Bercoff dans tous ses états - Émission du 11 octobre

  • l’année dernière
Avec Alexandre Del Valle, géopolitologue, consultant, essayiste et docteur en histoire contemporaine ; Jean-Marc Liling, avocat et spécialiste du dialogue israélo-palestinien ; Marie-Estelle Dupont, psychologue clinicienne et auteure de “Être parents en temps de crise - Comment restaurer l'équilibre psychique de nos enfants” publié aux éditions Guy Trédaniel.

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##BERCOFF_DANS_TOUS_SES_ETATS-2023-10-11##

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News
Transcription
00:00:00 [Musique]
00:00:02 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:00:05 Nous sommes en guerre.
00:00:07 Non Fabien, tu ne gagneras pas avec un steak.
00:00:10 Parce que le peuple c'est le boss et Macron c'est l'employé.
00:00:14 Tous ces crétins de salariés et pas ces crétins de salariés dans leur bulletin de paye.
00:00:18 On enlève les cotisations sociales et ces cotisations sociales, elles payent mon argent.
00:00:22 On est les Géminis.
00:00:23 C'est ça qu'on est hein.
00:00:24 On est les Géminis.
00:00:25 Vas-y tu le louis.
00:00:26 Nous sommes en guerre.
00:00:28 [Musique]
00:00:41 Le bruit des bombes en Israël, à Gaza, dans certains qui bouchent l'horreur, les décapitations, les massacres, les meurtres.
00:00:52 Et est-ce que ça va continuer encore longtemps comme ça ?
00:00:56 En tout cas c'est parti, hélas, hélas, il faut le dire, pour durer.
00:01:00 Donc on va en parler, on va en parler longuement avec Alexandre Delval, le géopolitologue.
00:01:07 On va en parler également avec un avocat israélien qui va nous faire le point sur ce qui se passe au niveau du ressenti de ses concitoyens et de la situation.
00:01:20 Et puis nous allons parler évidemment de l'admonétisation, de l'échange magnifique, si je peux dire, entre le commissaire européen Thierry Breton et Elon Musk sur la liberté d'expression sur Twitter.
00:01:32 Qui est devenu X comme on sait, puis quelques perles, pas piqué des hannetons.
00:01:37 Et puis en seconde partie nous allons recevoir la psychologue Marie-Estelle Dupont qui a écrit un livre remarquable "Être parent en temps de crise, le bilan de trois années de Covid".
00:01:48 De trois années de confinement, de gestes barrières, d'interdiction, de sanctions sur les parents, sur les enfants et sur les psychés.
00:01:59 Ça nous concerne tous.
00:02:01 Guerre, guerre, guerre, après-guerre, une guerre peut en cacher une autre, une guerre chasse l'autre, non, non bien sûr.
00:02:09 Mais en même temps aujourd'hui évidemment ce qui se passe au Proche-Orient mobilise tout le monde, mobilise les consciences, mobilise les émotions,
00:02:16 mobilise plus que ça parce qu'il y a l'horreur, il y a l'atrocité, il y a...
00:02:20 Et puis il y a les grandes manœuvres derrière, toujours, comme toujours et depuis des millénaires si je j'ose dire.
00:02:26 Il y a les grandes manœuvres, on va en parler parce qu'il y a eu aujourd'hui au troisième, au quatrième jour, il y a eu des révélations, des révélations fortes.
00:02:36 Et on est en train d'essayer d'assembler les points et vous allez voir, il y a de quoi vraiment réfléchir et faire réfléchir.
00:02:43 A tout de suite.
00:02:46 Sud Radio Bercov dans tous ses états, le fait du jour.
00:02:50 Et monné, monné, évidemment derrière, c'est ça qui est terrible pendant que les enfants, les adultes, les femmes meurent dans des circonstances souvent atroces.
00:02:59 Et bien derrière, les affaires sont les affaires. Business is business, ça continue.
00:03:04 Alors on ne va pas faire l'émission sur le dessous des cartes, c'est encore beaucoup trop tôt, beaucoup trop tôt et on ne connaît pas la moitié du quart de ce qui s'est vraiment passé dans les coulisses.
00:03:14 Mais quand même quelque chose, l'agence Reuters l'a diffusé, il y a eu le 11 septembre, donc il y a pratiquement un mois.
00:03:24 Le 11 septembre comme par hasard, le 11 septembre, ça vous rappelle quelque chose ?
00:03:28 Et bien les Etats-Unis ont confirmé lundi 11 septembre dernier qu'ils allaient autoriser le transfert de 6 milliards de dollars de fonds iraniens gelés en Corée du Sud.
00:03:38 Voilà, c'est-à-dire qu'il y a eu un échange de prisonniers entre l'Iran et les Etats-Unis et effectivement, dans un geste de bonne volonté, les Etats-Unis ont décidé de débloquer les avoirs iraniens à hauteur de 6 milliards de dollars.
00:03:58 Alors Anthony Blinken, le secrétaire d'Etat, dit "mais non, il n'y a pas un dollar qui a été touché, ce qu'on en a fait on ne sait pas" puisque l'Iran a dit "écoutez, c'est notre argent, on va en faire ce qu'on veut".
00:04:09 Est-ce qu'il y a un lien avec ce qui se passe, parce qu'on sait très très très bien que, évidemment, l'Iran, on le sait, finance le Hamas et d'ailleurs non seulement le Hamas mais évidemment le Hezbollah au Liban et ailleurs.
00:04:25 Donc, est-ce qu'il y a un lien ? On va en parler tout de suite avec Alexandre Delval.
00:04:30 Alexandre Delval, bonjour.
00:04:31 Bonjour.
00:04:32 Vous êtes géopolitologue, vous avez écrit plusieurs livres à la fois sur le totalitarisme islamique, sur les enjeux géopolitiques effectivement au Moyen-Orient et dans le monde.
00:04:44 Et là, depuis quatre jours, on assiste à la fois à ce qui s'est passé avec l'invasion, l'agression du Hamas et aujourd'hui le bombardement massif sur Gaza avec toutes les conséquences et les dommages qu'il comporte.
00:05:00 Mais cette histoire de l'Iran, alors à votre avis, qui joue un rôle là derrière et qui joue un rôle, je dirais, actif et à la fois financier et autre ?
00:05:13 Alors justement, vous allez être un peu surpris.
00:05:16 Tout le monde parle de l'Iran et l'Iran a à moitié intérêt dans cette histoire et a beaucoup apporté d'aide opérationnelle, entraînement tactique, commandos avec les brigades Elkhot mais personne pratiquement ne parle du Qatar.
00:05:32 Et oui, le vilain petit Qatar a eu pas mal de livres, d'articles, de polémiques autour de ça.
00:05:38 Le Qatar reste le principal financier du Hamas. Je pense qu'il faut le marteler car c'est bien d'accuser l'Iran, c'est très bien parce que c'est en partie vrai.
00:05:49 Mais bizarrement, le Qatar où il y a une base américaine, le Qatar où l'Occident est très impliqué, très présent, personne ne parle du fait que les fonctionnaires de Gaza, du Hamas, qui sont des militants du Hamas, sont financés officiellement.
00:06:05 C'est vérifiable, c'est officiel, il y a même les comptes publics par le Qatar.
00:06:11 L'autorité qui dirige Gaza depuis des années est alimentée en très grande partie par le Qatar, beaucoup plus que par l'Iran.
00:06:23 L'Iran finance beaucoup plus le Hezbollah que le Hamas. Même si l'Iran finance en partie le Hamas et il y a des coopérations Hezbollah-Hamas, vous savez c'est très compliqué le Moyen-Orient.
00:06:33 Mais on peut être sunnite comme le Hamas, financé un petit peu et aidé par l'Iran qui instrumentalise la cause palestinienne pour séduire, vous le savez très bien et mieux que moi, vous êtes né au Liban, pour séduire la rue arabe.
00:06:46 Mais on oublie le jeu du Qatar qui ne supporte pas les accords d'Abraham, qui ne supporte pas ce rapprochement Arabie-Saoudite-Iran.
00:06:54 Moi j'affirme que le Qatar a presque plus intérêt aujourd'hui que l'Iran à semer le trouble dans la bande de Gaza et en Israël et à provoquer une cassure justement à la fois des accords d'Abraham et du rapprochement Iran-Arabie-Saoudite.
00:07:10 - Mais alors Alexandre Delval, vous dites, alors précisons bien, vous dites qu'aujourd'hui le Qatar est l'un des principaux, enfin le principal, disons, financier du Hamas à Gaza et enfin du moment Hamas en général.
00:07:24 - C'est un fait tout à fait connu, officiel. Il y a trois par un, vous savez, du Hamas et de l'Iran dont on parle tout le temps et les deux autres dont on parle assez peu, le Qatar et la Turquie.
00:07:34 La Turquie a énormément appuyé le Hamas depuis l'affaire du Marwara, vous savez, ce bateau accosté par les commandos israéliens, il y avait eu des morts, etc.
00:07:45 Et avec une ONG turque islamiste proche de Erdogan qui avait aidé le Hamas, il y a vraiment une énorme connexion entre la Turquie et le Hamas et le Qatar et le Hamas.
00:07:55 Donc deux pays sunnites sur trois financiers et par un du Hamas, deux sont sunnites et deux sont des alliés étroits de l'Occident.
00:08:02 Les bases occidentales au Qatar et l'appartenance de la Turquie à l'OTAN, ça montre que c'est beaucoup plus trouble que ce que l'on croit.
00:08:10 L'Occident est pied et point lié avec deux pays qui financent le plus ancien et le plus terrible des mouvements djihadistes, qui à l'imitation de l'ancêtre d'Hezbollah et de l'Iran, a transmis dans le monde sunnite justement le modus operandi du djihad-suicide.
00:08:32 Ça vient de l'Iran, d'une tradition chiite, ça a été transporté en Palestine.
00:08:36 - Ça vient des hachichines effectivement de Assa et al-Sabaïa, mais là non, oui.
00:08:43 - Absolument, l'influence de l'ismaïlisme et des frères musulmans sur Khomeini, Khomeini qui instrumentalise la cause palestinienne, l'ancêtre d'Hezbollah, puis le Hezbollah qui fait passer au Proche-Orient ce modus operandi des attentats-suicides.
00:08:56 Et ça s'est transmis à El-Qaïda qui a même doublé les maîtres.
00:09:01 Donc le Hamas est central dans la nébuleuse djihadiste, dans l'histoire du djihadisme, et c'est une branche des frères musulmans.
00:09:08 Et qui est le pays aujourd'hui des frères musulmans ? Ce n'est plus l'Egypte où ils sont décimés littéralement, même physiquement, c'est le Qatar.
00:09:14 Donc tout remonte au Qatar. Le Hamas est la branche militaire des frères musulmans qui n'ont plus beaucoup de branches politiques, ils ont été décochés partout.
00:09:22 - Exact. D'ailleurs Alexandre Delval, Ismail Haniyeh, on en a parlé hier dans cette émission, a envoyé son message effectivement de mobilisation du Qatar.
00:09:30 Il est réfugié au Qatar, le grand chef du Hamas, Ismail Haniyeh.
00:09:34 - Et oui, tout nous conduit au Qatar, même la crise syrienne, rappelez-vous pendant très longtemps la Syrie a protégé le Hamas,
00:09:41 et quand il y a eu la révolution et la guerre civile en Syrie, le Hamas s'est mis du côté de qui ?
00:09:45 Non pas de l'axe chiite pro-iranien, de Bachar Al-Assad, il s'est mis du côté des Turcs, des islamistes, d'Al-Qaïda, de Daesh et des djihadistes,
00:09:54 et des soi-disant islamistes modérés de l'ASL. Donc là c'est quand même une preuve, c'est plus qu'une opinion, c'est une preuve.
00:10:01 Le Hamas a choisi son camp quand il fallait choisir entre l'axe russo-iranien-syrien et l'autre axe, l'axe turco-islamiste.
00:10:10 Le Hamas s'est mis du côté turco-islamiste anti-Bachar, or Bachar c'est vraiment la porte d'entrée de l'Iran au Proche-Orient.
00:10:18 Donc moi je suis très étonné que tous ces occidentaux, les médias américains, français, là je suis en Italie en ce moment,
00:10:24 ils disent tous l'Iran, l'Iran, l'Iran. L'Iran a-t-il intérêt à être bombardé aujourd'hui ?
00:10:30 L'Iran avait-il intérêt de saper cet accord qui permet peut-être de le réhabiliter ?
00:10:36 Et vous avez eu raison de commencer sur l'histoire des otages. L'Iran depuis l'affaire en Ukraine a tout à fait accepté un dialogue,
00:10:44 un retour du dialogue avec ceux qui étaient pour, vous savez, l'accord sur le nucléaire de 2015 qu'a annulé Trump,
00:10:51 c'est-à-dire les démocrates, les démocrates américains et l'Iran étaient en train de prendre l'angle, de négocier,
00:10:56 d'où la libération d'otages en échange de 6 milliards qui n'ont pas été encore employés parce que les Iraniens,
00:11:03 ils ont du mal à faire de l'humanitaire, c'était de l'argent bloqué en Corée du Sud réservé à l'humanitaire.
00:11:08 Mais il y avait un deal en cours. Est-ce que l'Iran aurait intérêt à provoquer les plus durs en Israël pour se faire bombarder ?
00:11:17 Aucun intérêt. C'est le Qatar qui bénéficie de tout ça parce que le Qatar voulait faire sauter les accords d'Abraham
00:11:23 et le retour des négociations entre l'Iran et l'Arabie Saoudite.
00:11:26 Alors Alexandre Delval, deuxième aspect, à votre avis, là on a des conjectures, on ne peut pas évidemment l'affirmer.
00:11:33 Absolument, ça n'est qu'une hypothèse.
00:11:35 Bien sûr, mais qu'est-ce qui fait aujourd'hui, parce qu'on se pose la question, elle est lancinante,
00:11:41 on se la pose en Israël, on se la pose partout, en France et partout, qu'est-ce qui fait que les Israéliens considéraient
00:11:48 que le meilleur service d'enseignement du monde, les meilleurs services, Amman, Shin Bet, Mossad et compagnie,
00:11:53 qu'est-ce qui fait que ce politique, qu'est-ce qui fait que la frontière de Gaza, qui était gardée plus que n'importe quel sanctuaire,
00:12:00 a pu être franchie sur mer, sur terre et dans les airs par quelques centaines de djihadistes du Hamas
00:12:07 qui ont fait les exactions, enfin que l'on sait, bon, c'est la guerre.
00:12:11 Mais enfin, quelle guerre ? Mais je veux dire, à votre avis, encore une fois, j'aimerais avoir votre opinion sur la question,
00:12:19 est-ce que c'est relâchement d'Israël ? Est-ce que le Qatar, puisqu'on parlait de lui, a formé, mais il n'est pas le seul,
00:12:26 et effectivement le Hamas d'aujourd'hui n'est pas le Hamas d'il y a 20 ans, ou il y a 25 ans,
00:12:31 qu'est-ce qui s'est passé pour en arriver là ?
00:12:35 - Tout d'abord, il y a d'énormes divisions au sein de la société israélienne qui commencent à s'estomper,
00:12:42 parce que là c'est l'urgence, vous avez vu Lapide, l'opposant principal à Netanyahou qui lui offre ses services,
00:12:48 mais les Israéliens ont montré une énorme division, mais cette division, jadis, elle ne rajaillissait pas sur le sommet politique et l'armée,
00:12:58 qui était toujours sur le pied de guerre, mais depuis quelques temps, les divisions sont telles,
00:13:04 que c'est au détriment de la sécurité israélienne et au sein même de l'armée, ou alors des rapports entre armée et gouvernement,
00:13:11 il y a énormément de divisions, par exemple, la volonté obsessionnelle de Netanyahou depuis des années de frapper l'Iran
00:13:17 n'est pas du tout partagée par une grande partie des meilleures stratèges de l'armée israélienne,
00:13:21 qui savent qu'il y a toujours une action, une réaction, ça risquerait même de souder encore plus l'Iran et d'embraser encore plus l'Armée.
00:13:30 - Et l'armée est beaucoup plus honnêtement au fait des choses souvent que les politiques, il faut bien le dire.
00:13:34 - L'armée est plus au fait des choses et Netanyahou comme Lapide, parce que Lapide n'est pas mieux,
00:13:38 tout le monde dit l'horrible Netanyahou, mais Lapide n'était pas mieux,
00:13:41 Lapide a fait une énorme démagogie quand il était au pouvoir, juste avant le retour de Netanyahou,
00:13:48 il s'est rapproché à mort des ukrainiens, ce qui était très peu habile d'un point de vue israélien,
00:13:53 l'Israël devait rester très neutre, du coup en se rapprochant les ukrainiens,
00:13:57 et bien les russes qui étaient dans l'axe anti-Israël, mais paradoxalement plutôt contre l'Israël,
00:14:03 Poutine était avec les ennemis d'Israël, mais en même temps, il ne voulait pas les israéliens,
00:14:07 et bien là, vous savez, c'est comme l'armée, Poutine, son calcul est pas énorme.
00:14:11 - Donc ce que vous dites Alexandre, c'est qu'il y a effectivement actuellement une grosse division,
00:14:15 d'ailleurs on l'a vu, certains réservistes, avant, je ne dis pas depuis quelques jours,
00:14:19 ne voulaient pas aller, enfin il y avait vraiment des choses très fortes,
00:14:23 mais juste là-dessus, sur le Hamas, il a été à votre avis,
00:14:27 entraîné par qui, formé par qui, parce qu'il faut le faire ce qu'ils ont fait,
00:14:31 et je le dis dans toute l'horreur que ça a pu aussi faire,
00:14:35 mais l'horreur, ou en tout cas, il faut constater qu'ils sont de bien meilleurs
00:14:39 guerriers aujourd'hui qu'il était il y a 20 ans.
00:14:43 - Oui, et surtout, ils sont constamment à l'offensive, régulièrement,
00:14:47 alors le Hezbollah aussi, on se rappelle de la guerre de Dénité, mais régulièrement, ce sont des soldats,
00:14:51 ou des terroristes, enfin c'est de la foi, des guerriers roses, des soldats et des terroristes,
00:14:55 ils font des actions, ils sont aguerris, alors les israéliens sont aguerris,
00:14:59 mais surtout en sécurité, essentiellement en sécurité intérieure,
00:15:03 ils ont partagé une telle opération, et il faut savoir que dans le sommet même militaire
00:15:07 du Hamas, seuls quelques officiers étaient au courant,
00:15:11 beaucoup étaient tenus dans le secret, n'étaient pas au courant,
00:15:15 les iraniens apparemment, qui effectivement ont apporté beaucoup plus que les qataris là,
00:15:19 une aide opérationnelle. - Oui, c'est surtout l'aide opérationnelle est iranienne, bien sûr.
00:15:23 - L'aide opérationnelle, tactique, opérationnelle,
00:15:27 aussi apport de matériel militaire, c'est surtout iranien,
00:15:31 mais vous savez, on échappe souvent, on peut parfois faire des petites infidélités
00:15:35 envers son propre créateur, je pense qu'il y avait un tel secret
00:15:39 autour de cette opération, que c'était difficile pour les israéliens de le savoir,
00:15:43 et ceux qui pensent que les israéliens ont le meilleur service secret de renseignement
00:15:47 intérieur ou extérieur du monde, c'est comme le mythe des hôpitaux français,
00:15:51 qui sont les meilleurs du monde, moi je peux vous dire, il y a pas mal de pays où c'est bien mieux qu'en France,
00:15:55 mais nous on est encore dans ce mythe, l'état qui aide le mieux la population,
00:15:59 les services sociaux, ce sont des mythes, en fait les services secrets israéliens
00:16:03 ont longtemps été les meilleurs, parce qu'il y avait une implication,
00:16:07 une extrême préoccupation, il y avait encore cet esprit pionnier
00:16:11 des premiers israéliens qui était dans une logique de surprise absolue,
00:16:15 et là ça va revenir, la preuve du comment ça a pu se disputer entre eux,
00:16:19 je pense que les israéliens se sont un peu relâchés, et ils ont montré au grand jour leur division,
00:16:23 alors si on parle de l'Ukraine, les accords d'Abraham, les divisions au grand jour des israéliens,
00:16:27 si j'étais le Hamas, j'aurais frappé à ce moment là,
00:16:31 c'est un peu comme les azériques ont massacré les arméniens parce que c'était la bonne fenêtre de cieux,
00:16:35 c'est le moment où on voit le lien entre l'Ukraine et tout ce que ça déstabilise et permet au trône.
00:16:39 Tout est lié, Alexandre Delval, restez avec nous,
00:16:43 après cette petite pause, on va continuer.
00:16:47 Et je ne suis pas le seul, hélas, en ce moment,
00:16:51 il y a de quoi être dans tous ces états, nous sommes avec Alexandre Delval,
00:16:55 qui est géopolitologue, qui a écrit plusieurs bouquins remarquables,
00:16:59 je veux dire, sur non seulement le conflit, mais la géopolitique, la géopolitique mondiale,
00:17:03 et nous avons un auditeur, nous avons Gérald, qui nous appelle de Montpellier, c'est bien ça ?
00:17:07 Oui, c'est bien ça, bonjour à tous.
00:17:11 J'avais une question rapidement à M. Delval, actuellement,
00:17:15 on voit que le conflit qui s'est passé, enfin, ce qui s'est passé ce week-end,
00:17:19 a vraiment ému énormément de personnes, notamment la communauté internationale,
00:17:23 et sur les réseaux, à juste titre, mais depuis qu'Israël
00:17:27 se venge, notamment en attaquant
00:17:31 la Palestine, j'ai l'impression que le paradisme est en train de changer,
00:17:35 et que finalement, il y a le "ils l'ont bien cherché",
00:17:39 et le peuple païssien qui est en train de souffrir sous les bombes israéliennes.
00:17:43 Est-ce que vous pensez que demain, le conflit puisse s'élargir
00:17:47 dans les autres pays, et surtout notamment en France, avec la communauté musulmane et de gauche,
00:17:51 que nous avons sur notre territoire, puisse se passer à une guerre civile ?
00:17:55 Alexandre Delval, je ne sais pas si on peut aller jusque-là, mais les figures
00:17:59 qu'a évoquées Gérald, on les connaissait déjà, actions-réactions, etc.
00:18:03 Oui, pour la première partie de la question, ça a été théorisé
00:18:07 par Aboubakar Nagy, une sorte de grand
00:18:11 idéologue du djihadisme, on pousse l'ennemi à la faute,
00:18:15 on pousse l'ennemi à nous frapper en allant tuer des innocents,
00:18:19 quand il va nous frapper lui-même en tuant encore plus d'innocents
00:18:23 parce qu'il a des armes plus sophistiquées, ça ne fera pas un terroriste
00:18:27 de moins, ça fera quatre terroristes de plus. Vous savez, c'était le général
00:18:31 Petrahus, américain, il disait le problème du djihadisme, c'est que quand on tue un djihadiste
00:18:35 et qu'on n'est quand même pas ultra courageux, on n'y va pas avec des commandos,
00:18:39 on bombarde de très haut, on ne tue pas un djihadiste,
00:18:43 on tue un djihadiste et quatre enfants, deux grands-mères, une famille,
00:18:47 donc ça fait plus de militants djihadistes qui arrivent. - Et juste un mot, juste...
00:18:51 - C'est le but. Ils savent très bien qu'ils vont être bombardés dans des immeubles de
00:18:55 civils, après ils les prennent comme boucliers humains. Le but, c'est de fanatiser
00:18:59 la rue Arabe et de casser les accords d'Abraham et ça va marcher. Aujourd'hui, la rue
00:19:03 Arabe, elle commence à en vouloir aux pays qui ont signé les accords d'Abraham, de rapprochement
00:19:07 avec Israël, donc stratégiquement, c'est horrible humainement, mais c'est stratégiquement
00:19:11 malin. - Oui, le bombardement de Gaza, et ce n'est pas la première fois, etc.
00:19:15 Vous savez, quelqu'un l'a dit très bien, et il a eu le mérite de la franchise,
00:19:19 Osama Bin Laden, il dit, vous savez, "Nous, nous aimons la mort plus que vous, vous n'aimez la vie."
00:19:23 - Eh oui. - Donc, effectivement, c'est... - C'est ce que Aboubakar Nagy
00:19:27 appelait le management du chaos, ou la gestion
00:19:31 de la barbarie, il y a eu plusieurs traductions, c'est provoquer une spirale d'action-réaction
00:19:35 pour que nos morts soient le sel de la terre, même la Bible,
00:19:39 pardon, les Vosgilles parlent des martyres sel de la terre,
00:19:43 mais c'est valable, dans une vision plus mortifère encore dans l'islam,
00:19:47 le martyre, il va susciter des vocations. Et donc, c'est quelque chose
00:19:51 de très intelligent, et je répète, à qui profite le crime ? A ceux qui ne
00:19:55 voulaient pas du rapprochement Iran-Arabie Saoudite oeuvré par les Chinois,
00:19:59 et à ceux qui étaient contre les accords d'Abraham. Or, ceux qui étaient
00:20:03 le plus ennuyés par ces avancées, c'était le Qatar
00:20:07 et les frères musulmans, qui ne l'oublions pas, sont la matrice de l'islamisme radical.
00:20:11 Ensuite, que l'Iran en profite, bien entendu, mais l'Iran en profite
00:20:15 jusqu'à une certaine mesure, la preuve, l'Iran n'a pas actionné entièrement
00:20:19 le Hezbollah. - Pour le moment, c'est clair.
00:20:23 - Ils ne vont pas à fond, parce que l'Iran, c'est le chantage permanent, comme le Qatar,
00:20:27 comme la Turquie, c'est trois par un du Hamas, ils sont du chantage permanent, ils ouvrent des feux
00:20:31 et après ils se proposent, pour négocier, regardez Erdogan, regardez le Qatar et l'Iran,
00:20:35 en même temps, ils proposent éventuellement d'offrir leur bon service, parce qu'ils sont très copains.
00:20:39 - On massacre et on négocie. Juste un mot, Alexandre Delval,
00:20:43 est-ce que vous voyez, une dernière question, est-ce que vous voyez
00:20:47 le conflit, en tout cas ce qui se passe aujourd'hui, qui est déjà terrible,
00:20:51 s'étendre, où effectivement nous allons assister
00:20:55 à un moment terrible, les gens vont hurler,
00:20:59 enfin hurler à juste titre, des bombardements terribles, et après ça va
00:21:03 se calmer jusqu'à le prochain incendie ?
00:21:07 - Alors le but de ceux qui ont fait ça, n'oublions pas que le Hamas ce ne sont pas des palestiniens en départ,
00:21:11 ce sont des islamistes qui veulent rétablir le califat et qui sont opposés
00:21:15 au nationalisme palestinien arabe classique, parce qu'ils ne veulent voir la Palestine
00:21:19 que comme une simple parcelle du califat, ils ont intérêt
00:21:23 au chaos général et bien entendu ils ont intérêt à
00:21:27 refanatiser la rue arabe, et que ça soit la Turquie, le Qatar
00:21:31 ou l'Iran, c'est trois par un du Hamas, utilisent la cause palestinienne à des fins
00:21:35 stratégiques de long terme. - C'est la rampe du lancement.
00:21:39 - Pour avoir un pied au Proche-Orient, et par contre le Qatar c'est beaucoup plus
00:21:43 psychologique, et donc effectivement le chaos général est possible,
00:21:47 en tout cas c'est le but du Hamas, ne pouvant pas vaincre l'ennemi proche,
00:21:51 essayer d'impliquer l'ami moyennement proche, moyennement lointain,
00:21:55 voire lointain, essayer de casser
00:21:59 cette spirale aujourd'hui, d'isolation, ils sont isolés les palestiniens
00:22:03 depuis qu'il y a un rapprochement Israël-Pays-Arabes, ils les ont
00:22:07 utilisés, et donc leur logique, finalement ils ont une logique énorme, ce qu'ils font est
00:22:11 stratégiquement extrêmement logique. - Merci Alexandre Delval, merci pour
00:22:15 ces éclaircissements. On suivra tout cela bien sûr.
00:22:19 Sud Radio, Bercov dans tous ses états.
00:22:23 [Bruit de tonnerre]
00:22:27 [Bruit de tonnerre]
00:22:31 - Alors, où en est-on, où en est-on
00:22:35 aujourd'hui, oui oui, les bruits, les bombes,
00:22:39 les bombes à fragmentation, etc., je vais rapidement, rapidement un point
00:22:43 sur la situation que m'a préparé Esteban Rania, mercredi 11 octobre
00:22:47 à 6h du matin, c'était ça, 50 personnes sont retenues en otage
00:22:51 selon l'armée israélienne, selon le Hamas et le djihad islamique, ils affirment
00:22:55 avoir kidnappé 130 personnes, on a vu le carnage,
00:22:59 on a entendu le carnage du kiboutz Kfar Aza,
00:23:03 et il y a d'autres kiboutz comme ça, vraiment avec massacre, le dernier
00:23:07 état du bilan d'Israël, c'est 1200 morts et plus de 2800 blessés,
00:23:11 et côté palestinien, il est passé à au moins 800 morts,
00:23:15 900 morts et plus de 4500 blessés,
00:23:19 enfin voilà, c'est, c'est, c'est,
00:23:23 qu'est-ce qu'on peut dire, c'est un décompte macabre, un décompte terrible,
00:23:27 et puis il y a aujourd'hui, évidemment, bombardement sur Gaza de l'aviation israélienne,
00:23:33 et on voudrait savoir un peu ce qui se passe justement,
00:23:37 chez les citoyens israéliens, Jean-Marc Ligning, bonjour.
00:23:41 - Bonjour. - Bonjour Jean-Marc Ligning, vous êtes avocat,
00:23:45 vous êtes, vous connaissez, vous vivez à Tel Aviv, vous travaillez
00:23:49 entre Tel Aviv et Jérusalem, d'ailleurs vous vous intéressez dans votre métier
00:23:53 énormément de, non seulement de litiges, mais de litiges politiques, de causes, etc.
00:23:57 Et comment, alors aujourd'hui, on est mercredi,
00:24:01 à l'heure où on parle, Maître Ligning,
00:24:05 comment s'est ressenti tout cela ?
00:24:09 Comment s'est ressenti comme quelque chose qui va durer, s'est ressenti avec
00:24:13 ce qu'on a eu comme images, comme reportage sur les massacres, etc.,
00:24:17 ce qu'on a aujourd'hui dans Gaza, comment s'est ressenti aujourd'hui ?
00:24:21 - Alors on s'installe, hélas, dans cette, presque cette routine de la guerre,
00:24:29 parce que cette fois c'est une guerre, c'est pas une opération.
00:24:33 Moi je suis entre Tel Aviv et Jérusalem, en ce moment même à Tel Aviv,
00:24:37 à Tel Aviv même les rues sont très calmes,
00:24:43 certains commerces sont ouverts, les commerces de première nécessité,
00:24:49 certains cafés pour, voilà, mais les rues sont très calmes.
00:24:53 - Mais il n'y a pas de vie nocturne, il n'y a pas tout cela ?
00:24:57 - Non, non, pas du tout. Tout est fermé et tôt,
00:25:01 mais c'est pas la psychose non plus,
00:25:05 même si ce qui se passe au sud et les événements des derniers jours
00:25:11 dépassent l'entendement au niveau de la violence et de la cruauté
00:25:15 qui se manifestent dans les attaques et on peut dire même les massacres
00:25:19 qui ont été perpétrés, on est quand même rodé à ce genre de situation.
00:25:25 Dans les grandes villes comme Tel Aviv, Jérusalem, ou en tout cas
00:25:29 en dehors du sud qui joustent la bande de Gaza,
00:25:33 c'est relativement calme avec, rythmé quand même par des alertes,
00:25:39 parce que dès qu'il y a des missiles qui sont envoyés
00:25:43 de la bande de Gaza vers les villes, les alertes s'activent
00:25:49 et on a, selon l'endroit où on se trouve, géographiquement,
00:25:53 loin ou près de la bande de Gaza, 15 secondes ou 1 minute ou 1 minute 30
00:26:00 pour couvrir les abris.
00:26:04 Merci, on est protégé en très grande partie par le système antimissile
00:26:11 d'hommes de fer, mais c'est pas à 100%.
00:26:18 Et donc quand il y a des milliers et des milliers de missiles
00:26:20 qui sont envoyés, évidemment, tout le monde suit les instructions
00:26:24 selon les meilleurs moyens, le meilleur moyen de se protéger.
00:26:30 Certains ont des abris chez eux à la maison, c'est notre cas,
00:26:33 mais d'autres courent vers l'étage d'escalier ou en tout cas...
00:26:37 Et Jean-Marc Lilingue, est-ce qu'on s'attend en Israël
00:26:43 à des attaques venues du nord, côté Hezbollah,
00:26:48 ou est-ce qu'en Cisjordanie, est-ce que c'est calme
00:26:53 ou est-ce qu'on sent une agitation d'après vos informations,
00:26:56 d'après ce qui se passe ?
00:26:58 Écoutez, on en parle, il y a déjà eu hier toute une série
00:27:02 d'échaufourées, d'attaques venant du nord, et du Liban et de Syrie.
00:27:09 Ça dégénère pas encore, mais on l'opprime, parce qu'évidemment,
00:27:13 si une guerre devait s'être déclarée sur plusieurs fronts,
00:27:18 déjà on est dans une situation très inquiétante,
00:27:22 mais si c'est sur plusieurs fronts, ça deviendrait d'autant plus inquiétant
00:27:27 et menaçant pour l'ensemble du pays.
00:27:31 Donc on est un peu dans l'expectative, dans l'attente,
00:27:35 en espérant que tout ça ne dégénère pas.
00:27:38 Il y a aussi certaines craintes qui concernent la Cisjordanie,
00:27:42 qui est quand même contrôlée en grande partie par l'armée israélienne.
00:27:48 Et est-ce que les choses pourraient dégénérer à l'intérieur des frontières
00:27:53 d'Israël, à l'intérieur des frontières de 48 ?
00:27:56 Oui, aussi, on ne sait pas.
00:27:59 C'est aussi possible. Jusqu'à maintenant, on pense l'éviter,
00:28:02 mais je peux vous rappeler que d'ici en mai 2021,
00:28:07 il y avait eu des échaufourées à l'intérieur même du pays,
00:28:10 très graves et très inquiétants.
00:28:13 Donc on est quand même avec un sentiment d'être vulnérable de tous les côtés,
00:28:20 et surtout avec un sentiment d'angoisse très, très profond,
00:28:23 parce qu'encore une fois, les événements de samedi, dimanche,
00:28:28 ont été d'une telle violence et d'une telle cruauté,
00:28:31 c'est pour une population israélienne quasiment du jamais vue depuis 1948,
00:28:37 et Dieu sait qu'on est rodé à cette violence.
00:28:42 Vous voulez dire que cette violence-là, cette atrocité, ces massacres,
00:28:46 on ne les avait pas vus depuis 1948 pratiquement ?
00:28:50 C'est ça, et certainement, il y a la gravité des faits,
00:28:56 la cruauté, encore une fois, on ne peut pas qualifier comme autre chose
00:29:01 que de massacre ce qui a été fait.
00:29:04 Et vous savez, en Israël, c'est un tout petit pays,
00:29:08 donc tout le monde connaît forcément quelqu'un qui a soit été tué,
00:29:14 soit qui a été enrôlé dans l'armée, sans parler, et c'est mon cas,
00:29:19 de familles que je connais, qui ont été prises en otage,
00:29:27 et dont on imagine, dont on sait pour certains qu'ils sont à Gaza.
00:29:31 Vous avez des familles que vous connaissez dont certains enfants ont été pris en otage ?
00:29:37 Oui, en effet, je peux vous citer deux cas,
00:29:41 une famille du Kiboutzbéhéri, et ça je crois que c'est un cas assez unique,
00:29:46 mais en fait c'est une famille, la famille Haran et la famille Choram,
00:29:51 et la famille Kipnis, c'est en fait une famille, plusieurs branches d'une même famille,
00:29:56 dont 11 membres ont été pris en otage à Gaza, 11 membres,
00:30:01 y compris un de leurs aides, un Philippin qui venait en aide à une personne âgée dans cette famille,
00:30:12 donc 11 membres de cette famille ont tous été pris en otage,
00:30:16 on ne sait pas s'ils sont ensemble, et s'ils sont restés ensemble,
00:30:20 et j'ai aussi moi, le fils d'Ami qui était à cette fête, ce festival musical,
00:30:26 et que le fils a été pris en otage lui aussi,
00:30:32 on sait, d'après ce qu'on sait, qu'il a été blessé,
00:30:37 et il est donc blessé à Gaza, vous imaginez les parents de sa famille et les amis.
00:30:45 Merci beaucoup Jean-Marc Lillig, on fera appel à vous, on va suivre ça,
00:30:50 c'est un drame terrible, c'est des bombardements partout, la mort, la mort, la mort qui gagne,
00:30:56 espérons qu'elle ne gagnera pas longtemps, merci beaucoup.
00:30:59 J'aimerais quand même, j'avoue que si vous m'autorisez une phrase en plus, c'est important de dire,
00:31:04 parce qu'on est tellement dans la psychose, et j'entendais un de ceux qui a posé la question avant moi,
00:31:11 avant mon intervention, qui parlait de revanche de la population israélienne qui allait se venger,
00:31:20 c'est important qu'on dit qu'on veut se protéger, on veut dépasser tout cela,
00:31:25 on n'est pas dans un état d'esprit de revanche, mais on veut mettre fin à cette violence,
00:31:29 je connais moi des Palestiniens que je considère non seulement comme des partenaires pour la paix et pour la coexistence,
00:31:36 mais aussi des gens à qui j'ai parlé ces derniers jours, qui sont absolument horrifiés par les actes de Hamas,
00:31:45 et il faudrait faire très attention dans ces périodes de tension, où en effet on n'a aucune envie,
00:31:50 c'est de réfugier auprès des siens et de répondre, mais il y aura un après,
00:31:57 et il faut déjà commencer à envisager cet après avec des gens qui peuvent être des partenaires,
00:32:02 et ils existent de part et d'autre, où les musulmans et les chrétiens sont appelés sur cette terre à vivre ensemble in fine.
00:32:10 Merci Jean-Marc Ligues, vous avez tout à fait raison de poser ces paroles d'espoir,
00:32:14 parce qu'elles sont extrêmement essentielles même.
00:32:17 Écoutez, de temps en temps, vous savez, on parle beaucoup des perles dans l'émission,
00:32:22 en général ce sont des perles de culture, et de temps en temps, de temps en temps,
00:32:26 on tombe assez exceptionnellement, surtout en ce moment, sur des perles d'inculture.
00:32:31 Écoutez.
00:32:33 Sud Radio Bercov, dans tous ses états, les perles du jour.
00:32:37 On peut se poser des questions, on peut se poser des questions,
00:32:40 un journaliste Daniel Schneiderman répondant à une tweeteuse,
00:32:44 dit ceci, a écrit ceci, dans un tweet qu'il a ensuite supprimé.
00:32:50 Qu'aurait fait le RL en propos de ce qui s'est passé samedi,
00:32:54 à propos des massacres dans les kibbutz, à propos de tout cela,
00:32:57 et voilà ce qu'il a écrit, tweeté, "Qu'auraient fait les résistants",
00:33:01 il parle des résistants de 40-44 bien sûr,
00:33:05 "si les familles allemandes avec nourrissons et grands-parents
00:33:08 étaient venues installer des colonies dans les villages français,
00:33:11 sur des terres confisquées".
00:33:13 Voilà. C'est-à-dire qu'il avait établi un parallèle extrêmement intéressant,
00:33:16 on entendait "résistants français" et "les djihadistes du Hamas".
00:33:22 Donc, pour lui, "Qu'aurait fait", pose la question,
00:33:26 mais il aurait été non pas normal, mais assez logique,
00:33:29 on pourrait comprendre que des résistants français
00:33:32 seraient allés massacrer et décapiter des bébés,
00:33:36 violer des femmes, même des femmes enceintes bien sûr,
00:33:40 auraient massacré des vieillards, des femmes, etc. sans problème, voilà.
00:33:45 Oui, les allemands se seraient installés,
00:33:48 c'est-à-dire que pendant que les allemands et les barbiers, etc.,
00:33:51 est-ce que vous avez entendu une fois un résistant français
00:33:55 qui est allé massacrer des civils ?
00:33:58 Des civils ? Et dans quelles conditions ?
00:34:02 Alors, de temps en temps, c'est intéressant,
00:34:05 parce qu'il y a des gens qui, totalement pris par leur idéologie,
00:34:08 totalement prisonniers de leur zeuillère,
00:34:11 sur laquelle, évidemment, ils n'abandonnent jamais
00:34:14 du matin à midi et soir, de l'utérus au cercueil,
00:34:17 et bien voilà. Et les résistants, il faut comprendre,
00:34:20 les djihadistes du Hamas, puisque vous avez compris,
00:34:23 les résistants, mais jamais les résistants n'auraient fait ça,
00:34:26 et jamais on ne comprendra cette comparaison,
00:34:29 il faut le dire, obscène.
00:34:32 S'il vous plaît, vous vous rappelez, auditeurs, résistants,
00:34:35 de Sud Radio, justement, que Thierry Breton,
00:34:38 le commissaire européen, Thierry Breton, avait lancé
00:34:41 un avertissement solennel à Elon Musk,
00:34:44 le nouveau patron de Twitter, qui s'appelle X aujourd'hui.
00:34:47 Il a dit "Attention, c'est avant le 28 août, attention,
00:34:50 terminé, Elon Musk fera ce qu'on lui dit de faire.
00:34:53 Les propos qu'on ne croit pas bien,
00:34:56 les propos soit de haine, soit injurieux,
00:34:59 soit attaquant telle ou telle ou telle,
00:35:02 non, non, non, l'Union Européenne, ça ne marche plus du tout.
00:35:05 Ursula, on est d'accord avec Ursula,
00:35:08 on va y mettre le grain, il ne pourra pas faire ce qu'il veut.
00:35:11 Bon, très bien. Et puis là,
00:35:14 avec ce qui se passe avec, effectivement,
00:35:17 le frontière Gaza-Israël et compagnie, le Hamas et tout ça,
00:35:20 le 10 octobre, c'est-à-dire hier,
00:35:23 Thierry Breton a envoyé
00:35:26 une lettre à Elon Musk,
00:35:29 "Dear Mr. Musk", je ne vais pas vous donner la lettre entière,
00:35:32 elle est très longue, sa lettre, elle est très longue,
00:35:35 il dit "Voilà ce que dit Thierry Breton,
00:35:38 à la suite des attaques terroristes menées par le Hamas contre Israël,
00:35:41 nous posions d'indications selon lesquelles votre plateforme,
00:35:44 donc Twitter X, est utilisé pour diffuser
00:35:47 des contenus illégaux et de la désinformation
00:35:50 dans l'Union Européenne. Nous avons reçu de sources qualifiées
00:35:53 des rapports sur des contenus potentiellement illégaux
00:35:56 circulant sur votre service malgré les signalements
00:35:59 des autorités compétentes." Et il finit,
00:36:02 "Voilà, je vous conjure de nous donner une prompte
00:36:05 réponse d'ici 24 heures.
00:36:08 Nous inclurons effectivement votre réponse
00:36:11 et je vous dis quelque chose que,
00:36:14 attention parce qu'il se fait légèrement menaçant
00:36:17 Thierry Breton, il y aura une enquête
00:36:20 et effectivement si vous ne
00:36:23 respectez pas ce que nous avons décidé,
00:36:26 eh bien il y aura des sanctions qui pourront être
00:36:29 imposées. Voilà. Attention, Mr. Musk,
00:36:32 attention, eh bien juste un mot,
00:36:35 Elon Musk répond, notre politique, vous savez,
00:36:38 il est pendu par trois lignes, il y a aux 25 lignes de Breton,
00:36:41 notre politique est que tout est open source, tout est transparent,
00:36:44 une approche que l'Union Européenne soutient, je le sais.
00:36:47 Veuillez, Monsieur Breton, lister les violations auxquelles
00:36:50 vous faites allusion sur X, afin que le public puisse les connaître
00:36:53 parce qu'il n'y a aucun exemple que donne Thierry Breton.
00:36:56 Voilà ce qui s'appelle entre un commissaire
00:36:59 et un libertaire. Intéressant, non ?
00:37:02 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:37:05 Le face à face.
00:37:08 13h05 sur Sud Radio, André Bercov reçoit
00:37:11 aujourd'hui pour le face à face Marie-Estelle Dupont,
00:37:14 psychologue clinicienne et auteure de ce nouveau livre qui sort demain
00:37:17 en librairie "Être parent en temps de crise, comment restaurer
00:37:20 l'équilibre psychique de nos enfants ?" C'est publié chez Guitre et Daniel.
00:37:23 Et d'abord je dois vous dire que Marie-Estelle Dupont
00:37:26 est sulfureuse. Non seulement elle est sulfureuse, mais
00:37:29 elle est provocatrice. Imaginez-vous que sur la couverture de son livre,
00:37:32 que je recommande par ailleurs mais nous en reparlerons,
00:37:35 elle met "Être parent en temps de crise, comment restaurer
00:37:38 l'équilibre psychique de nos enfants ?" et le dessin montre
00:37:41 - je vous tiens à l'envers, j'assure, je suis un peu choqué, mais
00:37:44 bon, il faut accepter même des oppositions -
00:37:47 un homme et une femme et un enfant. Un homme et une femme ?
00:37:50 Mais qu'est-ce que c'est ? Enfin, je veux dire, vous savez très bien
00:37:53 Marie-Estelle Dupont que maintenant c'est plus ça du tout. Je veux dire,
00:37:56 il n'y a pas femme et homme, ça n'existe pas.
00:37:59 - Vous savez très bien André que je suis irrécupérable. - Voilà, voilà.
00:38:02 Terrible. Alors soyons sérieux.
00:38:05 Effectivement, vous faites, et je trouve que c'est, enfin, personnellement
00:38:08 c'est le meilleur de vos livres jusqu'ici parce que
00:38:11 - Merci beaucoup. - vous avez fait quelque chose
00:38:14 de très remarquable qui est
00:38:17 du point de vue des parents et des enfants,
00:38:20 la psychologue que vous êtes a fait le bilan
00:38:23 de "C'est pas une guerre, ça n'a rien à voir
00:38:26 avec ce qui se passe ailleurs,
00:38:29 nous ne comparons pas ce qu'il n'y a pas à comparer".
00:38:32 Mais depuis le 16 mars 2021,
00:38:35 le traumatisme initial, on peut dire,
00:38:38 c'est-à-dire le début du confinement, ça fait 3 ans et demi
00:38:41 aujourd'hui, eh bien vous avez vu, maintenant
00:38:44 on a le recul, et vous avez eu le recul, et pour ça que le livre est intéressant,
00:38:47 qu'est-ce qui s'est passé, qu'est-ce qui se passe
00:38:50 au niveau des enfants, au niveau des parents ?
00:38:53 Et rappelez-nous justement, au fond,
00:38:56 comment est tombée dans cette espèce de management
00:38:59 de la peur, la pluie des interdits ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
00:39:02 Merci de votre invitation et merci de m'avoir fait sourire
00:39:05 parce que je vous disais avant l'émission que j'arrivais vraiment le coeur
00:39:08 très très lourd depuis 3 jours avec tout ce qui se passe en Israël
00:39:11 et j'ai vraiment une pensée pour mes patients et mes amis
00:39:14 qui sont en train de perdre des gens là-bas.
00:39:17 Et je trouve qu'on ne l'a pas assez exprimé en France.
00:39:20 Pour revenir à ce livre,
00:39:23 oui, je repars en fait de la scène traumatique initiale
00:39:26 pour essayer d'expliquer en fait ce que c'est que la logique du trauma.
00:39:30 En fait, le 16 mars 2020, il y a cette scène inaugurale,
00:39:34 c'est-à-dire en 4 heures, les restaurateurs doivent avoir
00:39:37 vidé les congélateurs, on doit se faire
00:39:40 une attestation pour faire sortir le chien,
00:39:43 donc c'est d'ailleurs que la vie s'arrête, tous les repères vacillent,
00:39:46 tout ce qui était assuré vole en éclat,
00:39:49 et à partir du moment où, si vous voulez, il y a la possibilité
00:39:52 du confinement,
00:39:55 les gens, après le confinement, vont pour beaucoup se dire
00:39:58 "tout m'est pas ça". Et là, on rentre dans la logique du trauma,
00:40:01 c'est-à-dire qu'on est prêt à accepter un pass, on est prêt à accepter
00:40:04 tout un tas de mesures qui sont en fait, pour beaucoup,
00:40:07 délétères, je le montre dans le livre, contraires non seulement
00:40:10 à une démocratie, mais contraires au développement de l'enfant,
00:40:13 et en fait, on va être prêts à les accepter quand on est dans la logique
00:40:16 du trauma, parce que la logique du trauma, c'est bien sûr "tout m'est pas ça".
00:40:19 Donc dans le livre, je reviens sur ce qu'est un trauma,
00:40:22 comment le cerveau se dissocie face à
00:40:25 une agression qui est chronique et répétée dans le temps,
00:40:28 quand l'individu perd la possibilité de lutter
00:40:31 contre une situation, et notamment les enfants n'avaient pas
00:40:34 de prise, les enfants, sur la situation, c'est-à-dire qu'ils voyaient
00:40:37 leurs parents en difficulté, et ils ne pouvaient pas changer la donne.
00:40:40 Donc, qu'est-ce qu'ils ont fait pour beaucoup ? Ils se sont passés en
00:40:43 hypoactivation, c'est-à-dire qu'ils se sont effondrés, résignés,
00:40:46 repliés sur eux-mêmes, avec un cortège de symptômes
00:40:49 que je décris dans le livre, que ce soit des bébés jusqu'aux adolescents...
00:40:52 - Mais donnez-nous des exemples concrets, Marie-Estelle.
00:40:55 - Comment on s'adapte à quelque chose qui est contraire à nos besoins ?
00:40:58 Eh bien, ça va être par des somatisations diverses,
00:41:01 des maux de ventre, des manifestations anxieuses,
00:41:04 une perte de l'appétit, une perte de projection,
00:41:07 on a vu quand même 52% des étudiants durant l'hiver 2021
00:41:10 qui disaient vouloir arrêter leurs études, c'est-à-dire que
00:41:13 dans ce climat très anxiogène, mais sur lequel ils se sentaient
00:41:16 non seulement impuissants, mais potentiellement coupables, parce qu'on les a
00:41:19 beaucoup, beaucoup culpabilisés, les enfants, il y a eu vraiment cette inversion
00:41:22 des places, où les enfants devenaient potentiellement dangereux
00:41:25 pour les adultes. - Je peux vous rappeler juste,
00:41:28 pour aller dans votre sens, mais l'illustration
00:41:31 pour moi la plus forte, ça a été sur toutes les télévisions,
00:41:34 la vidéo où on voyait une petite fille qui allait
00:41:37 embrasser sa grand-mère, et la grand-mère intubée.
00:41:40 Mais ça traduit quoi ?
00:41:43 Je débarque chez les gens qui ont fait cette vidéo,
00:41:46 dans leur psyché, c'était quoi ? - Alors, bien sûr,
00:41:49 c'est ce que j'explique dans l'livre, c'est qu'on a été soumis à
00:41:52 un management par la peur. On en avait parlé d'ailleurs à votre micro,
00:41:55 et en fait, à partir du moment où vous activez
00:41:58 les mécanismes de peur, vous obtenez une déconnexion
00:42:01 de la rationalité chez l'individu, une déconnexion du lobe frontal,
00:42:04 la personne ne raisonne plus, elle va réagir
00:42:07 de manière... la peur est mauvaise conseillère,
00:42:10 comme elle est dans la panique, elle va cesser de réfléchir,
00:42:13 cesser de nuancer, cesser de distancier, la grande majorité
00:42:16 de la population va finalement se soumettre à des injonctions
00:42:19 dont elle sait qu'elles sont peut-être excessives
00:42:22 ou inappropriées, mais on va jouer sur la peur de l'ostracisation,
00:42:25 la peur d'être criminalisée, montrer du doigt,
00:42:28 etc. - La peur d'être différent des autres. - Et en fait, ce que j'explique
00:42:31 dans mon livre, c'est que dans la société contemporaine
00:42:34 qui s'appelle une démocratie, qui n'est donc pas ouvertement
00:42:37 un régime totalitaire ou dictatorial,
00:42:40 on n'impose pas, on empêche en fait, c'est-à-dire qu'en jouant
00:42:43 sur les peurs d'être ostracisé, d'être marginalisé, de mettre
00:42:46 notre enfant en difficulté en le déscolarisant, etc.
00:42:49 on met les gens dans une situation
00:42:52 finalement impossible, où soit ils s'adaptent,
00:42:55 ils se soumettent et ils cessent de réfléchir,
00:42:58 soit ils risquent de mettre leurs enfants en difficulté,
00:43:01 c'est ce qu'on a vu pour beaucoup de parents qui ont déscolarisé leurs enfants
00:43:04 et qui étaient en grande difficulté matérielle
00:43:07 pour tenir l'enseignement à la maison, et donc
00:43:10 l'individu, dans ces moments-là, soit il se
00:43:13 dissocie pour supporter la situation, et donc il perd le contact
00:43:16 avec ses affects, donc il n'est plus du tout empathique, il n'est plus
00:43:19 en colère, finalement il est complètement résigné, complètement zombifié,
00:43:22 il fait tout ce qu'on lui dit, soit
00:43:25 il s'effondre, et donc c'est ce qui explique le cortège de symptômes psychiatriques
00:43:28 qu'on a encore trois ans après. - Oui, alors justement, attendez,
00:43:31 c'est intéressant ça, parce que vous dites ça, mais
00:43:34 à un moment donné, le confinement s'est arrêté,
00:43:37 les masques ont été ôtés, enfin en tout cas dans
00:43:40 la quasi-majorité, les gestes barrières, etc.
00:43:43 Et ça continue, pour certains ?
00:43:46 Ce traumatisme continue ? - Alors,
00:43:49 chez les adultes, pas du tout autant que chez les jeunes,
00:43:52 mais il faut comprendre que c'est arrivé
00:43:55 chez les moins de 20 ans, à une période de leur vie où ils n'avaient pas
00:43:58 tellement d'autres référentiels pour les plus jeunes,
00:44:01 et surtout à un âge où, et ça,
00:44:04 beaucoup de médecins l'ont dit, beaucoup de la société
00:44:07 française de pédiatrie l'a rappelé, c'est arrivé à un âge
00:44:10 où le développement de l'enfant
00:44:13 nécessite et exige, je veux dire, si vous vous privez d'aller au cinéma,
00:44:16 il n'y a pas de trauma. Un enfant qui ne peut pas faire de sport,
00:44:19 un enfant à qui on dit "tu vas tuer ta grand-mère", un enfant à qui on dit
00:44:22 "si tu sors, t'es dangereux", un enfant à qui on empêche l'accès à l'école
00:44:25 et on impose un écran toute la journée,
00:44:28 c'est un enfant à qui on prescrit de faire tout l'inverse de ce dont
00:44:31 il a besoin pour devenir un adulte équilibré. Donc, chez ceux-là,
00:44:34 il y a une vraie, ce que j'appelle la souffrance,
00:44:37 enfin ce que je décris comme la souffrance narcissique identitaire, il y a une vraie
00:44:40 entrave qui a été mise à leur construction psychique.
00:44:43 Et chez les bébés qui sont nés pendant le confinement, les études
00:44:46 biologiques le montrent aujourd'hui, il y a une réduction
00:44:49 des erreurs cérébrales liées aux compétences sociales
00:44:52 et chez certains, au langage. - Et on l'a vu, ça relève maintenant aujourd'hui.
00:44:55 - Oui, mais ce qui est formidable, enfin ce qui est formidable, je suis
00:44:58 très ironique quand je le dis, je le décris dans le livre, en fait
00:45:01 on est dans la société du chiffre.
00:45:04 Les chiffres, ça ne se discute pas.
00:45:07 Et donc, quand vous êtes dans une société qui a délaissé
00:45:10 finalement le vivant pour les algorithmes,
00:45:13 on va dire à tous les cliniciens qui en 2020
00:45:16 disaient "attendez, attendez, attendez, il faut quand même
00:45:19 penser aux dégâts collatéraux, qu'on protège du Covid, les âgés,
00:45:22 etc. Oui, oui, très bien, mais les enfants, on doit aussi les protéger d'autres
00:45:25 choses, notamment de la souffrance psychique,
00:45:28 d'être confinés avec des parents qui boivent, etc. Quand on disait ça,
00:45:31 parce que nous, cliniciens, on voyait les enfants s'effondrer,
00:45:34 on disait "mais attendez, dans les crèches, il y a des retards de parole pour ceux qui rentrent
00:45:37 en maternelle", on nous disait "non, non, mais vous êtes une maman
00:45:40 trop inquiète, vous êtes ceci, vous êtes cela". - Oui, vous avez trois enfants.
00:45:43 - On ne voulait pas entendre les cliniciens, et nous, les cliniciens, on est sur le terrain.
00:45:46 Donc, on voyait la catastrophe arriver de la vague pédopsychiatrique.
00:45:49 Et puis, comme on est dans une société du chiffre, on nous dit "attendez,
00:45:52 les chiffres, mais quand les chiffres arrivent, c'est beaucoup trop tard".
00:45:55 Et donc, aujourd'hui, on nous dit "Santé publique France athèse,
00:45:58 des passages aux urgences pour gestes suicidaires, il y a les études qui le montrent".
00:46:01 Et nous, on est là "bah oui, évidemment que les études le montrent", mais en fait, la clinique,
00:46:04 elle existe. Et dans la société des algorithmes, seuls les chiffres
00:46:07 comptent. Et quand seuls les chiffres comptent, malheureusement, on prend des
00:46:10 mesures trop tard. - On en parle tout de suite
00:46:13 après cette petite pause avec Marie-Estelle Dupont.
00:46:16 Les parents, les enfants, comment être parent
00:46:19 en temps de crise ? - Avec Marie-Estelle Dupont et avec vous, bien sûr,
00:46:22 au 0826 300 300, au téléphone
00:46:25 ou bien sur Facebook et Youtube, on prend tous vos commentaires.
00:46:28 A tout de suite sur Sud Radio.
00:46:29 13h19 sur Sud Radio, nous sommes avec vous
00:46:33 jusqu'à 14h aujourd'hui. André Bercoff reçoit Marie-Estelle Dupont
00:46:36 qui vient nous voir pour son nouveau livre "Être parent en temps de crise,
00:46:39 comment restaurer l'équilibre psychique de nos enfants". C'est publié
00:46:42 chez Guitre et Daniel. - Alors, Marie-Estelle Dupont,
00:46:45 on a commencé à parler
00:46:48 des dégâts et des dommages non-collatéraux.
00:46:51 Ce ne sont pas des dommages collatéraux de ce qui s'est passé
00:46:54 effectivement depuis l'instauration de ce
00:46:57 confinement et nos auto-attestations.
00:47:00 Qu'est-ce qu'il y aurait à dire ? D'ailleurs, on l'a déjà dit
00:47:03 sur l'incroyable, l'incroyable
00:47:06 gloubiboulga de mesures
00:47:09 où tout est son contraire. Mais vous parlez
00:47:12 de fenêtre de tolérance, que voulez-vous dire par là ?
00:47:15 - Oui, en fait, je réexplique ce que c'est que le trauma. Donc le trauma, c'est un événement
00:47:18 qui vient faire effraction dans les limites psychiques ou physiologiques
00:47:21 d'un organe ou d'un individu. Et donc,
00:47:24 face à un stress, à un stresseur externe,
00:47:27 on a tous une fenêtre de tolérance qui est variable.
00:47:30 Variable en fonction de notre histoire, de notre personnalité, de notre résilience, etc.
00:47:33 Quand on est au milieu
00:47:36 de la fenêtre, avant un examen, on est normalement
00:47:39 stressé, normalement mobilisé, mais c'est un stress qui n'est pas
00:47:42 sidérant, qui mobilise. C'est du bon stress, on reste
00:47:45 dans sa fenêtre. Quand le
00:47:48 trauma est répétitif, chronique, avec une maltraitance ou qu'il est
00:47:51 extrême, par exemple un viol, les victimes de viol vous disent bien
00:47:54 qu'à un moment donné, il y a quelque chose qui lâche et elles se sentent
00:47:57 derrière une vitre et elles assistent à la scène, mais elles ont l'impression de ne plus être là,
00:48:00 d'être mortes. Et en fait, ça correspond à un événement
00:48:03 physiologique dans le cerveau, c'est-à-dire que sous l'effet du stress, vous avez
00:48:06 des hormones de stress qui fonctionnent, de la noradrénaline, de l'adrénaline,
00:48:09 du cortisol, etc. Et pour éviter à un moment donné
00:48:12 qu'il y ait un accident vasculaire cérébral ou cardiaque
00:48:15 parce qu'il y a trop d'hormones, un signal d'alarme
00:48:18 qui devient trop violent, ces hormones sont
00:48:21 encapsulées par le cerveau et il y a
00:48:24 une pluie d'hormones anesthésiantes, la morphine et la
00:48:27 kétamine. Et donc ça, ça va nous faire passer en hypoactivation
00:48:30 et donc dans notre fenêtre de tolérance, vous pouvez voir
00:48:33 que quand les enfants sortent de leur fenêtre de tolérance, soit
00:48:36 ils sont trop dans le stress et c'est la phase où ils sont encore
00:48:39 anxieux, en colère, agités, agressifs, etc.
00:48:42 Et puis tout d'un coup, pouf, ils s'effondrent et c'est ce qui
00:48:45 fait dire à certains adultes "mais non, mais ils vivent très bien le masque, ils ne s'en
00:48:48 en plaignent pas", etc. Et en fait, ils se sont mis
00:48:51 un petit peu congelés. - Vous voulez dire, ils se sont
00:48:54 mis comme dans un iglot, comme ça ? - Exactement.
00:48:57 Ils se sont un petit peu mis en hibernation, sauf que c'est un âge où
00:49:00 c'est très très grave d'être en hibernation, puisque
00:49:03 vous n'allez plus vers les autres, vous êtes renfermé, vous êtes triste, vous êtes
00:49:06 apathique, vous êtes indifférent, et donc évidemment, tout ce qu'à
00:49:09 ce moment de votre vie, vous avez besoin d'apprendre dans les interactions
00:49:12 avec l'autre, ça disparaît. - Est-ce que
00:49:15 juste un mot, pas un détail, mais quand même qui n'est pas
00:49:18 rien, est-ce que les enfants qui voyaient par exemple leur prof revêtant
00:49:21 un masque et donc ils ne voyaient plus la bouche en train de s'exprimer, même
00:49:24 leurs parents aussi, etc., est-ce que ça faisait
00:49:27 partie de cette espèce de sidération ou de
00:49:30 d'intolérance qu'ils ont vécu ? - En fait,
00:49:33 déjà, ça leur transmettait un message très très anxiogène,
00:49:36 c'est-à-dire que l'autre est un danger, j'ai une petite fille qui est arrivée en me disant
00:49:39 "je ne sais pas si je vais embrasser ma maman, parce que quand on s'embrasse, on se touche".
00:49:42 Donc il fallait que je transforme les séances de thérapie en cours
00:49:45 de biologie, en lui expliquant qu'elle avait des défenses immunitaires,
00:49:48 que les câlins avec maman, c'était aussi très important pour ne pas être
00:49:51 en dépression. Donc quand ils ne voyaient jamais
00:49:54 le visage de leur prof, bien sûr qu'on s'affaisse, qu'on est moins dans l'interaction
00:49:57 et puis que les profs étaient
00:50:00 en difficulté pour transmettre, parce qu'aller apprendre l'anglais
00:50:03 avec un masque sur la bouche, c'est quand même un peu compliqué.
00:50:06 Donc ça a évidemment amené à un décrochage
00:50:09 scolaire pour beaucoup et les enseignants qui me parlent aujourd'hui me disent
00:50:12 que ceux qui étaient l'année du confinement en CP
00:50:15 c'est absolument catastrophique, parce qu'ils savent à peine tenir un stylo,
00:50:18 on doit tout reprendre depuis le début et puis les enfants ont lâché
00:50:21 puisque l'école n'était plus un lieu d'apprentissage,
00:50:24 l'école était un lieu d'évitement du microbe. Donc il y avait des profs
00:50:27 qui ouvraient les portes avec leurs pieds pour ne pas toucher la clanche.
00:50:30 Donc on a eu des situations absolument ambuesques où finalement
00:50:33 l'enfant était dans la peur, dans l'anxiété. Et ça, on sait que ça
00:50:36 met trop de cortisol dans le cerveau et que le cortisol peut
00:50:39 craver les apprentissages et la mémoire de la même manière que quand il y a
00:50:42 des conflits à la maison, que ça gueule toute la journée, on ne peut pas apprendre ces leçons.
00:50:45 C'est du bon sens. - Oui, mais alors justement, je ne veux pas me faire l'avocat du diable,
00:50:48 c'est le cas de le dire, mais enfin, les gouvernants
00:50:51 peuvent vous dire, enfin les autorités, d'ailleurs c'est pas seulement en France,
00:50:54 ça a été dans le monde, disent "oui mais enfin il fallait bien protéger du virus,
00:50:57 qu'est-ce que vous voulez, d'accord, ce que vous me décrivez c'est très très bien,
00:51:00 mais enfin c'est très bien, mais il fallait protéger du virus,
00:51:03 qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse, il ne fallait rien faire ?
00:51:06 Qu'est-ce que vous répondez à ça ? - Non mais alors, attendez, moi mon métier de psychologue,
00:51:09 c'est pas de dire ce qu'il fallait faire par rapport au Covid,
00:51:12 c'est de dire "attention, ne soyons pas dans une pensée binaire,
00:51:15 ne soyons pas dans le déni, ça n'est pas parce qu'on prend une mesure pour un...
00:51:18 La santé n'est pas... Il y a eu un basculement anthropologique,
00:51:21 si vous voulez, c'est-à-dire qu'on a redéfini la santé comme l'évitement d'un virus
00:51:24 et comme un chiffre de circulation virale. Je suis désolée,
00:51:27 l'OMS dit bien que la santé c'est un état global
00:51:30 d'équilibre, y compris social, et donc que pour un enfant,
00:51:33 et la maladie, c'est madame Christelle Gralegen
00:51:36 qui n'est quand même pas une complotiste, elle l'a bien rappelé,
00:51:39 les enfants n'étaient outillés pour lutter contre le virus,
00:51:42 ils n'étaient pas pour gérer les mesures. Et je vous rappelle
00:51:45 que le Covid a fait plus de morts par suicide chez les enfants
00:51:48 que par infection. Donc moi mon rôle de psychologue, c'est de dire
00:51:51 "quand on prend des mesures,
00:51:54 attention, est-ce que le remède ne soit pas pire que le mal
00:51:57 et est-ce qu'on respecte les besoins de l'enfant ?" Je rappelle quand même que
00:52:00 dans les stades de développement de l'enfant, les besoins sont physiologiques,
00:52:03 émotionnels, d'accomplissement physique et psychique, de reconnaissance,
00:52:06 de stabilité, de repère, c'est pas moi qui le dis, ce sont toutes les conventions
00:52:09 internationales des droits de l'enfant citées par l'UNESCO.
00:52:12 Et je crois que
00:52:15 on a mis de côté toute la santé, à l'exception du Covid.
00:52:18 On a bien vu d'ailleurs les syndromes de glissement que ça engendrait chez des personnes
00:52:21 âgées qui du coup mouraient pas du Covid mais mouraient de tristesse.
00:52:24 - Tout à fait, et quand on voit les chiffres, on voit
00:52:27 très bien ce qui s'est passé. En fait, ce qu'il y a eu
00:52:30 et juste un mot là-dessus, on va continuer d'en parler
00:52:33 avec vous, c'est que moi
00:52:36 ce qui m'a frappé, alors justement, là aussi la psychologue,
00:52:39 c'est que quand même, il y a eu une acceptation pratiquement
00:52:42 unanime. Il y a eu quelques personnes qui
00:52:45 sont mises en marge, mais l'acceptation a été ça.
00:52:48 On se rappelle pendant les deux premières années, tous vaccinés, tous
00:52:51 protégés, tout va bien, dans le meilleur des mondes, etc.
00:52:54 Et vous étiez vraiment regardé comme une espèce de
00:52:57 enfin, je ne veux pas revenir là-dessus, mais je ne veux pas parler des vaccins,
00:53:00 je parle du regard qu'on avait sur ceux qui ne se conformaient pas
00:53:03 à la doxa
00:53:06 que nous avions du matin au soir, à la télévision et ailleurs.
00:53:09 - Oui, oui, bien sûr. Je me rappelle de choses assez cocasses.
00:53:12 D'ailleurs, je me suis fait traiter de criminel parce que je disais qu'il fallait faire des bisous
00:53:15 aux nourrissons pour pas laisser le bébé se déprimer en fait.
00:53:18 Je crois que si vous voulez, il y a eu
00:53:21 une mystérisation du débat et une impossibilité
00:53:24 de penser. Je reviens dessus dans le livre
00:53:27 parce que la crise sanitaire n'a pas été
00:53:30 le début de quelque chose, enfin la crise de la Covid-19,
00:53:33 pardon, n'a pas été le début de quelque chose, ça a été l'aboutissement d'un processus
00:53:36 à l'œuvre depuis 40 ans. C'est-à-dire que depuis 40 ans, notre démocratie
00:53:39 se transforme en bureaucratie et il y a eu
00:53:42 des mécanismes de
00:53:45 virtualisation de l'existence, de réduction au numérique
00:53:48 de gestion, de management par la peur. On l'a dit, je reviens
00:53:51 sur tout ça. Et aussi dans la formation des médecins. La formation des médecins
00:53:54 n'est plus la même aujourd'hui qu'il y a deux générations.
00:53:57 Aujourd'hui, les jeunes médecins n'ont pas fait leur humanité. Ils sont formés
00:54:00 à coup de QCM et de stages et de bisuitages traumatisants
00:54:03 qui les dissocient de leur affect. Les médecins, on leur dit,
00:54:06 j'en ai en sixième année de médecine qui pleurent dans mon bureau en me disant
00:54:09 "Mon chef de service m'a dit que je ne pouvais pas parler aux patients parce que je perdais mon temps".
00:54:12 Donc si vous voulez, quand on déshumanise ceux qui
00:54:15 soignent, évidemment qu'on a des exécutants
00:54:18 de choses absurdes qui, par peur d'être mis de côté,
00:54:21 ne vont pas penser les choses. Il y en a qui l'ont pensé, il y en a
00:54:24 qui ont continué à penser. Mais on était un peu pointés du doigt quand on
00:54:27 osait penser parce qu'on était dangereux.
00:54:30 - On va en reparler tout de suite parce que je voudrais rester là-dessus
00:54:33 sur ce serment d'Hippocrate, parce qu'il y a eu
00:54:36 vraiment des problèmes là-dessus. On se retrouve juste après
00:54:39 cette petite pause avec Marie-Estelle Dupont. - On continue cette discussion
00:54:42 avec vous au 0826 300 300. Vous nous appelez.
00:54:45 Emmanuel, nous vous attendons au standard 0826 300 300.
00:54:48 A tout de suite sur Sudario.
00:54:50 - Et évidemment avec Marie-Estelle Dupont qui, elle, est dans tous les états,
00:54:53 mais elle sait sa vocation et son métier.
00:54:56 Elle est psychologue, je le rappelle, être parent en temps de crise.
00:55:00 Alors justement, on parlait de la formation des médecins,
00:55:03 une nouvelle formation, enfin la version d'aujourd'hui.
00:55:06 Marie-Estelle Dupont, et je rappelle quand même
00:55:09 que le serment d'Hippocrate, c'est une nuire à points,
00:55:12 "non in etant guéré". - Primo. - Primo, voilà, exactement, pardon.
00:55:15 Et puis l'autre, quand même, le consentement éclairé.
00:55:18 Or, où était le consentement ?
00:55:21 Et où était l'éclairage dans cette histoire ?
00:55:24 - Surtout, où était l'éclairage ?
00:55:27 - C'est quand même, quand on y pense, c'est quand même hallucinant.
00:55:30 Et en fait, parce que je voudrais qu'on parle aussi,
00:55:33 et c'est à la psychologue que je m'adresse, et à l'auteur, à l'écrivain,
00:55:36 qu'est-ce qui s'est passé ?
00:55:39 On parlait des enfants, et vous avez très bien décrit,
00:55:42 et il est très bien décrit dans votre livre,
00:55:45 ce qui peut se passer pour les enfants quand on instaure...
00:55:48 - Un climat de peur.
00:55:51 - Mais qu'est-ce qui se passe pour les adultes,
00:55:54 et spécialement, comment les parents ont géré ça ?
00:55:57 Parce que, encore une fois, pas de consentement,
00:56:00 si vous n'avez pas votre passe sanitaire,
00:56:03 votre passe vaccinale, vous ne sortez pas, vous ne bougez pas, etc.
00:56:06 Je ne parle pas des relations avec les grands-parents
00:56:09 qui étaient en EHPAD ou ailleurs.
00:56:12 Et qu'est-ce qui a fait qu'il y a eu cette espèce d'extraordinaire consensus,
00:56:15 consentement, oui, mais c'est comme ça,
00:56:18 sans aller jusqu'aux balances de 1000 grammes,
00:56:21 vous savez, la servitude volontaire, qu'est-ce qui s'est passé ?
00:56:24 - Pour beaucoup de gens, il n'y a pas eu de consentement.
00:56:27 On a joué, en fait, sur un non-consentement,
00:56:30 mais avec une sidération qui est arrivée tellement vite
00:56:33 qu'il y a une logistique quand on est parent.
00:56:36 Aujourd'hui, on est dans une société
00:56:39 où, très majoritairement,
00:56:42 le père et la mère, quand ils sont encore en couple,
00:56:45 travaillent tous les deux.
00:56:48 Donc, la société moderne a abîmé la famille.
00:56:51 C'est-à-dire que, déjà, il y a énormément de divorces,
00:56:54 c'est l'objet d'un de mes livres,
00:56:57 où les deux parents sont ensemble, de toute façon,
00:57:00 la nécessité économique fait que les deux parents sont obligés
00:57:03 et peuvent difficilement se mettre, surtout s'ils ont leur propre entreprise,
00:57:06 en congé parental pour faire face.
00:57:09 Donc, il y avait une urgence de la logistique,
00:57:12 une urgence économique, le besoin de remplir le frigo
00:57:15 a primé sur, à ce moment-là, d'autres besoins de l'enfant.
00:57:18 C'est bien pour ça que, dans le livre, je dis,
00:57:21 s'il vous plaît, ne vous jugez pas les uns les autres.
00:57:24 C'est pour le bien de la famille.
00:57:27 À partir de ce moment-là, il y a les parents qui ont été
00:57:30 pris de cours, qui n'ont pas eu le temps de s'organiser,
00:57:33 il y a les parents aussi qui sont, depuis 40 ans,
00:57:36 ma génération, on est quand même dans une société
00:57:39 où la baisse de l'instruction, la baisse de la culture,
00:57:42 l'entrisme idéologique à l'école fait que,
00:57:45 à part ceux qui ont eu un environnement familial où ils ont eu accès
00:57:48 à de la culture, je suis désolée, mais on a peu,
00:57:51 moi déjà, ma génération, de notions d'histoire, de notion de philosophie.
00:57:54 C'est-à-dire que, comme on a une baisse de l'instruction,
00:57:57 on a une baisse du discernement. Comment on fait pour exercer sa liberté
00:58:00 et son esprit critique quand on n'a pas de discernement ? C'est beaucoup plus difficile.
00:58:03 Et puis que, quand vous entendez des choses répétées
00:58:06 en boucle, en boucle, en boucle, en boucle,
00:58:09 c'est ce que dit Milozes, d'ailleurs, à propos des démocraties populaires
00:58:12 dans son livre sur la pensée captive.
00:58:15 Il dit bien, en fait, globalement, chaque citoyen
00:58:18 n'est pas d'accord, mais comme il répète tous les jours la liturgie
00:58:21 du régime, pour ne pas être ostracisé, il finit par adhérer
00:58:24 à ce qu'il répète. - Mais est-ce qu'il n'a pas surtout peur des sanctions ?
00:58:27 - Je crois que l'instinct grégaire fait partie de l'instinct
00:58:30 de survie et qu'il y avait une telle peur de perdre son boulot,
00:58:33 de voir son enfant moquer parce qu'il était
00:58:36 déscolarisé, etc., que, voilà,
00:58:39 les parents aussi géraient avec leur personnalité et leur histoire. C'est ce que je dis
00:58:42 dans le livre. Je crois que quand on a fait l'expérience de l'emprise,
00:58:45 qu'on est capable de déconstruire
00:58:48 un narratif et d'introduire de la nuance,
00:58:51 on est déjà plus outillé pour ne pas céder à la peur
00:58:54 et donc pour temporiser auprès de son enfant et lui dire "oui, tu entends ça,
00:58:57 mais attends, je te rappelle que... et ton corps a des
00:59:00 défenses immunitaires." Parce qu'il y a vraiment eu
00:59:03 une explosion des troubles hypochondriaques et phobiques
00:59:06 chez les enfants. Je veux dire, moi j'avais des enfants qui voulaient pas toucher mon bureau
00:59:09 sans l'avoir désinfecté parce qu'ils pensaient qu'il y avait des germes dessus.
00:59:12 Et j'ai leur expliqué qu'en fait, les bactéries, les gerbes et les microbes existaient depuis la nuit
00:59:15 des temps, y compris dans leur intestin, pour qu'ils soient pas
00:59:18 en état de panique. Donc, c'est quand même très préoccupant
00:59:21 de mettre des enfants dans un état d'obsession hypochondriaque.
00:59:24 - Et non seulement ça, pour reparler aux parents, moi je me rappelle,
00:59:27 enfin, on l'a tous vécu, des moments où effectivement
00:59:30 et c'était en pleine masque, je me rappelle très bien,
00:59:33 c'était à une gare, je crois que c'était la gare de la Bôle, juste,
00:59:36 j'avais le masque au-dessous du nez à un moment donné. Et je me rappelle
00:59:39 d'une dame, je sais pas si on le disait, qui s'est mis à hurler
00:59:42 en disant "mais vous, vous pouvez crever quand vous voulez, mais vous allez pas crever,
00:59:45 mais là, vous me contaminez", alors que j'étais à 5 mètres d'elle.
00:59:48 C'est-à-dire qu'il y a eu quand même une hystérie à un moment donné.
00:59:51 - Bien sûr, bien sûr, mais j'explique comment
00:59:54 un délire collectif peut prendre, et quand je parle
00:59:57 de délire, je dis pas du tout que le Covid a pas existé. Je dis cette
01:00:00 hystérisation du débat. Elle arrive aussi sur une société
01:00:03 André, totalement déspiritualisée.
01:00:06 C'est-à-dire que, finalement,
01:00:09 il y a un tel vide existentiel, il y a une telle pauvreté
01:00:12 spirituelle dans l'espace public, que
01:00:15 à un moment donné, la peur du Covid a été une espèce de
01:00:18 cellophane. C'est-à-dire qu'on était dans une société avec un tel
01:00:21 individualisme, d'un certain côté, et un tel communautarisme
01:00:24 à d'autres endroits, donc la démocratie était déjà tellement
01:00:27 poreuse, tellement
01:00:30 effilochée, que finalement il y a une espèce de cellophane,
01:00:33 on s'est raconté un truc qui était très très prenant,
01:00:36 qui était très très, comment dire,
01:00:39 réunifiant par l'extérieur, rappelons-nous quand même... - C'était la béquille.
01:00:42 - Nous sommes en guerre, on fait front, etc.
01:00:45 Et que finalement, je crois
01:00:48 que chez certaines personnes qui étaient perdues, qui n'avaient plus
01:00:51 d'intériorité spirituelle, c'est venu compenser, ça a été un boulevard,
01:00:54 en fait. Et la peur a pris la place de ce vide.
01:00:57 C'est pour ça que je dis qu'une société transhumaniste,
01:01:00 ultra progressiste, où on croit que l'homme est tout puissant,
01:01:03 ça ne peut faire que des catastrophes. Parce que quand on peut raccrocher
01:01:06 ses angoisses à une spiritualité, à une
01:01:09 transcendance, on gère avec plus de calme
01:01:12 la peur de la maladie, la peur de la mort, etc.
01:01:15 - C'était le placebo d'un manque de repères. On avait plus de repères,
01:01:18 on a fait des béquilles. - Tout à fait. - C'est ça. Est-ce que nous avons
01:01:21 des auditeurs ? - On a du monde standard, André.
01:01:24 Nous avons Myriam qui nous appelle depuis Pertuis. Bonjour Myriam.
01:01:27 - Bonjour Myriam. - Oui, bonjour.
01:01:30 - On vous écoute. - Bonjour André, bonjour Maricel.
01:01:33 Oui, bonjour. Donc en fait, moi je suis
01:01:36 maman de trois enfants, donc j'ai deux grands, deux filles.
01:01:39 Et j'ai un petit garçon qui a dix ans, qui du coup,
01:01:42 j'écoutais tout à l'heure Maricel qui parlait
01:01:45 des enfants qui étaient en CP pendant la période
01:01:48 Covid, donc c'est ce qui nous est arrivé. En plus,
01:01:51 voilà, moi j'ai un enfant qui a des difficultés à l'école,
01:01:54 donc ça a été très très compliqué.
01:01:57 Et voilà, donc moi je faisais partie
01:02:00 du coup des parents qui étaient, du coup, qui n'ont pas
01:02:03 trop suivi les restrictions.
01:02:06 Donc c'est vrai que je me sentais un peu seule devant l'école
01:02:09 parce que j'étais sans masque, avec mon vélo
01:02:12 et puis tout le monde me regardait un peu de travers, donc je me suis
01:02:15 sentie quand même assez seule. Mais bon,
01:02:18 j'ai rien hésité. On avait
01:02:21 quand même pas mal de gens qu'on pouvait écouter
01:02:24 où on se sentait moins seul, donc j'ai résisté.
01:02:27 Et donc ma question à Maricel,
01:02:30 c'est, donc là je fais partie
01:02:33 des groupes de parents d'élèves et notamment
01:02:36 on a un groupe WhatsApp avec les parents
01:02:39 et là, à l'entrée de l'hiver, il y a
01:02:42 des virus, comme chaque année, comme depuis
01:02:45 la nuit des temps, les enfants, ils tombent malades.
01:02:48 Et là, on a encore des parents, donc là, sur le groupe
01:02:51 qui nous ont dit "oh j'ai fait tester mon enfant,
01:02:54 il a 38 de fièvre, on les a fait
01:02:57 tester contre le Covid". Et là, donc
01:03:00 à la rentrée, on est encore reparti avec des parents qui font
01:03:03 tester leurs enfants.
01:03:06 - Et votre question, c'était quoi?
01:03:09 - Alors ma question, c'est quelle attitude on peut avoir
01:03:12 face à des parents qui continuent à faire tester leurs enfants
01:03:15 alors qu'on est quand même à presque
01:03:18 4 ans du Covid et
01:03:21 je me dis mais qu'est-ce qui se passe dans la tête des gens
01:03:24 pour continuer à faire ça? Les enfants, ils ont été traumatisés,
01:03:27 tout le monde est au courant, tout le monde le sait
01:03:30 maintenant qu'il y a eu des gros dégâts psychologiques sur les enfants
01:03:33 mais il y a encore des parents qui continuent
01:03:36 à mettre des masques, en fait ils sont pas sortis du pays.
01:03:39 - Marie-Estelle?
01:03:42 - En tant que parent d'élève, en tant que
01:03:45 maman, qu'est-ce qu'on peut leur dire
01:03:48 pour essayer de leur dire "mais stop" quoi?
01:03:51 - Voilà, mais c'est une très bonne question. - Je pense que vous pouvez avoir
01:03:54 un discours de l'apaisement et leur dire "vous êtes responsables
01:03:57 de vos enfants et donc bien évidemment que
01:04:00 vous faites comme vous l'entendez pour vos enfants
01:04:03 maintenant je crois important que dans l'école
01:04:06 les enfants ne soient pas exposés
01:04:09 à nouveau à des discours anxiogènes, qu'ils puissent se concentrer sur les apprentissages
01:04:12 donc vous faites ce que vous voulez avec votre enfant
01:04:15 par contre essayez de ne pas trop diffuser cette peur
01:04:18 auprès des autres enfants et puis vous vous concentrez sur l'éducation
01:04:21 on est responsable que de ces enfants, on n'est pas responsable de l'éducation
01:04:24 et des choix et chacun peut se tromper, chacun se trompe
01:04:27 on fait tous des erreurs, donc votre enfant
01:04:30 vous faites votre travail de filtre et de tampon avec lui
01:04:33 qu'il ne soit pas contaminé par la peur
01:04:36 et puis moi j'ai un élève dans la classe de mon fils
01:04:39 l'année dernière qui faisait le signe de croix parce que mon fils n'avait pas le masque
01:04:42 en dehors du collège, écoutez il fait le signe de croix
01:04:45 je souhaite à cet enfant un jour
01:04:48 de pouvoir prendre du recul par rapport à ce qui lui a été dit
01:04:51 mais je ne suis pas sa maman
01:04:54 donc faites au mieux pour votre enfant
01:04:57 en filtrant, en lui disant que finalement toutes les opinions, tous les positionnements
01:05:00 sur le curseur existent et si jamais ses parents deviennent intrusifs
01:05:03 avec les enfants des autres, alors là vous posez une limite, vous dites
01:05:06 vous faites ce que vous voulez avec votre enfant, maintenant les enfants des autres
01:05:09 jusqu'à nouvel ordre, vous permettez mais je suis sa mère
01:05:12 et donc c'est moi qui suis détentrice de l'autorité parentale, donc c'est moi qui décide
01:05:15 si je vais faire tester ou non mon enfant.
01:05:18 Merci Myriam, nous avons Emmanuel au 0826 300 300
01:05:21 Bonjour Emmanuel, bonjour André
01:05:24 bonjour Madame Dupont, merci pour tout ce que vous avez pu faire
01:05:27 durant ces mois, voire presque ces années, maintenant ça passe tellement vite
01:05:30 et bonjour à toute l'équipe. Moi je suis quand même assez surpris
01:05:33 de voir tout ce qui se passe sur les enfants
01:05:36 puisque c'est votre domaine, les adultes aussi mais bon normalement ils ont un peu plus de recul
01:05:39 entre les traumatismes qu'ils ont vécu pendant le Covid
01:05:42 et ce qu'on leur fait vivre aujourd'hui avec la pseudo éducation sexuelle
01:05:45 qui pour moi n'en est pas une, comment arrêter ce massacre ?
01:05:48 parce que franchement on en arrive à avoir
01:05:51 des enfants complètement flippés, qui ne se construisent plus en rien
01:05:54 vous parliez de l'autorité parentale
01:05:57 et les lois qui sont passées aujourd'hui, notamment sur l'éducation à la maison
01:06:00 sont de plus en plus coercitives
01:06:03 mais c'est le sujet de mon livre, c'est vraiment l'objet du livre
01:06:06 de dire qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui en tant que parents
01:06:09 parce que moi j'ai aussi trois enfants avec une autorité parentale qui est réduite
01:06:12 et il n'y aura pas de miracle, c'est-à-dire que globalement la bureaucratie
01:06:15 va capter de plus en plus d'espace dans l'intime
01:06:18 comme toutes les dictatures, ils ont mis la main sur les enfants le plus tôt possible
01:06:21 moi j'ai des enfants qui sont en âge d'être parents, parce que je l'étais à leur âge
01:06:24 je peux vous dire que même là, alors que j'en rêve
01:06:27 d'avoir des petits enfants et ma femme aussi, j'en suis à me dire "pas tout de suite"
01:06:30 mais même moi je me dis "pas tout de suite"
01:06:33 parce que quand je vois ce qu'on va leur faire subir
01:06:36 entre l'école, l'apprentissage, les 11 vaccins
01:06:39 j'ai dit "mais qu'est-ce qu'on fait de nos gosses ?"
01:06:42 et effectivement quand on en fait des gens qui sont complètement déracinés
01:06:45 sans famille, sans culture, sans religion
01:06:48 sans tout ça, on en fait des ilots et puis après on en fait ce qu'on veut surtout
01:06:51 - Bah oui c'est la société ultra-progressiste
01:06:54 - Vous prenez une copie, excusez-moi je finis là-dessus
01:06:57 je vais rapidement, parce que la mission se termine, mais vous prenez une copie
01:07:00 d'un certificat d'études des années 50, je peux vous garantir que vous n'avez même pas
01:07:03 un bachelier sur 100 qui fait la même
01:07:06 ne serait-ce qu'en termes de calligraphie, de faute d'orthographe et de savoir
01:07:09 - Je ne sais pas si c'est à ce point, mais effectivement le problème est posé
01:07:12 ça c'est vrai. Marie-Estelle - Oui, mais justement
01:07:15 c'est partant de ce constat que j'ai écrit ce livre, parce que je me suis dit
01:07:18 j'ai été une lanceuse d'alerte à un moment donné, maintenant il faut que je donne
01:07:21 des clés aussi de par mon métier, parce qu'en fait si nous on se décourage
01:07:24 c'est foutu, en fait ils ont que nous les enfants
01:07:27 donc il ne faut pas qu'on se décourage, il faut qu'on garde une espérance
01:07:30 et l'espérance elle passe effectivement par ce moment de constat un peu catastrophé
01:07:33 où on dit ok, on est dans une démocratie
01:07:36 qui n'a plus de démocratie que le nom, puisque de toute façon il n'y a plus
01:07:39 de souveraineté d'un peuple pensant, il y a des organismes supranationaux
01:07:42 qui décident qu'il faut parler de fellation à des petites filles de 4 ans
01:07:45 donc comment on fait ? Alors
01:07:48 mettre les enfants dans des écoles privées ce n'est pas toujours la solution à tout
01:07:51 et en plus on n'a pas toujours les moyens financiers, donc comment on fait ?
01:07:54 - L'école à la maison elle est de plus en plus difficile à faire
01:07:57 - Bien sûr
01:08:00 - Avant c'était une déclaration, aujourd'hui c'est une notarisation
01:08:03 qui est obtenue une fois sur 50
01:08:06 donc il y a bien une volonté derrière
01:08:09 - Mais bien sûr que c'est l'idéologie progressive de toute l'Union Européenne
01:08:12 c'est ce que j'explique dans le livre
01:08:15 finalement d'arracher l'homme à ses scories trop humaines
01:08:18 et de le redéfinir selon des principes transhumanistes
01:08:21 et bien nous en tant que parents on doit y mettre beaucoup d'énergie
01:08:24 et lutter pas à pas et pied à pied chaque jour
01:08:27 pour donner à nos enfants ce dont il a besoin et je rappelle ce que c'est que la fonction parentale
01:08:30 et comment on peut mettre ça en place dès le plus jeune âge
01:08:33 pour aider l'enfant en fait à se construire
01:08:36 à l'intérieur de son corps et à faire la part
01:08:39 aussi entre l'adaptation et la soumission
01:08:42 - Donc c'est un combat quotidien des parents, c'est ce que vous dites
01:08:45 - En fait je crois que si on s'oblige à regarder les choses positivement
01:08:48 finalement ce qu'on a appris de cette crise
01:08:51 c'est qu'on ne pouvait plus se permettre d'être paresseux
01:08:54 et que le métier de parent est le métier le plus difficile au monde
01:08:57 parce que c'est celui pour lequel il n'y a pas de formation
01:09:00 et vous êtes sur le pont 7 jours sur 7
01:09:03 mais qu'en fait on va vraiment devoir se retrousser les manches
01:09:06 leurs besoins ne sont pas respectés par les décisions qui sont prises aujourd'hui
01:09:09 à mon sens, dans beaucoup de domaines
01:09:12 et donc nous les parents, il y a des domaines sur lesquels on est un puissant
01:09:15 mais il y a quand même des domaines où on a une vraie action
01:09:18 si déjà on fait tout ce qu'on peut, c'est beaucoup mieux que si on ne le fait pas
01:09:21 et c'est toute la deuxième partie du livre où je donne beaucoup d'éléments là-dessus
01:09:24 - Merci Emmanuel
01:09:27 - Merci pour votre combat
01:09:30 - On va se retrouver dans un instant sur Sud Radio avec Marie-Astelle Dupont
01:09:33 et avec vous au 0826 300 300, à tout de suite
01:09:36 - Dernière ligne droite dans ce Face à Face avec Marie-Estelle Dupont
01:09:39 et puis nous avons Philippe qui nous appelle depuis Vincennes en région parisienne
01:09:42 Bonjour Philippe
01:09:45 - Bonjour, comment allez-vous ?
01:09:48 - Oui très bien, on vous entend, allez-y Philippe
01:09:51 - Merci pour cette émission très intéressante
01:09:54 je voulais savoir si la rébellion des enfants était identique
01:09:57 ou supérieure, égale à celle de leurs parents
01:10:00 et dans quelle mesure cette rébellion dépend de leurs parents eux-mêmes
01:10:03 - Oui, les enfants, comme on l'a dit, sont eux-mêmes encore soumis à stress, à anxiété
01:10:06 parce qu'il me semblait qu'il y avait aussi une enquête récente
01:10:09 qui indique que les enfants ou les ados, je ne sais plus de quel projet d'adolescence
01:10:12 est listé, auraient retrouvé un mode de vie similaire
01:10:15 à ce qui était de leur avant le Covid
01:10:18 - Ah oui, qu'ils ont recouvré
01:10:21 effectivement, que ça a été surmonté
01:10:24 - Oui, alors pas chez les adolescents
01:10:27 chez les adolescents on reste avec un niveau de trouble alimentaire
01:10:30 et d'addiction plus élevé qu'avant
01:10:33 ça les a vraiment fait replonger notamment sur les écrans
01:10:36 mais pour la résilience des enfants
01:10:39 en fait un enfant c'est une personne
01:10:42 et d'une personne à l'autre la résilience est variable
01:10:45 donc il y a des enfants plus résilients que d'autres
01:10:48 c'est lié à des éléments cognitifs, à des éléments de sensibilité
01:10:51 mais c'est vrai que c'est lié aussi aux parents
01:10:54 c'est-à-dire qu'il y a des enfants chez qui les parents ont donné un cadre bienveillant
01:10:57 une sécurité intérieure sur le plan affectif
01:11:00 qui permet à l'enfant d'avoir une confiance en lui
01:11:03 qui va pouvoir mieux absorber les chocs et avoir des ressources affectives pour se relever
01:11:06 et puis il y a des enfants
01:11:09 dont les parents sont très dissociés
01:11:12 ont eu même eu du mal à être pendant la crise dans l'empathie vis-à-vis de leurs enfants
01:11:15 et se sont suradaptés aux consignes du monde extérieur
01:11:18 et pour ces enfants il a fallu plutôt
01:11:21 c'est pas de la résilience en fait, c'est plutôt de la suradaptation
01:11:24 c'est-à-dire des enfants qui posent aucun problème, qui font pas de vagues
01:11:27 parce que de toute façon s'ils sont en détresse, personne ne va être secourable
01:11:30 et on fait passer ça pour la résilience, mais là c'est là que je dis attention
01:11:33 parfois chez un enfant, ce qu'on croit être de la résilience
01:11:36 en fait c'est de la suradaptation, il est en train d'épuiser ses ressources
01:11:39 et plus tard il va nous faire une dépression blanche, blanche c'est-à-dire qu'il n'aura pas de symptômes
01:11:42 il ne pleurera pas mais il n'aura envie de rien
01:11:45 et donc c'est à ça qu'il faut rester vigilant
01:11:48 mais après il y a des enfants qui sont extraordinairement résilients
01:11:51 il y a des enfants qui sont plus fragiles que d'autres
01:11:54 et quand on a une fratrie, on le voit, même quand on a des jumeaux, on le voit
01:11:57 ils n'ont pas tous les mêmes ressources, il y a aussi une part d'inné, une part de mystère chez l'être humain
01:12:00 - Heureusement, aucun enfant ne ressemble à un autre effectivement
01:12:03 Merci - Merci Philippe pour votre appel
01:12:06 On accueille Cécile depuis Angers, bonjour Cécile
01:12:09 - Bonjour Cécile - Oui bonjour André, bonjour Estelle
01:12:12 je voulais déjà vous remercier pour la qualité de votre travail
01:12:15 c'est très précieux de vous avoir
01:12:18 - Merci beaucoup
01:12:21 - Je voulais vous témoigner, je suis infirmière
01:12:24 et je travaille dans une école spécialisée pour des enfants handicapés
01:12:27 et pendant la période du Covid et du confinement
01:12:30 on a fait le choix de ne pas mettre de masque aux enfants
01:12:33 parce que c'est déjà la question du sens
01:12:36 quel sens ça prend pour eux de mettre un masque
01:12:39 et puis la question de leur faire porter ce masque
01:12:42 ils ont aussi des troubles de l'oralité
01:12:45 avec beaucoup de bavage
01:12:48 donc finalement sur un plan infectieux
01:12:51 je pense que ça aurait été même encore pire
01:12:54 et bien au final les enfants n'ont pas été
01:12:57 enfin finalement ont été très peu malades
01:13:00 beaucoup moins que certains de mon entourage
01:13:03 voilà, je voulais juste apporter cette idée
01:13:06 - Oui, oui, intéressant témoignage
01:13:09 - J'avais entendu des médecins dire justement que l'année dernière
01:13:12 les encolites étaient liées à une sorte de rattrapage
01:13:15 c'est à dire qu'il y avait eu tellement peu d'exposition des petits
01:13:18 à un environnement normal de microbes
01:13:21 que finalement dans un environnement trop aseptisé
01:13:24 l'enfant ne fait pas ses défenses immunitaires
01:13:27 et que ça pouvait expliquer justement qu'après il y a eu des espèces de pics
01:13:30 de virus chez les enfants à l'entrée de l'automne
01:13:33 donc votre bon sens a certainement évité à ces enfants d'attraper
01:13:36 toutes les cochonneries qui traînaient après
01:13:39 c'est le cas d'une petite fille trisomique qui ne comprenait pas
01:13:42 et on sentait qu'elle le vivait vraiment comme une brimade très humiliante
01:13:45 c'était pas élaborable pour eux
01:13:48 et je crois que c'est pas la peine de rajouter du traumatisme
01:13:51 sur des épreuves de cette ampleur
01:13:54 - Oui, vous voulez ajouter quelque chose ?
01:13:57 - Non, non, non, c'est tout, merci beaucoup
01:14:00 - Merci de votre témoignage en tout cas
01:14:03 - Merci à vous, au revoir
01:14:06 - Bon, enfin l'émission le temps passe vite
01:14:09 mais je voudrais au fond dans votre livre
01:14:12 il n'y a pas effectivement aucun parent ne ressemble à un autre
01:14:15 comme aucun enfant ne ressemble à un autre et heureusement
01:14:18 mais ce qui se dégage de votre livre
01:14:21 est un peu une des lignes rouges
01:14:24 c'est de dire aussi comptez sur vous-même
01:14:27 et ne vous couchez pas
01:14:30 ne vous soumettez pas à une doxa
01:14:33 à une pensée qu'on essaie de vous présenter
01:14:36 comme la pensée du bien, le bien il est là, le mal il est là
01:14:39 et on vous somme un peu
01:14:42 on vous somme, c'est pas la police à 6h du matin
01:14:45 on vous somme de vous comporter comme on vous le dit
01:14:48 le soir à 20h à la télévision, monsieur santé, monsieur etc
01:14:51 - Bien sûr, mais ce qui caractérise notre condition d'homme
01:14:54 c'est quand même qu'on pense
01:14:57 et je trouve que l'homme contemporain est souvent marqué
01:15:00 par une régression vers une pensée très binaire
01:15:03 où en fait on fait l'économie de pensée, parfois on en a confort
01:15:06 ou faute de temps et on se repose sur des choses extrêmement caricaturales
01:15:09 et notre premier rôle de parent
01:15:12 je crois c'est de penser et de parler
01:15:15 c'est-à-dire de mettre toutes les nuances
01:15:18 du sens, redonner du vocabulaire aux enfants et du symbolique
01:15:21 et leur dire que par exemple un effort c'est pas la même chose qu'un sacrifice
01:15:24 rien que ça vous crée une immunité psychique chez l'enfant
01:15:27 qui est très manipulable. - Voilà, effort n'est pas sacrifice
01:15:30 merci Marie-Estelle Dupont. - Merci beaucoup Marie-Estelle Dupont d'avoir été avec nous
01:15:33 on rappelle ce livre "Être parent en temps de crise
01:15:36 comment restaurer l'équilibre psychique de nos enfants"
01:15:39 ça sort demain et c'est publié aux éditions Guy, Très Daniel

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