "L'amour et les forêts"
30:26 puisqu'il a été mis sur écran par Valérie Donzelli, avec Virginie Effira et Melville Poupeau dans ce film.
30:35 Ça c'est quelque chose auquel vous pensez quand vous écrivez aussi,
30:41 vous écrivez aussi un scénario.
30:45 Non, pas du tout. C'est même l'inverse du scénario.
30:51 Alors en effet, on pourrait imaginer, on pourrait se dire que dans la mesure où mes livres produisent beaucoup d'images,
30:57 et depuis le tout premier, et que je procède dans l'élaboration de mes narrations,
31:03 toujours par des successions de situations.
31:07 J'aime le temps réel dans le livre, et donc j'aime les situations qui se construisent et qui s'élaborent,
31:15 qui durent longtemps.
31:18 Voilà, Kafka est mon grand maître, et le château, et surtout le procès,
31:26 c'est vraiment presque par chapitre, il y a une situation par chapitre quasiment, si on simplifie.
31:32 Et j'ai toujours été fasciné par ça, c'est-à-dire de raconter une histoire,
31:37 moi en la récapitulant, ou en la racontant de l'extérieur,
31:41 qu'en l'organisant par une succession de situations dans lesquelles on est.
31:47 Et où en effet, pour répondre à votre question précédente,
31:51 en effet, forcément quand je raconte cette histoire-là,
31:57 qui est une lente et longue descente aux enfers, comme je le disais tout à l'heure,
32:02 je sais que je vais mettre à l'épreuve mon lecteur, que ça va être difficile.
32:07 À un moment, il y a un ami qui m'a dit "mais on a vraiment le sentiment, à travers ton livre,
32:12 que tu veux nous rendre fous, et que tu fais tout pour nous rendre fous,
32:17 et nous dérégler intérieurement".
32:19 Et j'étais très heureux qu'il me dise ça, parce qu'en effet,
32:22 j'avais envie que le lecteur partage de l'intérieur tout ce que vivent ces personnes.
32:29 Donc en effet, en exhibant sous leurs yeux des choses qui sont désagréables,
32:36 parce que ce que vivent Sarah et Suzanne à certains moments du livre,
32:40 c'est vraiment insupportable.
32:42 Je le fais parce que j'anticipais, je savais qu'il y aurait un dénouement heureux,
32:49 et que le livre raconte vraiment l'histoire d'une femme qui cherche à être à sa juste place.
32:57 Elle considère à un moment, dans ce moment de vérité dans lequel elle renaît,
33:04 qu'elle n'est plus à sa place.
33:06 Elle a le courage de s'en arracher pour trouver sa place.
33:11 Alors, je pense qu'elle sait, quand elle parle à son mari, qu'elle lui dit qu'elle va partir de moi,
33:17 je pense que son subconscient sait qu'elle ne reviendra pas, qu'elle va déclencher une catastrophe.
33:23 Elle, elle ne le sait pas, mais je pense que...
33:26 Et parfois, il est nécessaire de provoquer des catastrophes.
33:32 - De toucher le front aussi ?
33:34 - Non, mais des catastrophes salutaires.
33:37 La seule façon qu'avaient Sarah et Suzanne de se sortir de la nasse de confort
33:42 et de conformisme bourgeois et d'hypocrisie du mariage à la con où il ne se passe plus rien,
33:47 mais on reste ensemble, c'était de provoquer une catastrophe qui la sauve de ce piège duquel on ne peut pas sortir.
33:54 Et parfois, les catastrophes peuvent apporter des solutions.
34:00 Et c'est ce qui se passe là. C'est vraiment une catastrophe salvatrice.
34:03 En effet, elle souffre. En effet, c'est douloureux.
34:06 En effet, ce parcours qui l'amène de son foyer à la fin du livre,
34:12 où on voit qu'elle a été transplantée, elle s'est elle-même transplantée, comme on le fait, d'un rosier,
34:18 et elle refleurit à la fin du livre. Elle refleurit et elle a bien fait.
34:22 Et j'ai dîné la semaine dernière avec cette femme qui m'a inspirée.
34:27 Et oui, elle me dit que tous les articles qu'elle lit sur mon livre et le livre lui-même
34:33 lui font dire rétrospectivement, et elle s'en félicitait quand je dînais avec elle en me disant
34:39 "Mais qu'est-ce que j'ai souffert ? C'était atroce, mais j'ai bien fait de partir."
34:45 Voilà, et c'était en effet, ça a été une catastrophe dans sa vie.
34:50 Maintenant, elle est réconciliée avec sa fille et tout ça.
34:53 Mais voilà, et c'est aussi ça que mon livre raconte.
34:57 En effet, en confrontant mon lecteur à des choses qu'en général, on ne montre pas ou qu'on évite de montrer.
35:06 - Et la boucle est bouclée avec ce dernier témoignage que vous nous avez raconté, Éric Reynard.
35:11 Il faut se laisser embarquer par ce roman "Sara, Suzanne et l'écrivain", c'est aux éditions Gallimard.
35:17 Donc, le moment est venu pour vous, Éric Reynard, de faire un choix pour terminer cette émission.
35:22 C'est un choix musical, et comme on a entendu Suzanne au début de l'émission,
35:26 vous avez un choix entre cette fois-ci "Sara" ou "l'écrivain".
35:30 À vous de choisir.
35:33 - Ah pardon, je dois ?
35:34 - Choisir entre "Sara" ou "l'écrivain", c'est un choix musical.
35:38 - Ah, le prénom "Sara" ou une chanson sur un écrivain.
35:40 - "Sara".
35:42 * Extrait de "Sara" *
35:52 * Extrait de "Sara" *
36:02 * Extrait de "Sara" *
36:12 * Extrait de "Sara" *
36:22 * Extrait de "Sara" *
36:42 * Extrait de "Sara" *
37:02 * Extrait de "Sara" *
37:14 - Dario Moreno, donc "Sara" pour conclure cette émission.
37:18 - Pour le week-end.
37:19 - Évidemment, merci beaucoup Éric Reynard d'avoir été avec notre invité.
37:21 - Merci de m'avoir reçu.
37:22 - A très bientôt dans les Midi de Culture.
37:23 Donc, émission préparée par Aïssa Touendoy, Anaïs Hizber, Cyril Marchand, Laura Dutèche-Pérez,
37:29 Zora Vignier et Manon Delassalle. L'émission a été réalisée par Nicolas Berger et la prise de son ce midi.
37:34 C'était Florent Bujon. A lundi, Géraldine Mosnassavoua.
37:36 - A lundi Nicolas.
37:37 - Bon week-end.
37:38 - Bon week-end.
37:39 *Bruit de zombie*

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