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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00 19h c'est l'heure, ravie de vous retrouver ce soir. Tout de suite la Minute Info avec la belle Barbara Durand. Bonsoir Barbara.
00:09 Bonsoir Christine, bonsoir à tous. À la une de l'actualité, ce dramatique accident ce matin à La Rochelle.
00:17 Un groupe d'enfants à vélo âgés de 7 à 11 ans a été violemment percuté par une automobiliste de 83 ans.
00:24 Parmi les 7 blessés, 3 sont dans un état grave, une des victimes est hospitalisée en urgence extrême.
00:30 L'octogénaire négative à l'alcoolémie et au stupéfiant a été hospitalisé.
00:35 Sa garde à vue a été, elle, levée pour incompatibilité médicale.
00:40 Un lycéen de 16 ans légèrement blessé au mollet par un coup de couteau.
00:44 Les faits se sont déroulés hier après-midi à Nantes dans l'enceinte de son établissement.
00:49 Selon une source policière, 5 personnes extérieures au lycée s'y sont introduites et ont agressé le jeune homme.
00:55 Les motifs de cette agression sont toujours inconnus. Les auteurs des faits, eux, sont toujours recherchés.
01:02 Et puis un éducateur grèvement blessé dans un foyer pour mineurs non accompagné à la tour s'étend haut de sa voie.
01:08 Un des jeunes du centre âgé de 17 ans l'a agressé à l'arme blanche avant de mettre le feu au bâtiment.
01:14 Les gendarmes ont fait usage de leur arme pour l'interpeller, lui.
01:19 Et la victime sont toujours hospitalisées avec des pronostics vitaux engagés.
01:23 Merci beaucoup, ma chère Barbara.
01:28 Et au sommaire ce soir, la police est-elle tétanisée depuis la mort de Nahel ?
01:34 Peur d'intervenir pour arrêter les dangereux criminels ?
01:37 Peur de voir leur vie gâchée ?
01:39 Peur de se retrouver en garde à vue ?
01:42 Autant de questions qu'on ne peut se poser 48 heures après la mort d'un automobiliste de 34 ans
01:47 par un adolescent de 14 ans après un refus d'obtempérer.
01:52 On en sait un peu plus sur le profil de l'adolescent qui est toujours en garde à vue.
01:55 Il était déjà bien connu des services de police et notamment placé sous contrôle judiciaire,
02:01 tour de table avec les mousquetaires ce soir.
02:06 J-4 des européennes alors que l'immigration est la première préoccupation des électeurs.
02:13 Leçon selon un sondage au Doxa.
02:15 Pourquoi seuls deux partis portent ce thème ?
02:19 Reconquête et RN.
02:21 Deux partis qui sont de plus les cibles d'Ursula von der Leyen.
02:25 Nous nous arrêterons ce soir sur cette stratégie particulière de la présidente de la Commission européenne
02:31 pour obtenir un second mandat.
02:33 Elle veut se rapprocher de l'italienne Giorgia Melloni pour mieux fracturer la droite qu'elle appelle l'extrême droite.
02:41 À lire dans le prestigieux magazine britannique The Economist en quoi Ursula von der Leyen, Marine Le Pen et Giorgia Melloni
02:49 sont les trois femmes qui façonneront l'Europe.
02:52 Joe Biden est arrivé en France pour les commémorations du débarquement.
02:56 C'est Gabriel Attal qui est venu l'accueillir.
02:59 Le même Gabriel Attal qui est intervenu à France Info pour sauver Valérie Ayé.
03:04 Mais Rachida Dati, ministre de la Culture, a tenu à préciser aujourd'hui
03:08 que c'est la patronne de Radio France qui l'a contraint à venir sur le plateau de sa candidate aux européennes.
03:14 Alors nous verrons ce soir comment la commémoration mémorielle est utilisée par le couple exécutif
03:20 pour sauver le soldat Ayé.
03:22 Le soldat Ryan est-il mort pour sauver l'Union européenne ?
03:26 L'analyse de Guillaume Bigot.
03:29 « J'étais parmi les choristes. Le racisme qu'on a subi, je n'ai jamais vécu ça de ma vie.
03:34 Une honte », a écrit un choriste qui a participé à l'émission quotidien sur TMC.
03:39 Si la production s'en défend, l'émission est dans la tourmente accusée de racisme.
03:43 Des bracelets noirs distribués aux choristes noires, puis parqués, puis appelés subitement pour chanter.
03:48 Ces accusations sont-elles fondées ? Que s'est-il passé ?
03:51 Comment peut-on assumer un positionnement ouvertement anti-raciste
03:55 et puis accuser d'autres émissions de racisme et soi-même trier les Noirs ?
04:00 Est-ce une réelle démonstration de racisme de la part de la gauche que tout le monde veut taire ?
04:05 Pendant ce temps, Mediapart demande un Parlement européen moins blanc.
04:10 Le regard de Geoffroy Lejeune qui est avec nous ce soir.
04:14 C'est en Bretagne qu'ont débuté ces commémorations du 80e anniversaire du débarquement.
04:19 Le président de la République s'est rendu à Plumélec dans le Morbihan.
04:22 C'est une grande première pour un président lors des commémorations du débarquement.
04:26 Vive la Bretagne, vive la République, vive la France a-t-il conclu.
04:30 Mais justement la Bretagne est un des derniers bastions de la gauche
04:33 qui bascule en faveur du rassemblement national ces derniers temps.
04:38 L'Ouest peut-il tout changer lors de ses européennes pour la droite nationale ?
04:43 Le RN rattrape-t-il son retard dans l'Ouest ?
04:46 En Bretagne, au Mans, ces bastions traditionnellement à gauche
04:49 basculeraient donc selon certains sondages vers le RN.
04:54 Le décryptage de Charlotte Dornier.
04:56 Et puis sur les 38 listes aux élections européennes du 9 juin,
05:01 30 d'entre elles se trouvent en dessous de la barre des 5% dans les sondages.
05:05 Pourquoi le PCF, avec sa tête de liste Léon Desfontaines,
05:09 est-il invité à tous les grands débats alors qu'il ne fait même pas 5% ?
05:13 Pourquoi cet avantage à la gauche ?
05:15 L'édito de Mathieu Bocouté.
05:17 Une heure pour prendre un peu d'auteur avec nos mousquetaires ce soir.
05:21 C'est parti !
05:23 Ravi de vous retrouver ce soir.
05:37 Geoffroy, un plaisir de vous recevoir.
05:40 Ça va ? Le JDD est en berne, il n'y a plus personne qui pilote.
05:44 Ne vous inquiétez pas, il n'y a pas que nous.
05:47 En tout cas, ravi de vous retrouver avec nous ce soir.
05:50 Aujourd'hui, il y a une petite chanson qui m'a fait plaisir.
05:54 Je la partage ?
05:56 C'était à Saint-Lô, écoutez.
05:59 (Musique)
06:25 Voilà, c'est pas mignon ça ?
06:27 Oh, vraiment, douce France, douce France, on en rêve.
06:31 Un petit tour de table maintenant ou après ?
06:33 Qu'est-ce que vous préférez Mathieu Bocouté ?
06:35 Vous tranchez.
06:36 Bon, alors, le tour de table pour commencer.
06:39 La police est-elle tétanisée depuis la mort de Nahel ?
06:43 Donnez-moi votre avis.
06:45 Parce qu'on ne comprend pas ce qui s'est passé avec ce jeune homme de 14 ans
06:50 qui a tué un automobiliste de 34 ans après un refus d'obtempérer.
06:54 Peut-on se poser la question de savoir,
06:56 est-ce que les policiers ont peur d'intervenir pour arrêter les dangereux criminels ?
07:01 Est-ce qu'ils ont peur d'avoir leur vie gâchée, d'être placés en garde à vue ?
07:05 Est-ce que justement, c'est pas plus...
07:07 On réfléchit pas plus depuis Nahel avec toutes les conséquences qu'il peut y avoir,
07:11 c'est-à-dire des émeutes en France, devant un refus d'obtempérer ?
07:15 C'est la première question que je vous pose, Mathieu Bocouté.
07:17 Et on fait un tour de table.
07:18 Il existe une telle chose, on appelle ça au Québec le détournement policier.
07:22 C'est-à-dire des policiers qui voient une situation et se disent
07:24 « si j'interviens, je risque ma carrière.
07:27 Si je suis filmé, ne serait-ce qu'un petit extrait de quelques secondes
07:30 qui va sur les réseaux sociaux, ça peut provoquer des émeutes.
07:33 Si je suis dans ce quartier, cela peut provoquer de véritables tensions.
07:37 Ça peut gâcher non seulement la carrière, ça peut créer une situation politique majeure.
07:41 Donc, plutôt que de me présenter, je détourne le regard, je décide de ne pas y aller.
07:45 J'ai l'impression que de plus en plus de policiers dans le monde occidental se disent
07:48 « je préfère sauver ma vie plutôt que d'aller à la rencontre de tant de soucis
07:52 parce que le système se tournera contre moi. »
07:54 Et finalement, ce sont les Français qui meurent ? Des innocents, on va dire ?
07:59 Pour moi, l'enjeu principal, c'est dans ces questions de refus d'obtempérer,
08:01 il faut qu'on réussisse à analyser la situation en se disant que si les policiers n'avaient pas agi,
08:06 donc avec la description que fait Mathieu, il y aurait peut-être eu un mort.
08:09 Et on ne se le dit jamais en réalité.
08:11 On ne se dit pas peut-être que Nahel aurait tué quelqu'un.
08:13 On ne se dit pas peut-être que dans tous les cas de refus d'obtempérer,
08:15 il y aurait pu y avoir des victimes.
08:16 Et les policiers se lèvent pas le matin en se disant « est-ce que je peux aller tirer sur quelqu'un ? »
08:19 Ils se lèvent le matin en se disant « est-ce que je peux protéger les gens ? »
08:21 Bon, tirer sur quelqu'un, c'est de toute façon un moindre mal.
08:27 Mais ce n'est pas un bien en tant que tel, forcément.
08:29 Et forcément que pour respecter nos lois, il faut ensuite une enquête, etc.
08:33 La famille de celui qui a été tué à 34 ans, il aurait peut-être préféré qu'on tire sur quelqu'un.
08:38 C'est une question que je pose.
08:40 Peut-être qu'on l'arrête avant qu'il ne fasse...
08:42 A l'évidence, oui.
08:43 Mais pour répondre à votre question, ça fait très longtemps,
08:45 moi je crois qu'on arrive dans une situation où les policiers sont un peu plus soutenus par la hiérarchie.
08:52 Et ça date même de Malek ou Sekine.
08:55 C'est bien avant Nahel qu'il y a cette espèce d'autocensure et de peur de la hiérarchie.
09:00 Maintenant, ce qui reste en place, à mon avis, c'est la peur de l'émeute.
09:03 Ça, à mon avis, c'est toujours en place.
09:05 Et ça donne, hélas, un ancé plus, un peu plus sur son profil.
09:09 Hier, on a hésité à en parler, mais aujourd'hui, on en sait un peu plus sur son profil.
09:13 Le fait qu'il ait déjà bien connu des services de police à 14 ans.
09:18 Enfin, pour moi, c'est un enfant à 14 ans.
09:20 Oui, il est déjà condamné, même parce qu'il y avait eu son audience de condamnation.
09:25 Et il devait avoir la peine qui va avec la condamnation le 12 juillet prochain.
09:30 Donc, il était entre les deux.
09:32 Donc, c'est un profil déjà connu.
09:34 Alors, évidemment, déjà, les policiers, au moment où ils croient cette voiture,
09:37 qu'ils refusent d'obtempérer, ne le savent pas nécessairement.
09:40 D'ailleurs, ça ne conditionne pas, évidemment, leur réaction à ce moment-là.
09:44 Mais, en effet, je reviens... Enfin, je redis un peu ce qu'a dit Geoffroy.
09:49 Mais, simplement, si le policier avait tiré sur la voiture,
09:52 même pas forcément sur le conducteur, mais sur la voiture,
09:55 au moment où il a refusé d'obtempérer,
09:57 ce qui aurait été examiné à ce moment-là, c'est la légitimité du tir du policier
10:01 au moment où il refuse d'obtempérer.
10:03 Qui peut deviner, et le juge, comment pourrait-il deviner
10:07 que la voiture, ensuite, qui va en perdre le contrôle,
10:09 qu'elle va passer de l'autre côté et qu'elle va percuter une voiture qui est en face ?
10:12 Donc, le policier, à coup sûr, quand son tir est examiné,
10:15 il est examiné en temps réel, au moment M.
10:18 Et, souvenez-vous, au moment de Naël, le policier, encore aujourd'hui,
10:21 sa défense, c'est de dire... Ça faisait plusieurs minutes qu'on le suivait,
10:24 il avait un comportement sur la route extrêmement dangereux,
10:27 il risquait de tuer des gens.
10:29 Simplement, la preuve, évidemment, elle n'existe jamais
10:31 tant que la personne n'est pas morte.
10:32 Donc, en effet, la doctrine de la réaction des policiers...
10:35 Oui, vous avez raison. Si la question, c'est
10:38 "Est-ce que je fais basculer toute ma vie sans savoir exactement ce qui va se passer
10:41 avec un risque que tout le monde me lâche à la moindre émeute ?"
10:45 En effet, il y a plusieurs policiers qui nous disent
10:47 "Maintenant, on hésite à chaque fois qu'il faut réagir."
10:49 On comprend pourquoi, oui.
10:51 - Silence radio à gauche. La France ne sera pas en feu.
10:55 Merci, en tout cas, pour votre regard.
10:57 Mathieu Boqueté, très intéressante analyse ce soir.
11:01 - "Analyse d'une stratégie pour faire exploser la droite nationale aux Européennes.
11:05 Au niveau européen, trois femmes portent le destin de l'Europe.
11:09 Il s'agit d'Ursula von der Leyen, de Georgia Meloni
11:12 et de Marine Le Pen.
11:14 Télé, à tout le moins, l'avis du prestigieux magazine britannique The Economist.
11:19 Est-ce que c'est vraiment le cas ? Et si oui, quel avenir cela annonce-t-il pour l'Europe ?
11:24 Dites-nous tout ce soir."
11:25 - Alors, il faut comprendre ce qu'est The Economist.
11:27 The Economist, c'est le magazine de référence des élites mondialisées.
11:32 Ça donne le la, ça fixe en fait la tonalité,
11:35 ça définit les paramètres du pensable des élites mondialisées,
11:39 donc qui parlent anglais parce qu'ils ont l'impression d'être universels ainsi.
11:43 Et ce magazine, depuis quelques mois déjà,
11:46 nous met en garde contre l'émergence d'une nouvelle droite en Europe.
11:50 Une droite plus conservatrice, plus nationale,
11:53 une droite qui pourrait remettre en question le mouvement de la mondialisation,
11:58 le mouvement de l'intégration européenne
12:00 et plus largement la société diversitaire qui se construit.
12:03 The Economist nous dit dans ce papier, on va faire le portrait de trois femmes
12:07 parce que ces trois femmes portent le destin de l'Europe,
12:10 Mme von der Leyen, Mme Meloni, Mme Le Pen.
12:14 Et qu'est-ce qu'on nous dit à travers ça ?
12:16 Effectivement, vous l'avez bien dit, on nous propose en fait une stratégie
12:20 pour être capable de casser la droite nationale en deux
12:23 pour sauver le projet euromondialiste.
12:26 Alors le point de départ, c'est le portrait de Mme von der Leyen,
12:29 qui nous est présentée comme une dirigeante exemplaire, brillante,
12:33 qui a été capable malgré tout de pousser toujours plus loin l'intégration européenne,
12:38 qui a été capable de parier sur une mutualisation des dettes, c'est le projet,
12:41 qui a été capable de s'emparer de toutes les crises
12:44 pour être capable de faire avancer l'Europe et elle mérite un prochain mandat, nous dit-on.
12:49 C'est une vision très très très positive de Mme von der Leyen,
12:52 probablement que dans votre entourage, il n'y a pas que des partisans de Mme von der Leyen,
12:57 mais si on regarde à des économistes, c'est le cas.
13:00 Ce sont des von der Leyenistes, appelons ça comme ça.
13:03 Ensuite, ils se disent qu'il y a un problème.
13:06 Quel est le problème ? Eh bien, elle n'aura pas sa majorité probablement
13:09 parce qu'il y a une vague nationaliste, entre guillemets,
13:12 qui déferlera le 9 juin sur l'Europe.
13:15 Cette vague nationaliste aura deux visages.
13:18 D'un côté, parce qu'on va en parler plus dans le détail, Georgia Melloni,
13:23 de l'autre côté, Marine Le Pen.
13:25 Et ce qu'il faut faire, nous dit The Economist,
13:27 c'est diviser ces deux troupes pour être capable de sauver l'Europe.
13:31 Alors, qu'est-ce qu'on nous dit sur Mme Melloni ?
13:33 On dit « C'est vrai, elle est beaucoup trop conservatrice,
13:35 elle pratique la guerre culturelle chez elle,
13:37 elle a déjà comparé l'Union Européenne à l'URSS,
13:40 plus encore, elle utilise de temps en temps,
13:44 elle fait référence à la théorie raciste du grand remplacement.
13:47 Il faut toujours préciser dans le terme que c'est une théorie raciste,
13:49 au cas où on l'oublierait. On peut ajouter « conspirationniste ».
13:52 Mais, nous dit-on, tout ça, c'est presque pour la politique intérieure.
13:55 Parce que sur les questions fondamentales,
13:58 notamment l'alignement atlantique,
14:00 notamment la capacité à jouer avec les institutions européennes,
14:03 notamment la capacité à faire preuve de pragmatisme,
14:06 nous dit The Economist,
14:08 Mme von der Leyen peut être intégrée dans une coalition.
14:13 On peut la détacher, en quelque sorte, du bloc des droits d'avenir,
14:17 pour en faire un élément qui compte dans le bloc central.
14:19 On peut l'intégrer dans le mainstream.
14:22 D'autant, parce qu'on s'en inquiète,
14:24 que si, si, si, Mme von der Leyen n'est pas intégrée dans le mainstream,
14:29 elle pourrait, demain, faire le pari d'une alliance avec Marine Le Pen.
14:35 Et une telle alliance serait absolument terrible,
14:38 parce que Marine Le Pen serait, nous dit-on,
14:41 la figure d'une droite nationaliste xénophobe à l'ancienne,
14:45 vendue à la Russie, assurément.
14:48 Autrement dit, il est nécessaire de mener la politique,
14:51 et c'est une politique presque d'achat des élites,
14:53 il faut envoyer tous les gages,
14:55 envoyer tous les signaux à Mme von der Leyen
14:57 pour dire « Vous devez nous rejoindre, vous êtes des nôtres désormais ».
15:02 C'est assez intéressant, parce que, rappelez-vous,
15:04 il y a quelques mois à peine, on nous présentait ça
15:06 comme le fascisme qui revenait en Italie.
15:08 - Oui, vader retro.
15:10 - Ah bien oui, mais Mélanie, ce qui est intéressant dans les circonstances,
15:14 c'est de voir comment le discours dominant est toujours capable de s'adapter
15:17 pour préserver les places, pour préserver les avantages de chacun.
15:22 Je donne un exemple américain, un instant, ça va vous intéresser, je crois.
15:26 Joe Biden vient de tenir, c'était hier ou avant-hier,
15:29 un discours d'une très, très grande fermeté sur l'immigration.
15:33 Un discours tellement ferme qu'on pourrait presque le penser « Trumpien ».
15:37 Est-ce que Joe Biden a changé d'idée? Non.
15:40 C'est que tout simplement, Joe Biden se dit, pour être capable,
15:42 les élites se disent « Pour conserver le pouvoir,
15:44 on va pratiquer une politique qu'on diabolisait encore hier. »
15:48 Donc, on est capable de changer complètement de doctrine
15:51 si ça permet à une élite de se maintenir.
15:54 Donc, on comprend bien la stratégie théorisée, pensée,
15:57 recommandée par des économistes, c'est séparer la droite en deux,
16:01 prenez Wunderland, donnez-lui une gratification symbolique,
16:04 respectabilisez-la et au même moment, ça permet de reconduire
16:07 la diabolisation de Marine Le Pen.
16:10 De ce point de vue, en séparant ces deux femmes,
16:12 on pourrait préserver l'unité du Bloc central.
16:15 Victor Orban n'avait-il pas fait une semblable analyse tout récemment?
16:20 N'avait-il pas fait d'Andréa Miloni et de Marine Le Pen, le duo féminin,
16:23 portant sur ses épaules l'avenir de la droite en Europe?
16:27 Il faisait la même analyse, mais en sens inverse.
16:30 Il dit que ces deux femmes-là, si elles parviennent à coopérer,
16:34 à coopérer ou je ne dirais pas jusqu'à s'unir,
16:37 mais à coopérer, il y aurait alors la possibilité de changer
16:40 fondamentalement le sens de l'Europe.
16:43 Et là, on peut refaire le jeu des portraits.
16:46 Quelle est la fonction historique de Mme Wunderland dont nous parle
16:49 The Economist? C'est la première fois, je considère, depuis Jacques Delors,
16:53 qu'on est devant une leader issue de la nomenclatura européiste
16:57 qui est une leader politique décomplexée, à part entière,
17:00 qui dit "je suis", même si elle n'a pas de titre,
17:03 "la présidente de l'Europe". Je suis celle qui rendra possible
17:06 le grand saut fédéral. Je suis celle qui profite de toutes les crises
17:09 pour accélérer le mouvement. Et de ce point de vue, on peut dire
17:12 que c'est une forme de vraie leader. En fait, c'est presque l'ancêtre
17:15 de ce que sera Emmanuel Macron s'il devient un jour président
17:18 de l'Europe, non pas de la Commission européenne, mais de l'Europe.
17:21 C'est d'ailleurs les deux s'entendent fondamentalement sur le programme.
17:24 - Et bien, rappelons, lorsque Emmanuel Macron a reçu le président chinois,
17:27 Madame était là. - Oui, bien sûr, mais elle est très, très souvent là.
17:30 Comme si désormais, les chefs d'État sont des gouverneurs d'État américains
17:34 et le véritable président de l'Union européenne, mais en fait de l'Europe
17:37 comme civilisation, c'est Madame Van der Weyen.
17:40 Mais voyons alors l'analyse de Viktor Orbán, transposons-la ici.
17:44 Quel est le positionnement de Madame Mélanie?
17:47 C'est une droite nationale conservatrice. Nationale conservatrice,
17:50 donc centrée sur les questions de civilisation.
17:53 C'est une droite qui veut limiter l'immigration massive, d'autant qu'elle est
17:56 dans une position de frontière en Italie. C'est une droite plus conservatrice
18:00 sur les questions sociétales. Alors qu'une partie de la droite nationale en France
18:04 gérive dans un instant, c'est aligné sur les questions sociétales,
18:07 Madame Mélanie veut une position plus conservatrice en ces matières.
18:10 Et elle a eu aussi l'expérience du pouvoir. Il faut bien comprendre,
18:13 l'expérience du pouvoir force au compromis.
18:16 Madame Le Pen est d'une autre droite, dans la grande droite nationale,
18:19 on peut dire que c'est la droite nationale populiste.
18:22 C'est une vision plus critique de l'Union européenne.
18:25 La France a des moyens, la France n'est pas tenue en otage par les financements
18:28 européens. La France pourrait, demain matin, si elle le souhaitait,
18:31 mettre l'Union européenne aux ordres. Elle pourrait dire à l'Union européenne
18:34 « tu ne fonctionnes plus comme ça ». Ensuite, doit-elle le vouloir?
18:37 Donc c'est une droite plus nationale populiste, plus classique,
18:40 souverainiste, attachée aussi à la défense des souverainetés nationales
18:43 de manière plus, on pourrait dire, plus enracinée.
18:47 Or, ce qui est intéressant dans ce choc, en ce moment, c'est que si ces deux
18:51 droites s'unissaient, je ne sais pas, je fais une analyse, c'est tout,
18:54 eh bien, on nous dit « ils sont incompatibles ».
18:57 En l'instant, les libéraux, les écolos, les socialistes, les vaguement
19:00 conservateurs qui s'entendent en ce moment à Bruxelles, à Strasbourg,
19:03 ces gens-là sont à peu près compatibles, même s'ils ont d'immenses différences.
19:06 De ce point de vue, on peut croire qu'effectivement, la droite nationale
19:09 conservatrice de Mélanie, la droite nationale populiste de Le Pen,
19:12 pourrait théoriquement s'entendre. Vous me répondrez peut-être,
19:15 et ce serait une bonne objection, mais même à Bruxelles, ils ne siègent
19:18 pas en groupe. On répondra peut-être qu'à ce moment-là, vous avez vu
19:21 qui a fait une visite à Mme Mélanie cette semaine lundi, c'était
19:24 Marion Maréchal, qui peut représenter un point, un trait d'union entre
19:27 ces deux droites, un trait d'union parce qu'il n'est pas impossible du tout
19:31 qu'après les élections européennes, les groupes qui sont présents
19:35 en Bruxelles se recomposent fondamentalement. Il n'est pas
19:38 impossible du tout que ces deux groupes finalement trouvent, je ne dis pas
19:41 qu'ils vont fusionner, je dis qu'ils se poseront la question de la possibilité
19:45 de fusionner et de créer ce grand pôle de droite nationale qui devrait,
19:49 viendrait incontournable. J'ajouterais une dernière chose par ailleurs
19:52 là-dessus, c'est, on a déjà parlé toujours de l'alliance France-Allemagne,
19:55 France-Allemagne, France-Allemagne, il n'est pas impossible d'imaginer
19:58 dans une Europe qui se redéfinit, une alliance France-Italie, qui déplacerait
20:02 la matrice du pouvoir en Europe et qui, de ce point de vue, je me replace
20:06 du point de vue de The Economist, je comprends leur stratégie,
20:09 c'est probablement la bonne à mener s'ils veulent éviter que l'Europe
20:13 change de direction et ne se redéploie vers ces nations.
20:16 Si on ne partage pas le point de vue de The Economist, c'est autre chose.
20:19 Évidemment, cette recomposition dont nous vous parliez est indissociable
20:24 de ce que confirmait un sondage récemment, à savoir que l'immigration
20:27 est aujourd'hui la première priorité des Européens.
20:31 Le système a vraiment tout fait pour empêcher cette vérité d'émerger.
20:35 C'est-à-dire, il y a eu le traficotage de sondages, la manipulation des sondages
20:39 et des chiffres, la méthode était toujours la même, quelles sont
20:42 vos priorités? Donc là, on mettait l'immigration, mais aussi le logement,
20:45 ensuite l'emploi, ensuite la sécurité, ensuite l'identité.
20:48 - Le pouvoir d'achat. - Le pouvoir d'achat.
20:50 Et là, le pouvoir d'achat, on le détachait. Autrement dit, on fracturait
20:54 en mille sous-catégories, on saucissonnait l'opinion publique
20:57 autour de tous ces thèmes-là pour dire finalement que l'immigration,
20:59 ça n'intéresse pas les gens. C'est ce qui faisait en sorte que Fabien Roussel,
21:02 quand on lui pose la question, 80 % des Français environ
21:04 veulant finir avec l'immigration massive, il dit oui, mais c'est pas
21:07 ce qui les intéresse véritablement. Là, ce n'est plus possible de mentir.
21:11 - En parenthèse, c'est un sondage Odoxa pour Le Figaro qui dit que
21:16 la question migratoire est la priorité des sondés, à 41 %,
21:20 ensuite le pouvoir d'achat, ensuite la hausse des prix,
21:22 ensuite la sécurité. - Et j'ajouterais que tous ces thèmes
21:24 s'emboîtent les uns les autres. L'immigration, c'est pas un petit thème
21:27 séparé des autres. L'immigration massive, qu'est-ce que c'est?
21:29 C'est que ça arrive et ça amplifie tous les problèmes déjà présents,
21:33 tout en ajoutant un problème particulier, qui est celui de la dépossession culturelle.
21:37 Il faut regarder ce qui se passe en Europe aujourd'hui, au-delà de
21:40 l'immigration légale, qui en elle-même est au cœur de l'immigration massive.
21:43 Là, je veux parler simplement de l'immigration illégale en l'instant.
21:45 L'Ampelousa, Mayotte, Ceuta, la Méditerranée en général, les voies
21:50 de pénétration de l'Europe, les colonnes, le sud qui remonte vers le nord
21:54 par différentes colonnes d'une manière ou de l'autre, par le détournement
21:56 du droit d'asile, ça vient de partout. Il n'est plus possible de faire semblant
21:59 que ce n'est pas vrai. Donc, que fait le système?
22:01 Et là, c'était drôle, l'autre fois, sur le service public, je voyais
22:03 la journaliste qui était responsable du débat faire semblant de découvrir
22:06 que la question de l'immigration était centrale pour les Français.
22:08 Que se passe-t-il? Elle avait le beau visage de l'étonnée, faussement étonnée.
22:11 Et qu'est-ce qu'elle nous disait? Le système, c'est la reuse en ce moment.
22:15 On fait semblant de découvrir la chose, on croit nommer le problème
22:18 et nommant le problème, on croit pouvoir passer à autre chose.
22:21 C'est la reconnaissance rhétorique pour se délivrer des exigences politiques.
22:25 Ce qui est certain, c'est que si jamais la lutte s'engage contre l'immigration
22:29 massive, ce n'est pas une lutte qui se mènera en un mandat, non plus qu'en deux
22:32 mandats, non plus qu'en trois mandats, c'est une tâche d'époque pour renverser
22:35 une tendance qui sinon, effectivement, condamnera l'Europe à la submersion
22:39 et à la disparition. C'est probablement pour cela que des économistes
22:42 qui rêvent à l'utopie mondialiste se méfient de ce bloc national qui pourrait émerger.
22:46 On parlera encore des Européennes dans un instant et on se demandera,
22:49 la deuxième partie avec vous, comment se fait-il qu'il y a sur les 38 parties
22:55 qui se présentent, 30 ne font pas 5 pensons, mais que le PCF fait partie
22:59 de tous les débats régulièrement invités. On va essayer d'analyser tout ça
23:03 dans un instant. Et avec vous, mon cher Guillaume, le chef de l'État
23:07 s'appuie sur les commémorations du débarquement pour livrer ses derniers
23:11 messages avant les élections dimanche. Qui dit ça ? C'est l'opinion,
23:14 le quotidien, l'opinion. Les commémorations ont commencé aujourd'hui
23:17 et demain soir, en marge de la commémoration des 80 ans du débarquement,
23:22 le président de la République va s'adresser aux Français.
23:24 Vous aussi, Guillaume, vous dénoncez, avec votre verve qu'on connaît bien,
23:29 une récupération politique, une utilisation électoraliste de cette célébration.
23:34 On marque une pause et on en parle.
23:36 Donc, retour sur le plateau de Face à l'Info avec cette question,
23:44 Guillaume Bigaud, y a-t-il une récupération politique, une utilisation électoraliste
23:51 de cette commémoration ?
23:53 Vous voulez vraiment le savoir, Christine Keyes ?
23:55 Non. J'ai la réponse.
23:57 Ça marche. En fait, la réponse n'est pas si évidente que ça.
24:01 Parce que je pense que directement, non. Et indirectement, oui.
24:04 Alors, je vais vous expliquer. Directement, non.
24:06 Directement, non. Le président de la République est trop habile pour faire ça,
24:10 pour appeler explicitement à voter. Il ne va pas faire du pied.
24:14 C'est sûr que non. En plus, quand même, le rôle du chef de l'État,
24:18 notamment dans ces commémorations, là où il est en majesté à la tête de la France,
24:24 l'article 5 de la Constitution précise que c'est un garant, c'est un arbitre.
24:28 Enfin, la tradition de la Ve République, c'est quand même le président de tous les Français.
24:31 Il ne peut pas être un partisan.
24:33 Certes, on a vu l'affiche électorale au début de la campagne
24:37 avec Mme Meillet et le président de la République.
24:40 Tiens, ce n'était plus tout à fait le président de tous les Français,
24:42 c'était le président d'un parti politique.
24:44 Et certes, Mme Meillet, telle le soldat Ryan,
24:47 elle aurait vraiment besoin qu'on vienne à son secours.
24:50 Mais je crois que ça serait trop gros.
24:52 Et donc, indirectement, là, on va y aller.
24:55 Là, on va y aller, c'est presque sûr.
24:57 Et comment et pourquoi ?
24:59 Alors, je pense qu'il va évidemment utiliser les commémorations
25:02 pour tirer un trait entre le passé, il y a 80 ans, et aujourd'hui, le présent.
25:09 Il va tirer un trait sur deux sujets.
25:11 Il va tirer un trait sur le retour des nationalismes.
25:13 Les nationalismes ont déclenché la Seconde Guerre mondiale.
25:16 On a vaincu les nationalismes. Les nationalismes sont de retour.
25:19 Et ensuite, il va tirer un trait, à mon avis, pas plus fin que le premier,
25:24 c'est-à-dire la guerre est de retour avec, dans le rôle-titre d'Hitler,
25:30 évidemment, Vladimir Poutine.
25:32 Et comme par hasard, les nationalistes, évidemment,
25:34 ce sont probablement Orbán, les alliés d'Orbán, on ne sait pas très bien.
25:37 Tout ça, c'est des copains du nouvel Hitler.
25:39 Donc, ça va être quand même beaucoup plus subliminal,
25:42 je vous rassure, qu'Houradour sur Glane.
25:44 Là, c'était quand même... Il y allait avec des gros sabots cloutés.
25:48 Ensuite, il y a le duo avec Gabriel Attal.
25:51 Gabriel Attal, lui, mettant d'une certaine façon les sous-titres.
25:53 Si le message du président de la République est trop subtil,
25:56 Gabriel Attal va le décoder.
25:58 Ça, on peut compter sur lui.
25:59 Et donc, le décoder pour bien qu'on comprenne,
26:02 ou souligner au stabilo, comme le ferait Charlotte, la portée électorale.
26:05 Quelles conséquences électorales il faut tirer des analyses du président de la République.
26:09 Et alors, les commentateurs se sont lâchés un peu sur, c'est vrai,
26:12 l'arrivée un peu impromptue, un peu paternaliste, il faut le dire,
26:15 de Gabriel Attal dans les studios de France Info.
26:17 Mais ils n'ont pas tendu l'oreille, écouté le discours que tenait Gabriel Attal,
26:21 qui est stupéfiant.
26:22 Et d'une certaine façon, c'est un peu une avant-première
26:24 de ce que va nous dire le président de la République demain.
26:26 Et je pense qu'il fera le service après-vente.
26:27 Voilà ce qu'a dit Gabriel Attal.
26:29 Il y a 80 ans, des jeunes ont débarqué en France.
26:31 Ils venaient des États-Unis, du Canada.
26:33 Ils venaient d'ailleurs pour nous permettre de vivre libre et en démocratie.
26:36 Point.
26:37 Et tout de suite, ça enchaîne. Il n'y a pas d'arrêt.
26:40 Ce qui nous a permis de vivre libre et en démocratie,
26:42 donc on a bien compris, vivre libre en démocratie,
26:44 c'est ça qui a motivé le débarquement.
26:45 Ce qui nous a permis de vivre libre en démocratie depuis tout ce temps,
26:48 c'est l'Union Européenne qui est en danger aujourd'hui
26:51 et que l'on doit absolument défendre,
26:53 ne serait-ce que pour faire honneur au courage
26:55 de ceux qui nous ont permis de vivre libre
26:57 et de nous débarrasser de l'occupation nazie.
26:58 Donc si vous ne voulez pas que le soldat Ryan soit mort pour rien dans du Michigan,
27:01 il faut absolument soutenir l'Union Européenne.
27:03 Un peu plus, Gabriel Attal nous explique que c'est que les GIs sont venus en Normandie
27:07 grâce à Erasmus et que maintenant, leur mission,
27:09 sacrée, c'était de délivrer la Commission Européenne des griffes d'Hitler.
27:13 Enfin, on est dans un anachronisme total.
27:15 On doit absolument défendre la construction européenne,
27:18 ne serait-ce que pour faire honneur à ceux qui ont débarqué.
27:21 Qu'est-ce qui vous choque, en fait, dans les propos de Gabriel Attal ?
27:25 Ah bah tout ! Tout, c'est ça.
27:27 Il n'y a rien qui va, en fait.
27:29 D'abord, il est rentré dans le studio en parlant aux jeunes,
27:31 parce qu'il dit "ah, il paraît qu'il y a des jeunes, etc."
27:33 Moi, j'ai entendu qu'il tablait un peu sur l'ignorance historique
27:37 dont sont victimes les jeunes générations,
27:39 qui n'est pas d'ailleurs de leur fait.
27:41 Il faut toujours souligner le fait que si les jeunes ne savent malheureusement plus grand-chose,
27:44 c'est qu'on ne leur a pas appris grand-chose dans les classes et dans les manuels scolaires.
27:47 Et donc, évidemment, il l'a utilisé pour faire parler les morts et les enrôler.
27:53 On doit faire honneur à ceux qui ont débarqué.
27:57 Mais enfin, la construction européenne, ça ne datait pas de 1944.
28:01 L'Union Européenne n'existait pas en 1944.
28:03 Faut-il le rappeler ?
28:04 Enfin, il y avait une Europe à l'époque, mais je pense qu'il vaut mieux pas en parler.
28:07 Deuxième chose, à mon avis, il y a trois anachronismes massifs.
28:11 Le premier, c'est l'idée que ces jeunes soldats canadiens, britanniques, américains
28:16 sont morts sur les plages de Normandie, ils seraient morts pour défendre l'Europe.
28:19 Mais pas du tout.
28:20 Ils seraient morts pour défendre la France.
28:21 Mais pas du tout non plus.
28:23 L'expression américaine de "G.I.s" veut bien dire ce qu'elle veut dire.
28:26 "G.I.s", ça veut dire en anglais "Government Issue", c'est-à-dire envoyés par son gouvernement.
28:30 Bien évidemment que ces héros sont morts d'abord pour leur pays.
28:33 Ils sont morts pour la Grande-Bretagne, ils sont morts pour le Canada ou pour le Commonwealth,
28:36 et ils sont morts pour les États-Unis d'Amérique.
28:38 Alors évidemment, ils sont aussi morts pour une certaine idée de la démocratie et de la liberté.
28:42 Mais attention, une idée de la démocratie et de la liberté indissociable de la nation.
28:46 La liberté de leur nation, la démocratie dans leur nation.
28:49 Si vous sortez la démocratie de la nation, c'est comme si vous sortiez un poisson de l'eau.
28:52 Il va asphyxier rapidement.
28:53 C'est bien ce qui se passe dans l'Union européenne.
28:55 Deuxième anachronisme.
28:56 Et à mon avis, c'est d'autant plus choquant que l'idée qu'ils seraient venus défendre une Europe unie, moi je veux bien.
29:01 Mais si vous voulez qu'on joue à l'anachronisme, M. Attal,
29:03 en 1942, il y avait une exposition au Grand Palais sur la France européenne,
29:07 où on expliquait qu'aux Parisiens à l'époque, avec tout le gratin, le tout Paris, la classe dirigeante, l'élite,
29:13 l'exposition de la France européenne a été inaugurée.
29:16 1942.
29:18 Et là, il fallait par exemple défendre les nouveaux transports promis par le chancelier Adolf Hitler en européen.
29:26 Donc c'était la construction européenne de l'époque.
29:28 Moi, je veux bien qu'on aille sur cet anachronisme, mais on voit bien que ça n'a pas de sens.
29:32 Bien sûr, personne ne peut défendre que l'Union européenne de l'époque, c'était l'Union européenne d'aujourd'hui, ça n'a aucun rapport.
29:37 Mais de la même façon, le débarquement n'a aucun rapport avec la défense de la construction européenne.
29:41 C'est de l'anachronisme pur, donc ça n'a aucun sens.
29:44 Et enfin, dernier anachronisme, et je m'arrête là dans l'anachronisme, il y en aurait beaucoup d'autres,
29:48 c'est la présence de Zelensky et l'absence de Poutine.
29:51 En fait, les Américains, face à l'Allemagne nazie, ils ont perdu plus d'hommes dans la Seconde Guerre mondiale,
29:55 mais surtout face aux Japonais, face à l'Allemagne nazie, les Américains ont perdu 185 000 hommes.
30:00 C'est déjà beaucoup, c'est trop. L'Union soviétique, 21 millions d'hommes.
30:05 Si vous imaginez, 21 185 000.
30:10 Donc l'absence de Vladimir Poutine, quoi qu'on pense de Vladimir Poutine, la politique de la Russie, ce n'est pas possible.
30:15 Alors, soit on n'invite personne, ni l'Ukraine d'une certaine façon...
30:19 Là, en pleine guerre, ça ferait désordre.
30:21 De n'inviter personne ou d'inviter...
30:22 Oui, d'inviter par exemple Vladimir Poutine.
30:24 Il va aller dans ce cas mieux, n'inviter personne, parce que je vous annonce que le premier mort du débarquement, c'est un Français.
30:29 C'est un parachutiste, c'est le caporal Buetart.
30:32 Il est mort le 5 juin 1944 et qu'il a tué un SS ukrainien.
30:36 Parce que je peux vous assurer que les Ukrainiens étaient très nombreux dans les rangs de la SS.
30:40 Donc, si vous voulez, anachronisme pour anachronisme, je pense qu'il faut s'arrêter là.
30:43 L'idée aussi, j'ai entendu ça toute la journée, que la France, bon, elle était présente,
30:47 alors le commando Kieferk, une poignée de héros, de valeureux, etc.
30:50 Mais en fait, c'est les anglo-saxons qui ont fait le boulot de la Seconde Guerre mondiale.
30:53 Moi, je veux bien, rappelons 185 000 combattants américains morts face à Hitler,
30:57 250 000 soldats français et résistants français morts, les armes à la main contre Hitler.
31:02 250 versus 185. Alors moi, je veux bien que la France était dans le mauvais camp.
31:06 C'est ce qu'on nous explique pour justifier la construction européenne, justement.
31:09 Le D-Day, c'est 6 000 morts américains. C'est terrifiant.
31:13 Dunkerque, sans lequel ni la Grande Bretagne, ni les États-Unis, ni l'Union soviétique
31:17 ne pouvaient gagner la Seconde Guerre mondiale.
31:19 Dunkerque, 18 000 morts français, 18 000 combattants.
31:22 Donc, je pense qu'il faut arrêter de réécrire l'histoire et de nous coller
31:25 parce que la classe dirigeante, déjà débile à l'époque, était dans le mauvais camp,
31:28 de nous coller la honte de la classe dirigeante de l'époque sur le dos des Français.
31:33 L'Europe n'est-ce pas elle qui a maintenu la paix et la démocratie,
31:39 si on le vit au continent ? Ma question vous fait rire.
31:41 Oui, je souris un peu parce que là, on a deux fake news pour le prix d'une,
31:44 on a deux infos pour le prix d'une.
31:46 Non, non, mais ce n'est pas vous, parce qu'en fait, tout le monde croit ça, en réalité.
31:50 Donc, c'est normal, puisque finalement, à force de répéter des choses fausses,
31:55 au bout de 30 ans, au bout de 40 ans, on finit par croire que c'est vrai.
31:57 Mais l'Europe, c'est la paix, par exemple.
31:59 Non, en fait, l'Europe sur le vieux continent, c'est d'abord la destruction
32:02 de l'armée allemande, de l'Allemagne.
32:05 Donc, c'est les alliés, ce n'est pas l'Union européenne qui n'existait pas.
32:08 La paix sur le vieux continent depuis 1944-1945,
32:11 c'est l'équilibre de la terreur et ensuite la guerre froide.
32:13 Donc, ça n'a aucun rapport avec l'Union européenne.
32:15 La réconciliation franco-allemande, pardon, c'est le général de Gaulle et Adenauer.
32:18 Ça n'a rien à voir avec les institutions européennes.
32:20 Il faut arrêter de réécrire l'histoire, là aussi.
32:22 Quand il y a eu la fin de l'équilibre de la terreur sur le vieux continent,
32:26 après 1991, il y a eu le retour de la guerre.
32:28 Pourtant, il y avait déjà l'Union européenne.
32:30 Enfin, ça s'appelait la CEE, mais qu'importe.
32:32 Et il y a eu la guerre en Ex-Yugoslavie.
32:34 On a vu que depuis qu'il y a d'ailleurs un déséquilibre entre la Russie,
32:38 qui veut revenir dans le jeu, les États-Unis qui font pression,
32:41 l'Union européenne n'est qu'une variable.
32:42 Justement, elle a un peu jeté l'huile sur le feu à Maïdan,
32:45 suivant le camp qu'on soutient.
32:47 Là, il est clair que Vladimir Poutine a attaqué la Russie,
32:51 mais on ne peut pas dire que l'Union européenne, dans ce conflit, soit une force de paix.
32:54 L'Union européenne est plutôt "va-t'en guerre".
32:56 Deuxième fake news d'Europe, c'est la démocratie.
32:58 Moi, je pense que c'est légitime.
33:00 On a le droit de croire à la construction européenne,
33:03 de penser que c'est légitime, etc.
33:05 Mais on ne peut pas défendre la démocratie directe et défendre l'Union européenne.
33:09 Il faut choisir.
33:10 Qu'est-ce que c'est la démocratie ?
33:11 C'est très simple.
33:12 Vous êtes dans un volant, le peuple est dans un volant,
33:14 il tourne à gauche, il tourne à droite, il avance, il recule.
33:16 Là, il y a un GPS.
33:17 Le GPS s'appelle Bruxelles,
33:18 s'appelle les Cours européennes de justice,
33:20 s'appelle la Commission européenne non élue,
33:21 s'appelle le Conseil européen où les peuples sont mis en minorité,
33:23 s'appelle les traités.
33:24 Et le GPS, il contrôle.
33:26 Donc, vous ne pouvez plus décider.
33:27 Et d'ailleurs, il arrive à certains européistes d'être de bonne foi.
33:30 Ils avouent, ils tombent le masque de temps en temps.
33:32 Jean-Claude Juncker, 2018.
33:34 Il n'y a pas de démocratie contre les traités.
33:37 Il n'y a pas de démocratie contre les traités.
33:39 Alors, si les GI sont morts pour la construction européenne,
33:41 ils ne sont sûrement pas morts pour la démocratie.
33:43 Merci beaucoup pour votre regard.
33:45 Quelqu'un veut réagir peut-être à ce que vient de dire Guillaume Bigaud ?
33:49 Mathieu ?
33:50 Oui, je voyais que vous écoutiez,
33:53 mais avec un regard à la fois avec délectation,
33:55 mais avec un regard critique par moment.
33:57 Oui, sur un seul petit point.
33:58 Je vous voyais de dos.
33:59 Sur un seul petit point, en fait.
34:00 Il est vrai que l'Europe occidentale s'est libérée en 1945
34:04 grâce au débarquement.
34:06 Il est vrai que par ailleurs, les Russes ont contribué à la chute du nazisme.
34:10 C'est très bien.
34:11 Il ne faut simplement pas oublier que les peuples d'Europe de l'Est,
34:13 la liberté n'a pas été recouvrée en 45 ans.
34:16 Lorsque les Russes sont arrivés,
34:17 lorsque l'URSS est arrivée,
34:19 elle a imposé le communisme.
34:20 Et le communisme, parce que j'en sais,
34:22 c'était pour eux un enfer totalitaire qui se poursuivait.
34:24 Voilà pourquoi quand on célèbre la contribution de l'URSS
34:27 à la liberté des peuples,
34:28 je mets toujours quelques nuances,
34:30 bien que je célèbre évidemment son rôle dans la chute du nazisme.
34:32 Je ne peux pas le drame.
34:33 Je suis complètement d'accord avec toi.
34:35 Il n'y a pas d'opposition.
34:36 Mais simplement, c'est en 47,
34:38 ce n'est pas en 44, en 45.
34:39 Et on va parler du communisme aujourd'hui.
34:42 Le PCF.
34:43 Ah oui, bien sûr.
34:44 Au cœur de l'Union Européenne.
34:45 Qui se réclame en plus de cet héritage du communisme.
34:47 Très intéressant.
34:48 On en parle dans un instant avec vous, Charlotte.
34:50 On va parler aussi de cette conquête de l'Ouest de la droite nationale.
34:54 On en parle dans un instant.
34:56 D'abord, Geoffroy Lejeune.
34:57 Merci d'être avec nous ce soir.
34:59 Alors que le JDN, tout le monde se bagarre
35:01 pour se demander ce qu'on va faire en l'absence de Geoffroy.
35:04 Il est avec nous.
35:05 On le garde.
35:06 Merci pour l'invitation.
35:08 Avec grand plaisir.
35:09 L'émission quotidien sur TMC et dans la tourmente.
35:13 Accusé de racisme après le passage d'une chorale sur son plateau.
35:18 Ces accusations sont-elles fondées ?
35:20 Que s'est-il passé ?
35:21 Alors, ça s'est passé lundi soir.
35:23 Lors du passage en live du chanteur Pierre Garnier.
35:25 Très bon chanteur.
35:26 D'ailleurs, je le recommande.
35:27 C'est lui qui a gagné la Star Academy cette année.
35:28 J'aime beaucoup.
35:29 Qui est venu chanter sa nouvelle chanson.
35:31 Il est accompagné, en effet, vous l'avez dit, d'une chorale.
35:34 D'une centaine de personnes.
35:35 Des personnes qui sont parfois de couleur noire et parfois de couleur blanche.
35:37 Je le précise parce que c'est ça qui va poser problème.
35:40 L'émission s'est bien passée.
35:42 Le live était très réussi, je le redis.
35:45 Mais ça s'est gâté un peu après.
35:48 Parce que des choristes de couleur noire ont réagi sur Twitter
35:51 en racontant les coulisses de leur passage chez Quotidien.
35:54 C'était beaucoup moins glamour que ce que vous avez vu en plateau
35:57 avec l'ostras, les paillettes et la musique.
35:58 En gros, ils reprochent des attitudes...
36:00 On aime bien les coulisses, non ?
36:01 Ah oui, ils étaient nombreux en plus.
36:04 Ils reprochent des attitudes discriminatoires infligées par la production.
36:07 Je vais lister, je lis ce qu'ils ont écrit.
36:09 Une équipe hyper désagréable et méprisante.
36:11 Des heures d'attente dans une salle froide et sans fenêtres.
36:13 L'obligation de manger dans les escaliers.
36:15 Mais surtout, ils disent que des bracelets noirs ont été donnés,
36:19 distribués aux choristes noires.
36:21 À qui on a demandé, à la fin de la répétition,
36:24 de quitter le plateau pour rejoindre une salle qui était en sous-sol.
36:27 Les plateaux de Quotidien sont en sous-sol.
36:28 Pendant que les choristes de couleur blanche, eux, restaient en plateau pour chanter.
36:31 Ils sont passés à la télévision avec Pierre Garnier.
36:33 En gros, grosse polémique sur Twitter.
36:36 Quotidien a été durement attaqué.
36:38 Ce qui, pour cette émission, qui est un peu l'émission de la bien-pensance,
36:41 des leçons de morale et des recettes publicitaires qui vont avec,
36:44 équivaut à peu près à un Hiroshima médiatique.
36:46 Ça ne leur était pas souvent arrivé.
36:48 Donc c'est la panique à bord.
36:49 L'émission Quotidien assume pourtant un positionnement ouvertement antiraciste
36:54 et donne parfois même des leçons aux autres.
36:56 Alors comment expliquer cette situation paradoxale ?
36:59 Je vais commencer par les justifications de la production.
37:02 Ça c'est assez amusant.
37:03 Je lis ce qu'ils ont communiqué.
37:04 "Qu'il y ait eu dans ces loges uniquement des personnes noires, c'est un fait.
37:07 Ce que nous réfutons, compte tenu de ce qu'est l'émission, de son histoire,
37:10 des valeurs qu'elle défend depuis toujours, ce sont les accusations de racisme.
37:13 On lutte contre les discriminations depuis toujours.
37:16 Qu'il y ait eu ce ressenti et que ces personnes en viennent à penser ça, c'est regrettable.
37:20 Nous en prenons acte.
37:21 Il faut que l'on se pose des questions sur l'organisation."
37:23 Alors en fait, ils sont victimes.
37:25 Je vais vous expliquer ce que j'en ai pensé en lisant un peu tout ça.
37:28 Ils sont victimes d'un monde qu'ils ont eux-mêmes créé.
37:31 Quotidien, c'est l'entre-soi des bobos parisiens, sûr de leur supériorité morale.
37:35 C'est une pseudo-élite intellectuelle, mais une véritable élite économique
37:39 qui s'est donnée pour mission dans le but de sauver l'humanité,
37:42 d'aller traquer le racisme partout où il est,
37:44 c'est-à-dire chez les petits blancs, pauvres, ignares, abrutis,
37:47 qui fument des clopes et qui roulent au diesel, comme on disait,
37:49 pour éviter au monde une nouvelle guerre mondiale.
37:51 Je fais référence évidemment à ce que racontait Guillaume tout à l'heure.
37:54 Le monde qu'ils ont créé, c'est aussi celui de la traque.
37:56 Quotidien, c'est ça quasiment tous les jours.
37:58 La traque, la suspicion permanente, l'accusation à l'emporte-pièce,
38:01 sans aucune nuance jamais, la meute, l'acharnement, l'humiliation,
38:04 l'injonction à présenter ses excuses, ils communient tous les jours à ça.
38:07 L'impossibilité du pardon, la censure, l'impossibilité de la justice
38:11 et l'omniprésence de la vengeance.
38:12 Ils sont dans un vrai combat messianique quasiment,
38:15 contre les méchants racistes qui voudraient refaire la seconde guerre mondiale.
38:18 Ils accusent toujours les mêmes, ils défendent toujours les mêmes.
38:20 Donc ils ont gagné.
38:21 En fait, c'est leur hégémonie aujourd'hui qu'on est en train de vivre,
38:23 le système médiatique, on essaie de la faire vaciller, etc.
38:25 Mais globalement, c'est quand même, ils sont dans le camp des vainqueurs.
38:27 Mais aujourd'hui, c'est eux qui sont accusés par leur propre monde,
38:30 dans leur propre système.
38:31 Donc pardonnez-moi de m'amuser un peu, de les regarder se débattre dans ce système.
38:34 Moi, je connais, j'y suis déjà passé.
38:36 Mais là, je vois comment eux fonctionnent et je m'amuse un peu.
38:39 Donc je continue sur les explications de la production.
38:41 Bangoumi, donc c'est la boîte de production,
38:43 s'est défendue en pointant des dysfonctionnements, comme c'est pratique.
38:46 Je cite un verbatim,
38:48 "Quand il y a ce type de témoignage, il faut prendre cela au sérieux.
38:50 Il faut écouter que les choristes aient eu le sentiment d'être traités différemment,
38:53 doivent nous interroger."
38:54 Ça doit cogiter pas mal en ce moment.
38:56 L'explication, pardonnez-moi, est un peu vaseuse.
39:01 Je vous refais le fil de ce qu'ils expliquent.
39:03 - Parlez pas trop vite, parce que j'ai suspendu un volet, mais c'est passionnant.
39:06 - Donc, ils disent qu'ils auraient dû prévenir les choristes
39:08 qu'un tournage de télévision, c'est long,
39:10 que parfois ça change,
39:12 qu'ils ne pouvaient pas garder tout le monde en plateau,
39:14 qu'ils avaient des gens qui venaient pour faire le public,
39:17 qu'ils ne pouvaient pas annuler tout le monde,
39:19 donc du coup ils ne pouvaient pas garder tous les choristes, bref.
39:21 Et qu'évidemment, le tri n'a pas été fait selon la couleur de peau.
39:24 C'est une question d'organisation.
39:26 Je ne sais pas qui est chargé de l'organisation à quotidien, mais lui, il va valser.
39:28 Ça va être compliqué pour lui.
39:29 Alors, on peut décider de les croire ou pas.
39:31 Après tout, je ne suis pas dans leur tête,
39:33 je ne peux pas vous dire ce qu'ils ont voulu faire.
39:35 Mais moi, je vois une explication, par contre, de manière certaine à ce comportement,
39:37 c'est que je pense qu'ils reprochent aux autres,
39:39 en l'occurrence à ceux qui ne pensent pas comme eux,
39:41 ceux qu'ils accusent en permanence, leur propre mauvaise conscience.
39:43 J'ai une certitude quand je lis tous ces témoignages,
39:46 je ne sais pas s'ils ont été dans un tri en fonction de la couleur de peau,
39:49 un tri raciste, etc.
39:50 En revanche, je sais, parce que ça se voit à l'antenne et que je les connais,
39:53 ils sont méprisants.
39:55 Et ils sont d'ailleurs accusés d'être méprisants.
39:57 Et ça, c'est un caractère commun à tous ces gens.
39:59 "Quotidien", en fait, c'est une émission qui est fondée sur le ricanement, la moquerie,
40:03 les stéréotypes en permanence, les assignations à résidence.
40:06 Ils sont chics, ils sont de gauche, donc c'est autorisé et ce n'est pas grave.
40:09 Parce que ça ne peut être que bien.
40:11 Ils se connaissent, en fait, ils connaissent le fond de leur âme,
40:13 ils savent exactement ce qu'ils sont.
40:15 Et leur manière de traiter les gens, ils voient à peu près comment ils fonctionnent.
40:18 Donc ils pensent que tout le monde est pareil qu'eux.
40:20 Donc ils pensent que eux, comme ils sont de gauche, ce n'est pas grave.
40:22 Mais par contre, ils estiment dans la tête des gens d'en face, des gens de droite,
40:25 que par contre, là, ça devient grave.
40:26 Parce que forcément, si vous voulez limiter l'immigration,
40:28 c'est que vous détestez les Noirs.
40:29 Forcément.
40:30 Par contre, si vous vous comportez mal avec des Noirs,
40:32 vous êtes pour l'immigration, là, il y a absolution.
40:34 Voilà comment réfléchissent les gens du quotidien.
40:36 - Est-ce qu'il n'y a pas aussi un risque avec ce comportement
40:39 de ne plus comprendre le racisme et de ne plus le voir lorsqu'il est présent ?
40:44 - Si on essaie de donner une définition du racisme,
40:47 c'est souvent de la bêtise, parfois de la haine.
40:50 Et qu'est-ce que c'est ?
40:52 Je reprends une définition qui m'a été donnée il y a une dizaine d'années
40:54 par mon ami Mathieu.
40:55 Et ça n'est que ça, d'ailleurs.
40:57 Le fait d'établir une hiérarchie entre les races
40:59 et d'estimer qu'il y en a qui sont supérieurs à d'autres.
41:01 Voilà ce qu'est le racisme.
41:02 Mais il y en a partout.
41:03 Il faut être honnête et il faut le voir partout.
41:05 Il faut le voir partout où il est.
41:06 Ces gens-là, malheureusement, sont hémiplégiques.
41:08 Ils vivent dans un monde, qu'ils ont eux-mêmes créé d'ailleurs,
41:10 dans lequel le racisme ne concerne que les Blancs,
41:13 envers tous les autres.
41:14 Le reste n'existe pas.
41:15 Donc ils ont du mal à le voir.
41:17 Par exemple, il y a le racisme, le racisme dont on a le droit de parler,
41:21 et même il faut en parler le plus possible.
41:23 Et puis il y a les racismes dont si on se met à en parler,
41:26 on est un peu suspect.
41:27 On est un peu d'extrême droite.
41:29 Par exemple, le racisme anti-Blanc, c'est un fantasme d'extrême droite.
41:31 Ils sont très opposés au fait que ce concept existe dans le débat public.
41:35 Donc ça donne des situations assez amusantes.
41:37 Quand quelqu'un, ça arrive quand même assez souvent,
41:38 se fait tabasser au cri de petits Blancs,
41:40 ils ne voient pas le racisme du tout.
41:41 Ils n'en parlent pas.
41:42 D'ailleurs, ce n'est pas un sujet, c'est un épiphénomène.
41:44 Ça échappe complètement à leur radar.
41:46 Quand un rappeur dit "pender les Blancs",
41:48 ils disent que c'est de l'art.
41:49 Il faut trouver une justification à tout ça.
41:50 Quand Delphine Ernotte, patronne de France Télé,
41:52 dit qu'il y a trop d'hommes de plus de 50 ans Blancs à la télévision,
41:54 pour eux, ce n'est pas grave, c'est la liberté d'expression.
41:56 Ils ne voient pas du tout où est le problème.
41:58 Quand Mélenchon dit, c'est un verbatim absolument exceptionnel,
42:00 qui est véridique et qui date un peu,
42:02 "je ne peux pas survivre quand il n'y a que des Blancs aux yeux bleus",
42:04 il n'y a pas de malaise chez eux.
42:06 C'est une information qu'ils n'ont jamais traitée.
42:08 Quand Mediapart, et vous en avez parlé tout à l'heure,
42:10 publie une liste de visages Blancs, de visages Pâles,
42:13 pour déplorer le fait que le Parlement européen
42:15 sera peut-être, je cite, dimanche prochain,
42:17 encore plus Blanc, ils détournent le regard.
42:19 Donc moi, je me suis amusé à travailler un peu sur cette histoire,
42:22 pour me dire, à la fin, finalement, c'est un gigantesque
42:25 cafarnaum d'hypocrisie, de mauvaise foi et de bêtise.
42:27 Et en fait, c'est le résultat de 50 ans de leur hégémonie culturelle,
42:32 à eux, qui est de gauche, qui est d'extrême gauche.
42:34 Quand on voit les résultats que ça a donnés
42:36 dans la lutte contre le racisme, je me dis,
42:38 il est peut-être temps de tourner la page.
42:40 Et il est peut-être temps que certains,
42:42 ceux qui sont victimes de ce racisme,
42:45 par les antiracistes, ouvrent les yeux.
42:47 Tous n'ont pas ouvert les yeux.
42:49 Merci infiniment.
42:51 J'aurais pu ajouter les insultes du président des SOS Racisme
42:53 contre Jean Messia, insultes racistes.
42:55 Charlotte Dornelas, c'est en Bretagne
43:00 que le président de la République a commencé
43:02 ses commémorations du 80e anniversaire du débarquement.
43:05 Une grande première.
43:07 Ces derniers temps, des observateurs ont remarqué
43:10 une progression du vote RN dans l'Ouest,
43:13 qui inquiète beaucoup,
43:16 jusqu'en Macronie.
43:18 Comment expliquer cette progression ?
43:21 C'est vrai qu'Emmanuel Macron est parti en Bretagne.
43:23 Peut-être avait-il cela en tête,
43:26 parce que la Bretagne, ça fait des années et des années,
43:28 personne n'imaginait, d'accord, le RN partout,
43:30 mais pas en Bretagne.
43:32 C'est absolument inimaginable.
43:34 Il se trouve qu'il y a des gens en Bretagne
43:36 qui se sont mis, eux aussi, à voter Rassemblement National.
43:39 Avant de se focaliser d'abord sur l'Ouest,
43:41 il est amusant de constater à quel point
43:44 le vote RN, et c'est d'ailleurs le seul,
43:47 est appréhendé exactement comme un virus.
43:49 Le vote RN, il se propage.
43:51 Il se propage d'une région à l'autre.
43:53 - Comme avait dit Mathieu, là, dernièrement.
43:55 - Il a touché telle région.
43:57 Avant, c'était quelques personnes qu'on avait bien identifiées géographiquement.
44:00 Maintenant, ça a fait un cluster à l'autre bout du pays.
44:02 Enfin, vraiment, on en parle comme d'un virus.
44:04 Peut-être est-ce qu'il serait plus intéressant
44:06 pour les commentateurs et ceux qui essayent
44:08 de comprendre la vie politique de ce pays,
44:10 d'imaginer que les raisons identifiées par les électeurs
44:13 sont le véritable virus.
44:15 Il y a toujours des raisons pour lesquelles les électeurs
44:18 choisissent un parti plutôt qu'un autre,
44:20 raisons qu'on peut juger légitimes, bonnes ou mauvaises,
44:23 ou illégitimes, peu importe.
44:25 Peut-être sont ces raisons qui s'étendent un peu partout en France,
44:28 qui, elles, se propagent un peu partout en France,
44:30 et qui expliqueraient ça.
44:32 Parce que, globalement, on est passé, quand même,
44:34 de Jean-Marie Le Pen, en 2002, qui faisait 17,8%
44:37 au second tour de la présidentielle,
44:40 à Marine Le Pen, qui a fait 41,5% en 2022.
44:44 Donc, en effet, ce vote augmente.
44:46 En effet, le recours au Rassemblement national
44:48 augmente en France, et il se trouve que
44:51 même la Bretagne fait partie de la France.
44:53 Et donc, c'est pas très étonnant
44:55 qu'il augmente là-bas aussi.
44:57 Les raisons qui poussent ces électeurs à choisir ce parti,
45:01 c'est-à-dire que le vote RN, il est trop souvent
45:03 dans le commentariat,
45:05 jugé simplement sur le terrain moral de l'inquiétude.
45:08 C'est exactement ce que nous disait Guillaume tout à l'heure.
45:11 On nous parle de démocratie,
45:13 à l'inverse, on nous parle des heures sombres,
45:15 des vents mauvais, plus récemment.
45:17 Et donc, il n'est analysé que sur un terrain, en effet, moral.
45:20 Et comme il ne suffit plus lui-même, c'est l'inquiétude.
45:22 C'est parce que c'est moralement répréhensible
45:24 qu'on est vraiment extrêmement inquiet,
45:26 et qu'il faut faire barrage.
45:28 Mais qui peut croire sérieusement que les électeurs
45:30 de plus en plus nombreux le font en raison des vents mauvais,
45:33 en raison des heures sombres, dont ils ne sont même plus capables
45:36 de connaître les contours, parce que même les plus jeunes
45:39 sont moins bons que leurs aînés en histoire,
45:42 et ils ont parfois recours, eux aussi, au Rassemblement National.
45:46 Alors, il y a un chiffre qui dégrade extrêmement largement
45:50 cette lecture assez paresseuse du recours au vote RN,
45:53 c'est la génération qui, en 2002,
45:56 avait entre 18 et 24 ans.
45:59 Vous savez, 2002, Jean-Marie Le Pen présent au second tour,
46:02 il y avait des manifestations partout en France,
46:04 notamment peuplées de jeunes.
46:06 Donc, la génération 18-24 ans, en 2002,
46:09 elle vote à 7% pour Jean-Marie Le Pen.
46:12 Cette même génération, des années après,
46:14 c'est-à-dire aujourd'hui, elle a entre 38 et 44 ans.
46:17 Elle a voté à 47% pour Marine Le Pen.
46:20 Cette même génération.
46:22 Donc, il y a évidemment une progression
46:24 chez des mêmes personnes qui condamnaient,
46:26 sur le terrain moral, entre les deux tours,
46:29 la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour,
46:31 et qui aujourd'hui choisit le RN,
46:34 probablement sans avoir totalement basculé
46:37 sur un chiffre pareil, sur le terrain moral.
46:40 Alors, Jérôme Fourquet, il est l'un des seuls
46:42 à avoir pris au sérieux le vote RN,
46:44 c'est-à-dire à avoir cherché à le comprendre
46:47 en écoutant les électeurs, en essayant de sonder,
46:49 précisément, c'est son métier, les raisons de ce vote.
46:52 Lui, il explique la raison de ce vote,
46:54 c'est l'insécurité, qui est déclinée de trois manières.
46:57 Il y a l'insécurité économique, l'insécurité culturelle
47:00 et l'insécurité physique.
47:02 Or, tout le déni du monde, de tous les commentateurs du monde,
47:06 n'enlèvera pas la perception,
47:09 plus ou moins juste par rapport à la réalité,
47:12 peu importe, la perception grandissante
47:14 d'une insécurité absolument immense
47:17 sur ces trois sujets, précisément.
47:19 Et que la réponse du RN soit bonne ou mauvaise
47:23 n'enlève rien au recours qu'il apparaît être
47:26 devant cette insécurité ressentie par les Français.
47:29 Sur le terrain géographique, vous l'avez dit,
47:32 cette évolution est spectaculaire,
47:34 parce que pendant très longtemps, il y avait des terres
47:36 qui étaient absolument réfractaires au RN.
47:38 Ça n'existait pas, ça n'est plus vrai aujourd'hui,
47:41 de la même manière que les classes sociales,
47:43 certaines étaient absolument réfractaires au RN.
47:46 Jérôme Fourquet nous dit qu'aujourd'hui,
47:48 il n'y en a plus une seule classe sociale
47:50 qui est absolument immunisée, on va dire,
47:52 imperméable au vote RN.
47:56 Et alors, dans les zones qui étaient favorables au RN,
47:59 il y a des années, on arrive à des scores
48:01 désormais ultra-majoritaires, à plus de 60%
48:04 pour Marine Le Pen aujourd'hui.
48:06 Et dans les zones qui étaient autrefois désertées
48:09 par ce parti, il y a certaines villes,
48:11 nous dit Jérôme Fourquet, qui ont pris 30 points
48:13 en quelques années. Le RN a pris 30 points
48:16 dans certaines villes,
48:19 c'est-à-dire qu'il arrive au niveau
48:21 où étaient les villes aujourd'hui
48:23 où c'est ultra-majoritaire, il y a quelques années.
48:25 Donc lui dit finalement, le plafond d'hier
48:27 est devenu le plancher d'aujourd'hui.
48:29 Et donc, évidemment, puisque ça progresse partout
48:31 pour des raisons extrêmement bien identifiées,
48:34 si ces raisons s'invitent dans des régions
48:36 où elles n'existaient pas hier,
48:38 eh bien évidemment, le RN arrive aujourd'hui.
48:41 Seules les grandes villes résistent encore.
48:43 Et les grandes villes, ce sont, on le sait,
48:45 les bastions de la triple sécurité,
48:47 de ce qu'il en reste en tout cas en France.
48:49 - Comment expliquer cette évolution,
48:51 malgré les dénonciations médiatiques
48:53 de la classe politique, assez unanime,
48:55 du monde culturel,
48:57 qui est une condamnation assez ferme, quand même ?
48:59 - C'est vrai, là où vous avez raison,
49:01 c'est que c'est unanime.
49:03 Dans le monde culturel, on comprend bien que,
49:05 de toute façon, celui qui se tait est déjà suspect,
49:07 parce qu'il faut le proclamer.
49:09 Dans le monde médiatique, on en parle assez régulièrement.
49:11 Et dans le monde politique, même,
49:13 c'est devenu un réflexe.
49:15 Il y a certaines personnes qui disent objectivement
49:17 exactement la même chose, deux minutes après Marine Le Pen,
49:19 sur un sujet extrêmement précis,
49:21 qui n'ont rien à voir avec le Rassemblement national.
49:23 C'est vraiment un réflexe. Là où vous avez raison,
49:25 c'est que c'est permanent, ce réflexe est permanent,
49:27 et pourtant, le vote progresse.
49:29 La condamnation, elle est toujours morale.
49:31 C'est-à-dire que ce réflexe-là,
49:33 il est toujours moral,
49:35 et le ressort est la dégradation
49:37 bien réelle du pays.
49:39 Or, personne ne l'émet jamais,
49:41 en tout cas ceux qui le dénoncent,
49:43 quand vous avez, sur certains sujets,
49:45 on dénonce le Rassemblement national,
49:47 et on dit, par exemple, sur le terrain de l'immigration.
49:49 Mais quand vous voyez, quand vous déclinez ce sujet,
49:51 et que dans tous les sondages,
49:53 dans tous les sondages, 7 Français,
49:55 c'est les fameux 7 Français sur 10, qui répondent,
49:57 qui sont inquiets sur la délinquance, inquiets sur l'insécurité,
49:59 inquiets sur les proportions d'immigration,
50:01 qu'ils veulent une réduction du nombre d'immigration,
50:03 qu'ils veulent favoriser les expulsions,
50:05 c'est toujours 7 Français sur 10.
50:07 Or, c'est précisément
50:09 sur ce terrain-là que l'on reproche
50:11 moralement son positionnement au Rassemblement national.
50:13 Alors, évidemment, le Rassemblement national
50:15 ne prend pas 7 Français sur 10.
50:17 Il n'empêche que vous avez
50:19 une réserve de gens
50:21 d'accord dans ce pays
50:23 avec les raisons pour lesquelles on dénonce le Rassemblement national,
50:25 qui dessine un fossé
50:27 abyssal. C'est-à-dire qu'on pourrait au minimum
50:29 traiter la réponse de ce parti
50:31 comme on traite la réponse de tous les partis,
50:33 c'est-à-dire de manière rationnelle.
50:35 Ça n'est toujours pas le cas.
50:37 Or, les trois ressorts du vote,
50:39 ils sont évidemment en permanence dans les débats.
50:41 L'insécurité économique,
50:43 on n'en parle pas, on en parle en permanence.
50:45 L'insécurité tout court,
50:47 on reproche précisément...
50:49 C'est ça, l'insécurité physique.
50:51 On reproche précisément à CNews
50:53 de s'être intéressée à cette question
50:55 dans un récit médiatique qui voulait l'invisibiliser.
50:57 C'est donc bien qu'elle existe
50:59 puisqu'on ne reproche pas à CNews de s'y intéresser
51:01 sur le fond. On ne conteste pas
51:03 les faits qui sont sortis par CNews.
51:05 On explique juste qu'il ne faudrait pas en parler.
51:07 Je n'ai toujours pas compris l'argument, mais ce n'est pas grave.
51:09 Et la question, évidemment, de l'insécurité
51:11 culturelle, qui est là en permanence
51:13 dans nos débats. Or, l'addition
51:15 de ces trois insécurités explique
51:17 la progression de ce vote. L'addition,
51:19 et c'est ce que disait Mathieu tout à l'heure,
51:21 à force de vouloir le sectionner, on a l'impression que les gens,
51:23 dans leur vie, il y a un sujet qui doit les intéresser
51:25 au moment d'aller voter. Mais nos vies, elles sont faites
51:27 évidemment de beaucoup de préoccupations en même temps.
51:29 On peut évidemment le comprendre.
51:31 Cela se retrouve d'ailleurs dans
51:33 l'hétérogénéité des électeurs
51:35 du Rassemblement National. Sinon,
51:37 on ne comprend pas. S'il y a une seule raison pour laquelle
51:39 vous allez voter, en effet, il devrait y avoir une uniformité
51:41 absolue des électeurs. Ce n'est pas
51:43 vrai dans les autres parties. Il y a évidemment des classes
51:45 qui se dessinent. Mais ce n'est pas vrai
51:47 complètement. Ce n'est pas vrai là non plus.
51:49 Et on a, évidemment, des électeurs
51:51 qui ont plusieurs préoccupations
51:53 en même temps. Et simplement, pour le faire,
51:55 même si, prenons l'exemple,
51:57 parce que Mathieu, vous évoquiez tout à l'heure
51:59 le sondage qui place l'immigration en première
52:01 préoccupation. Mais prenons
52:03 la situation au moment de l'élection
52:05 présidentielle. Le pouvoir d'achat
52:07 était présenté comme la première préoccupation.
52:09 Mais quand vous allez voter,
52:11 votre première préoccupation, c'est le pouvoir d'achat.
52:13 Mais vous avez d'autres préoccupations. Donc, vous vous dites
52:15 "le pouvoir d'achat, d'accord, c'est important. Il y a tel, tel, tel
52:17 parti qui me donne une réponse qui me satisfait
52:19 là-dessus". Et vous ajoutez, mais par exemple,
52:21 l'immigration, c'est aussi une préoccupation.
52:23 Donc, vous ajoutez celle-là, et là,
52:25 il y a certains partis qui ne correspondent plus du tout
52:27 à ce que vous vouliez. Donc, même là,
52:29 l'immigration est évidemment un ressort important
52:31 si vous choisissez le Rassemblement National
52:33 plutôt que quelqu'un d'autre.
52:35 Et la préoccupation dans ces
52:37 trois domaines augmente
52:39 partout dans le pays, et également dans l'Ouest,
52:41 pour reprendre votre
52:43 première question. Évidemment,
52:45 la question du déclassement économique
52:47 de l'Ouest a été très longtemps préservée. Aujourd'hui,
52:49 il y a des usines qui ferment, des gens au chômage, etc.
52:51 La question de la délinquance Nantes
52:53 étant l'exemple absolument parfait.
52:55 On a beaucoup parlé de cette dégradation
52:57 hallucinante de la ville de Nantes
52:59 où il faisait extrêmement bon vivre il y a encore
53:01 peu de temps. Et souvenez-vous de la question de la
53:03 répartition des migrants qui s'est invitée dans
53:05 beaucoup de villages en Bretagne. Eh bien,
53:07 il est absolument évident que tous ces sujets
53:09 préoccupent les Bretons comme ils préoccupent
53:11 tout le reste des Français.
53:13 Dernière question. Ce déclassement
53:15 qui est un fort ressort de vote est pourtant
53:17 très largement contesté dans le commentaire.
53:19 Comment expliquer ce fossé ?
53:21 Un tel fossé ? Eh bien, parce que dans le commentaire,
53:23 on est dans un cercle vicieux sans fin.
53:25 Le présupposé, c'est que l'ERN est un
53:27 danger sur le terrain moral et sur le terrain
53:29 historique et sur le terrain de
53:31 l'humanité, tout simplement. Donc, le
53:33 présupposé, c'est ça. L'ERN est un danger.
53:35 Or, il se trouve que l'ERN, sur ces
53:37 trois sujets, dénonce le déclassement,
53:39 la dépossession, notamment sur le
53:41 terrain migratoire initialement, mais sur le terrain
53:43 économique aujourd'hui, sur le terrain physique,
53:45 il dénonce ce déclassement.
53:47 Donc, toute trace de déclassement
53:49 donnerait raison aux ERN,
53:51 puisqu'ils ont fait, évidemment, leur
53:53 présence médiatique là-dessus.
53:55 Donc, le déclassement ne doit pas exister.
53:57 Donc, si vous parlez du déclassement,
53:59 vous êtes déjà suspect de participer
54:01 à renforcer le préjugé initial,
54:03 à savoir que l'ERN
54:05 est mauvais. Mais les électeurs, eux, ils sont
54:07 nombreux à s'apercevoir que leur déclassement
54:09 économique, dans un monde extrêmement
54:11 consumériste, leur déclassement sécuritaire,
54:13 alors que notre
54:15 actualité est faite de gens qui meurent ici
54:17 et là par des profils toujours plus
54:19 hallucinants, le déclassement culturel,
54:21 évidemment. Je veux dire, il y a
54:23 50 ans, la question du voile
54:25 à l'école ne s'invitait pas dans le débat,
54:27 précisément parce qu'il n'existait pas. Donc, il y a, évidemment,
54:29 on peut trouver ça génial, mais il y a plein de gens
54:31 qui s'en inquiètent et ce sont, évidemment,
54:33 une partie de ces personnes
54:35 qui choisissent le Rassemblement National
54:37 et ne sont pas juste fous.
54:39 - Réaction Mathieu, et ensuite, votre
54:41 chronique. - En un mot, je dirais que le basculement
54:43 sociologique entraîne un basculement
54:45 politique, c'est-à-dire qu'à la manière d'une réaction,
54:47 il y a une coalition alternative
54:49 qui émerge. On parle du ERN,
54:51 Reconquête s'y joint, je pense que ça en fait partie,
54:53 et la droite DLR est appelée
54:55 à la rejoindre. Je crois que tout ça, c'est un nouveau
54:57 bloc potentiellement majoritaire en ce pays.
54:59 - Mathieu Bocoté, votre coup
55:01 de poing final. - Eh oui !
55:03 - Parce que c'était
55:05 hier soir le débat des petites listes
55:07 des candidats laissés de côté, s'y affrontaient
55:09 en cherchant à se faire une place au soleil.
55:11 Vous nous direz ce que vous en avez pensé,
55:13 mais surtout, vous vous demandez ce soir,
55:15 pourquoi le PCF, représenté par Léon Desfontaines,
55:17 n'y participait pas ?
55:19 Pourquoi il participait au débat des listes
55:21 principales, alors qu'il ne fait pas 5% ?
55:23 - En fait, deux plutôt.
55:25 - C'est tendance, Philippot-Asselineau.
55:27 On pourrait dire que c'est un parti
55:29 qui a une longue histoire, et son histoire
55:31 l'autorise à être au coeur des partis politiques dominants.
55:33 Et c'est vrai, c'est un parti qui,
55:35 entre 1939 et 1941,
55:37 n'a pas cru nécessaire à la résistance.
55:39 Il a fallu qu'on attaque un autre pays
55:41 pour qu'il se porte à la défense de la France.
55:43 C'est un parti communiste, je parle bien évidemment.
55:45 C'est un parti qui, jusqu'à la chute du mur de Berlin,
55:47 était soumis à un pays étranger
55:49 et prenait ses ordres ailleurs.
55:51 C'est sa conception du patriotisme.
55:53 Et c'est un parti qui se réclame encore d'une idéologie,
55:55 disons-le, qui a fait des dizaines de millions de morts.
55:57 Ayant tout ça à l'esprit,
55:59 le Parti communiste a été intégré
56:01 au système politique français depuis 60 ans.
56:03 Il y a une forme de privilège institutionnel
56:05 qui est lié. Dans les sondages, il fait 2%.
56:07 Asselineau fait 1,5%,
56:09 Philippot fait 1,5%, mais la différence,
56:11 c'est qu'il y a une espèce de capital institutionnel
56:13 sur lequel il est assis depuis très longtemps.
56:15 Et ça lui donne ce privilège dans les zones.
56:17 Dans les sondages, pas dans les sondages,
56:19 dans les débats. Je note une chose.
56:21 Si M. Fontaine ne manque pas de talent,
56:23 mais manifestement, il n'est pas à la hauteur
56:25 des autres débatteurs des dernières semaines,
56:27 sa place aurait été probablement
56:29 parmi les petites listes dans l'autre débat
56:31 dont on a parlé hier. Aurait-il été
56:33 à sa place-là? Peut-être qu'il aurait brillé
56:35 dans la deuxième catégorie. C'était un débat
56:37 qui n'était pas méprisable, soit dit en passant,
56:39 qui méritait qu'on le regarde,
56:41 mais le service public, en parlant,
56:43 donnait l'impression que c'était une collection de dégénérés.
56:45 - Alors, ce débat ne méritait pas
56:47 le mépris qui l'entourait, si je vous comprends bien?
56:49 - Pas du tout. Je pense que les petites listes
56:51 témoignent de quelque chose, c'est-à-dire la persistance
56:53 de choix politiques qui ne sont pas médiatiquement
56:55 porteurs, mais qui correspondent à des courants
56:57 qui existent dans un pays. J'ai parlé d'Astelino,
56:59 j'ai parlé de Philippot, on aurait pu parler
57:01 du Parti animaliste. Il y a différentes choses
57:03 qui existent ainsi. Or, je pense que
57:05 le Parti communiste aurait été excellent dans ce débat.
57:07 Je note deux choses. Jean Lassalle,
57:09 qui n'a pas été inintéressant, lorsqu'il a incarné
57:11 quand même le ras-le-bol de tant et tant
57:13 de citoyens devant l'arrogance
57:15 de l'aristocratie médiatique, en disant
57:17 "Voulez-vous me laisser parler? Voulez-vous, venez, vous taire?
57:19 Cessez de faire le malin, cessez de chercher
57:21 à confisquer la parole. De temps en temps,
57:23 pourriez-vous nous laisser parler sans chercher à nous ridiculiser?"
57:25 Ça, c'est une intervention qui était bienvenue
57:27 de Jean Lassalle, je crois. Ça nous rappelle l'importance
57:29 de francs-tireurs dans l'espace public.
57:31 Ça nous rappelle que ces petites listes, même si
57:33 elles ne sont pas déterminantes et majeures,
57:35 disent quelque chose sur l'état du pays. Je pense
57:37 que Desfontaines aurait brillé parmi ces listes.
57:39 - Merci pour ce coup de poing final,
57:41 Mathieu Bocote. Et puis, je rappelle qu'en France,
57:43 il faut faire 5 %.
57:45 Il y a une pression, par exemple, en ce moment
57:47 sur Euroconquête. Vous avez parlé de Euroconquête.
57:49 Alors qu'en Allemagne,
57:51 par exemple, à 0,65 %,
57:53 vous êtes élu
57:55 eurodéputé. C'est intéressant.
57:57 On n'a pas le même...
57:59 On arrive au Parlement européen, mais pas avec les mêmes atouts.
58:01 L'heure des pro-2.
58:03 ♪ ♪ ♪

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