Soir Info (Émission du 01/02/2024)

  • il y a 6 mois
Julien Pasquet et ses invités débattent des grands thèmes de l'actualité de la journée dans #SoirInfo
Transcript
00:00:00 - Il a ruiné la surprise Alexandre Devecchio, il ne peut pas s'empêcher de se mettre dans le cadre.
00:00:05 Bonsoir à tous, bonsoir Alexandre Devecchio, c'est le début de Soir Info, évidemment comme chaque soir,
00:00:10 désormais de 22h30 à minuit, vous l'aurez compris, notre ami rédacteur en chef Ofigaro est avec nous,
00:00:16 tout comme Karim Abrig de la rédaction de CNews, bonsoir Karim, bonsoir Eric Tegner, directeur de la rédaction de Livre Noir.
00:00:22 J'ai le plaisir d'accueillir ce soir Patrick Legras, qui sera notre invité privilégié bien sûr,
00:00:26 puisque vous êtes porte-parole de la coordination rurale, vous représentez beaucoup d'agriculteurs
00:00:31 qui se sont fait entendre ces derniers jours, ces dernières semaines, on verra d'ailleurs ensemble ce soir
00:00:36 si on a assisté, si on est en train d'assister à la fin de la crise des agriculteurs,
00:00:41 avec Philippe Guibé on en discutera bien sûr aussi, ancien directeur du service d'information du gouvernement
00:00:45 et bien sûr Yoann Usail du service politique de CNews.
00:00:48 Voilà pour les présentations, je vous rappelle le contexte du jour,
00:00:51 donc la FNSEA et les jeunes agriculteurs ont appelé cet après-midi en fin de journée à suspendre les blocages
00:00:58 et à rentrer dans une nouvelle forme, je cite, de mobilisation, après de nouvelles annonces de Gabriel Attal,
00:01:04 le Premier ministre a dévoilé une troisième série de mesures pour faire face à la colère des agriculteurs,
00:01:09 on l'entendra dans quelques instants, dans la foulée on l'entendra également,
00:01:12 le Président de la République a appelé à un retour au calme, le Président de la FNSEA, Arnaud Rousseau,
00:01:17 sera notre invité depuis l'autoroute A6 à Chilly-Mazarin dans quelques secondes,
00:01:22 mais avant cela Patrick Legras, je vais me tourner vers vous, je rappelle donc,
00:01:25 porte-parole national de la coordination rurale, je l'ai dit il y a un instant,
00:01:28 est-ce qu'on est en train d'assister, est-ce qu'on a assisté aujourd'hui à la fin de la crise agricole ?
00:01:32 Le conflit est terminé ce soir ?
00:01:35 J'ai retenu ce qu'a dit le Président de la République à la fin de son allocution,
00:01:39 le combat va continuer, je pense que ce n'était pas pour les mêmes éléments,
00:01:43 mais pour nous le combat continue, comme on a déjà dit, on s'était déjà adapté,
00:01:48 mais là avec les 91, je dirais, retenus, on va dire pour être gentil,
00:01:54 retenus par les forces de l'ordre, moi-même j'ai...
00:01:57 Les agriculteurs qui ont passé la nuit en garde à vue, on l'en rappelle.
00:01:59 Pas 91, puisque moi j'en ai fait, enfin il y en avait 16 qui étaient sortis sur Rungis,
00:02:03 où je m'en suis occupé pour leur trouver un logement,
00:02:07 et puis qu'ils puissent reprendre leur tracteur surtout,
00:02:09 donc il y en avait oui, 75 ou 76, on avait quand même des forces de l'ordre qui avaient entouré,
00:02:16 à Suilly-sur-Loire, il y avait plusieurs centaines de CRS qui avaient entouré les agriculteurs,
00:02:22 ça faisait beaucoup pour un seul syndicat d'être pris comme ça pour cible,
00:02:27 même si loin de la capitale, donc on a dit, on ne voulait pas de débordement,
00:02:32 on a dit qu'il fallait mieux s'arrêter là et reprendre différemment, sachant que le salon...
00:02:37 Ça veut dire quoi reprendre différemment ?
00:02:38 On va garder un peu de surprise, c'est-à-dire pour début de semaine,
00:02:42 mais là tout le monde rentre, les gens du 47 ils ont beaucoup de route,
00:02:46 comme je dis toujours, chez nous c'est la base qui prend ses décisions,
00:02:50 d'ailleurs il y en a qui sont encore sur le terrain,
00:02:52 il faut savoir que le salon agricole c'est dans trois semaines,
00:02:56 là on a de la visibilité, tandis que là ça s'est fait spontanément,
00:03:00 les gens il faut qu'ils s'organisent, le président de la République qui aurait des décisions,
00:03:05 des solutions pour beaucoup de dossiers avant fin février,
00:03:09 donc on va se caler à son timing.
00:03:12 Certains sont partis, d'autres ont l'intention de rester,
00:03:15 pour certains, et on le verra dans un instant, notamment sur la 6, je le disais,
00:03:19 ils ont l'intention de passer une dernière nuit symboliquement sur ces autoroutes,
00:03:23 ces grands axes qui mènent vers la capitale,
00:03:25 je le disais Arnaud Rousseau dans une poignée de secondes sera avec nous,
00:03:27 je voudrais juste qu'on voit ces premiers blocages qui ont été levés aujourd'hui dans le sujet de Barbaradou.
00:03:34 Après plusieurs jours de blocage,
00:03:36 certains agriculteurs et leurs tracteurs font ce jeudi demi-tour et ils rentrent chez eux.
00:03:41 La consigne leur a été donnée cet après-midi par la FNSEA
00:03:44 et le président des jeunes agriculteurs, Arnaud Gaillot.
00:03:47 Nous avons décidé qu'à l'heure actuelle, au vu de tout ce qui avait été annoncé,
00:03:53 à condition que très rapidement une note soit mise à disposition de nos réseaux sur le terrain
00:04:00 pour avoir un écrit de tout ce qui a été dit, pour que ça soit clair, que ça puisse être digéré.
00:04:05 Nous considérons qu'il faut qu'on change de mode d'action
00:04:08 et donc nous appelons nos réseaux par les voies nationales à suspendre les blocages
00:04:14 et à rentrer dans une nouvelle forme de mobilisation.
00:04:17 Alors que les barrages se lèvent progressivement un peu partout en France,
00:04:21 sur le terrain la situation est confuse.
00:04:24 Sur l'autoroute A6, Pascal Vériel, secrétaire adjoint à FDSE à 77,
00:04:28 hésite toujours à partir.
00:04:30 On est encore nombreux à essayer de comprendre parce que ce n'était pas toujours très clair.
00:04:34 Comme je vous l'ai dit, le discours du Premier ministre était plutôt clair pour nous,
00:04:37 mais celui des ministres qui l'ont suivi, le budget de l'agriculture et l'environnement
00:04:41 étaient beaucoup plus confus sur beaucoup de mesures.
00:04:43 Donc on a besoin de temps pour décrypter tout ça.
00:04:46 Quant à ceux qui ont levé le camp, ils préviennent.
00:04:49 Pour l'instant le gouvernement a un bon discours.
00:04:52 Maintenant il faut qu'il le mette en place et sinon on reviendra.
00:04:56 On va être très vigilants parce que ce n'est écrit nulle part.
00:05:00 On veut le ressentir nous sur nos exploitations d'ici les 4 à 5 mois qui viennent.
00:05:03 Les syndicats ont d'ores et déjà prévenu le gouvernement.
00:05:06 Le mouvement ne s'arrête pas, il se transforme.
00:05:09 Yohan, c'est une journée de bascule à n'en pas douter.
00:05:12 Oui, évidemment, parce que le gouvernement craignait effectivement
00:05:16 une amplification éventuellement de ce mouvement.
00:05:19 Il craignait que les syndicats n'aient plus la main sur ce mouvement,
00:05:22 une sorte de gilets jaunes d'un mouvement.
00:05:25 Quand les syndicats ne contrôlent plus la base, ça peut éventuellement déborder
00:05:28 et donner des choses qui sont un peu imprévisibles.
00:05:31 Pour l'instant, il y a un soulagement du côté du gouvernement.
00:05:34 Vous nous dites monsieur, que éventuellement de nouvelles actions seront menées la semaine prochaine.
00:05:38 J'imagine que l'exécutif va rester vigilant.
00:05:41 Mais surtout l'attention va se porter maintenant sur le salon de l'agriculture.
00:05:44 Parce que vous savez que chaque année, la tradition c'est que le président de la République
00:05:47 a il inauguré, il y passe des heures et des heures, toute la journée.
00:05:51 Le Premier ministre y sera aussi.
00:05:53 Donc on verra bien comment est-ce qu'ils seront accueillis.
00:05:57 La sécurité sera sans doute considérablement renforcée.
00:06:00 Donc le mois de février concernant l'agriculture sera, quoi qu'il arrive,
00:06:03 un mois de très grandes tensions pour le gouvernement.
00:06:06 Pourquoi est-ce que les blocages s'arrêtent ?
00:06:09 Pourquoi certains, beaucoup, choisissent de retourner dans leur exploitation aujourd'hui ?
00:06:13 Parce qu'il y a de la résignation, de la fatigue, de l'épuisement
00:06:16 qu'on peut évidemment tous imaginer et comprendre.
00:06:19 Ou parce que quand même, il y a eu des avancées.
00:06:21 Il y a eu trois séries d'annonces qui ont été faites.
00:06:23 Aujourd'hui, des annonces plutôt concrètes.
00:06:25 Certains y ont trouvé leur compte.
00:06:26 On le verra d'ailleurs avec le patron de la FNSEA dans un instant.
00:06:29 C'est quoi le motif de ce retour en arrière, si je puis dire ?
00:06:32 Ce n'est pas un retour en arrière.
00:06:34 Ce retour vers vos exploitations, pour être plus précis.
00:06:36 Déjà, le retour, nous, a été annoncé sur un plateau par le secrétaire général ce matin.
00:06:41 Comme je dis toujours, on n'est pas le syndicat majoritaire.
00:06:45 Après, nous, il faut qu'on gère cette façon de voir les choses.
00:06:49 On s'est rendu compte aussi qu'il y avait beaucoup de non-syndiqués
00:06:52 qui sont venus grossir nos troupes.
00:06:54 Donc ça, ça se gère aussi.
00:06:56 Les gens qui n'ont jamais été syndiqués n'ont pas forcément la même philosophie.
00:07:00 Ils ne savent pas bien comment marchent, je dirais, des syndicats.
00:07:03 Il faut qu'on explique.
00:07:05 Donc je pense que si on ne lâchait pas là et qu'on embrayait jusqu'au salon,
00:07:09 on a vu, il y a eu des interventions parfois un peu brutales.
00:07:12 Il y a eu des gens qui ont pris des décisions personnelles qui n'étaient pas top.
00:07:18 - Pardon de vous couper, mais est-ce que vous repartez,
00:07:21 en attendant de recommencer, on l'a bien compris, sous une formule, sous une autre,
00:07:25 est-ce que vous repartez ce soir avec quand même quelques satisfactions,
00:07:28 quelques avancées ?
00:07:30 - De parler de l'exception agriculturelle, pour l'instant, il n'y avait que celle de la culture.
00:07:36 Ça n'a jamais été prononcé par aucun Premier ministre, ni même ministre de l'Agriculture.
00:07:41 Il y a des avancées, comme on dit, qui aujourd'hui ont été proposées,
00:07:46 mais qui ne sont pas, comme disaient certains producteurs, marquées noir sur blanc.
00:07:49 Moi, je n'étais pas à la négociation.
00:07:52 Le président et le secrétaire général ont trouvé un Premier ministre assez réceptif.
00:07:57 On avait des arguments et suite à cette discussion,
00:08:00 nous n'avions pas à attendre le positionnement d'autres personnes.
00:08:03 Suite à cette décision, avec la discussion d'autres personnes,
00:08:07 la présidente et le bureau avaient décidé, je dirais, d'aller de l'avant.
00:08:13 C'est-à-dire que, quand la décision a été prise ce matin et annoncée,
00:08:16 automatiquement, on a pris la solution de demander des rendez-vous avec les groupes parlementaires.
00:08:24 Je pense qu'ils ont dû en voir trois ce matin.
00:08:27 On verra tous les groupes parlementaires.
00:08:30 - On a bien compris que si les blocages cessent, le combat est loin d'être terminé.
00:08:34 - Non, le Sénat est, comme je dis toujours, vous avez vu ce qui se passe en Belgique.
00:08:37 Nous y étions la semaine dernière, mercredi.
00:08:39 - On va en parler tout à l'heure.
00:08:41 - Moi-même, j'y ai été plusieurs fois et je suis en relation avec plusieurs pays.
00:08:44 Je savais que la Hollande et la Belgique ne vont pas forcément à ce niveau-là.
00:08:48 On est en échange.
00:08:49 Je pense qu'aujourd'hui, une partie du dossier français est réglée.
00:08:54 Loin s'en faut que tout soit réglé, mais on sait qu'une grande partie,
00:08:57 et on l'a vu avec le discours du président de la République, se joue à Bruxelles.
00:09:00 Sur le dossier de Bruxelles, c'est une autre dimension,
00:09:02 sur laquelle notre syndicat n'est pas aujourd'hui totalement rôdé.
00:09:06 On a avancé.
00:09:07 C'est pour ça qu'on a prévu une réunion à long terme, le 4 juin.
00:09:10 On va, dès la semaine prochaine, se rendre encore à Bruxelles
00:09:13 pour donner notre point de vue du système que l'on souhaite mettre en place.
00:09:17 - Parce que pour ceux qui l'ignoraient et qui l'ont désormais bien compris,
00:09:20 le pouvoir agricole se trouve bel et bien à Bruxelles et pas à Paris
00:09:25 pour tout ce qui est des grandes décisions et des grands axes de la politique agricole.
00:09:29 La fameuse PAC, évidemment, qui est décidée à Bruxelles.
00:09:32 Pour Emmanuel Macron, qui était à Bruxelles, justement, aujourd'hui,
00:09:35 le retour au calme autour de cette crise française était une nécessité.
00:09:39 - Le retour au calme, il y a aussi beaucoup d'agriculteurs
00:09:44 qui ont beaucoup de travaux, je le sais, à faire
00:09:47 et qui sont aussi largement mobilisés, est une nécessité.
00:09:52 Je pense que ce retour au calme, et j'en prends ici l'engagement,
00:09:55 ça ne doit pas être un retour à la situation d'avant.
00:09:58 C'est-à-dire que nous, maintenant, il faut mettre en place
00:10:00 et mettre en œuvre très vite ce qui a été décidé
00:10:04 et aller au bout des engagements qui ont été pris.
00:10:06 Et donc, très concrètement, j'attends moi du gouvernement
00:10:10 qu'il mette en place très rapidement tout ce qui a été décidé.
00:10:14 - Gilbert, commentaire sur cette journée qui, à n'en pas douter,
00:10:18 est un tournant dans cette crise agricole.
00:10:20 - Moi, j'ai deux remarques.
00:10:22 La première, c'est que je conseille à Emmanuel Macron et à son gouvernement
00:10:25 de bien mettre en œuvre, dans les 4-5 mois qui viennent,
00:10:28 ça correspond à peu près aux élections européennes,
00:10:31 de bien mettre en œuvre ce sur quoi ils se sont engagés.
00:10:34 Ce sont quoi, je pense, je parle sous votre contrôle, monsieur,
00:10:37 qu'il se passera des choses.
00:10:39 Et donc, les annonces qui ont été faites devront être mises en œuvre
00:10:44 pour que le mouvement, véritablement, ne reprenne pas.
00:10:47 Deuxième remarque, c'est que justement, on a beaucoup fait cette comparaison
00:10:50 avec les Gilets jaunes, qui me laissaient totalement sceptique.
00:10:53 Je crois que là, on mesure ce que ça signifie.
00:10:57 Je trouve que c'est une leçon pour l'ensemble des Français.
00:11:00 Que d'avoir des corps intermédiaires, des syndicats,
00:11:03 des coordinations qui sont structurées,
00:11:06 qui viennent avec un peu de concret,
00:11:09 qui viennent avec un certain pouvoir sur leur base.
00:11:13 Bref, que cette organisation du mouvement a, je crois,
00:11:17 contribué au fait que le gouvernement a pu faire des annonces.
00:11:22 Et que finalement, ce mouvement qui, légitimement,
00:11:26 on pouvait se dire que ça allait continuer et s'étendre des semaines et des semaines,
00:11:29 et bien finalement, en trois moments,
00:11:33 au bout de quelques semaines de mouvement,
00:11:36 vous arrivez avec des engagements qui ne sont pas ridicules
00:11:39 de la part de l'exécutif.
00:11:41 Troisième remarque, c'est le niveau européen
00:11:44 et c'est le fait que le modèle économique agricole européen
00:11:48 est à l'évidence en crise profonde.
00:11:50 Et que ça, ça ne prendra pas quatre, cinq mois.
00:11:52 C'est un travail de longue haleine.
00:11:54 Mais je pense que pour Emmanuel Macron,
00:11:56 ça sera aussi un test de sa bonne volonté,
00:11:59 de montrer qu'il a bien compris ce qui était en jeu à travers ce mouvement.
00:12:03 On va aller sur la 6 dans un instant,
00:12:05 prendre la température et voir l'atmosphère
00:12:07 pour ceux qui passent une dernière nuit, encore une fois, sur ces blocages.
00:12:11 On va entendre l'autre côté du plateau qui n'a pas encore pris la parole.
00:12:13 Je voudrais juste vous poser une question rapide avant de passer la parole, Patrick Legra.
00:12:17 Vous diriez que vous avez été entendu à,
00:12:20 évidemment que c'est approximatif, mais à combien de pourcents par le gouvernement ?
00:12:23 Si vous deviez jauger.
00:12:25 C'est pas bon en pourcentage.
00:12:27 Sur une échelle de 1 à 10, si vous préférez.
00:12:29 Non, je pense que ça ne se passe pas comme ça.
00:12:32 Au niveau français, je pense que déjà le potentiel,
00:12:35 quand vous dites, je vais donner des notes,
00:12:37 on est sur 1 à 10, le potentiel français est de 3.
00:12:39 Je pense que sur le 3, on a été entendu à 1,5.
00:12:43 Donc je pense qu'il faut garder que les 1 ou les 1,5 qu'on veut puissent être pris.
00:12:47 Mais il reste pour moi 6 ou 7 qui se passent à Bruxelles.
00:12:50 Et sur cet engagement, j'ai entendu le président de la République dire,
00:12:53 j'ai demandé, plusieurs fois il a dit qu'il allait demander,
00:12:57 entre autres à la présidente actuelle de Bruxelles.
00:13:00 Donc s'il a demandé, je pense qu'à sa place,
00:13:04 s'il a demandé, c'est qu'il pense qu'il y a des possibilités d'aboutir.
00:13:07 Les 4%, le gaz, le gaz, enfin les 4%, ça on le savait.
00:13:11 Ce qui m'ennuie, c'est 4%, s'il faut faire des manifestations d'hostiles
00:13:15 tous les ans pour supprimer, je dirais, les jachères, c'est ennuyeux.
00:13:19 Après, ce qui m'ennuie, mais ça, c'est pas moi qui m'en occupe,
00:13:22 quand il m'a dit on peut mettre de la luzerne et tout,
00:13:24 est-ce que sur ces 4%, on ne peut mettre que certains produits
00:13:27 ou que de certaines cultures ?
00:13:29 Parce que pourquoi il a mis 2-3 cultures ? Il a parlé de céréales ou d'autres.
00:13:32 Donc je vous dis, aujourd'hui c'est tellement frais.
00:13:34 Moi je pense qu'aujourd'hui, le Premier ministre,
00:13:37 je vous dis, le ressenti qu'a été de nos dirigeants, c'est qu'il a été à l'écoute.
00:13:40 On lui a appris, enfin la présidente et le secrétaire lui ont appris
00:13:43 certaines choses qu'ils ne connaissaient pas, je pense, auparavant.
00:13:46 Je pense qu'il faut donner un peu d'air.
00:13:48 L'air ne veut pas dire être résigné, mais il fallait donner de l'air, je pense.
00:13:51 Pour tout le monde.
00:13:52 - Je vous donne la parole, mes priorités au terrain.
00:13:54 Les amis, je voudrais juste qu'on aille voir Augustin Donadieu quelques instants
00:13:57 avec Thibaut Marcheoteau en duplex de l'autoroute A6 à Chilly-Mazarin en Essonne.
00:14:01 C'est depuis ce point de blocage que l'on va retrouver Arnaud Rousseau,
00:14:04 cher Augustin Donadieu, dans quelques instants.
00:14:06 Mais il est un petit peu en retard, le président de la FNSE,
00:14:08 parce qu'il est venu s'adresser, et vous allez me le confirmer,
00:14:10 aux différents agriculteurs qui sont là.
00:14:12 Il est encore en train de prendre la parole, il nous rejoindra dans un instant.
00:14:15 Je voudrais profiter de ce moment pour que vous nous décriviez un petit peu
00:14:18 la situation et l'atmosphère pour beaucoup.
00:14:21 C'est le dernier soir où certains entendent encore rester, bloquer et continuer les actions.
00:14:26 Est-ce que d'ailleurs la base est en train de prendre le pas sur la direction des syndicats ?
00:14:32 Comment ça se passe d'ailleurs autour d'Arnaud Rousseau ?
00:14:34 Que disent les gens qui viennent l'écouter ?
00:14:46 Alors déjà pour être tout à fait précis, Julien Arnaud Rousseau est juste derrière moi.
00:14:50 Il a fini sa prise de parole, il est en train de s'entretenir un petit peu à l'abri des oreilles indiscrètes
00:14:54 avec des agriculteurs qui l'ont interpellé à son arrivée.
00:14:57 Puisqu'Arnaud Rousseau, lorsqu'il est arrivé ici il y a à peu près une heure,
00:15:00 il est arrivé sous les applaudissements, mais très rapidement,
00:15:04 quelques agriculteurs lui ont demandé de rendre des comptes,
00:15:07 notamment sur des décisions, sur des annonces manquantes de la part du gouvernement
00:15:13 et des agriculteurs qui lui ont fait part de leurs difficultés.
00:15:16 Donc là ça fait à peu près un quart d'heure, une bonne quinzaine de minutes,
00:15:19 car Arnaud Rousseau s'entretient avec eux, probablement pour leur trouver des solutions personnalisées.
00:15:23 Ailleurs sur le camp ici sur l'autoroute A6, une autoroute bloquée depuis mardi maintenant,
00:15:27 il y a encore plus d'une centaine de tracteurs avec au moins 130 agriculteurs
00:15:32 qui profitent de cette dernière soirée, une soirée de convivialité,
00:15:36 puisque oui, effectivement, ils vont lever le camp demain à 10h.
00:15:40 Très précisément, les tracteurs vont redémarrer et chacun va rentrer dans son exploitation.
00:15:44 Alors, comme l'a dit le secrétaire général adjoint de la FDSEA,
00:15:49 ça n'est pas la fin du combat, puisque effectivement, dans trois semaines,
00:15:52 il y a le salon de l'agriculture à Paris et durant ces trois semaines,
00:15:55 ils attendent des actes concrets de la part du gouvernement.
00:15:58 Il y a eu les annonces, il y a eu les mots et dorénavant, ils attendent les preuves d'amour,
00:16:03 comme l'a si bien dit, effectivement, Gabriel Attal.
00:16:06 Arnaud Rousseau est donc arrivé, il a raconté un petit peu les coulisses de ces entretiens
00:16:10 avec le Premier ministre, avec les différentes associations,
00:16:13 les présidents de fédérations, les présidents locaux,
00:16:16 et il leur a annoncé, effectivement, tout ce qui avait été décidé par le gouvernement.
00:16:20 Il a répondu aux préoccupations de ces agriculteurs qui sont en difficulté actuellement.
00:16:27 Arnaud Rousseau sera avec nous dans un instant sur CNews
00:16:30 et évidemment, on vous dira dès qu'il sera disponible pour vous parler.
00:16:34 C'est entendu, on compte sur vous. Merci beaucoup, Augustin Donatio.
00:16:37 Vous avez évoqué Gabriel Attal qui a promis des actes.
00:16:40 Avant cela, il y a eu des annonces, donc écoutez.
00:16:43 Nous voulons être souverains.
00:16:45 Souverains pour cultiver, souverains pour récolter, souverains pour nous alimenter.
00:16:49 C'est le premier engagement que je prends ce matin.
00:16:52 Nous inscrirons l'objectif de souveraineté dans la loi.
00:16:55 Nous le ferons avec les agriculteurs, sur la base d'indicateurs clairs définis avec eux.
00:17:00 Nous consacrerons dans le code rural l'agriculture comme un intérêt fondamental de la nation.
00:17:05 Nos éleveurs ont besoin d'un soutien spécifique.
00:17:08 C'est pourquoi je vous annonce que nous leur consacrerons 150 millions d'euros
00:17:12 en soutien fiscal et social dès cette année et de façon pérenne.
00:17:16 Un travail avec la filière permettra d'en préciser les modalités.
00:17:19 Il a affiché donc sa volonté d'inscrire Alexandre de Véquiau,
00:17:22 l'objectif de souveraineté dans la loi, de renforcer la loi EGalim
00:17:24 pour protéger la rémunération des agriculteurs,
00:17:26 et de fiscal et social de 150 millions d'euros versés également aux éleveurs.
00:17:30 La révolte des paysans rentre dans le rang ?
00:17:33 Je ne sais pas si elle va rentrer dans le rang.
00:17:35 Ce qui est intéressant, c'est quand même l'impressionnante victoire idéologique du camp souverainiste.
00:17:41 Combien de fois il a répété le mot « souverain » ?
00:17:44 C'est vrai.
00:17:45 Qui était un mot « oni » quand même quand Emmanuel Macron a pris le pouvoir.
00:17:49 Enfin « oni » pour le camp d'Emmanuel Macron,
00:17:51 qui ne se voulait plutôt que le champion du libre-échange, de l'ouverture des frontières.
00:17:56 Donc maintenant il faut que les actes suivent.
00:17:59 Je ne suis pas entièrement d'accord avec Philippe Guibert.
00:18:01 Je crois que la comparaison avec les Gilets jaunes a du sens.
00:18:04 Je pense que s'il n'y avait pas eu les Gilets jaunes,
00:18:06 le gouvernement n'aurait pas lâché aussi vite, par exemple.
00:18:10 Ensuite, comme dans le mouvement des Gilets jaunes, c'est parti de la base.
00:18:14 Les syndicats n'étaient pas tous d'accord.
00:18:16 Si je pense que la Confédération rurale est très proche de la base,
00:18:21 la FN et celui-là, ce n'est pas tout à fait la même chose.
00:18:23 Ils avaient, il faut le rappeler, négocié l'augmentation de la taxe sur le « fuel » avec le gouvernement.
00:18:31 Donc je pense qu'il y a un rapport.
00:18:32 Il y a un rapport aussi justement sur ce thème de la souveraineté,
00:18:35 sur le thème d'une partie de la France dite « périphérique »,
00:18:39 qui est loin de Paris et que les politiques ne voulaient pas voir jusqu'ici.
00:18:46 On veut en faire un conflit sectoriel, ce qui est le cas,
00:18:49 mais je crois que c'est beaucoup plus large.
00:18:52 C'est pour ça que c'était un mouvement qui était soutenu par 80 % des Français.
00:18:56 Et là où c'est plus intéressant que les Gilets jaunes, malgré tout,
00:18:59 c'est que je pense que les agriculteurs ont bien identifié où était le problème.
00:19:02 Et effectivement, il n'est pas seulement à Paris.
00:19:05 Une partie du problème a été réglée à Paris, mais le problème européen reste à régler.
00:19:11 Il y a eu plus d'une centaine de blocages, je le rappelle, dans toute la France ces derniers jours.
00:19:15 Je dirais que mouvement après mouvement…
00:19:17 Et c'est un mouvement européen global.
00:19:18 Voilà.
00:19:19 Une certaine France populaire, une certaine Europe populaire,
00:19:22 commence à se faire entendre, à s'organiser.
00:19:26 Je trouve ça assez passionnant.
00:19:28 Maintenant, il va falloir tordre le bras à Ursula von der Leyen,
00:19:33 qui n'est pas gagnée, même sur la loi Equalim.
00:19:37 Il va falloir tordre le bras à la grande distribution, parce qu'il délocalise…
00:19:43 Bruno Le Maire a fait des annonces, ça se suggère.
00:19:45 Il y aura des contrôles, il y aura des sanctions.
00:19:47 Est-ce que la grande distribution et les autres, c'est une autre question.
00:19:50 Il y aura des contrôles, mais en réalité, il délocalise leur centrale d'achat.
00:19:53 Il est délocalisé en Chine.
00:19:55 Oui, mais ça, il en a parlé, Bruno Le Maire.
00:19:56 Il a dit, vous pouvez aller délocaliser tout ce que vous voulez,
00:19:59 les produits qui arrivent en France doivent répondre aux normes françaises.
00:20:02 Ils devront répondre aux normes françaises.
00:20:04 C'est un vrai tournant idéologique, mais il ne faudra pas dire maintenant
00:20:08 que ceux qui défendent les frontières, la souveraineté, sont des fachos
00:20:12 et défendent une France moisie.
00:20:14 Ce n'est pas ici qu'on a entendu ça.
00:20:16 Non, ce n'est pas ici, mais on l'a entendu malheureusement pendant des années.
00:20:20 Si on se place, j'y arrive Eric Tegner, un peu encore d'un aspect vraiment franco-français,
00:20:26 j'ai l'impression que la séquence du jour, du point de vue du pouvoir,
00:20:29 elle relève quasiment de la prouesse, parce qu'on a eu cet enchaînement,
00:20:33 cette séquence quasiment de grâce, où la conférence de presse de Gabriel Attal
00:20:38 s'est enchaînée avec la conférence de presse de la FNSE, des GIA,
00:20:41 avec des annonces qui, "Allez, oui, nous avons été entendus, nous arrêtons les blocages".
00:20:46 Derrière, la séquence avec Emmanuel Macron également,
00:20:48 qui se montre en l'imprésident, qui veut remettre de la souveraineté.
00:20:52 C'est un sans-faute en termes de communication.
00:20:54 Ça, c'est la seule certitude qu'on peut avoir aujourd'hui.
00:20:56 Oui, c'est pour ça que je ne comprends vraiment pas ce qu'a fait la FNSE.
00:20:59 Et tout le monde rentre à la maison à la fin.
00:21:01 J'ai de la peine pour ces agriculteurs qui sont mobilisés,
00:21:05 qui peuvent entendre aussi des leaders qui vont dire qu'ils vont se mobiliser à nouveau.
00:21:09 Mais depuis quand les promesses aujourd'hui du gouvernement sont systématiquement appliquées ?
00:21:15 Il faut comprendre.
00:21:16 Attention, parce qu'il y a une force de frappe en face.
00:21:18 Il y a un moment aussi dans les semaines qui viennent,
00:21:20 si d'ici le 24 février, jour de l'ouverture du Salon de l'Agriculture,
00:21:23 qui a été annoncé, ne s'est pas transformé en acte,
00:21:25 je pense que M. Legras et certains de ses amis le feront savoir au chef de l'État.
00:21:28 Mais en fait, vous savez, si le traité du Mercosur est finalement voté,
00:21:32 la filière de l'élevage...
00:21:33 Ils ne veulent pas le voter ? Ils l'ont annoncé aujourd'hui encore ?
00:21:35 Aujourd'hui, ils ont dit ça de leur côté.
00:21:37 Mais lorsque vous lisez les articles qui parlent des soi-disant confirmations
00:21:40 du côté de la Commission européenne, ils disent qu'aujourd'hui, ça n'a absolument pas arrêté.
00:21:44 Il y a eu une réunion à nouveau le 16 février autour de ce sujet.
00:21:47 Vous savez, il faut se mettre dans la tête aujourd'hui des responsables politiques européens.
00:21:50 Ils ont peur, effectivement, d'un réveil des peuples européens.
00:21:53 On l'a vu dans d'autres pays. On voit la Hollande, c'était déjà il y a un an.
00:21:56 Et aujourd'hui, c'est les élections européennes qui le craignent le plus.
00:21:59 Donc, ce qu'on prêt à accepter, c'est que pendant trois ou quatre mois,
00:22:02 on va faire semblant qu'on écoute les agriculteurs.
00:22:05 On va laisser de côté un peu le Mercosur.
00:22:07 Vous savez, le Mercosur, c'est en négociation depuis 1998.
00:22:10 Donc, attendre six ou sept mois de plus, ce n'est absolument pas un problème.
00:22:13 Emmanuel Macron, il va parler de souveraineté.
00:22:15 Mais une fois qu'on va atteindre le 9 juin, Julien, après, derrière,
00:22:19 les agriculteurs, ça ne sera absolument plus le sujet au niveau européen.
00:22:22 Donc, il faut vraiment avoir ça en tête.
00:22:24 Et moi, je pense que ce soir, les technocrates de Bruxelles voient Emmanuel Macron
00:22:28 et se disent « Justement, vous avez vu, il a évité les gilets jaunes.
00:22:31 Dans le fond, les agriculteurs, on peut négocier avec eux.
00:22:34 On peut les faire rentrer au Bercail avec elles. »
00:22:36 - On va en parler avec Johan tout à l'heure.
00:22:37 Mais moi, je trouve que c'est une victoire pour Gabriel Attal ce soir,
00:22:39 pas forcément pour le président de la République.
00:22:41 Parce que celui qui a pris la lumière, qui a su se faire entendre,
00:22:43 notamment des agriculteurs, je pense que c'est le Premier ministre,
00:22:45 et pas le président de l'agriculture.
00:22:47 - Mais on va en parler avec Johan, qui va nous développer ça dans un instant.
00:22:50 Karimah, vous prenez la parole dans une seconde.
00:22:52 Je voudrais juste, parce qu'il nous attend depuis un moment,
00:22:54 et il est avec un invité, Michael Dos Santos, avec Fabrice Elsner,
00:22:56 en duplex de l'autoroute A1.
00:22:58 Là encore, on est sur un blocage qui devrait être levé demain matin
00:23:03 à Chenevière-les-Louvres, dans le Val d'Oise.
00:23:05 Quelle est l'atmosphère, Michael ?
00:23:07 - L'atmosphère est excellente ici.
00:23:12 Il y a une excellente ambiance.
00:23:14 Vous entendez peut-être la musique juste derrière moi.
00:23:16 On profite finalement des derniers instants,
00:23:18 après plusieurs jours de mobilisation, plusieurs jours de contestation.
00:23:22 D'ailleurs, un convoi s'apprête à quitter les lieux aux alentours de minuit.
00:23:27 Un convoi en direction du Pas-de-Calais.
00:23:29 Je suis d'ailleurs avec un agriculteur du Pas-de-Calais,
00:23:32 Jean-Charles Paimblanc.
00:23:33 Merci d'être avec nous en direct sur CNews.
00:23:35 Objectif rempli, on peut le dire.
00:23:38 Vous rentrez désormais chez vous, pour aussi travailler,
00:23:41 pour récupérer votre exploitation,
00:23:43 avec la sensation d'avoir rempli cet objectif,
00:23:47 qui était d'être entendu par le gouvernement.
00:23:49 - L'objectif, après 15 jours de mobilisation,
00:23:53 n'est pas forcément rempli.
00:23:55 On ne sort jamais satisfait d'une mobilisation syndicale.
00:23:58 Des avancées ont eu lieu, certes.
00:24:01 Mais aujourd'hui, on attend des avancées.
00:24:04 On attend un calendrier qui soit mis en place.
00:24:08 On a d'ici trois semaines l'ouverture du Salon de l'Agriculture.
00:24:11 J'espère que d'ici là, le ministre et le gouvernement
00:24:15 auront posé par écrit sur la table les avancées
00:24:18 qu'ils ont pu nous faire aujourd'hui.
00:24:20 - Je rebondis sur ce que vous dites.
00:24:21 Beaucoup ici nous disent qu'on veut des écrits.
00:24:23 Et on veut ces écrits avant le Salon de l'Agriculture.
00:24:27 Est-ce que là aussi, c'est l'objectif ?
00:24:29 Vous ne faites que confiance à moitié, finalement,
00:24:32 à la parole politique ?
00:24:34 - On connaît l'administration française depuis longtemps,
00:24:36 et la réglementation.
00:24:37 On sait très bien que ce n'est pas en trois jours
00:24:39 que le gouvernement va nous sortir quelque chose.
00:24:42 Aujourd'hui, je pense qu'il faut se donner l'ultimatum
00:24:45 du Salon de l'Agriculture pour avoir les réponses exactes
00:24:48 aux avancées qu'ils nous ont faites.
00:24:50 - Vous l'avez compris, on laisse travailler désormais
00:24:52 le gouvernement après des heures et des heures de travail,
00:24:55 de concertation.
00:24:56 Les agriculteurs vont donc quitter cette autoroute 1,
00:24:59 demain, à 11h.
00:25:01 Ils vont être, pour certains, aussi escortés
00:25:03 par les forces de l'ordre, avec qui tout s'est très bien passé.
00:25:07 Il faut le dire, escortés jusqu'au Pas-de-Calais
00:25:09 et dans les différentes régions de France.
00:25:11 - Il n'y aura pas assez, c'est vrai,
00:25:13 Michel Dos Santos avec Fabrice Cessnaire,
00:25:15 que l'on remercie, que les agriculteurs se sont comportés
00:25:17 avec une dignité et un comportement, évidemment,
00:25:20 irréprochable du début à la fin de cette séquence.
00:25:24 On reste sur la réponse politique.
00:25:27 C'est un succès politique, selon vous, Karima,
00:25:29 ce qui a été obtenu par le gouvernement aujourd'hui,
00:25:32 c'est-à-dire la fin des blocages.
00:25:33 - Moi, je pense qu'on a beaucoup appris des gilets jaunes.
00:25:36 On a voulu très rapidement faire en sorte de contenir le mouvement.
00:25:39 D'ailleurs, il y aura peut-être des répercussions
00:25:41 sur ces fameuses gardes à vue, tout ça.
00:25:43 Il y aura probablement des suites de savoir
00:25:45 si c'était proportionné ou disproportionné, ces gardes à vue.
00:25:48 Donc, ça, c'est encore un dossier à suivre.
00:25:50 Mais je pense que le gouvernement agit très rapidement
00:25:52 parce qu'il ne voulait pas laisser pourrir la situation.
00:25:55 Donc, gestion de crise, Gabriel Attal,
00:25:57 oui, avec les mesures qu'il a annoncées.
00:26:00 Moi, je pense qu'il a réussi à mettre le couvercle sur la marmite,
00:26:04 mais la marmite, elle est encore chaude,
00:26:06 elle est encore bien bouillante et il va y avoir ce suivi.
00:26:09 Si on ne répond pas aux attentes,
00:26:11 eh bien, les agriculteurs vont ressurgir.
00:26:14 Alors non, ce n'est pas terminé,
00:26:16 mais oui, il y a un apaisement dans cette crise
00:26:18 parce qu'il y a quand même des mesures
00:26:20 qui vont dans le bon sens,
00:26:22 enfin, les mesures qui ont été annoncées par Gabriel Attal.
00:26:25 Est-ce que ce sera suffisant sur le long terme?
00:26:27 C'est ça, ça reste quand même à voir,
00:26:30 mais pour l'instant, au moins, on sent qu'on veut régler des choses.
00:26:33 Moi, je trouve quand même, peut-être que ça,
00:26:35 je trouve ça important, on parlait de souveraineté,
00:26:37 on parlait de mouvement des agriculteurs,
00:26:39 c'est très important ce qui s'est passé.
00:26:41 Oui, on l'a vu dans d'autres pays, que ce soit au Pays-Bas,
00:26:45 on a vu même en Grèce aujourd'hui,
00:26:47 il y avait des agriculteurs qui se sont rendus dans une foire
00:26:50 d'agriculteurs justement pour manifester.
00:26:53 Ça m'a fait penser, vous savez,
00:26:54 quand il y a eu ce mouvement de désindustrialisation
00:26:57 dans les pays occidentaux, notamment aux États-Unis,
00:26:59 des années 80 jusqu'au début des années 2000,
00:27:02 il y a eu des pertes d'emplois massives,
00:27:05 on a laissé pourrir la situation avec la mondialisation
00:27:08 qui était incontrôlée, incontrôlable,
00:27:11 et maintenant, on le voit, et je pense qu'avec les agriculteurs,
00:27:14 le message qu'ils envoient, c'est de dire,
00:27:16 on ne veut pas disparaître, et c'est un peu ça, en fait,
00:27:19 c'est une question de survie de leurs conditions.
00:27:22 On a parlé aussi pour la suite des choses,
00:27:24 pour la transmission des exploitations,
00:27:26 pour le métier, pour vivre dignement.
00:27:29 Donc, non, c'est un mouvement très important qui s'est passé,
00:27:31 et on verra justement sur la suite des choses,
00:27:34 parce que ça a un impact sur la cohésion sociale
00:27:36 et la fracture de la société,
00:27:38 quand on sent qu'il y a une partie de la société
00:27:40 qui ne se reconnaît plus et qui arrive vers une paupérisation,
00:27:43 ça peut être très grave.
00:27:44 - C'est maintenant que le plus dur commence, finalement,
00:27:46 Philippe Guillard, parce que sans actes,
00:27:48 la colère se réveillera, et j'ai envie de dire
00:27:50 qu'elle se réveillera de plus belle.
00:27:52 - Oui, bien sûr, non seulement la colère se réveillera,
00:27:54 et puis il y a quand même un minimum de crédibilité
00:27:57 de l'exécutif dans un contexte électoral
00:28:00 que l'exécutif ne peut pas se permettre de rater,
00:28:04 parce que si dans deux mois, dans trois mois,
00:28:07 on se rend compte que les engagements ne sont pas tenus
00:28:09 ou mal tenus...
00:28:10 - Ils ne peuvent pas se permettre.
00:28:11 J'ai l'impression qu'ils ne peuvent pas se permettre.
00:28:12 - En tout cas, dans les six mois qui viennent,
00:28:14 ils ne peuvent pas se permettre.
00:28:15 Et même après, je pense que c'est très compliqué.
00:28:17 Moi, je voulais juste répondre très rapidement
00:28:19 à la question que vous posiez, qui est une bonne question,
00:28:21 que veut la FNSEA ?
00:28:23 Mais la FNSEA, il me semble qu'il y a des élections
00:28:26 aux chambres régionales d'agriculture,
00:28:29 et je pense que la FNSEA qui cougère...
00:28:32 - Dans un an. Dans 12 mois, exactement.
00:28:34 - Dans un an.
00:28:35 - Et là, ils ont vu une concurrence,
00:28:37 une contestation émerger, me semble-t-il.
00:28:40 - C'est vrai que c'est très juste que vous dites,
00:28:42 parce qu'on connaissait tous à peu près la FNSEA,
00:28:44 les jeunes agriculteurs.
00:28:45 Très honnêtement, je vous le dis franchement,
00:28:46 M. Legras, je ne connaissais pas l'existence
00:28:48 de la coordination rurale jusqu'à il y a 15 jours,
00:28:50 et aujourd'hui, on ne parle que de vous.
00:28:51 On ne parle que de vous, donc d'une certaine manière,
00:28:53 vous avez réussi un coup aussi...
00:28:55 - Vous avez été l'aiguillon du mouvement,
00:28:56 l'aiguillon de la FNSEA.
00:28:58 - C'est vrai.
00:28:59 - C'est comme ça que je comprends.
00:29:00 Et donc que veut la FNSEA ?
00:29:02 Elle voulait trouver un accord.
00:29:03 Elle cogère le ministère de l'Agriculture
00:29:05 avec l'État depuis quelques décennies,
00:29:07 et donc elle ne pouvait pas apparaître
00:29:10 comme le mouvement qui ne retire rien
00:29:13 de cette cogestion.
00:29:14 Il fallait qu'ils justifient leur titre
00:29:17 de leader du mouvement agricole qui est contesté.
00:29:20 Donc voilà, je pense que c'est ça,
00:29:21 l'élément stratégique qu'il y a derrière
00:29:23 et qui n'est pas négligeable.
00:29:25 Et par ailleurs, je suis d'accord avec vous
00:29:27 qu'il y a eu des leçons qui ont été tirées
00:29:29 des législateurs, vous avez raison,
00:29:31 du côté du pouvoir.
00:29:32 N'empêche quand même que je maintiens
00:29:34 que d'avoir des interlocuteurs
00:29:36 qui ont des idées relativement précises
00:29:38 de revendications,
00:29:40 ça aide aussi un pouvoir à négocier
00:29:44 et que ça permet d'avancer plus vite
00:29:46 dans les négociations.
00:29:47 - Question pratique,
00:29:48 avant de donner la parole à Patrick Legra,
00:29:50 bien sûr, encore une fois.
00:29:51 Il va falloir les remplir, les concepts
00:29:53 qui ont été annoncés aujourd'hui.
00:29:54 Parce que moi, souveraineté agricole,
00:29:56 je trouve ça très beau.
00:29:57 En effet, ce mot de souveraineté qui revient,
00:29:59 qui fait plaisir à tous les souverainistes
00:30:01 comme l'a rappelé Alexandre.
00:30:02 Mais ça veut dire quoi ?
00:30:03 - Et comment on fait ?
00:30:05 - Comment on fait ?
00:30:06 Je laisserai le gouvernement s'en occuper,
00:30:08 c'est mon rôle.
00:30:09 - Ça veut dire quoi ?
00:30:10 - Ce que ça signifie manifestement,
00:30:12 c'est que la France produit
00:30:14 de quoi s'auto-alimenter.
00:30:16 A priori, la souveraineté agricole,
00:30:18 c'est ça, c'est l'indépendance.
00:30:21 On a vu qu'en période de Covid,
00:30:22 la souveraineté, ça pouvait quand même
00:30:24 avoir un certain nombre de bénéfices.
00:30:25 Mais vous savez, on a un président
00:30:26 qui est arrivé en 2017 avec...
00:30:28 - A priori, il y a des choses
00:30:29 qu'on ne produira jamais en France.
00:30:30 Donc l'export, l'import arrivera toujours.
00:30:33 - Non, mais là, il parle de souveraineté alimentaire.
00:30:36 - Oui.
00:30:37 - La souveraineté alimentaire.
00:30:38 - Je parle aussi de souveraineté alimentaire.
00:30:39 Il y a des fruits, des légumes
00:30:40 qui ne sont pas produits en France.
00:30:41 - Non, mais d'accord.
00:30:42 - Mais la balance commerciale est déficitée.
00:30:44 - On n'est pas obligé de produire
00:30:45 tous les fruits et tous les légumes.
00:30:46 La souveraineté alimentaire,
00:30:47 ce sont des produits de base
00:30:48 qui permettent éventuellement, en cas de crise,
00:30:50 de s'alimenter convenablement.
00:30:52 C'est ça, la souveraineté alimentaire.
00:30:53 Mais vous savez, on a un président
00:30:55 qui est arrivé en 2017 avec le logiciel
00:30:57 qui était le sien, qu'il pensait parfait,
00:31:00 qu'il pensait incontestable.
00:31:02 Et dans ce logiciel,
00:31:03 le mot souveraineté n'existait pas.
00:31:06 Pire que ça, le mot souveraineté
00:31:08 était un gros mot.
00:31:09 C'était un mot qui était imprononçable
00:31:11 en Macronie.
00:31:12 Et on se rend compte maintenant
00:31:13 qu'il est prononcé à tout va.
00:31:15 Il a été utilisé au cours de sa vie
00:31:17 et utilisé au cours de cette semaine
00:31:19 des dizaines de fois par le Premier ministre
00:31:21 et par le président de la République,
00:31:23 qui s'est manifestement rendu compte
00:31:25 depuis la crise du Covid
00:31:26 que son logiciel avait quand même
00:31:28 des lacunes extrêmement importantes.
00:31:30 Et ça signifie donc que nous avons perdu
00:31:32 un temps assez précieux quand même
00:31:34 pour mener des réformes en profondeur
00:31:36 dont ce pays aurait eu bien besoin
00:31:38 depuis longtemps.
00:31:39 Patrick Lebrun.
00:31:40 Je pense qu'avec ce qu'on a vu
00:31:42 depuis des années, pour ne pas dire des décennies,
00:31:45 avant d'inverser l'intendance,
00:31:46 il va falloir déjà stabiliser l'effondrement.
00:31:49 Aujourd'hui, vous n'avez plus une production,
00:31:52 une culture, un concept qui va bien.
00:31:55 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on supprime...
00:31:57 Enfin, moi je fais partie
00:31:58 de l'interprofession pommes de terre.
00:32:00 Cette année, on va moins planter de pommes de terre
00:32:04 parce qu'on a moins de plants.
00:32:05 On l'a déjà dit l'année dernière
00:32:06 parce que le plant ne gagne plus.
00:32:08 T'as assez d'argent, les producteurs de plants.
00:32:10 Mais en fait, on va être encore pire l'année prochaine.
00:32:12 C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
00:32:14 la politique de l'autruche
00:32:16 était faite par beaucoup de responsables agricoles
00:32:19 ou par agricoles ou politiques
00:32:20 parce qu'on avait une volonté,
00:32:22 une idéologie, c'est même pas une volonté,
00:32:24 à tout prix environnementale et je dirais écologique,
00:32:28 de dire qu'il faut faire plus propre que propre en France
00:32:30 et en Europe.
00:32:31 Et comme je le disais tout à l'heure,
00:32:33 aujourd'hui, je ne vois pas le changement
00:32:35 de façon de faire
00:32:37 avec des gens qui sont de là
00:32:39 depuis de deux à cinq ans
00:32:41 et à qui ils ont des convictions
00:32:43 parce que pour être ministre
00:32:45 ou pour avoir des responsabilités,
00:32:46 il faut avoir des convictions
00:32:47 et qui aujourd'hui,
00:32:48 par la pression du peuple
00:32:50 qui s'est liée aux agriculteurs,
00:32:52 va dire "je vais faire totalement l'inverse
00:32:54 de ce qu'on m'a dit de faire
00:32:55 ou de ce que je fais depuis deux ans".
00:32:56 Donc aujourd'hui,
00:32:57 je prendrais par exemple une seule personne
00:32:59 qui est à l'Europe,
00:33:00 aujourd'hui, comment voulez-vous que M. Canfin
00:33:02 puisse aujourd'hui accepter
00:33:04 ce qui a été dit aussi bien par le président
00:33:06 ou le Premier ministre ?
00:33:07 - Je peux répondre.
00:33:09 Il se trouve qu'on l'a reçu
00:33:11 lundi.
00:33:13 - Pascal Canfin ?
00:33:15 - Pascal Canfin, mardi.
00:33:16 - Au Figaro.
00:33:17 - On l'a fait débattre au Figaro
00:33:18 avec François-Xavier Bellamy
00:33:20 qui était un de ceux
00:33:21 qui avait sonné le toxin
00:33:22 et désigné Pascal Canfin
00:33:24 comme responsable.
00:33:25 Et Pascal Canfin a adopté
00:33:27 la rhétorique de son adversaire.
00:33:28 C'était assez curieux,
00:33:30 mais effectivement,
00:33:31 il a avalé son chapeau.
00:33:34 Alors effectivement,
00:33:35 est-ce que ce sera sincère
00:33:36 pour la suite ?
00:33:38 Est-ce que les élections européennes
00:33:40 passées, ils vont revenir
00:33:42 sur leurs propres logiciels ?
00:33:44 C'est pour ça qu'il faut maintenir
00:33:46 la pression populaire,
00:33:47 mais qu'on voit que mouvement social
00:33:48 après mouvement social,
00:33:49 malgré tout,
00:33:50 cet édifice européen
00:33:52 n'arrive plus à justifier
00:33:54 d'une certaine manière.
00:33:55 Maintenant, je vous rejoins,
00:33:56 il faut rester extrêmement prudents.
00:33:58 Il y a le traité du Mercosur,
00:33:59 mais on vient de signer un traité
00:34:01 avec la Nouvelle-Zélande quand même.
00:34:03 Et Pascal Canfin ne m'a pas convaincu
00:34:05 quand il m'a répondu
00:34:06 qu'on y gagnera sur le vin
00:34:07 et les siropieux.
00:34:09 Le marché de la Nouvelle-Zélande
00:34:10 me paraît être un petit marché.
00:34:12 Par ailleurs, les gens qui achètent du vin
00:34:14 en Nouvelle-Zélande sont des gens aisés
00:34:15 qui l'achèteraient, je pense,
00:34:16 de toute manière,
00:34:17 même sans cet accord.
00:34:18 Par contre, la filière mouton,
00:34:20 qui, je crois, a été divisée par trois
00:34:22 ces dernières années,
00:34:23 va être encore très lourdement impactée.
00:34:25 Donc, je ne comprends toujours pas
00:34:26 la logique de ces accords,
00:34:28 et encore moins la logique écologique.
00:34:29 Parce que faire venir du mouton
00:34:31 de Nouvelle-Zélande,
00:34:32 il vaudrait mieux être plus souple
00:34:34 sur les normes, je crois, en France.
00:34:36 Donc, il y a beaucoup de combats.
00:34:38 Il y a celui de l'Ukraine aussi,
00:34:40 où je pense que les agriculteurs
00:34:42 attendent des réponses rapidement,
00:34:44 parce qu'on va faire l'élargissement,
00:34:46 mais on a déjà supprimé les droits de douane
00:34:48 avec l'Ukraine.
00:34:49 On importe, je crois,
00:34:51 des centaines de milliers de poulets,
00:34:53 je ne veux pas dire de bêtises,
00:34:55 mais élevés dans des conditions
00:34:56 totalement déplorables.
00:34:57 Je crois que c'est par jour,
00:34:58 150 000 poulets par jour
00:35:00 importés en Europe.
00:35:02 Aujourd'hui, figurez-vous que
00:35:04 50 % des poulets que vous avez
00:35:06 sur votre assiette ne sont pas
00:35:08 des poulets produits en France.
00:35:10 Mais en Ukraine, pour beaucoup.
00:35:12 Mais il y a une réponse qui a été apportée là-dessus.
00:35:14 Il va falloir voir ce qui sort
00:35:16 des négociations avec l'Europe.
00:35:18 On est à 27, c'est très long.
00:35:20 On va parler de Bruxelles dans un instant.
00:35:22 On a fait ce pacte vert,
00:35:24 un peu son marqueur politique.
00:35:26 Est-ce qu'elle va accepter de renoncer
00:35:28 à son marqueur politique ?
00:35:30 On va parler de ce qui s'est dit
00:35:32 et ce qui s'est passé à Bruxelles
00:35:34 avec des Black Blocs qui se sont infiltrés.
00:35:36 Les agriculteurs ont bien montré
00:35:38 qu'ils se désolidarisaient.
00:35:40 On montrera les images dans un instant.
00:35:42 Je voudrais qu'on aille voir José Pérez.
00:35:44 Je vous remercie d'être avec nous
00:35:46 sur CNews dans ce soir Info.
00:35:48 Co-président de la coordination rurale 47.
00:35:50 Vous rentrez sur Agen.
00:35:52 José, merci beaucoup d'être avec nous
00:35:54 après avoir été l'un des leaders
00:35:56 de cette crise.
00:35:58 Je ne sais pas où vous êtes ce soir.
00:36:00 Quel est le mot d'ordre pour vous ?
00:36:02 La crise est finie ?
00:36:04 Non, la crise n'est pas finie.
00:36:06 La crise n'est pas finie.
00:36:08 On nous chasse de Paris
00:36:10 et de ses alentours.
00:36:12 Le préfet de la zone
00:36:14 nous a chassés
00:36:16 de son département.
00:36:18 On a été escortés ce matin
00:36:20 par plein de CRS,
00:36:22 plein de policiers
00:36:24 pour quitter le département
00:36:26 le plus vite possible.
00:36:28 Aujourd'hui,
00:36:30 nous sommes revenus
00:36:32 joindre nos collègues
00:36:34 qui n'avaient pas pu passer la Loire.
00:36:36 Nous sommes avec eux.
00:36:38 Demain matin,
00:36:40 on prend la route pour Limoges.
00:36:42 On redescend vers chez nous.
00:36:44 Je trouve scandaleux
00:36:46 qu'on n'ait pas pu monter
00:36:48 à Paris.
00:36:50 On a toujours été,
00:36:52 on a toujours respecté.
00:36:54 On nous chasse,
00:36:56 on nous a bloqués.
00:36:58 Vous avez le sentiment d'être un pestiféré,
00:37:00 un indésirable ?
00:37:02 Tout à fait.
00:37:04 C'est tout à fait ça.
00:37:06 On a l'impression
00:37:08 qu'ils ne voulaient pas de nous.
00:37:10 Le premier jour à Limoges,
00:37:12 à 6h du matin,
00:37:14 on avait des blindés de la gendarmerie
00:37:16 et des CRS qui nous attendaient.
00:37:18 Alors qu'on était à Limoges,
00:37:20 à 10-12h de tracteur
00:37:22 de Paris.
00:37:24 Moi et mes collègues agriculteurs
00:37:26 on a trouvé ça complètement
00:37:28 démesuré.
00:37:30 On a Patrick Legra, que vous connaissez certainement,
00:37:32 porte-parole de la coordination rurale,
00:37:34 qui est avec nous en plateau.
00:37:36 Ça vous fait sourire, mais vous riez jaune.
00:37:38 J'ai l'impression, Patrick Legra, après ce qu'on entend de José Pérez.
00:37:40 Ils savent.
00:37:42 J'ai souvent ses collègues
00:37:44 et Franck et Pascal au téléphone
00:37:46 parce que chacun a son domaine.
00:37:48 Je pense que ce qu'ils ont fait serait héroïque.
00:37:50 Je ne suis pas sûr que beaucoup de gens
00:37:52 le feraient. Ils l'ont fait,
00:37:54 pas pour eux, parce qu'ils ont déjà la Chambre d'agriculture.
00:37:56 Ils l'ont fait par solidarité.
00:37:58 Je trouve ça exceptionnel.
00:38:00 Et je trouve que les mesures
00:38:02 qui avaient été appliquées avec les engagements
00:38:04 qui avaient été pris, je ne dirais que ça,
00:38:06 parce que je ne veux pas de conflits
00:38:08 avec d'autres personnes, mais je trouve
00:38:10 que la réponse n'a pas été,
00:38:12 allez, je vais dire sympa,
00:38:14 parce que j'en pense plus que ça.
00:38:16 Mais bon, là on est dans l'apaisement, comme j'ai dit
00:38:18 sur le dossier de Rungis.
00:38:20 - Pardon Patrick, mais on va le dire, il était convenu que vous puissiez aller jusqu'à Paris.
00:38:22 - C'était... Non, on était à...
00:38:24 - En tout cas aux portes de Paris. Et on est venu
00:38:26 vous chercher des limoges, si c'est ce que j'ai bien compris.
00:38:28 - Ben voilà, je pense...
00:38:30 - José Pérez et ses collègues ont été reçus des limoges.
00:38:32 - Je pense que sur certaines affaires
00:38:34 où certains ont été, et il a raison
00:38:36 José, on a été dans la provocation.
00:38:38 Le fait de
00:38:40 mettre
00:38:42 90 personnes en garde à vue
00:38:44 et de ne pas trouver de procureur
00:38:46 le soir pour qu'ils dorment une nuit
00:38:48 dans des gendarmeries
00:38:50 où les gens en pensent ce qu'ils veulent.
00:38:52 D'ailleurs l'avocate en a parlé.
00:38:54 Mais bon, on passe au-dessus de ça.
00:38:56 Aujourd'hui on est un syndicat, je dirais,
00:38:58 qui monte en puissance régulièrement.
00:39:00 Je pense que cette crise, grâce au 47,
00:39:02 va encore montrer de quoi on est capable.
00:39:04 La principale,
00:39:06 c'est deux choses. Un, il faut trouver
00:39:08 des solutions pour les gens, parce qu'on dit "les Français, les Français"
00:39:10 mais je le dis, nous on a de la chance
00:39:12 parce qu'on l'a vu cette année en Allemagne de l'eau.
00:39:14 En dessous de la Loire, c'est une catastrophe
00:39:16 depuis des années. Il n'y a pas d'écoute,
00:39:18 il n'y a pas d'entente. C'est vrai qu'on n'a pas
00:39:20 beaucoup de ministres en dessous de la Loire,
00:39:22 donc peut-être qu'il faudrait
00:39:24 qu'ils y aillent un peu plus.
00:39:26 Donc aujourd'hui, comme je dis...
00:39:28 - Il y a le président Macron et Gérald Darmanin
00:39:30 qui vont régulièrement à Marseille, mais pas pour les mêmes raisons.
00:39:32 - Je ne sais pas, mais aujourd'hui...
00:39:34 - Il y a moins d'agriculteurs.
00:39:36 - Mais aujourd'hui, par rapport à tout ce qui s'est fait...
00:39:38 - C'est notre forme de culture.
00:39:40 - Pardon, pardon.
00:39:42 - Par rapport à tout ce qui s'est fait,
00:39:44 je trouve que la CR 47,
00:39:46 et je le dis parce que parfois elle est critiquée,
00:39:48 elle a été très digne,
00:39:50 et je pense qu'elle a ému beaucoup de gens,
00:39:52 aussi bien chez les producteurs que chez les consommateurs,
00:39:54 je dirais qu'ils vont regarder maintenant
00:39:56 un peu plus l'origine de leurs produits.
00:39:58 - José Pérasse, si vous avez 5 minutes, si vous le permettez,
00:40:00 je voudrais qu'on voit ce sujet ensemble
00:40:02 et que vous réagissiez également sur les 91
00:40:04 agriculteurs interpellés mercredi soir
00:40:06 après avoir tenté de pénétrer dans l'enceinte de Rungist.
00:40:08 Donc 79 ont été placés en garde à vue,
00:40:10 tous ont été relâchés ce matin.
00:40:12 Je voudrais qu'on voit les détails avec Audrey Bertheau
00:40:14 et j'aimerais entendre votre réaction juste après.
00:40:16 - Pas de dégradation, mais la ligne rouge
00:40:20 a été franchie pour le préfet de police de Paris.
00:40:22 79 agriculteurs ont ainsi été placés en garde à vue hier soir
00:40:24 pour avoir tenté de pénétrer dans le marché de Rungist.
00:40:26 Ce jeudi matin, les gardés à vue ont été relâchés.
00:40:28 Parmi eux, Karine Duc, agricultrice et coprésidente
00:40:30 de la coordination rurale du Lot-et-Garonne.
00:40:32 Pour elle, ces interpellations sont incompréhensibles.
00:40:34 - Il faut bien trouver un prétexte pour les interpellations.
00:40:36 - C'est un sujet qui est très important
00:40:38 pour les agriculteurs,
00:40:40 parce que c'est un sujet qui est très important
00:40:42 pour les agriculteurs,
00:40:44 parce que c'est un sujet qui est très important
00:40:46 pour les agriculteurs,
00:40:48 parce qu'il y a des gens qui sont incompréhensibles.
00:40:50 - Il faut bien trouver un prétexte pour mettre en garde à vue.
00:40:52 Après, on a manifesté de façon très pacifique,
00:40:54 aucune dégradation.
00:40:56 J'étais reçue le midi à Matignon
00:40:58 et le soir, je me retrouve au commissariat en garde à vue.
00:41:00 Si c'est la réponse qu'on donne aux paysans de France
00:41:02 et les paysans qui sont ici en convoi avec nous,
00:41:04 pour avoir uniquement des mesures
00:41:06 et des réponses concrètes
00:41:08 pour revenir avec sérénité sur leur ferme,
00:41:10 c'est très grave.
00:41:12 - Interpellés notamment pour dégradation du bien d'autrui en réunion,
00:41:14 les investigations vont se poursuivre.
00:41:16 Les agriculteurs interpellés risquent pour ces faits
00:41:18 jusqu'à 75 000 euros d'amende
00:41:20 et 5 ans d'emprisonnement.
00:41:22 et 5 ans d'emprisonnement.
00:41:24 - José Pérez.
00:41:26 Il aurait fallu laisser faire.
00:41:28 Je vais me faire l'avocat du diable,
00:41:30 mais la ligne rouge, elle était annoncée.
00:41:32 Les agriculteurs ne pouvaient pas pénétrer
00:41:34 dans l'enceinte du marché d'intérêt national.
00:41:36 dans l'enceinte du marché d'intérêt national.
00:41:38 - Ça, c'est n'importe quoi.
00:41:40 Aujourd'hui, les marchés appartiennent aux agriculteurs.
00:41:42 Aujourd'hui, les marchés appartiennent aux agriculteurs.
00:41:44 On y travaille tous les jours, dans ces mines.
00:41:46 Là, que ce soit à Rungis
00:41:48 ou dans d'autres départements,
00:41:50 ce sont beaucoup d'agriculteurs
00:41:52 qui viennent vendre leurs produits
00:41:54 et qui viennent là tous les jours.
00:41:56 D'ailleurs, on a des gens
00:41:58 qui viennent régulièrement aux mines de Rungis
00:42:00 et qui ont l'habitude.
00:42:02 C'est n'importe quoi.
00:42:04 Si les agriculteurs
00:42:06 ne peuvent pas rentrer aux mines,
00:42:08 je ne vois pas qui peut y rentrer.
00:42:10 je ne vois pas qui peut y rentrer.
00:42:12 - Patrick Legrand ?
00:42:14 - José a raison.
00:42:16 80%,
00:42:18 enfin, pas plus que 80%, mais...
00:42:20 - On protège une zone sensible.
00:42:22 Et vous savez le soutien
00:42:24 et l'amour qu'on vous porte,
00:42:26 mais il y a un moment, les autorités ont prévenu,
00:42:28 ils protègent une zone ultra sensible,
00:42:30 un marché qui nourrit un quart de la population française
00:42:32 et qui ne peut pas être menacé.
00:42:34 Nous souhaitons la coordination rurale,
00:42:36 protéger des gens ultra sensibles
00:42:38 financièrement, qui ont des soucis financiers
00:42:40 et qui vont mourir.
00:42:42 - Argument massif.
00:42:44 - José, il le sait, s'il l'a fait,
00:42:46 il vit dans un secteur, il vit dans une région
00:42:48 où on souffre et où on va,
00:42:50 comme je dis, notre slogan c'est dire
00:42:52 "on ne mourra pas en silence" et c'est le meilleur exemple.
00:42:54 Mais en aucun cas, et vous l'avez vu, il y a eu dégradation,
00:42:56 en aucun cas, je dirais,
00:42:58 il y a eu...
00:43:00 - D'ailleurs, il n'y a pas eu de plainte, finalement.
00:43:02 Moi-même qui étais à Rungis, j'ai vu le directeur,
00:43:04 puisqu'il était sur un studio, il m'a dit,
00:43:06 cinq minutes avant de rentrer, il n'y avait pas de plainte.
00:43:08 Donc, pas de plainte et être interné
00:43:10 et risquer 75 000 euros d'amende,
00:43:14 j'espère que la même chose sera faite
00:43:16 pour les vendeurs de drogue,
00:43:18 les vendeurs de cigarettes,
00:43:20 qui eux, sont tous les jours
00:43:22 dans les gares et qui ne sont pas interpellés
00:43:24 et qui sont en permanence en délit.
00:43:26 - Certains ont vu un deux poids deux mesures
00:43:28 dans le traitement des agriculteurs,
00:43:30 et en effet, on pourrait l'inverser et l'interpréter.
00:43:32 Je vais vous donner la parole, Philippe.
00:43:34 Je voudrais juste remercier José Pérez
00:43:36 en lui posant une dernière question,
00:43:38 parce que c'est vrai, également,
00:43:40 José Pérez, il y a pas mal de gens
00:43:42 qui vous ont reproché des actions coup de poing à Agen.
00:43:44 On va revoir d'ailleurs ces images,
00:43:46 on se souvient d'il y a quelques jours,
00:43:48 ce fumier, ce lisier,
00:43:50 ces feux de paille ou de cagettes
00:43:52 qui ont été faits devant la préfecture.
00:43:54 Le maire a communiqué aujourd'hui,
00:43:56 José Pérez, le maire a communiqué
00:43:58 une facture de 400 000 euros
00:44:00 qui seront payées à l'arrivée par le contribuable.
00:44:02 Si c'était à refaire,
00:44:04 vous referiez la même chose ?
00:44:06 - Ah bien sûr, exactement pareil,
00:44:08 on recommencerait exactement de la même façon.
00:44:10 Aujourd'hui, il faut mettre la pression
00:44:12 et même en mettant la pression,
00:44:14 ça ne fonctionne pas, on s'en rend bien compte,
00:44:16 puisqu'aucune mesure n'est...
00:44:18 - Il n'y a rien qui vous satisfait
00:44:20 de ce que vous avez entendu,
00:44:22 que ce soit de la part du Premier ministre ou du chef de l'État, aujourd'hui ?
00:44:24 - Il y a quelque chose,
00:44:26 il y a quelques avancées,
00:44:28 il y a quelques...
00:44:30 peut-être mesures qui vont être plus facilitatrices,
00:44:32 mais bon,
00:44:34 aujourd'hui,
00:44:36 on n'a toujours pas de trésorerie,
00:44:38 demain, tout le monde repart
00:44:40 sur ses exploitations, toujours sans en rendre,
00:44:42 et comment on refait
00:44:44 pour repartir, pour en recevancer ?
00:44:46 Voilà, il faut qu'on nous explique.
00:44:48 Donc demain, s'il fallait recommencer,
00:44:50 on recommencera, ce n'est pas un problème.
00:44:52 - Eh bien le message est clair. Merci beaucoup, José Pérez.
00:44:54 Oui, Patrick Legrave, vous voudrez laisser peut-être un dernier mot.
00:44:56 - J'avais demandé,
00:44:58 j'avais émis l'idée, évidemment,
00:45:00 pour les trésoreries,
00:45:02 de pouvoir refaire ce qu'on avait fait à l'époque,
00:45:04 au moins, tout au moins,
00:45:06 un prés Sarkozy, puisque
00:45:08 le dossier PAC, les primes PAC vont être
00:45:10 enfin versées, depuis le 15 octobre,
00:45:12 mais de faire un type prés Sarkozy,
00:45:14 parce que les taux d'intérêt ont fortement
00:45:16 augmenté, basé sur une
00:45:18 surface ou un chiffre d'affaires, pour justement
00:45:20 pouvoir payer, je dirais,
00:45:22 les factures, je pense que ce serait un premier point.
00:45:24 Et deuxième
00:45:26 point, ce qui est quand même un peu
00:45:28 embêtant, et qui vient en plus
00:45:30 des augmentations des députés, en plus
00:45:32 des augmentations des sénateurs, on vient de
00:45:34 voir qu'il y a quelques milliards d'euros qui vont
00:45:36 être versés à l'Ukraine pour l'armement.
00:45:38 Donc je suis content qu'on aide
00:45:40 l'Ukraine, mais je serais encore plus content
00:45:42 qu'on aide les agriculteurs. - On remercie
00:45:44 José Pérez d'avoir été avec nous. Je donne tout de suite la parole
00:45:46 Philippe, co-président de la coordination rurale 47.
00:45:48 On vous souhaite un bon retour vers
00:45:50 Agen, et nul doute que
00:45:52 dans cette contestation agricole, si elle prend
00:45:54 et elle va prendre, on l'a bien compris, une autre forme,
00:45:56 vous serez encore l'une des figures.
00:45:58 Et à bientôt, certainement sur nos
00:46:00 antennes. Philippe, un commentaire à ce qui vient d'être
00:46:02 dit. - C'est mieux d'aider l'Ukraine
00:46:04 par l'aide à l'armement que par
00:46:06 ce qui a été fait d'importe comment,
00:46:08 en laissant entrer
00:46:10 des produits ukrainiens
00:46:12 sans contrôle et sans taxes,
00:46:14 qui était vraiment la pire
00:46:16 manière d'aider l'Ukraine,
00:46:18 mais complètement absurde,
00:46:20 avec des effets économiques
00:46:22 et sociaux que vous avez pu mesurer.
00:46:24 Je voulais juste réagir à ce que vous avez dit
00:46:26 sur Rungis. N'importe quel gouvernement
00:46:28 un peu sérieux aurait fait la même
00:46:30 chose. Parce que vous savez très bien
00:46:32 que si vous preniez le contrôle de
00:46:34 Rungis, le
00:46:36 mouvement prenait une autre nature.
00:46:38 Donc je pense que, évidemment
00:46:40 que les gares d'avions ont été d'une
00:46:42 grande brutalité et d'un grand excès.
00:46:44 Mais la volonté politique
00:46:46 du gouvernement
00:46:48 était de ne pas vouloir
00:46:50 s'y rentrer à Rungis et il l'avait annoncé.
00:46:52 Mais on n'a jamais dit qu'on prendrait le contrôle.
00:46:54 Et puis sur l'aspect...
00:46:56 Les premiers mots d'ordre, c'était "on va bloquer Rungis".
00:46:58 Alors peut-être que ça a été revu à la baisse,
00:47:00 mais...
00:47:02 Et deuxièmement, sur l'Ukraine,
00:47:04 je ne suis pas sûr que
00:47:06 l'aspect financier va empêcher
00:47:08 l'aspect des
00:47:10 exportations. C'est ça aujourd'hui.
00:47:12 C'est un engagement quand même.
00:47:14 Comme tout, on veut voir.
00:47:16 - En deux mots, parce qu'on le voit à l'antenne,
00:47:18 Arnaud Rousseau est en train de s'équiper et on va lui poser
00:47:20 deux, trois questions ensemble sur ces news.
00:47:22 - Non mais simplement, moi je voulais dire que
00:47:24 d'une manière générale, j'avais beaucoup d'admiration
00:47:26 pour ce mouvement et pour ceux qui y ont participé
00:47:28 parce que c'est cette France qui se lève tôt,
00:47:30 qui travaille beaucoup pour pas grand chose,
00:47:32 qui souffre énormément
00:47:34 et qui est venue manifester
00:47:36 la plupart du temps sans rien casser,
00:47:38 sans affrontements avec les forces
00:47:40 de l'ordre. Bref, c'est la France
00:47:42 qui s'oppose à celle que nous avons connue au mois de juin
00:47:44 lors des émeutes. Ce sont ces deux
00:47:46 Frances-là et cette France que vous représentez,
00:47:48 Monsieur, je la respecte énormément. Néanmoins,
00:47:50 quand le gouvernement fixe des lignes
00:47:52 rouges, quand il y a des dégradations
00:47:54 pour 400 000 euros à Agen,
00:47:56 je crois que ça n'est pas acceptable
00:47:58 et que ça doit néanmoins
00:48:00 être aussi sanctionné. - En tout cas,
00:48:02 Joseph Perse nous l'a dit, si c'était à refaire, il ferait
00:48:04 exactement la même chose. Bonsoir Arnaud Rousseau,
00:48:06 président de la FNSEA. Merci
00:48:08 beaucoup de prendre le temps
00:48:10 de nous répondre en direct dans ce soir info
00:48:12 sur l'antenne de CNews. Vous êtes en duplex de l'autoroute
00:48:14 A6, précisément à Chilly-Mazarin,
00:48:16 dans les Saônes, où vous êtes venu
00:48:18 à la rencontre des agriculteurs qui faisaient
00:48:20 ce blocage depuis de nombreux jours.
00:48:22 Vous nous direz peut-être ce que vous avez pu échanger
00:48:24 avec eux, mais d'abord une question.
00:48:26 Je reprends vos mots. Aujourd'hui,
00:48:28 le mouvement ne cesse pas,
00:48:30 mais il se transforme. Qu'est-ce que ça veut dire
00:48:32 concrètement ?
00:48:34 - Eh bien, écoutez,
00:48:36 ça veut dire que dans le moment dans lequel on est,
00:48:38 suite aux annonces du Premier ministre,
00:48:40 puis des ministres,
00:48:42 puis du président de la République, on considère
00:48:44 qu'il faut transformer notre
00:48:46 mouvement en allant maintenant
00:48:48 travailler sur les sujets de simplification.
00:48:50 Je dirais que le constat a été
00:48:52 posé par le Premier ministre. Les premières annonces d'urgence
00:48:54 ont été faites. Et maintenant, il nous faut
00:48:56 travailler, parce que vous le savez, les agriculteurs,
00:48:58 c'est d'abord des résultats qu'ils veulent. Nous, ce qu'on veut,
00:49:00 sur nos fermes, c'est voir du changement,
00:49:02 du changement dans la propre assuré, du changement
00:49:04 dans notre vie quotidienne. Donc il faut qu'on le prépare,
00:49:06 il faut qu'on regarde, il faut qu'on travaille avec l'ensemble
00:49:08 des préfets. C'est ce qu'on fera dès la semaine prochaine.
00:49:10 Et puis on a dit qu'on se donnait rendez-vous
00:49:12 juste avant le salon de l'agriculture, pour voir
00:49:14 s'il y avait des réels progrès d'enregistré, et si
00:49:16 le fameux nouveau logiciel dont nous a parlé
00:49:18 le président de la République se mettait en place. C'est ça
00:49:20 l'objectif des prochains jours. Donc on a
00:49:22 appelé à lever les différents
00:49:24 points de blocage en France. Ça va s'organiser entre
00:49:26 ce soir et demain.
00:49:28 Et puis à continuer le travail.
00:49:30 Le mouvement qui s'est entamé,
00:49:32 c'est un mouvement inédit. Moi, j'ai jamais vu
00:49:34 ça en 25 ans de syndicalisme. C'est
00:49:36 beaucoup d'agriculteurs qui sont à la FNSH,
00:49:38 ces jeunes agriculteurs, mais aussi beaucoup de gens qui n'étaient pas
00:49:40 qui n'étaient pas encartés,
00:49:42 et qui aujourd'hui, ils sont tous venus leur dire la même chose.
00:49:44 On veut vivre de notre métier, on veut produire
00:49:46 pour nourrir. Et pour le faire, on a besoin
00:49:48 de revenus et on a besoin d'avoir des moyens de production.
00:49:50 J'ai cru comprendre, Arnaud Rousseau,
00:49:52 qu'à votre arrivée à Chine et Mazarin, tout à l'heure,
00:49:54 il y avait quelques agriculteurs
00:49:56 qui ont été peut-être un petit peu plus véhéments que
00:49:58 les autres. Vous avez été un petit peu bousculé,
00:50:00 verbalement bien sûr, à votre arrivée.
00:50:02 Rares agriculteurs, je le précise, je dis rares agriculteurs,
00:50:04 mais ils existent, ils sont là,
00:50:06 mécontents que le mouvement s'arrête.
00:50:08 Qu'est-ce que vous leur répondez ?
00:50:10 D'abord, je veux dire que quasiment tous les soirs
00:50:14 et très régulièrement, je suis allé sur le terrain.
00:50:16 Et effectivement, j'ai
00:50:18 parfois été
00:50:20 confronté à des gens qui
00:50:22 ne partagent pas notre point de vue ou nos décisions.
00:50:24 Mais c'est normal. D'abord, je veux dire que
00:50:26 mon rôle, c'est aussi d'être sur le terrain. Moi, je suis agriculteur
00:50:28 et c'est ça qui m'intéresse en premier. Alors c'est vrai
00:50:30 que dans les derniers jours, c'était plutôt Paris
00:50:32 que le terrain. Mais
00:50:34 voilà, quand vous prenez ces décisions,
00:50:36 quand vous pensez que c'est
00:50:38 le moment de passer à
00:50:40 la transformation du mouvement, vous l'assumez
00:50:42 collectivement. C'est ce qu'on a fait avec le président des Jeunes
00:50:44 Agriculteurs et nos conseils d'administration
00:50:46 respectifs.
00:50:48 C'est pas toujours compris. Il faut l'expliquer.
00:50:50 Donc avec les quelques agriculteurs qui sont venus
00:50:52 me dire leur mécontentement, on a échangé,
00:50:54 on a expliqué, on a discuté. Et je
00:50:56 continuerai à le faire partout. Vous savez, le monde agricole,
00:50:58 c'est pas un monde monolithique. Et les agriculteurs,
00:51:00 ce sont pas des timides. Quand ils ont un truc à dire,
00:51:02 ils le disent. Et donc moi, je suis aussi venu pour ça
00:51:04 parce que, encore une fois, la vérité en agriculture,
00:51:06 c'est toujours celle du terrain.
00:51:08 On a fait l'expérience, en effet, du franc-parler agricole
00:51:10 ces derniers jours à Arneau-Rousseau. Encore un ou deux
00:51:12 mots et on vous libère.
00:51:14 Vous me parlez d'une échéance, le salon d'agriculture,
00:51:16 la veille du salon d'agriculture,
00:51:18 pour voir si les annonces ont été respectées,
00:51:20 si le logiciel est
00:51:22 mis en place. Si c'est pas le cas,
00:51:24 ce sera quoi votre réponse ?
00:51:26 Non mais attendez, moi, au moment où on est,
00:51:28 on a envie que ça marche. Soyons clairs.
00:51:30 Je sais qu'il y a beaucoup d'agriculteurs qui s'interrogent,
00:51:32 même certains qui n'y croient plus.
00:51:34 Moi, ce que je veux, c'est que ça marche
00:51:36 et qu'on s'en donne les moyens.
00:51:38 C'est ce que j'ai entendu des propos,
00:51:40 mais vous savez que les agriculteurs, maintenant,
00:51:42 les paroles, ça suffit plus. Ce qu'ils veulent, c'est que
00:51:44 tout ça se concrétise. Donc nous,
00:51:46 on veut que ça marche. Et puis, si ça ne marchait pas,
00:51:48 on le dira et on reprendra
00:51:50 des mesures pour faire que
00:51:52 le message qu'on a porté, en responsabilité,
00:51:54 vous l'avez dit, et sans violence,
00:51:56 puisse se poursuivre. J'en profite pour remercier
00:51:58 tous ceux qui nous ont soutenus depuis toutes ces semaines.
00:52:00 Je veux leur dire que tout ça n'est pas terminé
00:52:02 et que finalement, ce premier acte
00:52:04 de l'immobilisation agricole
00:52:06 va se poursuivre.
00:52:08 Que personne ne pense qu'on va oublier
00:52:10 et qu'on nous prenne au sérieux
00:52:12 et qu'on avance pour donner une perspective à l'agriculture,
00:52:14 c'est ça qu'on souhaite.
00:52:16 Dernière question. Arnaud Rousseau, il n'a échappé à personne que cette colère,
00:52:18 cette gronde, cette souffrance,
00:52:20 au-delà d'être française, elle est partagée par
00:52:22 l'ensemble des agriculteurs européens,
00:52:24 en tout cas, une très grande majorité
00:52:26 d'entre eux. Le 4 juin prochain,
00:52:28 on sera à 5 jours des élections européennes.
00:52:30 Les agriculteurs de toute l'Europe se sont
00:52:32 donnés rendez-vous à Bruxelles
00:52:34 pour se montrer, pour
00:52:36 revendiquer. Est-ce que vous en serez ?
00:52:38 D'abord, on va déjà voir ce qui se passe en France
00:52:44 d'ici le mois de juin.
00:52:46 On a l'échéance
00:52:48 d'abord de préparer une loi d'orientation
00:52:50 avec des sujets
00:52:52 d'attractivité des jeunes, avec des sujets
00:52:54 de compétitivité, avec des sujets de souveraineté alimentaire.
00:52:56 Et puis ensuite, on verra
00:52:58 comment on porte l'ambition d'une agriculture reconnue
00:53:00 en Europe. On l'a dit, le fameux pacte
00:53:02 vert européen qui était décroissant
00:53:04 ne nous va pas. Et donc nous, on veut
00:53:06 continuer à produire pour nourrir. On veut
00:53:08 nourrir les européens. On pense qu'il y a trop d'importations
00:53:10 aujourd'hui, même si on veut rester
00:53:12 dans un monde ouvert. Et donc,
00:53:14 on va faire ce travail et puis on prendra
00:53:16 les décisions en temps opportun
00:53:18 pour continuer à porter l'ambition que ce
00:53:20 mouvement a fait naître et qui est très forte chez tous les
00:53:22 agriculteurs que j'ai rencontrés.
00:53:24 Arnaud Rousseau, président du 1er syndicat agricole
00:53:26 de France, la FNSEA, en duplex sur
00:53:28 CNews pour Soir Info. Merci d'avoir
00:53:30 pris le temps de nous répondre.
00:53:32 Patrick Legra,
00:53:34 un commentaire sur ce que vous venez d'entendre de la part
00:53:36 du patron de la FNSEA.
00:53:38 Je peux trahir un petit peu le fait que
00:53:40 vous m'avez fait quelques mots dubitatifs
00:53:42 pendant cette interview ?
00:53:44 Ce que je trouve dommage, c'est que
00:53:46 je pense qu'on est là, on répond aux questions.
00:53:48 Je n'ai pas trouvé énormément de réponses
00:53:50 à vos questions. Mais ce
00:53:52 que je me dis, c'est que...
00:53:54 J'ai presque l'impression d'avoir interviewé un politique.
00:53:56 Je préfère que ça vienne de chez vous.
00:53:58 Je pense que ce qui est important, c'est que
00:54:00 l'ensemble des agriculteurs étaient mobilisés
00:54:02 et motivés pour défendre
00:54:04 les problèmes de tous les agriculteurs de la France.
00:54:06 Ça, c'est le premier point. Le deuxième
00:54:08 point, nous n'avons pas
00:54:10 le même système de fonctionnement et
00:54:12 nous n'avons pas le même dialogue.
00:54:14 C'est vrai que si vous prenez les extrêmes, c'est-à-dire
00:54:16 José Pérez et M. Rousseau,
00:54:18 l'écart est très grand.
00:54:20 Éric Tegner, je vous ai vu aussi beaucoup réagir pendant
00:54:22 qu'on entendait Arnaud Rousseau.
00:54:24 Oui, parce que votre dernière question était
00:54:26 excellente, très pertinente et il a répondu
00:54:28 complètement à ce sujet. Vous noterez que
00:54:30 pendant cinq minutes d'interview,
00:54:32 en fait, il n'a absolument pas parlé
00:54:34 du traité du Mercosur, alors que c'est
00:54:36 un sujet fondamental. Et on sait que
00:54:38 la FNSEA, alors évidemment, c'est difficile de
00:54:40 le critiquer parce qu'il fait partie des agriculteurs aussi
00:54:42 qui se sont mobilisés. Mais dans les faits, la FNSEA
00:54:44 a toujours été très ambigüe sur
00:54:46 la question du libre-échange. Ils ont globalement
00:54:48 laissé justement les différents gouvernements
00:54:50 français signer des traités de libre-échange
00:54:52 dont se plaignent aujourd'hui une grande partie
00:54:54 des agriculteurs. Je trouve ça aussi
00:54:56 dommage qu'ils ne se joignent pas
00:54:58 pour le 4 juin justement à cette
00:55:00 grande manifestation.
00:55:02 Je tiens à souligner d'ailleurs que ce sont
00:55:04 les autres pays européens
00:55:06 qui ont été les premiers à aller se mobiliser
00:55:08 de façon aussi intense.
00:55:10 Vous savez, ça fait plusieurs mois que les agriculteurs
00:55:12 se plaignent. Mais depuis quand on les entend ?
00:55:14 On les entend depuis 15 jours.
00:55:16 Moi, j'en rejoint complètement ce que dit José Pérez.
00:55:18 Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est faire trembler
00:55:20 l'Europe, absolument, il y a 4 mois en fait.
00:55:22 Elle est très courte.
00:55:24 Donc moi, j'aurais aimé qu'il parte justement
00:55:26 lui d'une ligne rouge au sujet de ce traité
00:55:28 et qu'un engagement véritable, ça soit qu'Emmanuel
00:55:30 Macron justement, dans une conférence
00:55:32 avec Ursula von der Leyen
00:55:34 avant le 9 juin, dise que ce traité
00:55:36 du Mercosur, c'est terminé. Mais ça,
00:55:38 il ne le fera jamais. Parce qu'à nouveau,
00:55:40 vous savez, Jules, je peux terminer là-dessus ?
00:55:42 Oui, bien sûr. Il faut qu'on avance sur l'Europe, les amis.
00:55:44 Emmanuel Macron, depuis 2017, il ne cesse
00:55:46 de proposer des projets au niveau européen.
00:55:48 A chaque fois, c'est retoqué. Ce sont toujours
00:55:50 les Allemands qui gagnent. Aujourd'hui, les Allemands, ils veulent exporter
00:55:52 de l'automobile. Alors vous savez quoi ? Martin Mazur qui a une très bonne idée.
00:55:54 On avait prévu de le mettre plus tard. Mais comme vous évoquez
00:55:56 le Mercosur, écoutons le président Macron tout à l'heure
00:55:58 à Bruxelles sur ce traité
00:56:00 de libre-échange avec les majeurs
00:56:02 pays sud-américains.
00:56:04 Carrément, je crois que vous voulez réagir. On enchaîne.
00:56:06 Ce qui est incompréhensible et ce que
00:56:08 moi-même, je ne sais pas expliquer,
00:56:10 c'est lorsque nous imposons des règles
00:56:12 pour ce qu'on produit en Europe
00:56:14 et qu'on laisse importer des produits
00:56:16 qui ne respectent pas ces mêmes règles
00:56:18 et qui viennent hors d'Europe. C'est
00:56:20 ce qu'on appelle les clauses miroir.
00:56:22 La règle qui vaut
00:56:24 à l'intérieur pour la production
00:56:26 doit valoir à l'extérieur
00:56:28 quand on facilite les importations.
00:56:30 C'est pour cette raison même que
00:56:32 aujourd'hui, dans l'état des textes du Mercosur,
00:56:34 la France s'oppose et
00:56:36 continuera de s'opposer à cet
00:56:38 accord de libre-échange avec la région
00:56:40 Mercosur. Je l'ai dit encore très clairement
00:56:42 au président Lula il y a
00:56:44 quelques semaines, je l'ai dit à tous mes homologues,
00:56:46 je l'ai redit là et je me félicite que
00:56:48 les discussions sur la base du texte qui était justement
00:56:50 soumis, eh bien, étaient suspendues
00:56:52 comme nous le demandions.
00:56:54 Et qu'elles n'ont pas été conclues à la va-vite comme
00:56:56 certains menaçaient de le faire.
00:56:58 Johan. Je ne suis pas tout à fait
00:57:00 d'accord avec ce que vient de dire Eric Tegner.
00:57:02 Dans le sens où...
00:57:04 Je crois que vous allez dire que je ne suis pas d'accord avec ce qu'a dit Emmanuel Macron.
00:57:06 Non, où on a besoin
00:57:08 de traités de libre-échange.
00:57:10 Tous les traités de libre-échange ne sont pas mauvais.
00:57:12 Il n'y a pas tout à jeter dans le
00:57:14 traité de libre-échange entre l'Union Européenne et
00:57:16 le Mercosur. Ce qui n'est pas bon, c'est qu'effectivement
00:57:18 on ne peut pas accepter que
00:57:20 la viande bovine arrive en masse
00:57:22 avec des antibiotiques, des
00:57:24 produits qui sont interdits au sein de
00:57:26 l'Union Européenne. Mais si on est sur un pied
00:57:28 d'égalité, c'est un traité de libre-échange
00:57:30 qui peut être utile aussi pour l'Europe, parce qu'on
00:57:32 a besoin de produits de matière première.
00:57:34 Et vous allez envoyer des fonctionnaires
00:57:36 européens au Brésil,
00:57:38 en Amérique latine,
00:57:40 pour vérifier qu'ils respectent nos normes ?
00:57:42 Non, mais il y a des...
00:57:44 Il y a des... Vous croyez vraiment qu'on va faire un accord
00:57:46 avec l'Amérique latine si on dit
00:57:48 "on accepte tous vos produits, sauf
00:57:50 les principaux produits que vous produisez
00:57:52 aujourd'hui en Amérique latine ?"
00:57:54 Et vous croyez qu'ils vont changer leur mode de production pour nous faire plaisir ?
00:57:56 Non mais attendez, ça fait partie des négociations.
00:57:58 C'est pour ça que ça prend extrêmement longtemps.
00:58:00 Quand on est un nain, face à certains...
00:58:02 Pardon, mais en termes d'élevage,
00:58:04 face au Brésil et à l'Argentine, je pense que nous sommes des nains.
00:58:06 Enfin, je regarde M. Legrac,
00:58:08 il connaît quand même mieux que moi.
00:58:10 Ça fait 20 ans qu'on négocie ce traité, donc c'est quelque chose
00:58:12 qui prend énormément de temps. Mais pardon,
00:58:14 il y a des matières dont on a besoin. On a besoin du lithium
00:58:16 qui est produit dans cette région.
00:58:18 On ne le mange pas !
00:58:20 On a besoin d'un traité de libre-échange où tout est...
00:58:22 On a besoin de beaucoup de choses, et c'est un traité
00:58:24 qui peut être utile pour une partie de l'économie française.
00:58:26 Là, effectivement, les agriculteurs seraient
00:58:28 la grande victime de ce traité.
00:58:30 S'il était signé tel qu'il est aujourd'hui,
00:58:32 c'est pour ça qu'il faut continuer
00:58:34 les négociations. Mais encore une fois,
00:58:36 tout n'est pas jeté dans ce traité-là.
00:58:38 Et je rejoins Emmanuel Macron sur ce point.
00:58:40 Patrick Legrac, vous avez votre petite idée, vous, sur le Mercosur ?
00:58:42 Non mais, déjà, il y a quelque chose
00:58:44 qui me chagrine, et je pense que vous allez noter.
00:58:46 On nous dit, hier matin,
00:58:48 qu'il fallait supprimer les normes,
00:58:50 alléger les normes et les contrôles.
00:58:52 Et là, on nous dit
00:58:54 qu'il faut remettre plus de contrôleurs.
00:58:56 Alors...
00:58:58 Sur la gangriste ?
00:59:00 Sur la loi EGalim.
00:59:02 On est d'accord parce que...
00:59:04 La loi EGalim, c'est une histoire d'argent,
00:59:06 c'est pas une histoire de pesticides ou d'antibiotiques.
00:59:08 C'est une question d'argent et une question de libre-échange non contrôlé.
00:59:10 Alors, évidemment,
00:59:12 le produit qui est acheté, comme là,
00:59:14 les poulets ukrainiens qui ont deux ans de congélation
00:59:16 qui rentrent, qui vont peut-être être
00:59:18 écrasés ou trafi...
00:59:20 Enfin, pas trafiqués, mais travaillés en France...
00:59:22 - Ça ne donne pas.
00:59:24 - J'allais dire, si vous êtes à table, bon appétit,
00:59:26 mais heureusement, il est 23h28.
00:59:28 - Donc, ça, c'est une première chose.
00:59:30 Mais il faut prendre de la hauteur,
00:59:32 et je pense que les hommes politiques doivent en prendre.
00:59:34 Aujourd'hui, on vend tous nos produits
00:59:36 avec classe A, classe B, classe C, classe Bio...
00:59:38 Moi, je vais vous dire, vous mettez une pastille
00:59:40 sur le produit.
00:59:42 Produit hors normes françaises.
00:59:44 Vous savez, il n'y a pas besoin d'aller les contrôler
00:59:46 parce que je ne suis pas sûr qu'il va s'en vendre beaucoup.
00:59:48 - Je pense que s'il est 50% moins cher que le produit français,
00:59:50 malheureusement... Vous savez, les Français,
00:59:52 ils connaissent aussi une grosse inflation.
00:59:54 Ils ont des problèmes pour joindre les deux bouts.
00:59:56 Et malheureusement, je vous entends,
00:59:58 je pense qu'ils seront achetés quand même ces produits.
01:00:00 - Aujourd'hui, ce qui est embêtant, c'est que notre bon produit,
01:00:02 comme vous disiez, il est exporté
01:00:04 à 50 ou 60% dans les pays qui ont de l'argent.
01:00:06 Et donc, avec l'inflation,
01:00:08 et pour garder un produit bas de gamme,
01:00:10 qui n'est pas cher,
01:00:12 c'est ces produits-là, mais on va leur donner des qualités
01:00:14 avec un bel emballage et on va minimiser.
01:00:16 Je pense qu'aujourd'hui, la différence est parfois peu...
01:00:18 Elle est parfois importante,
01:00:20 mais sur certains produits,
01:00:22 elle est peu importante, mais au mètre d'afficher.
01:00:24 Parce que parfois, on affiche.
01:00:26 Mais le fait de le voir, et ça,
01:00:28 il faudra le demander à certaines...
01:00:30 Parce que, M. Macron, ça ne vous le passez pas,
01:00:32 mais on parle de filières.
01:00:34 - Et à l'inverse, certains mettent des drapeaux français
01:00:36 autocollants, comme l'a dit Bruno Le Maire aujourd'hui,
01:00:38 alors que le produit n'a rien de français et ne répond à aucune norme.
01:00:40 - Aujourd'hui, quand on parle de filières,
01:00:42 quand on parle de contrôle, je peux vous dire
01:00:44 que ça revient et ça va être très lourd à changer
01:00:46 parce que c'est dans les gènes de certains responsables,
01:00:48 aussi bien syndicaux que politiques,
01:00:50 parce que c'est le système qui a été
01:00:52 le rouleau-compresseur depuis des dizaines d'années.
01:00:54 Et faire marche arrière, comme je dis,
01:00:56 on ne pourra pas le faire avec les mêmes personnes.
01:00:58 - Oui, carrément.
01:01:00 - Gabriel Attal a parlé, donc,
01:01:02 de souveraineté, d'exception agricole française.
01:01:04 - Et madame Macron aussi.
01:01:06 - Le président aussi a parlé en ces termes.
01:01:08 Donc, concrètement, il va falloir que ça se traduise
01:01:10 justement par des actions,
01:01:12 alors qu'est-ce que ça veut dire?
01:01:14 Vous avez parlé sur l'identification.
01:01:16 Bon, je sais que ça a été prévu.
01:01:18 On va dire... Si un fameux drapeau,
01:01:20 vous avez montré à quel point ça peut être compliqué,
01:01:22 ces fameux contrôles et tout ça,
01:01:24 ce trafic, c'est même littéralement
01:01:26 une forme de fraude.
01:01:28 Donc oui, mais moi, je pense que,
01:01:30 pour revenir à la question du libre-échange,
01:01:32 le libre-échange, pour moi, c'est quelque chose
01:01:34 de positif quand il y a une complémentarité.
01:01:36 Et si on revient avec cette idée
01:01:38 d'exception agricole française et de souveraineté,
01:01:40 peut-être à ce moment-là,
01:01:42 est-ce qu'il faut réfléchir sur une sorte de mécanisme
01:01:44 de gestion de l'offre
01:01:46 où il y a une détermination des prix
01:01:48 pour s'assurer que les agriculteurs
01:01:50 aient un prix de revient
01:01:52 qui couvre non seulement leur coût de production,
01:01:54 mais qui leur permette de vivre décemment.
01:01:56 Et ça, ça fonctionne comment?
01:01:58 Il y a des mécanismes qui existent.
01:02:00 Je vous parlais, par exemple, au Canada,
01:02:02 sur des filières agricoles
01:02:04 qu'on pourrait dire en tension.
01:02:06 On s'assure qu'il y a une production nationale.
01:02:08 Donc, on privilégie
01:02:10 une préférence nationale, si vous voulez,
01:02:12 pour un approvisionnement.
01:02:14 Et ensuite, oui, on ouvre.
01:02:16 Donc, un certain contrôle, il y a des importations
01:02:18 qui peuvent venir de partout,
01:02:20 mais c'est en termes de... - En suivi social.
01:02:22 - En termes de quantité. Donc, ça fait en sorte
01:02:24 qu'il y a moins de déstabilisation
01:02:26 des prix et les agriculteurs
01:02:28 peuvent vivre dignement
01:02:30 de leur travail. Donc, je pense qu'il faut
01:02:32 remettre le logiciel un peu...
01:02:34 reprendre le logiciel où il est
01:02:36 pour voir justement où est-ce qu'on peut aller.
01:02:38 Et peut-être en terminant sur les questions
01:02:40 phytosanitaires,
01:02:42 c'est pas si clair que ça, parce qu'il y a
01:02:44 le fameux plan
01:02:46 éco-phyto, ça visait
01:02:48 à réduire de 50 %
01:02:50 les usages de pesticides.
01:02:52 On a dit on va mettre une pause là-dessus.
01:02:54 Certains sont heureux, mais je peux vous garantir
01:02:56 que vous allez avoir... - Les écolos sont pas heureux.
01:02:58 - Les écolos et tout ça. - Vous voyez ça?
01:03:00 - Non, mais il y a une réflexion à avoir aussi.
01:03:02 - Mais c'est une minorité. - Non, mais ce que je veux dire,
01:03:04 c'est qu'il faut aller dans cette direction,
01:03:06 parce qu'il y a quand même des considérations écologiques
01:03:08 et de santé publique. Bien, il faut aussi
01:03:10 accompagner les agriculteurs. Moi, je suis pas
01:03:12 contre... je suis pas en fait pour
01:03:14 nécessairement tout enlever
01:03:16 certaines précautions, mais si on demande ça aux agriculteurs,
01:03:18 il faut les accompagner aussi pour ne pas qu'ils
01:03:20 perdent de l'argent avec ça. - Je voudrais juste
01:03:22 qu'on entend Emmanuel Macron, un autre extrait sur justement
01:03:24 cette souveraineté alimentaire évoquée aussi par le
01:03:26 premier ministre.
01:03:28 - Et au fond, nous devons
01:03:30 prendre en compte
01:03:32 la situation géopolitique,
01:03:34 la situation de notre continent
01:03:36 et remettre
01:03:38 au coeur des objectifs européens
01:03:40 notre souveraineté alimentaire.
01:03:42 Pouvoir trouver
01:03:44 des flexibilités sur les ratios prairies
01:03:46 pour les adapter à la réalité du terrain
01:03:48 et permettre d'avoir toutes les
01:03:50 souplesses et à chaque fois que des règles
01:03:52 trop complexes sont en cours
01:03:54 de décision au niveau européen,
01:03:56 pouvoir les adapter
01:03:58 à l'aune d'un objectif de souveraineté
01:04:00 alimentaire qui doit être intégrée
01:04:02 au coeur de notre stratégie. - Pardon,
01:04:04 je l'ai dit tout à l'heure Philippe, mais je trouve que le
01:04:06 premier ministre est tellement plus clair, plus
01:04:08 intelligible qu'Emmanuel Macron ces derniers
01:04:10 temps. Je trouve que cette séquence où on a les
01:04:12 deux conférences de presse met ça en lumière
01:04:14 et le
01:04:16 commun des mortels ne comprend pas Emmanuel Macron,
01:04:18 en tout cas dans ce discours. - Dans ce passage-là.
01:04:20 - C'est l'impression que j'ai. - C'est renforcé par le
01:04:22 fait qu'avec Emmanuel Macron, quand il dit
01:04:24 souveraineté, il peut
01:04:26 vouloir dire souveraineté européenne
01:04:28 ou souveraineté française. - Il est beaucoup moins clair.
01:04:30 - Et il fait toujours une sorte de... En même temps...
01:04:32 - C'est lui, il parle de souveraineté européenne et il veut défendre la souveraineté
01:04:34 française. - Je trouve que là il y a une déformation du mot
01:04:36 souveraineté, parce que la souveraineté c'est
01:04:38 il n'y a pas d'autorité au-dessus de vous.
01:04:40 Vous avez le pouvoir
01:04:42 qui dans une démocratie revient au peuple.
01:04:44 C'est ça la souveraineté. - Ah oui. - Je crois
01:04:46 qu'il parle plutôt d'indépendance que de
01:04:48 souveraineté, c'est-à-dire qu'on retrouve
01:04:50 un minimum d'indépendance en matière alimentaire
01:04:52 et agricole, mais
01:04:54 est-ce qu'on parle au niveau européen ou est-ce qu'on parle
01:04:56 au niveau français ? Parce que
01:04:58 ça n'a pas exactement les mêmes conséquences.
01:05:00 - Est-ce qu'on a des leviers, clairement, pour lutter contre
01:05:02 cette concurrence déloyale et
01:05:04 rendre souveraine la France ?
01:05:06 - Oui, clairement, les leviers sont européens. C'est une vieille
01:05:08 idée de dire le protectionnisme
01:05:10 au niveau national n'a plus beaucoup de sens
01:05:12 et que le protectionnisme
01:05:14 intelligent, il devrait être fait
01:05:16 au niveau européen.
01:05:18 Sauf que c'est complètement contraire à la
01:05:20 philosophie même des traités européens
01:05:22 qui est profondément libérale
01:05:24 et qui est profondément pour la libre circulation.
01:05:26 Donc là, c'est l'Europe et l'Union
01:05:28 européenne, mais Emmanuel Macron en est un
01:05:30 nardant défenseur, qui face à ces
01:05:32 contradictions, parce que le logiciel
01:05:34 de l'Union européenne est profondément
01:05:36 libéral et que nous sommes rentrés dans une période
01:05:38 qui n'est plus celle du libéralisme
01:05:40 et au contraire, on a les peuples
01:05:42 qui expriment le besoin de protection
01:05:44 et les producteurs aussi.
01:05:46 C'est d'où toute l'ambiguïté
01:05:48 entre la souveraineté européenne et la souveraineté
01:05:50 française. C'est là où Emmanuel Macron
01:05:52 peut-être, s'il n'est pas très compréhensible,
01:05:54 c'est parce qu'il est dans...
01:05:56 - C'est peut-être moi qui ne suis pas forcément
01:05:58 intelligent, pour bien comprendre les mots du
01:06:00 chef de l'État, c'est possible aussi.
01:06:02 - Il a un vocabulaire qui fait qu'on n'est pas...
01:06:04 - Yoann me le fait remarquer régulièrement.
01:06:06 Juste un mot, Patrick Legrand. En fait, ce qu'on
01:06:08 comprend à force de discussion et surtout
01:06:10 depuis 15 jours que nous,
01:06:12 profanes, nous mettons vraiment la tête
01:06:14 techniquement dans ce qui se passe,
01:06:16 les agriculteurs, pour parler simplement, vous êtes les grands
01:06:18 perdants de la mondialisation.
01:06:20 - Alors, on va...
01:06:22 - Les petits producteurs,
01:06:24 je ne parle pas évidemment des immenses exportateurs
01:06:26 de grands crus.
01:06:28 - On va prendre l'exemple du Covid
01:06:30 où le Covid, on a eu
01:06:32 une envolée de tous les prix, on s'est cru
01:06:34 miraculeusement sauvés
01:06:36 du, je dirais, des
01:06:38 problèmes financiers. Donc, on a
01:06:40 eu une explosion du prix,
01:06:42 donc une explosion aussi
01:06:44 au prix au consommateur. Donc, par exemple,
01:06:46 le prix du blé avait augmenté, il avait pris
01:06:48 50%, donc on a augmenté la baguette.
01:06:50 - Oui. - Aujourd'hui, le prix du
01:06:52 blé, il est rendu à 2021.
01:06:54 Est-ce que le prix de la baguette a
01:06:56 baissé ? Bon.
01:06:58 Les industriels
01:07:00 ont augmenté leur marge en moyenne
01:07:02 de... Enfin, pas augmenté,
01:07:04 ont une marge aussi de 50 à 60%
01:07:06 supplémentaire parce qu'en fait,
01:07:08 le produit travaillé
01:07:10 n'a pas vraiment baissé.
01:07:12 Et si on schématise ça pour le
01:07:14 consommateur en prenant le recul
01:07:16 des 30 ou 40 dernières années,
01:07:18 quand je me suis installé en 97,
01:07:20 1 300 francs
01:07:22 le prix du blé, c'est-à-dire
01:07:24 190 euros. La baguette,
01:07:26 1 franc.
01:07:28 Aujourd'hui, 190 euros
01:07:30 le prix du blé. - De combien de blé ?
01:07:32 190 euros ? - La tonne.
01:07:34 En fait, vous faites la répartie,
01:07:36 allez, 200 euros aujourd'hui,
01:07:38 ça fait 1 300 francs, enfin voilà.
01:07:40 Donc, on dit 190 euros. La baguette
01:07:42 est à 1 euro.
01:07:44 Donc, vous voyez la différence aujourd'hui entre...
01:07:46 Alors, je le prends sur le long terme.
01:07:48 Je le prends sur le long terme, c'est x6,
01:07:50 mais je le prends sur le long terme
01:07:52 parce qu'on peut dire "mais il y a eu ça, mais il y a eu ça".
01:07:54 Voilà, aujourd'hui...
01:07:56 - Mais c'est qui le grand méchant loup pour vous ? C'est l'Europe ou ce sont
01:07:58 les industriels, les agro... les industries agroalimentaires,
01:08:00 les grandes surfaces, la grande distribution ?
01:08:02 C'est qui le grand méchant loup dans l'histoire ?
01:08:04 - Bien sûr, c'est pas le mouton
01:08:06 à votre table parce que nous, on est
01:08:08 le dernier maillon. Le reste,
01:08:10 je ne suis pas un politique,
01:08:12 on... nous, chez nous, il n'y a pas
01:08:14 de filière, de coopérative,
01:08:16 d'agro, tout ça, ça n'existe pas chez nous.
01:08:18 Donc, il ne faut pas nous poser la question.
01:08:20 Ce qui est certain, c'est le prix du
01:08:22 produit, le prix
01:08:24 de notre matière première,
01:08:26 et le prix du produit fini. Et je peux vous le faire
01:08:28 sur x entreprises, sur la pomme de terre
01:08:30 puisque je suis en trois filières, sur tous les produits...
01:08:32 - C'est les industriels et les grands distributeurs.
01:08:34 - Oui, mais... - Ça, c'est pas une question
01:08:36 européenne, c'est pas une question européenne, ça, Patrick.
01:08:38 - Non, non, il y a la grande distribution,
01:08:40 il y a la grande distribution, et parfois,
01:08:42 on marque beaucoup la grande distribution parce que
01:08:44 le dossier au milieu, comme on dit,
01:08:46 nous, et ça, ça ne plaît pas, on fait des contrats
01:08:48 avec des volumes, parfois
01:08:50 sans prix. On a
01:08:52 un prix parfois, ou qu'on a
01:08:54 9, 10 mois, 12 mois après,
01:08:56 je dis toujours, je vais prendre mon exemple
01:08:58 qui n'est pas bon, mais je prends l'exemple,
01:09:00 aujourd'hui, vous avez le sucre, ou alors
01:09:02 il y a... lui, il a tout, il y a les néocotinoïdes,
01:09:04 il y a les prix mondiaux,
01:09:06 c'est la totale, comment vous pouvez
01:09:08 expliquer qu'une société privée,
01:09:10 puisque j'en fais partie, paie mieux
01:09:12 depuis 4 ans, qu'un
01:09:14 système en coopératif, puisque
01:09:16 vous mettez de l'argent, ou l'agriculteur a mis
01:09:18 de l'argent, et malgré tout ça,
01:09:20 ils sont moins bien payés ? Je pose la question.
01:09:22 À chaque fois que je demande, aussi bien
01:09:24 un débat ou des échanges là-dessus,
01:09:26 j'ai pas d'interlocuteur, donc je vous dis,
01:09:28 moi, je suis dans un système que j'ai
01:09:30 choisi parce que le système
01:09:32 coopératif, sorti de la guerre, c'est un
01:09:34 système qui nous a fait faire du volume avec
01:09:36 des prix minimums garantis,
01:09:38 et aujourd'hui, les prix
01:09:40 minimums ont sauté, avant on
01:09:42 faisait nos factures, la coopérative, aujourd'hui
01:09:44 les coopératives qui achètent notre produit
01:09:46 nous font les factures. Et les contrôles annoncés
01:09:48 aujourd'hui par Bruno Le Maire, vous y croyez ?
01:09:50 Le double du nombre habituel, garantir
01:09:52 le respect des dispositions égalimes, s'en servir
01:09:54 aux agriculteurs ? Je vais vous prendre un seul exemple
01:09:56 que je connais bien, toujours pareil, la pomme de terre.
01:09:58 Aujourd'hui, on achète du plant
01:10:00 dans différents produits, parfois on achète
01:10:02 du plant d'autres pays.
01:10:04 Ce qu'on produit, voilà,
01:10:06 c'est franco-français, il y a des contrôles, nickel.
01:10:08 On dit, mais ce qui vient des autres pays,
01:10:10 on aimerait bien qu'ils soient un peu plus contrôlés.
01:10:12 Eh, mais on a des conventions européennes,
01:10:14 on peut pas contrôler plus que 5%
01:10:16 de ce qui vient parce qu'eux, ils sont bons.
01:10:18 Ah d'accord ? - Eux, ils sont bons ? - Bah oui ! Parce que
01:10:20 en Europe, on a signé des accords
01:10:22 où tout le monde est bon. Donc,
01:10:24 si on contrôle un produit qui doit être contrôlé,
01:10:26 on va se mettre mal avec les autres pays.
01:10:28 Et je peux vous en donner des dizaines,
01:10:30 on pourrait tenir des heures.
01:10:32 - Alexandre.
01:10:34 - Non, mais on voit bien qu'on est dans un système
01:10:36 qui est devenu fou,
01:10:38 et donc, effectivement,
01:10:40 il n'y a jamais un seul grand méchant loup.
01:10:42 - Ah, c'est ça. - Mais...
01:10:44 Mais la grande distribution a quand même
01:10:46 une part de responsabilité, parce que
01:10:48 c'est elle qui fait les plus grosses marges sur...
01:10:50 - Vous voulez le caillou dans la chaussure
01:10:52 des agriculteurs, c'est l'industrie ou l'Europe ?
01:10:54 C'est les deux ? - Je pense que c'est les deux,
01:10:56 parce que... Et de toute manière, c'est lié,
01:10:58 parce que la grande distribution importe
01:11:00 aussi des produits à bas coût
01:11:02 pour les vendre.
01:11:04 Donc, c'est un mélange des deux.
01:11:08 Mais je crois qu'il faut revenir
01:11:10 à une philosophie où, justement,
01:11:12 on produit en France,
01:11:14 on va avoir un produit de qualité,
01:11:16 et une philosophie aussi qui est...
01:11:18 Le problème de la philosophie de l'Europe
01:11:20 et des dirigeants de l'Europe, ça a été que
01:11:22 on a tout axé sur le consommateur en se disant
01:11:24 "on va faire le moins cher possible
01:11:26 et tout le monde va être heureux, mais le moins cher possible,
01:11:28 finalement, ça coûte cher, parce qu'il y a une case sociale
01:11:30 terrible, et tout le monde le pèse
01:11:32 sur son salaire, par exemple, où on a des salaires
01:11:34 de plus en plus faibles, parce qu'il y a des impôts partout,
01:11:36 parce qu'il faut assister
01:11:38 les gens plutôt que les laisser travailler.
01:11:40 On le pèse cher aussi parce que
01:11:42 consommer des produits de merde, c'est être malade,
01:11:44 c'est un coût sur la santé.
01:11:46 Donc, je crois qu'il faut radicalement
01:11:48 changer de philosophie, arrêter... - Je m'excuse auprès des enfants
01:11:50 qui nous regardent. - Arrêter de tout...
01:11:52 de faire une Europe de consommateurs,
01:11:54 faire une Europe de la culture,
01:11:56 de l'agriculture, et faire
01:11:58 une Europe de producteurs, que ce soit
01:12:00 aussi bien sur le plan industriel que sur
01:12:02 le plan alimentaire.
01:12:04 Je crois que c'est tout cela qu'il faut revoir.
01:12:06 Mais effectivement, c'est difficile de faire
01:12:08 confiance à des gens qui ont prôné
01:12:10 l'inverse pendant des décennies
01:12:12 et des décennies. Je les vois mal réparer leurs
01:12:14 erreurs en trois mois. - Il y a deux versants,
01:12:16 de ce grand méchant loup, si l'on peut dire,
01:12:18 l'industrie agroalimentaire, la grande
01:12:20 distribution et l'Europe,
01:12:22 quand on parle énormément, Emmanuel Macron,
01:12:24 croyez-le ou pas, a annoncé vouloir revoir
01:12:26 l'approche européenne aujourd'hui.
01:12:28 - Peut-être qu'il n'y a pas de grand méchant loup.
01:12:30 Je pense que quand je vous disais qu'ils ont tout misé sur
01:12:32 le consommateur, les dirigeants politiques n'étaient pas
01:12:34 tous corrompus. Je pense qu'ils ont pensé
01:12:36 que c'était le mieux.
01:12:38 Pour moi, c'est une philosophie
01:12:40 bas de gamme, indigne d'un grand pays comme l'Allemagne.
01:12:42 - Juste Emmanuel Macron sur l'approche européenne. Eric et Philippe,
01:12:44 vous êtes les prochains à prendre la parole.
01:12:46 - Nous avons
01:12:48 tenu de pouvoir lancer un travail
01:12:50 de révision en profondeur
01:12:52 de la logique
01:12:54 et de l'approche européenne.
01:12:56 Je remercie la présidente de la commission qui a entendu
01:12:58 cette demande, qui a lancé cet exercice
01:13:00 de dialogue stratégique.
01:13:02 Il va permettre,
01:13:04 dès la fin du mois de février, de prendre des mesures
01:13:06 de simplification au niveau européen,
01:13:08 comme nous sommes en train de le faire au niveau français.
01:13:10 Mais il va surtout nous permettre
01:13:12 d'intégrer,
01:13:14 beaucoup mieux qu'on ne l'avait fait,
01:13:16 dans une PAC qui avait été pensée avant
01:13:18 dans ce nouveau contexte duropolitique,
01:13:20 d'intégrer le changement de logiciel
01:13:22 dans lequel nous vivons. La guerre est là,
01:13:24 le monde se transforme
01:13:26 et donc nous devons avoir
01:13:28 une politique agricole plus simple,
01:13:30 qui prenne en compte davantage
01:13:32 la nécessité de produire plus,
01:13:34 qui évidemment intègre nos objectifs
01:13:36 environnementaux,
01:13:38 mais qui le fait en préservant
01:13:40 une concurrence loyale, en préservant
01:13:42 le revenu des agriculteurs et en préservant
01:13:44 notre souveraineté alimentaire.
01:13:46 C'est Emmanuel Macron qui a parlé ?
01:13:48 Oui, bien sûr,
01:13:50 mais vous connaissez
01:13:52 la capacité de plasticité
01:13:54 du président de la République qu'on admire
01:13:56 depuis sept ans.
01:13:58 J'avais juste une remarque de mauvais esprit
01:14:00 sur la grande distribution. Il y a
01:14:02 certains grands patrons de grandes
01:14:04 marques de distribution, que je ne
01:14:06 ne citerai pas, qui sont en général de très bons
01:14:08 communicants. Monsieur Leclerc, on peut
01:14:10 le citer. Est-ce que je peux
01:14:12 me permettre une parenthèse ?
01:14:14 Je voudrais juste dire à nos téléspectateurs
01:14:16 que les images sont en direct.
01:14:18 Comment s'appelle déjà ça ?
01:14:20 La peigne ?
01:14:22 Oui, la peigne.
01:14:24 Je ne sais plus comment ça s'appelle.
01:14:26 On s'éclate sur la 6.
01:14:28 Patrick, on va aller la rejoindre,
01:14:30 parce que j'ai l'impression
01:14:32 qu'on se marre bien sur la 6,
01:14:34 ce soir.
01:14:36 Monsieur Leclerc,
01:14:38 comme le disait Alexandre,
01:14:40 qui est très présent en communication
01:14:42 quand il s'agit de parler
01:14:44 de la baisse des prix dans ses
01:14:46 magasins ou dans ses
01:14:48 supermarchés, là on ne l'a pas entendu.
01:14:50 Je suis quand même très frappé,
01:14:52 étant un béhoussien,
01:14:54 on a subi une inflation de prix alimentaire
01:14:56 qui se voit vraiment dans le canis
01:14:58 massif pendant un an et demi,
01:15:00 et en même temps vous revenez au BC.
01:15:02 Je me dis que quand même,
01:15:04 dans les grands méchants, il y en a un que je vois bien,
01:15:06 l'Europe. Je pense que
01:15:08 dans ce dossier, il y a des gens
01:15:10 qui répercutent
01:15:12 les charges et l'inflation.
01:15:14 Je pense que l'agro-industrie,
01:15:16 certains systèmes
01:15:18 sénatoriaux ou députés,
01:15:20 suivent le cours de la vie.
01:15:22 Et nous, ça ne nous dérange pas,
01:15:24 à partir du moment où nous, on voudrait également
01:15:26 en faire partie. C'est la logique.
01:15:28 Mais ce n'est pas la réalité.
01:15:30 C'est là que la loi EGalim, pardon,
01:15:32 prend tout son sens,
01:15:34 et qu'elle doit être appliquée strictement,
01:15:36 et qu'il est évidemment urgent
01:15:38 de renforcer les contrôles.
01:15:40 - Bruno Meradi va renforcer,
01:15:42 il va serrer la vis.
01:15:44 Le 24 février, on verra ce que décidera Patrick.
01:15:46 - Ce n'est pas anecdotique,
01:15:48 parce que le strict respect de la loi EGalim,
01:15:50 ça résoudrait quand même une partie importante de vos problèmes.
01:15:52 - Dernier mot, Eric ?
01:15:54 - En fait, ces images sont intéressantes.
01:15:56 - Là, c'est des gens qui s'amusent.
01:15:58 - Oui, en se posant la question de qui est le coupable.
01:16:00 - Et ils relâchent la pression.
01:16:02 - Ça, c'est la France éternelle que les gens aiment,
01:16:04 mais qui est qualifiée en permanence,
01:16:06 de l'ancien temps.
01:16:08 C'est cette idéologie aussi,
01:16:10 qui a voulu abandonner complètement la ruralité
01:16:12 depuis des années, qui a voulu abandonner l'industrie,
01:16:14 qui a dit qu'il fallait partir vers une logique de service,
01:16:16 que si finalement, on parlait de frontières
01:16:18 et de contrôle, c'est qu'on était
01:16:20 d'extrême droite. C'est cette idéologie-là
01:16:22 qui, in fine, a fait qu'énormément.
01:16:24 Aujourd'hui, ça paraît ringard,
01:16:26 lorsque vous êtes un technocrate de Bruxelles,
01:16:28 de dire que vous avez un ami agriculteur,
01:16:30 ou que vous venez d'une ferme.
01:16:32 Aujourd'hui, on le voit bien, d'ailleurs,
01:16:34 les financements qui ont été donnés, on avait d'abord investi
01:16:36 dans les banlieues.
01:16:38 On parlait des 150 millions d'euros,
01:16:40 du volet de 150 millions d'euros d'aide.
01:16:42 C'était la somme qui a été consacrée
01:16:44 depuis 2014,
01:16:46 à Romain Surizer.
01:16:48 - Pourquoi vous voulez opposer des Français ?
01:16:50 - C'est ce qui s'est passé.
01:16:52 C'est eux qui les ont opposés
01:16:54 pendant des années.
01:16:56 C'est intéressant, parce que justement,
01:16:58 Harold disait que ce matin, Victor Orban,
01:17:00 qui est ce dirigeant de l'Europe de l'Est,
01:17:02 qui, pour le coup, a un discours
01:17:04 qui est jugé réactionnaire au sein de l'Union Européenne,
01:17:06 il est sorti, lui,
01:17:08 il est allé voir les manifestants,
01:17:10 les agriculteurs à Bruxelles, et il leur a dit
01:17:12 "c'est vous, le peuple".
01:17:14 Et dans le fond, aussi, c'est ça que j'espère qu'à un moment donné,
01:17:16 on pourrait mettre en avant, c'est que cette France-là,
01:17:18 on l'aime, et il faut pouvoir la défendre.
01:17:20 - Et on aime voir ces images d'agriculteurs
01:17:22 qui relâchent un peu cette pression,
01:17:24 en effet, mais à n'en pas douter,
01:17:26 ça serait devenu un petit peu plus violent,
01:17:28 un peu moins maîtrisable.
01:17:30 - Le procès en extrême droitisation
01:17:32 aurait commencé à se faire, c'est une évidence.
01:17:34 - Chez vos confrères, d'ailleurs, sur certains syndicats,
01:17:36 déjà, cet après-midi, on voyait des bandeaux
01:17:38 qui parlaient d'une proximité potentielle
01:17:40 avec le Rassemblement National.
01:17:42 Vous savez, Julien, ça a déjà commencé.
01:17:44 - Allez, trois quotidiens
01:17:46 à voir dans vos unes deux mains.
01:17:48 On va prendre le Figaro aujourd'hui en France,
01:17:50 c'est Ouest-France, je le dis à Martin en régie,
01:17:52 parce qu'on est très en retard.
01:17:54 Le Figaro, les agriculteurs, le plan d'Attal
01:17:56 amorcent la sortie de crise,
01:17:58 le FIrop rappelle le Figaro qui débloque 50 milliards
01:18:00 pour soutenir une Ukraine en plein doute.
01:18:02 Aujourd'hui en France,
01:18:04 la version nationale du parisien,
01:18:06 l'agriculture au cœur du journal,
01:18:08 comment la crise se débloque.
01:18:10 C'est vrai que les Bleus jouent aussi nation,
01:18:12 ça va arriver ce week-end, il y a un premier match,
01:18:14 je ne sais pas contre qui, je crois que c'est l'Irlande,
01:18:16 mais peut-être que je dis une bêtise.
01:18:18 Colère agricole vers une levée des blocages
01:18:20 pour Ouest-France, le premier quotidien
01:18:22 régional de France,
01:18:24 qui, évidemment, fait sa une,
01:18:26 comme tous les autres quotidiens que j'aurais pu
01:18:28 prendre le temps de vous montrer.
01:18:30 Oui, c'est bien, France-Irlande, le choc des revanchards
01:18:32 dira Ouest-France demain matin,
01:18:34 mais on n'a pas le temps de vous le montrer.
01:18:36 On peut finir avec l'image des agriculteurs,
01:18:38 s'il vous plaît les amis, merci beaucoup Patrick Legras
01:18:40 d'avoir été avec nous.
01:18:42 C'est un Paquito.
01:18:44 C'est marrant que vous me disiez ça, parce que j'embrasse
01:18:46 Fabien Antoniante qui nous regarde,
01:18:48 et qui m'a envoyé ce message en me disant
01:18:50 "Le Paquito, rite basque".
01:18:52 Merci beaucoup pour l'info,
01:18:54 Fabien, et on est très heureux d'avoir vu ce Paquito
01:18:56 en direct sur...
01:18:58 On s'en fait un, Patrick ?
01:19:00 Non, on verra ça hors antenne.
01:19:02 Merci beaucoup les amis.
01:19:04 On sourit, mais évidemment, vous le savez,
01:19:06 on a tous embrassé
01:19:08 cette cause avec vous, et on vous soutient
01:19:10 dans ce combat qui, malgré la fin des blocages,
01:19:12 est loin d'être terminé.
01:19:14 Rendez-vous pour un premier bilan avant le salon de l'agriculture.
01:19:16 J'espère qu'on aura l'occasion d'en reparler ensemble
01:19:18 régulièrement sur CNews.
01:19:20 Merci de nous avoir suivis d'ici la nuit, dans un instant,
01:19:22 avec Maureen Vidal, le soir Info Weekend
01:19:24 avec Olivier de Cahiers-Renflec.
01:19:26 A partir de demain, rendez-vous lundi.
01:19:28 Bonne nuit et à très vite.
01:19:30 [Musique]