Jean Terlier est député Renaissance du Tarn.
Regardez Le débat du 15 novembre 2023 avec Yves Calvi et Amandine Bégot.
Regardez Le débat du 15 novembre 2023 avec Yves Calvi et Amandine Bégot.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 7h, 9h
00:05 RTL matin. RTL 8h18. Bonjour Jean Ternier. Bonjour. Vous êtes député Renaissance du Tarn. Merci beaucoup de prendre la parole
00:12 ce matin sur RTL puisque vous faites partie des élus qui ont assisté hier à la projection
00:17 de ce film compilé par les autorités israéliennes, il faut le rappeler, diffusé à l'Assemblée Nationale.
00:22 Il montre les massacres commis par les terroristes du Hamas le 7 octobre dernier.
00:27 Je précise que c'est une initiative d'un député de votre parti, Mathieu Lefebvre, président du groupe d'amitié France-Israël.
00:32 Monsieur le député, avez-vous trouvé le sommeil après avoir visionné ces images ?
00:36 Écoutez, difficilement.
00:39 Mais il a fini par arriver évidemment, mais c'est vrai qu'on est...
00:44 Quand on sort de ce film, il a été projeté après les questions au gouvernement
00:49 à 17h30, vous l'avez rappelé, à l'invitation de Mathieu Lefebvre du groupe d'amitié France-Israël.
00:56 On sort de ce film,
00:58 de ce reportage complètement bouleversé, choqué,
01:01 meurtri, écoeuré, bref, c'est beaucoup de sentiments qui se mêlent.
01:05 C'est une centaine de collègues qui ont assisté à cette projection.
01:09 Qu'avez-vous vu exactement et pouvez-vous trouver les mots pour en parler ?
01:13 C'est important à la radio les mots, ça génère les images.
01:17 On a vu la barbarie
01:20 de terroristes armés qui
01:24 massacrent, pour dire les choses, des civils, à qui ils ne laissent aucun choix.
01:29 On a vu des terroristes du Hamas
01:32 se réjouir devant des corps inertes, devant des corps
01:36 calcinés,
01:38 des tentatives de décapitation avec des
01:41 outils de jardinage sur des corps inertes, des enfants, bref, la barbarie,
01:49 le défaut d'humanité. Je crois qu'on est sur quelque chose qui est assez indescriptible et qui laisse
01:56 évidemment beaucoup de
01:58 beaucoup d'images terribles.
02:02 Mais moi j'y suis allé parce que j'avais besoin de mettre des images sur les récits que j'avais pu avoir
02:09 sur des collègues qui m'avaient fait un certain nombre de témoignages, puisqu'ils sont partis en Israël
02:14 à la suite du 7 octobre pour se rendre sur place.
02:17 - Ça veut dire que ça vous paraissait d'une certaine façon impossible, ou pardonnez-moi, plutôt inconcevable,
02:21 et que vous aviez besoin de voir les images ?
02:24 - J'avais besoin de mettre effectivement des images sur
02:27 ce qu'est aujourd'hui ce qu'on décrit comme étant de la barbarie.
02:31 On a souvent des témoignages, on le lit, mais on le voit assez peu.
02:34 Les images m'ont excessivement marqué, m'ont permis de mettre effectivement
02:38 voilà, de m'en renforcer encore ce qu'on peut avoir comme
02:44 comme ignominie. Ce qu'il m'a, je vais vous dire, le plus marqué c'est au fond
02:49 on constate l'inhumanité en fait de ces êtres humains à l'endroit d'autres êtres humains.
02:59 Le fait de les voir se réjouir, de ne leur laisser aucune chance.
03:05 On voit ces jeunes courir dans des champs pour fuir les tirs et puis
03:10 des mitraillettes montées sur des camionnettes où on est, je m'excuse de l'expression, mais c'est du tir au lapin.
03:16 Et on est dans une espèce de révulsion face à ces actes.
03:23 Je crois que, en ce qui me concerne, mais c'est très intime encore, c'est qu'une seule,
03:28 c'est qu'une partie de mes collègues qui ont voulu
03:31 y assister, mais j'avais besoin moi encore une fois de mettre des images sur ces actes de barbarie.
03:37 J'ai eu l'impression, mais peut-être je me trompe, il y a quelques instants que
03:40 vous évitiez de nous parler des images concernant les enfants.
03:44 En tout cas, quand vous avez prononcé le mot "enfant",
03:46 j'ai eu l'impression que vous ne souhaitiez pas nous en parler.
03:49 Pourquoi ? Parce que c'est horrible et parce qu'ils sont effectivement présents au cœur de ces images ?
03:54 Oui, ils sont très présents encore au cœur de ces images,
03:57 des enfants
04:00 qu'on laisse comme...
04:04 dans des conditions atroces, des corps calcinés.
04:08 Je crois que c'est vraiment ça aussi également ce qui m'a beaucoup marqué.
04:14 Mais voilà, je crois que c'est encore une fois
04:18 important pour moi, mais je pense en tant que député, de se confronter à cette réalité.
04:24 Elle est terrible, elle est ignoble.
04:25 On est face à la barbarie ultime, si je puis dire, mais
04:32 je ressentais la nécessité de me confronter à cette réalité.
04:36 Quel a été le climat dans la salle ? Comment ont réagi les députés autour de vous ?
04:39 Vous étiez dans le noir, les uns à côté des autres, enfin comment ça se passait ?
04:42 Oui, on était tous les uns à côté des autres dans le noir,
04:45 évidemment dans le calme, en se disant les uns et les autres que peut-être on ne resterait pas jusqu'à la fin de la projection.
04:51 Je n'ai pas vu beaucoup de mes collègues se lever en cours de la projection.
04:56 Tout le monde est resté et vous avez une centaine de députés qui, à la fin de la projection, sont sortis dans le calme.
05:02 En regardant leurs pieds, en se regardant, en évitant d'échanger des regards.
05:08 Je pense que c'était un moment fort qu'on a vécu personnellement,
05:13 mais aussi également collectivement à l'initiative de Mathieu Lefebvre.
05:18 Et je pense que ce sont des moments qui marqueront notre mandat.
05:24 43 minutes, c'est très long pour être confronté à de pareilles horreurs.
05:29 Vous vous êtes parlé à la sortie de la projection ?
05:32 Parce qu'en fait, au-delà des couleurs politiques, vous avez tous un lien maintenant.
05:37 Vous avez vu ces images, les uns et les autres.
05:40 Bien sûr. On ne s'est pas parlé. Moi je n'ai parlé à personne, on a échangé des regards.
05:45 Et puis, pour essayer de passer à autre chose, j'allais dire, même si c'est impossible de passer à autre chose,
05:52 je suis retourné dans l'hémicycle, aller voter un texte sur le plein emploi.
05:59 Faire votre boulot ?
06:00 Faire mon travail. Peut-être aussi également pour essayer de me protéger,
06:06 de minimiser, même si c'est impossible, l'horreur de ce qu'on a pu constater pendant 45 minutes.
06:11 Comprenez-vous ceux qui ne sont pas venus ? Et vous-même avez-vous hésité avant de voir ces images ?
06:16 Moi j'ai longuement hésité avant de voir ces images.
06:18 Je m'étais préparé à presque même pire que ce que j'ai vu pour essayer de mettre un mécanisme de protection à titre personnel.
06:27 J'ai longuement hésité, j'y suis finalement allé. On en a beaucoup discuté avant entre collègues.
06:33 J'ai pu échanger avec celles et ceux de mes collègues qui n'avaient pas l'envie d'y participer pour plein de bonnes raisons.
06:40 Encore une fois, je vous l'ai dit, c'est...
06:41 Vous comprenez ?
06:42 Bien sûr.
06:42 C'est le cas notamment du premier secrétaire du Parti Socialiste, Olivier Faure.
06:45 Exactement. C'est quelque chose de très personnel.
06:47 Encore une fois, je vous le dis, j'avais envie moi de mettre des images sur de la barbarie.
06:52 Et je pense qu'encore une fois, c'est bien de se confronter à cette réalité, mais ça c'est quelque chose de très personnel.
06:57 Faut-il maintenant ou peut-on maintenant selon vous les diffuser à un public plus large ?
07:01 Pensez-vous nécessaire qu'elles soient en tout cas, je dirais, accessibles ?
07:06 C'est compliqué comme réponse.
07:10 J'aurais envie de vous dire oui.
07:13 Moi-même en tant que député de la Nation, j'y ai assisté, j'ai pu me rendre compte.
07:18 Je pense que ça participe de la compréhension de ce qu'a été l'horreur de ces attaques terroristes du Hamas.
07:27 Oui, après il faut évidemment déterminer le cadre dans lequel ça pourrait être diffusé.
07:34 Parce que si c'est diffusé évidemment à titre de propagande par tel ou tel ou mal utilisé pour un public jeune,
07:40 effectivement il faut évidemment l'éviter.
07:42 Alors on le rappelle, le film a été réalisé à partir d'extraits des caméras et des téléphones des assaillants du Hamas,
07:47 tués ou faits prisonniers, d'images captées par des victimes et des secouristes par ailleurs.
07:51 Regarder, diffuser cette violence extrême, est-ce que c'est d'une certaine façon faire le jeu des terroristes,
07:57 comme dans un film de propagande, puisque eux c'était leur propos initial ?
08:01 Oui, ça peut être interprété comme cela.
08:05 Moi je ne l'ai pas évidemment vécu comme ça.
08:07 Et je vous l'ai dit, ce qui m'a énormément choqué dans ce visionnage,
08:12 c'est justement l'attitude de ce terroriste qui se réjouissait devant des corps calcinés,
08:18 devant des corps ensanglantés, devant des personnes à qui il venait juste d'ôter la vie.
08:27 Et oui, je pense que ça pourrait aussi être utilisé comme cela.
08:32 C'est pour ça que vous avez parlé tout à l'heure de la manière de le diffuser à un public purlin.
08:37 Je pense qu'il faut être précautionneux évidemment pour éviter que ça puisse être utilisé dans ce cadre-là.
08:41 Votre vision du monde, ce sera ma dernière question d'ailleurs,
08:44 même d'une certaine façon de l'humanité, est-elle bouleversée par ces 43 minutes que vous avez vues hier,
08:49 dans votre vie d'homme ?
08:51 Oui, je pense qu'elle a aujourd'hui pris une coloration un peu particulière sur ce que peut être la barbarie,
09:00 le manque d'humanité, les massacres d'êtres humains comme on pensait ne plus pouvoir en exister.
09:09 Et malheureusement, ils existent encore et je pense qu'il faut s'y préparer, y être confronté.
09:15 Et en tant qu'élue de la nation, c'est ce que j'ai voulu faire hier en regardant ce reportage.
09:19 Merci Jean Terlier d'avoir accepté d'en parler avec pudeur ce matin sur l'antenne d'RTL.
09:24 Vous êtes des putes ironies.
09:26 [SILENCE]