Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
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00:00Face à l'info, bonsoir à tous. CNews dédie cette soirée des législatives avec plusieurs invités sur son plateau ce soir.
00:09Avec nos mousquetaires, Face à l'info est ravi de recevoir Benjamin Haddad, député sortant, porte-parole des députés Renaissance à l'ex-Assemblée Nationale, si je puis me permettre.
00:20Alors qu'Emmanuel Macron fait du chantage à la guerre civile, comment se positionne la majorité à quatre jours du premier tour ?
00:29Le Nini peut-il tenir ? Emmanuel Macron n'est-il pas pris à son propre jeu ? Est-il prêt à gouverner avec Jordan Bardella ?
00:37Si Benjamin Haddad se déclare prêt à une alliance avec tous ceux qui s'opposent au RN et à LFI, pourquoi rejette-t-il ainsi la volonté exprimée par les Français ?
00:46Pourquoi mettre le RN sur le même plan que LFI ? Des questions que nous poserons à Benjamin Haddad, notre invité ce soir.
00:54Face à l'info, c'est une édition spéciale autour du thème « Faut-il quitter la France le 8 juillet ? La France sera-t-elle encore la France ? »
01:02Hier soir, c'était un débat d'un nouveau genre en France, un débat qui actait le basculement de la vie politique dans le système des trois blocs Gabriel Attal, Jordan Bardella et Emmanuel Bompard.
01:14À la lumière de ce débat, à quoi ressemblera la France du 8 juillet ? L'édito de Mathieu Beaucoupet.
01:20« Faut-il quitter la France le 8 juillet ? Non, répondra sans doute Gabriel Cluzel, car le droit du sol sera supprimé. »
01:27Jordan Bardella l'a dit, s'il venait à devenir Premier ministre, il supprimerait le droit du sol.
01:32Ce droit ne se justifie plus dans un monde à 8 milliards d'individus, selon lui, ni sur notre sol, alors que se multiplient au quotidien les preuves de notre incapacité à intégrer et assimiler concrètement la fin du droit du sol.
01:47Qu'est-ce que cela changerait l'analyse de Gabriel Cluzel ?
01:52« Faut-il quitter la France le 8 juillet ? Certains ont envie de fuir lorsqu'ils voient cette vidéo relayée sur Instagram, puis supprimée par le candidat LFI Sébastien Delogu.
02:04Il a relayé sur son compte un clip où Meilleur Habib prend une apparence de monstre que Rima Hassan détruit.
02:11Une référence au four aurait volontairement été rajoutée avec le carton d'une pizza.
02:16Une vidéo qui a créé la polémique et même le dégoût.
02:19L'antisémitisme est-il de nouveau aux portes du pouvoir ? »
02:23Le regard de Marc Menand.
02:25Faut-il quitter la France le 8 juillet ?
02:28Si ces derniers jours, l'inquiétude d'une partie des Français s'est fait ressentir avec une crainte de l'arrivée du RN qui déclencherait, je cite, « une guerre civile »,
02:38non, tout va bien se passer, vous répondront, l'Italie ou encore la Hongrie.
02:43Ces pays, notamment, ont connu l'arrivée de la droite nationale au pouvoir.
02:48Où en est le régime ?
02:50Sont-ils toujours des pays démocratiques ?
02:52Le décryptage de Jean-Sébastien Fergeau ce soir.
02:55Et puis, faut-il quitter la France le 8 juillet ?
02:58Oui, selon la Une de Libération, avec Alice Diop, la cinéaste, qui lance un appel clair.
03:04« Il faut à tout prix bloquer le RN car il s'agit d'un parti raciste qui exprime un vote raciste », l'édito de Mathieu Beaucoup.
03:13Une heure pour prendre un peu de hauteur avec notre invité spécial ce soir, Benjamin Haddad.
03:20...
03:31Ben, Benjamin Haddad, vous êtes porte-parole des députés Renaissance à l'Assemblée nationale, je disais, l'ex-Assemblée nationale.
03:38Oui, c'est vrai, vous entendiez un peu mon sommaire. Faut-il quitter la France le 8 juillet ?
03:42Ce sera le thème de notre émission ce soir. Votre réponse ?
03:44Non, il ne faut pas quitter la France. Mais quel que soit le résultat, d'ailleurs,
03:47il y aura des Français qui seront exprimés. On respectera toujours l'avis des Français.
03:51Et puis, on continuera à se battre pour nos convictions. On est ici en France.
03:55Je crois que notre pays a besoin d'unité, il y a besoin de stabilité, de dialogue et de respect.
04:00Moi, l'un des meilleurs moments de mon mandat de député, ça a été de voyager à travers le pays, notamment lors de la campagne des Européennes.
04:05Et je suis allé partout rencontrer des gens qui votent pour tous les partis, des éleveurs dans les Hautes-Pyrénées, des pêcheurs à Quimper.
04:12J'ai visité des entrepôts Amazon en Lorraine. Il faut qu'on soit capable de se parler sans jamais donner de leçon de morale, sans jamais agiter des peurs.
04:23Mais en revanche, en étant très clair sur nos principes, et moi, je vous le dis, je combats l'extrême gauche de la France insoumise,
04:30qui est une menace pour l'unité et la stabilité de notre pays, avec son alliance avec les islamistes et les antisémites,
04:35avec son programme absolument catastrophique sur le plan économique qui ferait exploser les impôts, la dette et donc chuter la production.
04:41On verra toutes les entreprises, les entrepreneurs, tous ceux qui veulent faire avancer le pays qui vont partir, ou alors on aura sinon des mesures autoritaires.
04:49Mais je le dis aussi, face à ceux qui ont cette peur légitime de voir le Front populaire et la France insoumise, sa violence, son chaos, arriver au pouvoir,
04:56je le dis, le Rassemblement national n'est pas la solution. Il représente un saut dans l'inconnu.
05:02Si on regarde le débat hier de Jordan Bardella, je demande aux Français, est-ce qu'on pense que Jordan Bardella est prêt à gouverner le pays ?
05:08Est-ce que quelqu'un a compris ce qu'il avait à raconter sur la réforme des retraites ?
05:12Moi j'étais en M6, c'était une réforme qui était impopulaire mais qui était nécessaire pour l'équilibre de nos comptes publics et pour la pérennité de notre système de retraite par répartition.
05:20Le Rassemblement national disait clairement, nous voulons la retraite à 60 ans.
05:23Et aujourd'hui, sur ça, comme sur tous les autres sujets, on les voit reculer, on les voit se dérober,
05:28ils ne sont pas prêts à un moment qui est si critique pour notre pays, mais aussi pour l'Europe.
05:33On a une guerre sur le continent, on a peut-être demain Trump de retour aux Etats-Unis.
05:37Ils ne sont pas prêts à gouverner le pays.
05:39Et donc je me bats pour ce bloc central, pour les candidats ensemble, pour mettre de l'autorité dans le pays
05:45et continuer à mettre le paquet dans le régulier, pour continuer de réformer le pays et faire baisser le chômage comme on l'a fait ces dernières années,
05:50pour continuer à être un pays qui est influent sur la scène internationale et en Europe
05:54et qui refuse cette alternative mortifère entre la France insoumise et le Rassemblement national.
05:59Gardez bien votre micro. J'ai encore deux questions, ensuite chacun vous posera une question.
06:05J'aime bien lorsque vous dites que vous avez effectivement, et vous êtes connus pour ça, le dialogue, l'écoute, le partage,
06:11on est ensemble, on va trouver une solution. Mais je ne vous reconnais pas lorsque vous rejetez LFI et le RN
06:19et que vous mettez le RN sur le même plan que LFI. Là, je ne vous reconnais pas.
06:23Je ne vous reconnais pas, par exemple, lorsque vous dites que vous n'allez pas discuter avec eux, vous n'allez pas construire avec eux.
06:28Vous voyez ce que je veux dire ?
06:29Moi, je veux construire avec ceux qui partagent notre bloc de valeurs et qui veulent défendre la République,
06:34qui veulent continuer à réformer en profondeur notre pays, c'est-à-dire réduire les dépenses publiques,
06:38c'est-à-dire soutenir nos entreprises et baisser les impôts pour augmenter la croissance et faire baisser le chômage,
06:43pour ceux qui veulent que la France soit forte en Europe.
06:46Et donc, ça veut dire élargir, ça veut dire gouverner différemment de ce qu'on a fait ces dernières années.
06:49Il faut dire les choses clairement. Moi, je veux qu'on tende la main aux républicains.
06:53Je suis de droite, une droite républicaine, libérale, et donc je veux qu'on travaille avec LR,
06:59avec qui on partage énormément de choses sur la nécessité de mettre de l'autorité, de la sécurité,
07:04de lutter contre l'immigration illégale, d'aller plus loin sur la justice.
07:08On a encore une justice trop laxiste. Il faut qu'on entende aussi ce que nous disent les Français dans ces sondages
07:12et dans les résultats des européennes, et aussi avec les socialistes qui refusent cet attelage extrémiste avec la France insoumise.
07:19Je pense à tous les Français qui ont fait confiance à Raphaël Glucksmann lors de l'élection européenne.
07:24Moi, j'ai beaucoup de différences avec Raphaël Glucksmann, mais je trouve qu'il a fait une campagne digne sur l'Europe,
07:28sur l'Ukraine, et qu'il ne devrait pas aller salir cette promesse avec Jean-Luc Mélenchon
07:34et cet attelage d'extrémistes et d'antisémites.
07:36Une dernière question, ensuite je laisse la place à Mathieu, on fait un tour de table avec vous.
07:41Je viens de voir, là, Benjamin Haddad, le dernier sondage, les uslatifs RTL, Toluna, Aris Interactive,
07:47qui montrent que le RN est en progression à 34%, progression d'un point.
07:52Le Nouveau Front Populaire à 27%, votre bloc, la majorité présidentielle avec 21% des intentions de vote.
08:00Le chantage à la guerre civile du Président ne fonctionne pas ?
08:04Moi, je ne crois pas au chantage, et je vous l'ai dit, ce n'est pas mon expression, celle que vous utilisez.
08:09Maintenant, on va continuer à se battre, à aller convaincre, à dire que le choix du dimanche, du premier tour,
08:16ce n'est pas le choix entre le Front Populaire et le RN.
08:19Il y a trois blocs, il y a un bloc central de candidats républicains
08:23qui refusent que cette alternative guide la vie à notre pays.
08:26Et je vais vous dire une chose, une élection, elle n'est jamais jouée.
08:29Même quand on regarde les sondages, j'ai vécu aux Etats-Unis, j'ai vécu l'élection de Donald Trump.
08:32Le matin de l'élection, le New York Times disait 95% Hillary Clinton.
08:37Et le soir, tous les sondeurs, tous les experts, tous les gens qui venaient faire les plateaux télé,
08:41ils ont mangé leur chapeau.
08:42Donc, on va se battre jusqu'à vendredi soir, puisque vendredi minuit, c'est le dernier moment où on peut faire campagne,
08:47taper aux portes et aller écouter et convaincre les électeurs.
08:50Mathieu Bocoté.
08:51Alors, vous avez probablement vu hier Dominique Strauss-Kahn intervenir dans la campagne et comparer la situation.
08:56Elle dit que le RN est aux portes du pouvoir, comme en 1933 en Allemagne.
09:00Que vous inspire cette comparaison ?
09:03Est-elle respectueuse, pour prendre vos termes ?
09:05Moi, je n'aime plus ces comparaisons historiques, je n'aime pas ces références à Vichy.
09:11Je veux regarder les programmes, je veux regarder les conséquences concrètes
09:16qu'aurait l'accession du RN au pouvoir.
09:18Et je pense que ce serait un danger pour notre pays.
09:21Mais ça n'a rien à voir avec le populisme, si je comprends bien.
09:24Vous savez, je crois que le populisme libère toujours des énergies et des pulsions négatives dans notre pays.
09:30Et quand on commence à parler, comme l'a fait Jordan Bardella hier,
09:33des binationaux sans savoir exactement ce qu'il avait envie de dire,
09:36il s'est un peu effondré dans le débat sur ce sujet.
09:40Quand on commence à parler du droit du sol, quand on commence à montrer du doigt certains groupes plutôt que d'autres,
09:44je crois qu'on arrive sur un terrain qui est extrêmement glissant et dangereux pour les valeurs républicaines.
09:52Je n'utilise pas encore une fois ces termes et ces comparaisons historiques.
09:56Je crois d'ailleurs qu'au fond, ça représente des sortes de leçons de morale
10:01qui sont totalement contre-productives et qui ont tendance d'ailleurs à gonfler les électeurs
10:06et qui les emmènent vers le Rassemblement National.
10:08Moi, je crois qu'il faut écouter, il faut respecter.
10:10La vérité, c'est que dans ce pays, il y a une demande très forte d'autorité, de sécurité, partout.
10:15Partout, que ce soit les électeurs de gauche comme les électeurs de droite.
10:18Moi, je suis favorable à ce que sur les questions de justice, on revienne sur les peines planchées,
10:22on revienne sur l'excuse de minorité.
10:24La vérité, c'est qu'un mineur, en 2024, qui a accès à des réseaux sociaux, à des écrans, à de la violence permanente,
10:30ce n'est pas la même chose qu'un mineur.
10:32Dans les années 50, on a vu l'horreur de Courbevoie.
10:35J'étais à l'Hôtel de Ville il y a quelques jours pour le rassemblement pour cette petite à Courbevoie.
10:40C'est une horreur absolue.
10:42Et donc effectivement, il faut qu'on soit extrêmement ferme sur les questions régaliennes.
10:45Et je plaide une fois de plus pour qu'on le fasse, notamment avec les Républicains,
10:48comme j'aurais aimé qu'on puisse le faire à l'Assemblée Nationale depuis deux ans.
10:51Gabrielle Cluzel.
10:53Oui, alors nous avons bien compris que vous étiez dans une ligne nini,
10:56vous renvoyez les deux extrêmes dos à dos.
10:58Néanmoins, Renaissance a fait une fleur, si j'ose dire, de façon individuelle au Nouveau Front Populaire,
11:06par exemple en ne mettant pas de candidat face à François Hollande au premier tour.
11:10Attendez, je termine au bout de ma question.
11:12Est-ce que si, par exemple, dimanche, et donc au deuxième tour,
11:16se trouvait face à face un candidat du Rennes face à un candidat de la France Insoumise,
11:22enfin du Nouveau Front Populaire, que vous trouveriez spécialement ambigu en matière d'islamisme,
11:26est-ce que vous feriez la même fleur ? Parce que j'imagine que si c'est nini, il y a le même traitement.
11:31Alors déjà, je veux dire que sur le cas de François Hollande, nous n'avons pas investi de candidat face au LR sortant,
11:37le député, pour qu'il puisse faire le plein de voix face à François Hollande.
11:42Donc nous appelons à battre les candidats du Front Populaire.
11:46Et encore une fois, aucune espèce de fleur, de désistement, de soutien pour des candidats de la France Insoumise
11:55ou du Front Populaire, parce que fondamentalement, le Front Populaire, qu'est-ce que c'est ?
11:58Ce sont des gens qui ont décidé de se ranger derrière le programme de la France Insoumise,
12:02sur la question de l'augmentation massive des impôts, sur les blocages des prix qui feraient s'effondrer la production,
12:08on l'a vu dans tous les pays autour de nous, sur le désarmement de la police.
12:11On parlait à l'instant de sécurité d'autorité, ils veulent désarmer la police,
12:14c'est les mêmes qui crachent sur les forces de l'ordre depuis deux ans en permanence, ce sont les mêmes.
12:18Vous avez montré cette vidéo absolument atroce du candidat de l'AUG.
12:22On ne l'a pas montrée, mais on l'a évoquée.
12:24Vous l'avez évoquée clairement, une vidéo antisémite.
12:27Et une fois de plus, Thomas Porte qui menace des personnalités juives sur les réseaux sociaux,
12:33Rima Hassan qui parle d'Israël comme une monstruosité,
12:36Jean-Luc Mélenchon qui nous explique que l'antisémitisme est résiduel dans notre pays.
12:41Malheureusement, la liste est longue, ils ont mis le chaos dans la rue comme en hémicycle.
12:45Vous savez, mes deux dernières séances de questions au gouvernement en hémicycle, c'était les drapeaux palestiniens brandis.
12:50Ce spectacle a consterné les Français, a bafoué les institutions et fait aujourd'hui que beaucoup de Français se disent
12:57que la réponse, c'est le Rassemblement national parce qu'ils sont polis, parce qu'ils arrivent avec des cravates.
13:01Moi, je dis qu'on a un premier tour dimanche, que dans toutes les circonscriptions, il y a des candidats ensemble pour la République,
13:08Renaissance, Horizons, Modem, et que le choix à faire, c'est déjà le choix d'un député et le choix d'une majorité.
13:15Moi, je souhaite que Gabriel Attal reste Premier ministre avec la majorité la plus large possible.
13:19Alors, comme on est un peu réduit avec les temps de parole, c'est la raison pour laquelle je me permets de recentrer un petit peu,
13:26Marc Menand, deux questions.
13:28Principe valeur, vous l'avez utilisé plusieurs fois. Principe valeur, c'est la laïcité.
13:33Le Président a dit qu'il faudrait un débat sur la laïcité, mais c'est le même Président qui regarde une femme
13:38qui dit que vous êtes féministe, formidable, vous êtes voilée.
13:42Or, aujourd'hui, dans le désir d'assimilation, les Français, ils voient quoi ?
13:47De plus en plus de jeunes femmes qui échappent à ce principe républicain, d'hommes qui portent la gandoura.
13:53Que ferez-vous demain ? Est-ce que vous allez enfin faire en sorte que l'on retrouve l'éclat laïque
13:59et que l'on puisse se rencontrer en dehors de toute appartenance affichée religieuse ?
14:03La laïcité, c'est au cœur de ce qu'est être français et c'est au cœur de notre projet républicain.
14:09Donc, il ne faut pas de débat sur la laïcité, il faut la défendre, il faut la préserver.
14:13Pourquoi ça n'a pas été fait ?
14:14C'est l'émancipation. Quand Gabriel Attal a le courage d'interdire la baïa à l'école, on défend la laïcité.
14:20Quand on fait la loi séparatisme en 2022, qui permet pour la première fois de faire la lumière sur les financements étrangers,
14:26d'expulser des imams radicaux, de fermer des lieux de culte ou des associations radicales,
14:30c'est le Président de la République, c'est Gérald Darmanin et c'est ce qui fait que nous avons pu commencer
14:35vraiment à lutter contre l'islam radical dans notre pays. La laïcité, il faut la préserver, il faut la défendre.
14:40C'est l'universalisme, c'est l'émancipation, c'est ce qui protège. C'est ce qui protège les jeunes femmes
14:45qui veulent pouvoir aller à l'école et continuer à faire en sorte que l'école soit un lieu de neutralité,
14:49d'apprentissage et encore une fois d'universalisme.
14:52Mais il n'y a pas que l'école.
14:53Bien sûr, il n'y a pas que l'école. Tous les espaces publics, vous avez raison de le rappeler,
14:56mais je parlais en particulier de l'exemple de la baïa qui était bien connue.
14:59Et là, je me félicite que Gabriel Attal ait eu le courage et l'autorité de faire ce qu'il fallait faire.
15:05Merci beaucoup, Benjamin Haddad. On est tenus par les temps de parole.
15:08Merci d'avoir été notre invité.
15:10On va continuer parce que vous nous avez dit qu'il ne faut pas quitter la France, selon vous.
15:13Il faut rester positif. Il faut rester positif. On va continuer.
15:16Quand on fait de la politique, on doit être optimiste.
15:19Combattif, lucide, mais optimiste.
15:21D'accord, parce qu'il y en a qui ne le sont pas. Il y en a qui ne veulent plus être ministre.
15:25Il y en a, voilà, etc. Attention.
15:27Donc on va se poser la question dans un instant avec nos chroniqueurs.
15:29Faut-il quitter la France le 8 juillet ?
15:32On marque une pause et on en parle avec nos éditorialistes.
15:34A tout de suite. Merci encore.
15:36Merci beaucoup.
15:40Je sais que je suis sauvé.
15:44On est en direct.
15:45Ah, pardon.
15:46Vous parliez de débauche, maintenant.
15:48Ils sont vraiment dissipés, ce soir.
15:50Benjamin Haddad était avec nous il y a quelques instants.
15:52À 20h30, vous aurez Jordan Bardella chez l'heure des pros avec Pascal Praud.
15:58On va continuer ce soir notre émission avec nos éditorialistes, nos mousquetaires,
16:02autour de cette question, faut-il quitter la France le 8 juillet ?
16:05Est-ce que la France sera encore la France ?
16:07On va décliner tout ça.
16:08D'abord avec vous, Mathieu Bocoté, puisque hier c'était un débat d'un nouveau genre,
16:12je le disais en titre tout à l'heure, en France.
16:14Un débat qui actait le basculement de la vie politique autour de ce système des trois blocs.
16:19D'ailleurs, les Républicains n'y étaient pas représentés en leur nom propre.
16:23Qu'en retenir ?
16:24S'agit-il du fameux tournant dans la campagne espéré par certains ?
16:27Et ensuite, à quoi ressemblera, à l'aune de ce débat, la France du 8 juillet ?
16:32C'est assez intéressant parce que les journalistes attendent,
16:35c'est presque une exigence narrative et rhétorique chez eux,
16:38ils attendent toujours le tournant dans la campagne qui basculerait tout.
16:42Or, il se peut qu'il n'y ait pas de tournant dans cette campagne,
16:45il se peut que cette campagne confirme des tendances déjà repérées.
16:49Revenons sur le débat d'hier.
16:51Ce qu'on peut en retenir, en forme de première analyse,
16:54d'abord, on était devant trois chefs qui ne sont pas, par ailleurs,
16:58les vrais chefs de leur camp, ne l'oublions jamais.
17:01Chacun représentait une personnalité plus grande, en quelque sorte.
17:04Jordan Bardella était là, son objectif était clair.
17:07Moins prouver, quoi qu'on en dise, la compétence technique qui serait la sienne,
17:11tout le monde a compris que Bardella n'était pas un conseiller technique,
17:15il s'agissait de marquer un objectif de crédibilité budgétaire
17:19à l'endroit de cet électorat dit de droite
17:22qui, dit le RN, n'en déteste pas, mais, cela dit, sur le plan économique, sont-ils sérieux?
17:27Donc, il envoyait les signaux à répétition pour dire,
17:30regardez, en matière de crédibilité budgétaire,
17:33je suis là, ne vous inquiétez pas. C'était son objectif.
17:37Gabriel Attal, c'était le candidat dans les circonstances de l'expertise technique.
17:41Chacun joue sa carte préférée.
17:43Donc, il dit, je suis presque né pour gouverner,
17:45j'ai une compétence naturelle, j'ai une aisance naturelle à travers tout ça,
17:48et ce n'est pas faux, il y a une véritable compétence technique chez lui.
17:51Donc, il s'est imposé dans le débat.
17:53Il cherchait un peu à être celui qui coince les autres.
17:55Il n'était pas mauvais, mais, bon, cela dit, sur le plan politique,
17:58ce n'est peut-être pas la personnalité politique la plus forte des trois,
18:01sur le plan technique, assurément.
18:03Et il y avait Emmanuel Bompard qui, d'abord, s'est trouvé une cravate.
18:06Je prends la peine de le dire parce qu'à l'Assemblée nationale,
18:08il ne croit pas nécessaire de la porter.
18:10Mais lorsqu'il se présente devant tous les Français,
18:12il sort néanmoins sa cravate.
18:14Il ne sait pas encore la nouer, mais ça viendra.
18:16Mais, cela dit, je me permets de le noter.
18:18Mais la cravate, une fois qu'il l'a séduit...
18:20En fait, je peine à comprendre les codes de la...
18:23Intéressant.
18:24Parce que sinon, ça veut dire quelque chose.
18:26Ils ont quand même fait toute une campagne pour dire qu'il la retirait.
18:28Là, il la porte soudainement.
18:30Sur le plan politique, plus sérieusement, on était dans une situation plus complexe
18:33parce que LFI, en fait, plus largement le Front populaire,
18:36dit « Nous ne respectons pas vos règles.
18:38Nous n'envoyons pas notre candidat premier ministre
18:41parce qu'on ne sait pas qui sera le candidat premier ministre, nous disent-ils. »
18:45Dès lors, il en envoie un et il lui donne une citature qu'il n'avait pas jusqu'alors.
18:49Et c'était l'occasion pour Manuel Bompard, je crois que c'était sa force,
18:53de jouer une carte de radicalité.
18:55J'ai l'impression que la gauche radicale sait qu'elle ne l'emportera pas,
18:58bien qu'elle espère l'emporter.
19:00Et il était là sur le mode de la prime à la radicalité,
19:02sans avoir l'air d'un extrémiste.
19:04C'était son objectif. Je ne sais pas s'il a réussi.
19:06Ensuite, trois choses qu'on doit noter, qui sont importantes,
19:09c'est que c'est la stratégie des trois barrages.
19:11On n'est que devant des ingénieurs en barrage.
19:13Ou comme aurait dit Laurent Bouverd' autre temps, on est devant des castors.
19:16Donc, Bardella veut faire barrage à l'extrême gauche, à la gauche radicale.
19:20Gabriel Attal veut faire barrage aux extrêmes.
19:23Emmanuel Bompard veut faire barrage à l'extrême droite.
19:26Donc, on comprend qu'on n'est pas devant des gens qui sont capables même d'imaginer
19:29la possibilité de parler au camp d'en face.
19:31Nous sommes devant des gens qui fonctionnent à la digue, au barrage et à la barricade.
19:35Tel est l'horizon de leur politique.
19:38Je note aussi aujourd'hui, chacun cherchait à présenter que c'est normal
19:41son champion comme étant celui qui avait gagné la bataille.
19:44Et il y a un petit récit médiatique qui s'est imposé.
19:47Il y a une Bardellophobie dans les médias du service public, mais pas seulement.
19:51Et là, on cherche à créer un récit autour de lui en ce moment, et c'est Jordan Lagaffe.
19:55Donc là, on dit « Ah, mais il s'est trompé sur cette déclaration.
19:58Ah, il s'est révélé sur les retraites avec une déclaration qui apparemment
20:01serait de nature à changer la campagne, être le tournant de la campagne.
20:05Donc là, le service public et ses adversaires poussent beaucoup
20:08pour nous dire Jordan Lagaffe, Jordan Lagaffe, pour que ça rentre dans la tête des gens.
20:12On y verra une forme d'acharnement politique dissimulée
20:15derrière un commentaire journalistique faussement objectif.
20:18Enfin, enfin, je pense que c'est une chose importante à noter,
20:21la question de l'immigration, encore une fois, était négligée, était laissée de côté.
20:26Je ne dis pas qu'on ne l'a pas du tout mentionnée,
20:28je dis qu'on l'a présentée de telle manière qu'on ne passait à côté de l'essentiel.
20:32Bon, Emmanuel Bompard se le dit, je le joue honnêtement,
20:34il se fait le porteur, comme Jean-Luc Mélenchon, du nouveau peuple français en émergence.
20:39C'est leur nouvel argument de campagne.
20:41Un français sur quatre aurait des origines étrangères,
20:44dès lors un peuple nouveau émerge, les Français de souche sont le problème,
20:48et il était sur cette ligne.
20:49Donc l'immigration est une richesse pour la France, enrichit la France,
20:52cessons de la critiquer, elle est positive.
20:55Au moins c'est clair, c'est la ligne de la France insoumise.
20:58Gabriel Attal a décidé d'attaquer, c'est particulier ça,
21:02sur la simple question de la double nationalité.
21:04L'extrême-centre croit avoir trouvé avec cette question, enfin,
21:07l'argument pour neutraliser l'URN.
21:09On ne parlera plus de submersion migratoire,
21:11de quartiers qui changent de culture,
21:13d'une France qui s'islamise, non ?
21:15On va parler de la binationalité,
21:17des postes qui ne sont plus accessibles aux binationaux.
21:19Les quelques postes.
21:20Je note, soi-disant par ça, que le président américain
21:22ne peut pas être élu s'il n'est né à l'étranger.
21:25Si vous avez beau être né à l'étranger,
21:28vous êtes parfaitement assimilé aux États-Unis,
21:29vous ne pouvez pas être élu aux États-Unis.
21:30Est-ce que la Constitution américaine est d'extrême droite ?
21:32C'est une autre question.
21:33Quant à Bardella, évidemment, il a fait ce qu'il fallait
21:36pour parler d'immigration en parlant,
21:38et là j'insiste sur un truc qui est assez intéressant,
21:40du lien entre les femmes et l'insécurité et l'immigration.
21:44Il aborde ce thème de plus en plus clairement,
21:47et il s'est fait répondre aujourd'hui par Hercilia Soudé,
21:50figure qui compte à sa manière dans la gauche radicale,
21:54et qui a dit, je la cite,
21:56« Non, Bardella, je n'ai pas peur dans les transports en commun
21:59et je ne m'y fais pas harceler en raison de mes tenues.
22:02C'est sur les réseaux et dans les médias qu'on me harcèle à ce sujet.
22:05Arrêtez d'instrumentaliser le féminisme à des fins racistes. »
22:09Là, on voit probablement tout le déni dont sont capables les insoumis,
22:14qu'on soit d'accord ou non avec eux.
22:16La situation des femmes dans les transports,
22:18je ne connais pas une femme en France qui ne reconnaît pas
22:20avoir une inquiétude lorsqu'elle entre dans les transports,
22:22et je dirais que chacune pourrait, si on lui tendait le micro,
22:25tout en jurant de protéger son identité, son anonymat,
22:28nous ferait le même portrait de l'inquiéteur typique.
22:33Or, ce qui est certain, c'est le lien que nous connaissons.
22:37Je note que Jordan Bardella a cherché à imposer ce thème,
22:41ce n'était pas un détail,
22:43mais nous en arrivons à la question la plus importante, la suite.
22:46La suite, effectivement, à quelle France ?
22:48Alors, au regard de tout ce que vous avez dit,
22:50doit-on s'attendre le 8 juillet ?
22:52Trois scénarios, j'essaie d'être le plus objectif possible.
22:56Si le RN l'emporte, je dirais double ou triple mouvement de résistance.
23:00Premièrement, du Conseil constitutionnel,
23:02qui a dit qu'il ferait tout ce qu'il faut
23:04pour empêcher le RN d'appliquer son programme.
23:06C'est dit, bon, on le sait.
23:08Ensuite, et là c'est peut-être plus important,
23:10on a entendu ce matin Manon Aubry dire
23:13qu'il faudrait une politique de résistance,
23:15je crois qu'elle se trompe d'époque,
23:17de désobéissance civile majeure,
23:19peut-être même la grève générale, si le RN l'emporte.
23:23Alors, il faut bien comprendre qu'au nom de la démocratie,
23:26LFI fera tout pour paralyser les résultats du jeu démocratique.
23:30Donc, ça nous rappelle toujours cette doctrine à gauche sur les élections.
23:33Si on remporte les élections, on a le droit de tout faire.
23:35Si on perd les élections, on a le droit de tout faire
23:37pour renverser le résultat des élections.
23:39On est seul à le dire.
23:40Moi, je trouve que c'est très trompien,
23:42parce que le mot trompier est souvent utilisé comme ça.
23:44On dit, ah, Trump ne reconnaît pas le résultat des élections.
23:46Mais LFI annonce qu'ils ne reconnaîtront pas le résultat des élections
23:49si ça donne un autre résultat que le résultat souhaité.
23:52Et de ce point de vue, si le RN veut appliquer son programme un jour,
23:55il ne faut pas l'oublier, il va avoir la question de la réforme constitutionnelle
23:57qui s'imposera tôt ou tard.
23:59La Macronie, en deux mots, si le Bloc central l'emporte,
24:03on peut dire que l'esprit de révolte, de jacquerie, d'insurrection
24:07qui habite le pays sera neutralisé politiquement,
24:10mais continuera de travailler de l'intérieur.
24:12Et on peut croire que la révolte, entre guillemets,
24:14soit beaucoup plus forte lorsqu'elle viendra dans quelques années.
24:17Si le NFP l'emporte, c'est le scénario le plus autoritaire.
24:21On annonce une rupture radicale.
24:23Elle est désirée, la rupture radicale.
24:25C'est une rupture sur laquelle on ne peut pas revenir.
24:27Persécution fiscale au nom de la justice sociale et climatique,
24:30crise économique immédiate, restriction des libertés.
24:33Ça, c'est important de le dire.
24:35C'est un projet de société, certains peuvent l'embrasser.
24:37Ensuite, devant cela, je pense qu'on voit que le débat politique a changé de nature.
24:41On a changé d'époque, et ça refait à votre question.
24:43On a changé d'époque, nous ne sommes plus dans un débat
24:46où il y a de l'alternance entre deux camps
24:48qui se reconnaissent mutuellement comme légitimes.
24:50Nous sommes devant trois camps qui ne sont pas capables de se comprendre,
24:53ne voient pas la réalité de la même manière.
24:55Ce ne sont pas trois programmes qui s'affrontent,
24:57ce sont trois philosophies qui s'affrontent.
24:59Et quand le conflit politique devient philosophique,
25:02il devient très intense, et c'est à ce moment que certains se disent
25:05« faudra-t-il quitter la France ? »
25:06Alors justement, dernier mot, il est français dans tout ça ?
25:09Je pense que le commun est mortel en ce moment.
25:11Regarde tout ça avec beaucoup d'inquiétude.
25:13Les taux de participation annoncés témoignent d'une chose,
25:15les Français accordent une importance majeure à ces élections
25:18parce qu'ils savent déjà historique.
25:20Vous dites « faut-il quitter la France ? »
25:22Certaines le font déjà en Amérique du Nord, en Asie, en Grande-Bretagne.
25:25Mais le commun est mortel, il n'a pas ce privilège.
25:27On n'a pas tous un pays en rechange,
25:29on n'a pas tous un pays dans sa mallette,
25:31on n'a pas tous un endroit où se cacher,
25:33on n'a pas tous un endroit où aller.
25:35La plupart des gens n'ont qu'un pays, le leur.
25:38La plupart des gens n'ont qu'un pays, le leur,
25:40et ils l'aiment profondément et ils ne tolèrent pas l'idée
25:42d'en être expulsés symboliquement de leur propre pays,
25:44comme s'ils étaient déchus de leur nationalité,
25:46de leur citoyenneté, de leur droit comme citoyen.
25:48On n'a pas de pays en rechange dans la vie
25:50et c'est pour ça normalement qu'il faut se battre pour lui,
25:52quels que soient les standards qu'on lui propose.
25:57« Faut-il quitter la France le 8 juillet ? »
26:00Non, répondra sans doute Gabriel Cluzel à propos du droit du sol.
26:04On va regarder ça avec vous, puisque le RNC est engagé
26:07et supprimera le droit du sol, dit Jean-Dane Bardella.
26:10Il ne se justifie plus, dit-il.
26:12Cette annonce a immédiatement provoqué une levée de boucliers
26:15et de grandes indignations.
26:17Pourquoi au juste ? Est-ce vraiment le retour
26:20aux heures les plus sombres de notre histoire ?
26:23À écouter certains, c'est même pire que les heures les plus sombres.
26:27D'après l'historien Patrick Veil, qui a écrit une tribune dans Le Monde,
26:31même le régime de Vichy a maintenu le droit du sol républicain,
26:35fondement de notre identité nationale, je le cite.
26:38Anne Sinclair y a fait un écho indigné chez Quotidien.
26:41Elle a dit aussi que même Vichy ne l'a pas fait.
26:43Bref, le RNC est pire que Vichy.
26:45Je fais une parenthèse pour présenter Patrick Veil,
26:48parce que Patrick Veil, Le Monde le présente comme un historien
26:51spécialiste des questions d'immigration, ce qu'il est.
26:54Ça pose son homme, ça fait sérieux, ça lui donne une légitimité.
26:57Sauf que Le Monde, je dois préciser que c'est aussi un militant socialiste.
27:01C'est un historien engagé, comme on dit.
27:04Vous savez, aujourd'hui, quand on utilise l'adjectif engagé,
27:07ça veut dire engagé à gauche.
27:09Il a été encarté au PS, il a été chef de cabinet
27:12sous le roi du secrétariat d'État aux immigrés.
27:15Je le dis parce qu'il est important de comprendre que si le RN
27:18arrivait un jour au pouvoir par les urnes,
27:21il aurait face à lui, non seulement cet État profond
27:24dont on parle souvent, mais ses citoyens engagés,
27:27entre guillemets, nombreux, profs, universitaires,
27:30chercheurs de tout poil.
27:32C'est des experts à l'extérieur, des militants de gauche à l'intérieur.
27:35Et ils maillent aujourd'hui avec une fausse apparence
27:39d'une neutralité experte, la société civile.
27:42Fin de la parenthèse.
27:44Cet historien rajoute, le RN, je trouve ça assez croquignolé,
27:47veut mettre à bas tous les édifices du droit du sol
27:50construits avec constance par les rois de France et la République.
27:55On a envie de lui dire, Éric Zemmour sort de ce corps.
27:58Vous voyez, tout d'un coup, la gauche est attachée
28:01à la tradition, à la transmission, à l'édifice
28:04que construisent les rois avec constance.
28:07Depuis des siècles, il y a beaucoup de choses
28:09qu'ont construit les rois avec constance,
28:11qui ont été détruits, par exemple la monarchie, pour commencer.
28:14Je croyais que tout cela, c'était des gros mots.
28:16Il parle de fondement de notre identité nationale.
28:19Mais outre le fait que le droit du sang
28:22est le droit initial romain, ce monsieur se contredit
28:25puisqu'il avait expliqué en 2018 à France Culture,
28:27dans une émission qui s'appelait
28:29« Non, la France n'a pas toujours été le pays du droit du sol »,
28:32qu'à la Révolution, ce droit du sol
28:35avait été remplacé par le droit du sang.
28:37Et cela, pendant un siècle.
28:39Cela avait duré jusqu'en 1889.
28:42La Troisième République était alors bien installée.
28:44C'est-à-dire que pendant plus d'un siècle,
28:46la nationalité se transmettait par le père.
28:49Vous savez pourquoi on est revenu au droit du sol ?
28:51Et pour des raisons très pragmatiques de conscription.
28:54C'est parce qu'on voulait, finalement, de la chare à canon.
28:57Et c'était le bon moyen pour enrôler des soldats.
29:01Le droit du sol, ce n'est pas toujours
29:03pour des motifs altruistes.
29:05Alors, faisons l'état des lieux, justement.
29:07Comment devient-on automatiquement français aujourd'hui ?
29:10Alors, évidemment, par filiation.
29:12C'est le droit du sang.
29:13Parce qu'il y a toujours, partout, le droit du sang.
29:15S'il a au moins des parents français au moment de la naissance.
29:18Et puis, par le double droit du sol.
29:20Alors ça, c'est quand on est en France,
29:22et de parents étrangers, mais eux-mêmes nés en France.
29:24Cela veut dire que tout immigré à la troisième génération
29:26est français à la naissance.
29:28Et puis, à 18 ans, sans rien demander,
29:30on devient également français,
29:33si on est né en France, même de parents étrangers, nés à l'étranger,
29:37si on y a vécu au moins 5 ans.
29:40Et puis, depuis 2016, le périmètre s'est étendu.
29:43C'est un peu le regroupement familial du droit du sol.
29:46C'est-à-dire que, même si on n'est pas né en France,
29:48si on y vit depuis qu'on a l'âge de 6 ans,
29:50et que les frères et sœurs ont acquis la nationalité italienne
29:54par le droit du sol, eux,
29:56ce droit du sol est élargi à la fratrie.
30:00Pour faire très gros, on peut dire que le droit du sol,
30:02c'est quelque chose d'occidental.
30:05C'est d'abord américain, je dirais, ce qui est logique.
30:08Alors oui, c'est le droit du sol inconditionnel,
30:10parce que c'est une colonie de peuplement.
30:12D'ailleurs, à l'époque, on n'avait pas demandé aux Indiens
30:14s'ils étaient d'accord avec ce droit du sol.
30:15Aujourd'hui, ce n'est peut-être pas le cas.
30:17Aujourd'hui, on nous présente ça comme quelque chose de merveilleux,
30:19mais ce n'était pas forcément, là non plus, altruiste.
30:23Et en revanche, la plupart des pays d'Asie ou d'Afrique
30:26ne connaissent pas le droit du sol.
30:28Et mieux, certains continuent à transmettre le droit du sang
30:32de façon patrilinaire, c'est-à-dire par le père,
30:34en discriminant les femmes.
30:36Alors c'est assez étonnant qu'on exhorte la France
30:40à donner la nationalité via le droit du sang,
30:42en disant qu'elle serait abominablement raciste,
30:45elle ne le faisait pas, à des ressortissants de pays
30:47où le droit du sol est absolument inconnu,
30:50c'est le droit du sang.
30:52Ce droit du sang, justement, est devenu un serpent de mer.
30:54Cela fait longtemps qu'il s'invite périodiquement
30:56dans le débat public. Pourquoi ?
30:58Oui, il est évident que tant qu'il n'y avait pas
31:01de mouvement de population massive,
31:03c'est-à-dire du temps de nos rois,
31:04il s'appliquait à la marge,
31:05donc c'est une question qui n'en était pas une.
31:08Aujourd'hui, eu égard au mouvement de population
31:10évidemment massif, toujours dans le même sens,
31:12parce qu'on parle de mouvement migratoire,
31:15mais c'est toujours dans le même sens,
31:16celui de la ruée vers l'Europe,
31:18c'est une question majeure avec ce sujet.
31:20Veut-on qu'un continent se déverse dans un autre ?
31:23On a le droit de le vouloir, mais à ce moment-là,
31:25il faut le dire de façon honnête.
31:28Et en 1991, Valéry Giscard d'Estaing
31:31avait appelé de ses voeux le retour du droit du sang.
31:34Alors, à l'époque, il avait suscité,
31:361991, déjà, signal d'alerte pour l'immigration.
31:40Il avait suscité des levées de boucliers.
31:42En plus, il avait comparé à l'époque
31:44l'immigration à une invasion.
31:45On entend vous dire qu'il s'était pris
31:47une volée de bois vert.
31:48Et puis, en 1993, la loi Pasqua-Debré,
31:52inspirée des idées du Front National,
31:54le Front National monté,
31:55avait mis fin à l'automaticité, c'est le nom,
31:59de l'obtention de la nationalité française
32:01d'enfants nés en France de parents étrangers.
32:05L'idée, c'était qu'on ne se retrouve pas
32:07avec la nationalité française sans l'avoir demandé
32:10et sans doute même, parfois, désirée.
32:12Et puis, cette loi va être abrogée
32:14par le gouvernement de Lionel Jospin.
32:16Donc, c'était il y a 21 ans.
32:17On imagine déjà le poids de cette question.
32:20Alors, on ne peut pas taxer de vie,
32:22si soit, tous ceux qui réclament ce droit du sang
32:26puisque 65% des Français,
32:28je cite un sondage CSA de février,
32:3065% des Français sont favorables
32:32à la suppression du droit du sol.
32:36Ils réclament le droit du sang.
32:38Et d'ailleurs, on en parle beaucoup à Mayotte.
32:39Mayotte, qui est un laboratoire pour le reste
32:41de la France avec sa maternité,
32:45qui est la première maternité d'Europe.
32:48Alors, en rappelant, enfin,
32:49qu'il y a des pays tout à fait sympathiques,
32:51pacifiques, démocratiques, prospères,
32:53comme le Danemark, l'Italie, la Suisse,
32:56qui pratiquent un strict droit du sang.
32:59Et pourtant, on n'entend pas de bruit de botte.
33:01En Suisse, on entend, je ne sais pas moi,
33:03les clochettes des vaches et les coucous,
33:04mais c'est tout.
33:05Justement, dans un instant,
33:06on va faire un tour avec vous,
33:08Jean-Sébastien Perjou,
33:09pour savoir un peu comment.
33:10J'ai une dernière question pour vous.
33:11Comment ça se passe,
33:12lorsque la droite nationale est au pouvoir,
33:14on va voir dans les autres pays,
33:16dans un instant.
33:17Dernière question, Gabrielle.
33:18Est-ce que la vraie question,
33:20ce n'est pas de savoir
33:21est-ce que cette proposition du Rassemblement national
33:23par rapport au droit du sol,
33:25si elle est applicable ou pas ?
33:26Oui, c'est le vrai sujet.
33:27Parce qu'on sait, par exemple,
33:28que la priorité nationale pour les HCLM,
33:30ce n'est pas possible sans changer la Constitution.
33:32Donc, on se dit, de toute façon,
33:33tant qu'il y a un président de la République
33:35qui n'est pas favorable à ces réformes,
33:36il ne se passera rien sur ce sujet.
33:38En revanche, là, oui.
33:39Puisque le droit du sang,
33:41l'acquisition de la nationalité,
33:43dépend de la loi.
33:45Alors, en théorie, me dit le constitutionnaliste
33:47Frédéric Réveillé de Rouvillois,
33:48que j'ai eu ce matin.
33:49Parce qu'il me dit,
33:50le Conseil constitutionnel,
33:51il a tellement élargi ses prérogatives,
33:53au principe, il ne devrait pas s'en mêler.
33:55Mais aujourd'hui, il se mêle d'un tas de trucs
33:56dont il ne devrait pas se mêler.
33:58Et il peut dire que c'est un principe républicain,
34:01inaliénable,
34:02et dire tout d'un coup que c'est constitutionnel.
34:05Donc, il cherchera sans doute à s'y opposer.
34:07Et puis, vous savez, Christine Kelly,
34:09nous ne vivons pas en démocratie,
34:11mais en Conseil constitutionnellocratie.
34:17Merci pour votre regard sur le droit du sol,
34:20Gabrielle Cluzel.
34:21On fera un tour de table, dans un instant,
34:23pour savoir, effectivement,
34:24s'il faut quitter la France ou pas.
34:27J'ai envie d'avoir votre avis.
34:29On continue avec vous, Marc Menon.
34:31Faut-il quitter la France le 8 juillet ?
34:34Certains se disent oui.
34:36Lorsqu'ils voient,
34:37certains juifs français,
34:39lorsqu'ils voient, par exemple,
34:40cette vidéo qu'on ne va pas diffuser,
34:42qui a été relayée par le député LFI,
34:46Sébastien Delogus, sur Instagram,
34:48puis supprimée,
34:49avec beaucoup de, on va dire,
34:53de signaux antisémites et une grande violence.
34:56Ce qui est terrible, ça commence,
34:58on voit dissolution.
35:00Et puis derrière, ce sont des scènes de guerre.
35:02Alors forcément, c'est la métaphore type manga.
35:05Et à propos des mangas,
35:07c'est le côté, les dragons célestes.
35:09Les dragons célestes, ce sont les juifs.
35:11Ce sont ceux qui tiennent le monde.
35:12Ce sont ceux qui tirent les ficelles.
35:15Et celui qui les représente, là, en l'occurrence,
35:17on voit sa photo qui apparaît dans le clip,
35:20c'est Meier Habib,
35:22qui est devenu une sorte de symbole
35:24de l'antisémitisme chez ces gens-là, monsieur.
35:27Et alors, on a non seulement ces scènes
35:33où on tire sur ceux qui sont théoriquement les adversaires,
35:38mais là, ce ne sont plus des adversaires,
35:40ce sont des gens à détruire.
35:41Alors quand on parle de guerre civile,
35:43quand on se dit, il faut craindre ce qui va se passer,
35:46attention, les fachos arrivent,
35:48là, c'est armons-nous,
35:50il faut déglinguer ceux qui sont en instance
35:53de remporter, grâce au jeu démocratique,
35:57une élection.
35:58Vous vous rendez compte ?
35:59C'est monstrueux.
36:00Et cet antisémitisme de façon très perverse
36:04apparaît d'une autre manière,
36:05à un endroit, en gros plan,
36:07ça ne dure pas très longtemps,
36:08vous avez pizza,
36:09et en dessous, four à pierre.
36:13Vous vous rendez compte ?
36:14Four à pierre.
36:15Vous vous rappelez pas quelqu'un
36:16qui un jour s'était laissé aller comme ça
36:19avec les plaisanteries sordides,
36:22et c'était le fameux Michel Fourduratoire de Le Pen.
36:27Mais là, apparemment, ça n'offuse que personne.
36:30Alors, est-ce que pour autant,
36:32nous devons tomber dans ce panneau de la haine ?
36:35Est-ce que pour autant,
36:37on doit nous aussi se dire,
36:39soit je sors les armes,
36:41soit je prends la valise ?
36:44Parce que nous sommes démocrates
36:47au sourd de cette table,
36:48et que nous sommes fiers d'être français,
36:50on ne cède pas la place.
36:52Donc il n'est pas question
36:54d'avoir l'arrogance,
36:57et je dirais la lâcheté,
36:59de prendre la valise et de se défiler.
37:02Se défiler devant qui ?
37:03Ils viennent avec des armes.
37:04Ça m'a rappelé 1981.
37:06En 1981, à l'époque,
37:08je faisais du vélo avec des copains,
37:10et ils me disaient,
37:11la gauche va arriver au pouvoir,
37:13et demain, les chars soviétiques seront à Paris,
37:16ils sont déjà aux portes de la France.
37:18Et on était là, pour certains,
37:20dans une terreur...
37:22Certains jouaient déjà sur les vélos.
37:24Mais c'était incroyable, 1981 !
37:26Vous étiez de gauche ?
37:28Justement !
37:29Alors on me disait,
37:30tu ne te rends pas compte,
37:31les chars sont là,
37:32c'est par ta faute, salopard !
37:34Donc on a toujours été dans cette logique,
37:38parce que, bien que nous soyons les référents
37:42en matière démocratique,
37:43apparemment c'est un jeu qui nous déplaît,
37:46dès lors que ce ne sont pas nos idées qui l'emportent.
37:49Mais revenons à cette notion.
37:51C'est ce que, tout à l'heure,
37:52Mathieu a mis en évidence.
37:54Ce n'est pas un hôtel, la France.
37:57Ce n'est pas un lieu de résidence, la France.
37:59C'est un lieu où on sent un parfum,
38:02où il y a une âme,
38:03où il y a cette fameuse langue,
38:05où il y a des manières d'être,
38:08où il y a un côté ronchon,
38:10mais où il y a aussi une sorte de sympathie générale.
38:14Et à partir de là,
38:16au nom de quoi on partirait ?
38:18Devant qui ? Devant quoi ?
38:20Mais alors tous ceux qui, en 1940,
38:22sont entrés en résistance,
38:24ceux qui, pendant cinq ans,
38:26ont résisté et se sont battus contre l'abobinable,
38:31et qui était un abobinable
38:33des plus vociférants et des plus guerriers,
38:36et bien là, non, nous,
38:38simplement parce qu'il y a des gens
38:40qui ne correspondraient pas à nos idées,
38:43nous devrions nous carapater.
38:45Vous vous rendez compte l'ignominie mentale
38:48dans laquelle ces gens nous inscrivent.
38:50Et ça, tout ça, ce type de clip,
38:53il est adressé à qui aussi ?
38:55Aux plus jeunes ?
38:56Alors il ne faut pas s'étonner,
38:57après Cinémomes,
38:58ils sont capables de cette horreur
39:01telle qu'elle a été perpétrée il y a quelques jours.
39:04Forcément, puisque les adultes eux-mêmes
39:07prennent les armes contre ceux
39:10qui représentent les conquérants,
39:14ceux qui vous empêcheront de vivre.
39:17Voilà l'immendice intellectuel
39:20dans lequel nous nous inscrivons depuis des semaines,
39:23et dans lequel les uns et les autres
39:25tombent une fange qui est inadmissible,
39:28et où il semblerait qu'ils s'ébattent
39:31avec beaucoup de plaisir.
39:33Vous qui avez une meilleure mémoire que moi,
39:35Mathieu Bocoté, quand je pense aux tirs,
39:37par exemple, sur Médiard Habib,
39:38il n'y avait pas Paquito, je crois,
39:40qui avait été...
39:41Papacito !
39:42Papacito !
39:43Qui avait été poursuivi, accusé,
39:45parce qu'il avait tiré...
39:47C'est un clip humoristique autour de...
39:50De mémoire, il tirait sur Jean-Luc Mélenchon,
39:53Méditerranée et les filles.
39:54Qui ont porté plainte, etc.
39:56Ça a été très loin,
39:57donc c'est quand même assez étonnant,
39:58ce clip qu'on a vu, la violence.
40:01En tout cas, je voulais faire un tour de table
40:03avant de passer avec vous, Jean-Sébastien Ferchaud,
40:05pour voir un peu comment les pays
40:07qui ont vécu le changement
40:08avec la droite nationale s'en sont sortis.
40:10Selon vous, Mathieu Bocoté,
40:12est-ce que le 8 juillet,
40:13au regard de ce que vous avez dit tout à l'heure,
40:15à la lumière de...
40:16Vous qui parlez tout le temps de crise de régime,
40:18de ce bouleversement qui arrive
40:20et qu'on sent et qui continue,
40:22faut-il quitter le pays ?
40:24Ça serait un peu étonnant de ma part,
40:25puisque je m'y suis installé de l'extérieur.
40:27Mais j'ai presque eu mon auto-remigration.
40:30Mais non, sérieusement,
40:32je pense qu'en tant que tel, non.
40:34Quand son pays va mal,
40:36et quand on n'est pas condamné
40:37vers des circonstances telles,
40:39c'est imaginable, sur Jenny Steen,
40:40et ainsi de suite,
40:41on se bat pour son pays.
40:43On fait tout pour...
40:44Parce qu'un pays,
40:45ce n'est pas simplement une carte sur un territoire.
40:47Ce n'est pas seulement un territoire administratif.
40:48Ce n'est pas seulement un code juridique.
40:49C'est une manière d'être chez soi.
40:51C'est une langue des remarques.
40:52C'est un humour.
40:53C'est une manière de manger.
40:54C'est une manière d'aimer.
40:55C'est une manière de voir les rapports entre les sexes.
40:58C'est une manière d'habiter l'univers de la littérature,
41:00du cinéma.
41:01C'est une million de choses.
41:02Et je crois que le pire des exils, disons-le,
41:05c'est l'exil intérieur.
41:06C'est l'exil intérieur,
41:08en son propre pays.
41:09Mais moi, je suis convaincu d'une chose.
41:10On n'a pas de pays de rechange.
41:11Sauf exception, peut-être quelques personnes.
41:13On n'a pas de pays de rechange.
41:14Et dans ce cas-là, on se bat.
41:16Votre regard, Jean-Sébastien Fergeron.
41:17Parce qu'il dit qu'on se bat.
41:18Comment se battre ?
41:21Quoi qu'il en soit,
41:22les seules batailles qu'on est sûr de perdre
41:23sont celles qu'on décide de ne pas engager.
41:25Et après, moi, je voudrais vous citer
41:27une étude américaine
41:28qui avait été faite par le Pure Research Center.
41:30C'est le gros centre d'études de sciences politiques.
41:32Et qui avait posé la question
41:33à la fois aux démocrates et aux républicains
41:35de s'auto-noter sur une échelle de 0 à 10
41:37à quel point ils étaient radicaux, en quelque sorte.
41:39Et après, de demander à chacun
41:41de noter ce qu'ils pensaient
41:43de leurs voisins
41:45qui n'avaient pas les mêmes opinions politiques.
41:47En moyenne, les gens se mettaient plutôt
41:49entre 3,5 et 5
41:51de chaque côté, à peu près.
41:52Sauf que les démocrates voyaient
41:53des républicains sur 10,
41:54ils les voyaient à 12.
41:55Et réciproquement.
41:56C'est-à-dire que les républicains
41:57ont l'impression que tous les démocrates
41:58sont d'afro-wokistes
42:00militants de Black Lives Matter.
42:02Et que les démocrates avaient l'impression
42:03que tous les républicains
42:04étaient, en quelque sorte,
42:06prêts à s'intégrer le Ku Klux Klan.
42:08La réalité, elle n'est pas celle que nous voyons.
42:10Souvenons-nous-en.
42:11Il y a des gens sur les réseaux sociaux.
42:12Les réseaux sociaux sont un miroir déformant.
42:14Bien sûr que la vidéo qu'on vient de commenter,
42:16elle existe.
42:17Bien sûr qu'il y a des extrémistes.
42:19Il y a des extrémistes identitaires de droite.
42:21Il y a des extrémistes identitaires de gauche.
42:22Il y a des gens qui ne croient pas à la démocratie.
42:24Il y a des révolutionnaires.
42:25Ça existe.
42:26Mais il y a aussi une majorité de Français
42:27qui, tout simplement,
42:28voudraient vivre
42:30et qu'on les laisse vivre en paix.
42:33Moi, je suis comme Mathieu.
42:35Je n'ai pas de pays de rechange.
42:36Je ne sais pas où j'irai.
42:38Je descends par mon père
42:40d'un petit village de l'Aveyron.
42:42Depuis qu'il existe
42:44des registres baptismaux,
42:46je ne suis pas prête à le lâcher.
42:47Certains disent que j'allais en Suisse.
42:49On les voit.
42:50Il part en France.
42:51Mais c'est vrai que ça n'empêche pas
42:52de se faire du souci pour ses enfants
42:53et notamment pour ses filles.
42:55Parce que je trouve que le droit des femmes
42:57est mis à mal actuellement.
42:59Justement, c'est là
43:01si le droit des femmes de nos filles
43:03sont mis à mal,
43:05ces droits.
43:07Il nous faut, au contraire,
43:09entrer dans une lutte,
43:10d'abord la lutte de l'argument.
43:12C'est intellectuellement
43:13que nous devons gagner.
43:14Parce que les armes,
43:15quoi qu'il arrive,
43:16elles finissent par se taire.
43:18Mais elles ont provoqué
43:19des désastres irréparables.
43:21Donc ce sont toujours les convictions,
43:23les mieux étayées,
43:25qui doivent s'imposer.
43:26Les mêmes inquiétudes existaient ailleurs
43:28en Europe au sujet des partis
43:30de la droite nationale
43:32ou d'extrême droite.
43:33Jean-Sébastien Ferjou,
43:34ça ne les a pas empêchés
43:36d'arriver au pouvoir.
43:38Est-ce que vous pouvez nous rappeler comment ?
43:41On se souvient du premier exemple
43:42qui avait beaucoup choqué.
43:44C'était quand Jörg Haider,
43:46le leader du parti d'extrême droite autrichien,
43:48avait participé à une coalition
43:50au pouvoir en Autriche.
43:52C'était il y a déjà plus d'une vingtaine d'années.
43:54Il a quitté le pouvoir.
43:56Parce que qu'est-ce que c'est
43:57l'extrême droite ?
43:58Je ne vais pas me substituer à Mathieu
44:00qui donne souvent une définition
44:02de ce que ça peut être.
44:03Mais si on regarde juste factuellement
44:04au niveau européen,
44:05l'extrême droite,
44:06c'est deux groupes parlementaires.
44:07Ce sont les partis qui appartiennent
44:09à deux groupes.
44:10Il y a le groupe conservateur et réformateur.
44:12En France, c'était par exemple Conquête.
44:13C'est le parti auquel Giorgia Meloni
44:15appartenait jusqu'à présent.
44:17Et puis le groupe identité et démocratie,
44:18qui est plutôt le parti où il y a Marine Le Pen.
44:20Après, les choses peuvent être plus compliquées.
44:22Le FIDES, le parti de Victor Orban,
44:24a longtemps été dans le parti
44:25de la droite classique,
44:26le PPE, au Parlement européen.
44:28Si on prend trois grands critères en gros,
44:30déjà, le respect de la démocratie
44:32et des institutions.
44:33Il n'y a personne qui a remis en cause
44:34le principe de l'élection.
44:35J'en ai parlé à Jorge Haller.
44:36L'Autriche a connu d'autres gouvernements
44:38ensuite, avec des socialistes, des verts,
44:40des alternances électorales.
44:41Il y en a eu dans tous les pays.
44:42Il n'y a pas un seul exemple, en tout cas,
44:44où un mouvement d'extrême droite
44:45arrivé au pouvoir
44:46ne l'aurait jamais lâché.
44:48Le FIDES, le parti de Victor Orban,
44:50est revenu au pouvoir en 2010,
44:52me semble-t-il.
44:53Mais il avait connu une interruption avant ça.
44:55Donc, ça montre bien que le principe
44:57de l'alternance n'a pas été remis en cause.
44:59En revanche, on peut dire qu'il y a
45:01quand même des partis, plutôt en Europe de l'Est,
45:03qui revendiquent une vision,
45:05qu'ils ont eux-mêmes qualifiée d'illibérale.
45:07C'est ce que dit Victor Orban.
45:09C'est le cas en Hongrie.
45:10Ça a pu être le cas en Pologne.
45:11Mais là encore, il y a eu une alternance politique.
45:13On voit que tout est relatif, d'ailleurs,
45:15parce que le nouveau gouvernement polonais,
45:17grand allié d'Emmanuel Macron,
45:19Donald Tusk, libéral,
45:21a explicitement dit
45:23qu'il refusait totalement
45:25d'appliquer le pacte asile et immigration.
45:27C'est-à-dire que ça n'est plus
45:29le gouvernement précédent contre lequel
45:31on avait engagé des sanctions.
45:33Donc, on voit bien que parfois, la réalité est complexe.
45:35Mais donc, il y a de l'illibéralisme.
45:37Il y a un autre critère qui est globalement
45:39le respect des droits de la personne,
45:41en premier lieu de celui des immigrés.
45:43Là encore, on peut distinguer selon l'Est et l'Ouest,
45:45parce qu'il y a des degrés de résilience
45:47des États de droit qui ne sont pas les mêmes
45:49selon nos histoires.
45:50Les pays des démocraties d'Europe de l'Est
45:52sont plus récentes et donc ont un peu moins
45:54la même culture ou un peu moins de protection
45:56juridique que celles qui existent dans les pays
45:58de l'Ouest.
45:59Dernier critère, les libertés publiques.
46:01Là aussi, la réalité est complexe.
46:02Parce que, par exemple, le Parlement européen,
46:04ce sont souvent des partis dits d'extrême droite
46:06qui se sont battus pour défendre
46:08les libertés publiques, notamment en matière de liberté
46:10d'expression.
46:11Ou alors sur, par exemple, les fichiers
46:13de données des passagers, parce qu'ils savent ce que c'est
46:15que de vivre dans un État totalitaire.
46:17Donc, la réalité est souvent paradoxale.
46:19Après, il y a ce qui relève du tangible et de l'intangible.
46:21Le tangible, je vais vous dire les procédures
46:23de sanctions qui ont été engagées par l'Union européenne,
46:25mais l'intangible, c'est finalement la libération
46:27de la parole.
46:28C'est ce dont on parlait.
46:29Alors, il y en a une qui peut être attribuée
46:31à l'extrême gauche.
46:32Il peut y en avoir une qui est attribuée à l'extrême droite.
46:34Exemple très concret, à l'heure actuelle,
46:36la haute hiérarchie de la police ou de la gendarmerie
46:38se dit qu'il faut que nous tenions nos trous
46:40pour que, et ça n'a rien à voir en soi
46:42avec le Rassemblement national, mais pour ne pas
46:44que certains policiers qui sont soumis
46:46à une très grande violence depuis des années
46:48aient l'impression qu'ils pourraient se permettre
46:50d'impunité.
46:51Ça, c'est l'intangible.
46:52Ça existe.
46:53Là encore, c'est là où les cultures nationales
46:55comptent quand même beaucoup.
46:57Et là encore, l'Europe de l'Ouest, on n'a pas vu
46:59dans les pays où l'extrême droite est arrivée
47:01au pouvoir de situations fondamentalement
47:03différentes selon que l'extrême droite
47:05est au pouvoir ou pas.
47:06Un exemple très concret, le racisme dans les stades
47:08en Italie, il y en avait avant Giorgia Melloni,
47:10il y en avait pendant des gouvernements
47:12dites techniques de Matteo Renzi ou de Mario Draghi
47:14et il y en a pendant Giorgia Melloni.
47:16Donc on voit bien que les deux ne sont pas strictement liés.
47:18Concrètement, c'est quoi ?
47:20On parle de quoi ? On parle de sept pays à l'heure actuelle.
47:22Il y a six pays où des partis dits d'extrême droite
47:24ou de droite nationale ou populistes
47:26sont au pouvoir.
47:27L'Italie, la Finlande, la Slovaquie, la Hongrie
47:29où pour le coup, ils sont en majorité absolue,
47:31les autres étant plutôt dans des coalitions,
47:33la Croatie et puis la Suède où l'extrême droite
47:35soutient le gouvernement de droite au pouvoir
47:37sans y participer littéralement.
47:40Pour vous donner une idée,
47:42dans le Parlement européen d'avant,
47:44ça représentait 165 eurodéputés,
47:46plus ceux qui avaient été classés à l'extrême droite,
47:48les Brexiteurs, qui ne sont plus là.
47:50Aujourd'hui, ils sont 170.
47:51Ça montre quand même une progression assez nette
47:53puisqu'il n'y a plus les Britanniques.
47:55Quel bilan démocratique
47:57peut-on déjà tirer de ces expériences,
47:59de ces pays ?
48:00Je l'ai déjà un peu abordé.
48:02Il y a quelques points noirs.
48:04Il y a deux procédures de sanctions,
48:05si on retient ce critère-là,
48:06qui ont été engagées par l'Union européenne.
48:08Il y a un article 7 dans le traité
48:10sur l'Union européenne
48:12qui donne la possibilité de sanctionner
48:14un État membre qui ne respecterait pas
48:16les valeurs qui sont énumérées dans le traité.
48:18L'Union est fondée sur les valeurs de respect
48:20de la dignité humaine, de liberté, de démocratie,
48:22d'égalité, de l'état de droit, ainsi que de respect
48:24des droits de l'homme, y compris des droits des personnes
48:26appartenant à des minorités.
48:28Là, il y a eu deux procédures.
48:29Une qui avait été ouverte contre la Pologne
48:31avec le gouvernement précédent,
48:33notamment parce qu'elle souhaitait remettre en cause
48:35l'indépendance de la justice.
48:36Une autre qui concernait les droits des homosexuels
48:38puisque certaines communes polonaises
48:40avaient pu vouloir limiter
48:42les droits des personnes homosexuelles.
48:44Il y a une procédure qui a été ouverte en Hongrie aussi.
48:46Aucune de ces procédures ne sont arrivées
48:48à terme, c'est-à-dire qu'elles sont toujours
48:50instruites, notamment parce qu'il faut l'unanimité
48:52des États membres, donc c'est assez difficile à réunir.
48:54Après, vous avez une autre procédure possible
48:56qui est la conditionnalité des aides.
48:58C'est pour ça qu'on a inventé
49:00un autre procédé qui est
49:02celui de la conditionnalité des aides.
49:04Alors là, revenons justement, regardant
49:06à la Hongrie, parce que la situation, il y a du noir
49:08et il y a des choses qui peuvent être plus contestables.
49:10En tout cas, on voit bien qu'il y a une
49:12forme d'instrumentalisation, parfois,
49:14du droit. Là, la Hongrie,
49:16à l'heure actuelle, par exemple, elle refuse
49:18toutes les aides à l'Ukraine. On est
49:20en train d'utiliser le mécanisme de conditionnalité
49:22des aides
49:24pour essayer de la pousser
49:26politiquement, mais ça, ce n'est pas littéralement
49:28une atteinte à la démocratie.
49:30En revanche, il y a eu des procédures ouvertes en Hongrie
49:32incontestablement pour non-respect
49:34des procédures de marché public, pour
49:36notamment des problématiques de respect
49:38de l'indépendance des médias. Mais autre exemple,
49:40à mes yeux, plus contestable, par exemple,
49:42le programme Erasmus. Au motif
49:44que les universités hongroises ont des conseils d'administration
49:46dans lesquels il y a 10% de personnalité
49:48politique, on dit, vous ne respectez
49:50pas les normes de l'Union européenne. Je laisse
49:52à chacun l'idée qu'il se fait
49:54sur l'indépendance des conseils
49:56d'administration et de savoir s'ils sont
49:58ou non politisés en France.
50:00On a vu des exemples de Sciences Po encore
50:02récemment, mais en tout cas, l'Union européenne a considéré
50:04qu'en Hongrie, c'était suffisant pour
50:06suspendre l'accès au programme Erasmus
50:08de 2 tiers des étudiants hongrois.
50:10Juste pour mettre les choses en perspective, des étudiants russes
50:12ne sont pas suspendus
50:14en l'État. Donc ça montre que oui, il y a
50:16des procédures justifiées. Il y en a d'autres
50:18qui, quand même, reflètent aussi une forme
50:20de rapport de force qui s'engage,
50:22notamment entre l'Est
50:24et l'Ouest. Au-delà de la
50:26stabilité démocratique des pays
50:28concernés, il faut quand même le souligner,
50:30quels résultats concrets ces
50:32parties ont-ils obtenus économiquement
50:34ou en matière d'immigration,
50:36notamment ? Après, vous pourrez rentrer dans
50:38les exemples de chacun.
50:40J'ai retrouvé, je suis allé chercher
50:42ce que les économistes en disaient. Il y en a qui ont essayé
50:44de compiler, en moyenne,
50:46les résultats. Parce que
50:48ce sont souvent des coalitions avec des
50:50partis populistes,
50:52en quelque sorte, qui ont une fibre sociale
50:54et qui s'allient avec des partis conservateurs
50:56qui sont plutôt libéraux. En moyenne,
50:58ça produit plutôt un peu plus d'inflation.
51:00C'était le cas en Hongrie. Très clairement, en Hongrie,
51:02on a vécu très, très, très durement
51:04l'inflation. Un peu plus d'inflation,
51:06un peu moins de respect
51:08des règles budgétaires.
51:10Ça ne se traduit pas par une différence majeure
51:12en termes de croissance, parce que
51:14globalement, c'est quand même lié à beaucoup d'autres fondamentaux
51:16qui sont notamment liés au fait
51:18qu'un État soit un endroit
51:20où il fasse partie
51:22par exemple de la zone euro, ou soit
51:24soumis à une crise énergétique, ou pas
51:26indépendamment de la coloration politique
51:28du gouvernement. En matière d'immigration,
51:30là encore, c'est intéressant. On cite
51:32beaucoup l'exemple de Georgia Melanie en disant que Georgia Melanie
51:34n'a rien obtenu. Si on regarde, globalement,
51:36ça n'est pas totalement faux depuis le début
51:38de l'année, sauf qu'elle est en train de durcir
51:40les choses. En décembre dernier, elle a pris un décret
51:42qui durcit encore les conditions
51:44d'accueil des migrants et il semblerait,
51:46disent les spécialistes, que ça commence à produire
51:48des effets. Il est trop tôt pour l'apprécier véritablement.
51:50Quand on regarde en Europe de l'Est, alors là,
51:52notamment en Hongrie, ils n'ont pas pris de gants.
51:54Eux, ils ont carrément interdit l'accès à leur territoire
51:56et ils refusent, comme je vous le disais dans le cas d'Apolloï,
51:58y compris le gouvernement libéral,
52:00refusent catégoriquement
52:02d'accueillir des migrants et refusent d'ailleurs de payer
52:04les sanctions qui sont prévues avec.
52:06Après,
52:08Viktor Orban, comme d'ailleurs Georgia Melanie,
52:10a accordé des permis
52:12de travail à des travailleurs étrangers
52:14parce que l'économie hongroise avait besoin
52:16de travailleurs étrangers, sauf que là, c'est une immigration
52:18choisie. Donc, il n'y a pas de
52:20véritable impact, si ce n'est en quelque sorte
52:22que l'extrême droite, parfois, obtient des résultats
52:24sans être au pouvoir. C'est le cas au Danemark.
52:26Typiquement, au Danemark, l'extrême droite est aux portes du pouvoir.
52:28La gauche danoise a réagi, a pris
52:30des politiques très fermes sur l'immigration.
52:32Eh bien, l'extrême droite n'est pas arrivée au pouvoir.
52:34En revanche, l'immigration a
52:36véritablement baissé. Et juste sur les résultats électoraux,
52:38je vous le disais, en réalité,
52:40c'est un peu comme tous les autres partis. Ils sont forts
52:42quand ils ne sont pas au pouvoir. Ils sont moins forts
52:44quand ils sont au pouvoir. Là, quand on regarde les résultats
52:46des élections européennes, l'extrême droite
52:48est arrivée en tête en France et en Autriche.
52:50Et en revanche, en Europe
52:52de l'Est, elle a plutôt baissé. Plutôt baissée en Finlande
52:54aussi, où elle est arrivée au pouvoir dans une coalition
52:56il y a deux ans. Donc, finalement,
52:58les partis d'extrême droite, d'un point de vue électoral,
53:00c'est un peu comme les autres.
53:02Merci beaucoup pour votre
53:04analyse et votre enquête,
53:06Jean-Sébastien Ferjour. Dernière question.
53:08Faut-il quitter la France le 8
53:10juillet ? Oui, selon la Une de
53:12Libération, avec Alice Diop,
53:14la cinéaste, qui lance un appel
53:16clair. Il faut à tout prix bloquer le RN,
53:18car il s'agit d'un parti raciste qui
53:20a exprimé un vote raciste. Quel est votre regard,
53:22Mathieu Bocoté ? Alors, j'ai lu
53:24cette tribune en forme d'interview
53:26et je me suis dit, ça c'est vraiment
53:28Libé, à sa propagande en fait,
53:30sa vision pour convaincre les gens
53:32à tout prix de bloquer
53:34le RN. L'argument,
53:36je comprends le contexte, Mme Diop
53:38s'est mobilisée, veut mobiliser les racisés
53:40entre guillemets, c'est son vocabulaire,
53:42pour faire barrage au RN.
53:44Mais là, on va la citer parce qu'il
53:46faut vraiment citer directement le propos, voir son
53:48imaginaire. Qu'est-ce qu'elle nous dit ?
53:50Elle nous dit la situation des femmes
53:52noires en France, c'est l'enfer.
53:54Je vais la citer.
53:56« La question du racisme ne m'est pas inconnue.
53:58Je travaille dessus depuis toujours
54:00et pas seulement. Lorsque tu es
54:02une femme noire en France, toute
54:04ta vie est façonnée par la manière
54:06de réagir aux micro-agressions
54:08racistes que tu es susceptible
54:10de vivre dans tous les milieux,
54:12dans les interactions intimes, sociales,
54:14professionnelles.
54:16Il n'y a pas un espace qui ne t'oblige
54:18pas à trouver des stratégies pour
54:20résister à la place où les gens veulent te mettre. »
54:22La France est un enfer
54:24raciste. Je devine qu'elle en veut
54:26terriblement à ses parents ou ses grands-parents
54:28de s'être installée en France et de l'avoir
54:30condamnée ici à vivre dans un tel
54:32enfer. J'espère qu'elle en veut beaucoup.
54:34L'ingratitude envers ses parents serait légitime dans ce cas-là.
54:36Comment oser installer ses enfants
54:38et les faire naître dans un tel enfer ?
54:40Ensuite, elle nous dit,
54:42parce qu'il faut comprendre... Ah oui, elle ajoute aussi,
54:44c'est intéressant, que depuis les Européennes,
54:46elle ne peut plus parler qu'avec des racisés.
54:48C'est son vocabulaire, donc des gens de la communauté noire,
54:50parce que les autres ne peuvent pas comprendre
54:52la situation infernale
54:54qui est la sienne et la leur. Donc, elle ne peut
54:56parler qu'avec les siens, et elle appelle ça
54:58de l'inclusion, évidemment. C'est de
55:00l'antiracisme. C'est de l'antiracisme, on va se dire,
55:02seulement avec les gens de sa couleur de peau.
55:04C'est gourmand tordu. Ensuite,
55:06elle nous dit, qu'est-ce que l'ERN ?
55:08Qu'est-ce que c'est l'ERN ?
55:10En ce moment, il y a une conspiration
55:12en quelque sorte pour invisibiliser,
55:14je cite, le caractère profondément
55:16raciste du ERN,
55:18ses effets, et le ressenti des gens
55:20qui en sont victimes. Elle a dit,
55:22ça arrange les gens de faire croire
55:24que ce n'est pas un parti raciste, qu'il ne serait pas
55:26qu'un parti raciste, alors qu'il s'agit,
55:28dit-elle, le racisme est tellement diffus,
55:30tellement partagé, de façon
55:32souterraine ou impensée,
55:34que c'est comme s'il avait disparu,
55:36alors que c'est la question centrale.
55:38On comprend que dans l'imaginaire
55:40de cette dame,
55:42la France
55:44est quelque chose comme l'Afrique du Sud
55:46en pire. Elle nous dit,
55:48il faut résister, mais, en fait,
55:50si vous lisez le texte au complet, je vous invite,
55:52si c'est possible, Lisa, vous êtes témoin
55:54d'une psychanalyse ou d'une dépression
55:56ou, à tout le moins, d'une crise de panique
55:58en direct, qui est traitée comme un manifeste politique
56:00par nos amis de Libé. Ça vaut la peine.
56:02Évidemment, elle pense à l'avenir.
56:04Elle se demande s'il y a un avenir en France.
56:06On va garder notre optimisme. Je n'ai pas trop envie
56:08de lire. En quoi Alice Diop craint-elle
56:10pour son avenir concrètement?
56:12Parce que le fascisme s'en vient et elle en donne
56:14une définition. C'est intéressant.
56:16« Je suis sur l'écriture d'un film,
56:18dit-elle, qui est en lien avec l'histoire
56:20coloniale, depuis deux ans.
56:22Forcément, ça percute le présent.
56:24Au départ, j'étais pétrifié.
56:26J'avais perdu la foi dans l'intérêt même de ce projet.
56:28À qui pourra-t-il s'adresser
56:30dans un pays qui est prêt
56:32à mettre au pouvoir le RN?
56:34Qui voudra le financer? » Par exemple,
56:36on sait qu'il y a des troupes de racistes.
56:38« Est-ce que je vais pouvoir le faire
56:40si le Centre national du cinéma
56:42est dans les mains d'un sbire de Marine Le Pen
56:44et que France Télévisions est privatisée?
56:46C'est aussi ça, le fascisme.
56:48La capacité de faire disparaître
56:50certaines voix sans que personne
56:52ne le remarque ou ne sent souci.
56:54Donc, on comprend que ne pas
56:56financer les films de Mme Diop,
56:58faire en sorte que le cinéma français
57:00ne relève pas exclusivement
57:02les préjugés de l'indigénisme décolonial
57:04anti-français. Décider éventuellement
57:06de privatiser le service public,
57:08c'est du fascisme. Ne pas
57:10financer le cinéma militant
57:12agressivement anti-français,
57:14c'est du fascisme. Franchement,
57:16la définition qu'on a du fascisme ici
57:18relève de l'imagination théorique
57:20abondante et débordante. Autrement dit,
57:22Mussolini ne pas financer les films
57:24de Mme Diop, même programme,
57:26même ambition. Voilà pourquoi
57:28je me dis que cet entretien était
57:30particulièrement instructif
57:32parce que pour cette dame, ne pas célébrer
57:34l'immigration massive, c'est du racisme
57:36et pour cette dame, ne pas
57:38financer ses films, c'est du fascisme.
57:40Oh là là,
57:42j'ai envie de lui dire, calmez-vous, ça va bien aller
57:44et allez peut-être voir vos amis qui vont vous consoler.
57:46Et qu'elle regarde le film Maddy Jane.
57:48Merci. Faut-il quitter
57:50la France le 8 juillet ? Tout le monde est d'accord ?
57:52Pour rester se battre.
57:54Elle parlait des micro-agressions du quotidien
57:56et quand vous voyez la rhétorique de la France insoumise,
57:58ils sont en train de balayer un concept
58:00qui a été déployé par des gens de gauche pourtant même
58:02qui parlent de sexisme ordinaire, de racisme ordinaire,
58:04etc. Hercilia Soudel a dit
58:06« Ah ben non, moi je n'ai jamais d'agression en fonction de ma tenue
58:08dans les transports en public. » Donc tout ce que la gauche
58:10a elle-même construit et qui va dans le sens
58:12d'Alice Diop, la France insoumise
58:14est en train de le balayer.
58:16Excellente suite d'Oporam, l'heure dépend d'eux.