Adolescent tué à Viry-Châtillon : les cinq gardés à vue déférés en vue d'une ouverture d'information judiciaire. Pour en parler, Jean-Marie Vilain, maire Les Centristes de la commune de l'Essonne.
Regardez L'invité d'Yves Calvi du 08 avril 2024 avec Yves Calvi.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 7h-9h, RTL Matin. Avec Yves Calvi.
00:06 RTL 8h20, bonjour Jean-Marie Villain. Bonjour. Merci beaucoup de nous rejoindre sur RTL ce matin. Vous êtes le maire de Viry-Châtillon
00:13 dans les Saônes où jeudi, Shem Sedin, 15 ans, a été tabassé devant son collège.
00:17 Il est décédé le lendemain des suites de ses blessures.
00:19 Cinq suspects ont donc été déférés hier après leur garde à vue. Il s'agit d'une jeune fille de 15 ans, trois garçons de 17
00:25 et un majeur âgé de 20 ans. Les quatre hommes ont été mis en examen pour assassinat.
00:30 La jeune fille, elle, pour abstention d'empêcher un crime. Jean-Marie Villain,
00:34 selon les premiers éléments de l'enquête citée par le procureur, cette agression trouve son origine dans une histoire amoureuse, deux frères voulant découdre avec la victime,
00:41 craignant pour la réputation de leur petite sœur. Vous nous le confirmez ce matin ?
00:44 Alors, je ne sais pas si c'est une relation amoureuse ou si c'est une
00:47 des discussions
00:49 relatifs à la sexualité, mais enfin c'est plutôt quelque chose dans ce goût-là.
00:53 C'est ce que le procureur m'a indiqué juste avant qu'il ne fasse paraître son communiqué de presse.
00:57 Pardon de poser une question aussi simple, mais comment des jeunes gens ont-ils pu en arriver là ?
01:01 Je serais prêt à vous retourner la question parce que pour ma part, en tant que papa, en tant que
01:06 que tout simplement être humain, j'arrive pas à comprendre comment on peut en arriver. D'abord parce qu'il n'y a déjà aucune raison,
01:12 quelle qu'elle soit. Ça peut paraître une raison
01:15 presque banale, malheureusement, mais
01:18 même si la raison avait été, entre guillemets, beaucoup plus importante, même si ça ne peut pas être important, de toute façon il n'y a rien qui peut
01:25 justifier. Alors c'est encore pire effectivement parce que c'est tellement d'une banalité. On a le droit de parler entre
01:31 adolescents, heureusement, parce que s'ils ne peuvent pas parler, c'est pas la peine. On va vivre chacun comme un ermite. Là, en l'occurrence, je pense que
01:39 c'est l'exacerbation de grands frères qui ont voulu montrer
01:45 leurs muscles et dire que c'était eux qui décidaient pour leur petite sœur. - Que savez-vous des cinq suspects mis en examen ?
01:50 Est-ce que ce sont des habitants de votre commune ? Est-ce que vous les connaissiez ? - Alors je ne les connais pas.
01:54 A priori, c'est bien des habitants de la commune, d'un autre quartier de Véry-Châtillon.
01:58 Si je suis bien compris, il y aurait peut-être même un qui serait rendu directement à la police. Je n'ai pas la certitude, mais il me
02:04 semble que ce soit passé comme ça.
02:06 Vous savez,
02:09 c'est difficile parce qu'on est toujours dans
02:14 une situation où tous les habitants de Véry, depuis deux trois jours,
02:18 envoient des mots par tous les moyens possibles, imaginables, sur le marché, comme quoi ils me soutiennent, mais surtout ils soutiennent la famille.
02:25 Ils veulent que je transmette ces informations-là.
02:27 Et du coup, on est tous traumatisés, que ce soit des habitants de Véry ou d'ailleurs, de toute façon, ce n'est pas très important.
02:33 Vous savez, ces histoires de rixes, c'est souvent entre villes, entre quartiers, etc.
02:36 Là, ce n'est pas une question de rixes ou de quartiers, c'est juste une question un peu
02:40 débile de se dire "tu n'as pas le droit de parler à ma sœur comme ça". C'est
02:44 marcher sur la tête. - La préméditation ne fait aucun doute pour vous ?
02:48 - Je sais que c'est très délicat cette question que je vous pose, mais on se dit "mais quel est leur lien avec Shem Sedin ?"
02:54 Selon leur déclaration, les suspects ont croisé
02:56 Shem Sedin à la sortie de son collège par hasard. Voilà, tout ça est tellement trouble et perturbant.
03:01 - En fait, il y a une première chose qui me semble importante, c'est que d'abord,
03:06 les pouvoirs publics, et en particulier madame la préfète et puis monsieur le procureur,
03:10 ont pris conscience, dès le soir même, de l'importance de ce qui s'était passé, et surtout des moyens qu'il fallait mettre à disposition pour qu'on
03:17 arrive à un résultat, somme toute, très rapide dans ce genre d'affaires. Ils ont été aidés par différentes choses.
03:23 Donc ça, c'est déjà une première chose. Maintenant,
03:32 c'est compliqué parce que, d'abord, l'enquête se poursuit.
03:35 Je n'ai pas du tout évoqué l'enquête pendant ces trois jours, parce que je préférais justement qu'ils puissent avoir les moyens, les coups d'éfranger.
03:40 Par contre, il y a un élément qui est quand même trop ennuyeux. Je me suis rendu compte maintenant,
03:45 après ce que m'a dit le procureur, c'est que j'ai croisé un des quatre.
03:48 Le soir même, sur place, quand je suis arrivé, trois quarts d'heure, une heure après, il y avait donc ce témoin qui
03:55 annonçait qu'il y avait trois personnes qui s'étaient enfouies, cagoulées, etc. Il est resté sur place.
04:00 Vous imaginez quand même le cynisme de cette personne qui est donc un des quatre,
04:03 qui a menti au policier sur place,
04:07 en ma présence.
04:10 Enfin, je n'étais pas à côté, mais il nous l'a redit.
04:13 Il était dans les quatre, cinq personnes qui étaient autour. Il restait parce que, en tant que témoin, la police l'acceptait qu'il soit présent.
04:18 Mais qu'est-ce que ça nous dit ? Un sentiment d'impunité absolue ?
04:22 Non, je pense qu'il a été très malin, surtout.
04:26 Il a été très malin parce que c'est en procédant de cette façon-là que les autres ont pu s'enfuir d'une manière tout à fait tranquille.
04:32 - Avez-vous pu parler à la famille de Shams Eddin et que vous en dites-vous ?
04:37 - Alors oui, j'ai évoqué, je les ai eus au téléphone une ou deux fois à chaque fois par jour.
04:41 Je les vois aujourd'hui pour organiser quelque chose, très certainement fin de semaine.
04:46 Ils sont effondrés. D'abord, à un moment, je ne l'ai pas eu, j'ai son téléphone, je l'ai croisé juste le jeudi soir,
04:53 puisqu'au moment où elle est arrivée, avant que l'ambulance ne parte.
04:56 Donc c'est plus la cousine et puis ça, les tentes qui sont présentes.
05:01 Ils sont effondrés, ils ne comprennent toujours pas.
05:04 Puis ils ne comprendront jamais, de toute façon, on ne comprend pas.
05:07 Comment voulez-vous qu'on comprenne que son cousin ou que son fils meurt à 15 ans ?
05:11 - Il va falloir nous réapprendre à vraiment tenir, à être fort et ferme sur les mots que vous avez eus juste après le drame.
05:17 Vous les maintenez aujourd'hui, c'est votre état d'esprit ?
05:20 - Oui, bien sûr, parce que de toute façon, je fais des rappels à la loi dans mon bureau,
05:24 pour des petits faits, des petites choses, histoire de dire que dès le début, il faut faire quelque chose.
05:28 Si on laisse faire, si on se borne à dire, à arrêter de connerie, non, ce n'est pas ça.
05:33 Il faut faire quelque chose d'officiel.
05:36 Dans mon bureau, c'est sous la responsabilité d'ailleurs du procureur de la République,
05:39 je reçois les parents avec les adolescents, qui sont des primo-adolescents.
05:44 Si c'est des choses beaucoup plus graves, ce n'est pas mon rôle.
05:46 Mais au moins pour leur expliquer qu'il y a un besoin de reconnaissance,
05:51 alors du maire, des policiers, des pompiers...
05:53 - Qu'est-ce qu'ils vous disent ? Ils s'en foutent, non ?
05:55 - Alors, ce n'est pas vrai.
05:56 Alors, je ne vais pas vous dire que ça marche à tous les coups,
05:58 mais j'en ai eu trois ou quatre qui sont venus un an, deux ans après, en stage en mairie,
06:03 parce que je leur avais promis que s'ils avaient des besoins, moi j'étais prêt à les aider, dans la mesure de mes moyens.
06:08 Donc ça veut dire que ça arrive.
06:09 Mais le pire, et moi ce qui m'inquiète le plus, c'est quand, au cours de ces rendez-vous,
06:14 vous vous retrouvez avec un papa ou une maman,
06:16 et qui vous dit "oui, oui, surtout, soyez forts, parce que moi je n'y arrive plus avec eux".
06:22 Et ça, c'est inquiétant.
06:23 Ce qui veut dire que c'est surtout l'école de la parentalité qu'il va falloir faire.
06:26 Il y a des gens qui ont des enfants à 20 ans,
06:28 et qui ne savent pas du tout comment ça se passe pour élever un gamin.
06:31 - Une marche blanche va-t-elle être organisée ?
06:33 - Oui, je rencontre justement la famille cet après-midi pour ça.
06:37 Ça devrait se faire d'ici la fin de la semaine, juste après les obsèques.
06:40 - On sait quand les obsèques sont prévus ?
06:43 - Oui, c'est prévu demain.
06:45 - Donc, dans la continuité ?
06:47 - Non, non, ça ne sera pas dans la continuité.
06:49 Ils ont préféré faire un choix différent.
06:51 Moi, je leur ai annoncé dès le départ que j'étais prêt à les accompagner,
06:54 à les aider sur les points logistiques, etc.
06:56 Donc, ça, c'est prévu comme ça.
06:58 Mais ils ont fait ce choix de le faire avec un léger décalage.
07:01 - Vous êtes maire de Vérigie-Châtillon depuis 10 ans.
07:04 Est-ce que vous percevez une réelle augmentation de la violence ?
07:07 - Non.
07:09 Non, ce n'est pas vrai.
07:11 Vous savez, j'ai vécu à Véry deux choses absolument horribles.
07:16 Les policiers qui avaient été agressés il y a maintenant 8 ans.
07:19 Vous voyez, 8 ans, ce n'est pas anodin.
07:21 Ce n'est pas hier.
07:23 C'est hier parce que les policiers souffrent encore dans leur chair.
07:26 Mais oui, il y a des petits faits de violence.
07:29 La délinquance est plutôt stable.
07:31 Il y a encore des cambriolages.
07:33 Sur les cambriolages et sur les fracassés des voitures comme ça,
07:36 ça augmente encore un petit peu, c'est vrai.
07:38 Mais sinon, non.
07:40 Quand vous voyez que des caméras sont là,
07:44 on arrive à déterminer que 8 ou 10 personnes
07:47 ont cassé une dizaine de voitures dans deux rues consécutives.
07:51 Et que 48 heures après, ils sont mis dehors.
07:55 C'est un long lieu ou un manque de je ne sais pas quoi.
08:00 - On est désarmé, c'est ça ?
08:03 - Pas complètement.
08:05 Je disais du bien du procureur et je continue de dire
08:07 que l'enquête a été particulièrement bien menée
08:09 et qu'il a joué son rôle à ce moment-là.
08:11 Mais ce n'est pas toujours le cas.
08:13 Et les gens ont ce sentiment un peu.
08:15 - Vous nous rappelez le lieu et la date de la marche blanche ?
08:19 - Le lieu, ce sera à Viry-Châtillon, dans le quartier des Coteaux.
08:23 Et très certainement, ce n'est pas arrêté vendredi après-midi.
08:27 - Probablement.
08:28 au moins, on peut le faire.
08:29 C'est un peu la même chose.