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00:09 Bonjour et bienvenue sur InvestirTV, dans notre émission Bourse, où les gérants professionnels des marchés de la finance viennent nous partager leurs convictions,
00:17 faire découvrir les valeurs qu'ils apprécient. Aujourd'hui, c'est Bertrand Puif, Portfolio Manager chez Fidelity International, que nous recevons.
00:25 Bonjour. – Bonjour. – Et bien, peut-être deux mots sur votre maison, Fidelity ?
00:31 – Alors, Fidelity est une société de gestion d'actifs internationales, comme son nom l'indique, Fidelity International, qui gère, à l'heure où on parle,
00:38 autour de 800 milliards de dollars, avec un historique relativement long, puisque c'est une société qui a été créée aux États-Unis à la sortie de la Seconde Guerre mondiale,
00:46 par la famille Johnson, qui est encore le principal actionnaire de cette société, qui est de mon côté, ce qui nous permet d'avoir une vision beaucoup plus longue
00:53 et d'avoir une vision d'investissement beaucoup plus longue. – Parfait. Alors, la première valeur sur laquelle vous portez votre attention, c'est Ericsson,
01:00 l'équipementier télécom suédois. – Voilà. Alors, c'est une valeur qui a été complètement délaissée par le marché sur les trois dernières années.
01:07 Pourquoi ? Parce qu'il y a eu un problème d'exécution de la part du management. D'abord, parce qu'ils ont fait une très grosse acquisition, Vonage, aux États-Unis.
01:14 Ils ont payé 6 milliards. Et il y a quelques mois, ils ont fait donc un write-off, c'est-à-dire qu'ils ont passé dans leur compte une dépréciation de 3 milliards.
01:20 Donc elle vaut 50% de moins que 18 mois auparavant. Donc ça, ça n'a pas été évidemment très bien pris. Donc une mauvaise allocation du capital sur cette société-là.
01:28 Et également, il y a eu un effet un petit peu de mix au sein du chiffre d'affaires, où les États-Unis, qui traditionnellement sont beaucoup mieux margés,
01:36 ont représenté moins, et l'Inde et la Chine un peu plus, alors que la marge y est plus faible. – D'accord. – On pense que ces éléments sont des éléments de court terme,
01:42 en tout cas sur la marge. Et sur la location du capital, il y a eu un certain nombre d'engagements dont nous avons fait partie.
01:47 Beaucoup d'actionnaires se sont engagés auprès du... Et ce qui aboutit au changement de plusieurs personnes dans le management.
01:53 – Ils ont compris la leçon. – Ils ont compris la leçon, exactement. Et donc on pense qu'aujourd'hui, la société est mieux armée pour pouvoir revenir un petit peu
01:59 sur ce qu'elle était dans le passé. C'était un peu une « darling » du marché. Ericsson, équipementier télécom, tous les 4-5 ans, il y a une nouvelle génération du réseau.
02:06 – Oui, c'est cyclique. – Donc c'est cyclique. Et on a quand même de la croissance. Mais c'est une société qui, historiquement, est allée traiter en moyenne,
02:12 entre 10 et 12 fois son profit opérationnel. Et aujourd'hui, elle est à 6 fois. Donc c'est une décote extrêmement importante qui me paraît peu justifiée.
02:19 – D'accord. Ericsson, deuxième valeur, c'est Vivendi. Alors on pourrait qualifier de conglomérat dans les médias.
02:25 – Voilà. Alors Vivendi, effectivement, c'est l'éternel « value », titre « value », entre guillemets. Ça a toujours été peu cher.
02:31 Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, la décote sur la valeur d'actif est telle. On est à plus de 40%, même par rapport à son propre historique.
02:37 On est plutôt dans le haut de la fourchette. Et donc Vincent Bolloré a décidé de faire une scission en 4 parties.
02:43 Et c'est vrai que les différentes parties, de notre point de vue, ont un potentiel d'appréciation. Prenons par exemple Canal+.
02:49 Dans la télévision, il y a évidemment une consolidation qui est en train d'arriver. Et Canal+ a racheté par exemple Multi Choice,
02:56 qui est une société dans les pays émergents. Et donc c'est en train d'arriver. Et donc le fait de le coter séparément, d'en faire une société singulière,
03:03 devrait lui permettre d'accélérer cette stratégie-là. Pareil pour Avas, consolidation. Et pareil également pour ce qui, effectivement,
03:10 va être créé à partir de la participation qu'ils ont dans la Gardère, dans l'édition. Donc ces trois business-là devraient avoir une autonomie
03:17 beaucoup plus importante et se focaliser sur leur propre développement. Et la quatrième partie, c'est en fait qui regroupe l'ensemble des participations
03:23 dans UMG, dans Telecom Italia, là aussi avec une logique de les monétiser. Donc ces 40% de décote devraient, de notre point de vue, disparaître,
03:31 en tout cas se réduire fortement, une fois que les quatre entités seront cotées séparément.
03:36 — C'est clair. Troisième valeur, Total Energy, qu'on ne présente plus. — Ouais. Alors Total Energy, la problématique de Total,
03:43 alors que le prix du pétrole se comporte plutôt bien depuis plusieurs années, c'est une problématique ESG. C'est-à-dire qu'il y a une décote d'ESG sur Total.
03:49 Parce qu'on considère que Total n'est pas, en mieux disant, clairement dans la réduction du carbone. Ce qui est effectivement le cas.
03:55 Mais nous, on regarde plutôt dans une optique d'engagement. Et on voit que Total, comme d'ailleurs certains de ses concurrents,
04:01 investissent une partie significative de leur cash flow, donc de l'argent que les génèrent, dans les nouvelles énergies, que ce soit dans l'éolien
04:08 et surtout pour Total dans le solaire. Et donc nous, on pense que c'est injuste qu'aujourd'hui, une société comme Total...
04:13 — Qui fait des efforts, qui ne le fait pas. — Qui fait des efforts, qui en plus bénéficie d'un prix du baril qui est largement supérieur
04:17 à la moyenne des 10 dernières années, traite à 7 ou 8 fois les profits, alors qu'elle traitait jusqu'à 12 fois en moyenne sur les 10 dernières années.
04:23 Donc elle a un multiple encore plus faible, alors qu'elle fait des efforts, et encore que le prix pour la transition énergétique
04:29 est à un niveau beaucoup plus élevé. — D'accord. Alors de manière plus gobela, pour conclure, comment anticipez-vous l'année 2024 sur les marchés ?
04:37 Vous êtes plutôt Europe que USA, vous. — Voilà. Alors on constate aux États-Unis que le multiple a 20 fois les profits sur la S&P 500,
04:43 l'indice des 500 plus grosses sociétés américaines, et plutôt dans l'eau de la fourchette. Alors c'est vrai qu'on peut discuter,
04:47 parce que si on enlève les 10 sociétés les plus chères ou les 7 magnifiques, on est plus bas. Mais même en faisant ça, on n'est pas non plus dans des...
04:54 — C'est pas bon marché. — Ouais, c'est pas bon marché, exactement. Par contre, l'Europe, à 12-13 fois, est plutôt bon marché.
04:59 Et en particulier quand on retraite non pas des 7 magnifiques mais des granolas en Europe, c'est-à-dire de ces belles sociétés de croissance,
05:04 à SML, d'Asso System, SAP, L'Oréal, eh bien on est plutôt même autour de 10 fois. 10 fois, c'est historiquement bas sur l'Europe.
05:12 De la même manière, sur la Chine, 8 fois. On n'a jamais vu un multiple comme ça sur la Chine. Même s'il y a des problèmes en Chine,
05:18 on n'est pas en train de les nier. Il y a une transition nécessaire vers une économie de consommation. Ils ont des difficultés à le faire.
05:24 Mais 8 fois nous paraît être un multiple extrêmement faible, alors qu'aujourd'hui, l'engouement des investisseurs se porte vers l'Inde,
05:29 qui le porte jusqu'à 30 fois. Et donc c'est cet écart, en fait, qui nous paraît relativement important. Et on joue une réduction.
05:35 — Donc l'Europe plutôt que les USA et la Chine plutôt que l'Inde. — Exactement. — D'accord. OK.
05:38 Bertrand, merci d'être venu nous partager votre expertise, vos connaissances. Merci à tous de nous avoir suivis.
05:44 Je vous donne rendez-vous très vite sur Investeur TV avec de nouveaux invités.
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