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L'AFFAIRE BARRIE TAYLOR ⚠️ _ Sur la scène du Crime _ Épisode entier

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00:00 L'affaire qui suit relate des faits réels dont le déroulement est illustré par des reconstitutions.
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01:25 Jeudi 30 septembre 1993, midi 10, deux policiers du commissariat de Versailles
01:35 accompagnés d'un jeune homme, Marc Pavageau, découvrent le corps d'une femme dans l'escalier du jardin d'un pavillon.
01:41 Sa tête est recouverte d'un sac poubelle. Ses poignées et ses chevilles sont liées par du câble électrique.
01:47 A quelques mètres de là, au milieu du jardin, une fosse de deux mètres de long vient tout juste d'être creusée.
01:53 La terre est retournée, une pelle est toujours posée sur le sol.
01:57 C'est une femme qui a ouvert la porte de la maison aux policiers. Elle prétend faire du jardinage.
02:02 Il s'agit là d'une scène de crime assez singulière parce que finalement nous avons un cadavre,
02:07 nous avons le lieu qui est prédestiné pour y mettre le cadavre et nous avons potentiellement l'auteur ou de moins le complice du meurtre.
02:15 Donc d'un point de vue scène de crime, finalement on a déjà beaucoup d'éléments.
02:20 Alors c'est vrai qu'on va porter une attention particulière au cadavre, notamment donc à la cause du décès.
02:26 Quelques investigations auront lieu au niveau, par exemple, le trou. Est-ce qu'il a pu être fait par une femme ?
02:34 Est-ce qu'elle a eu la force physique de creuser seul ce trou ou est-ce qu'elle a un complice ?
02:39 Est-ce que l'outil avec lequel elle est en train de creuser le trou est-ce l'outil qui a également permis de tuer la personne ?
02:46 Et à partir de là, la propriété, le jardin devient une scène de crime.
02:51 Et donc, à position de sceller, périmètre de sécurité, rue balise et garde des lieux.
02:57 Les techniciens de l'identité judiciaire de la direction régionale de la police judiciaire de Versailles débutent leur enquête.
03:04 La victime porte une chemise et des collants noirs.
03:07 Elle repose sur une couette bleue qui dissimule une planche.
03:13 Une grosse pierre meulière est posée à ses côtés.
03:20 Couverte aux abords du trou, une paire de gants tachés et un maître tailleur sont mis sous scellée.
03:25 Dans la maison, les techniciens constatent que les murs ont été lessivés.
03:37 Mais ils découvrent tout de même des traces de sang dans la salle à manger, sur la toile cirée de la table et sur un mur.
03:43 Des prélèvements sont effectués.
03:46 Un technicien sent que flottent des effluves de gaz lacrymogènes.
03:50 Un corps, une femme suspecte, un trou creusé.
03:58 Le substitut du procureur du parquet de Versailles ordonne immédiatement une enquête pour crime flagrant.
04:03 On retrouve une scène de crime, on retrouve le corps, on retrouve des taches de sang.
04:10 Donc visiblement, elle a bien été tuée là.
04:15 Marc assiste à la scène de la découverte du corps.
04:18 C'est lui qui avait alerté le commissariat de Versailles de la disparition de sa mère.
04:22 Il identifie la victime.
04:24 Il s'agit bien de Roxane Pavageau, comme il le craignait.
04:28 C'est un choc énorme.
04:31 Je pense qu'il a été tenu éloigné par les policiers.
04:35 Je pense qu'il ne s'en remettra jamais.
04:38 C'est abominable ce qu'il a vécu.
04:40 Il était quand même très jeune.
04:42 Il avait certes 18 ans, mais c'était assez horrible.
04:48 On retrouve le corps de Roxane Pavageau dans un escalier qui relie le jardin au sous-sol.
04:55 Cette femme est décédée.
05:01 Elle a les chevilles, les poignées liées.
05:10 Elle a le visage enfermé dans des sacs plastiques.
05:15 La femme qui a ouvert la porte au policier est une Américaine.
05:27 Elle s'appelle Barry Taylor.
05:29 Elle habite dans cette maison.
05:31 Elle est sous le choc.
05:32 Le médecin, appelé par les fonctionnaires de police, relève de la terre sous ses ongles.
05:36 Les enquêteurs ont bien la certitude de l'avoir prise en flagrant délit alors qu'elle tentait d'enterrer le corps de Roxane Pavageau.
05:43 Barry Taylor est placé en garde à vue et emmené au commissariat de Versailles pour interrogatoire.
05:49 Au même moment, le corps de Roxane Pavageau est envoyé au service de médecine légale de l'hôpital Raymond Poincaré de Garches, dans les Hauts-de-Seine, pour être autopsié.
05:58 Les policiers cherchent à joindre le mari de la victime pour lui annoncer le décès de sa femme.
06:03 Ils apprennent que Philippe Pavageau est en voyage d'affaires à New York depuis quelques jours.
06:08 Dès son retour le 2 octobre, ils l'attendent à Roissy et lui signifient sa mise en garde à vue.
06:13 Ce cadre commercial apprend alors que son ex-femme a été tuée et que sa compagne est soupçonnée.
06:19 Mais il se dégage de toute responsabilité.
06:22 L'enquête de police, elle permet très rapidement de voir qu'il a un alibi sérieux.
06:27 Il voit qu'il n'est pas en France à ce moment-là et qu'il ne peut pas avoir été présent au moment des faits.
06:36 Pendant sa garde à vue, Barry Taylor affirme ne se souvenir de rien.
06:41 Elle est agitée et refuse de répondre aux questions qui lui sont posées.
06:44 Elle dit "je ne me souviens de rien". Elle est dans une espèce de brouillard très épais, complètement impénétrable.
06:53 Elle a un discours qui n'est pas décousu, elle n'est pas folle, elle n'est pas désaxée.
06:59 Mais elle a un discours qui est très difficile à suivre.
07:02 Les enquêteurs étudient les indices trouvés sur la scène du crime.
07:07 La Pierre-Melière ne livre rien. Elle ne porte pas de traces de sang.
07:12 Première déception pour les policiers qui espéraient avoir trouvé l'arme du crime.
07:18 En revanche, les scellés relevés, comme la couverture qui supportait le corps et les gants trouvés près du trou,
07:24 ainsi que les écouvillons de sang provenant de la salle à manger, sont envoyés au laboratoire pour analyse.
07:30 Quand on reçoit ces scellés, ces taches de sang qui sont sur un support, ils peuvent être sur un tissu par exemple,
07:37 eh bien on doit ouvrir ces scellés.
07:42 La réduction du risque de la mort
07:46 Et à partir de là, la règle générale est de conserver la moitié de ce que nous ont envoyé à titre conservatoire
07:59 s'il y a nécessité de refaire des examens, et puis de prendre l'autre moitié pour réaliser les examens en particulier,
08:08 en l'occurrence les groupages ABO et Resus.
08:12 Il faudra attendre plusieurs mois pour obtenir le résultat de ces analyses.
08:17 L'enquête démarre par l'autopsie du corps de Roxane Pavageau, dès le lendemain de sa découverte, le 1er octobre.
08:23 C'est le docteur François Parer qui est chargé de cet examen.
08:27 Dès cet examen, il est possible d'examiner, de constater la présence d'une vingtaine de plaies contuses au niveau de la tête et du visage.
08:39 Ces plaies contuses sont localisées certaines au niveau de la peau du visage, mais la plupart d'entre elles sont localisées au niveau du cuir chevelu.
08:54 Ce sont donc des plaies dont les bords sont contus, sont irréguliers, s'accompagnent d'un aspect équimotique, on appelle ça un bleu.
09:04 Et ce sont des plaies qui ne présentent pas les caractères d'une plaie telle qu'on peut l'observer, résultant d'un objet coupant.
09:14 L'autopsie va se poursuivre, on examine la surface même de la voûte crânienne.
09:22 Alors, cet examen va montrer des fractures à la surface de la voûte crânienne.
09:29 Et elle va montrer notamment une lésion traumatique qui est tout à fait importante dans cette autopsie.
09:36 C'est une zone d'enfoncement de la voûte crânienne qui présente un aspect en forme.
09:45 La forme est celle d'un coin, d'un coin qui constitue un angle droit.
09:52 La forme des plaies apporte une piste aux enquêteurs.
09:56 Il était possible de dire que premièrement un marteau avait pu être utilisé pour provoquer ces plaies.
10:06 Le rapport d'autopsie conclut que Roxane Pavageau est décédée à la suite d'une blessure crânio-encéphalique, résultant de 20 coups portés par un objet contondant.
10:15 La forme des plaies peut faire penser à un marteau. Mais aucun marteau n'a été retrouvé sur la scène de crime.
10:21 L'autopsie donne une autre information essentielle pour l'enquête.
10:25 Je pouvais donc dire que le décès avait pu se situer dans la journée du 28. Parce que c'est ça qui importe à la justice.
10:38 Le 28 septembre est en effet le dernier jour où l'on a vu vivante Roxane Pavageau.
10:44 Le soir, elle n'est pas rentrée à son domicile de Fourqueuil qu'elle partage avec son fils.
10:49 Le 28 septembre 1993, Marc Pavageau, l'un des fils de la victime, signale la disparition de sa mère.
10:58 Il avait le pressentiment qu'il était arrivé quelque chose de grave à sa mère. Sa mère n'avait pas l'habitude de disparaître comme ça, de ne pas leur donner de nouvelles.
11:07 En fait, le contexte familial est plutôt houleux.
11:11 Les rapports de Philippe et Roxane Pavageau sont très tendus depuis leur séparation, comme le montre cette lettre.
11:17 Ils sont en instance de divorce. Marc, leur fils, est persuadé qu'un drame a eu lieu.
11:22 Au départ, on ne savait pas si la mère n'avait pas fait une fugue et puis était revenue, s'il n'y avait pas eu une bagarre avec le mari.
11:35 Vraiment, c'était très très flou. On a été de découverte en découverte.
11:39 Dans l'après-midi du lendemain, le 29 septembre, n'ayant toujours pas de nouvelles, Marc décide de se rendre dans la maison du boulevard de la République.
11:47 C'est l'ancienne maison de famille, habitée désormais par son père et sa nouvelle compagne, Barry Taylor.
11:53 C'est elle qui ouvre à Marc ce jour-là. Elle écoute ses inquiétudes et lui répond avec aplomb.
11:58 On m'a raconté que lorsqu'il avait tenté de voir sa mère et qu'il avait rencontré Barry Taylor, son attitude lui avait pas paru normale, qu'elle était très agitée, que ses propos étaient peu cohérents.
12:16 Elle lui avait dit "non, ta mère n'est pas là, je sais pas où elle est, je n'ai aucune nouvelle". C'était très évasif. Il a insisté pour que la police se rende au domicile.
12:32 Les policiers vont frapper à la porte du domicile du mari, Philippe Pavageau, qui n'est pas là.
12:40 C'est Barry Taylor qui ouvre la porte, qui dit que Roxane Pavageau n'est pas là.
12:47 Bon, très bien, tout le monde repart. Le lendemain, la police retourne sur les lieux.
12:54 Donc c'est pas la police qui, spontanément, est retournée une deuxième fois. C'est Marc qui, quelques heures après, je pense que c'est le lendemain, a réitéré sa demande et a demandé à la police de retourner.
13:15 Et là, une scène incroyable se déroule. La police ouvre la porte au moment où Barry Taylor est dans le jardin et s'apprête visiblement à enterrer le corps de Roxane Pavageau.
13:40 Marc a cherché sa mère durant deux jours avant de la retrouver le crâne fracturé dans le jardin de son enfance.
13:46 Deux jours pendant lesquels la nouvelle compagne de son père, Barry Taylor, était dans la maison, en l'absence de Philippe Pavageau en déplacement aux États-Unis.
13:55 Après ses premières heures de garde à vue où elle se tait, Barry Taylor livre sa version. Roxane l'aurait agressée, elle aurait donc été contrainte de se défendre.
14:06 Elle a des flashes. Roxane Pavageau, avec le marteau, avec des yeux remplis de haine, qui l'attaque.
14:24 Là, elle a brandi ce fameux marteau devant Barry Taylor, complètement médusé et affolé.
14:36 À un moment, elle dit, elle m'a attaquée avec ce marteau à rage-clos. Je l'ai gazée avec une bombe lacrymogène de défense.
14:54 À ce moment-là, Mme Barry Taylor se serait saisie de cet objet que tenait en main Mme Pavageau.
15:03 Et que c'est à ce moment-là que Mme Barry Taylor aurait donné des coups avec cet objet.
15:18 Et après, je l'ai vue au sol.
15:24 La version de Barry Taylor ne convainc pas totalement les enquêteurs. Les constatations effectuées sur la scène du crime corroborent certaines de ses déclarations.
15:31 Des effluves prouvent qu'une bombe lacrymogène a été activée. D'autre part, les conclusions du médecin légiste laissent à penser qu'un marteau peut être l'arme du crime.
15:41 À ce moment de l'enquête, le mystère reste entier sur la cause d'une telle violence.
15:51 Les policiers creusent alors la personnalité de Barry Taylor.
15:57 Et l'entraide est allée de surprise en surprise.
16:16 Barry Taylor est une Américaine. Elle se présente comme avocate spécialiste des droits de l'homme.
16:22 Mais lors des premiers entretiens, les enquêteurs découvrent que la date de naissance sur son passeport n'est pas la bonne.
16:29 Il indique le 5 mars 1955. Or, elle est née le 5 mars 1950.
16:37 Cette femme n'a donc pas 38 ans, mais 43. Ils s'aperçoivent en outre rapidement qu'elle n'a pas de diplôme d'avocate.
16:46 Les enquêteurs découvrent une personnalité troublante.
16:52 En remontant son histoire, on s'aperçoit qu'elle a été mariée, qu'elle a fait des petits boulots, qu'elle a travaillé dans les milieux artistiques,
17:01 que son mari était dans la construction, qu'ils ont divorcé, qu'elle est venue à Paris. Tout ça, on a un peu de mal à suivre.
17:10 Au début de l'enquête, moi-même, dans ce dossier, Barry Taylor est avocate. J'ai une consœur sous les verrous.
17:20 À l'issue de sa garde à vue, Barry Taylor est mise en examen pour homicide volontaire et écrouée à la maison d'arrêt des femmes de Versailles.
17:29 Du côté de l'instruction, du côté du juge et du côté des enquêteurs, on estime que c'est une affabulatrice.
17:37 Et là, c'est vrai que ces mensonges passés, la manière dont elle se présente, erronée, tout ça va peser aussi dans l'étude de personnalité de Barry Taylor.
17:49 Il n'y a aucune communication. Ce qui m'a été rapporté par Mme Taylor, c'est que quand elle est rentrée dans le bureau du juge d'instruction,
17:57 donc en face de la première personne qui n'était pas censée être coercitive avec elle puisqu'il devait instruire à charge et à décharge,
18:07 qu'il n'y avait pas d'uniforme, qu'il était dans un lieu qui, pour une Américaine, est un lieu de parole, le bureau d'un juge,
18:18 là, il l'aurait attaquée dès le départ sur le fait qu'elle était Américaine et sur le fait que c'est lui qui décidait.
18:28 Et lors de ses premières auditions, Barry Taylor, qui est une séductrice, ça a été une très jolie femme, c'est une femme qui aime bien séduire,
18:40 qui aime bien captiver le regard, qui aime bien qu'on s'intéresse à elle, Barry Taylor va tout faire pour mettre à l'aise, si je puis dire,
18:48 Jean-Marie Charpiet dans ce cabinet d'instruction. Et elle va essayer d'être, pas du tout aguichante, ce n'est pas ce que je veux dire,
18:55 mais elle va essayer de le charmer, en tout cas de l'apitoyer. Lui, il ne va pas rentrer du tout dans ce jeu-là.
19:02 Donc on va avoir tout de suite, très vite, dès les premières auditions, une incompréhension, si vous voulez.
19:12 Cette incompréhension entre le juge d'instruction et Barry Taylor ne va pas faciliter le travail des enquêteurs puisqu'elles refusent de communiquer.
19:20 Il est presque de nature publique qu'il y a un contentieux, entre guillemets, entre le juge et cette fausse avocate.
19:30 Donc les choses vont s'envenimer et effectivement se détériorer.
19:34 C'était un personnage assez exceptionnel. Vous savez, pour l'avocat des parloirs, on y va avec les pieds de plomb parce qu'en face, il n'y a rien.
19:44 Et puis il y en a d'autres où on va avec cette excitation intellectuelle et professionnelle inouïe. Ça faisait partie de cela.
19:51 Elle ne veut pas s'expliquer. Dans le bureau du juge d'instruction, elle se bouche les oreilles pour ne pas entendre les questions que lui pose le juge Charpiet.
19:59 Elle regarde par la fenêtre. Enfin voilà, donc Barry Taylor, elle essaie de ne pas s'expliquer.
20:04 Elle n'était pas dans une attitude de séduction vis-à-vis de l'avocat ou vis-à-vis de mes collaborateurs, etc.
20:12 Elle était plutôt dans une attitude d'opposition et d'opposition ferme et d'opposition totale au point qu'elle se mettait face à elle à un mur.
20:23 Elle n'a pas donné grand chose puisqu'elle refusait de parler et elle s'est carrément déshabillée dans la cellule pour empêcher son extraction.
20:33 Barry Taylor refuse d'expliquer ses mensonges sur sa biographie et les raisons qui l'ont amené à tuer Roxane Pavageot.
20:39 Mais les enquêteurs ont des indices. Les analyses des tâches de sang retrouvées sur la scène de crime vont leur apporter un élément de réponse pour comprendre comment Roxane Pavageot a été tuée.
20:52 Au début des années 90, il y avait très peu de méthodologie spécifique, de technique particulière pour tester les tâches de sang.
21:04 Il n'y avait que les groupes sanguins, que certaines protéines du sang et encore c'est extrêmement compliqué.
21:11 Donc on devait, à partir des tâches qui étaient souvent coagulées, qui étaient disséminées sur différents types de tissus, on devait récupérer du sang coagulé, le dissoudre
21:25 et essayer à partir de là d'analyser quelques marqueurs de groupes sanguins, quelques systèmes.
21:32 Essentiellement le système ABO et le système RISUS qu'on appelle maintenant le système IRAS.
21:40 Les tâches sur les gants retrouvées dans le jardin proviennent de deux sources différentes, du groupe A+ et du groupe O+, les mêmes groupes que Roxane Pavageot et Barry Taylor.
21:50 Les traces de sang retrouvées sur le mur de la salle à manger et sur la nappe de la table sont du groupe A+, le même que la victime.
21:57 Pour les enquêteurs, ces traces prouvent que Roxane Pavageot a été tuée dans la salle à manger et non pas dans l'entrée, comme Barry Taylor l'a raconté.
22:05 Ils ont maintenant la preuve qu'elle a menti sur sa version du drame. Le personnage de cette femme apparaît de plus en plus sulfureux.
22:12 "Ils se rendent compte qu'elle multiplie pas mal d'aventures avec des hommes. D'après les enquêteurs, elle aurait également monnayé ses charmes avec certains hommes dans les beaux quartiers de Paris.
22:27 Enfin bref, donc on découvre quand même un personnage très particulier."
22:34 La plupart des amants de Barry Taylor racontent qu'elle les abordait au volant de sa décapotable dans le 16e arrondissement.
22:41 Elle leur souriait, se laissait inviter à prendre un verre et plus, si affinité.
22:57 Elle disait s'appeler Sarah et prétendait être dans le besoin depuis le décès de son mari aux Etats-Unis.
23:03 Ses amants lui donnaient de l'argent à l'issue de leur rendez-vous.
23:06 Alors, prostitution ? Cadeau ?
23:09 La soi-disant avocate ne répond rien aux enquêteurs qui la confrontent aux preuves qu'ils réunissent, comme cette liste de témoignages d'hommes, amants ou clients, recueillis durant des semaines.
23:20 À ces découvertes étonnantes s'ajoutent les premières expertises des psychiatres.
23:26 Barry Taylor est reconnu responsable pénalement de ses actes et qualifié d'hystérique, avec un passage incessant entre le réel et l'imaginaire et un histrionisme.
23:36 Autrement dit, elle se crée des personnages.
23:39 "L'hystérie c'est une névrose qui touche essentiellement quand même les femmes.
23:48 C'est une souffrance et c'est une personnalité particulière qui se définit souvent par un histrionisme,
23:58 qui est une façon de dire qu'il y a besoin d'attention, d'attirer l'intérêt de l'autre, de se mettre un peu en lumière et sur le plan effectif d'être éventuellement très exubérant."
24:13 "Les experts disent qu'elle a différentes personnalités et ça on a pu le constater à l'audience,
24:20 mais qu'elle était profondément authentique dans chacune de ses personnalités."
24:25 "Il y a une base de mythomanie de se créer un personnage, bien sûr, de se dissocier,
24:32 on peut jouer la femme fatale et elle peut jouer aussi la petite fille, elle pourrait jouer sur les deux registres."
24:41 "Au cabinet on avait surnommé ce dossier "Basic Instinct" parce qu'on allait de découverte en découverte
24:47 avec cette personnalité terrible de Barry Taylor qui, au fur et à mesure de l'enquête,
24:54 faisait apparaître des facettes de sa personnalité de plus en plus terrifiantes.
24:59 On passait d'une avocate américaine, émérite et défenseuse des droits de l'homme à une prostituée avec du racolage sur la voie publique.
25:13 Donc on était vraiment, c'était l'envers du décor."
25:17 "Il y a beaucoup aussi de fantasmes, de rumeurs autour de Barry Taylor.
25:23 C'est vrai que le personnage, avec ses mensonges, ses approximations, le personnage s'est forgé une réputation un petit peu sulfureuse."
25:36 Pendant l'enquête, Philippe Pavageau reste en retrait et s'éloigne de Barry.
25:40 La belle américaine avec laquelle il filait le parfait amour n'était plus celle qu'il croyait être.
25:44 "Ce qu'elle répond à ça est extrêmement amusant puisqu'elle avait été éduquée de manière extrêmement stricte,
25:52 bien que californienne, dans un milieu très conservateur, qu'elle avait été la dernière vierge du campus.
25:59 Et quand elle est arrivée en France, elle nous a fait un grand numéro de charme parce qu'elle fonctionne beaucoup sur la séduction.
26:08 C'est une femme qui est affectivement très dépendante.
26:12 C'est un peu une Lolita de 40 ans avec toute la flamboyance du personnage et toute la fragilité aussi.
26:23 Et donc elle nous explique que quand elle est arrivée en France, il y a cette aura du charme de l'homme français,
26:32 de l'attirance qu'on peut avoir pour les Français, et elle nous explique qu'elle était comme un enfant dans un magasin de bonbons.
26:41 Elle dit "Pour moi c'était vraiment, je me sentais comme un enfant dans une confiserie".
26:48 Effectivement, il y a une jouissance du pouvoir sur l'homme.
26:55 Il y a une sorte d'identification du côté paternel chez l'hystérique, chez la femme hystérique.
27:04 Donc elle est en difficulté avec sa propre féminité, mais si elle arrive à séduire les hommes, évidemment, ça renforce son sentiment d'être une femme.
27:13 Les experts ont expliqué aussi que par rapport à cette attitude d'aller voir d'autres hommes,
27:21 il y avait le fait qu'aucune relation humaine étant pour elle satisfaisante, elle les multipliait.
27:30 Dans une recherche éperdue de ce qu'elle cherchait, d'être aimée, de trouver quelqu'un qui puisse la rassurer, la canaliser.
27:41 Le fait de se faire payer aussi était pour elle une manière de maîtriser la relation.
27:50 Mais d'une manière très claire, très posée pour une fois, elle dit "Je n'ai jamais eu de relation sexuelle que je n'ai pas voulu".
27:59 C'est une façon sûrement de se rassurer.
28:03 C'est elle qui décide. C'est un acte positif et c'est un choix.
28:08 Les enquêteurs savent que Barry Taylor a tué Roxane Pavagiot, mais ils ne savent toujours pas comment ni pourquoi.
28:15 Sans arme du crime, ni mobile, il faut chercher du côté de la victime les raisons de sa présence dans cette maison le 28 septembre.
28:27 À Versailles, on évolue dans un milieu bourgeois. Roxane Pavagiot est une femme croyante.
28:37 Qui va à la messe tous les dimanches, qui sont très attachées aux valeurs, aux valeurs morales.
28:47 BCBG, enfin ce qu'on appelle BCBG.
28:50 Roxane Pavagiot était américaine elle aussi. Elle était une fervente catholique pratiquante.
28:56 Mais à 52 ans, cette mère de trois enfants était en instance de divorce, ce qui était pour elle un échec.
29:02 Ils se sont séparés, chacun mène sa vie de son côté.
29:06 Donc elle a refait sa vie avec un homme. Elle vit dans les Yvelines, me semble-t-il, à Fourqueu.
29:12 Et Philippe Pavagiot, lui, vit à Versailles, au domicile qu'il occupait d'ailleurs avec Roxane Pavagiot.
29:20 Et lui a refait sa vie depuis un an à peu près, me semble-t-il, avec cette américaine, Barry Taylor.
29:27 C'était un divorce difficile parce que Mme Pavagiot avait des croyances religieuses qu'elle mettait en danger.
29:36 C'était douloureux, on sentait bien qu'elle réchignait à divorcer.
29:43 Et il y avait aussi des problèmes matériels à régler, importants.
29:48 Roxane Pavagiot, on a tendance à l'oublier, était américaine elle aussi.
29:52 Et c'est un divorce à l'américaine qui était en train de se jouer.
29:56 Donc éminemment financier, elle avait un problème financier.
30:00 Roxane Pavagiot et Barry Taylor sont deux femmes que tout oppose et qui n'auraient jamais dû se rencontrer.
30:06 Barry Taylor est une manipulatrice de génie, une comédienne de génie.
30:11 Elle arrive à berner tout le monde.
30:14 Roxane est un être pur, un ange.
30:20 Ce n'est pas seulement la description qu'enfonce les gens qu'il aime, c'est ce qui ressort de ses écrits.
30:37 C'est d'une grande pureté, d'une grande candeur.
30:40 Il y a vraiment des personnages extraordinaires sortant de l'ordinaire.
30:48 Barry Taylor connaissait Roxane.
30:51 Mais l'enquête ne fait pas apparaître les raisons pour lesquelles elle aurait eu intérêt à la tuer.
30:55 On ne voit pas quel est l'intérêt.
30:59 Quand est Barry Taylor à exécuter Roxane Pavagiot ?
31:03 En réalité, elle n'a aucun intérêt à le faire.
31:05 Il y a une procédure de divorce qui est en cours.
31:10 Elle refait sa vie avec Philippe Pavagiot.
31:14 Même s'ils entretiennent l'un et l'autre des relations pour le moins tumultueuses,
31:20 elle n'a aucun intérêt à exécuter Roxane Pavagiot.
31:26 C'est pour ça qu'on ne comprend pas ce qui s'est passé.
31:31 Franchement, on ne sait pas.
31:33 Que s'est-il passé ce 28 septembre 1993 ?
31:38 Pour le comprendre, le juge d'instruction procède à une reconstitution des faits le 15 décembre 1994 sur les lieux du crime à Versailles.
31:47 C'est un souvenir très marquant.
31:50 Madame Barry Taylor est amenée.
31:53 Je dis bien amenée.
31:55 Je dis bien qu'elle n'arrive pas.
31:57 Elle est amenée.
32:03 Elle ne marche pas même.
32:05 Elle est soulevée.
32:08 Elle est portée par des fonctionnaires de police.
32:12 En quelque sorte, c'est une réconstitution qui se fera avec une personne mise en examen
32:18 qui ne participe absolument pas à la réconstitution,
32:23 qui ne répond pas aux questions qui lui sont posées
32:27 et qui n'a aucune intervention.
32:31 À ce stade de l'enquête, les policiers ont deux certitudes.
32:35 Roxane Pavageau a reçu une vingtaine de coups, sans doute d'un marteau.
32:39 Elle devait être dans la salle à manger.
32:41 Une question se pose.
32:43 La victime a-t-elle reçu ses coups assise ou debout ?
32:46 Il y avait deux hypothèses.
32:49 C'est que si la personne était debout, elle serait tombée au sol
32:52 et que les coups suivants, puisqu'il y en avait une vingtaine, au moins, puisqu'il y avait 20 plaies,
32:59 que ces autres coups auraient été donnés avec ce même objet contondant,
33:05 alors que la victime était tombée au sol et qu'elle avait la tête au sol.
33:11 Il y avait une deuxième hypothèse.
33:16 Si la victime avait eu ses coups donnés alors qu'elle était assise,
33:21 qu'elle était assise, mais assise face à la table ou près de la table,
33:27 que sa tête s'est tombée sur la table.
33:34 Et qu'à ce moment-là, d'autres coups suivants et consécutifs
33:44 lui auraient été donnés alors qu'elle avait la tête reposant sur cette table.
33:54 La reconstitution ne permet pas de trancher sur ces deux hypothèses.
33:58 Il s'agit maintenant de remonter le fil de la dernière journée de Roxane Pavageau.
34:03 Ce 28 septembre 1993, on sait que Roxane Pavageau a travaillé,
34:10 est allée à son école en tant qu'institutrice.
34:13 On sait qu'elle a regagné son domicile de Fourqueuil, puisqu'elle devait remettre un câble à l'un de ses enfants.
34:19 On sait aussi que dans l'après-midi, elle est allée à Versailles chez son coiffeur habituel.
34:24 Elle en est ressortie. Et là, on ne sait pas comment elle a rencontré Barry Taylor.
34:32 Alors, est-ce qu'elle a rencontré Barry Taylor dans la rue, pendant son temps du coiffeur ?
34:37 Ou bien est-ce que Roxane Pavageau d'elle-même a voulu frapper à la porte du domicile de son mari
34:43 pour le rencontrer, puisqu'ils sont en instant de divorce ? Est-ce qu'ils avaient des choses à dire ou pas ?
34:47 On n'en sait rien.
34:48 Moi, je pense qu'elle a été victime d'un véritable guet-apens.
34:54 Elle est allée retrouver Barry Taylor, je pense, dans l'idée de discuter avec cette femme qu'elle ne considérait même pas comme une rivale.
35:10 Pour elle, c'était surtout de retrouver celui qu'elle considérait comme son mari devant Dieu.
35:17 Elle était extrêmement croyante.
35:19 Ou bien est-ce qu'elle a voulu forcer la porte pour découvrir des choses chez Philippe Pavageau,
35:24 puisqu'ils étaient quand même à couteau tiré l'un et l'autre dans cette espèce de procédure de divorce
35:29 où chacun se disputait l'argent, les biens, etc.
35:34 En réalité, on n'en sait rien. On ne sait absolument pas pourquoi Roxane Pavageau s'est retrouvée au domicile de Philippe Pavageau.
35:42 Le jour du meurtre, il devait y avoir un rendez-vous entre M. et Mme Pavageau devant le notaire
35:48 pour tenter une ultime fois de liquider la communauté,
35:54 ce qui a laissé penser que ça pouvait être une explication sur le fait que Roxane Pavageau se soit présentée au domicile,
36:03 puisque M. Pavageau était aux États-Unis.
36:08 Il a adressé un fax au notaire pour dire qu'il demandait le renvoi du rendez-vous prévu ce 28 septembre.
36:16 Or, Roxane Pavageau, qui était chez le coiffeur à Versailles, donc pas loin du domicile,
36:21 a vu la voiture, puisque lui était parti en avion aux États-Unis.
36:25 Une des thèses avancées, pas par Barry Taylor d'ailleurs, mais en soi, mais qui n'a pas été plus explorée que ça,
36:33 était qu'elle aurait été furieuse en se disant « il se fiche de moi une fois de plus ! »
36:40 et qu'elle serait allée sonner à la porte pour avoir des explications sur le fait qu'on renvoie un rendez-vous capital chez le notaire
36:48 alors que la voiture était là, donc qu'il était censé être là.
36:51 Que s'est-il passé ? Que se sont dit ces deux femmes ?
36:55 Est-ce que le ton est monté et qu'il y a une dispute qui a éclaté et puis en fait elles en sont venues aux mains ?
37:03 On ne sait pas ce qui s'est passé. Le mystère plane.
37:10 La reconstitution n'apporte pas de réponse à la venue de Roxane Pavageau dans la maison.
37:15 Mais coup de théâtre. Barry Taylor annonce l'existence d'un mystérieux complice.
37:20 Elle se souvient d'avoir vu le corps inanimé de Roxane Pavageau
37:27 et puis d'être allée chercher un mystérieux ami à l'extérieur de la maison, c'est-à-dire elle est affolée.
37:33 Elle sort, elle dit « je suis allée voir cet ami pour qu'il puisse venir m'aider parce que j'avais peur que Roxane Pavageau me suive ».
37:40 Donc elle est dans un état d'hystérie intense.
37:44 Donc ce fameux ami, ce mystérieux compagnon serait donc allé au domicile de Barry Taylor
37:53 et là effectivement aurait constaté qu'il y avait bien un corps, on n'en sait pas plus, tout ça se perd un petit peu dans les nimbes.
38:02 Elle appelle cet homme parce que matériellement elle ne pouvait pas seule s'occuper du corps de Roxane Pavageau.
38:13 Les enquêteurs vérifient pourtant que Barry Taylor a pu agir seule.
38:17 Elle a tiré le corps de sa victime jusqu'à l'escalier de la cave grâce à une planche sous la couverture.
38:23 La question est de savoir si elle a pu creuser seule un trou pour l'enterrer dans le jardin.
38:28 On ne peut pas, à mon sens, quand on est Barry Taylor, quand on est une femme extrêmement distinguée,
38:35 élégante, qui tient compte énormément de son apparence, donc qui a des mains fragiles, de belles mains, des mains soignées,
38:47 on ne peut pas creuser un trou de 2 mètres de long et de 40 cm de profondeur sans avoir des cales, des ampoules, sans avoir des traces.
38:58 Donc c'est bien qu'il y a quelqu'un d'autre qui l'a aidé ou qui a creusé ce trou.
39:06 Et quand on l'a questionné, quand les policiers, quand le juge l'a questionné sur ce mystérieux témoin qui est capital dans cette histoire,
39:13 eh bien il dit "Ah non, je ne donnerai jamais le nom parce que j'avais une aventure avec lui".
39:19 L'enquête ne déterminera jamais si un homme était présent après le crime.
39:26 D'autres questions demeurent sans réponse.
39:29 Où est l'arme du crime ? Le fameux marteau ? Où est la bombe lacrymogène dont elle se serait servie ?
39:35 Où sont la jupe et les chaussures de Roxane Pavageau ? Et surtout, pourquoi Barry Taylor l'a-t-elle tuée ?
39:42 L'enquête s'enlise. Barry Taylor va passer plus de 4 ans en détention provisoire.
39:47 C'est vrai que cette enquête a été particulièrement longue.
39:50 Barry Taylor, d'ailleurs, qui est une femme plutôt combative, l'a fait savoir puisqu'elle a saisi les instances européennes
39:58 pour dire que l'instruction était trop longue et que cela vient porter atteinte au bon fonctionnement de la justice.
40:08 Mais dans cette démarche, les partis civils la rejoignent aussi puisque toutes les deux vont aller devant les instances européennes
40:15 pour dénoncer une procédure très longue.
40:17 Pendant toute cette instruction, on a eu de cesse de critiquer le juge d'instruction, Charpiey, pour dire que ce dernier a instruit à charge,
40:25 qu'il a érigé en espèce de veuve noire une personnalité trouble, inquiétante, personnalité perverse,
40:33 ce que conteste Barry Taylor qui se dit avocate, bien sous tout rapport, etc.
40:39 Et Barry Taylor, on a eu de cesse de se défendre.
40:45 Roxane Pavagio a été tuée le 28 septembre 1993.
40:49 En 1998, cinq ans après, aucune date de procès n'a encore été fixée.
40:54 Cinq années durant lesquelles Barry Taylor ne s'est pas expliqué devant la justice.
40:58 Le rapport d'un expert psychiatre sur son état de santé est alarmant.
41:02 Il y a la nomination d'un deuxième juge d'instruction.
41:06 Et à ce moment-là, ce juge décide de faire libérer Barry Taylor.
41:12 Il l'a fait libérer presque pour raisons humanitaires.
41:17 Il faut voir qu'à ce moment-là, on est donc à peu près quatre ans et demi après les faits,
41:24 Barry Taylor a perdu énormément de poids.
41:29 Elle n'est plus que l'ombre d'elle-même, c'est un spectre.
41:33 Elle aurait des bouffées délirantes.
41:37 Psychologiquement, elle est donc dans un état désastreux.
41:41 La seule chose qui lui restait, c'était son corps.
41:45 Elle s'est ingénie toute la seule énergie qui restait en elle.
41:51 En fait, elle l'a utilisé à faire disparaître son corps, son propre corps.
41:57 C'est passé par un refus d'alimentation qui n'était même pas conscient.
42:02 Comme elle était petite de taille, il suffisait de perdre 4 ou 5 kilos
42:05 pour avoir évidemment une apparence très délabrée aux audiences.
42:09 Elle était une très bonne actrice.
42:11 Pour inspirer pitié et pour terroriser les magistrats de la cour,
42:14 on va se retrouver avec une jeune femme qui va nous claquer entre les doigts.
42:22 On ne voulait pas prendre le risque de se retrouver avec la mort de Barry Taylor.
42:27 Le 20 mai 1998, Barry Taylor est mise en liberté sous contrôle judiciaire pour raisons médicales.
42:33 Elle doit pointer au commissariat du 10e arrondissement de Paris chaque semaine
42:37 et à interdiction de sortie du territoire français.
42:40 Et là, la famille de Roxane Pavageau estime que c'est une erreur.
42:46 Elle dit "Attention, elle joue la comédie, Barry Taylor joue la comédie,
42:51 Barry Taylor va s'enfuir".
42:53 Et ils n'ont pas tout à fait tort.
42:55 Parce que Barry Taylor, bien qu'affaiblie, bien que touchée dans son moral,
43:02 touchée dans son physique, ça c'est une évidence,
43:06 Barry Taylor va se rendre au consulat des Etats-Unis à Paris,
43:12 expliquer que les policiers, est-ce que c'était dans le détail ou pas, on ne sait pas,
43:18 on n'est pas dans le secret du consulat, que les policiers lui ont retiré son passeport,
43:21 et miraculeusement, très vite, elle est citoyenne américaine,
43:26 donc les américains protègent leurs citoyens,
43:29 comme la France protège ses citoyens, mais là peut-être avec beaucoup d'enthousiasme et de vélocité,
43:35 les américains vont simplement fournir un nouveau passeport à Barry Taylor.
43:42 La condition pour avoir un passeport lorsqu'on se présente dans le consulat de son pays en territoire étranger,
43:47 la condition c'est d'avoir la nationalité du pays.
43:50 C'est difficile de trouver un motif légal qui puisse justifier pour des autorités consulaires
43:55 de refuser un passeport dès lors que la personne démontre qu'elle est bien nationalisée du pays.
44:00 On imagine mal par exemple que le consul général de France à Los Angeles refuse l'octroi d'un passeport
44:05 à un ressortissant français qui se présente chez lui.
44:08 Et avec ce nouveau passeport, évidemment, elle va prendre le premier avion à Roissy pour les Etats-Unis,
44:15 et puis on va la retrouver en Floride, en Californie, en tout cas elle est partie aux Etats-Unis,
44:23 l'oiseau s'est envolé, donc fini, tout s'écroule.
44:28 Barry Taylor est partie aux Etats-Unis, dans son pays.
44:32 Elle emporte avec elle ses secrets.
44:35 Barry Taylor d'ailleurs écrira au journal Le Figaro pour dire que si elle est partie, ce n'est pas pour fuir,
44:47 si elle est partie, c'est pour faire la suite de l'enquête.
44:52 Barry Taylor, qui est une femme très combative, estime que l'enquête a été très mal faite en France,
44:58 donc elle prend les devants, elle s'érige en enquêtrice, et si elle va là-bas, c'est pour rapporter la preuve de ce qu'elle est,
45:06 que c'est une femme bien sous tout rapport, qu'elle a voulu se défendre, qu'elle est innocente,
45:14 et voilà, pour elle, il n'y a pas de fuite, mais elle veut continuer à faire l'enquête.
45:19 Elle a besoin, il faut dire, à l'époque, de se manifester, d'exister, de crier sa vérité,
45:25 de dire ce qu'elle n'a pas pu dire à la justice française.
45:29 Et donc là, je suis en contact avec elle une fois au téléphone, et puis par le biais de courriers qu'elle m'adresse,
45:39 et où elle explique qu'elle finalement, elle a été broyée par la justice française, qu'elle vit un cauchemar incroyable,
45:47 qu'elle est prête à venir s'expliquer en France, qu'il n'y a jamais eu de soucis,
45:53 mais qu'on l'a désignée comme coupable, qu'elle a eu ce tampon sur son front, et que finalement, c'est infernal.
46:01 Donc que dans ces conditions, finalement, c'est un procès qu'on lui fait, et qui est injuste.
46:10 Alors que Barry Taylor est aux Etats-Unis, le 23 juin 2000, la cour d'assises de Versailles la condamne par compte humain à 30 ans de réclusion criminelle.
46:19 Un procès par compte humain, c'est un procès qui permet de juger quelqu'un qui n'est pas là pendant son procès.
46:25 Et donc ça permet de juger quelqu'un qui se soustrait à la justice de son pays, ou qui décide de prendre la fuite parce qu'il sait qu'il va être poursuivi.
46:32 En liberté, on peut toujours fuir, aller à l'étranger, disparaître un peu.
46:39 Mais on est toujours rattrapé.
46:42 Et pendant la période qui précède le moment où vous êtes rattrapé, c'est-à-dire la période d'extradition, ici la procédure d'extradition,
46:51 vous vivez dans une sorte de déséquilibre psychologique atroce.
46:57 Parce que chaque nuit, chaque matin, vous imaginez qu'à un instant, la main de la police, de la gendarmerie, de je ne sais quel enquêteur, de la justice, va vous rattraper.
47:08 Et effectivement, elle vous rattrape. C'est ce qui s'est passé.
47:11 La France ne va pas lâcher la piste de Barry Taylor. Et finalement, on retrouvera Barry Taylor aux États-Unis.
47:19 Et les États-Unis accepteront, après bien des tergiversations, après bien des négociations, accepteront de l'extrader.
47:28 En 2003, le FBI retrouve Barry Taylor en Californie, à Capitola.
47:33 Elle est arrêtée et placée en détention aux États-Unis.
47:37 Elle est extradée en France le 26 octobre 2007 sous escorte policière, 7 ans après sa condamnation par compte humain.
47:45 Je dirais que ce n'est pas long. Et dans le cas qui nous intéresse, c'est même assez miraculeux.
47:49 Parce que c'est assez rare, finalement, qu'un État accepte d'extrader un de ses propres ressortissants.
47:55 Si les choses s'étaient passées dans l'autre sens, c'est-à-dire si les États-Unis avaient demandé l'extradition d'un ressortissant français,
48:00 tout simplement, il ne se serait rien passé. Parce que la France a pour règle, pour coutume, pour pratique, depuis 1820,
48:08 de ne jamais extrader ses propres ressortissants.
48:11 Les États-Unis n'ont pas eu une règle aussi ferme. Et donc, ils ont accepté d'extrader un de leurs ressortissants.
48:16 Et donc, certes, c'est assez long, mais d'un certain point de vue, c'est aussi assez miraculeux que l'extradition ait pu avoir lieu.
48:21 Dans l'autre sens, ça n'aurait pas été possible.
48:26 Près de 6 mois après son retour en France, le 11 avril 2008, Barry Taylor est condamné à 18 ans de réclusion criminelle
48:33 par la Cour d'assise de Versailles pour le meurtre de Roxane Pavageau.
48:37 L'enjeu, ce n'était pas la vie de Barry Taylor. Sa vie, elle est derrière elle. Sa vie, elle n'existe plus depuis 1993.
48:45 C'était un procès qui était pour les partis civils, pour qu'ils puissent enfin obtenir des explications,
48:54 pour qu'ils puissent enfin voir dit tout ce qui a pu se lier entre les différents intervenants.
49:03 Il n'y a rien de pire que ce qu'on ignore et ce qu'on élabore à partir de l'inconnu.
49:08 Là, pendant une semaine, ils ont eu en phase 2 la femme qui avait ôté la vie à leur mère.
49:17 Mais Barry Taylor fait appel de cette condamnation.
49:21 D'un point de vue psychiatrique, elle ne pourra jamais dire autre chose que ce qu'elle nous a dit lors du premier procès.
49:30 Parce que psychiquement, elle en est incapable.
49:34 C'est le mystère Barry Taylor qui perdure. Même aujourd'hui, après toutes ces années, après toutes ces constatations de police,
49:44 après tous ces éléments apportés à un dossier qui est gigantesque, après tous ces avocats qui ont pu le consulter.
49:52 Depuis 15 ans, elle est en but des remaniements de mémoire parcellaires qui font qu'elle n'a plus de souvenance.
50:03 Elle a ce que les psychiatres ont qualifié d'amnésie hystérique.
50:08 Donc, elle n'a plus de souvenance de ce qui s'est produit.
50:13 Elle se souvient du choc. Elle a des flashs d'images.
50:18 Mais on ne sait même pas si c'est la réalité ou si c'est ce qu'elle essaye de projeter.
50:25 C'est toujours ce passage entre le réel et l'imaginaire.
50:28 Donc, on n'aura pas plus de réponses dans 2 ans, dans 3 ans ou dans 5 ans.
50:34 Effectivement, on ne sait pas exactement ce qui s'est passé et on ne sait pas exactement ce qu'a fait Barry Taylor ce jour-là, dans cette maison.
50:45 La mort de Roxane Pavagiot a laissé une famille brisée.
50:48 Aujourd'hui, 16 ans après les faits, Barry Taylor est incarcéré à Fleury-Mérogis, dans le bâtiment des femmes condamnées.
50:55 C'est un dossier qui restera, je pense, maintenant figé comme cela jusqu'à la fin.
51:00 Sans vouloir choquer les parties civiles, car avant toute chose, c'est eux qui sont victimes dans cette affaire,
51:09 c'est une femme qui est pathétique. C'est une femme douloureuse.
51:14 Elle n'est que souffrance. Elle n'est que souffrance psychologique, psychique, puisqu'elle est complètement anéantie, qu'elle ne sait plus qui elle est,
51:26 qu'elle ne sait plus ce qui s'est passé, qu'elle n'a plus de vie et qu'elle n'a pas l'avenir.
51:31 Et c'est une femme qui est également en phase d'épuisement physiquement. Oui, c'est une femme pathétique.
51:44 Le 17 avril 2009, la cour d'appel de Nanterre a condamné Barry Taylor à 20 ans de réclusion criminelle.
51:52 Le 17 avril 2009, la cour d'appel de Nanterre a condamné Barry Taylor à 20 ans de réclusion criminelle.
51:56 Le 17 avril 2009, la cour d'appel de Nanterre a condamné Barry Taylor à 20 ans de réclusion criminelle.
52:00 Le 17 avril 2009, la cour d'appel de Nanterre a condamné Barry Taylor à 20 ans de réclusion criminelle.
52:03 Le 17 avril 2009, la cour d'appel de Nanterre a condamné Barry Taylor à 20 ans de réclusion criminelle.
52:06 Le 17 avril 2009, la cour d'appel de Nanterre a condamné Barry Taylor à 20 ans de réclusion criminelle.
52:09 Le 17 avril 2009, la cour d'appel de Nanterre a condamné Barry Taylor à 20 ans de réclusion criminelle.
52:12 Le 17 avril 2009, la cour d'appel de Nanterre a condamné Barry Taylor à 20 ans de réclusion criminelle.
52:16 Le 17 avril 2009, la cour d'appel de Nanterre a condamné Barry Taylor à 20 ans de réclusion criminelle.
52:20 Le 17 avril 2009, la cour d'appel de Nanterre a condamné Barry Taylor à 20 ans de réclusion criminelle.
52:24 Le 17 avril 2009, la cour d'appel de Nanterre a condamné Barry Taylor à 20 ans de réclusion criminelle.
52:28 Le 17 avril 2009, la cour d'appel de Nanterre a condamné Barry Taylor à 20 ans de réclusion criminelle.
52:32 Le 17 avril 2009, la cour d'appel de Nanterre a condamné Barry Taylor à 20 ans de réclusion criminelle.
52:34 Le 17 avril 2009, la cour d'appel de Nanterre a condamné Barry Taylor à 20 ans de réclusion criminelle.

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