Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
Category
🗞
NewsTranscription
00:00:00Bonsoir à tous. Face à l'info, édition spéciale ce soir avec Marine Le Pen.
00:00:06Alors qu'on attend la nomination du prochain Premier Ministre,
00:00:10alors qu'Emmanuel Macron doit s'exprimer ce soir,
00:00:13quelle stratégie pour Marine Le Pen ?
00:00:15Quel Premier Ministre serait acceptable pour le Rassemblement National ?
00:00:19Le RN a-t-il fait voler en éclats sa responsabilité après le vote de la motion de censure ?
00:00:24Le RN a-t-il franchi un cap en votant avec le NFP ?
00:00:28Quel avenir pour la France ? Instabilité, manque de visibilité, le chaos ou le sursaut ?
00:00:33Nous verrons également avec notre invitée spéciale ce soir.
00:00:36En quoi son agenda judiciaire pourrait-il jouer sur sa décision politique ?
00:00:41Comment a-t-elle vécu son procès qui s'annonce décisif et historique ?
00:00:44Quelle est sa vision pour la France ce soir ?
00:00:46A l'heure où Donald Trump a déjoué tous les pronostics aux Etats-Unis ?
00:00:49A l'heure où le monde occidental est en déclin ?
00:00:52Et les Français dans tout ça, quel avenir pour les Français qui se battent en silence ?
00:00:56Le Grand Entretien ce soir avec Marine Le Pen.
00:01:12Bonsoir Marine Le Pen.
00:01:14Bonsoir.
00:01:15Beaucoup de questions pour vous ce soir.
00:01:17Nous sommes ensemble jusqu'à 20h avec Charlotte Dornelas et Mathieu Bobcoté
00:01:20qui vous poseront des questions dans un instant.
00:01:22Vous êtes présidente du groupe RN à l'Assemblée Nationale.
00:01:25Tout le monde vous connaît mais j'aime bien poser quand même le décor.
00:01:28Vous avez occupé quasiment tous les mandats politiques.
00:01:30Vous vous êtes hissée deux fois au second temps de la présidentielle.
00:01:33Vous avez obtenu votre meilleur résultat à la dernière présidentielle
00:01:37et votre parti a obtenu un score historique aux européennes comme aux législatives.
00:01:42Vous faites partie des personnalités politiques préférées des Français.
00:01:47D'abord, 24h, nous sommes 24h pile après la censure.
00:01:52C'est le soulagement ou l'inquiétude ?
00:01:55Ni le soulagement ni l'inquiétude.
00:01:58La censure n'a pas été un coup politique, ça a été un acte politique.
00:02:03C'est un acte politique la censure qui est prévue par la Constitution.
00:02:07Nous avons été loyaux et transparents depuis le début avec le Premier ministre
00:02:15en disant que notre rôle, celui que les électeurs qui nous ont donné mandat nous ont confié,
00:02:21c'est de les protéger.
00:02:22Or, il nous est apparu que le budget qui était présenté par M. Barnier
00:02:27ne répondait à aucune des conditions qui nous apparaissaient nécessaires.
00:02:32Malgré cette critique générale, nous avons été très raisonnables
00:02:38en lui posant quelques lignes rouges, quelques lignes rouges seulement,
00:02:42mais qui étaient vraiment des choses incontournables.
00:02:45Et il n'a pas souhaité, en réalité, modifier ce budget.
00:02:50Et donc il nous est apparu que s'attaquer aux malades, s'attaquer aux retraités,
00:02:54s'attaquer aux entreprises au moment où il y a 65 000 défaillances,
00:02:59qu'on est dans un record de défaillances d'entreprises historiques,
00:03:02était profondément néfaste pour les Français et pour le pays.
00:03:06Face à cela, il n'y a qu'une seule possibilité, c'est de faire tomber le budget
00:03:10pour pouvoir retravailler sur un nouveau budget.
00:03:13Et c'est ce que nous avons décidé de faire hier.
00:03:15Alors, dans un instant, vous allez nous expliquer un peu plus en profondeur votre choix
00:03:19parce que je sens que certains Français sont inquiets,
00:03:22certains de vos électeurs sont inquiets.
00:03:24On va en parler, mais d'abord, moi j'ai remarqué que beaucoup se disaient
00:03:28elle ne va jamais, j'ai entendu les commentateurs politiques et les experts sur les plateaux dire
00:03:32elle ne va jamais appuyer sur le bouton, elle n'aura pas le courage,
00:03:36elle ne va pas se décider, elle ne va pas supporter la pression,
00:03:39elle ne va pas passer à l'action.
00:03:41On a vu que Michel Barnier n'y a pas cru jusqu'au dernier jour,
00:03:44on a vu que le Président de la République n'y a pas cru jusqu'au dernier jour.
00:03:47Vous l'avez fait. Est-ce qu'il n'y a pas une certaine, je ne sais pas si je peux me permettre,
00:03:51une sorte de misogynie à votre égard, derrière toutes ces interrogations ?
00:03:55C'est étonnant que vous me posiez cette question parce que je crois qu'en 25 ans de carrière politique,
00:04:01je n'ai en réalité jamais ressenti de misogynie.
00:04:05Et la première fois où j'en ai ressenti, c'est précisément pendant cette séquence.
00:04:09C'est-à-dire que le côté un peu faible femme ne supportera pas la pression qu'on va lui mettre.
00:04:14J'ai même entendu, d'ailleurs, sur un de vos plateaux,
00:04:19M. Jakubowicz dire que Marine Le Pen est une femme vexée.
00:04:25Tout ceci, c'était tout de même une tonalité que je n'avais pas l'habitude que l'on utilise à mon égard
00:04:33parce qu'il m'apparaissait quand même que j'ai démontré dans ma carrière politique
00:04:37que j'étais assez peu susceptible de céder à la pression,
00:04:41que j'étais plutôt plus solide que beaucoup d'autres responsables politiques,
00:04:47tous sexes confondus par ailleurs, et que je ne fais jamais mes coups en douce en plus.
00:04:53Je ne manœuvre pas, il n'y a pas de non-dit, je dis ce que je vais faire.
00:04:59J'ai annoncé pendant toute la semaine avant le vote, attention, le risque existe,
00:05:05M. Barnier prend le chemin de la censure, il faut qu'il prenne cela au sérieux.
00:05:09Et jusqu'au dernier moment, ils n'ont pas pris cela au sérieux.
00:05:12Ils se sont dit, le Rassemblement National, Marine Le Pen,
00:05:17elle est en quête de respectabilité parce qu'ils pensent pour nous.
00:05:20C'est une nouvelle technique, ils pensent pour nous,
00:05:22ils savent mieux ce qu'on a dans la tête que nous-mêmes.
00:05:24Ils sont en quête de respectabilité, donc on va leur donner trois miettes,
00:05:28ils vont pouvoir agiter des petits drapeaux en disant, regardez, on a eu une victoire,
00:05:34et puis ça suffira bien, et ils resteront dans leur coin.
00:05:38Sauf qu'ils n'ont pas compris ce qui anime notre combat politique.
00:05:43Ce qui anime notre combat politique, c'est de changer la vie des gens.
00:05:47C'est qu'ils sont aujourd'hui en souffrance, qu'ils sont en souffrance du fait de leurs responsables politiques,
00:05:53qu'on leur demande en permanence d'éponger les erreurs de tous leurs dirigeants successifs,
00:06:01que c'est à eux qu'on présente à chaque fois la facture, et qu'ils en ont soupé.
00:06:06Et que nous sommes là pour dire aux dirigeants, vous ne pouvez plus continuer dans cette voie.
00:06:12Il faut une rupture avec les 50 dernières années.
00:06:16Michel Barnier était attendu qu'en mettant cette rupture,
00:06:20et il arrive en nous présentant un budget socialiste.
00:06:23En gros, un budget socialiste, je suis désolé, mais on a beau prendre ça dans tous les sens,
00:06:28si M. Cazeneuve avait été nommé Premier ministre,
00:06:31et s'il avait présenté un budget tel que celui qui a été présenté par M. Barnier,
00:06:36la droite aurait été en PLS, en train de hurler au retour de l'Union soviétique.
00:06:4140 milliards d'impôts supplémentaires, 20 milliards d'impôts sur les entreprises,
00:06:494 milliards d'alourdissements du coût du travail.
00:06:53Vous savez très bien que la droite passe sa vie à sauter sur les chaises en disant
00:06:56le coût du travail, le coût du travail, les charges, les charges, les charges.
00:07:00Là, rien. Tout allait bien.
00:07:02Aucune économie. Aucune économie sur le train de vie de l'État.
00:07:06Aucune économie sérieuse sur le train de vie de l'État.
00:07:09Et tout ça passait crème.
00:07:11Ça passe crème avec eux, mais avec nous, ça n'était pas possible.
00:07:14Parce que c'était une violence, encore une fois, faite aux Français,
00:07:18à qui on demandait d'accepter la désindexation de leur retraite,
00:07:24et des remboursements de médicaments, tout en laissant quasiment intact
00:07:28l'aide médicale d'État pour les clandestins.
00:07:31Une petite baisse de 200 millions, annoncée, sur 1,3 milliard.
00:07:34Oui, mais pardon Madame Kelly, mais sauf que nous, nous ne sommes pas des poulets de l'année.
00:07:38Donc on sait comment cela fonctionne.
00:07:40On met 1 milliard, on dit regardez, j'ai baissé, ce sera 1,1 milliard,
00:07:44au lieu d'un 1,3 milliard.
00:07:47Sauf qu'en réalité, au cours de l'année, quand des clandestins se présentent à l'hôpital,
00:07:52on ne ferme pas la porte, on ne dit pas, le budget, c'est fini, c'est dépassé, on ne vous soigne plus.
00:07:56Et l'année suivante, on arrive en disant, pour finir, c'est dommage,
00:08:00en fait, ce n'était pas 1,2 milliard, ça a coûté 1,6 milliard.
00:08:05Bon ben, ce n'est pas grave, on va combler le trou.
00:08:08Donc, si M. Barnier avait voulu vraiment faire baisser l'aide médicale d'État,
00:08:12il se serait attaqué immédiatement au panier de soins.
00:08:17En même temps, j'entends bien ce que vous dites, et là, pour essayer d'expliquer vraiment le choix,
00:08:21et votre choix, pour que vos électeurs puissent comprendre, parce que tous ne comprennent pas,
00:08:25et les Français aussi.
00:08:27Il n'empêche, quand on regarde le gouvernement, qu'on voit un certain Bruno Rotailleau,
00:08:31qui allait un peu dans votre sens, on voit certaines voix qu'on n'entendait pas forcément,
00:08:35au sein du gouvernement Macron, qui tendent un peu plus à droite,
00:08:39on voit M. Portier, par exemple, on voit certaines voix qui vont à droite,
00:08:43et on se dit, mais elle a tout envoyé balader, si vous permettez l'expression,
00:08:47alors que, pour une fois, on entend quelques ministres qui vont dans votre sens.
00:08:52Oui, mais moi, les voix, ça ne me suffit pas, en fait.
00:08:55Voilà, c'est ça le problème, et je crois que ça ne suffit pas aux Français.
00:08:58Ils ont été baladés, depuis des décennies, avec des gens qui faisaient des grandes déclarations,
00:09:03enfin, je n'ai pas besoin de rappeler les mauvais souvenirs,
00:09:07à ceux qui ont cru dans untel ou untel, qui disaient, ça suffit,
00:09:11qui disaient, l'immigration, on va s'y attaquer,
00:09:14qui disaient, on va régler le problème de l'insécurité, et rien n'est jamais arrivé.
00:09:18Moi, je juge maintenant cette classe politique aux actes.
00:09:22Ce que je vois, c'est qu'il y a quelques jours, il y a eu une niche Rassemblement National.
00:09:26Dans cette niche Rassemblement National, il y avait notamment le retour
00:09:32de ce qu'on a appelé, à tort d'ailleurs, la double peine,
00:09:35c'est-à-dire le fait d'expulser les délinquants et criminels étrangers,
00:09:40selon un principe, sommes toutes de bon sens,
00:09:43on vous accueille, vous violez les lois de l'hospitalité,
00:09:49et en plus, vous violez les lois en commettant des délits,
00:09:53voire, pire, en commettant des crimes,
00:09:56donc, vous faites votre peine, et à la sortie de prison,
00:09:59vous rentrez chez vous, parce que nous n'avons aucune raison de vous garder.
00:10:02J'ai vu le ministre délégué à la Sécurité de M. Retailleau,
00:10:07monter à la tribune pour dire, vous violez dehors, vous volez dehors,
00:10:15et donc, vous allez voter le texte du Rassemblement National ?
00:10:21Réponse, non, ils n'ont pas voulu voter ce texte.
00:10:25Alors, vous voyez, je crois que des millions de Français,
00:10:29encore une fois, en ont soupé d'entendre des grands discours,
00:10:34des grandes déclamations, des grandes promesses,
00:10:37qui ne sont absolument jamais tenues.
00:10:39Moi, je l'ai vu sur leur acte, et pour l'instant,
00:10:41les actes, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils ne m'ont pas convaincu.
00:10:44Et là, qu'est-ce qu'on va faire, Mme Marine Le Pen,
00:10:47avec les sujets, justement, insécurité, immigration ?
00:10:51J'entends bien ce que vous dites, qu'on avait effectivement un Bruno Retailleau,
00:10:54qui donnait de la voix, et donnait de sa personne,
00:10:58et donnait de sa conviction, en tout cas, et qui allait dans votre sens.
00:11:01Qu'est-ce qu'on va faire maintenant de ces sujets ?
00:11:03Qu'est-ce qu'on va faire de ces sujets ?
00:11:05On va demander au gouvernement de régler les problèmes qui sont ceux de la France.
00:11:09D'abord, ce n'est pas parce que le Premier ministre change
00:11:12qu'il n'y a pas, potentiellement, un certain nombre de ministres qui pourraient rester.
00:11:17Comme lui, par exemple ?
00:11:18Par exemple, je ne sais pas. Ce n'est pas moi qui va être désigné comme Premier ministre.
00:11:22On ne sait même pas quel Premier ministre, d'ailleurs,
00:11:24va être choisi par le Président de la République.
00:11:27Mais quel que soit le ministre qui va être désigné,
00:11:31je voudrais juste lui dire que ça ne fonctionne plus.
00:11:35Voilà. Le ministère de la Parole, le ministère des petits muscles
00:11:39qu'on montre à la télévision, des déclarations martiales, ça ne fonctionne plus.
00:11:45Ce que nous attendons, ce sont des actes.
00:11:48Or, moi, je suis navrée, mais il y a des choses que je n'ai pas entendues
00:11:51dans la bouche de M. Retailleau.
00:11:52Je n'ai pas entendu la remise en cause du pacte des migrations
00:11:55qui oblige aujourd'hui la France à accueillir dans les villages français
00:11:59des migrants sous peine d'amende. Je n'ai pas entendu cela.
00:12:02Je n'ai pas entendu la problématique qui est celle que nous sommes entravés,
00:12:08comme Gulliver, en quelque sorte, par toute une série de fils
00:12:12liés à la jurisprudence internationale, aux textes internationaux
00:12:18et le moyen, le chemin pour pouvoir retrouver notre liberté.
00:12:22Je n'ai pas entendu cela.
00:12:25Je n'ai pas de raison, si vous voulez, de croire plus à ce qui se fait
00:12:29ou ce qui se dit plutôt aujourd'hui qu'à ce qui s'est dit hier.
00:12:32Alors, quelle ligne vous fixez au prochain gouvernement ?
00:12:35Pour l'instant, M. Kelly, le sujet, c'est le budget.
00:12:40Le sujet, c'est le budget.
00:12:42Et le sujet, c'est est-ce qu'on va avoir une rupture ou pas
00:12:44avec ce qui se fait depuis 50 ans ?
00:12:46Est-ce qu'on va s'attaquer aux économies que l'on doit faire
00:12:50sur le train de vie de l'État ?
00:12:52Parce que là, il n'y avait rien.
00:12:54Il faut s'attaquer au train de vie de l'État.
00:12:57Il y a 1 200 agences, instituts et avec, je crois,
00:13:04plus de 4 000 employés avec des doublons.
00:13:09Est-ce que tout cela est véritablement utile ?
00:13:13Et ça, ça n'a pas été fait.
00:13:15Donc, il faut des économies parce que c'est déjà par les économies
00:13:19que l'on va, en partie, pas seulement, mais en partie,
00:13:23régler le problème du déficit.
00:13:25Deuxièmement, il faut arrêter d'augmenter les impôts.
00:13:27On est le record d'Europe d'impôts.
00:13:30On ne peut plus.
00:13:31Les Français n'en peuvent plus.
00:13:32Les entreprises n'en peuvent plus non plus.
00:13:35Est-ce qu'il est utile, au moment où nous nous parlons,
00:13:38d'augmenter le coût du travail ?
00:13:39Réponse, évidemment, non.
00:13:41Et il faut recréer les conditions de la richesse.
00:13:44Les conditions de la richesse, ça passe par la réindustrialisation
00:13:47de notre pays.
00:13:48Donc, moi, j'ai bien quelques solutions, évidemment,
00:13:51sur cette réindustrialisation.
00:13:52Et la première des solutions, c'est l'énergie.
00:13:56Or, que venait nous dire M. Barnier ?
00:13:59Alors, nous avons augmenté de 45 % l'électricité
00:14:03dans les trois dernières années.
00:14:05J'ai une bonne nouvelle, je vais encore l'augmenter de 4 milliards.
00:14:08Voilà.
00:14:09Il a ses dépenses.
00:14:10Oui, d'accord, mais vous voyez que présenter un budget comme ça
00:14:12révèle une chose, c'est qu'ils n'ont rien compris
00:14:15au problème, en réalité, du pays.
00:14:17Donc, c'est très inquiétant.
00:14:19Et quand on a dit qu'il faut retirer cette mesure,
00:14:23avec d'autres, d'ailleurs, il faut être honnête,
00:14:25beaucoup de groupes ont réclamé cela.
00:14:27Ils l'ont retirée, et le Sénat a dit,
00:14:29nous, on a trouvé une bonne solution,
00:14:31le Sénat de droite, une bonne solution,
00:14:33on retire l'augmentation du coût de l'électricité,
00:14:36et en fait, en contrepartie, on va augmenter le coût du gaz.
00:14:39Bon, les bras vous en tombent, quoi.
00:14:41Tout est à refaire, tout est à revoir,
00:14:43il faut changer cette vision-là,
00:14:45et je pense qu'ils ont des vieilles méthodes,
00:14:47un vieux logiciel,
00:14:50et que, manifestement, ils ne sont pas en capacité de le faire.
00:14:53Alors, Mme Le Pen, est-ce qu'on va continuer,
00:14:55ou bien est-ce qu'on va avancer dans le sens
00:14:57où vous dites un coup de censure ?
00:14:59Est-ce que le prochain Premier ministre,
00:15:01le prochain gouvernement,
00:15:03qui va arriver et qui va se dire, bon, voilà,
00:15:05je vais essayer de négocier avec vous,
00:15:07sur vos lignes, notamment,
00:15:09et sur les lignes, certainement, d'autres partis politiques,
00:15:11est-ce que vous allez encore censurer,
00:15:13encore une censure, jusqu'où on va comme ça ?
00:15:15C'est-à-dire, comment est-ce que vous voyez
00:15:17les semaines et les mois à venir ?
00:15:19En tout cas, ça n'est pas notre objectif.
00:15:21Mme Kelly, nous, on s'est comporté, je crois,
00:15:23à la différence de la gauche, d'ailleurs,
00:15:25de manière plutôt constructive et raisonnable.
00:15:27D'abord, nous n'avons pas participé
00:15:29à la censure presque préalable
00:15:31de M. Barnier.
00:15:33Je vous rappelle qu'une motion de censure a été déposée
00:15:35par le NFP et votée par le NFP
00:15:37lorsqu'il a été désigné, nous ne l'avons pas fait.
00:15:39Nous avons fait un contre-budget,
00:15:41c'est-à-dire que nous avons travaillé
00:15:43pour présenter un contre-budget.
00:15:45Jean-Philippe Tanguy.
00:15:47Voilà, exactement, c'est Jean-Philippe Tanguy
00:15:49qui a beaucoup travaillé. D'ailleurs, M. Barnier a admis
00:15:51lors de notre rendez-vous que c'était un travail sérieux
00:15:53et c'est dans ce contre-budget,
00:15:55on a pris quatre mesures
00:15:57qu'on lui demandait d'abandonner,
00:15:59dont, vous le savez,
00:16:01la désindexation des retraites,
00:16:03le prix de l'électricité,
00:16:05et on a mis six mesures d'économie
00:16:07parce qu'on ne voulait pas faire des demandes
00:16:09qui ne soient pas financées.
00:16:11Donc on a été très très raisonnable sur ce sujet.
00:16:13Et nous allons faire la même chose
00:16:15avec le futur Premier ministre.
00:16:17Que les choses soient claires,
00:16:19nous n'avons pas de majorité dans cette Assemblée.
00:16:21Bon, c'est pas la faute de la dissolution.
00:16:23En réalité,
00:16:25c'est de la faute
00:16:27de, comment dire,
00:16:29du gouffre
00:16:31qui s'est ouvert depuis des années
00:16:33entre ce que veut le peuple français
00:16:35et ce que réalisent
00:16:37nos dirigeants.
00:16:39Mais il se trouve que
00:16:41l'Assemblée est tripartite aujourd'hui.
00:16:43Qu'est-ce qu'on fait dans une démocratie
00:16:45quand on a une Assemblée tripartite ?
00:16:47On essaye de trouver une majorité.
00:16:49Et pour trouver une majorité,
00:16:51sur un texte ou sur un autre,
00:16:53c'est pas obligatoirement la même, d'ailleurs, selon les textes.
00:16:55Il faut travailler, il faut discuter,
00:16:57il faut réfléchir, il faut négocier.
00:16:59C'est exactement la définition
00:17:01de la démocratie.
00:17:03Et moi, j'entends
00:17:05que le Premier ministre, le futur Premier ministre,
00:17:07comprenne qu'il faut
00:17:09qu'il discute avec l'ensemble,
00:17:11pas seulement le Rassemblement national.
00:17:13Parce que moi, quand j'ai des principes,
00:17:15je les applique aussi à mes adversaires.
00:17:17Avec l'ensemble des forces politiques
00:17:19de l'Assemblée pour réussir à trouver
00:17:21des compromis.
00:17:23Donc là, pour l'instant, on entend ce pacte
00:17:25de non-censure, on entend cette volonté
00:17:27de coalition. Peut-être que, grâce à la motion de censure,
00:17:29il y aura un sursaut à ce niveau-là.
00:17:31Parenthèse, on a vu que le CAC 40 a terminé
00:17:33en hausse. Pour le CAO, c'est un peu mal
00:17:35partout.
00:17:37Le spread vient de baisser après une interview que j'ai donnée à Bloomberg.
00:17:39Comme quoi, ça donne des signes,
00:17:41quand même, plutôt encourageants.
00:17:43Mais, j'allais dire qu'après,
00:17:45qu'est-ce qui va se passer
00:17:47au niveau économique ?
00:17:49On voit que tout est possible.
00:17:51Pour l'instant, on voit que
00:17:53le CAC 40 a terminé en hausse.
00:17:55On voit quand même que les
00:17:57chefs d'entreprise sont inquiets.
00:17:59On voit que tout le monde se pose des questions.
00:18:01On va où ? Et je me pose aussi une question
00:18:03par rapport à vous.
00:18:05Demain, s'il y a un Premier ministre
00:18:07de gauche ? Et là aussi, les électeurs
00:18:09du RN se posent la question et se disent
00:18:11si jamais on nous met un Premier ministre
00:18:13de gauche, ça sera de sa faute et on lui pardonnera pas.
00:18:15Si on a un Premier ministre de gauche,
00:18:17est-ce que vous aurez les moyens de le censurer ?
00:18:19Je ne pense pas. Qui votera votre censure ?
00:18:21Personne. – Est-ce que vous croyez que la majorité
00:18:23macroniste et que
00:18:25les LR vont accepter qu'un Premier ministre
00:18:27de gauche soit désigné ?
00:18:29– Je pense que ça ne va même pas
00:18:31venir à l'esprit peut-être
00:18:33du Président de la République.
00:18:35Car le Président de la République n'a évidemment
00:18:37pas intérêt du tout à subir une deuxième censure
00:18:39d'un deuxième gouvernement.
00:18:41Car dans ces cas-là, vous entendez bien
00:18:43que la petite musique de
00:18:45« la seule solution
00:18:47c'est donc la démission d'Emmanuel Macron »
00:18:49va commencer à monter. Est-ce qu'Emmanuel Macron
00:18:51a intérêt à cela ? Je ne le crois pas.
00:18:53Donc je pense qu'il va
00:18:55réfléchir, je l'espère,
00:18:57à un Premier ministre, sauf s'il est encore
00:18:59dans une de ces fameuses phases de provocation.
00:19:01Je pense qu'il va réfléchir
00:19:03à un Premier ministre susceptible de parler
00:19:05à tous. Ce qui est clair, c'est que nous l'avons
00:19:07dit dès le départ, nous l'avons dit en juillet.
00:19:09Et vous savez, on ne change pas
00:19:11souvent comme ça d'habit sans raison.
00:19:13Nous nous opposons à
00:19:15un Premier ministre de gauche. Nous l'avons
00:19:17dit très clairement. – Vous avez les moyens ?
00:19:19– Oui, nous avons toujours
00:19:21les moyens.
00:19:23Il n'y aura pas de Premier ministre
00:19:25du Nouveau Front
00:19:27populaire. Il s'agirait d'ailleurs que
00:19:29en juillet dernier,
00:19:31Emmanuel Macron, en tenant compte
00:19:33de cela, n'a pas
00:19:35nommé de Premier ministre
00:19:37du Nouveau Front populaire. Je ne vois pas pourquoi aujourd'hui
00:19:39il changerait d'avis, sauf à vouloir
00:19:41créer encore une fois
00:19:43un déséquilibre,
00:19:45une instabilité, dont il serait
00:19:47par ailleurs la première victime.
00:19:49– Beaucoup se disent
00:19:51que vous avez mis des années à construire
00:19:53une certaine respectabilité,
00:19:55une certaine dédiabolisation.
00:19:57Et est-ce que là, hier soir,
00:19:59tout n'a pas volé en éclats ?
00:20:01– Moi j'aimerais qu'on m'explique
00:20:03pourquoi il n'est pas respectable
00:20:05de voter la censure en réalité.
00:20:07Parce que, excusez-moi, mais
00:20:09s'il n'est pas respectable de voter la censure,
00:20:11alors le général de Gaulle n'est pas respectable
00:20:13de l'avoir inséré dans la Constitution.
00:20:15Michel Debré n'est pas
00:20:17respectable d'avoir prévu
00:20:19dans la Constitution française
00:20:21cet outil. Donc, c'est un outil
00:20:23de la Constitution française
00:20:25que nous utilisons, encore une fois,
00:20:27parce qu'il nous apparaît
00:20:29que c'est un outil de protection
00:20:31du peuple français.
00:20:33Et je ne vois pas en quoi il est
00:20:35ni responsable
00:20:37ni susceptible
00:20:39de jeter sur vous le discrédit
00:20:41que d'utiliser
00:20:43ou de voter une motion de censure
00:20:45qui est d'ailleurs un acte
00:20:47qui a été effectué par le passé
00:20:49par tous les partis politiques.
00:20:51Tous les partis politiques, ce sont un jour
00:20:53ou l'autre associés
00:20:55à une motion de censure.
00:20:57Dans un instant, on va parler de votre procès
00:20:59et comment vous l'avez vécu, et s'il y a un lien
00:21:01entre les deux, puisque beaucoup se posent la question,
00:21:03en tout cas ont déjà réfléchi à votre place,
00:21:05mais j'aimerais bien vous entendre en tout cas là-dessus.
00:21:07Est-ce que ces derniers jours vous avez parlé d'Emmanuel Macron ?
00:21:09On a remarqué
00:21:11que vous n'appelez pas directement
00:21:13à sa démission
00:21:15ni à sa destitution.
00:21:17Mais est-ce que vous l'avez eu ces derniers jours ?
00:21:19Est-ce que vous avez discuté avec lui ?
00:21:21Est-ce que vous avez évoqué avec lui peut-être l'idée
00:21:23d'un référendum ? Est-ce que vous avez discuté
00:21:25ces derniers jours, récemment, avec lui ?
00:21:27Pas du tout. Non, non, pas du tout.
00:21:29Je n'ai pas du tout parlé avec
00:21:31Emmanuel Macron dans ces derniers jours.
00:21:33Mais s'il envisage de faire un référendum,
00:21:35ce serait une bonne idée.
00:21:37S'il pouvait le faire sur l'immigration, ça nous arrangerait,
00:21:39mais je ne suis pas du tout sûr qu'il soit convaincu par l'idée pour le coup.
00:21:41D'accord. On est sur l'immigration,
00:21:43bien sûr, référendum et le mode de gouvernance.
00:21:45Avec cette motion de censure,
00:21:47est-ce que, pour vous,
00:21:49c'est la fin de la Ve République ?
00:21:51Beaucoup le disent. Est-ce que c'est la fin ?
00:21:53Il faut revenir à un septennat ?
00:21:55Est-ce qu'il faut mettre en place la proportionnelle ?
00:21:57Qu'est-ce qu'il faut saisir
00:21:59comme opportunité
00:22:01avec ce moment historique
00:22:03qu'on est en train de vivre, là ?
00:22:05Au-delà d'un Premier ministre,
00:22:07encore un autre, jusqu'à la dissolution,
00:22:09qu'est-ce qu'on est en train de vivre ?
00:22:11J'entends. Vous savez, dès
00:22:13la fin des élections,
00:22:15nous avons constaté, analysé
00:22:17la situation de la vie politique française
00:22:19et nous nous sommes dit
00:22:21qu'il faut changer le mode de scrutin.
00:22:23Parce que la réalité, c'est que
00:22:25le risque, c'est que
00:22:27si le Président de la République
00:22:29opère une nouvelle dissolution
00:22:31à partir du mois de juillet
00:22:33ou en septembre ou en octobre
00:22:35de l'année prochaine, on se retrouve, peu ou prou,
00:22:37dans une même situation.
00:22:39C'est-à-dire qu'il y ait trois blocs,
00:22:41peut-être un bloc très proche
00:22:43de la majorité, mais
00:22:45possiblement pas suffisamment
00:22:47pour avoir une majorité absolue.
00:22:49Et donc, il m'est apparu
00:22:51que le pays ne pouvait pas vivre pendant
00:22:53des années avec une telle
00:22:55instabilité,
00:22:57difficulté,
00:22:59et que quelque majorité qu'il soit,
00:23:01il en faut une. Et donc,
00:23:03nous avons parlé à M. Barnier
00:23:05de la proportion. Nous avons dit, il faut
00:23:07d'urgence que l'on réfléchisse
00:23:09à ce mode de scrutin pour tenir compte
00:23:11de cette tripolarisation de la vie
00:23:13politique et permettre,
00:23:15à mon avis, deux choses. D'abord,
00:23:17un mode de scrutin fondé
00:23:19sur la proportionnelle
00:23:21parce qu'il m'apparaît
00:23:23que tous les Français doivent pouvoir
00:23:25être représentés. Et qu'en réalité,
00:23:27la proportionnelle est un moyen
00:23:29de cicatriser
00:23:31la plaie béante
00:23:33qui existe aujourd'hui entre
00:23:35les élus et
00:23:37les électeurs.
00:23:39Et puis, la deuxième chose, c'est que ce mode de scrutin
00:23:41permette d'avoir une majorité absolue
00:23:43parce que le pays a besoin d'avoir une direction.
00:23:45On peut
00:23:47la trouver bonne, on peut
00:23:49la trouver moins bonne. Mais il faut qu'il y ait
00:23:51une direction. Il faut qu'il y ait une cohérence
00:23:53dans l'action publique.
00:23:55Parce que sinon, évidemment,
00:23:57les choses
00:23:59vont être rendues très compliquées
00:24:01et l'instabilité, au moins
00:24:03ressentie, au moins perçue,
00:24:05risque de s'aggraver.
00:24:07Michel Barnier-Litté a l'écoute sur le sujet de la proportionnelle.
00:24:09Est-ce que, par exemple, ce sujet de la proportionnelle,
00:24:11il fait partie des lignes rouges que vous allez fixer au prochain
00:24:13gouvernement ?
00:24:15Je pense que tous les
00:24:17partis politiques, en réalité, à part
00:24:19LR, sont
00:24:21d'accord avec l'idée de modifier
00:24:23le mode de scrutin. Donc je pense que c'est
00:24:25une...
00:24:27Je pense que c'est un débat qui peut avoir lieu
00:24:29assez
00:24:31facilement. Mais il faut que
00:24:33en revanche, le gouvernement
00:24:35l'inscrive. C'est lui
00:24:37qui doit l'inscrire,
00:24:39cette modification du mode de scrutin.
00:24:41Et il faut le faire, évidemment, le plus vite possible.
00:24:43Avant de parler du procès, également,
00:24:45et du lien, peut-être, entre les deux, éventuel,
00:24:47on voit
00:24:49cette... Je vois, par exemple,
00:24:51la NUPES qui a été créée
00:24:53très rapidement, explosée aussi vite.
00:24:55Je vois le NFP qui a été
00:24:57créé très rapidement
00:24:59et on sent qu'il y a
00:25:01une sorte que le
00:25:03NFP est au bord de l'explosion. A droite,
00:25:05on se demande où est-ce qu'on en est.
00:25:07Est-ce qu'on peut pas avoir, justement,
00:25:09une sorte de majorité, à droite,
00:25:11se rassembler pour être plus forts,
00:25:13pour pouvoir peser, pour pouvoir...
00:25:15On sent aussi, et on le sait, selon les sondages,
00:25:17que les Français sont à droite,
00:25:19que la France est à droite, que la France
00:25:21veut des mesures de droite. Est-ce qu'il faut pas
00:25:23une certaine coalition à droite,
00:25:25toute, pour... Pourquoi ce petit sourire, madame?
00:25:27Parce que, Mme Kelly, moi, je...
00:25:29Vous savez ce que je pense de ce clivage
00:25:31gauche-droite. Je pense qu'il est dépassé
00:25:33depuis bien longtemps, en réalité.
00:25:35Quel est le clivage?
00:25:37Le clivage, je l'ai dit mille fois,
00:25:39entre les mondialistes et les nationaux.
00:25:41C'est-à-dire entre ceux qui considèrent que
00:25:43la nation
00:25:45est la structure qui préserve l'identité,
00:25:47la structure qui
00:25:49permet la prospérité,
00:25:51qui permet d'assurer la sécurité
00:25:53des peuples, et ceux qui pensent que
00:25:55les frontières, tout ça, sont des vieux concepts
00:25:57de ringard dont il faut se débarrasser
00:25:59et que, somme toute, on peut déléguer
00:26:01notre souveraineté
00:26:03à l'Union Européenne,
00:26:05ne pas avoir d'armée...
00:26:07Bon, voilà.
00:26:09Donc, il est là,
00:26:11le vrai, je crois, clivage.
00:26:13Concernant les alliances, nous avons
00:26:15fait une alliance avec Eric Ciotti.
00:26:17Elle fonctionne, d'ailleurs, extrêmement bien.
00:26:19C'est une alliance respectueuse.
00:26:21On travaille très bien ensemble.
00:26:23Et on avance.
00:26:25Et c'est une très bonne chose.
00:26:27Mais avec qui d'autre ?
00:26:29Vous avez entendu M. Wauquiez, hier ?
00:26:31Vous l'avez vu, vous avez vu la haine
00:26:33dans son regard, dans ses mots,
00:26:35dans la manière...
00:26:37Dans la manière
00:26:39dont il s'est adressé à moi, vous croyez
00:26:41qu'on peut faire quelque chose avec M. Wauquiez ?
00:26:43Je ne le crois pas.
00:26:45Et parallèlement,
00:26:47je pense qu'il y a des hommes de gauche,
00:26:49je pense qu'il y a des hommes de gauche,
00:26:51des gens qui ont pu suivre
00:26:53à un moment donné M. Chevènement,
00:26:55je sais parce que j'en ai dans mon propre mouvement,
00:26:57qui sont des patriotes,
00:26:59qui sont attachés à la nation,
00:27:01qui partagent cet avis-là,
00:27:03qui sont donc sur la même rive
00:27:05que nous, et qui peuvent
00:27:07de même participer à notre combat.
00:27:09Moi, je ne suis pas là
00:27:11pour réunir la droite.
00:27:13Je ne suis pas là...
00:27:15Je suis là pour réunir les Français.
00:27:17Les Français, pour sauver leur pays,
00:27:19qui est leur patrimoine,
00:27:21et qui est, je crois,
00:27:23la structuration de leur bonheur futur.
00:27:25Donc au-delà des partis ?
00:27:27Oui, au-delà des partis,
00:27:29au-delà des origines, même politiques,
00:27:31parce qu'on peut très bien avoir démarré
00:27:33à gauche et puis terminer
00:27:35dans le camp national.
00:27:37On peut avoir démarré
00:27:39à droite et arriver
00:27:41dans le camp national.
00:27:43Il ne faut pas se restreindre,
00:27:45il ne faut pas se recroqueviller
00:27:47sur la droite versus la gauche
00:27:49parce que ça ne fonctionne pas.
00:27:51En plus, ça crée des réflexes pavloviens
00:27:53qu'on a bien vus.
00:27:55Depuis 48 heures, c'est une espèce
00:27:57d'étude sociologique grandeur nature.
00:27:59J'ai vu des gens de droite
00:28:01sous prétexte que M. Barnier
00:28:03était de droite.
00:28:05Il fallait défendre M. Barnier,
00:28:07quoi qu'il ait fait, quoi qu'il ait dit
00:28:09et quoi qu'il ait trahi.
00:28:11Qu'est-ce que c'est que ce réflexe pavlovien ?
00:28:13Nous sommes des hommes et des femmes
00:28:15de raison. Nous sommes un peuple politique.
00:28:17Il faut regarder ce que les gens font
00:28:19et pas seulement regarder son étiquette
00:28:21en disant, a priori, il est de droite
00:28:23donc tout ce qu'il fait est bien.
00:28:25Non, tout ce qu'il fait n'était pas bien.
00:28:27La preuve, c'est qu'il s'était engagé
00:28:29avec trois promesses.
00:28:31La maîtrise
00:28:33des comptes publics, la justice
00:28:35fiscale et le fait de co-construire
00:28:37avec l'ensemble des forces politiques
00:28:39un budget. Il n'a fait ni le premier,
00:28:41ni le second, ni le deuxième, ni le troisième.
00:28:43Dans un instant, je laisse la place
00:28:45à Charlotte et Mathieu.
00:28:47Je vais parler du procès aussi. Un mot sur les Outre-mer.
00:28:49Alors bien sûr,
00:28:51je suis de près. La question des Outre-mer,
00:28:53vous avez été la seule
00:28:55à oser dire hier
00:28:57à l'Assemblée nationale que
00:28:59les Outre-mer sont en panique totale,
00:29:01sont le symbole même, en tout cas,
00:29:03du petit peuple français qui est en souffrance.
00:29:05Pas d'eau,
00:29:07pas d'électricité souvent,
00:29:09prix 40% plus cher.
00:29:11Je suis allée sur place cet été.
00:29:13Tout le monde a le diabète, tout le monde a le cancer,
00:29:15tout le monde a de l'hypertension
00:29:17et avec des produits trop sucrés que personne
00:29:19ne veut admettre. Il y avait une loi qui n'a jamais été
00:29:21appliquée.
00:29:23Je suis en place. Là, personne n'entend
00:29:25ce cri. Et lorsque
00:29:27je parle, par exemple, avec des chefs d'entreprise
00:29:29ou bien des gens, je suis en place, ils disent qu'il y a deux personnes
00:29:31qui ont la vision pour l'Outre-mer, vous et Jean-Luc
00:29:33Mélenchon. Qu'est-ce que
00:29:35vous pensez, justement, et qu'est-ce que vous voyez
00:29:37pour l'Outre-mer ? Qu'est-ce qu'il faut faire
00:29:39pour changer cette
00:29:41vision pour l'Outre-mer, leur tendre la main ?
00:29:43Jean-Luc Mélenchon...
00:29:45Jean-Luc Mélenchon, il s'intéresse à l'Outre-mer,
00:29:47mais en fait, pour larguer l'Outre-mer.
00:29:49Pardon ? Pour larguer l'Outre-mer.
00:29:51Il s'intéresse à l'Outre-mer pour pousser à l'indépendance
00:29:53des Outre-mer.
00:29:55Je ne suis pas sûre que ce soit
00:29:57véritablement un acte d'amour, pour le coup.
00:29:59Moi, j'ai
00:30:01énormément d'affection pour
00:30:03nos compatriotes ultramarins.
00:30:05Et je souffre énormément
00:30:07de voir la situation dans laquelle ils sont.
00:30:09Je pense que le dernier président de la République qui s'est intéressé
00:30:11c'était Jacques Chirac.
00:30:13Depuis, tout le monde s'en moque absolument.
00:30:15Et voit l'Outre-mer comme
00:30:17une dépense, comme une sorte
00:30:19de danseuse, en fait,
00:30:21de la République, en se posant la question
00:30:23encore une fois, qu'est-ce que ça rapporte ?
00:30:25Question qu'on ne se pose jamais pour d'autres
00:30:27départements, d'autres
00:30:29régions.
00:30:31Vous avez raison,
00:30:33l'Outre-mer concentre
00:30:35un nombre de difficultés absolument inouïs.
00:30:37Et en plus,
00:30:39un sentiment d'abandon, parce qu'ils ont le sentiment
00:30:41loin des yeux, loin du cœur,
00:30:43et qu'on se désintéresse
00:30:45en réalité de leur situation.
00:30:47Ça n'est pas mon cas. C'est la raison pour laquelle
00:30:49j'avais proposé, j'y tiens
00:30:51d'ailleurs toujours,
00:30:53lorsque j'étais candidate à la présidentielle,
00:30:55qu'il y ait un ministère
00:30:57de l'Outre-mer de plein exercice.
00:30:59C'est-à-dire un ministère qui soit
00:31:01susceptible d'avoir,
00:31:03en réalité, la haute main
00:31:05sur l'ensemble des
00:31:07ministères qui sont concernés
00:31:09par la situation en Outre-mer.
00:31:11Que l'on puisse, au moment où l'on se parle,
00:31:13considérer que dans
00:31:15des départements français, il n'y a pas l'accès
00:31:17à l'eau courante. Il n'y a pas
00:31:19l'accès à l'eau courante. Lorsque l'on sait
00:31:21les milliards que l'on verse
00:31:23dans l'aide au développement,
00:31:25ça aussi, si vous voulez, ça en fait partie,
00:31:27dans l'aide au développement, on paye
00:31:29la Chine. On donne, au travers
00:31:31de l'aide au développement, de l'argent à la Chine.
00:31:33Vous croyez que la Chine a besoin
00:31:35de l'argent de la France,
00:31:37dont elle manque cruellement,
00:31:39pour se développer ? On en donne
00:31:41à l'Algérie, qui nous crache au visage
00:31:43en permanence. On en donne
00:31:45aux Comores, qui contestent
00:31:47la souveraineté
00:31:49territoriale de la France,
00:31:51à Mayotte.
00:31:53On se dit que les efforts qui doivent
00:31:55être faits pour l'Outre-mer
00:31:57ne sont pas faits.
00:31:59Immigration clandestine,
00:32:01sécurité, violence,
00:32:03problèmes sanitaires,
00:32:05problèmes de vie chère,
00:32:07c'est presque l'accumulation
00:32:09de l'intégralité des
00:32:11problèmes du pays qui sont
00:32:13en réalité concentrés
00:32:15en Outre-mer.
00:32:17Ce sont dans des zones économiques
00:32:19exclusives qui sont
00:32:21un enjeu important pour la France,
00:32:23qui permet à la France d'être numéro 2
00:32:25juste après les Etats-Unis, donc c'est un enjeu
00:32:27important. Mais c'est un enjeu fondamental.
00:32:29Mais même s'il n'y avait
00:32:31pas ça,
00:32:33ce sont des compatriotes.
00:32:35Et ils ont le droit
00:32:37à être traités
00:32:39avec autant d'attention
00:32:41que l'ensemble des compatriotes
00:32:43français, même s'ils n'étaient pas
00:32:45une richesse incroyable, et ils sont
00:32:47une richesse incroyable, parce que
00:32:49c'est vrai, cette
00:32:51France qui est
00:32:53là sur tous les continents, grâce
00:32:55à nos Outre-mer, mérite,
00:32:57mériterait
00:32:59une attention
00:33:01particulière,
00:33:03non seulement pour nos compatriotes,
00:33:05mais aussi pour
00:33:07les perspectives que nous ouvrent
00:33:09ces territoires. Marine Le Pen,
00:33:11venons-en à votre procès.
00:33:13Au début, vous aviez,
00:33:15on a l'impression que vous aviez
00:33:17peut-être confiance au juge, et à la
00:33:19fin, on vous a entendu dire que c'est un procès
00:33:21politique. Y a-t-il un lien ?
00:33:23En tout cas, tout le monde dit oui, il y a un lien,
00:33:25ça l'a un peu énervé,
00:33:27les réquisitions, c'est la raison pour laquelle
00:33:29elle a été aussi violente, si vous
00:33:31permettez l'expression, avec la motion de censure. Y a-t-il
00:33:33un lien ? Faites-vous un lien personnel.
00:33:35J'ai toujours pas réussi à trouver
00:33:37quelqu'un qui m'explique quel lien il y aurait.
00:33:39Je n'arrive pas à comprendre
00:33:41le lien entre les deux, en réalité.
00:33:45Sauf
00:33:47à ce que les gens me disent que c'est M. Barnier
00:33:49qui a tenu la plume des réquisitions,
00:33:51ça m'a même pas traversé l'esprit, vous voyez,
00:33:53donc je ne vois pas quel lien
00:33:55il peut y avoir entre
00:33:57un réquisitoire qui était
00:33:59effectivement terriblement outrancier
00:34:01et manifestement politique. Mais pourquoi
00:34:03j'ai dit qu'il était manifestement politique ? Parce que quand vous avez
00:34:05un procureur qui dit
00:34:07dans tel dossier
00:34:09pour tel député, j'ai absolument aucun
00:34:11élément, mais je peux pas demander la relax,
00:34:13ça me ferait trop mal, je crois que là
00:34:15tout le monde, la France entière, a compris
00:34:17où était le problème.
00:34:19Mais je vois pas le rapport avec la motion de censure.
00:34:21Je n'arrive pas à trouver
00:34:23le lien et personne n'arrive à me l'expliquer.
00:34:25Donc,
00:34:27j'en conclue que ceux qui défendent cet argument-là
00:34:29souhaitent trouver
00:34:31une raison extérieure
00:34:33à eux-mêmes, peut-être, à leur propre responsabilité
00:34:35pour
00:34:37justifier
00:34:39la censure. La censure,
00:34:41elle est encore une fois un acte politique
00:34:43qui répond à un budget
00:34:45qui est un budget toxique
00:34:47et ça n'a strictement rien à voir
00:34:49avec le Conseil.
00:34:51Le 31 mars 2025, vous êtes susceptible
00:34:53d'être condamné à de
00:34:55l'inéligibilité avec exécution
00:34:57provisoire ou pas. Si exécution
00:34:59provisoire, que va-t-il se passer
00:35:01pour vous ? Si pas d'exécution
00:35:03provisoire, que va-t-il se passer pour vous ?
00:35:05Si exécution provisoire,
00:35:07je ne pourrais pas
00:35:09faire appel de cette...
00:35:11Enfin, je ne pourrais pas,
00:35:13je pourrais faire appel, mais cette exécution
00:35:15provisoire s'appliquera immédiatement
00:35:17et comme
00:35:19ce n'est pas moi
00:35:21qui ai évidemment la main
00:35:23sur le calendrier judiciaire,
00:35:25eh bien, certains
00:35:27pourraient décider que l'appel arrive
00:35:29tardivement
00:35:31ou
00:35:33je ne sais quoi, pour pouvoir m'empêcher
00:35:35d'être candidate à la présidentielle.
00:35:37Et même
00:35:39potentiellement
00:35:41perdre mon mandat de député
00:35:43puisque si
00:35:45il y a une dissolution,
00:35:47je ne peux pas le perdre en l'état,
00:35:49mais s'il y a une dissolution, je ne pourrais pas me représenter
00:35:51comme député.
00:35:53Je vous sens émue.
00:35:55Rendez-vous compte que
00:35:57le combat de ma vie, c'est le combat pour les Français.
00:35:59Le combat de ma vie,
00:36:01c'est le respect de la démocratie.
00:36:03Je pense qu'on peut tout
00:36:05dire du Rassemblement National, mais jamais,
00:36:07jamais, il n'a remis en cause
00:36:09une élection. Jamais, il n'a contesté
00:36:11les institutions. Jamais,
00:36:13il n'a cherché, comme le
00:36:15Nouveau Front Populaire, à les
00:36:17bousculer, à les abîmer.
00:36:19Et on viendrait dire au peuple français,
00:36:21vous ne pouvez pas
00:36:23choisir votre candidat.
00:36:25Vous savez, j'ai un ami
00:36:27africain qui m'a envoyé
00:36:29un message en me disant, tu vois Marine,
00:36:31il y a des pays dans
00:36:33lesquels les peuples ne peuvent pas voter
00:36:35et il y a des pays dans lesquels les candidats ne peuvent pas
00:36:37se présenter.
00:36:39Je crois que tout est dit.
00:36:41Et l'un est
00:36:43au moins aussi grave
00:36:45que l'autre. Donc je
00:36:47n'imagine pas en réalité
00:36:49que la justice puisse arriver
00:36:51à une telle extrémité
00:36:53qui de surcroît
00:36:55n'est pas justifiée puisque nous sommes totalement
00:36:57innocents de ce qu'on nous reproche.
00:36:59Nous sommes totalement
00:37:01innocents de ce qu'on nous reproche.
00:37:03Donc ce que j'attends le 31 mars,
00:37:05c'est évidemment une relax.
00:37:07La justice est-elle indépendante en France, selon vous ?
00:37:09La justice,
00:37:11oui, je pense
00:37:13qu'elle est indépendante. Mais ce n'est pas
00:37:15parce qu'elle est indépendante qu'elle n'est pas politisée.
00:37:17Ce n'est pas parce qu'elle est indépendante
00:37:19qu'il n'y a pas des magistrats
00:37:21qui ont des idées politiques. La preuve en est
00:37:23la procureure qui l'a
00:37:25très bien démontré. Mais j'ai mis l'autre
00:37:27exemple et le premier évidemment qui nous vient à l'esprit
00:37:29c'est le syndicat de la magistrature
00:37:31qui pour le coup
00:37:33est intervenu dans les dernières élections
00:37:35législatives avec un
00:37:37communiqué d'une violence absolument inouïe
00:37:39contre le Rassemblement national.
00:37:41Ça pose un problème
00:37:43parce que
00:37:45vous voyez quand on voit
00:37:47des statues de la justice
00:37:49avec
00:37:51la balance
00:37:53mais aussi avec un bandeau
00:37:55sur les yeux, ça veut dire qu'en réalité
00:37:57la justice doit juger
00:37:59justement sans voir
00:38:01la couleur
00:38:03politique, sans voir
00:38:05la couleur de la peau,
00:38:07sans voir l'origine, sans voir
00:38:09la religion, sans être
00:38:11sensible à la pression
00:38:13pour le coup, effectivement médiatique.
00:38:15Et ça
00:38:17cette qualité là
00:38:19que l'on doit accorder à la justice
00:38:21c'est une qualité que
00:38:23des déclarations comme
00:38:25celle du syndicat de la magistrature
00:38:27lui fait perdre.
00:38:29Parce qu'à partir du moment où il y a un doute c'est fini.
00:38:31Vous comprenez ce que je veux dire ? A partir du moment où
00:38:33les gens doutent et se disent
00:38:35si je suis jugée, moi qui suis par exemple au Rassemblement national
00:38:37ou LR, si je suis jugée
00:38:39par un magistrat membre du syndicat
00:38:41de la magistrature, alors j'ai toutes les chances
00:38:43de ne pas être
00:38:45jugée de manière impartiale.
00:38:47Et bien rien que ce doute là
00:38:49est en réalité une atteinte
00:38:51terrible.
00:38:53Charlotte Dornelas et ensuite Mathieu Bocoté.
00:38:55Sur cette question précise et au-delà
00:38:57de votre procès à vous
00:38:59et donc de votre affaire, mais différentes
00:39:01affaires se sont succédées touchant
00:39:03le monde politique ces dernières années.
00:39:05Quel regard vous portez à posteriori
00:39:07sur le vaste mouvement de moralisation de la vie
00:39:09publique qui a
00:39:11poussé notamment le législateur à donner des
00:39:13outils dont celui de l'inéligibilité
00:39:15aux magistrats et ce qui pose
00:39:17un problème notamment dans le temps.
00:39:19Vous avez parlé en effet du délai d'annoncement
00:39:21qui ne vous appartient pas et qui
00:39:23pose un problème dans le temps. Quel regard
00:39:25vous portez sur la manière dont il a été mis
00:39:27en oeuvre, en tout cas la lutte contre
00:39:29la possible corruption ?
00:39:31Alors, pardon mais
00:39:35moi le sentiment tout de même que j'ai c'est que
00:39:37on a un peu
00:39:39envie d'accrocher tous les politiques
00:39:41au tableau de chasse quoi. C'est-à-dire que
00:39:43on attrape les...
00:39:45Pas tous. Certains.
00:39:47Oui enfin à peu près
00:39:49tous quand même.
00:39:51Donc c'est évidemment un
00:39:53danger. Je le crois.
00:39:55Quant à l'inéligibilité
00:39:57particulièrement
00:39:59quand on est allé jusqu'à
00:40:01voter l'automaticité
00:40:03de l'inéligibilité
00:40:05je crois que
00:40:07il y a un vrai
00:40:09sujet en fait
00:40:11de séparation
00:40:13de friction
00:40:15entre ce que décide
00:40:17le juge
00:40:19et ce que doit normalement
00:40:21décider le peuple.
00:40:23Parce qu'on peut très bien avoir
00:40:25des élus
00:40:27qui ont commis des enrichissements
00:40:29personnels, violé la loi
00:40:31etc. et qui soient
00:40:33condamnés. Mais après
00:40:35c'est aux électeurs
00:40:37de décider si oui ou non
00:40:39ces personnes
00:40:41sont susceptibles
00:40:43de pouvoir être à nouveau
00:40:45élus. Si on autorise
00:40:47cet empiétement
00:40:49et on s'en rend compte parce que
00:40:51quand on donne un pouvoir
00:40:53et bien parfois certains
00:40:55en abusent.
00:40:57Quand on laisse
00:40:59le pouvoir judiciaire empiéter
00:41:01sur la liberté politique
00:41:05on finit par
00:41:07je crois attenter au processus démocratique.
00:41:09Avant de
00:41:11vous donner à parler peut-être sur l'international
00:41:13peut-être un lien entre les deux
00:41:15dans le sens
00:41:17où moi j'ai l'impression
00:41:19que lorsque je regarde, on en parle
00:41:21régulièrement avec Mathieu et Charlotte sur le plateau
00:41:23à supposer que le Rassemblement
00:41:25National arrive au pouvoir là maintenant
00:41:27qu'il soit Premier
00:41:29Ministre, qu'il ait le poste du Premier
00:41:31Ministre ou bien même à la présidentielle.
00:41:33Quelles sont les marges de manoeuvre comme on voit
00:41:35les juges, les magistrats,
00:41:37le Conseil constitutionnel, le Conseil d'Etat
00:41:39toutes ces institutions à gauche
00:41:41il n'y a pas de marge de manoeuvre pour vous.
00:41:43Il n'y a pas de marge de manoeuvre pour une droite nationale
00:41:45au pouvoir aujourd'hui. Il faut tout faire voler en éclats
00:41:47pour pouvoir avoir les mains libres
00:41:49au niveau de la justice comme au niveau
00:41:51de toutes ces institutions. Je ne crois pas.
00:41:53Je ne crois pas parce qu'en réalité
00:41:55comme vous l'avez rappelé
00:41:57très bien
00:41:59dans nos institutions, le parquet n'est pas indépendant.
00:42:01Le parquet reçoit
00:42:03des instructions.
00:42:05On leur dit, par exemple, ce qui n'a jamais été fait
00:42:07je vous rassure tout de suite
00:42:09on leur dit, le port d'armes
00:42:11blanche par exemple, doit être
00:42:13à chaque fois, faire l'objet
00:42:15d'un
00:42:17déferment devant le tribunal correctionnel.
00:42:19Ce n'est pas le cas. Il a dû y avoir
00:42:21dix condamnations
00:42:23dans les trois dernières années
00:42:25parce que ça devient un sujet. Donc ils peuvent
00:42:27recevoir, pas des instructions personnelles
00:42:29mais des instructions
00:42:31générales, de politique pénale.
00:42:33Or,
00:42:35ça n'est plus fait, mais ça n'est plus fait parce qu'en réalité
00:42:37on n'a pas la volonté
00:42:39d'appliquer fermement
00:42:41la loi pénale.
00:42:43Soit parce que
00:42:45on est gagné
00:42:47par le chouet de voir
00:42:49une forme d'impunité se mettre en place
00:42:51soit parce qu'on n'a pas assez construit
00:42:53de places de prison
00:42:55et qu'on se dit, ça ne sert à rien d'envoyer
00:42:57les voyous devant le tribunal correctionnel
00:42:59puisque de toute façon
00:43:01les prisons sont pleines.
00:43:03Mais dans les deux cas, il y a des réponses à cela.
00:43:05On peut changer les choses
00:43:07et notamment par l'intermédiaire
00:43:09de la mise en oeuvre d'épeines courtes
00:43:11qui est un système
00:43:13qui a été mis en place aux Pays-Bas
00:43:15qui fonctionne très bien.
00:43:17C'est-à-dire que plutôt que condamner, condamner, condamner,
00:43:19condamner, condamner, condamner, condamner,
00:43:21et puis au bout de douze condamnations
00:43:23vous avez une peine de prison que vous ne ferez jamais
00:43:25parce que les prisons sont pleines
00:43:27donc évidemment le délinquant
00:43:29a le sentiment qu'il peut continuer tranquille
00:43:31à commettre ses méfaits.
00:43:33Eh bien, dès le premier délit
00:43:35grave, qui a une certaine gravité,
00:43:37il y a une peine de prison courte.
00:43:39Dix jours, quinze jours,
00:43:41trois semaines.
00:43:43Mais qu'est-ce que ça veut dire ?
00:43:45Ça veut dire qu'on peut demain, en réalité,
00:43:47construire ou récupérer
00:43:49des bâtiments qui seront des bâtiments
00:43:51beaucoup moins sécurisés.
00:43:53On a moins besoin quand même
00:43:55de sécuriser un bâtiment
00:43:57quand on a quelqu'un qui vient faire une peine
00:43:59de quinze jours parce qu'il sait que s'il s'évade
00:44:01il risque de prendre quinze mois.
00:44:03Donc, c'est peut-être pas...
00:44:05C'est peut-être pas très intéressant.
00:44:07Donc, à moindre coût,
00:44:09on pourrait mener une politique pénale
00:44:11assez rapidement, mais en changeant
00:44:13de logiciel dans ce domaine.
00:44:15Permettez-moi de revenir sur votre lecture générale
00:44:17du contexte politique actuel.
00:44:19Vous disiez dans votre discours d'hier,
00:44:21c'est en fait une dérive de 50 ans
00:44:23dont nous parlons en matière de finances publiques.
00:44:25Vous avez aussi utilisé la formule
00:44:27pour parler du budget de Michel Barnier
00:44:29qui n'a pas un parcours à gauche d'un budget socialiste.
00:44:31Donc, diriez-vous plus largement que
00:44:33depuis 50 ans, la France,
00:44:35on dit globalement discours néolibéral,
00:44:37globaliste, tout ça. Est-ce que diriez-vous
00:44:39que la France, depuis 50 ans,
00:44:41est dans une dérive socialiste en matière de comptes publics?
00:44:43Ce qui est sûr, c'est qu'on a
00:44:45accumulé les déficits, gouvernement
00:44:47de droite ou gouvernement de gauche,
00:44:49par ailleurs, et qu'on a cessé
00:44:51d'alourdir l'impôt
00:44:53sur les Français. Pourquoi?
00:44:55Parce qu'aussi, on ne se donne pas les moyens
00:44:57de recréer de la richesse
00:44:59dans notre pays. Parce que pour
00:45:01réindustrialiser, M. Boccoté,
00:45:03il faut s'attaquer au prix d'énergie.
00:45:05C'est-à-dire qu'il faudrait aller voir l'Union Européenne.
00:45:07Et ça, oh non, on ne va pas aller voir l'Union Européenne
00:45:09quand même, parce que sinon, ils ne vont plus
00:45:11nous apprécier. Il faudra aller voir
00:45:13l'Union Européenne en disant, écoutez, votre système de tarification
00:45:15de l'électricité, c'est terminé.
00:45:17Parce que nous, on produit
00:45:19une électricité entre 45
00:45:21et 50 euros du mégawatt-heure.
00:45:23On ne va pas aller
00:45:25se soumettre
00:45:27aux folies allemandes
00:45:29qui font que le prix de l'électricité
00:45:31augmente considérablement.
00:45:33Ça, c'est un moyen de réindustrialiser
00:45:35presque sans rien faire.
00:45:37Mais à chaque fois qu'on va avoir des décisions à prendre,
00:45:39il va falloir aller voir l'Union Européenne en disant
00:45:41ça, ce n'est pas possible.
00:45:43Non, mais sans être pour le Frexit,
00:45:45comment font les autres pays ? Est-ce que vous vous rendez compte
00:45:47quand même que notre contribution, parce que ça a été un sujet,
00:45:49l'Assemblée nationale a voté la baisse
00:45:51de 5 milliards de la contribution
00:45:53nette à l'Union Européenne.
00:45:55On avait tellement touché
00:45:57au tabou, c'est l'Assemblée nationale qui a voté,
00:45:59qu'ils ont fini par ne pas voter le texte
00:46:01de la contribution.
00:46:03Il y a un basculement dans la représentation. Moi, depuis des années,
00:46:05j'entends dire Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon
00:46:07ont une politique économique semblable.
00:46:09En gros. Et la droite vous reproche d'être
00:46:11trop à gauche économiquement. Vous écoutant
00:46:13hier, j'avais l'impression d'entendre un discours, et le mot
00:46:15n'est pas péjoratif chez moi, libéral dans le bon sens
00:46:17du terme, un discours libéral sur le trop
00:46:19d'impôts, trop de dépenses, trop de taxes,
00:46:21trop de réglementations, empêchement de création de la richesse.
00:46:23Est-ce qu'il y a eu un basculement dans votre position ?
00:46:25Ou est-ce qu'il y a eu un basculement dans la lecture
00:46:27qu'on fait de votre position ?
00:46:29La lecture que l'on fait de ma position
00:46:31est une lecture biaisée et politicienne.
00:46:33Les gens de droite
00:46:35qui sont opposés
00:46:37à moi n'ont rien à dire sur le fond.
00:46:39Les LR n'ont
00:46:41rien à dire sur le fond. Je suis désolée de le dire.
00:46:43Et donc, comme ils n'ont rien à dire,
00:46:45ils utilisent l'argument le plus
00:46:47basique.
00:46:49C'est une femme de gauche.
00:46:51Et comme ils espèrent
00:46:53que l'électorat de droite va avoir un réflexe
00:46:55pavlovien.
00:46:57C'est la gauche, mon Dieu !
00:46:59C'est affreux.
00:47:01Ils utilisent
00:47:03jusqu'à la nausée cet argument
00:47:05qui est d'une faiblesse absolument insigne.
00:47:07Je vais revenir sur ce que vous dites. Moins de dépenses.
00:47:09Non, moins de dépenses toxiques.
00:47:11Parce que parallèlement,
00:47:13je suis extrêmement attachée au service public.
00:47:15Je suis attachée à ce que les Français
00:47:17soient soignés correctement.
00:47:19Je suis attachée à l'enseignement public de qualité.
00:47:21Je suis attachée
00:47:23à la sécurité.
00:47:25Je suis attachée
00:47:27à notre armée.
00:47:29Je suis attachée
00:47:31à tout ce qui fait que la France est la France.
00:47:33C'est-à-dire un pays
00:47:35qui est en même temps capable de créer des richesses,
00:47:37d'inventer, d'investir,
00:47:39d'être libre de le faire,
00:47:41et en même temps qui soit capable
00:47:43de préserver les plus faibles.
00:47:45Ceux qui, dans le monde
00:47:47que nous vivons, ont peut-être
00:47:49moins de chances que d'autres parce que
00:47:51ils sont malades, parce qu'ils ont
00:47:53perdu leur boulot, parce qu'ils élèvent
00:47:55seuls, par exemple, des enfants.
00:47:57Je crois que c'est notre grandeur d'être capables
00:47:59de faire les deux à la fois. Et on peut faire les deux
00:48:01à la fois. Mais en revanche, pour faire ça,
00:48:03il faut arrêter de payer l'immigration
00:48:05que l'on paye aujourd'hui
00:48:07parce qu'on n'en peut plus,
00:48:09parce que c'est l'éléphant dans le couloir
00:48:11que tout le monde fait mine de ne pas voir
00:48:13en matière de dépenses.
00:48:15Parce qu'on réduit ça à la question de l'AME finalement.
00:48:17Mais pas du tout. Mais c'est pas l'AME, c'est tout.
00:48:19Je veux dire, il y a 500 000 personnes qui entrent
00:48:21dans notre pays légalement par an.
00:48:23Il y en a 10% de 500 000
00:48:25qui travaillent.
00:48:27Comment est-ce qu'on peut faire
00:48:29pour prendre en charge 500 000 personnes
00:48:31quand il n'y a que 10%
00:48:33qui cotisent, c'est-à-dire
00:48:3550 000. C'est pas tenable.
00:48:37Ça n'est pas tenable.
00:48:39Tout à l'heure, vous évoquiez au début,
00:48:41pour expliquer l'instabilité politique
00:48:43qui précède finalement cette censure,
00:48:45vous disiez qu'il ne faut pas chercher
00:48:47ça dans la dissolution, mais dans le gouffre
00:48:49qui s'est creusé ces dernières années
00:48:51entre les aspirations de la population et la manière
00:48:53dont leurs représentants politiques y répondent.
00:48:55Et vous avez évoqué, par exemple,
00:48:57l'histoire de la niche parlementaire
00:48:59avec des gens qui disent la même chose
00:49:01que vous, mais qui ne viennent pas voter,
00:49:03en l'occurrence sur la question de l'expulsion
00:49:05des étrangers délinquants. Vous venez d'évoquer
00:49:07ce comportement que vous jugez
00:49:09politicien de cette droite
00:49:11qui vous accuse d'être socialiste et au moment où vous dénoncez
00:49:13vous-même le socialisme qui vous accuse d'être d'extrême-droite,
00:49:15puisque c'est un peu le balai
00:49:17qui s'est passé hier, est-ce que
00:49:19vous pensez que dans ce gouffre qui s'est creusé,
00:49:21la manière dont vous avez été traité
00:49:23de manière générale, votre mouvement,
00:49:25pas vous personnellement, mais votre mouvement,
00:49:27on l'a vu à l'Assemblée, les gens qui refusent
00:49:29de serrer la main de vos députés, les postes
00:49:31qu'on ne vous attribue pas, est-ce que le
00:49:33traitement de votre mouvement politique
00:49:35fait partie de ce gouffre pour vous
00:49:37qui s'est creusé ? – Mais bien entendu.
00:49:39Parce qu'en réalité, la condamnation
00:49:41morale effectuée
00:49:43par la classe politique du Rassemblement National,
00:49:45c'est la condamnation morale de ses électeurs,
00:49:47c'est la condamnation morale des Français,
00:49:49c'est dire aux Français vous avez tort,
00:49:51et en plus c'est honteux de penser ce que vous pensez,
00:49:53c'est honteux de réclamer
00:49:55ce que vous réclamez,
00:49:57c'est honteux de vouloir être traité
00:49:59dans votre propre pays
00:50:01en priorité, c'est mal,
00:50:03c'est, comment dit l'LFI,
00:50:05ville, c'est ville.
00:50:07Donc,
00:50:09évidemment que
00:50:11lorsque une pensée de bon sens
00:50:13est ainsi, en quelque sorte,
00:50:15criminalisée,
00:50:17voire psychiatrisée,
00:50:19cela crée
00:50:21un sentiment d'injustice
00:50:23terrible dans une démocratie.
00:50:25Parce que quand
00:50:27dans un pays totalitaire ça se passe comme ça,
00:50:29on dit c'est un pays totalitaire,
00:50:31mais dans une démocratie. – Mais quelle solution ?
00:50:33– C'est insupportable. – Mais quelle solution ?
00:50:35– La solution c'est celle qu'ont trouvée les Français,
00:50:37ils votent de plus en plus pour le Rassemblement National,
00:50:39et un jour,
00:50:41on leur a tordu le bras
00:50:43dans le dos lors de la dernière
00:50:45élection, mais ils ne pourront pas faire ça
00:50:4710 millions de fois,
00:50:49parce que, permettez-moi quand même
00:50:51une minute, de pointer
00:50:53du doigt
00:50:55le bal des hypocrites
00:50:57que j'ai pu voir hier, tout de même,
00:50:59avec des LR
00:51:01qui viennent dire
00:51:03oh mon Dieu, c'est affreux,
00:51:05ils ont voté la motion de censure
00:51:07avec
00:51:09la France insoumise,
00:51:11les socialistes et les verts,
00:51:13c'est ignoble,
00:51:15ce à quoi je leur ai répondu, mais nous on a utilisé
00:51:17le NFP comme un simple outil
00:51:19pour faire passer la censure,
00:51:21parce que les institutions nous obligent à le faire,
00:51:23mais vous, qu'est-ce que
00:51:25vous avez fait en juin dernier ?
00:51:27Vous, vous êtes alliés
00:51:29électoralement
00:51:31avec NFP,
00:51:33vous vous êtes désistés pour faire
00:51:35élire des candidats NFP,
00:51:37et des candidats NFP
00:51:39se sont désistés pour vous faire élire,
00:51:41M. Wauquiez a été élu
00:51:43parce que la candidate verte
00:51:45s'est désistée,
00:51:47pour lui, Mme Genevard
00:51:49a bénéficié du soutien
00:51:51du candidat la France insoumise
00:51:53qui n'était pas arrivé
00:51:55au second tour, donc le bal
00:51:57des hypocrites, stop,
00:51:59voilà, stop.
00:52:01Vous avez évoqué, tous l'évoquent, le fait que la France
00:52:03a trois grands pôles politiques aujourd'hui,
00:52:05à l'Assemblée, et vous connaissez probablement
00:52:07la formule de Bismarck, dans une lutte à trois,
00:52:09mieux vaut être un des deux. Alors, quelle est
00:52:11la force politique appelée à disparaître
00:52:13quand les choses vont se clarifier au fil du temps ?
00:52:15Le Bloc central. Vraiment ? Oui.
00:52:17C'est ceux qui veulent s'allier aujourd'hui. Mais il condense pourtant
00:52:19aujourd'hui l'ensemble des élites qui contrôlent les institutions,
00:52:21qui contrôlent le discours public, vous croyez qu'il va
00:52:23disparaître ? Oui, je pense qu'il va disparaître.
00:52:25Je pense qu'il va disparaître parce qu'en réalité
00:52:27il s'est structuré autour
00:52:29d'Emmanuel Macron. Ne me demandez pas
00:52:31comment, pourquoi, ça reste pour moi
00:52:33une forme de mystère,
00:52:35mais il s'est constitué autour
00:52:37d'Emmanuel Macron. Emmanuel Macron
00:52:39leur a offert en quelque sorte une victoire
00:52:41et souvent d'ailleurs ces
00:52:43élites se
00:52:45cristallisent autour d'une victoire.
00:52:47Ça a été le cas aussi à l'époque
00:52:49avec l'UMP où on a vu que
00:52:51en fait c'était la victoire qui cristallisait
00:52:53l'UMP.
00:52:55Quand la victoire
00:52:57n'a plus été présente, tout ça
00:52:59s'est totalement dissous. Je pense
00:53:01qu'il peut se passer la même chose avec le bloc central.
00:53:03Pourquoi ? Parce qu'en réalité, ils n'ont pas de vision.
00:53:05Ils n'ont pas d'idée politique.
00:53:07Selon vos propres mots,
00:53:09ils sont mondialistes ? Ils sont européistes ?
00:53:11Ils sont dans une logique de département
00:53:13de la nation ? Non, en réalité, ils sont dans la défense
00:53:15d'intérêts catégoriels.
00:53:17En réalité, ils défendent des intérêts
00:53:19catégoriels. Alors si ces intérêts
00:53:21catégoriels, et en général les leurs
00:53:23sont un peu au-dessus,
00:53:25dépendent de l'Union européenne,
00:53:27pas très étonnant qu'ils soient
00:53:29européistes. Alors vous diriez que la gauche a une vision de son côté ?
00:53:31Ah, incontestablement.
00:53:33Ah oui, incontestablement. Et une cohérence
00:53:35d'ailleurs. Ne nous y trompons pas.
00:53:37Je veux dire, LFI,
00:53:39Les Verts,
00:53:41les communistes,
00:53:43et peut-être un peu moins
00:53:45les socialistes, mais enfin, dans l'ensemble
00:53:47quand même, ils ont incontestablement
00:53:49une vision commune. Bien sûr.
00:53:51Ils sont cohérents, et c'est peut-être pour ça d'ailleurs
00:53:53que nous serons peut-être un jour
00:53:55amenés à nous retrouver en réalité face
00:53:57à face. Parce que je crois que c'est la cohérence
00:53:59qui permet de durer.
00:54:01Mais c'est une lutte à finir entre vous deux.
00:54:03Si ce sont deux visions, la vôtre et celle de la gauche,
00:54:05des visions irréconciliables, je ne pense pas
00:54:07avancer exagérément en disant ça, c'est une lutte
00:54:09à finir entre les deux camps.
00:54:11Pourquoi c'est une lutte à finir ? Il y a bien quelqu'un qui finit par
00:54:13gagner quand même. D'accord, mais ce que j'entends
00:54:15par là, c'est que vous êtes irréconciliables. On n'est pas
00:54:17dans une alternance classique où les gens
00:54:19se reconnaissent mutuellement comme des adversaires légitimes.
00:54:21Si vous gagnez, ils perdent pour de bon et l'inverse aussi.
00:54:23Ah oui. Marine Le Pen.
00:54:27La démocratie d'ailleurs, fondamentalement.
00:54:29Marine Le Pen, on a le sentiment
00:54:31qu'on est à un moment de bascule
00:54:33dans l'histoire politique du pays.
00:54:35Tout le monde le sent, qu'on a
00:54:37un moment de bascule.
00:54:39Qu'est-ce qu'elle traduit comme attente ?
00:54:41Qu'est-ce qu'elle peut générer,
00:54:43cette bascule ? Et je vais un peu plus large
00:54:45au moment où, regardons un peu
00:54:47le monde, regardons un peu les conflits à l'Est
00:54:49avec la Russie et l'Ukraine,
00:54:51regardons les conflits au Moyen-Orient,
00:54:53au Proche-Orient, regardons les Etats-Unis.
00:54:55Vous avez aussi parlé de la Chine.
00:54:57Au moment où l'Occident est en train, quelque part,
00:54:59de s'effondrer, au moment où Donald Trump
00:55:01a déjoué tous les pronostics,
00:55:03quel moment de bascule
00:55:05sommes-nous en train de vivre ?
00:55:07Qu'est-ce qu'on peut espérer
00:55:09demain ? Restons positifs.
00:55:11Le sursaut.
00:55:13Dans quel sens ? Le sursaut. La réalité, c'est
00:55:15qu'on n'est pas à un moment de bascule.
00:55:17Nous sommes
00:55:19assez proches,
00:55:21en réalité, de la fin de la destruction.
00:55:23Emmanuel Macron
00:55:25a contribué, par son action,
00:55:27à s'attaquer
00:55:29aux piliers de la maison.
00:55:31Destruction de quoi ?
00:55:33De tout ce qui structurait
00:55:35notre pays.
00:55:37Notre diplomatie.
00:55:39Le réseau, d'ailleurs,
00:55:41de nos diplomates.
00:55:43La préfectorale.
00:55:45Notre système de protection sociale.
00:55:47D'ailleurs, en l'ouvrant
00:55:49en grande partie au monde entier.
00:55:51Tout ce qui
00:55:53structurait notre pays, ce que j'appelle
00:55:55les murs porteurs, ont été
00:55:57attaqués de manière assez
00:55:59consciencieuse, d'ailleurs, par
00:56:01Emmanuel Macron. Il y avait beaucoup de choses,
00:56:03déjà, qui s'étaient effondrées.
00:56:05Une forme de droit
00:56:07à la fierté, d'être français.
00:56:09Au fur et à mesure du temps,
00:56:11avoir un drapeau français,
00:56:13c'était prendre
00:56:15le risque de se faire
00:56:17insulter. C'était
00:56:19se glorifier de notre
00:56:21histoire, c'était suspect.
00:56:25Souhaiter défendre notre
00:56:27identité, nos traditions,
00:56:29c'était suspect. Donc tout ça, ça a été
00:56:31un long
00:56:33désagrègement.
00:56:35Un long processus de désagrègement et
00:56:37aujourd'hui, on arrive à un moment
00:56:39où les piliers de la maison
00:56:41sont atteints
00:56:43et sont en train de vaciller.
00:56:45Qu'est-ce que la France peut attendre ?
00:56:47Ce qu'elle a fait
00:56:49toute son histoire, le sursaut
00:56:51et la grandeur, c'est le choix qu'elle
00:56:53doit faire. Le sursaut et la grandeur
00:56:55et elle s'en sortira, la France.
00:56:57Parce qu'elle est éternelle
00:56:59et parce que son peuple a en lui
00:57:01encore une fois
00:57:03des capacités de rebond
00:57:05qui sont absolument inouïes. Pour peu
00:57:07qu'on ait confiance en lui.
00:57:09Pour peu qu'on lui exprime
00:57:11cette confiance et pour peu qu'on les
00:57:13autorise à être fiers de ce qu'ils sont
00:57:15et de ce qu'ils peuvent faire
00:57:17et de ce qu'ils peuvent entreprendre
00:57:19et de leur génie propre.
00:57:21Je crois beaucoup à cela.
00:57:23Est-ce qu'il n'y a pas une petite contradiction dans votre propos ?
00:57:25Vous dites d'un côté que la France est éternelle,
00:57:27je l'espère, mais de l'autre côté, dans votre discours,
00:57:29la France peut mourir. Si l'oeuvre d'Emmanuel Macron
00:57:31dans votre discours, si la gauche
00:57:33prend le pouvoir, la France telle que vous l'entendez
00:57:35peut mourir. Donc elle peut mourir ou elle est éternelle ?
00:57:37Le peuple la rend éternelle.
00:57:39Il peut devenir minoritaire, le peuple ?
00:57:41C'est lui qui la rendra éternelle.
00:57:43Moi, je crois à ça.
00:57:45Vous ne craignez pas de voir un jour la culture française
00:57:47minoritaire chez elle ?
00:57:49Il nous reste deux minutes, Charlotte Donnelas posera la dernière question.
00:57:51Je crois que le peuple français ne laissera pas
00:57:53cette tragédie arriver.
00:57:55J'en suis convaincue.
00:57:57Mais si j'en étais pas convaincue,
00:57:59si j'étais aussi pessimiste
00:58:01que vous,
00:58:03j'irais planter des fraises,
00:58:05élever mes chats et je laisserais
00:58:07tout cela. Non, je crois
00:58:09vraiment qu'on peut
00:58:11se redresser. Je crois vraiment
00:58:13que l'on peut reprendre la main.
00:58:15Je crois vraiment qu'on peut retrouver
00:58:17encore une fois une trajectoire,
00:58:19une voie dans le monde
00:58:21qui est essentielle et qui manque. Parce que
00:58:23dans tous les conflits que vous avez évoqués,
00:58:25il manque la voie de la France.
00:58:27Il manque la voie de la France. Ça aussi,
00:58:29Emmanuel Macron l'a considérablement
00:58:31abîmée. Donald Trump, il vient
00:58:33dans 48 heures. On va voir un peu
00:58:35est-ce que la France porte encore. Dernière question,
00:58:37peut-être pour conclure. Au dernier législatif,
00:58:39au-delà de votre mouvement politique, tout le monde attendait
00:58:41Jordan Bardella à Matignon.
00:58:43C'était le résultat
00:58:45qui devait sortir des urnes, qui était prévu
00:58:47en tout cas. Et le Front républicain
00:58:49a montré une vivacité
00:58:51qu'on ne lui prêtait plus, qu'on n'imaginait plus.
00:58:53Vous disiez tout à l'heure, ils ne pourront pas faire ça
00:58:55éternellement. Mais jusqu'à maintenant,
00:58:57c'est quand même une mobilisation
00:58:59contre l'incarnation
00:59:01des idées que vous portez
00:59:03et que vos électeurs plébiscitent.
00:59:05Comment est-ce que vous
00:59:07comptez contourner justement
00:59:09ce verrou-là ? Et comment vous l'identifiez, ce verrou ?
00:59:11A quoi il tient aujourd'hui ?
00:59:13Il nous reste 30 secondes seulement.
00:59:15On nous a dit énormément de fois qu'il y avait des verrous.
00:59:17Des plafonds, de verres, on ne pourrait pas
00:59:19être élu aux majoritaires à deux tours, etc. On l'a été.
00:59:21Aujourd'hui, on a fait
00:59:23élire peu ou prou
00:59:25quand même 145 députés.
00:59:27Ça avance quand même.
00:59:29Ça monte. Donc il ne faut pas non plus se désespérer.
00:59:31Mais en jeune année, il y a eu un
00:59:33abus de confiance. Est-ce que
00:59:35les Français vont être deux fois
00:59:37capables d'être victimes d'un abus de confiance ?
00:59:39C'est une question qui se pose.
00:59:41Peut-être que ça mettra plus de temps.
00:59:43J'espère pas. Parce qu'encore une fois, chaque jour qui passe,
00:59:45la France nous attend, je crois.
00:59:47Chaque jour qui passe, la France
00:59:49nous attend. Merci, Mme Le Pen,
00:59:51pour votre confiance d'être venue
00:59:53sur notre plateau. Merci à vous de cette invitation.
00:59:55C'était un plaisir. On va écouter
00:59:57le président de la République ce soir
00:59:59pour voir ce qu'il a à nous dire. Je passe là-bas tout de suite
01:00:01à l'heure des propos de Pascal Praud. Merci.
01:00:03Merci.