Retrouvez "La question qui" sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/burne-out
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AmusantTranscription
00:00 Salut Brout, moi c'est Bertrand et voici Fred.
00:07 C'est ma maison, mon moyen de transport et aussi mon meilleur ami.
00:10 On y va ? Eh ouais, je ne m'y connais pas.
00:19 Un extrait du drôle à type programme Brout.
00:22 Bonjour Romain Scheffner.
00:24 Bonjour.
00:25 Vous appartenez donc aux générations qui ont renoué avec l'imaginaire du bon vieux
00:29 camping-car.
00:30 Vous avez appris sur le tap à ménager votre propre van.
00:33 Et dans la foulée, vous avez fondé 90 à l'heure.
00:36 C'est une société implantée dans le Val d'Oise qui propose de faire pareil pour
00:40 les autres.
00:41 Vous êtes, comme Yvan Jablonka, fan du combi Volkswagen.
00:43 Pour les plus jeunes qui nous écoutent, je dirais simplement que c'est la grosse
00:46 voiture ou le petit camion qu'on voit dans Scooby-Doo.
00:49 Je ne suis pas sûre que ma référence soit si jeune que ça.
00:52 Non mais je crois que les jeunes y connaissent.
00:53 Déjà, pour commencer, vous avez 37 ans.
00:55 Romain, quel regard est-ce que vous portez sur les années 70-80 et cette passion camping-car,
01:00 cette passion combi ?
01:01 Les années 70, c'était quand même une période qui était extrêmement portée sur
01:07 la liberté, sur la possibilité de pouvoir partir assez facilement.
01:10 Et concernant le camping-car, depuis tout petit, je partais en voyage avec mes parents.
01:16 J'étais en voiture et je voyais tous ces camping-cars passer à côté de moi.
01:19 Et j'avais qu'une envie, c'était de les rejoindre.
01:21 Donc j'ai tanné mes parents pendant des années pour en acheter un.
01:23 Ce qui n'est pas un petit achat, ce n'est pas ridicule en termes financiers.
01:28 Non, non, non.
01:29 Et effectivement, ils n'ont jamais cédé.
01:31 Et puis la vie a fait que j'ai réussi à m'en faire un.
01:35 Et aujourd'hui, j'en fais pour les autres.
01:36 Donc on est sur un rêve d'enfant.
01:38 Oui, complètement.
01:39 Des années 80.
01:40 Tout à fait.
01:41 Donc tout est logique.
01:42 Votre premier van, c'était un transporteur T3 de 1987 qui servait avant tout à véhiculer
01:47 les prêtres d'un priori.
01:48 Est-ce que ça vous a porté chance ?
01:50 Écoutez, je crois que ça m'a porté chance.
01:53 Petite histoire, quand j'ai monté la société, on était vraiment un mois avant le Covid.
02:00 Et j'avais ce van que je m'étais fait quelques années plus tôt.
02:02 Et effectivement, je me suis retrouvé un petit peu sans emploi, sans forcément trop
02:07 savoir quoi faire.
02:08 Je rentrais d'Irlande, j'avais ma fille qui venait de naître et je me suis dit bon,
02:13 en fait, il faut absolument faire quelque chose.
02:15 J'ai un van, j'ai un garage qui appartient à mes parents, qui fait 30 mètres carrés.
02:19 On va essayer de faire quelque chose avec ça.
02:20 Et donc j'ai commencé comme ça.
02:22 Et aujourd'hui, on se retrouve à quatre dans la société à créer vraiment des véhicules
02:27 sur mesure pour les clients et principalement des combis Volkswagen.
02:30 Et après l'avoir aménagé vous-même, vous avez commencé à le faire pour les autres.
02:33 C'est ce que vous nous racontez.
02:34 C'est en plein Covid que vous avez ouvert un atelier, ce qui est un peu rigolo puisqu'à
02:37 l'époque, on n'avait pas tellement le droit de bouger à plus d'un kilomètre de chez
02:40 soi.
02:41 C'est un peu paradoxal.
02:42 Votre truc préféré, c'est les combis.
02:44 Les vôtres, vous allez les chercher jusqu'au Mexique.
02:46 Pourquoi cet amour du combi ?
02:47 Écoutez, je pense que quand on est piqué, on est piqué.
02:51 Et à partir du moment où on voyage en combi, on ne revient pas en arrière.
02:56 C'est difficile.
02:57 C'est vraiment un véhicule avec lequel on vit.
03:00 C'est un véhicule avec lequel on, j'ai envie de vous dire, presque on respire parce
03:03 qu'on a même tendance à lui donner un petit nom.
03:05 Donc c'est vraiment un véhicule avec lequel on a commencé.
03:07 Comment s'appelle votre combi ?
03:08 Le mien s'appelle Mojo.
03:09 D'accord.
03:10 Il y a des années comme pour les chiens ou pas ?
03:13 Non, il n'y a pas vraiment d'années comme pour les chiens.
03:16 Les gens l'appellent comme ils veulent.
03:17 Mais c'est vrai que ce sont des véhicules qui ont un capital sympathie énorme.
03:22 On le voit d'ailleurs dès qu'on commence à rouler en combi.
03:25 Dès qu'on en croise un autre, les gens nous font des signes.
03:27 Il y a une vraie communauté.
03:29 Et puis il y a aussi de la part des personnes qui voient des combis, il y a un vrai capital
03:34 sympathie.
03:35 Les gens sont tout de suite attirés parce qu'ils ont des couleurs toujours très atypiques,
03:40 assez flashy.
03:41 Et en lui-même, je pense que le véhicule symbolise aussi une liberté, un état d'esprit
03:48 et puis surtout effectivement les années 70-80 où on a eu les premiers combis vols
03:52 voyants.
03:53 Alors moi je suis allée au Maroc il y a quelques temps et j'avais découvert des villages
03:55 entiers remplis de vannes et de camping-cars avec des Français à la retraite dedans.
03:58 Et là-bas, on les appelait les tamalous parce que quand ils se voient, ils se disent tamalou.
04:02 La van life, c'est un truc de jeune ou c'est un truc de vieux finalement ?
04:05 En réalité, je pense que c'est un truc pour les deux.
04:08 Il n'y a pas forcément de jeunes, il n'y a pas plus de jeunes que de vieux.
04:11 Il y a des personnes qui ont 50-60 ans qui veulent se repayer aussi une part de rêve,
04:16 de leur enfance.
04:17 Et à l'inverse, il y a des plus jeunes comme moi ou même encore plus jeunes.
04:22 Moi j'ai des clients aujourd'hui qui viennent louer des véhicules qui ont 20 ans, 20-22
04:25 ans et qui viennent parce que ça symbolise.
04:28 Vraiment pour le coup, ça a été un véhicule qui a, j'ai l'impression, un peu dépassé
04:35 certaines générations.
04:36 On se rend compte qu'aujourd'hui, des jeunes de 20 ans veulent partir en combi alors qu'en
04:39 fait, ils n'étaient même pas nés au moment où c'est sorti.
04:41 Et c'est vrai que c'est plutôt positif parce que c'est effectivement la liberté, la nature.
04:47 Ce n'est pas que la liberté, puisque la liberté, c'est un truc qu'on a vachement attaché à
04:49 la voiture.
04:50 En tout cas, ça a été la valeur utilisée pour vendre des voitures pendant des années
04:54 à la bagnole.
04:55 Mais là, c'est la voiture et le collectif parce qu'on est plusieurs dans un combi.
04:57 Yvon Jablonka, un combi Volkswagen T3 Joker Vestal.
05:00 Il y a de couleur beige acheté à Los Angeles pour vos parents, par vos parents à la fin
05:04 des années 70.
05:05 Le véhicule dans lequel vous avez passé vos vacances, enfant, pour vous, c'est le
05:08 symbole d'une liberté exacerbée.
05:09 Ça vous étonne qu'aujourd'hui, l'engouement renaisse ?
05:12 Non, ça ne m'étonne pas du tout parce que le camping-car, c'était pour moi une école
05:17 de liberté et c'était aussi un art de vivre.
05:20 C'était une manière de voyager.
05:21 On voyageait lentement.
05:23 Ça ne s'appelait pas slow life à l'époque.
05:25 Enfin, c'était le fait.
05:26 C'était ça.
05:27 D'ailleurs, c'est trop mignon.
05:28 Vous dites que ce n'est pas un petit camion qui va lentement, c'est une maison qui avance
05:31 vite.
05:32 Oui, exactement.
05:33 Pour moi, la famille, c'était une manière de goûter les kilomètres.
05:38 Les kilomètres, ce n'est pas quelque chose dont il fallait se débarrasser comme quand
05:40 on prend l'avion.
05:41 Ça faisait partie de l'expérience du voyage en lui-même.
05:45 Et puis pour moi, historien, c'était aussi une manière d'apprendre l'histoire, mais
05:49 à la plage, en maillot de bain.
05:50 C'est-à-dire que moi, dont la famille a été tellement marquée par les tragédies
05:54 du XXe siècle, c'était aussi une manière de voir l'histoire dans sa dimension lumineuse,
06:02 et de l'explorer, puisque par exemple, les ruines romaines, elles allaient jusque sur
06:06 une plage du Maroc.
06:08 Les ruines grecques, c'était la même chose, mais en Turquie.
06:11 Et donc, on sortait de l'eau avec son tuba et puis en fait, on allait visiter un temple
06:15 grec ou un temple romain.
06:17 Et ça, pour moi, c'était aussi voyager dans le temps après avoir voyagé dans l'espace.
06:24 Et ça, je pense que c'est quelque chose de...
06:27 Constitutif et d'irremplaçable.
06:29 Et donc, ça ne m'étonne pas qu'aujourd'hui, il y ait un retour.
06:32 Mais faut-il parler de retour ? En fait, le camping-car a toujours été là.
06:35 Il y a quand même, vous parlez d'un point de vue d'historien, il y a autre chose sur
06:39 ce combi.
06:40 Vous le dites vous-même, le combi s'est sorti des usines créées par le régime en
06:44 Asie en 1937.
06:45 Vous dites que votre père, c'était aussi une marque pour lui de paix envers les Allemands,
06:50 de conduire un combi.
06:51 Oui, mon père dont les parents avaient été déportés dans un wagon plombé par les Allemands.
06:58 Mon père, lui survivant, avait acheté ce fleuron de l'industrie allemande.
07:04 Il faut croire qu'il ne leur en voulait pas.
07:06 Et moi, je le lis en tant qu'historien comme l'inversion de la déportation.
07:12 C'est-à-dire la déportation, un voyage forcé vers la mort.
07:16 Le camping-car, c'était un voyage libre vers le soleil, la liberté, la famille.
07:21 Et ça, je crois que ça venait réparer notre histoire.
07:28 En tout cas, nous consoler si c'était possible.
07:29 Et Romain Chaffinat, vous soulevez aussi un point contraste intéressant.
07:33 Il y a un mouvement inverse qui se fait entre les ventes de vannes qui sont en train d'exploser,
07:39 la van life, comme on dit maintenant, qui ne cesse de croître, et la restriction croissante
07:43 que les villes posent à ces véhicules.
07:45 C'est de plus en plus compliqué aujourd'hui de se balader en camping-car et de se garer
07:49 un peu où on veut.
07:50 Oui, c'est vrai.
07:51 En fait, en France aujourd'hui, comme vous l'avez dit, c'est assez étrange.
07:55 On voit une explosion et surtout, post-Covid, des ventes de camping-car, aussi bien des
08:00 camping-car qu'on connaît, qui font 5, 6 mètres, des fourgons ou même une appétence
08:05 pour les vannes et les combis.
08:07 Et à contrario, on va se rendre compte que c'est de plus en plus difficile de pouvoir
08:11 en profiter.
08:12 La liberté se restreint, oui.
08:13 Parce qu'en fait, on a des municipalités qui, aujourd'hui, contrôlent ces accès
08:16 parce qu'il y a eu des abus aussi.
08:18 Il faut être honnête.
08:19 Et ça devient compliqué.
08:21 Aujourd'hui, on s'aperçoit qu'il y a des tendances qui sont en train de se créer,
08:27 aussi bien dans l'univers du 4x4.
08:28 Il y a de plus en plus de gens qui essayent de s'extirper un petit peu.
08:31 Vous le dites en vous excusant dans la voie.
08:33 Oui, forcément.
08:36 Parce que dans le monde automobile dans lequel on vit aujourd'hui, le 4x4, ce n'est pas
08:41 forcément le plus écologique.
08:43 Mais ça reste aussi, encore une fois, une vraie volonté de la part des consommateurs
08:49 de pouvoir continuer à vivre leur passion d'évasion et de pouvoir se dire en fait
08:53 aujourd'hui, je n'ai pas spécialement envie de me retrouver à côté de 50 véhicules
08:57 et j'ai envie de me revoir un petit coin de liberté et retrouver cet espace un petit
09:00 peu de nature.
09:02 Et donc, on voit vraiment des dérives qui sont en train de se créer, ne serait-ce même
09:06 aussi sur des véhicules du quotidien.
09:08 Votre voiture de tous les jours, maintenant, on a des constructeurs qui proposent des tentes
09:12 de toit.
09:13 Vous mettez votre tente de toit, vous avez des kits qui sont déjà presque faits, que
09:16 vous pouvez enlever assez facilement, que vous mettez dans votre véhicule.
09:18 En 10 minutes, vous avez transformé votre véhicule de tous les jours en un pseudo camping-car
09:24 avec tout le confort qu'on peut lui accorder, de l'eau, de l'électricité et un lit.
09:28 En réalité, on n'a pas beaucoup besoin de plus.
09:30 - Merci beaucoup Romain Scheffner.
09:32 Je rappelle pour celles et ceux que la van life, excusez-moi de l'anglicisme, ce n'est
09:36 pas moi qui l'ai inventé, ce mot fait rêver, que votre société propose aménagement,
09:40 location, aide à l'achat de combis et de transporteurs.
09:42 C'est dans le Val d'Oise.
09:43 Vous pouvez aller sur 90 à leur.com.