• il y a 8 mois
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00 - 19h01 et 30 secondes.
00:04 On a près de deux minutes de retard tout de suite face à l'info,
00:07 mais les infos avec Simon Guillain.
00:09 - Bonsoir Christine et bonsoir à tous.
00:11 Décennie de violence ce matin devant le lycée polytechnique de Cachan
00:14 dans le Val-de-Marne.
00:15 200 individus ont bloqué l'entrée de l'établissement.
00:18 Ils ont notamment mis le feu à des poubelles
00:19 avant de s'en prendre aux forces de l'ordre.
00:21 Deux policiers ont été blessés et une personne a été interpellée sur place.
00:26 Le soutien de Nicole Belloubet au proviseur menacé de mort,
00:29 la ministre de l'Education nationale, s'est rendue au lycée Maurice Ravel à Paris
00:33 où elle a déploré des attaques inacceptables.
00:36 Mercredi dernier, le proviseur de cet établissement
00:38 avait demandé à des élèves de retirer leur voile
00:41 et l'une d'entre elles avait refusé, ce qui avait donné lieu à une altercation.
00:45 Et puis ce chiffre, à quelques jours de la journée internationale
00:48 des droits des femmes qui aura lieu ce vendredi,
00:50 à temps égal, les femmes salariées dans le secteur privé
00:53 gagnent 14,9% de moins que les hommes.
00:56 C'est ce que révèle une étude publiée aujourd'hui par l'INSEE.
00:59 Chère Christiane.
01:00 - Merci beaucoup, 14,9% chiffre à retenir.
01:03 Merci mon cher Simon.
01:04 - Le chiffre de la soirée.
01:05 - Merci cher Simon.
01:07 Allez, au sommaire ce soir, alors que Gérald Darmanin
01:11 est auditionné au Sénat ce soir sur la sécurité des JO,
01:14 l'affiche officielle n'en finit plus de faire des polémiques.
01:18 La croix au-dessus du Dôme des Invalides a été remplacée par une flèche.
01:23 L'auteur de l'affiche, Hugo Gattoni, est très connu pour ses dessins
01:26 et pour son souci du détail.
01:29 Alors pourquoi donc avoir enlevé la croix ?
01:32 L'édito de Mathieu Boquecôté.
01:34 Alerte rouge sur les dépenses de l'État.
01:37 10 milliards d'euros d'économies doivent être réalisés cette année.
01:40 Annonce faite il y a quelques jours, il faut faire des économies en urgence.
01:43 Sauf qu'on apprend que sur un an, la fonction publique
01:47 a vu un accroissement de ses fonctionnaires et agents publics.
01:49 C'est la plus forte hausse depuis 2013.
01:53 Inconscience délirante française ou confiance excessive en l'avenir ?
02:00 L'analyse de Dimitri Pavlenko.
02:03 Voici l'autre affiche qui fait beaucoup parler ce soir.
02:06 Certains la décrivent comme l'affiche de la honte.
02:08 Pourquoi un parallèle entre Simone Veil et Mathilde Panoué,
02:11 réalisé par la députée LFI le jour même de l'inscription de l'IVG dans la Constitution,
02:16 comme la droite ligne de la politique de Simone Veil ?
02:19 En quoi cette affiche est-elle gênante ?
02:21 Le regard de Marc Menand.
02:23 Vive les JO avec 326 000 spectateurs attendus pour la cérémonie d'ouverture.
02:29 Les bouquinistes vont finalement rester à Paris.
02:31 Les migrants aussi, certainement sans solution d'hébergement.
02:34 Mais certains ont perdu leur charme parisien et sont tombés sous le charme afghan.
02:39 Des rues complètement afghanes avec des commerces qui ont émergé,
02:42 nous détaille le Parisien aujourd'hui.
02:44 Comment l'expliquer ?
02:45 Le décryptage de Charlotte Dornelas.
02:48 Et puis alors que la mairie de Paris avait interdit en décembre une rencontre publique sur la Palestine,
02:53 en présence de la philosophe américaine très contestée Judith Butler.
02:56 Celle-ci a finalement eu lieu ce dimanche à Pantin.
02:59 Et sans surprise, la philosophe a déclaré que l'attaque terroriste du 7 octobre
03:03 est un acte de résistance armée.
03:07 Et bien que l'ONU a déclaré hier avoir des informations claires et convaincantes
03:10 sur des viols commis par le Hamas,
03:14 l'édito de Mathieu Beaucoupté.
03:16 Une heure avec nos mousquetaires.
03:18 On commente, on décrypte, on analyse et c'est maintenant.
03:21 *Générique*
03:33 Comment allez-vous ?
03:34 - Mais toujours bien !
03:35 - Je vois qu'ils sont bien tous les deux au stabilo,
03:38 ils nous avaient laissé un peu le stabilo,
03:40 ils sont mieux au jaune tous les deux.
03:41 - Laissez-le travailler, nous on va faire l'émission.
03:43 Alors, il y a une personne autour de la table qui ne connaît pas ça.
03:46 Regardez l'image.
03:48 - Oui, c'est Arlène.
03:48 - Devinez qui ?
03:50 #Faceàlafaux
03:52 Il y a Marc Menand qui ne sait pas où est Charlie.
03:54 - Moi, Charlie, c'est deux mots.
03:56 Ou alors c'est Charlie Hebdo, mais il y a un seul dont je ne connais pas.
04:00 - Ah, vous ne connaissez pas ?
04:02 On a tous joué à "Où est Charlie ?"
04:05 C'est-à-dire de découvrir le petit...
04:07 - Il faut trouver Charlie, là, il est là.
04:09 - Il faut trouver Charlie, là, voilà.
04:11 - Vous n'avez pas autre chose à faire dans la vie ?
04:13 *Rires*
04:15 - Ça permet d'avoir un peu de concentration, le sens de l'observation,
04:18 et c'est exactement le sens de l'observation qu'a Mathieu Bocote ce soir.
04:22 C'est une polémique qui monte,
04:24 et qui semble très révélatrice, Mathieu,
04:26 de la situation de la France aujourd'hui.
04:28 Sur l'affiche des JO de Paris,
04:30 on s'est permis d'effacer la croix du Dôme des Invalides.
04:33 Elle a été remplacée par une flèche.
04:35 Quant au drapeau français, il est absent,
04:37 et cette double absence en fait réagir plusieurs.
04:40 Que comprendre ?
04:42 - Alors, si on se fie à l'évolution du discours pendant la journée,
04:46 parce que c'est une polémique qui a monté, vous avez tout à fait raison,
04:48 en ce moment, l'argument principal, c'est "Circuler, il n'y a rien à voir".
04:53 Il ne s'est rien passé, il n'y a pas matière à s'inquiéter,
04:57 ces affiches ne devraient susciter que notre admiration,
05:01 que notre joie, que notre bonheur.
05:03 Comment osez-vous vous inquiéter ?
05:05 Alors, l'auteur, qui est Hugo Gattoni, nous dit...
05:08 - On voit ici l'affiche.
05:10 - Il nous dit "Il faut trouver les mascottes,
05:12 trouver le porteur de flammes, trouver les disciplines.
05:15 Il y a énormément de choses à trouver.
05:17 C'est une affiche qui est extrêmement symbolique,
05:20 qui raconte plein de choses du projet de Paris 2024".
05:24 Alors, moi, c'est une phrase qui me semble importante.
05:27 Si c'est une affiche qui a été pensée dans ses moindres détails,
05:31 une affiche extrêmement symbolique,
05:34 où chaque détail veut dire quelque chose,
05:37 je devine que dans cet esprit,
05:39 l'absence de la croix ou l'absence du drapeau français
05:43 veulent dire quelque chose.
05:45 Alors, je connais l'argument de la charte olympique
05:47 qui a été utilisée aujourd'hui pour le drapeau,
05:49 où on nous explique que le drapeau ne doit pas être présent
05:53 pour être conforme à l'esprit universel olympique.
05:57 J'entends cet argument.
05:59 Mais ce que je constate, néanmoins, dans cette affiche,
06:01 c'est que tout est fait pour que,
06:03 mis à part la Tour Eiffel et encore,
06:05 pour qu'on ne reconnaisse pas vraiment Paris.
06:07 C'est plus Disneyland que Paris.
06:09 Il y a quelque chose là-dedans qui nous fait penser
06:11 à l'oeuvre de Philippe Meuret,
06:13 le grand écrivain dont on publie,
06:15 ces derniers jours, le dernier tome de son journal.
06:17 Il y a quelque chose là-dedans
06:19 qui nous fait penser à une bonbonnière.
06:21 Il y a quelque chose là-dedans
06:23 qui nous fait penser à un imaginaire régressif
06:25 et adolescent ou même relevant de l'enfance.
06:27 Un imaginaire qui représente assez peu Paris.
06:29 Donc, on nous disait, oui,
06:31 c'est la liberté créative de l'artiste,
06:33 et je suis absolument d'accord.
06:35 Mais ce que je constate,
06:37 c'est que, croyant transfigurer Paris,
06:39 croyant se le réapproprier à travers son propre imaginaire,
06:41 il transforme Paris au point de le carnavaliser,
06:43 si vous me permettez cette formule,
06:45 de le disneylandiser,
06:47 de le faire de l'adolescentiser.
06:49 Autrement dit,
06:51 c'est plus vraiment Paris qui est là
06:53 et surtout dans une affiche
06:55 qui a une vocation officielle, faut-il le dire.
06:57 Alors, l'absence du drapeau serait compréhensible,
06:59 je vais comprendre, comme je dis, l'argument olympique,
07:01 l'absence du drapeau serait compréhensible
07:03 si tout était là pour le compenser.
07:05 Or, tout n'est pas là
07:07 pour compenser la chose,
07:09 mais ça nous montre à quel point il y a une forme d'inversion
07:11 du rapport esthétique dans nos sociétés.
07:13 Autrefois, peut-on dire, l'adolescent
07:15 désirait ressembler à l'adulte.
07:17 Aujourd'hui, l'adolescence,
07:19 une culture quasi manga,
07:21 une culture "oui, Charlie",
07:23 moi j'ai adoré "oui, Charlie" quand j'avais 8 ans,
07:25 mais j'ai plus 8 ans
07:27 et je pense que la plupart des gens qui sont intéressés
07:29 par les JO n'ont pas 8 ans,
07:31 donc on est dans cet imaginaire régressif
07:33 qui est en tant que tel,
07:35 au-delà de la capacité des uns et des autres à se scandaliser,
07:37 qui est riche d'enseignements
07:39 sur l'imaginaire esthétique de notre temps.
07:41 Première chose, par ailleurs,
07:43 "oui, Charlie", on pourrait dire
07:45 qu'il n'est plus là, on lui a fait la peau
07:47 il y a quelques années, c'est pourquoi il est peut-être
07:49 difficile de le trouver, ou encore, et aujourd'hui,
07:51 il peine à se manifester dans l'espace public.
07:53 "Oui, Charlie", on ne le voit pas lorsqu'on le cherche
07:55 ces temps-ci. Commentaire mis à part.
07:57 Mais là,
07:59 donc ça c'est une absence. C'est une absence dans un dessin.
08:01 On peut comprendre une absence dans un dessin.
08:03 Mais là, il y a un autre élément
08:05 qui est plus important que l'absence,
08:07 et c'est la... - Et surtout, pardonnez-moi,
08:09 excusez-moi de vous interrompre, comme je le disais en titre,
08:11 le dessinateur est connu pour son
08:13 souci du détail. - Justement.
08:15 - Pour la précision de son dessin. - Alors, il n'a pas oublié.
08:17 Il a pensé consciemment pas mettre le drapeau.
08:19 Mais surtout, le deuxième élément,
08:21 absence, enfin, on transfigure,
08:23 là, c'est l'absence de la croix
08:25 sur le dos des invalidés. Ça, c'est pas la même chose.
08:27 Là, on n'est pas dans l'oubli.
08:29 On est dans l'effacement. On n'est pas
08:31 dans la volonté de ne pas rajouter.
08:33 On est dans cette idée qu'on prend un monument
08:35 historique avec une croix qui est significative,
08:37 qui est porteuse, qui veut
08:39 dire quelque chose, et on décide
08:41 de l'effacer, de remplacer la croix
08:43 par une flèche.
08:45 On décide, autrement dit, d'éradiquer.
08:47 On décide d'effacer la trace chrétienne.
08:49 - Non, c'est un peu trop, là, quand même.
08:51 - Je ne crois pas. On nous explique que c'est
08:53 une affiche avec une volonté très, très
08:55 explicite d'avoir une charge symbolique forte.
08:57 Que chaque détail est important.
08:59 Moi, je prends au sérieux qu'il me dit ça.
09:01 Et si, au final, je constate
09:03 qu'il décide de faire disparaître la croix,
09:05 alors l'argument qui est utilisé,
09:07 qui circulait dans Le Parisien aujourd'hui, si je ne me trompe pas...
09:09 Non, c'est pas ça. Le Parisien, il a dit
09:11 "C'est ma liberté créatrice,
09:13 je fais ce que je veux." Un argument
09:15 qui a circulé aussi dans les médias, c'était
09:17 "Il faut éviter de faire du prosélytisme
09:19 religieux dans le cadre des Olympiques."
09:21 Je suis tout à fait d'accord, mais du prosélytisme
09:23 religieux aurait consisté à rajouter des
09:25 croix un peu partout, là où il n'y avait pas
09:27 de raison d'en mettre. Mais le fait est qu'on est devant
09:29 un édifice historique, on est devant un édifice où la croix
09:31 est déjà présente, il y a la volonté
09:33 explicite, par le souci du détail
09:35 admirable de cet artiste, nous le dit-on,
09:37 il y a la volonté explicite de
09:39 retirer la croix. - Je vous embête
09:41 encore une fois. - Mais n'hésitez pas. - Article 50
09:43 de la charte de G.I.O. qui établit
09:45 ceci "Aucune sorte de démonstration
09:47 ou de propagande politique,
09:49 religieuse ou raciale
09:51 n'est autorisée dans un lieu, site
09:53 ou autre emplacement olympique, ce qui demande
09:55 certes plus d'efforts qu'une indignation active."
09:57 - Oui, ça c'est dans un film de Ne Pause si je ne me trompe pas.
09:59 Mais oui, le fait est qu'il y a une différence entre
10:01 comme j'ai rajouté des croix partout
10:03 et décider de laisser la croix là où elle est.
10:05 Si ne pas disparaître,
10:07 si ne pas s'auto-effacer,
10:09 c'est basculer dans la propagande religieuse,
10:11 alors là c'est à ce moment qu'on quitte
10:13 le domaine de la liberté créatrice de l'artiste
10:15 et qu'on bascule dans le fait, dans une
10:17 intention politique explicite où
10:19 pour ne pas heurter,
10:21 et je reviendrai aujourd'hui, la sensibilité
10:23 diversitaire dominante, eh bien
10:25 il faut s'effacer le plus possible
10:27 soi-même pour être conforme à l'exigence
10:29 de notre temps. Je note soit dit en passant,
10:31 nous sommes dans une époque révolutionnaire de mon point de vue.
10:33 Il y a la révolution française, la révolution russe,
10:35 la révolution diversitaire, et chaque fois,
10:37 chaque fois, il y a la volonté d'effacer.
10:39 Quand il y a un moment révolutionnaire,
10:41 le symbole véritable d'une prise de contrôle
10:43 sur le monde, c'est l'effacement
10:45 des références chrétiennes. La volonté de faire
10:47 disparaître la croix. Quand on fait disparaître
10:49 la croix, c'est une manière de dire "voilà qui est le
10:51 véritable maître ici, la croix
10:53 n'est plus, la croix est vestige,
10:55 la croix aura peut-être sa place dans un musée,
10:57 mais la croix ne surplombera
10:59 plus, la croix ne pourra plus
11:01 "dominer" entre guillemets, et dès lors,
11:03 je ne crois pas que la volonté
11:05 d'effacer la croix sur ce dessin
11:07 relève simplement du caprice ou du
11:09 souci esthétique. Il y a là une dimension
11:11 politique, une dimension philosophique, une dimension
11:13 qui n'est pas qu'esthétique, et je pense
11:15 qu'on doit la prendre au sérieux. Dans
11:17 la représentation qu'on se fait de la France
11:19 aujourd'hui, on préférait
11:21 la voir sans drapeau,
11:23 sans la croix, et peut-être un jour
11:25 sans français, mais ça, il faut se donner le temps, simplement
11:27 un peu de patience. - Ne s'agit-il
11:29 pas pour les promoteurs
11:31 des Jeux olympiques d'offrir le visage
11:33 d'une France inclusive
11:35 au monde entier, et pour cela
11:37 délester de son héritage, peut-être juger
11:39 un peu trop particulier? - Ah mais c'est
11:41 exactement ça! Dans l'esprit des promoteurs
11:43 des Olympiques, il faut que la France
11:45 soit conforme, enfin, vous savez,
11:47 tous les grands événements internationaux aujourd'hui
11:49 traitent le patrimoine
11:51 singulier de chaque peuple comme
11:53 quelque chose, une forme d'encombrement.
11:55 On tolère encore cet héritage
11:57 à la manière d'un décor,
11:59 mais ça ne doit plus façonner
12:01 profondément l'identité d'un peuple. Là,
12:03 la capacité d'adaptation
12:05 à la mondialisation est une capacité
12:07 d'effacement de soi.
12:09 Qui a une identité trop forte ne peut pas
12:11 jouer dans la mondialisation dans l'esprit de ces gens.
12:13 Les JO, de ce point de vue, sont un
12:15 moment dans la construction de la conscience mondialisée.
12:17 Parce que qui a une identité trop forte,
12:19 c'est comme si finalement, votre
12:21 ville, votre métropole,
12:23 votre capitale, votre pays, n'est pas
12:25 un Starbucks comme un autre. Ce n'est pas
12:27 un aéroport comme un autre. Ce n'est pas un
12:29 territoire comme un autre. C'est un territoire
12:31 très marqué. Et quand on arrive là,
12:33 on sait qu'on n'est pas chez soi, même
12:35 si on est accueilli. Or, l'idéologie
12:37 dominante de l'aéroport universel aujourd'hui
12:39 veut que peu importe là où
12:41 on va, on doit se sentir chez soi
12:43 en toutes circonstances. On ne doit pas
12:45 se sentir encombré par les gens qui ont le
12:47 malheur d'y habiter et de penser que ça veut dire
12:49 quelque chose. De ce point de vue,
12:51 dans l'idée qu'il faut produire
12:53 symboliquement une France mondialisée,
12:55 diversitaire, compatible
12:57 avec l'esprit de notre temps pour les JO,
12:59 je fais un clin d'oeil à ce qu'on disait
13:01 hier, je ne suis pas surpris que Mme Nakamura
13:03 soit invitée à chanter dans les circonstances
13:05 parce qu'elle représente bien cette France
13:07 d'après. Cette France de la
13:09 prochaine étape. Cette France qui décide
13:11 d'embrasser les États-Unis et la culture
13:13 du monde plutôt que l'héritage proprement
13:15 français. Mais permettez-moi d'aller
13:17 un peu plus loin, de faire un
13:19 crochet, comme qui dirait, sur le rapport
13:21 à l'histoire. Vous noterez qu'aujourd'hui
13:23 on nous explique que pour que la France puisse
13:25 pleinement s'intégrer dans la
13:27 mondialisation, dans l'Europe, dans le
13:29 monde qui est le nôtre, eh bien
13:31 on a proposé, et on propose encore, de réécrire
13:33 l'histoire de France. On dit pour, donc c'est ce qu'on
13:35 appelle l'histoire mondiale de la France dont
13:37 on a déjà parlé sur ce plateau, des
13:39 historiens nous disent si la France entre
13:41 dans le monde trop chargée, trop lestée
13:43 de son identité, de sa culture,
13:45 trop convaincue de sa particularité,
13:47 de son génie propre, elle ne
13:49 sera pas capable d'avoir la flexibilité
13:51 nécessaire pour l'État mondialisé.
13:53 Donc ça je pense que ça vient
13:55 ensemble, plutôt que de demander au monde de
13:57 s'intégrer à nous, à tout le monde quand on
13:59 l'accueille chez soi, on décide de s'effacer
14:01 pour embrasser le monde, croyant que
14:03 la figure de l'ectoplasme est l'avenir de l'homme.
14:05 Par ailleurs, je me dis que là on décide
14:07 de retirer la croix
14:09 pour la remplacer par une flèche,
14:11 dans quelques années peut-être la remplacera-t-on
14:13 par un croissant pour faire honneur à la gastronomie française.
14:15 Vous voulez faire un lien entre cela
14:19 et les habitations du village
14:21 olympique, il semblera
14:23 à plusieurs étranges, qu'est-ce que
14:25 vous entendez par là ?
14:27 Pour moi le lien est très clair, volonté
14:29 de construire un monde interchangeable,
14:31 un monde sans personnalité,
14:33 un monde délivré de soucis esthétiques,
14:35 et je regarde le village olympique et je me dis
14:37 que c'était donc à cela que ressemblait un quartier soviétique.
14:39 Un pays qui a le sens
14:41 de la beauté comme la France,
14:43 qui a le patrimoine architectural...
14:45 - Vous n'y mettez pas là, c'est un seul, l'image.
14:47 - Le plus beau compliment que je pourrais faire...
14:49 - C'est bien au 7,5.
14:51 - Le plus beau compliment que je pourrais faire pour cet aménagement architectural,
14:53 je dirais que c'est affreux.
14:55 Je ne suis pas dans le registre de l'insulte.
14:57 Donc là, je me dis, se préparer pour les Jeux,
14:59 aménager la France pour les Jeux,
15:01 chercher à transposer le génie français
15:03 dans les créations du moment pour les Jeux,
15:05 et finalement, arriver avec une série de bâtiments
15:07 qui font penser probablement
15:09 à un quartier d'habitation nouveau
15:11 à Bucarest dans les années du communisme.
15:13 On se dit, c'est quelque part
15:15 dans une lointaine république soviétique.
15:17 Donc c'est le triomphe de l'inpersonnel,
15:19 de l'aseptisé, du désincarné.
15:21 Je ne veux pas être trop philosophe,
15:23 mais ce que je note, c'est que chaque grand événement
15:25 mondialisé aujourd'hui sert toujours
15:27 un peu plus à effacer la culture du pays d'accueil,
15:29 la culture du pays qui accueille cet événement.
15:31 Donc on fait un grand événement,
15:33 on cherche, bon, on en profite
15:35 pour faire progresser la société quadrillée,
15:37 sécuritaire, administrée,
15:39 mais aussi, on en profite pour fabriquer
15:41 quelque chose qui ressemble très peu
15:43 à ce qu'on a appelé historiquement la France.
15:45 - Merci, Mathieu Beaucote.
15:47 Dans un instant, on fera un tour de table sur ce sujet
15:49 parce que j'ai vraiment envie de vous entendre
15:51 et je pense que chacun a quelque chose à dire
15:53 sur cet effacement ou cet oubli
15:55 de l'incrois au-dessus.
15:57 Et vous savez pourquoi est-ce que l'incrois,
15:59 il a été installé? On en parlera dans un instant.
16:01 Et vous me direz, est-ce que ça vous choque?
16:03 Pourquoi est-ce qu'il a été installé au-dessus
16:05 du dôme des Invalides? On en parlera.
16:07 Et puis on va aussi se poser la question,
16:09 je vais vous demander que faire?
16:11 Est-ce qu'on est là, on assiste, on s'insurge
16:13 et puis on ne fait rien? On en parle.
16:15 - On ne va pas aller lancer des bols de soupe.
16:17 - Non, mais je dis, ça serait peut-être autre chose.
16:19 D'autres auraient porté plainte.
16:21 Vous voyez ce que je dis? Il y en a plein qui portent plainte
16:23 contre des traditions, contre des Vierges-Maries,
16:25 des statues de la Vierge-Marie
16:27 qui sont là, installées depuis des années et des années.
16:29 Je veux dire, parfois c'est...
16:31 Et de l'autre côté, c'est vrai,
16:33 tout le monde s'indigne et puis on est là,
16:35 on applaudit en silence, en fait.
16:37 Donc c'est une question que j'ai envie de vous poser.
16:39 Est-ce que s'insurger, ça suffit?
16:41 S'insurger en silence.
16:43 Dimitri, le vendredi, dans...
16:45 - Vendredi, oui.
16:47 - Dans les Vosges, Gabriel Attal
16:49 a annoncé des décisions difficiles.
16:51 Alors là, on va parler économie, parce que rien ne va plus.
16:53 C'est 10 milliards qu'on doit faire,
16:55 des milliards d'économie qu'on doit faire absolument,
16:57 taillés dans le gras, comme on dit.
16:59 Tous les ministères ont remis à Bercy,
17:01 aujourd'hui, la liste détaillée de leur coupe budgétaire.
17:03 Alors il faut se serrer la ceinture,
17:05 mais on vient d'apprendre par liste
17:07 que l'an dernier, l'emploi public,
17:09 les fonctionnaires, ils ont augmenté
17:11 59 000 nouveaux postes.
17:13 - Oui, oui, chercher l'erreur.
17:15 On est à côté, il faut faire 10 milliards d'économie en urgence
17:17 et puis on apprend que l'an dernier,
17:19 59 000 nouveaux postes, c'est quand même plus d'un pour cent
17:21 de hausse de l'emploi public en un an.
17:23 C'est la plus forte hausse depuis 2013,
17:25 donc les années François Hollande,
17:27 qui avaient été très généreuses en matière
17:29 d'emploi public.
17:31 En comparaison, l'an dernier, l'emploi privé
17:33 n'a progressé que de 0,4%,
17:35 avec 91 000 créations de postes.
17:37 C'est-à-dire qu'on est là, tout près
17:39 des 6 millions de fonctionnaires
17:41 et assimilés en France,
17:43 donc c'est-à-dire un emploi sur cinq,
17:45 sachant qu'un fonctionnaire, j'aime bien ce petit calcul,
17:47 je ne sais plus où j'ai lu ça,
17:49 c'est 43 ans de carrière, 20 ans de retraite,
17:51 10 ans de réversion.
17:53 Pour l'État, c'est un engagement de 73 ans,
17:55 dont 30 ans
17:57 de non-activité.
17:59 Je dis ça, évidemment,
18:01 mesdames, messieurs, fonctionnaires qui nous regardent...
18:03 Mes parents sont fonctionnaires.
18:05 Il n'y a pas d'attaque personnelle, ma maman a été fonctionnaire.
18:07 Ce que je veux dire par là, c'est que
18:09 quand on est l'État, il faut quand même une sacrée dose
18:11 de confiance en l'avenir pour
18:13 prendre cet engagement de 73 ans
18:15 un certain nombre de milliers de fois.
18:17 Je n'ai pas fait la part entre les fonctionnaires
18:19 et les contractuels, parce que quand on dit
18:21 "droits publics", vous savez, aujourd'hui,
18:23 il y a des contrats de droits privés
18:25 dans la fonction publique.
18:27 En tout cas, ce chiffre de
18:29 59 000 embauches dans la fonction publique
18:31 souligne d'autant plus, je trouve,
18:33 le retournement qui vient de se produire
18:35 sur la question des économies
18:37 que Bruno Le Maire, il faut le dire,
18:39 lui, pousse depuis des mois.
18:41 Il se désespérait il y a quelques semaines que la question
18:43 de la dette n'intéresse strictement personne.
18:45 Il se trouve que là, ça y est, il a l'attention générale.
18:47 Alors, ces 10 milliards d'euros
18:49 d'économie d'où ça sort, c'est inscrit
18:51 dans un décret du 21 février
18:53 portant, je vous lis l'intitulé
18:55 du décret, portant annulation
18:57 de crédits ministériels à hauteur
18:59 donc de 10 milliards d'euros.
19:01 10 milliards, c'est-à-dire en fait 1,5% des crédits
19:03 qui sont ouverts par la loi de
19:05 finances 2024.
19:07 1,5%, en fait,
19:09 c'est le maximum que le
19:11 gouvernement peut
19:13 raboter par la voie réglementaire.
19:15 Autrement, si c'est davantage, il faut passer par la voie
19:17 parlementaire. Enfin, je ne vous refais
19:19 pas le film, le feuilleton budgétaire
19:21 de l'année dernière, mais enfin, le budget
19:23 2024, il a été adopté
19:25 le 21 décembre 2023
19:27 donc il n'y a pas trois mois. On s'en fichait
19:29 un peu parce qu'à l'époque, on ne parlait que de la loi immigration
19:31 mais ça a été voté à peu près au même moment.
19:33 Il a fallu enclencher 10 fois
19:35 le 49-3 pour y parvenir
19:37 donc c'est vous dire combien c'est compliqué
19:39 de parler budget aujourd'hui dans le contexte
19:41 politique. Alors, voilà, et
19:43 trois mois plus tard, surgit donc
19:45 cette urgence à faire des économies
19:47 alors que, quand même, le budget, on l'a voté
19:49 il n'y a pas longtemps. On n'a pas laissé deux
19:51 semaines au ministère pour décider
19:53 où il fallait couper, dans quelles dépenses
19:55 il allait falloir taper,
19:57 comme si le FMI allait nous tomber dessus demain matin,
19:59 comme si on était en train de vivre
20:01 une attaque des marchés, une attaque spéculative
20:03 sur la dette publique française, alors
20:05 que pas du tout. La réalité, c'est que
20:07 le baromètre de la confiance
20:09 sur la dette publique française, c'est quoi ?
20:11 C'est ce qu'on appelle le spread, c'est-à-dire l'écart de rendement
20:13 qu'il y a entre l'emprunt français à 10 ans
20:15 et l'équivalent allemand
20:17 et l'emprunt allemand. Or, il se trouve que nous,
20:19 en ce moment, en France,
20:21 nous empruntons à 2,8%,
20:23 les Allemands, ils sont à 2,35%,
20:25 on a moins d'un demi-point
20:27 d'écart de taux d'emprunt avec les Allemands.
20:29 AXA disait, il y a quelques semaines,
20:31 c'est anormalement bas. C'est pas normal
20:33 que ce soit aussi resserré.
20:35 Et pourtant, l'empressement de Bercy
20:37 à dire "vite, vite, il faut trouver des économies",
20:39 ça vient de là. Ça vient de la raison
20:41 financière, la peur, en fait,
20:43 tout simplement, d'un abaissement de la dette souveraine française.
20:45 Alors, il se trouve qu'on a une première
20:47 agence, DBRS, qui doit se prononcer
20:49 sur la dette publique française, évaluer
20:51 sa qualité, donc le 22 mars,
20:53 c'est dans un peu plus de deux semaines,
20:55 Fitch, Moody's, ça c'est fin avril,
20:57 et puis on a Standard & Poor's qui doit se prononcer fin mai.
20:59 Voilà. Et alors, il y a
21:01 deux semaines, je sais pas si vous vous souvenez, mais Bruno Le Maire s'était
21:03 tranquillement invité au 20h pour annoncer
21:05 la saignée. Et alors,
21:07 c'était un peu bizarre parce que d'un côté, c'était
21:09 un vrai solennel, le ministre de l'économie, au 20h
21:11 vient dire "10 milliards d'économies",
21:13 et il a cette phrase de banalisation,
21:15 il dit "Bon, la croissance, cette année,
21:17 sera un peu plus faible qu'attendu, on sera autour d'un pour cent,
21:19 on gagne moins, on dépense moins,
21:21 c'est du bon sens. On gagne moins,
21:23 on dépense moins, c'est du bon sens."
21:25 Sacré bon sens.
21:27 Alors, on va dépenser moins, mais
21:29 je vous rappelle que la loi de finances 2024
21:31 prévoit à la fin de l'année un déficit de
21:33 4,4% du PIB.
21:35 Alors, rapide
21:37 rappel, le PIB de la France
21:39 c'est 2 800 milliards d'euros.
21:41 C'est-à-dire que nous créons chaque année,
21:43 actuellement, on crée 2 800 milliards d'euros
21:45 environ de richesses. Un point de
21:47 PIB, c'est donc 28 milliards
21:49 d'euros. 4,4% du PIB,
21:51 ça fait 112 milliards
21:53 de dépenses. De
21:55 plus que les recettes de l'État.
21:57 Autant vous dire que 10 milliards
21:59 d'économies, quand vous êtes en...
22:01 Vous avez compris, Marc ? Quand vous avez
22:03 112 milliards de déficits programmés à
22:05 France, c'est dérisoire. On est
22:07 franchement dans le symbolique, là.
22:09 Une piécette. - Exactement.
22:11 Une grosse piécette, quand même, à 10 euros.
22:13 - Il y a de mauvaises langues qui se disent
22:15 "mais l'argent qu'on envoie à l'Ukraine, oh là là,
22:17 j'ai pas envie de poser la question, mais je la pose
22:19 quand même. On marque une pause et puis je vous la pose.
22:21 Allez, à tout de suite. On marque une pause, à tout de suite.
22:23 Ils ont tous
22:29 quelque chose à dire à propos
22:31 de l'affiche
22:33 de l'IGEO. On vous entendra dans un instant.
22:35 On a beaucoup discuté pendant la pause.
22:37 Mais on reprend notre page
22:39 économie, puisqu'on ne comprend pas.
22:41 On était avec vous, Dimitri,
22:43 sur ces 10 milliards d'euros
22:45 d'économies à faire.
22:47 Et en même temps, on augmente
22:49 l'embauche des fonctionnaires. Alors, ces économies,
22:51 sur quoi on va les faire ? - Alors,
22:53 vous vous rappelez la phrase d'Emmanuel Macron ?
22:55 "Le quinquennat sera écologique ou ne sera pas."
22:57 J'adore ce genre de phrases définitives.
22:59 Je vous en cite une autre, c'est celle de Gabriel Attal.
23:01 - N'oubliez pas ma sous-question sur l'Ukraine, que j'ai pas posée.
23:03 - Oui, attendez, je la garde en tête.
23:05 Gabriel Attal, lors de son discours de politique générale, dit
23:07 "L'école est la mer des batailles. Nous devons
23:09 redevenir une grande nation de recherche."
23:11 Bon, bah, écoutez, je vous ai fait le coup
23:13 hier. Une bonne image vaut mieux qu'un long discours.
23:15 Regardez le tableau. Le plus gros
23:17 contributeur à l'effort d'économie dans les fameux
23:19 10 milliards, d'abord, c'est l'écologie.
23:21 Donc, le quinquennat, visiblement,
23:23 ne sera pas, puisque
23:25 l'écologie en prend un sacré coup.
23:27 2 milliards d'eux, c'est 10% du budget
23:29 du ministère de l'écologie. Enfin, la mission
23:31 écologie... Alors, on a pas le détail
23:33 de ce qu'il y a dans la mission écologie, mais, à titre
23:35 et d'exemple, on sait que
23:37 euh... Comment ça s'appelle ?
23:39 Ma prime rénov'. Vous savez, ce dispositif
23:41 permettant de rénover, hein ?
23:43 Euh... Devait augmenter.
23:45 Bon, finalement, ça devait prendre 2 milliards,
23:47 ça n'en prendra qu'un. C'est-à-dire qu'on a raboté la mission
23:49 Ma prime rénov' d'un milliard, par exemple.
23:51 Euh... Le travail.
23:53 1,1 milliard en moins.
23:55 L'enseignement supérieur, la recherche,
23:57 nos universités, qui sont dans un état lamentable,
23:59 je veux dire, moi j'entends des...
24:01 des professeurs d'université raconter
24:03 qu'ils ont l'électricité un jour sur deux,
24:05 qu'ils n'ont pas de bureau, ce genre de choses. Non, mais c'est
24:07 du délire ! L'université française,
24:09 c'est un sinistre ! Absolu !
24:11 Et ben, 900 millions d'euros
24:13 en moins dans le budget. L'aide publique
24:15 au développement. Bon, là, vous me direz que, peut-être,
24:17 c'est un des postes sur lesquels on peut rogner.
24:19 742 millions en moins. L'éducation nationale,
24:21 notre école, près de 700 millions. Oui, parce qu'en France,
24:23 il faut se rappeler que l'université,
24:25 l'éducation supérieure, l'école, c'est pas le même ministère.
24:27 Donc, 700 millions en moins dans le budget de l'école.
24:29 La justice, 328 millions.
24:31 Bref, voilà, vous avez les chiffres sous les yeux.
24:33 Donc, personne n'est épargné.
24:35 Ce qu'il faut dire, c'est que les
24:37 deux tiers de ces économies, elles vont
24:39 se faire, en fait, ce qu'on appelle la réserve de précaution.
24:41 C'est-à-dire qu'en fait, tous les ans,
24:43 Bercy verse à chaque ministère une petite poire pour la soif,
24:45 on va appeler ça comme ça, de l'épargne
24:47 qui sert, alors officiellement on dit, en cas
24:49 de coup dur, non, c'est surtout en cas de folie du
24:51 ministre ou du Premier ministre, qui va
24:53 lancer une dépense comme ça sur un coup de tête.
24:55 Alors, je vais pas dire du...
24:57 Je vais pas m'engager dans un débat
24:59 sur "Fallait-il donner 400 millions d'euros
25:01 aux agriculteurs ?" Mais vous voyez typiquement
25:03 une crise sociale, bam ! Un chèque d'un demi-milliard !
25:05 C'est ça, les fameux coups durs
25:07 et la fameuse réserve de précaution. Voilà à quoi ça sert.
25:09 Si on prend la justice,
25:11 donc par exemple, c'est 328 millions
25:13 d'euros que doit faire en économie la justice,
25:15 la coupe réelle,
25:17 c'est 80 millions d'euros.
25:19 Vous voyez, c'est nettement moins, mais il faut quand même les trouver.
25:21 L'Éducation nationale, par exemple,
25:23 a dit, promis, on va pas toucher au recrutement de profs,
25:25 donc le concours,
25:27 mais ça va se jouer sur les contrats actuels,
25:29 sur les AESH.
25:31 Les AESH, vous savez, ce sont les personnels
25:33 qui aident les enfants en situation de handicap
25:35 dans les classes. C'est vrai que les AESH,
25:37 on en a 50 par classe, c'est bien connu.
25:39 La Mission Travail, par exemple,
25:41 le compte personnel de formation,
25:43 donc c'est le CPF que beaucoup de gens utilisent,
25:45 c'est un vrai carton pour se former,
25:47 pour changer de métier, etc., bah on va le raboter
25:49 de 200 millions d'euros, donc ça,
25:51 pour conséquence, l'instauration,
25:53 d'un reste à charge de 10%. Voilà, il faudra
25:55 payer, mesdames, messieurs, c'était gratuit, le CPF,
25:57 c'était l'État qui abondait, votre employeur,
25:59 il faudra aussi payer de votre poche. Ma prime rénov',
26:01 j'ai dit 1 milliard, 1 milliard en moins sur ma prime
26:03 rénov', c'est 200 000 logements
26:05 rénovés en moins cette année.
26:07 Vous voyez, c'est pas du tout anecdotique.
26:09 - Alors, autrement dit, ça ne sera pas un dolore.
26:11 - Et non, et c'est ça le drame, c'est que
26:13 c'est dérisoire, 10 milliards,
26:15 mais c'est douloureux. - Mais ça fera mal.
26:17 Parce que, comme d'habitude, en France, on attend
26:19 qu'il pleuve pour réparer le toit, vous savez,
26:21 l'austérité, il faut la faire quand il y a de la croissance.
26:23 C'est là qu'il faut la faire. Nous, on
26:25 attend que la croissance se resserre.
26:27 Et ça ne va pas freiner
26:29 la tendance de la dépense publique,
26:31 qui est un train fou lancé à
26:33 vive allure. Vous prenez l'ensemble
26:35 de la dépense publique, c'est-à-dire
26:37 les dépenses sociales également, c'était en
26:39 2002, 809 milliards,
26:41 on était en 2022 à
26:43 1 500 milliards. Vous voyez, un quasi-doublement
26:45 de la dépense publique en l'espace de
26:47 20 ans. Je relisais, par
26:49 exemple, le budget 2024, qui vient d'être
26:51 adopté, je vous le disais, à la fin de l'année dernière.
26:53 Dans la communication du ministère du budget,
26:55 on vous parle d'une maîtrise de la dépense publique.
26:57 Recette 2024,
26:59 349 milliards
27:01 d'euros. Voilà, c'est ce qui va rentrer
27:03 de nos impôts dans les caisses de l'État.
27:05 Dépenses programmées, 491
27:07 milliards. Non mais, on parle de maîtrise
27:09 de la dépense publique, tout va bien. Il n'y a qu'en France
27:11 qu'on voit ce genre de choses, vous voyez.
27:13 Et alors, ce qui est grave aussi, c'est que les
27:15 premières dépenses dans lesquelles on sabre, le coût
27:17 de rabot, c'est de la dépense d'investissement.
27:19 Ma prime rénov', ça fait travailler les
27:21 artisans, c'est la rénovation thermique
27:23 des bâtiments, oui, c'est de la dépense utile, ça.
27:25 La dépense de fonctionnement,
27:27 en revanche, ça, on n'y touche pas. C'était ce que
27:29 je vous disais sur la masse salariale de l'État
27:31 qui continue de grimper, etc.
27:33 Ajoutons que 40% de notre budget,
27:35 chaque année, en fait, on ne peut pratiquement pas y toucher.
27:37 Pourquoi ? Parce qu'il est logé dans ce qu'on appelle
27:39 des lois de programmation, qui sont
27:41 formées sur 4-5 ans, donc
27:43 lois de programmation militaire, de la justice,
27:45 énergie, climat, etc. Et puis,
27:47 il y a tout ce qui s'ajoute en cours d'année. Je vous ai
27:49 donné l'exemple des agriculteurs, 400 millions d'euros,
27:51 on a eu l'hôpital, depuis l'année,
27:53 un demi-milliard supplémentaire, et puis, vous l'avez
27:55 dit, l'Ukraine, 3 milliards
27:57 d'euros. Donc, d'un côté, 10 milliards
27:59 d'euros d'économie, de l'autre, 3 milliards pour l'Ukraine,
28:01 c'est un peu contradictoire.
28:03 - Mais ne soyons pas lâches, a dit le chef
28:05 de l'État. - L'esprit de défaite,
28:07 c'est donc pas l'esprit de défaite.
28:09 - Merci beaucoup, mon cher Dimitri.
28:11 Voici l'autre affiche qui fait beaucoup parler
28:13 ce soir. Certains la décrivent
28:15 comme l'affiche de la honte. Pourquoi ?
28:17 Vous me direz si c'est vraiment l'affiche
28:19 de la honte. On peut comprendre quand même ce parallèle
28:21 entre Simone Veil et Mathilde Panot,
28:23 qui est réalisée par la députée LFI
28:25 le jour de l'inscription de l'IVG
28:27 dans la Constitution, comme un peu la
28:29 droite ligne de la politique de Simone Veil. En quoi
28:31 cette affiche est-elle gênante ?
28:33 Pourquoi est-ce qu'elle fait parler autant ?
28:35 - Parce qu'on l'a fait ! C'est extraordinaire,
28:37 regardez. Et alors, déjà,
28:39 si l'on fixe le visage,
28:41 on voit Simone Veil
28:43 à la tribune, devant le micro,
28:45 dans une élégance
28:47 et je dirais
28:49 une dignité incroyable.
28:51 Et puis face à elle, on a
28:53 en tenue presque révolutionnaire
28:55 l'écharpe.
28:57 - L'élu.
28:59 - Bleu-blanc-rouge,
29:01 la tenue pas spécialement soignée,
29:03 les cheveux en arrière,
29:05 et alors le sourire, regardez,
29:07 ce sourire,
29:09 soit c'est un sourire de contentement,
29:11 on l'a fait, soit il y a un côté un peu
29:13 narquois. Mais alors ce qui est extraordinaire
29:15 dans l'usurpation, parce qu'on peut
29:17 quand même utiliser ce terme,
29:19 pourquoi ? Parce que ça devient
29:21 pour les FIST
29:23 la loi Panot.
29:25 C'est carrément la loi Panot. Ah oui, on va mettre
29:27 un panot, à moins qu'ils sachent pas
29:29 écrire vraiment le mot.
29:31 C'est possible aussi, ils sont pas tous
29:33 d'un grand niveau. Et puis
29:35 il y a le tweet
29:37 qui accompagne l'affiche. N'oubliez pas,
29:39 on aperçoit là l'IVG.
29:41 Vous voyez ce qui
29:43 est marqué ? L'IVG, mon corps,
29:45 mon choix. C'est pas
29:47 tout à fait la philosophie
29:49 de Simone Veil.
29:51 Je vais utiliser un terme de Matthieu,
29:53 j'y reviendrai. Non,
29:55 il faut savoir quand même, à part ses classiques.
29:57 Alors, nous avons
29:59 le tweet, ce
30:01 vote historique a été
30:03 arraché par notre
30:05 victoire parlementaire.
30:07 Arraché ! Quelle victoire !
30:09 Il l'a évoqué d'ailleurs, Matthieu, ces
30:11 deux derniers jours. Eh oui, on était
30:13 là, il y avait un tel suspense,
30:15 on se demandait même si ça allait pouvoir
30:17 être emporté, on
30:19 tremblait. Et il a fallu
30:21 que LFI
30:23 se déploie, est une énergie
30:25 phénoménale des arguments,
30:27 pour emporter la victoire, car ce sont
30:29 eux qui emportent la
30:31 victoire. L'adolescent
30:33 ressemble à l'adulte,
30:35 eh bien c'est un peu ce que
30:37 fait notre
30:39 Mathilde Panot,
30:41 qui regarde
30:43 notre Mme Veil
30:45 et qui veut lui ressembler.
30:47 C'est un rêve d'adolescente.
30:49 Alors maintenant, il nous faut
30:51 reprendre quelques termes
30:53 employés hier à Versailles.
30:55 Dans le temps de parole qu'il était
30:57 le sien. L'histoire du féminisme
30:59 est l'histoire de ce
31:01 devenir indéterminé, où
31:03 chacune se fait sujet de sa propre
31:05 existence. Vous reliez
31:07 le droit à l'avortement
31:09 à un carrefour de l'intime
31:11 et du politique, c'est la condition
31:13 fondamentale de toutes les libertés,
31:15 la condition de notre égalité
31:17 réelle à construire
31:19 avec les hommes. J'y reviendrai dans un instant
31:21 décidément. Mais
31:23 si l'on prend les propos dans le
31:25 livre, dans l'autobiographie
31:27 écrite. J'ai relu l'autobiographie
31:29 "Ma vie" de
31:31 Simone Veil. Elle dit
31:33 "La contraception, c'est
31:35 la liberté et la maîtrise
31:37 de leur corps."
31:39 Parlons des femmes. "L'avortement
31:41 ne soustrait pas les femmes
31:43 à l'autorité des hommes."
31:45 Alors là, on revient à
31:47 l'égalité réelle, telle
31:49 que l'envisage Mathilde
31:51 Pannot. Mais jamais un
31:53 homme ne connaîtra les
31:55 turpitudes de la découverte
31:57 d'une
31:59 grossesse
32:01 non désirée. Soudain,
32:03 la femme qui se retrouve
32:05 placée
32:07 devant une angoisse,
32:09 souvent la
32:11 solitude, que va-t-elle
32:13 faire ? Cette image
32:15 terrifiante du déclassement
32:17 social de celle qui devient
32:19 mère célibataire.
32:21 Et puis, que faire ?
32:23 On n'est pas là dans
32:25 une liberté. On est
32:27 éventuellement dans un
32:29 pisalé. C'est-à-dire que
32:31 la liberté, c'est quoi ?
32:33 La liberté, c'est de pouvoir jouir
32:35 de quelque chose de nouveau. On la vit
32:37 en allégresse, en légèreté,
32:39 en insouciance. C'est
32:41 extraordinaire, la liberté ! On en
32:43 rêve tous ! C'est quelque chose en plus.
32:45 Là, c'est pas quelque chose en plus.
32:47 C'est comment éviter un
32:49 désespoir, comment ne
32:51 pas tomber dans le drame.
32:53 Il faut savoir utiliser
32:55 les mots quand on est dans
32:57 ce statut
32:59 de représentant du peuple.
33:01 On ne peut pas, comme ça,
33:03 eh bien, souiller
33:05 le mot "liberté",
33:07 lui enlever tout son sens
33:09 comme le mot "égalité"
33:11 avec les hommes. Quel homme
33:13 se retrouva dans ces situations
33:15 telles que je les ai
33:17 détaillées très grossièrement.
33:19 L'acte de vivre.
33:21 Alors, l'avortement,
33:23 non, ce n'est pas une liberté.
33:25 Rappelons ce qui s'est passé pour
33:27 Simone Veil. Là, c'était
33:29 une véritable lutte.
33:31 L'année précédente,
33:33 alors que le président Pompidou était
33:35 encore vivant,
33:37 le ministre
33:39 de la Justice, le garde des Sceaux,
33:41 M. Tétinger, avait proposé une loi
33:43 qui était très restrictive
33:45 dans les cas les plus difficiles,
33:47 par exemple, victime d'un viol,
33:49 où le fœtus avait
33:51 de fortes probabilités
33:53 de naître avec
33:55 des malformations.
33:57 Dans ces cas-là seulement,
33:59 l'avortement était envisagé.
34:01 Les députés avaient dit non.
34:03 Eh bien,
34:05 Simone Veil reprend le dossier.
34:07 Et il va lui falloir
34:09 convaincre les uns et les autres.
34:11 Alors,
34:13 elle se détourne des institutions,
34:15 elle rencontre les médecins. Il faut savoir que
34:17 l'ordre des médecins et son président
34:19 disaient jamais ! Il n'y aura
34:21 pas cette autorisation,
34:23 il n'y aura pas cet appel au crime,
34:25 en quelque sorte. Mais en revanche,
34:27 quand elle rencontre les médecins, ils lui disent quoi ?
34:29 Dans le quotidien, même ceux qui ont une conviction
34:31 religieuse, ils connaissent
34:33 les drames. Celles qui
34:35 se soumettent à
34:37 ces faiseuses d'anges.
34:39 Il dit, par exemple,
34:41 quand je rencontre le docteur Berger
34:43 qui s'occupe de la commission sociale
34:45 à l'Assemblée, il est de Bourgogne
34:47 et il me fait part de
34:49 l'horreur. Tous les vendredis soirs,
34:51 il y a un départ de
34:53 Paris dans des cars
34:55 pour celles qui espèrent pouvoir
34:57 ne pas tomber dans ce
34:59 drame de la salutude et
35:01 dans l'horreur, cette meurtrissure
35:03 de corps. Non, ce n'est pas
35:05 une liberté, c'est comment
35:07 échapper au drame.
35:09 Il lui faudra jusqu'à la dernière seconde
35:11 lutter, passer
35:13 d'une
35:15 autorité à l'autre. L'Église est
35:17 plutôt bienveillante à l'époque. Les
35:19 protestants également sont plutôt
35:21 bienveillants et elle
35:23 réussit à obtenir cette victoire
35:25 avec
35:27 284 voix,
35:29 largement au-dessus des
35:31 189 de ceux qui votent
35:33 contre. Mais vous voyez, on est bien dans l'usurpation.
35:35 On est bien
35:37 dans l'indignité telle que le fils
35:39 de Mme Simone Veil
35:41 l'a signifié par tweet.
35:43 - Deux femmes, deux ambiances,
35:45 deux années différentes. #Faceàl'info
35:47 Dites-nous si cette affiche
35:49 vous choque, vous également.
35:51 Et quelqu'un
35:53 dit sur les réseaux sociaux, je vous dirai qui
35:55 après, alors pourquoi ne stritons pas
35:57 également dans la Constitution l'interdiction
35:59 totale du voile islamique dans l'espace public
36:01 au nom du droit et de la liberté immuable et sacrée
36:03 des femmes. - C'est ce que j'ai dit hier,
36:05 en conclusion dans l'édito.
36:07 - C'est Jean Messiaen qui l'a dit sur les
36:09 réseaux sociaux. Charlotte, on va s'arrêter
36:11 un peu sur une information
36:13 dont personne ne parle à part le Parisien.
36:15 Alors, tout le monde a les yeux
36:17 tournés vers Paris. Où les JO ?
36:19 Où ça sera beau ? Où 326 000 ?
36:21 Où l'affiche elle est belle ? D'ailleurs on fera un tour de table sur l'affiche
36:23 encore dans un instant. Mais
36:25 les rues de Paris zooment
36:27 sur un... Montrez-nous la
36:29 carte. Zoom sur une partie
36:31 de Paris. Un quartier
36:33 particulièrement.
36:35 A la même mise afghane
36:37 sur le...
36:39 le quartier Max Dormois dans le
36:41 18ème arrondissement de Paris.
36:43 Quelle est l'inquiétude réelle des
36:45 autorités sur place dont parle le Parisien ?
36:47 - Alors, dans le dossier du Parisien
36:49 il y a deux sujets vraiment
36:51 qui sont abordés à partir
36:53 de cette présence afghane dans le 18ème
36:55 arrondissement. Il y a un, la question du
36:57 rachat de tous les commerces
36:59 qui sont dans le...
37:01 localement dans ces rues-là. Et le rachat
37:03 avec suspicion de blanchiment évidemment.
37:05 C'est pas le rachat des commerces en soi. Mais c'est la
37:07 manière dont ils sont rachetés et la manière
37:09 galopante avec laquelle ils sont rachetés par la communauté
37:11 notamment afghane.
37:13 Et le deuxième sujet qui est abordé, c'est
37:15 le trafic de cigarettes et la guerre de
37:17 territoire qui se joue sur le trafic
37:19 un peu en tous genres. Le trafic de cigarettes
37:21 étant le premier, mais on voit un peu toutes sortes
37:23 de choses. Et qui a été
37:25 gagné, puisqu'il s'agit, ils parlent eux-mêmes
37:27 de guerre de territoire. Et cette guerre-là
37:29 a été également gagnée
37:31 par ces mêmes afghans.
37:33 Qui ensuite embauchent de manière assez large
37:35 dans les différentes
37:37 communautés qui habitent
37:39 à proximité de cet endroit.
37:41 Sur la question du rachat
37:43 de ces commerces,
37:45 alors il y a plusieurs communautés qui sont
37:47 présentes dans les commerces du quartier.
37:49 Le personnel, lui, est massivement
37:51 afghan.
37:53 Et ils sont généralement arrivés, tous,
37:55 avant l'arrivée, le retour
37:57 des talibans à Kaboul
37:59 en 2021. Donc ce sont des gens,
38:01 des afghans, qui étaient présents
38:03 avant l'arrivée des talibans. Donc c'est pas une question
38:05 de réfugiés récents.
38:07 Et au gré des vagues migratoires, nous indiquent
38:09 les journalistes du Parisien, donc, ces commerces
38:11 sont passés sous pavillons indo-pakistanais,
38:13 puis maghrébins, puis subsahariens
38:15 et désormais afghans. Alors c'est
38:17 une réalité qu'on dissimule habituellement
38:19 derrière l'appellation "populaire". Vous savez, "quartier populaire".
38:21 Bon ben là, dans le détail, le quartier
38:23 populaire, c'est pavillons, indo-pakistanais,
38:25 maghrébins, subsahariens, désormais
38:27 afghans. Donc vous voyez qu'il y a un rassemblement...
38:29 - Et l'un chasse l'autre. - Comment ? - Et l'un chasse l'autre.
38:31 - Et l'un chasse l'autre. Et vous allez voir qu'ils chassent...
38:33 ils chassent l'autre. C'est relativement
38:35 violent. Et depuis le confinement,
38:37 donc en 2020, les rachats
38:39 ont commencé jusqu'à éveiller les soupçons des
38:41 autorités. Alors, le parquet ne
38:43 communique pas sur les affaires en cours, puisqu'il y a
38:45 notamment deux commerces. On parle de sommes
38:47 de 200 à 400 000 euros, qui sont
38:49 un peu intraçables pour racheter ces commerces-là.
38:51 Et plusieurs rachats sont dans le viseur,
38:53 notamment en raison de l'argent liquide qui est
38:55 impliqué. Et surtout que ces biens sont
38:57 de manière générale achetés au-dessus
38:59 de leur prix, ce qui éveille évidemment
39:01 toujours les soupçons, surtout quand vous avez une partie
39:03 qui est payée en liquide.
39:05 D'autant que les marchands de sommeil sont extrêmement...
39:07 Enfin, là, c'est moi qui rajoute ça, mais les marchands de sommeil
39:09 sont extrêmement connus dans le quartier, et que vous avez des
39:11 personnes qui payent 20 euros en
39:13 liquide pour être entassées dans des
39:15 appartements, je dirais évidemment,
39:17 par les mêmes personnes qui sont
39:19 en l'occurrence recherchées. Alors, c'est le lien
39:21 avec le deuxième sujet, c'est
39:23 qu'en fin d'après-midi dans ces rues,
39:25 vous avez des Afghans qui, eux, sont arrivés
39:27 depuis 2021,
39:29 pour certains,
39:31 fuient les talibans, pour d'autres profiter
39:33 de l'arrivée des talibans, puisque vous allez voir que
39:35 sur les questions d'accueil
39:37 migratoire, certains en profitent
39:39 en effet, et eux se massent dans
39:41 les rues pour vendre des cigarettes de contrebande.
39:43 Et alors, que devient cet argent ?
39:45 Il est évidemment
39:47 blanchi quelque part, puisque cet argent
39:49 est bien recyclé, et donc le soupçon,
39:51 c'est qu'il soit blanchi précisément dans l'achat
39:53 des commerces, qui sont
39:55 pour certains, désertés de tout client
39:57 sur une année entière. C'est-à-dire qu'il y a
39:59 des habitants qui disent "mais on passe devant,
40:01 il y a des Afghans partout qui vendent les cigarettes, les machins,
40:03 il n'y a pas une personne, il n'y a pas un client
40:05 qui rentre dans ces commerces".
40:07 - Incroyable. - Et qu'est-ce qui a changé
40:09 ces derniers... Bah oui, alors d'abord,
40:11 au passage, notons pour tous ceux
40:13 qui veulent dépénaliser le cannabis
40:15 pour régler le trafic, que le cigarette
40:17 s'est dépénalisé depuis un petit bout de temps, ça n'empêche pas le trafic.
40:19 Je referme la parenthèse.
40:21 Qu'est-ce qui a changé ces derniers mois ? Alors c'est Laurent Nunez,
40:23 préfet de police de Paris, qui donne la réponse.
40:25 Il dit "la rue Marx
40:27 d'Ormois a été inscrite il y a une
40:29 quinzaine de jours dans le plan "Place nette",
40:31 ses opérations de sécurisation et de judiciarisation
40:33 mises en place dans le cadre des Jeux
40:35 Olympiques". Donc ça, c'est ce qui a changé,
40:37 et c'est la raison notamment pour laquelle on en parle,
40:39 c'est qu'ils ont identifié des places
40:41 qui devaient devenir nettes
40:43 pour les Jeux Olympiques, et les
40:45 habitants qui réclament
40:47 un tout petit peu de tranquillité depuis des années,
40:49 ils doivent être ravis, eux, d'accueillir les JO pour
40:51 des raisons tout autres que des raisons sportives.
40:53 Et parce qu'au-delà du trafic,
40:55 évidemment, c'est les témoignages
40:57 des habitants qui sont
40:59 stupéfiants. Ils décrivent d'abord une ambiance
41:01 100% communautaire,
41:03 100% masculine. Alors évidemment,
41:05 on se demande qui a fui exactement les talibans,
41:07 puisque dans le discours, vous savez, on se dit
41:09 les talibans pèsent en premier lieu sur les
41:11 femmes, et dans les faits, on voit des
41:13 hommes de 25-26 ans
41:15 qui sont ni avec des
41:17 femmes ni avec des enfants, pour la plupart,
41:19 d'entre eux, et le maire adjoint à la Sécurité
41:21 de répondre tout
41:23 simplement qu'il faut, devant ce spectacle-là,
41:25 qu'il faut, je cite,
41:27 "travailler à leur intégration dans le quartier".
41:29 Donc c'est, voilà, la phrase
41:31 qui dit "il faut travailler à leur intégration".
41:33 - Vas-y, vas-y.
41:35 *Musique*
41:39 - Où sont les femmes ?
41:41 - Elles sont pas marques d'ormandes.
41:43 - Non, mais c'est intéressant, ce que vous
41:45 dites, parce qu'on voit des ruies qui sont
41:47 passées sous pavillons afghans,
41:49 alors que ce sont les femmes qui
41:51 sont en difficulté en Afghanistan
41:53 et qu'elles ne sont pas présentes en France.
41:55 - Souvent, en plus, elles servent de caution,
41:57 on va dire, à l'acceptation
41:59 de nouvelles vagues migratoires, et honnêtement,
42:01 que celui qui a des yeux et qui le voit...
42:03 - Merci, merci pour la musique.
42:05 - Toutes les images
42:07 qui arrivent, bon, les femmes, on les cherche.
42:09 - Alors, n'est-ce pas, en effet,
42:11 la solution, Charlotte,
42:13 vous disiez que le maire adjoint en charge
42:15 de la sécurité, de répondre qu'il faut travailler à leur
42:17 intégration dans le quartier, est-ce que c'est pas ça,
42:19 la solution ? Permettre une intégration
42:21 qui casse ce repli sur soi
42:23 que l'on observe, que dénoncent
42:25 justement les habitants qui subissent
42:27 une situation de trafic permanent.
42:29 - Oui, parce que pendant que certains accusent les Français
42:31 qui s'inquiètent de l'ampleur
42:33 de l'immigration de replis sur soi, les habitants, eux,
42:35 constatent un repli sur soi qui n'est pas leur,
42:37 en l'occurrence, et qui est celui
42:39 de populations qui se succèdent
42:41 et avec qui ils n'ont aucune autre
42:43 interaction que la peur, c'est aussi simple
42:45 que ça, en l'occurrence. Et par ailleurs,
42:47 là, dans la description du quartier, la première
42:49 question qu'on a envie de poser à ce maire adjoint,
42:51 c'est intégration à quoi
42:53 exactement, à qui ? Parce que quand on voit
42:55 les vagues successives et la manière dont ils ont
42:57 la main mise sur le quartier,
42:59 et par quels moyens
43:01 veut-il intégrer des personnes qui se regroupent
43:03 en communauté, et qui, en l'occurrence,
43:05 au-delà de la question du blanchiment
43:07 d'argent et du trafic de cigarettes, même dans la
43:09 manière de vivre, vous le disiez, ils sont passés
43:11 sous pavillons afghans, les journalistes décrivent
43:13 tout simplement des drapeaux afghans qui sont
43:15 mis dans tous ces commerces-là, un peu
43:17 partout. Donc il y a une affirmation,
43:19 on va dire, identitaire, qui est extrêmement claire,
43:21 et une reconstitution
43:23 de la société d'origine
43:25 avec tous ces codes culturels.
43:27 Ce n'est pas un mal en soi, la société
43:29 et les codes culturels afghans, simplement,
43:31 quand ça s'installe à
43:33 Marx, Dormois, ce n'est plus la France, ça c'est sûr et certain,
43:35 qui est plébiscité.
43:37 Et ce que racontent les habitants et les
43:39 policiers, c'est en effet cette
43:41 main mise qui concerne tout.
43:43 C'est-à-dire qu'il y a un commerce
43:45 qui est illégal, en l'occurrence,
43:47 qui est installé de longue date, et qui
43:49 est récupéré par les Afghans, à la suite, je
43:51 cite les habitants,
43:53 et les policiers, d'une guerre de
43:55 territoire. Alors vous avez un commerçant qui
43:57 explique qu'avant, il y a quelques années, c'était donc
43:59 les maghrébins qui tenaient, notamment
44:01 certains de ces vendeurs
44:03 à la sauvette, etc., plus les commerces.
44:05 Et alors, je cite le commerçant,
44:07 "Ils les ont repoussés
44:09 vers leur fief de Barbès",
44:11 donc à Barbès, vous avez le fief
44:13 maghrébin, et ça a commencé
44:15 il y a quelques années, ce n'était pas des bagarres, mais
44:17 des batailles rangées, ils ont conquis
44:19 le territoire par la force.
44:21 Moi, je veux bien qu'on essaie de se féliciter
44:23 pour des victoires et des batailles
44:25 qui ne
44:27 coûtent rien à personne, jamais,
44:29 mais là, en l'occurrence, il y a une menace très claire,
44:31 qui empêche de vivre les habitants,
44:33 qui les empêche de sortir de chez eux, et en
44:35 particulier les femmes, parce que ce sont évidemment
44:37 les plus inquiètes de la situation.
44:39 Et par ailleurs, la police, et ça, elle le décrit
44:41 elle-même, saisit le matériel, quand ils arrivent à
44:43 attraper des vendeurs à la sauvette, ils laissent
44:45 systématiquement, enfin, pas systématiquement, ça dépend si
44:47 c'est place nette ou pas, mais repartir les vendeurs
44:49 parce que vous n'avez
44:51 impossibilité de tracer, impossibilité de
44:53 gérer la situation migratoire
44:55 de ces personnes, et les maîtres d'oeuvre
44:57 de ces trafics illégaux sont évidemment ravis
44:59 eux aussi, d'accueillir une main
45:01 d'oeuvre qui, d'abord, n'est pas chère,
45:03 qui échappe complètement au radar, et donc
45:05 qui est sous leur coupe, absolument.
45:07 Donc quand on nous explique que c'est notre honneur
45:09 d'accueillir ces personnes, je ne sais pas très bien
45:11 où se niche l'honneur des personnes qui nous disent ça.
45:13 - Quelle est la maîtrise,
45:15 la connaissance, et la réalité
45:17 de cette immigration,
45:19 puisqu'il y a ce sujet-là, qui est évidemment
45:21 présent dans ces trafics ?
45:23 - Il y a quelques temps, il y avait un reporter,
45:25 c'est pour le ZDD, qui était parti
45:27 à Marc Dormoy, pour demander
45:29 à ces Afghans quelle était leur situation
45:31 migratoire, quand est-ce qu'ils étaient arrivés,
45:33 par quel biais, et quel était leur parcours.
45:35 Et alors, on avait d'abord,
45:37 il faut savoir que pendant les cinq
45:39 années qu'ont précédé la prise, la reprise de pouvoir
45:41 des talibans à Kaboul, les cinq années
45:43 qui ont précédé, les Afghans
45:45 c'était le premier pays de provenance
45:47 dans les demandes d'asile.
45:49 Ce n'est pas l'arrivée des talibans au pouvoir qui a
45:51 invoqué cette vague d'immigration.
45:53 Or, en l'occurrence, eux répondaient que c'était
45:55 un moyen de tenter leur chance, notamment sur le terrain
45:57 économique, tout simplement. Et ça, ça n'a pas
45:59 changé pour certains d'entre eux.
46:01 Par ailleurs, désormais, il n'y a plus aucune relation diplomatique
46:03 sur ce terrain-là,
46:05 entre Paris et Kaboul, donc qu'il soit
46:07 accepté ou non au droit d'asile,
46:09 personne n'est expulsé vers un pays
46:11 non seulement en guerre, et en plus avec qui on n'a pas de relation
46:13 diplomatique, les fameux laissés-passés consulaires
46:15 sont difficiles à obtenir quand vous n'avez pas de relation.
46:17 - Donc zéro expulsion.
46:19 - Voilà, donc il n'y a pas d'expulsion vers ce pays-là.
46:21 Et la communauté dépassait
46:23 les 100 000 individus avant 2021.
46:25 Et là, évidemment,
46:27 le pays de provenance se poursuit.
46:29 Et on a un assistant social qui nous dit
46:31 "les migrants afghans sont très jeunes,
46:33 25-26 ans en moyenne, ce que je vous disais",
46:35 et lui raconte. Il raconte,
46:37 donc il travaille avec eux, il dit "l'histoire type
46:39 est celle d'un afghan qui refuse de collaborer
46:41 avec les talibans, qui se fait menacer
46:43 puis qui se résout à l'exil.
46:45 Est-ce seulement vrai ?", il pose la question.
46:47 Et il dit "dans la plupart des cas, sans doute pas,
46:49 mais c'est impossible à vérifier".
46:51 Et les femmes se font extrêmement
46:53 rares, et c'est pourtant
46:55 elles qui servent d'exemple, par exemple,
46:57 à la Cour nationale du droit d'asile, qui les considère
46:59 désormais comme un groupe social en danger.
47:01 Alors avec les talibans, le groupe social en danger,
47:03 on n'a pas de problème à le comprendre,
47:05 mais le fait est que ce ne sont pas leurs dossiers qui passent.
47:07 Et alors le truc le plus magnifique,
47:09 c'est qu'il y a un nouveau critère jurisprudential
47:11 en l'occurrence qui fait débat à la Cour nationale du droit d'asile
47:13 qui s'appelle l'occidentalisation.
47:15 En gros, au moment où on se dit
47:17 "un tel est débouté, est-ce qu'on le renvoie ou pas ?"
47:19 si un jour on se pose la question de pouvoir renvoyer en Afghanistan,
47:21 eh bien, s'il y a
47:23 occidentalisation de la personne,
47:25 on se dit donc qu'il va être considéré comme un mécréant
47:27 en rentrant chez lui, et potentiellement menacé de mort.
47:29 Et que nous dit le même
47:31 assistant social qui travaille auprès d'eux ?
47:33 Il dit "par stratégie", ouvrez les guillemets, je cite,
47:35 "par stratégie, j'envoie les demandeurs d'asile au musée d'Orsay
47:37 se photographier devant des œuvres
47:39 de femmes nues", ce qui peut
47:41 prouver une occidentalisation devant la Cour nationale
47:43 du droit d'asile, si besoin était,
47:45 un peu plus tard. - Incroyable.
47:47 - Vous voyez que, au-delà d'histoires personnelles
47:49 qui peuvent être ici ou là
47:51 complètement réelles par rapport à la menace,
47:53 vous avez aussi beaucoup de gens qui en profitent.
47:55 - Merci beaucoup Charlotte Dornelas
47:57 pour ce zoom sur
47:59 Paris, juste avant
48:01 les JO. On va
48:03 se faufiler comme ça dans les rues de Paris.
48:05 Maintenant, le tour de table tant promis
48:07 et tant attendu, parce qu'on vous a entendues sur
48:09 l'affiche des JO, et
48:11 on commence par vous Dimitri, ensuite Marc,
48:13 on ne vous a pas encore entendues sur cette affiche. Alors je disais
48:15 que, je me fais remonter les bretelles,
48:17 oui Christine, vous avez promis de nous dire pourquoi
48:19 la croix était sur le dôme.
48:21 Moi, je me suis renseignée
48:23 et je crois que la croix est sur le
48:25 dôme des Invalides, je parle sous votre contrôle,
48:27 Marc Menand, elle a été placée
48:29 notamment pour rendre
48:31 hommage aux soldats chrétiens qui ont été enterrés
48:33 dans le lieu. - Oui mais c'est aussi
48:35 l'église Sainte Geneviève
48:37 précédemment, c'est-à-dire que c'était une église
48:39 et ça devient
48:41 le Panthéon, mais le
48:43 lieu était d'abord religieux. - C'est les Invalides là.
48:45 - Ah pardon, excusez-moi !
48:47 Excusez-moi ! - C'est vrai qu'il y a aussi
48:49 une phrase au bord du Panthéon.
48:51 - Excusez-moi, c'est tellement dessiné, j'avais même pas vu.
48:53 - Donc là, on reparle, pardonnez-moi
48:55 si j'ai pas été claire, de cette affiche des JO
48:57 avec le dôme des
48:59 Invalides, où la
49:01 croix a été remplacée
49:03 par une flèche. Et la question
49:05 c'est pourquoi le dessinateur
49:07 Hugo Gattoni,
49:09 connu pour sa spécialité, sa particularité
49:11 c'est le souci du détail,
49:13 a omis de
49:15 mettre la croix ? Marc Menon.
49:17 Et est-ce que vous êtes choqué ? - Ah non mais là
49:19 c'est l'ensemble qui est choquant.
49:21 Parce que tout à l'heure, Mathieu disait
49:23 Walt Disney, là c'est pas Walt Disney,
49:25 c'est Las Vegas ! C'est le
49:27 mauvais goût de Las Vegas !
49:29 Et quand vous voyez l'affiche, vous n'avez
49:31 pas du tout l'impression qu'il y a
49:33 même une sorte de caricature
49:35 de Paris !
49:37 Où sont...
49:39 On en revient par exemple, Notre-Dame.
49:41 Notre-Dame c'est un sacré symbole. Il n'y a
49:43 pas de Notre-Dame.
49:45 Le côté religieux...
49:47 - Il n'y a pas de rat non plus.
49:49 - Non mais regardez
49:51 la tour Eiffel. Moi à Las Vegas
49:53 j'ai vu la même tour Eiffel s'ériger
49:55 il y a 25 ans, dans la cour
49:57 d'un hôtel. C'est cette tour Eiffel
49:59 là. Mais ça n'a rien à voir.
50:01 Où Paris émerge,
50:03 le symbole même de Paris,
50:05 c'est l'une des villes les plus caractéristiques
50:07 qui soit dans le monde.
50:09 On a une idée partout
50:11 de ce que peut représenter Paris.
50:13 Là c'est n'importe quoi !
50:15 - C'est aussi la liberté
50:17 de l'artiste ?
50:19 - Non mais ça on s'en...
50:21 - Le déni de l'artiste.
50:23 - Un artiste fait ce qu'il veut, en l'occurrence
50:25 le proclamation n'est pas là. C'est qu'il doit
50:27 servir pour
50:29 appeler, célébrer
50:31 un événement. Et à Rio,
50:33 aux Jeux Olympiques de Rio,
50:35 il y avait le grand Christ qui figurait.
50:37 Donc c'est pas une question de religion.
50:39 - Alors justement, pendant que vous parlez
50:41 des autres affiches des JO,
50:43 des années
50:45 qui sont passées,
50:47 et je me tourne aussi vers vous
50:49 Dimitri, est-ce que
50:51 pour vous c'est choquant ?
50:53 C'est un détail ou pas
50:55 justement cette croix qui a été
50:57 remplacée par une flèche ?
50:59 - Ecoutez, je vais vous lire la défense,
51:01 parole à la défense, d'Hugo Gattoni,
51:03 artiste, qui a réagi tardivement
51:05 dans l'après-midi face à la montée de la polémique
51:07 et il dit
51:09 "à travers mon dessin
51:11 des affiches, je ne cherche pas à représenter
51:13 les objets ou bâtiments de manière conforme,
51:15 je les évoque tels qu'ils m'apparaissent à l'esprit
51:17 et sans arrière-pensée.
51:19 Je ne cherche pas à ce qu'ils soient fidèles à l'original
51:21 mais plutôt qu'on puisse se figurer en un clin d'œil
51:23 de quoi il s'agit tout en le projetant
51:25 dans un univers surréaliste et festif."
51:27 Bon, écoutez, moi je veux bien
51:29 je trouve que le dessin
51:31 est, voilà,
51:33 un peu bubble, un peu pop, etc.
51:35 Mais évidemment je pense
51:37 qu'il y a une volonté d'effacement.
51:39 Cette croix le gennait parce qu'il s'est dit
51:41 "on va m'attaquer pour la représentation d'un signe religieux,
51:43 mieux vaut tout effacer." Alors on pourrait se dire
51:45 "bon, il laïcise la représentation
51:47 de Paris". Très bien, mais dans ce cas-là
51:49 pourquoi cette obsession du détail
51:51 par exemple dans la figuration des Invalides,
51:53 vous avez montré tout à l'heure le toit,
51:55 donc on le reconnaît absolument.
51:57 Et puis, attention, là vous nous montrez les affiches
51:59 officielles. Mais vous savez,
52:01 l'histoire de ce dessin,
52:03 elle est à écrire. Parce qu'aujourd'hui,
52:05 on se barricade
52:07 du côté du Cojo, du côté
52:09 des organisateurs des Jeux,
52:11 sur comment on arrive à ce dessin.
52:13 C'est pas l'affiche officielle.
52:15 C'est pas l'affiche officielle de Paris 2024,
52:17 ça, si vous voyez, c'est quelque chose d'en plus.
52:19 Et alors, bon, j'attends de savoir l'histoire.
52:21 Elle va sortir, elle sortira.
52:23 Je vais vous montrer un tweet, pour laisser parler Charlotte,
52:25 peut-être sur ce sujet, un tweet de Paris 2024,
52:27 "Une image vaut mille mots".
52:29 Voici les deux affiches officielles pour les Jeux.
52:31 "Une image vaut mille mots". Et je vais vous montrer aussi
52:33 Paris Miniature. Je sais pas si vous êtes déjà
52:35 baladés dans Paris Miniature, c'est formidable
52:37 à côté de Paris. - France Miniature.
52:39 - France Miniature, pardon. - Du côté de Trappes, c'est ça ?
52:41 - Exactement. - Oh oui, il y a la croix.
52:43 - Et il y a la croix. Et oui, il y a la croix.
52:45 C'est moi qui ai pris cette photo. Et pour montrer
52:47 qu'ils auraient pu aussi effacer la croix.
52:49 Donc en général, lorsqu'on représente,
52:51 on garde la croix, Charlotte. Vous aussi, ça vous choque ou pas ?
52:53 Ou bien comme dit Presqu'Athènes,
52:55 "Oh, c'est un dessin, ça va".
52:57 - "C'est un dessin, ça va", j'adore.
52:59 Non mais en effet, il a un sens du détail
53:01 qui est absolument incroyable.
53:03 On a les arabesques et les dessins au millimètre près
53:05 sur son dessin. Mais en effet, les colonnes
53:07 ne sont pas violettes. Il aurait pu prendre ça
53:09 comme argumentaire.
53:11 La chose que je trouve, vous savez,
53:13 dans cette volonté d'effacement,
53:15 parce que c'est pas seulement ici qu'on la trouve,
53:17 si c'était la première fois, on pourrait se dire, oui, d'accord,
53:19 c'est quand même assez régulièrement
53:21 qu'il y a cette tentative d'effacement.
53:23 Et il y a toujours, au bout d'un moment, quelque chose de grotesque
53:25 encore plus que totalitaire.
53:27 C'est-à-dire, c'est un totalitarisme ridicule.
53:29 Et là, il ne prend pas... Ce n'est pas les Invalides,
53:31 c'est une cathédrale, en l'occurrence.
53:33 C'est Saint-Louis des Invalides. C'est pour ça
53:35 qu'il y a une croix au sommet.
53:37 Il choisit de dessiner précisément une cathédrale
53:39 en se disant, "Oui, mais telle que je me le représente".
53:41 Alors si pour lui, une cathédrale,
53:43 c'est sans la croix, bon, là, c'est carrément
53:45 de la culture élémentaire. Il faut recommencer, quoi.
53:47 Donc c'est beaucoup plus, je trouve ça,
53:49 significatif
53:51 dans le ridicule, en fait.
53:53 - Effectivement. Merci beaucoup pour votre regard,
53:55 Charlotte, et vous êtes déjà exprimée.
53:57 Dernier sujet. Dimanche, cette nuit,
53:59 à Pantin, dans le cadre de l'association
54:01 Parole d'honneur, une conférence qui se voulait
54:03 de soutien au peuple palestinien.
54:05 Certains propos d'une invitée, la philosophe
54:07 Judith Butler, très contestée,
54:09 se remontaient à la surface.
54:11 Elle y présente le 7 octobre comme un geste
54:13 de résistance dans une lutte armée
54:15 et refuse d'y voir un acte
54:17 antisémite. Alors, vous avez
54:19 écouté toute
54:21 la conférence. Judith Butler,
54:23 pendant 5 heures, que comprendre
54:25 d'un tel discours, un peu plus de 6 mois
54:27 après le pogrom du 7 octobre ?
54:29 - Alors, vous avez raison, 5 heures, et c'est pas que
54:31 Judith Butler, c'est toute une série de gens
54:33 qui sont là. C'était le carna...
54:35 Enfin, c'était un colloque de...
54:37 - Qui avait été interdit en décembre, d'ailleurs.
54:39 - Alors c'était pénible, franchement. Je parle des 5 heures.
54:41 Je vous laisse confesser ma douleur.
54:43 Alors, je précise, Judith Butler,
54:45 qui était là aussi.
54:47 Françoise Vergès, Michel Ciboni, Olivier Marbeuf,
54:49 des intellectuels qu'on dit généralement
54:51 indigénistes.
54:53 Il y avait aussi des gens de la France Insoumise.
54:55 Daniel Obono, Thomas Portes, Younus Omarji,
54:57 qui étaient là. Il y avait des représentants de la mouvance
54:59 Antifa, Action Antifasciste Paris-Banlieue.
55:01 Il y avait des représentants des partis anticapitalistes.
55:03 Donc, c'était véritablement
55:05 une kermesse politique
55:07 pour marquer et très, très hostile
55:09 à l'idée même d'Israël, soyons très honnêtes.
55:11 Qui est Judith Butler,
55:13 pour qu'on se fasse une idée? On parle souvent,
55:15 vous savez aujourd'hui, de la théorie du genre.
55:17 C'est la papesse de la théorie du genre.
55:19 C'est elle qui a véritablement travaillé depuis des décennies
55:21 à dynamiter l'existence même
55:23 des deux sexes,
55:25 qui cherche à dynamiter l'existence
55:27 du corps sexué en Occident.
55:29 Et elle a une influence intellectuelle immense.
55:31 - Surinomque.
55:33 - Et philosophe américaine.
55:35 - Et je vous dirais, il y a beaucoup de gens
55:37 qui, par exemple, la droite de gouvernement,
55:39 finissent sans s'en rendre compte par reprendre
55:41 les conclusions de Judith Butler, sans savoir qui la cite.
55:43 Dès que vous avez quelqu'un qui parle du genre
55:45 plutôt que du sexe, il faut le mettre dans son club.
55:47 Alors, qu'est-ce qui est intéressant ici?
55:49 C'est un extrait qui a circulé.
55:51 On va le résumer.
55:53 Elle nous dit comment qualifier le 7 octobre.
55:55 Ce n'est pas une attaque terroriste.
55:57 Ça va de soi. Ce n'est pas une attaque antisémite.
55:59 Ça va de soi non plus.
56:01 C'est pas un pogrom. Donc, qu'est-ce qu'elle nous dit?
56:03 C'est un acte de résistance armée.
56:05 Elle dit ça. C'est un terme consensuel.
56:07 Ensuite, elle nous dit, on peut être d'accord
56:09 ou non avec la résistance armée,
56:11 mais ce terme est le seul objectif
56:13 pour décrire ce qui s'est passé.
56:15 Donc, vous comprenez,
56:17 elle dit qu'il y a une structure de pouvoir,
56:19 une structure d'oppression en Israël
56:21 qui pèse sur les Palestiniens.
56:23 Et ce qui se passe le 7 octobre, ce n'est rien d'autre
56:25 qu'un acte de résistance, d'un soulèvement
56:27 contre une structure de pouvoir associée
56:29 au dernier État colonial dans le monde.
56:31 Ça, c'est le discours qui est tenu.
56:33 Donc, c'est un discours de légitimation
56:35 de la violence. Elle n'est pas nécessaire
56:37 en toutes circonstances, nous dit-elle,
56:39 mais elle est légitime lorsque les Palestiniens,
56:41 dit-elle, en font usage. Autre chose,
56:43 que pensait, pour qu'on lui pose la question,
56:45 vous savez, les viols des femmes en Israël?
56:47 Très rapidement,
56:49 elle balayait la question. On verra s'il y a des preuves,
56:51 mais pour l'essentiel, les véritables violences
56:53 faites aux femmes, le véritable féminicide,
56:55 tout ça, c'est à Gaza
56:57 qu'on le connaît aujourd'hui.
56:59 Donc, la véritable violence faite aux femmes,
57:01 c'est à Gaza. En Israël,
57:03 finalement, il ne s'est rien passé,
57:05 sinon les abus propres à la guerre.
57:07 Le véritable scandale se passe aujourd'hui
57:09 à Gaza, nous dit-elle, sous l'applaudissement
57:11 de la salle.
57:13 - Alors que l'ONU a reconnu aujourd'hui.
57:15 - En effet.
57:17 - Faites-vous un lien, Mathieu Bocote,
57:19 entre les différentes positions
57:21 de cette philosophe?
57:23 - Oui, vous avez raison de le mentionner.
57:25 Il y a des liens à faire entre tout ça.
57:27 En fait, il y a une volonté profondément destructrice
57:29 et déterministe. Ça fait plus de 20 ans
57:31 que je lis Judith Butler, et on est devant
57:33 des philosophes, certainement pas les plus puissantes
57:35 de notre temps, mais les plus influentes.
57:37 C'est peut-être que dans des temps, justement,
57:39 d'accès rapide à la pensée, mieux vaut être pas trop profond
57:41 et pas trop passionnant, fournir des formules
57:43 faciles et céder au plaisir
57:45 de la destruction.
57:47 Et c'est ce qui caractérise son oeuvre,
57:49 c'est dynamiter les nations,
57:51 dynamiter les peuples, dynamiter les sexes,
57:53 dynamiter notre civilisation, mais tout ça
57:55 en Occident seulement. En 2006,
57:57 elle avait déjà présenté le Hezbollah et le Hamas
57:59 comme des mouvements appartenant à la gauche globale,
58:01 parce qu'ils étaient en lutte
58:03 contre la superstructure occidentale.
58:05 Plus loin, je le dis en passant,
58:07 elle nous dit qu'il faut être solidaire toujours.
58:09 Donc les mouvements queers, les mouvements trans,
58:11 nous dit-elle, doivent être solidaires
58:13 de ce qui se passe à Gaza aujourd'hui,
58:15 des Palestiniens, même les plus radicaux.
58:17 Je me dis, franchement, si elle pense
58:19 que les queers et les trans ont un avenir
58:21 en Israël, pardonnez-moi,
58:23 à Gaza, bonne chance. Et phrase finale,
58:25 parce que c'est vraiment important,
58:27 Françoise Vergès qui était là a la phrase suivante.
58:29 "Toute la jeunesse partout
58:31 dans la rue, il y a un glissement,
58:33 une plaque technologique qui bouge,
58:35 tout un Occident, c'est fini,
58:37 on n'y croit plus, cette histoire des droits
58:39 humains, on n'y croit plus." Et elle présente
58:41 le peuple palestinien comme le porte-parole
58:43 en fait de la grande révolte anti-occidentale.
58:45 Et que répond Judith Butler
58:47 à cette phrase quand tout le monde applaudit
58:49 dans la salle? "Je crois
58:51 que tu devrais avoir le dernier mot."
58:53 Judith Butler, lorsqu'on se retrouve devant
58:55 un appel à détruire notre civilisation, dit
58:57 "je crois que tu as le dernier mot", ça nous en dit
58:59 beaucoup, je crois, sur cette philosophe qui est
59:01 accueillie un peu partout, à la manière d'une
59:03 grande théoricienne, d'un grand penseur. Je serais
59:05 curieux de savoir, tous ceux qui l'applaudissent aujourd'hui,
59:07 que pensent-ils de ce qu'elle a dit à ce sujet
59:09 et à ce sujet de bien d'autres sujets?
59:11 - Merci beaucoup, mon cher Mathieu.
59:13 - Cinq heures, quand même. Cinq heures.
59:15 - Ah oui, et puis 20 ans de lecture de Judith Butler.
59:17 - Oui, je sais, je sais. - Merci à tous.
59:19 - C'est le mot "philosophe" qui est un peu gênant.
59:21 - Oui, ou "américain", les deux, peut-être.
59:23 Les deux, vu que ça posait.
59:25 Excellent programme, tout de suite, L'heure des Prodeux.
59:27 À demain.
59:29 merci à bientôt