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Transcription
00:00 * Extrait de « Les Midi de Culture » de Nicolas Herbeau *
00:09 Notre rencontre quotidienne, c'est cette conversation à trois voix avec notre invitée.
00:13 Vous la connaissez certainement comme actrice quand elle joue une commissaire dans « Les Misérables »,
00:18 la marquise d'Espard dans « Les Illusions Perdues » ou encore une comédienne qui interprète Barbara la chanteuse.
00:23 Mais savez-vous que notre invitée chante ?
00:25 Elle nous livre un troisième album intime en guise de point final à une grande histoire d'amour.
00:31 13 chansons pour lesquelles elle a pris elle-même la plume et trouvé à chaque fois une voix pour les interpréter.
00:38 Bonjour Jeanne Balibar !
00:40 Bonjour !
00:40 Bienvenue dans « Les Midi de Culture ».
00:42 Merci.
00:43 Dans ce troisième album, Jeanne Balibar, vous nous plongez en quelque sorte dans votre quotidien, dans une forme de quotidien.
00:49 Alors ma première question est très terre-à-terre.
00:51 Est-ce que vous consultez encore les réseaux sociaux ?
00:55 Alors, qu'est-ce que vous...
00:59 « Consulter », vous voulez dire...
01:01 Est-ce que vous y prêtez encore attention ?
01:03 Oui.
01:04 Je lis, oui.
01:05 Je lis le fil.
01:08 Parce que c'est bien quand même pour s'informer.
01:12 Je ne publie plus tellement, j'avoue.
01:15 Pendant le confinement, j'avais un peu été prise par cette affaire-là, comme beaucoup de gens sans doute, par enfermement.
01:22 Et puis récemment, j'ai perdu quelqu'un de très proche.
01:28 Et tout d'un coup, je me suis dit qu'était quelqu'un de ses connues, l'écrivain Pierre Alféri.
01:33 Et je me suis dit, je ne vais pas mettre une photo de Pierre, en fait.
01:36 C'est quoi ce truc ?
01:38 Ça m'a fait un choc.
01:42 Enfin, en tout cas, je me suis dit non, mais ce mélange des genres, l'intime et le public, ça ne me va pas.
01:51 Et puis j'avoue que ces jours-ci, aussi, avec ce qui se passe dans le monde, j'ai aussi un gros souci avec le mélange des genres et l'exposition des opinions.
02:08 Pourquoi ça me fait ça maintenant ? Je ne sais pas.
02:12 Mais sans doute, voilà, c'est deux événements les uns derrière les autres.
02:16 Après, vous me posez la question à cause de la chanson dans laquelle je parle de ce qu'on m'a envoyé sur les réseaux.
02:23 Une chanson qui s'appelle "Diva Bobo", dans cet album "D'ici là, tout l'été", qui fait référence à ces messages que vous avez reçus sur ces réseaux sociaux, qui ne sont pas toujours des messages très sympathiques.
02:34 Non, mais à vrai dire, ça, moi, ça me fait un peu rire.
02:38 Je ne suis pas victime de haters au point où ça soit vraiment traumatisant.
02:43 Donc, c'est juste grotesque.
02:47 Vous êtes une diva à la noix de coco, une vieille junkie bobo.
02:50 Ça, c'est les paroles que vous avez écrites.
02:52 Mais c'est ça aussi.
02:53 Cet album, c'est ce qu'on m'a écrit.
02:55 C'est ce qu'on vous a écrit.
02:56 Et c'est cette idée de vous emparer de ce qui vous entoure, en tout cas pour l'écriture de ce troisième album ?
03:02 Oui, un album, c'est toujours, je crois, un peu, surtout quand on écrit soi-même les textes, une photographie d'un moment.
03:12 C'est une photographie de ce moment où, avec Léa, on avait des choses à raconter.
03:18 Avec Léa Vincent, qui a composé les musiques et qui sera sur scène avec moi, on avait des choses à se raconter aussi l'une à l'autre et à raconter à travers ce dialogue.
03:35 [Musique]
03:45 Je t'aime et je regarde les étoiles avec toi.
03:49 Je t'aime, c'est la tuile, ma catastrophe à moi.
03:54 Je t'aime et je tutoie les sommets avec toi.
03:59 Mais si je n'y prends garde, je vais me perdre, moi.
04:04 De ma postrophe, pas trop, pas trop tôt.
04:10 Catastrophe, c'est chaud, ce mot.
04:15 C'est peut-être trop beau sous l'eau.
04:20 De l'amour, de la mer, de ton flot.
04:25 Au lieu de l'océan, des amants.
04:33 Ta mer d'huile, oh loin.
04:38 Toutes leurs vallées variées, ici le soir.
04:43 Mon amour, notre tour d'ivoire.
04:48 Je t'aime, c'est la tuile.
04:53 Jeanne Bally, barre extrait de ce troisième album "D'ici là, tout l'été".
04:57 Puisqu'il faut bien le dire, cet album, il est très question, beaucoup question d'amour dans cet album.
05:03 Et notamment de la fin d'Histoire d'amour.
05:07 Comment on décide d'écrire sur une blessure en fait ?
05:12 Je crois qu'on décide pas, on est obligé.
05:16 C'est ça qui vient.
05:21 Et puis on se dit que moi, les œuvres que j'aime, c'est ça.
05:26 C'est les œuvres qui appellent au secours.
05:30 De façon, peut-être pas articulée, pas forcément, mais en tout cas décalée.
05:36 Mais j'aime les choses ou bien résolument tragiques, ou bien ironiques, ou bien comiques.
05:44 Mais qui ont un fond d'appel au secours.
05:49 Les ruptures, c'est un peu ça en fait. C'est tragique, ironique, un appel au secours.
05:55 Oui, et en même temps les ruptures, finalement, c'est parfois moins définitif que ce qu'on croit.
06:00 Ah mais ça c'est le pire, le réchauffé, non ?
06:02 Ah non, je parle pas du réchauffé justement.
06:06 En fait, moi je me rends compte qu'avec le temps, je me rends compte qu'au fond, moi je suis polygame.
06:15 Les histoires d'amour, elles se continuent en fait.
06:24 Je me souviens, j'avais lu au moment de la mort de Godard, une phrase de lui qui disait
06:29 "L'amour ça s'arrête jamais, si ça s'arrête c'est que ça n'en était pas".
06:33 Je trouve que c'est très vrai. Mais après ça continue sous plein d'autres formes et de façon parallèle peut-être.
06:39 Enfin, il y a ce moment de la rupture, oui, où on se dit "bon ben, cette affaire telle qu'on l'avait imaginée, elle va pas continuer comme ça".
06:47 Comment vous expliquez que les trois quarts des chansons, enfin j'ai pas fait de statistiques, portent justement sur la rupture ?
06:52 Qu'est-ce qui fait que la rupture d'amour, qu'elle se finisse ou pas vraiment, ça suscite ce besoin d'en parler
07:01 et pas qu'avec ses amis ou avec soi-même, mais vraiment en fait presque d'être exposé, d'être dit à tout le monde ?
07:09 Je sais pas, en même temps votre question ça me fait penser que les débuts de l'amour ont aussi besoin d'être dit beaucoup.
07:22 D'ailleurs moi c'est ce que je dis dans cette chanson-là qu'on vient d'écouter, je le sens, je le crie sur les toits
07:27 mais aussi dans une autre, celle qui donne son titre au disque "D'ici là tout l'été", mais si vous pensez "La vie en rose", tout ça,
07:34 c'est l'entrée et la sortie dans cette affaire-là, quoi, qu'on a envie de partager. Je sais pas pourquoi, parce que ça vous définit.
07:47 C'est Proust qui dit "oh là là, qu'est-ce que j'ai avec mes citations, ça vous entoure parce que je suis à France Culture".
07:54 On veut que de la citation, une citation par réponse.
07:58 Non mais quand on change d'amoureux, on change de personnalité, d'identité, etc., c'est peut-être ça qu'on a envie de dire aussi,
08:06 je suis plus la même personne, tout d'un coup.
08:11 C'est pas la première fois que vous chantez, donc il y a eu deux albums avant celui-ci.
08:16 Ce troisième album c'est aussi, vous l'avez dit, une rencontre avec Cléa Vincent, une chanteuse-compositrice.
08:22 Qu'est-ce qui s'est passé dans cette rencontre, en réalité ? Qu'est-ce qui a fait que ça vous a donné envie d'écrire, de raconter ?
08:32 C'est vraiment cette rencontre entre deux personnes ?
08:35 Oui, alors, en fait c'est pas mon troisième album, c'est mon cinquième, mais il y en a les numéros 3 et 4,
08:43 ils sont pas sortis parce que j'avais fait un truc complètement dingo, expérimental, que j'ai jamais cherché à sortir en maison de disques.
08:50 C'est pas que j'ai pas osé, c'est que je savais que ce serait pas possible, c'était trop dingue.
08:55 Et ça s'appelait "Les Tronomètes" et après j'ai fait un autre album qui s'appelle "Bally Bazar"
09:00 et qui est parti dans une espèce de faillite du producteur, mais que j'espère sortir en inédit un jour.
09:05 Et donc là, mon manager m'a dit "bon, faut oublier cette histoire du disque qui sort pas, on verra".
09:12 Et mon tourneur, ils m'ont dit "rends compte Cléa Vincent, vous allez bien vous entendre".
09:17 J'ai dit "yes, mais peut-être on peut faire un petit essai quand même d'abord avant de se lancer".
09:23 Donc on s'est rencontrés et en trois jours c'était parti.
09:27 On faisait un ping-pong de dingue quoi.
09:33 Moi je lui apportais un bout de texte et des fois un petit "lalala" et immédiatement elle transformait ça en une structure de couplets,
09:42 puis de refrains et comme ça j'avançais sur le texte et on a été hyper vite.
09:47 Je crois qu'on a fait dix chansons en une semaine.
09:50 On a fait trois autres.
09:53 C'était un feu d'artifice notre rencontre.
09:59 Ça veut dire que vous aviez déjà des textes un peu sous la main ?
10:02 J'avais des bouts, j'avais des bouts de texte.
10:06 Je pense que ça nous a beaucoup excité de travailler moi avec une femme qui avait 20 ans de moins que moi et elle l'inverse.
10:18 Parce qu'elle venait d'avoir un bébé.
10:21 Il y avait un truc qui nous a beaucoup exalté de se parler entre filles.
10:32 Est-ce qu'elle est venue rééquilibrer des choses ?
10:36 On a l'impression quand on parle de rupture, de fin de l'amour, de quelque chose d'assez sombre, d'assez triste.
10:42 Est-ce que par exemple elle est venue rééquilibrer quelque chose dans votre écriture, dans ses chansons ?
10:48 Comment s'est passé ce travail à deux ?
10:50 Parce que c'est pas facile, vous racontez des choses intimes, votre quotidien, des choses que vous vous avez vues.
10:55 Comment on arrive à faire une forme de symbiose, de travail en commun ?
10:59 Je crois qu'on se rencontrait aussi autour de ce projet-là, c'est-à-dire la pop élastique de Cléa Vincent, comme dit Philippe Catherine.
11:08 Citation !
11:11 Philippe Catherine au même niveau que Proust.
11:14 Oui absolument, alors ça c'est bien certain.
11:18 C'était ça qu'il me fallait pour pouvoir parler de choses aussi intimes, éventuellement douloureuses.
11:26 Mais pas seulement d'ailleurs, il y a aussi des choses plus légères, comme dans Joyeusement banal, etc.
11:32 Après c'est jamais totalement léger, parce qu'il y a toujours un petit côté un peu menacé dans le bonheur,
11:39 en tout cas je crois, dans les chansons même les plus heureuses.
11:43 Et puis il y a des chansons qui sont carrément des protest songs dans ce disque, il y en a deux qui sont comme ça.
11:50 Mais pour contrebalancer ce sérieux, ou le danger de la trop grande pesanteur, c'était aussi pour ça que j'avais envie d'aller vers Cléa.
12:03 Et je pense que c'est ce qu'avaient saisi les gens qui nous ont fait nous rencontrer.
12:08 Et que c'est ce truc-là qui a permis aussi de dire des choses plus intimes.
12:13 Que ce soit dans le cadre contradictoire du genre de musique qu'elle affectionne, qu'elle pratique.
12:21 Vous l'avez dit Jeanne Balibar, un de vos albums était trop barré pour pouvoir sortir.
12:28 Est-ce qu'avec un album comme celui-ci, vous avez l'impression d'être un peu trop sage, un peu trop structuré ?
12:35 Qu'en fait, ça peut se vendre, on peut l'écouter, mais que vous avez renoncé à une part de folie ou de structure un peu trop barrée ?
12:45 Non, non, pas du tout. C'est juste que la très grande fantaisie, on peut l'appliquer à des formes plus ou moins mainstream.
13:06 Et moi, j'aime tout. J'aime autant des formes qui sont plus des topos pour parler comme Aristote.
13:18 Citation ?
13:20 Non, c'est pas vrai, je viens de l'inventer.
13:22 Par contre, il parle vraiment de topos.
13:25 Non, je rigole. Il y a des formes qui sont plus usuelles et puis il y a des formes qui sont vraiment totalement ovniesques.
13:35 Donc moi, les tronomèdes, c'était un truc que j'avais fait avec mon logiciel de GarageBand,
13:40 que je triturais dans ma chambre des citadines à une heure du matin en rentrant de tourner après avoir fumé un pétard.
13:49 Cette forme-là, clairement, n'était pas vendable.
13:53 Mais c'est pas pour autant que la fantaisie ne peut pas s'exprimer dans des formes plus usuelles.
14:00 J'y crois absolument et c'est pas du tout un renoncement, c'est une exploration au contraire.
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15:51 C'est une mélodie qui va vous rester dans la tête tout au long de cette journée.
15:55 L'extrait de cet album "D'ici là, tout l'été", Jeanne Balibar.
15:58 Titre intitulé "Jaune Bilobar".
16:01 Qui est cette Jaune Bilobar ?
16:04 La Jaune Bilobar, elle est très très présente vraiment en moi là, ces temps-ci.
16:09 Même, je vais commencer le show en fait par cette chanson.
16:14 En scène.
16:16 Parce que, quand j'ai écrit cette chanson, je me suis dit ouais.
16:21 En fait, Jaune Bilobar au départ c'était une sorte de double.
16:24 Je me disais, il faudrait faire des vidéos de Jaune Bilobar.
16:27 Une espèce de pétasse qui habite dans mon appartement,
16:31 qui habite dans ma vie, qui pense à rien et qui est un peu décérébrée.
16:38 Et voilà, j'avais plein d'idées de super vidéos de Jaune Bilobar.
16:41 Après, c'était assez trop d'une machine.
16:44 J'ai toujours eu la flemme de faire ces vidéos.
16:47 Et donc, quand on a commencé l'écriture du disque, je me suis dit tiens,
16:50 mais Jaune Bilobar pourrait avoir sa chanson.
16:53 Je dois vous dire que ces jours-ci, je pense beaucoup à Jaune Bilobar.
16:57 Parce que je me dis, dans ce moment d'horreur mondiale, de mort, de terreur,
17:10 de désespoir face aux morts déjà morts et à venir au Proche-Orient.
17:19 C'est un vrai luxe, Jaune Bilobar, qui peut faire tra-la-la avec une petite voix,
17:27 faire un petit massage et profiter de la vie.
17:31 Et ça me perturbe beaucoup.
17:36 Parce qu'à la fin de la chanson, je disais, quand on l'a écrit,
17:39 il faut se réveiller de ce cauchemar, ce cauchemar de l'inconscience.
17:44 Ces jours-ci, je me dis, quand on se réveille du cauchemar de l'inconscience,
17:48 c'est pour tomber dans un cauchemar pire encore.
17:51 Bref, tout ça pour dire que c'est Jaune Bilobar qui va ouvrir le spectacle
17:56 et que je suis perturbée de ce compagnonnage.
18:00 - Mais vous ne l'abandonnez pas ?
18:02 - Non, je ne l'abandonne pas. Au contraire, c'est juste que...
18:07 En fait, c'est ce que j'essaye de faire dans mes chansons,
18:12 c'est-à-dire de faire un objet à la fois contradictoire, un peu indéchiffrable
18:19 ou du moins avec des significations.
18:21 Une chanson, ça peut être ça, même si ce n'est pas trop explicité.
18:26 Un espèce de nœud de contradiction.
18:29 - Un mystère ?
18:30 - Oui, un mystère.
18:32 Moi, j'ai un peu essayé de faire ça dans toutes les chansons.
18:35 Quand il n'y a pas de contradiction, ça ne m'intéresse pas tellement les objets.
18:41 - Mais la contradiction avec quoi ? Avec vous ?
18:43 - Intérieur au texte, intérieur à l'objet lui-même.
18:47 - C'est-à-dire qu'on ne comprenne pas le personnage dont il est question,
18:50 où ça va, ou même avec vos idées ?
18:52 - Qu'on ne puisse pas en expliquer ou en expliciter tous les fils.
18:55 Moi, j'ai l'impression que c'est ça.
18:59 Si on a un peu l'ambition de faire une œuvre d'art,
19:01 c'est qu'il y a quelque chose d'indicible.
19:06 Qui sait ?
19:07 Le, le, le, la, la...
19:11 Comme dirait Roland Barthes.
19:13 La, la, non, le, le, la, la...
19:17 Non, ce n'est pas vrai.
19:19 - Si ! J'imagine que Roland Barthes a bien dû prononcer ce mot quand même.
19:22 - Non, je pense que c'est plutôt Freud le symptôme, que l'œuvre est un symptôme.
19:26 - Mais en même temps, quand on écrit une chanson, Jeanne Balipart...
19:29 - Je n'ai pas compris pourquoi je prends ce mot.
19:31 C'est la première fois que je viens à France Culture de ma vie, je crois.
19:33 - Ah ouais ? - Pour ça, je me crois obligée de...
19:35 - Ça fait cet effet-là ? - Je me crois obligée de réquisitionner tous mes souvenirs...
19:38 - En même temps, ça semble assez naturel, quand vous le faites. - Tous mes souvenirs scolaires...
19:42 - En même temps, quand vous écrivez une chanson, Jeanne Balipart, vous ne vous dites pas
19:45 "Je vais mettre plusieurs couches d'interprétation".
19:48 Il y a quelque chose de spontané.
19:50 - Ah bah oui, non mais tout est spontané.
19:52 C'est juste qu'après, je me dis "Tiens, là, je vais rajouter un petit côté comme ça.
19:56 Tiens, j'aime bien ce truc-là, ça tient la route parce que...
20:00 - Parce que c'est bizarroïde, parce que c'est pour traductoire...
20:03 - Vous cherchez ça. Vous cherchez la contradiction, vous cherchez le bizarre.
20:06 - Je ne sais pas si je cherche le bizarre parce que, en même temps, comme disait ma grand-mère,
20:11 il y a un idéal de simplicité qui est quelque chose que je trouve vraiment magnifique en art.
20:17 Mais je vais peut-être un peu trop vers le bizarre, moi, spontanément.
20:22 Mais je cherche quelque chose qui ne soit pas complètement explicite, ça c'est sûr.
20:28 - Donc par exemple, vous pouvez écrire quelque chose de très simple comme ça
20:31 et vous allez le compliquer par des sons, par des tournures, après ?
20:35 - Oui, par exemple, dans la chanson "Joyeusement banal", c'est exactement ça qu'on a fait.
20:39 On a fait une petite chanson...
20:41 - Sympathique ?
20:42 - Ici, c'est normal, complètement normal.
20:46 Et puis après, il y a Arnaud Robotini qui a fait cette piste de sons totalement bizarroïdes.
20:52 Et moi, je voulais ça depuis le début puisque la fin de la chanson, c'est...
20:56 Bref, il ne se passerait pas grand-chose dans le monde
20:59 et on pourrait écrire dans son carnet rose le mot "rien" avant la nuit.
21:04 C'est ce que Louis XVI a écrit dans son journal le 13 juillet 1789.
21:10 C'était dans ma tête.
21:11 Après, je m'en fous si les gens le savent ou pas, on s'en fout.
21:15 Mais par contre, il y a ces sons d'Arnaud qui viennent compliquer la perception de "Tra-la-la, on va encore au cinéma".
21:22 D'ailleurs, c'est vrai que j'ai écrit cette chanson aussi en me disant vraiment clairement
21:27 "Ici, à Paris, on va prendre un café, on va au cinéma, etc."
21:32 Ailleurs, ce n'est pas comme ça, pas partout.
21:34 - Arnaud Robotini, qui est compositeur de musique électronique,
21:38 qui a co-réalisé cet album avec vous et avec Cléa Vincent et Clémence Lamme pour les arrangements.
21:46 Il y a aussi, puisqu'on a cité Junbi Le Bar, plusieurs personnages dans cet album.
21:52 Il y a 13 titres et à chaque fois, un nouveau personnage qui chante, une voix différente.
21:57 Comment vous avez imaginé ces 13 titres différents ?
22:02 - En fait, je n'ai pas imaginé à l'avance.
22:05 Ça s'est fait tout seul.
22:07 D'abord, c'est vrai que Cléa, musicalement, m'emmenait vers une autre voix que celle de "Par amour",
22:14 mon premier album.
22:16 Mais ça, c'est normal.
22:18 Chaque compositeur, je pense, vous emmène vers une autre voix.
22:23 En tout cas, moi, ce qui m'intéresse, en général dans la vie, et c'est pareil au cinéma et au théâtre,
22:29 c'est d'explorer quelle voix va sortir de moi dans le dialogue avec tel réalisateur ou tel metteur en scène,
22:37 ou telle réalisatrice, ou telle metteuse en scène, compositeur, compositrice.
22:42 J'aime bien écouter ce qui va sortir de...
22:47 littéralement, écouter quelle voix va sortir de moi si on me met en contact avec cette personne en face.
22:54 Et c'est toujours une voix différente.
22:57 Donc c'est normal.
22:58 Et là, par exemple, pour la scène, pour les concerts, je remets quelques chansons des deux albums précédents.
23:05 Et c'est frappant de voir à quel point c'est une voix différente par auteur, ça c'est sûr.
23:11 Et puis par chanson aussi, parce que chaque histoire fait arriver une facette de soi.
23:21 Là, par exemple, dans ce studio de radio, c'est quelle voix de Jeanne Balibar qui nous parle ?
23:27 Je ne sais pas, c'est celle qui sort des ondes de vos deux corps.
23:35 Parce que j'ai tout un tas de théories sur la question.
23:38 - Allez-y, dites-nous.
23:41 - Non, mais en fait, je pense que c'est la matérialité des voix elles-mêmes qui modifie le corps de l'autre.
23:48 Je me souviens de m'être fait cette réflexion en voyant un documentaire il y a très longtemps sur Patrice Chéreau,
23:54 qui dirigeait Pascal Grégory dans "Combat de nègres et de chiens".
23:59 Et en voyant ce documentaire, je me disais mais c'est dingue.
24:03 Ce n'est pas ce qu'il lui dit qui modifie la voix, l'interprétation, l'âme de Pascal Grégory dans le personnage, dans le rôle, sur la scène.
24:14 C'est vraiment le son de sa voix, la matérialité des ondes qu'il lui envoie.
24:20 C'est une théorie complètement fantaisiste.
24:23 Et ensuite, j'ai remarqué ça moi dans le travail.
24:28 Si vous recevez les ondes qui sortent du corps d'Apichatpong Ouirassétakul,
24:37 ce n'est pas les mêmes que celles qui sortent du corps de Laurence Ferreira Barbosa.
24:43 Et c'est pareil pour les partenaires.
24:50 Et moi, je pense que c'est comme les courants d'air, une brise.
24:54 Ce n'est pas la même chose qu'un ouragan ou les courants d'eau dans la mer.
25:00 Et que c'est ça qui modifie le corps, le mien, le corps qui est en face.
25:06 - Ça veut dire quoi modifier le corps ? Votre manière d'être ?
25:10 - Parce que ma voix, elle provient d'une...
25:13 Quand elle se modifie, c'est parce que c'est mon corps qui se modifie.
25:16 Mais ça, c'est ma fantaisie, ma gorille.
25:18 Je ne crois pas que les physiciens confirmeraient ce truc.
25:21 Enfin, peut-être que si.
25:22 - Peut-être.
25:24 - Jusqu'à 13h30, les midis de culture.
25:28 Nicolai Herbeau, Géraldine Mosnassavoy.
25:32 - C'est précieux la vie.
25:34 Il y a des tas de choses à faire.
25:36 Et je crois que si on me dit maintenant que je suis la grande comédienne,
25:41 la plus grande, c'est certainement né de la vie.
25:46 C'est la femme qui s'expose.
25:48 Je ne suis pas Zerline.
25:49 Et Zerline n'est pas moi.
25:51 Mais c'est certainement toutes les périodes que j'ai voulu garder en retrait.
25:58 Ce n'est pas toujours ce qu'on fait et qui est spectaculaire
26:01 qui est le plus important dans une vie.
26:03 Il y a des gens modestes dont on ne parle jamais
26:05 et qui ont des vies infiniment riches.
26:07 Et je pense que pour les gens qui se produisent devant les spectateurs,
26:10 il est bon de garder le temps de s'enrichir, de vivre
26:15 pour pouvoir donner correctement aux gens qui viennent vous voir.
26:21 - Puisqu'on parlait de voix, celle de Jeanne Moreau sur France Inter,
26:24 c'était en 1986, Jeanne Balibar.
26:27 Jeanne Moreau qui nous parle de ce personnage, de Zerline,
26:30 dans le récit de "La Servante Zerline", une pièce de Broch
26:34 mise en scène par Gruber en 1987.
26:36 C'est l'une des pièces, c'est ce personnage-là
26:39 qui vous a donné envie de monter sur scène ?
26:42 - Oui, ce n'est pas le personnage, c'est Jeanne Moreau.
26:45 C'est ce spectacle de Gruber que j'ai eu la chance de voir
26:48 en 1986, j'avais 18 ans.
26:51 Et oui, ça a été un déclic pour m'avouer à moi-même
26:56 que je voulais faire ça, ce que je pensais que je savais
26:59 depuis longtemps, secrètement.
27:01 Mais pour que ça devienne quelque chose de conscient
27:04 et de possible à dire,
27:07 ce spectacle au Bouffes du Nord a changé ma vie, ça c'est sûr.
27:13 - Jeanne Moreau, c'est aussi une comédienne qui chantait.
27:17 Il y en a d'autres qui vous ont inspiré,
27:20 et je pense notamment à Delphine Sérig.
27:23 Si on en arrive aujourd'hui, dans votre carrière aussi,
27:28 à vous recevoir comme comédienne et comme chanteuse,
27:31 c'est parce qu'il y a eu des modèles aussi comme celle-là ?
27:34 - Alors dans ma vie, à moi, oui, oui.
27:39 Mais Delphine Sérig n'a pas tellement chanté.
27:42 Je crois qu'elle a été doublée dans les films de demi.
27:45 Mais enfin bon, je devais imaginer que c'était elle quand j'étais enfant.
27:48 - On y croit quand même. - Moi je n'y ai toujours cru.
27:51 - C'est une figure en tout cas. - C'est sûr.
27:57 - Puis elle a une voix particulière. - Oui, oui, tout à fait.
28:00 Moi, par exemple, j'ai un souvenir tout à fait vif
28:06 d'avoir vu Anna Prügnal, je ne sais pas si vous vous souvenez,
28:09 c'est une actrice polonaise qui avait joué dans les films de Vajda,
28:17 peut-être même de Godard, un peu.
28:21 Je l'avais vue en concert au théâtre de la Ville
28:23 et je me souviens d'être passée à côté d'elle
28:26 qui attendait en haut en tenant les murs comme ça.
28:29 J'ai vu aussi les actrices de Strehler chanter à la fête de l'Humain.
28:37 C'est sûr que ça a beaucoup chanté.
28:41 Puis les actrices américaines, Rita Ewerth, Marilyn, évidemment.
28:46 Après, j'ai compris aussi que c'est une invention du XXe siècle,
28:55 la séparation entre les actrices, les chanteuses et tout.
28:58 Au XVIIIe, au XIXe, c'est beaucoup plus le même métier.
29:06 C'est aussi un moment historique dont je pense qu'on est un peu en train de sortir,
29:11 ce moment de la super spécialisation.
29:13 Toi, tu es actrice de cinéma, toi tu es actrice de théâtre,
29:16 toi tu es chanteuse, toi tu voudrais être metteur en scène,
29:19 mais tu n'as pas le droit parce que tu es une femme, etc.
29:22 Je pense que ces assignations à domicile sont en train de...
29:30 Dans des cases comme ça, c'est un phénomène, il me semble,
29:34 il faudrait qu'il y ait des historiens de l'art qui confirment.
29:37 Moi, l'impression que j'ai, c'est que c'est un truc très XXe siècle
29:41 et que c'est en train de changer.
29:42 - Mais vous avez eu l'impression d'être empêchée, vous,
29:45 quand vous avez voulu chanter, qu'on vous disait "tu sors de ton rôle"
29:51 ou par exemple, quand vous êtes passée à la réalisation,
29:53 "tu sors de ton rôle d'actrice".
29:55 - J'ai plutôt eu l'impression d'être empêchée dans mon imaginaire,
29:58 avant de le faire.
30:03 Ce truc de ne pas se sentir du tout légitime,
30:06 ça je l'ai eu absolument partout, tout le temps.
30:10 - Ça vient des personnes qui vous entourent, des milieux dans lesquels vous évoluez
30:13 ou d'une norme actuelle ?
30:16 - Une espèce de norme dans laquelle j'ai grandi dans les années 80.
30:20 Vous voyez, Catherine Ringer, par exemple, elle jouait la comédie
30:30 et puis elle s'affirme comme chanteuse, etc.
30:33 Elle ne joue plus.
30:35 Ou Marie Laforêt, elle ne joue plus tellement non plus.
30:39 Vous voyez, il faut un peu rester à sa place.
30:42 Jeanne Moreau, elle n'a pas tellement chanté que ça,
30:45 alors qu'elle aurait pu chanter plus.
30:47 Elle n'a même pas été tellement mise en avant comme chanteuse,
30:51 alors qu'aujourd'hui c'est vraiment le patrimoine de la chanson française.
30:55 Je pense que c'est lié à l'époque plutôt dans laquelle j'ai grandi.
31:01 - Vous allez monter sur scène, évidemment,
31:05 notamment ce samedi à la Ferme du Buisson,
31:07 c'est une scène nationale en Seine-et-Marne,
31:10 pour ce premier concert où vous allez interpréter ce cinquième album,
31:16 ce troisième album publié, pour être très précis, devant un public.
31:21 Qu'est-ce que ça fait justement d'être devant son public,
31:25 de ressentir ces émotions-là aussi ?
31:29 - Moi, je ne prononce jamais la phrase "mon public".
31:35 Pour moi, c'est le public,
31:39 et je serais bien en peine de m'approprier ça.
31:43 Moi, j'adore la scène.
31:48 C'est tout à la fois, ce trac atroce,
31:52 avant la première, avant les deux, trois premières.
31:56 Après, je n'ai plus le trac,
31:58 mais les trois premières fois en scène pour une pièce ou un projet,
32:03 c'est vraiment le truc où je me dis, je comprends pourquoi Molière a écrit
32:07 "mais qu'allait-il faire dans cette galère ?"
32:09 Il a dû se dire ça.
32:11 Moi, c'est le moment où je me dis "mais pourquoi ?
32:13 Pourquoi tu as choisi ce métier ?
32:16 Mais reste chez toi, disparaît".
32:19 J'ai horreur de ce moment avant les premières représentations.
32:23 Et en même temps, j'adore.
32:25 Et...
32:27 Ben...
32:29 Oui...
32:31 La scène, c'est quelque chose de fantastique.
32:35 Donc, c'est ça que vous me demandez ?
32:37 - Oui, c'est ça que je vous demandais.
32:39 C'est la même chose quand vous jouez la comédie
32:41 ou quand vous chantez, pour vous,
32:43 c'est la même réaction que vous avez ou c'est très différent ?
32:46 - Oui, le théâtre et la chanson, c'est la même chose pour moi.
32:49 C'est-à-dire, c'est la scène.
32:51 C'est la différence, elle est avec la caméra,
32:53 elle n'est pas avec le contenu de ce que je fais sur la scène.
32:57 - Vous allez aussi remonter sur scène pour danser.
33:00 On a parlé du corps tout à l'heure.
33:02 Vous vouliez être danseuse quand vous étiez plus jeune.
33:07 Qu'est-ce qui...
33:09 - Je vais remonter sur scène pour danser ?
33:10 - Vous n'allez pas remonter sur scène pour danser ?
33:12 - Non, je viens de faire un film
33:14 dans lequel je jouais Ida Rubinstein pour Anne Fontaine,
33:18 le film "Boléro" sur Ravel.
33:20 Ida Rubinstein, c'est elle qui a commandé le Boléro à Ravel.
33:23 Et puis, c'était une danseuse étoile des balais russes.
33:26 Et ensuite, Messène, qui a commandé beaucoup d'œuvres
33:29 du début du XXe siècle, très importantes.
33:32 Et donc, j'ai dû refaire de la danse
33:35 après avoir arrêté pendant 30 ans pour ce film.
33:39 Et c'était génial, j'ai adoré ça.
33:41 Mais je ne crois pas que...
33:43 - Non, c'est moi qui me suis trompé alors.
33:44 C'est ça, exactement, c'était pour la scène.
33:46 - Sinon, on vous prévient en fait.
33:48 - Sinon, je vous fais remonter moi sur scène.
33:51 La danse, comment on reprend comme ça
33:55 après des années sans danser, justement ?
33:57 Quelque chose de très sportif,
34:00 de très impliquant, de très engageant.
34:03 Comment on se relance dans ce défi, presque ?
34:06 - Est-ce qu'on se sent pas un peu rouillée ?
34:09 C'est-à-dire là, ça fait tellement longtemps
34:11 qu'on ne peut plus se sentir rouillée.
34:14 - C'est de la rue, de la rouille.
34:16 - Ouais.
34:17 Non, mais en fait, ce qui s'est passé,
34:19 c'est que Anne Fontaine m'a fait passer une audition
34:24 pour voir si j'étais capable de danser le rôle,
34:27 s'il allait falloir me doubler pour les parties dansées.
34:30 Et puis, ils ont conclu que non,
34:32 ce n'était pas la peine de me doubler.
34:35 Mais j'ai fait un boulot pendant une semaine
34:39 où j'étais toute seule.
34:41 Et là, ça n'a aucun rapport avec la personne
34:43 qui me faisait faire ce travail.
34:45 Je me suis horriblement emmerdée.
34:48 Et je me disais, mais qu'est-ce que c'est chiant, la danse !
34:51 Mais oh, merde, mais c'est archi-chiant !
34:53 Mais j'avais oublié !
34:55 Mais voilà, c'est pour ça que j'ai arrêté.
34:58 Puis alors, on m'avait donné une vidéo
35:00 pour que je m'entraîne pendant l'été.
35:02 Je n'ai même pas ouverte la vidéo.
35:04 J'arrive à la rentrée et Anne me dit,
35:06 bon, alors finalement, on va commencer.
35:08 On va demander aux gens de l'Opéra de Paris.
35:10 Finalement, ce n'est pas eux d'ailleurs qui ont fait l'archi-chiant.
35:12 J'ai fait, oh, génial, génial !
35:14 Et à l'intérieur, je me suis dit, merde, merde,
35:16 je n'ai rien fait !
35:18 Et comme je n'habite pas très loin de la Ménagerie de Verre,
35:20 qui est un endroit extraordinaire à Paris
35:22 où il y a des cours pour les danseurs
35:24 de danse contemporaine,
35:26 le lendemain, j'y suis allée, j'ai repris le cours,
35:28 n'importe lequel.
35:30 Et là, en deux minutes, j'ai compris.
35:32 J'ai dit, mais c'est fantastique !
35:34 C'est fantastique parce qu'on est 40 !
35:37 Et en fait, dans la vie,
35:39 on n'a jamais l'occasion de danser à 40,
35:41 à plein.
35:43 Et même en boîte de nuit, en fait,
35:45 à moins de faire la danse des Canards,
35:47 on ne traverse pas l'espace à 40, quoi.
35:49 On est sur place à 40,
35:51 à danser les uns à côté des autres.
35:53 Mais dans un cours de danse, on traverse l'espace à 40 !
35:55 Enfin bon, c'est un truc.
35:57 Et aussi, le truc qui est génial,
35:59 c'est comme j'avais quand même un peu le niveau
36:01 pour reprendre des cours professionnels.
36:03 Et depuis, j'y ai continué.
36:05 Je prends aussi des cours de classique et tout ça.
36:07 Quand je suis dans le groupe qui fait,
36:09 bon, je fais comme je peux,
36:11 mais c'est chouette.
36:13 Et quand je ne suis pas dans le groupe
36:15 qui est en train de passer, je suis au spectacle
36:17 parce que je vois des danseurs démons !
36:19 Et pour répondre à votre question sur la forme,
36:21 il y a un an, quand j'ai repris,
36:23 au bout de trois quarts d'heure, j'étais morte.
36:25 Après le cours de deux heures, je rentrais chez moi,
36:27 j'avais l'impression que j'étais malade.
36:29 Et je me suis dit "Ah ! Maintenant, je vais continuer après !"
36:31 Donc on peut reprendre une discipline comme ça.
36:33 C'est amusant, on a l'impression que vous allez vers la souffrance
36:35 pour ensuite pouvoir prendre du plaisir.
36:37 En général, dans la vie ?
36:39 Je ne sais pas, j'ai l'impression. Dans la création, en tout cas, peut-être.
36:41 Peut-être qu'aussi,
36:47 ouais, sûrement, aussi dans la souffrance,
36:49 j'éprouve du plaisir.
36:51 Oui, c'est ce que vous avez dit sur le trac.
36:53 Merci Jeanne Baguillard.
36:55 Merci à vous.
36:57 Merci à Medi-Culture pour nous parler de cet album.
36:59 D'ici là, tout l'été,
37:01 vous serez en concert ce samedi soir
37:03 à la scène de la Ferme du Buisson, scène nationale à Noisyles,
37:05 en Seine-et-Marne, puis en tournée à Brest,
37:07 Lausanne, et vous reviendrez ensuite à Paris.
37:09 On va mettre toutes les dates sur le site de l'émission.
37:11 On vous retrouvera aussi au cinéma.
37:13 Donc, en décembre, dans le dernier film de La Djili,
37:15 "Bâtiment 5", et puis au printemps, dans "Laissez-moi",
37:17 le film du réalisateur suisse
37:19 Maxime Rapaz.
37:21 Pour terminer l'émission, nous vous proposons, Jeanne Balibar,
37:23 une musique. Vous pouvez choisir
37:25 entre une chanson de Janis Joplin
37:27 ou une interprétation de Maria Callas.
37:29 Qu'est-ce qui vous ferait plaisir ?
37:31 Ah ben ça, c'est vachement vache !
37:33 J'avoue.
37:35 Allez, va pour la Callas.
37:37 (musique)
37:39 (musique)
37:41 (musique)
37:43 (musique)
37:45 A mourir tes oiseaux, Robert, que nul ne peut apprivoiser ;
37:52 Et c'est bien en vain qu'on l'appelle, Si lui convient de refuser.
38:01 Rien n'y fait, menace ou prière, Ne parle bien d'autre santé ;
38:09 C'est l'autre que je préfère ; Il n'a rien dit, mais il me plaît.
38:17 Le jour où l'amour est enfant de poème, Il s'est bien enlancé,
38:28 Le jour où l'amour est enfant de poème, Il n'a jamais, jamais connu de loin
38:37 Si tu ne m'aimes pas, je t'aime ; Si je t'aime, prends garde à toi.
38:47 Si tu ne m'aimes pas, si tu ne m'aimes pas, Je t'aime ;
38:56 Et si je t'aime, si je t'aime, Prends garde à toi.
39:11 * Extrait de « La vie de Jean-Balibar » de Jean-Balibar *
39:12 Marc Ravid - Maria Callas dans Carmen, merci beaucoup Jeanne Balibar d'être venue dans les Midi de Culture.
39:16 Une émission préparée par Alcette Wendoy, Anaïs Hizbert, Cyril Marchand, Zora Vignet,
39:21 Laura Dutèche-Pierres et Manon Delassalle à la réalisation.
39:23 Ce midi c'est Nicolas Berger à la prise de son Raphaël Rousseau.
39:27 A demain Géraldine.
39:28 Géraldine : A demain Nicolas.

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